Affichage des articles dont le libellé est Juan Vattuone. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Juan Vattuone. Afficher tous les articles

lundi 2 mai 2022

Le tango engagé en deuil : Juan Vattuone avait 73 ans [Actu]

 

Juan Vattuone (au centre), au CC Torquato Tasso, à San Telmo, en août 2010
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution


Triste retour de ce premier vrai week-end printanier : la lecture des journaux m’apprend ce matin la mort de l’auteur-compositeur et interprète Juan Vattuone. Un type d’une chaleur humaine assez rare, un artiste engagé (péroniste à fond les manettes) qui ne déviait pas d’un iota de son combat pour l’authentique culture populaire et contre la néo-colonisation de son pays par l’industrie culturelle états-unienne, un homme que j’ai eu la chance de connaître et pour qui j’avais une profonde affection.



Il y a plusieurs années, sa santé s’était gravement détériorée. Il avait dû être amputé d’une jambe et il était dialysé. C’est la personne qui le soignait au quotidien qui l’a découvert sans vie hier dans la matinée, chez lui, un appartement qui lui avait été aménagé pour tenir compte de son handicap.

A la fin de l’année dernière, il était remonté sur scène, avec courage, en chaise roulante, grâce à l’aide de plusieurs amis musiciens et il avait présenté le nouveau disque qu’il préparait et qu’il n’aura pas vu sortir. A cette occasion, il avait donné une interview à Página/12 qui aimait son sens de la contestation, sa résistance obstinée et ses engagements politiques et idéologiques passionnés.

Né à Palermo, il a grandi dans le quartier plus populaire de Villa Crespo, celui du poète-boxeur découvert par Carlos GardelCeledonio Flores, et du pianiste et compositeur militant communiste et coopérateur, Osvaldo Pugliese.
Sa vie n’aura pas été un long fleuve tranquille. Il a connu diverses ruptures amoureuses très douloureuses pour un homme hyper-sensible comme il était. Politiquement et artistiquement, il a beaucoup souffert de la répression pratiquée, en particulier dans le domaine de la culture, par les différentes dictatures militaires que l’Argentine avait subies depuis sa naissance. Il était à fond au côté des Mères de la Place de Mai, l’association présidée par la très contestée et fort peu tolérante Hebe de Bonafini. De leur slogan vindicatif, il avait fait une chanson qui restera, Ni olvido ni perdón (on n’oublie rien, on ne fait grâce à personne). Il n’a jamais roulé sur l’or et pour autant il n’a jamais cherché à améliorer sa situation personnelle en cachetonnant, à l’inverse d’un bon nombre de ses confrères. Ses ennuis de santé ces dernières années et la crise sanitaire depuis 2020 l’avaient plongé dans des difficultés certaines mais, comme il le disait lui-même : « Je suis Juan Vattuone et je n’ai jamais baissé les bras ». Courageux, il l’était. Et combien ! Tout un secteur du tango qu’on appellera ici classique, pour ne pas dire figé dans une tradition muséifiée, lui tournait le dos mais Rubén Juárez, le chanteur de Córdoba, le bandonéoniste et le compositeur, lui-même lancé par Aníbal Troilo, l’avait pris en amitié et il l’avait soutenu en l’invitant dans ses propres tours de chant. Ce qui lui a permis de se faire connaître du public mélomane. Le grand public, quant à lui, ne le connaissait pas.

Et pourtant quel talent ! Une voix rugueuse, des textes forts (1), parfois caustiques, parfois combatifs, parfois tendres, tantôt chantés, tantôt éructés, toujours écrits en 100% lunfardo. Une forte présence en scène. Un talent d’improvisation. Sur scène, il se lançait entre chaque chanson dans de longs monologues, souvent drôles, la plupart du temps caustiques et impertinents. Il s’accompagnait lui-même à la guitare quand il se produisait seul. Dans la vie, c’était un chaleureux compagnon.

Une des pages Spectacles de La Nación
de ce jour
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Ce matin, si j’ai appris la nouvelle en lisant Página/12 comme on peut s’en douter, je n’ai pas été médiocrement surprise de trouver en une des pages culturelles de La Nación une nécrologie qui reprend les éléments biographiques communiquées par ses filles à l’agence Télam.

Si vous n’aviez pas vu Juan Vattuone sur scène, vous pouvez encore le découvrir à travers l’hommage que lui rend l’équipe de Fractura Expuesta, l’émission de radio-télé en ligne du tango nuevo et du tango underground. C’était un ami de la maison !

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :



(1) En 2010, j’avais inclus au dernier moment l’une de ses chansons dans mon anthologie, Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins (Éditions du Jasmin), après notre rencontre à Buenos Aires, grâce à des amis communs.

samedi 25 septembre 2021

Juan Vattuone remonte sur scène ce soir [à l’affiche]


Ce soir, samedi 25 septembre 2021, à 21h, l’auteur-compositeur interprète Juan Vattuone remonte sur scène, au Teatro Reducci, Saenz Peña 1442, pour présenter son nouveau disque, Papel Picado. Juan sera ce soir entouré de ses deux filles et de quelques musiciens qui sont aussi des amis proches et ce sera un exploit.

