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Caricature de Mileí grimpé au sommet du dôme du Congrès par Alfredo Sábat, dessinateur de presse à La Nación |
Avant-hier, dans sa fureur
d’avoir été boudé par les gouverneurs à l’occasion de la fête
du 9 juillet qu’ils ont préféré célébrer sans lui, Javier Mileí leur
avait donné rendez-vous le 11 juillet, comme un sale môme qui
menace ses camarades de classe de leur casser la figure à la sortie
de l’école. Si le Sénat votait contre sa volonté, il allait
déclencher les foudres du veto et faire appel à la justice pour
faire annuler les votes. On va donc voir ce qu’il se passe
maintenant car hier, Javier Mileí s’est enfin pris la dégelée
sénatoriale que son comportement antidémocratique mérite depuis sa
prestation de serment, il y a un peu plus d’un an et demi.
Les péronistes, les radicaux et
les élus des partis locaux de diverses provinces ont en effet tous
voté dans le même sens pour mettre un frein à sa politique
insensée : ils ont voté, à l’unanimité, une loi d’urgence
pour venir en aide aux personnes en situation de handicap, aides que
Mileí avait supprimées sous prétexte que le handicap est une
affaire privée qui doit être résolue par l’intéressé ou sa
famille et non pas par l’État (sinon, on est en plein communisme
stalinien !) ; ils ont voté, à l’unanimité, une
revalorisation des retraites, que les intéressés demandaient à
corps et à cris tous les mercredis sur Plaza del Congreso où la
police cherchait à les disperser à coup de gaz lacrymogènes avant
de les charger si le besoin s’en faisait sentir ; ils ont voté
largement la répartition de certains fonds fédéraux, qui est de
droit, aux vingt-quatre entités fédérées dont les dirigeants, 23
gouverneurs et 1 chef de gouvernement (pour la Ville autonome de
Buenos Aires), s’étaient entendu pour les réclamer au président
qui s’y refusait obstinément ; ils ont enfin renversé, à la
majorité qualifiée, comme il se doit, le veto que Mileí avait mis
il y a quelques jours à la loi de secours d’urgence à Bahía
Blanca, la cité balnéaire du sud de la province de Buenos Aires qui
a subi pendant l’été une inondation catastrophique, un peu comme
celle qui a ravagé la région de Valencia en Espagne il y a quelques
mois.
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"Véto et/ou judiciarisation", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Il faut dire qu’au cours des
débats, avant le scrutin, se sentant en infériorité, les mileístes
ont courageusement préféré déserter l’hémicycle, ce qui a
rendu les pourcentages de vote encore plus cinglants pour le
président. En revanche, la vice-présidente, qui préside la Chambre
haute, a fait le frais de ces votes et s’est fait traité de
« traîtresse ». La relation entre les deux semble
définitivement rompue, comme l’avait déjà assez bien montré le
9 juillet, puisqu’au jour dit, elle s’est rendue à Tucumán, où
paraît-il l’avion présidentiel ne pouvait pas aller à cause du
brouillard...
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"Le Sénat approuve une revalorisation des retraites et des dépenses supplémentaires : Mileí traité Villaruel de traîtresse', dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Ces lois désormais votées au
Sénat partent à la chambre basse pour validation. Cette fois,
Mileí, qui est en forte minorité au Congrès, n’a pas pu acheter
les votes des élus.
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"Dur revers pour le gouvernement : vote d'une revalorisation des retraites et plus d'argent pour les provinces", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Dans la presse de ce matin, on sent un petit parfum de satisfaction, même à droite. La coupe est pleine, semble-t-il. Il était temps. On a failli attendre !
Pour aller plus loin :