Juan Vattuone a échappé à une agression physique à la suite de laquelle il a failli perdre la vie et qui lui a valu une amputation partielle de la jambe droite. Au moment des faits, il était en plein enregistrement de son disque, lui qui n’en sort qu’au compte-goutte. C’est seulement le 4e album dans une carrière de plus de quarante ans.

Ce soir, il sera toutefois sur scène en fauteuil roulant. C’est ce que nous apprend l’article que Página/12 lui consacre avec une interview dans laquelle le journaliste ne lui tire que quelques confidences sur le drame qu’il vient de traverser, sur quoi la pandémie est venue se greffer.

Juan Vattuone, c’est de la chanson engagée dans les causes à peu près perdues (ou rarement gagnées), à fond à gauche, péroniste et rebelle à 100 %. Sur scène, c’est une présence forte dont j’espère qu’il l’a conservée. C’est aussi un militant de la cause des Mères de la Place de Mai. J’ai moi-même appris toutes ces nouvelles par la presse et j’attends de plus amples informations que j’ai demandées à Buenos Aires.

Que cet article soit ici le témoignage de mon amitié et de mon admiration pour le talent de cet artiste inimitable et attachant. La photo de Página/12 nous le montre comme je l’ai toujours connu, avec son sourire invaincu et chaleureux et son éternel bonnet enfoncé jusqu’aux oreilles ! Il n’a pas pris une ride et pourtant, cela fait plusieurs années que je n’ai pas eu l’occasion de le voir en chair et en os...

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lundi 27 novembre 2017

Une affiche de rebelles mercredi soir au Centro Cultural Torquato Tasso [à l'affiche]


L'auteur-compositeur interprète Juan Vattuone (1), le poète Alejandro Szwarcman (2), le guitariste Manu Navarro et l'harmoniciste Franco Luciani en invité spécial se retrouveront mercredi 29 novembre 2017 à 22h sur la scène du Centro Cultural Torquato Tasso, Defensa 1975, pour un spectacle décoiffant. Il ne peut pas en être autrement avec eux.

On peut acheter les places avec un rabais la veille ou l'avant-veille. On les achète plein tarif le soir même à l'entrée de la salle. Prévoir les consommations ou le repas, c'est obligatoire.


(1) Juan Vattuone a été intégré au corpus que j'ai présenté et traduit dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, aux Editions du Jasmin
(2) Alejandro Szwarcman fait partie des deux corpus que j'ai présentés et traduits, Barrio de Tango, déjà cité, et Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littérairedu tango, Tarabuste Editions.

jeudi 28 janvier 2016

Juan Vattuone présente son livre à la Casa del Bicentenario [Disques & Livres]

L'auteur-compositeur interprète Juan Vattuone présentera ce vendredi 29 janvier 2016 à 19h30 son premier livre, un recueil de contes, de récits et de pensées diverses, intitulé El Romance fantástico del poeta y la estrella de un tranvía (les vers fantastiques du poète et l'étoile d'un tramway), au patio de la Casa del Bicentenario, Riobamba 985.


Pour l'occasion, Juan Vattuone sera entouré de ses amis et de ses compagnons artistiques, comme Alejandro Swarcmann, Jorge Guiliano, Amanda Lucero, Horacio Avilano, Juan Carlos Gazanifa, Walter Hidalgo.

Ce livre a déjà fait l'objet de plusieurs présentations depuis le mois de septembre. Il est sorti en librairie le jour même où la Legislatura de Buenos Aires le recevait comme Personnalité de marque de la culture (personalidad destacada de la cultura).

Le livre a été préfacé par Horacio González, sociologue brillant, intellectuel sincère et ancien directeur de la Biblioteca Nacional (1). De nombreux artistes ont participé à l'illustration de l'ouvrage, parmi eux les petits-enfants de l'auteur, Juan, Lourdes et Francisco. Comme quoi, dans la famille Vattuone, le talent n'attend pas le nombre des années !

Pour aller plus loin :
écouter l'interview donnée par Juan Vattuone à Fractura Expuesta, la radio tango de La Voz de las Madres, le 17 août 2015 (disponible sur ivoox),
écouter l'interview de Juan Vattuone, accordée à Marca de Radio, le 29 septembre 2015, téléchargeable sur ivoox.



(1) Juan Vattuone est un péroniste plus que convaincu. Il est un inconditionnel de Madres de Plaza de Mayo dont il a repris le slogan, très vindicatif, pour en faire une chanson contre la dictature, Ni perdón ni olvido (que l'on peut traduire comme "ni pardon ni oubli" ou "ni grâce ni oubli"). Horacio González, qui refuse de travailler avec le nouveau Gouvernement argentin (et c'est réciproque), appartient à la même sensibilité politique, aujourd'hui minoritaire. Légèrement minoritaire, disent les chiffres officiels, dont il n'est pas impossible qu'ils aient été faussés à la marge : on pense en effet qu'au second tour les remontées des chiffres depuis les bureaux de vote tenus par les kirchneristes vers les autorités fédérales auraient comptabilisé les votes blancs comme des votes Scioli. Un maquilles similaires des chiffres aurait aussi existé au premier tour, mais sur ce point, les accusations sont moins insistantes. Il y a eu aussi des tentatives pour brûler des urnes. Avec cet arrière-fond, on comprend que les foules soient aussi exubérantes autour de Macri, toujours en état de grâce après un mois et demi au pouvoir, et que les kirchneristes sincères aient tant mal à faire entendre leurs positions, qui sont peut-être beaucoup plus minoritaires qu'ils ne le croient.

samedi 23 janvier 2016

Trio détonnant au Circé ce soir [à l'affiche]


Walter Hidalgo, Alejandro Szwarcmann et Juan Vattuone unissent leurs talents d'artistes, de tangueros et de provocateurs gauchistes pour présenter ce soir un nouveau spectacle, qui porte pour titre un oxymore bien déjanté : Hidalgos atorrantes (gentilshommes élevés dans une auge à cochon). La soirée mêlera la musique, la poésie, quelques dialogues absurdes et autres mythologies fantaisistes à une sélection de morceaux issu du répertoire de tango d'hier et d'aujourd'hui.

Le trio vous attend ce soir, samedi 23 janvier 2016, à Circé Fábrica de Arte, Avda Córdoba 4335, dans le quartier de Almagro.

Entrée : 150 $ ARG.

Pour aller plus loin :
lire l'interview à trois voix parue ce matin dans Página/12
vous connecter à la page Facebook de la salle.

vendredi 18 septembre 2015

Juan Vattuone honoré par la Legislatura Porteña [Actu]

Juan Vattuone Personalidad Destacada de la Cultura en Buenos Aires


Sur l'initiative du député Jorge Aragón et après un vote unanime de tous les élus présents alors dans l'hémicycle, l'auteur-compositeur interprète Juan Vattuone sera nommé Personalidad Destacada de la Cultura à la Legislatura de Buenos Aires (le parlement unicaméral de la Ville Autonome qu'est la capitale fédérale argentine) le lundi 21 septembre 2015 à 18h30.

La cérémonie, qui revêt toujours un aspect très festif et joyeux, se tiendra dans les salons Montevideo et Arturo Jauretche du palais législatif, Perú 160, dans le quartier central de Monserrat.

Parmi les artistes et intellectuels qui seront présents, la Legislatura annonce déjà le journaliste et chroniqueur d'humour Alejandro Dolina, l'auteur-compositeur interprète de folklore Peteco Carabajal, le sociologue Horacio González, directeur de la Biblioteca Nacional Mariano Moreno, le chanteur Rubén Mono Izaurralde et bien entendu le partenaire de toujours, le guitariste Victor Negro Lasear. Sera également présente au moins l'une des filles de Juan, la danseuse Julieta Vatt.

L'entrée est libre et gratuite.

Misantropo, un morceau précédé d'une glosa
(en l'occurrence, une histoire à dormir debout qu'il aime bien raconter)
Casa de la Cultura, 2011

La cérémonie s'achèvera en tour de chant avec plusieurs musiciens pour entourer la vedette du jour comme il est de coutume dans ce genre d'occasion.

Et en tout état de cause, ¡Felicitaciones, Juan!

jeudi 5 juin 2014

Premier festival de tango de Balvanera ce week-end – Article n° 3700 [à l'affiche]


Belle affiche pour ces deux jours de festival de tango dans le quartier de Balvanera, celui du poète, compositeur et comédien Enrique Santos Discépolo (1901-1951), le quartier central par excellence.

Demain et après-demain, les 6 et 7 juin 2014, un nouveau festival prend ses quartiers (sans jeu de mot) au Centre culturel galicien de Buenos Aires, dans les locaux de Avenida Moreno 2176 avec plusieurs artistes dont vous connaissez déjà un certain nombre : Lucrecia Merico et Juan Iruzubieta (à la guitare), Cucuza et son fils Mateo Castiello (à la guitare), l'auteur-compositeur interprète Juan Vattuone, l'orchestre La Vidú, le chanteur Osvaldo Peredo dont je vous parle par ailleurs pour son concert au CAFF samedi avec ses compagnons de Amores Tango, la Típica Almagro (le quartier limitrophe à l'ouest)...

L'entrée est entièrement gratuite. Dans la limite des places disponibles bien entendu.

Pour en savoir plus, visitez le site Internet du Centro Gallego de Buenos Aires, qui, en plus de ses propositions culturelles, offre une grande gamme de prestations médico-sociales.

mardi 18 juin 2013

La Rencontre Fédérale de Tango à Avellaneda [à l'affiche]

Le Secrétariat d'Etat a choisi le bandonéon de Osvaldo Piro
comme emblème de la Rencontre
Du jeudi 20 au dimanche 23 juin 2013 se tiendra à Avellaneda dans la proche banlieue sud de Buenos Aires une manifestation intitulée Encuentro Federal de Tango, organisée par le Secrétariat d'Etat à la Culture du Gouvernement national pour la troisième année consécutive.

Au programme, des concerts, des cours, des milongas, des conférences, des expositions...

Des invités prestigieux comme Horacio Ferrer, président de la Academia Nacional del Tango, le Sexteto Mayor qui fête cette année ses quarante ans, le bandonéoniste et compositeur Osvaldo Piro, l'orchestre de musique national Juan de Dios Filiberto, le chanteur Alberto Podestá et j'en oublie. L'orchestre de tango de la ville de Avellaneda sera naturellement de la fête. L'auteur-compositeur interprète Juan Vattuone aussi. Les trois jeunes Orquestas Típicas La Vidú, Misteriosa de Buenos Aires et Almagro également. Des danseurs seront là dont le couple Dinzel et Johana Copes avec son partenaire Julio Altez, et là encore j'en oublie...

Les manifestations sont gratuites, pour la plupart d'entre elles, et elles se tiennent au Teatro Roma, Sarmiento 101.

Qui dit fédéral en Argentine se réfère à l'idéologie populaire qui s'opposa très tôt dans l'histoire de l'Argentine indépendante à la politique des grands commerçants de Buenos Aires, à Juan Manuel de Rosas, à la guerre civile qui sévit dans le pays entre 1820 et 1852 et qui s'acheva dans la défaite de Rosas qui transforma sa figure en légende, comme l'exil de Sainte-Hélène pour Napoléon. Ce mouvement fit aussi la part belle aux Indiens de la Pampa et aux esclaves affranchis, il représente l'apogée d'une Argentine métissée qui devait disparaître dans la seconde partie du XIXème siècle. Rien d'étonnant à retrouver dans cette manifestation des artistes comme Juan Vattuone, grand militant de la négritude dans la musique et la culture argentine, et La Vidú, un des ensembles du Buenos Aires underground de l'autogestion artistique.

La manifestation fait partie du Plan de Promotion du Tango conduit par ce ministère. Elle est co-produite avec les Affaires culturelles de la Ville de Avellaneda.

Pour aller plus loin et découvrir la richesse du programme :
voir la page de la manifestation sur le site du Secrétariat d'Etat à la Culture

dimanche 2 septembre 2012

Mon interview en espagnol disponible sur le site de Radio Nacional-RAE [à l'affiche]



Capture d'écran (iinactive) du site Internet Radio Nacional

Il y a quelques jours, j'ai donné une interview à Leonardo Liberman, journaliste à Radiodifusión Argentina al Exterior (RAE) et à la AM 870 (la station généraliste du groupe) où il présente, avec beaucoup de passion et de savoir, des émissions culturelles et musicales.

L'interview, enregistrée un soir de la semaine dernière, sur un créneau où le studio était libre, est désormais montée et disponible, en écoute à la demande et en téléchargement gratuit, sur le site Internet du groupe radiophonique public argentin. J'y évoque mon travail sur ce blog, Barrio de Tango, qui continue d'impressionner beaucoup Leonardo, mes prochains livres dont le sujet a beaucoup interpellé l'ensemble de mes interlocuteurs tout au long de mon séjour cette année (1) et le voyage à Buenos Aires que je vous présenterai très bientôt sur ce même blog (2), dès que l'agence de voyage qui en sera l'opératrice à Paris m'aura donné le feu vert (3)... J'ai tout de même vendu la mèche sur les ondes de Radio Nacional en espagnol....

L'interview en français, conduite par Magdalena Arnoux, ne devrait pas tarder à apparaître elle aussi sur le site de Radio Nacional.

Pour écouter l'émission animée par Leonardo Liberman ou l'enregistrer, cliquez ici.

Au moment où je rédige cet article, j'écoute, sur la AM 870, une émission dont l'invité est l'auteur-compositeur interprète Juan Vattuone, émission qui devrait donc prochainement rejoindre la médiathèque du groupe public.
Si vous parlez espagnol, et même si le langage de Juan est lunfardesque en diable, n'hésitez pas à aller y faire un tour d'oreille. Il est bien lui-même à ce micro !
A la suite de cette émission, une plage 100% tango, avec Astor Piazzolla, Horacio Ferrer, Leonardo Suárez Paz, Néstor Marconi et beaucoup d'autres encore. Une belle matinée dominicale de musique et de culture populaire.... C'est en plus, pour des auditeurs francophones (ou non hispanophones) une excellente occasion et une agréable manière de faire des progrès en espagnol d'Argentine que d'utiliser toutes ces ressources offertes par les radios du pays qui nous donnent ainsi accès à leurs documents audio sans limite de temps et malgré les décalages horaires de tous ordres.
Rappel : vous trouvez dans la Colonne de droite, à la rubrique Actu, dans la partie basse, un lien permanent avec le site Internet de Radio Nacional.

(1) En Argentine, San Martín, c'est un personnage fondateur, légendaire, mal connu (ô combien!) et très aimé néanmoins, comme si la réalité historique de cette personnalité avait pu survivre souterrainement dans le souvenir populaire, malgré tout ce que ses opposants contre-révolutionnaires et réactionnaires ont fait pour le discréditer aux yeux de tous et le dépouiller de la pureté de son métal.
(2) Je le ferai aussi sur ma page Myspace et sur mon espace personnel du réseau professionnel Viadeo.
(3) dans une quinzaine de jours environ.

mardi 12 juin 2012

Vendredi Juan Vattuone sera à El Faro [à l'affiche]

Vendredi 15 juin 2012, à 21h30, l'auteur-compositeur-interprète Juan Vattuone présentera son second disque, sorti il y a un an, Escuchame una cosa (Ecoute-moi un peu ou Ecoute voir), au Bar El Faro, esquina Constituyentes y La Pampa, une adresse que mes lecteurs assidus connaissent par coeur à Buenos Aires.

Comme toujours il sera accompagné de ses deux amis et complices, le guitariste Victor Lasear et le pianiste Gustavo Corrado.

Droit au spectacle : 30 $ (ajoutez les consommations).

Pour le moment, pour des raisons que je n'ai guère le temps d'interroger, la fonction ajout de photo ne fonctionne pas sur Blogger. Dès que je trouve le temps de récupérer cela, j'ajouterai les images qui nous manquent depuis le 6 mai.

mercredi 14 décembre 2011

Juan Vattuone et Dolores Espeja demain au Tacuari [à l'affiche]

L'auteur-compositeur-interprète Juan Vattuone sera demain, jeudi 15 décembre 2011, à 21h, avec la chanteuse Dolores Espeja, au Centro Tacuari, Tacuari 1557 (entre l'avenue Juan de Garay et la rue Brasil).

Entrée : 25 $.

Juan Vattuone et Dolores Espeja seront accompagnés par Victor Lasear à la guitare, Gustavo Corrado au piano (les deux éternels complices musicaux de Juan) et Ricardo Badaracco au bandonéon.

Au menu de la partie restauration, de la cuisine des quatre coins du monde : Mexique, Inde, Italo-Argentine, Brésil, le tout à des prix qu'on nous annonce latino-américains (c'est-à-dire bon marché).

Pour en savoir plus sur les artistes, cliquez sur leur nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.
Vous trouverez dans la partie inférieure de la Colonne de droite un lien avec le blog de Juan Vattuone (qui est rédigé en espagnol d'Argentine, bien entendu).

mardi 4 octobre 2011

Juan Vattuone et Dolores Espeja demain au CCC [à l'affiche]


Juan Vattuone et Dolores Espeja partageront demain, mercredi 5 octobre 2011, à 20h30, la scène de la Sala Osvaldo Pugliese, dans le cadre du Tango de Miércoles, au Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, Corrientes 1543.

Entrée : 30 $.

Pour accompagner les chanteurs, seront de la soirée Victor Lasear, à la guitare, Gustavo Corrado au piano et Ricardo Badaracco au bandonéon.

Comme je ne peux pas me répéter tout le temps pour présenter les artistes ou le lieu, je vous invite à en découvrir plus en cliquant sur les mots-clés du bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, qui feront remonter tous les articles du même thème (sur tel artiste, tel lieu, etc.)

Le programme du mois d'octobre à la Ciudad del Tango, le département tango du CCC
affiche diffusée par l'institution

Présentation de Tango oculto de Silvana Boggiano à la Academia Porteña del Lunfardo [Disques & Livres]

Hier, à 19h30, à la Academia Porteña del Lunfardo, Estado Unidos 1379, dans le quartier de Constitución, était présenté le travail de recherche sur l'histoire du tango de Silvana Boggiano, Tango oculto, ese abrazo por venir, publié aux Editions Corregidor, il y a quelques mois.

Silvana Boggiano est la femme de l'auteur-compositeur-interprète Juan Vattuone, que les lecteurs de ce blog connaissent désormais fort bien. Elle est une spécialiste de littérature argentine, elle est aussi romancière et dramaturge. Son mari, ses deux belles-filles, la danseuse Julieta Vattuone et la chanteuse de rapp, Anita Vatt, participaient hier à la soirée de présentation.

Le livre était déjà là, au Festival de Tango de Buenos Aires, sur le stand de Corregidor.

Il s'agit d'un long travail de recherche (plusieurs années) sur le caractère contestataire du tango, sur la censure à laquelle il a été très souvent soumis et par laquelle il a trop souvent été contraint et sur les falsifications de l'histoire dont il a été l'objet, d'où ce titre de Tango oculto (tango caché, tango passé sous silence). La même chose est vraie de l'histoire générale de l'Argentine qui reste très manipulée par les puissances de l'argent (l'oligarchie), lesquelles cherchent à légitimer leur pouvoir en faisant dire à l'histoire ce qu'elles veulent qu'elle dise. Tango oculto participe donc au tournant actuel de la recherche en Argentine, une étape que les Argentins appellent revisionismo histórico (1) et qui est en train de dégager la connaissance du passé de l'instrumentalisation idéologique dont son étude était prisonnière jusqu'à il y a encore peu de temps et dont elle reste encore prisonnière dans les programmes scolaires mais peut-être plus pour très longtemps. Cette histoire, libérée de son instrumentalisation excessive (2), indique que l'Argentine est en train d'aborder une nouvelle étape de la constitution de son identité nationale puisqu'elle commence à pouvoir mettre en question les idées toutes faites, les images d'Epinal et les mythes fondateurs qui fédèrent les Argentins autour d'une appartenance commune. Et ce n'est pas un hasard si cela correspond aussi à une période florissante du tango, comme art vivant et comme objet d'études critiques de plus en plus poussées (3).

(1) Attention sur l'interprétation du terme revisionismo. Il s'agit du contraire de ce que nous appellons révisionisme en français d'Europe. En français, le révisionisme, c'est la négation du caractère criminel du régime hitlérien et de ses agissements, en particulier la destruction des juifs d'Europe. Lors que les Argentins mentionnent un revisionismo, ils désignent une opération d'aggiornamiento de la recherche historique, un changement de paramètres dans les grilles de lecture de l'histoire du pays. Il s'agit de se défaire d'une interprétation de la Revolución de Mayo (1810) et de ses suites tout au long du 19ème siècle, imposée par la classe dominante à partir des annéees 1860 et qui règne toujours dans l'enseignement primaire et secondaire. Cette interprétation, particulièrement tendancieuse, a été mise en forme par Bartolomé Mitre (1821-1906) qui, avec Sarmiento, avec Roca, voulait construire une Argentine victorienne, ultra-libérale et conduite entièrement par l'industrie et le commerce international libre-échangiste. Aussi avait-il lu l'histoire de son pays et de son indépendance dans le sens qui l'arrangeait. A deux reprises, dans l'histoire argentine, il y a eu des périodes où cette vision, presque sacrée, difficile à mettre en cause dans l'esprit même des habitants du pays, a commencé à être battue en brèche. Il s'agit des deux présidences radicales de Yrigoyen et de Alvear, entre 1916 et 1930, puis de la présidence de Perón (1946-1955), mais ces deux périodes ont été trop courtes pour que s'engage un véritable renouveau de la recherche historique. Ce qui éclosait a été tué dans l'oeuf par les deux coups d'Etat qui ont mis fin à ces deux expériences politiques qui ont cherché à désengluer l'Argentine de sa dépendance structurelle à l'Angleterre puis aux Etats-Unis. Depuis une bonne dizaine d'années, grâce à plus d'un quart de siècle de démocratie, on voit apparaître un profond mouvement intellectuel et universitaire qui se met à construire une autre histoire, une recherche rigoureuse, qui s'appuie sur les documents historiques, qui n'hésite pas à briser les tabous du mitrisme et qui arrive désormais peu à peu jusqu'au grand public à travers la radio, la télévision, Internet et les livres. Trois grands historiens se détachent du lot, Osvaldo Bayer et Norberto Galasso, octogénaires tous deux, et dans la génération suivante, Felipe Pigna, historien et grand homme de médias, qui tord le cou à toutes les légendes lénifiantes ressassées jusqu'à l'écoeurement par l'école primaire et secondaire.
(2) L'histoire est toujours peu ou prou instrumentalisée et voilée par le regard, politiquement déterminé, de l'historien lui-même. Mais l'historien qui fait vraiment de l'histoire tâche précisément d'être critique sur ses propres a priori et de ne pas les nier. L'histoire mitriste les nie et présente sa version du passé comme une vérité absolue, intangible au lieu comme une construction progressive et appelée à évoluer, ce qui est le propre de l'histoire critique, telle que l'Ecole des Annales en a institutionalisé le modèle dans les années 1930.
(3) Il n'est pas inutile de rappeler que ce vaste mouvement a ses précurseurs intellectuels, en particulier plusieurs penseurs du début et du milieu du 20ème siècle, comme Arturo Jauretche ou Raúl Scalabrini Ortiz. Quant à l'histoire critique du tango, le premier travail publié en la matière l'a été en 1960, par Horacio Ferrer, dont c'était le premier livre édité (El tango, su historia y evolución). On oublie un peu trop souvent ce que la recherche historique sur le tango lui doit. Dont acte !

jeudi 22 septembre 2011

Juan Vattuone demain soir au Fondo Nacional de las Artes [à l'affiche]

Photo diffusée par l'artiste

L'auteur-compositeur-interprète Juan Vattuone continue les présentations de son deuxième disque, Escuchame un cosa (Ecoute-moi un peu) ce vendredi 23 septembre 2011, à 20h30 à la Casa de la Cultura del Fondo Nacional de las Artes, Rufino de Elizalde 2831, dans le quartier de Palermo.

Entrée libre et gratuite.

Juan Vattuone sera comme d'habitude accompagné du guitariste Victor Lasear et du pianiste Tavo Corrado.

Ce concert prend place dans le cadre des concerts de musique populaire qui ont lieu tous les vendredis dans cette salle.

Pour en savoir plus :

Le temps me manque en ce moment pour préparer et publier les différents Retours sur images conçus lors de mon tout récent séjour à Buenos Aires et parmi lesquels se trouve le spectacle de présentation de ce nouveau disque, donné par Juan et toute sa famille (ses deux filles, la danseuse et la chanteuse de rapp, sa petite-fille, chanteuse elle aussi comme sa tante, et même son beau-fils, qui est déjà un excellent pianiste malgré son jeune âge) au Centro Cultural Torcuato Tasso, à San Telmo. Mais promis, je le ferai et le plus tôt sera le mieux...

mardi 23 août 2011

Demain soir, Juan Vattuone présente Escucháme una cosa au Torcuato Tasso [à l'affiche]

Jacquette du disque

Demain soir, mercredi 24 août 2011, à 22h, l'auteur-compositeur-interprète Juan Vattuone présentera son deuxième disque, intitulé Escucháme una cosa (écoute-moi deux secondes) au Centro Cultural Torcuato Tasso, que les lecteurs de Barrio de Tango connaissent bien s'ils consultent régulièrement cette page... Il s'agit d'une salle de concert-café qui s'est spécialisée dans le tango mais propose aussi sa salle à des artistes de jazz et de folklore. Une salle située dans le quartier de San Telmo, au 1975 de la rue Defensa, face au Parque Lezama.

Actuellement, il faut aussi souligner la présence à l'affiche de cette salle du Sexteto Mayor les week-ends d'août.

Dilemme cruel que de choisir entre Juan Vattuone et Horacio Ferrer ce soir-là mais c'est la vie à Buenos Aires. Il faut toujours choisir, toujours, toujours...

Retour sur images à la clé d'ici quelques semaines ainsi que l'illustration de cet article avec l'affiche distribuée par Juan Vattuone himself (il me faudra le temps de traiter les photos et mon retour sera chargé de ce point de vue-là, entre les documents audio, vidéo et photographiques...)

vendredi 11 mars 2011

Festival indépendant : le programme des trois prochains jours [à l'affiche]


Demain samedi 12 mars 2011, à 18h, s'il ne pleut pas, Milonga d'ouverture du festival à San Juan y Boedo (attention, on avait annoncé initialement un coin de rue situé 100 mètres plus loin vers le nord, Boedo y San Ignacio). C'est gratuit.

Côté scène : la Orquesta Típica Agustín Guerrero (dont je n'avais encore jamais eu l'occasion de vous entretenir), le Alan Haksten Grupp (que vous connaissez nettement mieux), le Quinteto Negro La Boca, le trio Violentango, l'auteur-compositeur-interprète Juan Vattuone et le quintette de tango contemporain La Biyuya (1). Un DJ sera là aussi, celui de la Milonga del Morán, Mariano Romero.

Le concert doit être retransmis en direct par La Radio Rebelde.

Après-midi, le dimanche 13 mars, à partir de 19h, projection de deux courts-métrages, conférence du contrebassiste Horacio Cabarcos, exposition photographique organisée par Jorgelina Rueda et concert, à 21h30, du duo Rozencrom et du Richard Cappz Sexteto, le tout au Teatro El Fino, Paraná 673.

Entrée au concert : 20 $.

Lundi 14 mars 2011, à 21h, concert a la gorra (voir en partie médiane de la Colonne de droite ma Trousse lexicale d'urgence) :

Au programme : les groupes Bettinotti - Fernández (Gabriel Anonni au bandonéon, Federico Renati à la batterie, Javier Crego aux percussions et aux accessoires, Esteban Pueta à la guitare électrique, et Manuel Vazquez Guijo aux claviers) et Los Hermanos Butaca, que vous connaissez déjà.

Lieu : les locaux d'ADUBA, une association des enseignants de l'Université de Buenos Aires (UBA), c'est-à-dire une organisation syndicale et militante, rue Azcuénaga 770.

Bettinotti-Fernández se produiront aussi au Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, le 23 mars, à 21h30, dans le cadre des concerts Tango de Miércoles, qui entame en ce moment sa 5ème saison ! Leur répertoire politiquement engagé et leur regard sans concession sur la société de consommation qui gagne du terrain en Argentine comme partout ailleurs en fait un groupe idéal pour la programmation toujours critique de la Sala Osvaldo Pugliese (Corrientes 1543).

Pour en savoir plus :
visitez le site Internet de la ADUBA, histoire de vous faire une meilleure idée de ce monde intellectuel dre gauche de l'Université de Buenos Aires (et rassurez-vous, il contient aussi sa bonne part d'intellectuels de droite, fortement conservateurs).
Connectez-vous au site Internet de La Radio Rebelde, sur lequel vous disposez d'un streaming pour écouter en direct (mais attention à l'heure locale, il y a pour le moment quatre heures de décalage entre Buenos Aires et la côte atlantique européenne).

(1) Dans ma deuxième anthologie bilingue, parue fin janvier 2011 chez Tarabuste Editions, Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, vous trouverez un chapitre consacré au répertoire original de ce groupe, animé par la chanteuse Marina Baigorria et le guitariste Pablo Dichiera, tous deux auteurs et compositeurs du groupe. Quant à Juan Vattuone, il est présent dans mon autre anthologie, Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, parue aux Editions du Jasmin.

lundi 27 décembre 2010

Soirée d'août au Torcuato Tasso [Retour sur Images]

Au Torcuato, on ne fait pas qu'écouter de la musique et applaudir. On peut dîner aussi...

Voilà l'un de ces articles que mon emploi du temps et la nature de l'actualité depuis mon retour d'Argentine ne m'avaient pas permis de publier encore dans Mes Chroniques de Buenos Aires : le retour en images sur la soirée à laquelle m'avait invitée l'ami Juan Vattuone au Centro Cultural Torcuato Tasso le mercredi 25 août 2010 (voir mon article du 26 août 2010, décalage horaire oblige), le jour où j'ai appris que le Conseil d'Administration de la Academia Nacional del Tango venait de me décerner le titre d'Académicienne correspondante à Paris (voir mon autre retour sur images sur la séance académique du 2 septembre 2010).

Le Quinteto Angel Pulice y Ruth de Vicenzo au complet
(vous reconnaissez même Carolina Cajal, à la contrebasse, dans le fond)

Los Hermanos Butaca, sans couvre-chef et avec leur pianiste titulaire

Ce soir-là, sur la scène du 1575 de la rue Defensa, à San Telmo, il y avait le Quinteto Angel Pulice y Ruth de Vicenzo, suivi des Hermanos Butaca (à l'humour un rien potache et parfois d'un franc mauvais goût), eux-mêmes suivi de l'auteur-compositeur-interprète Juan Vattuone, accompagné de son vieux compère, compagnon de toute une carrière musicale, Victor Lasear à la guitare et de Gustavo Corrado au piano.

Et maintenant les mêmes Hermanos Butaca avec leur couvre-chef carnavalesque de scène et un invité au piano

Juan Vattuone, en vedette américaine...

Une soirée inoubliable, passée à la même table que Lucio Arce et un autre ami, au cours de laquelle nous avons été servis par une jeune Française, visiblement en séjour d'étude et qui n'avait pas repéré ma francitude (bon point pour moi, et toc !), une soirée qui s'est éternisée dans les conversations après le spectacle... Comme souvent à Buenos Aires. Il est vrai que les nuits d'hiver sont longues là-bas aussi.

Juan Vattuone, le "blouson rouge" du tango underground

lundi 15 novembre 2010

Premier festival de Tango de La Boca du 18 au 21 novembre prochain (2) [à l'affiche]

Suite de la liste des artistes participants à cette première édition du Festival de Tango de La Boca (voir l'autre article de ce jour à ce sujet) :

Affiche officielle de la manifestation

Le samedi 20 novembre, à 14h, il sera rendu hommage au grand compositeur et bandonéoniste qui a habité La Boca, le Maestro Pedro Laurenz et au compositeur local (il est né et s'est identifié au quartier), le Maestro Juan de Dios Filiberto, dont vous connaissez au moins un tango : je veux parler du très célèbre Caminito (1). Cet hommage sera rendu à deux endroits différents : sur Garibaldi, cuadra entre Olavaría et Lamadrid dans la maison de Pedro Laurenz ; sur Magallanes entre Irala et Hernandarias, dans la maison de Juan de Dios Filiberto.

A 18h, l'historien Osvaldo Bayer et Javier Campo donneront une conférence sur "L'anarchisme et le tango" (Dieu sait qu'ils ont et font toujours bon ménage), au Malevaje Arte Club, Garibaldi 1670.

Le soir à 20h, plsuieurs artistes se succèderont au Malevaje Arte Club : la chanteuse María Volonté, le Gabriela Elena Trío, l'auteur-compositeur-interprète Juan Vattuone et la pianiste et compositrice Carla Pugliese qui s'est installée dans le quartier comme elle l'a raconté au Monde il y a peu (voir mon article du 15 octobre 2010).

Le lendemain, Gabriela Elena, chanteuse, compositrice et parolière, donnera une conférence sur son père, Quique Elena et ses ascendents génois installés dans le quartier de La Boca, comme de très nombreux Italiens qui furent longtemps plus nombreux dans la zone que tous les autres immigrés entre 1880 et 1920 au moins.

A 17h, ce sera la grande clôture du festival avec les artistes et groupes : Polentaitúm, La Santa Milonga, Guitarra Negra, Lucrecia Merico, La Cuerda Trío, Quiero 24, le Quinteto Negro La Boca. Ce sera sur l'explanade du célèbre pont transbordeur de la Boca (là, aussi, un pont que l'on voit sur toutes les cartes postales du quartier, celui qui apparaît sur l'affiche du festival).

Les vendredi 19 et samedi 20 novembre à 18h, une pratique de danse est ouverte pour les danseurs de tous niveaux, Estudio Borquéz, Pinzón 447. Ce sera la seule manifestation payante mais les organisateurs promettent que le prix sera tout à fait modéré.

Par ailleurs, des expositions d'art plastiques sont organisés dans plusieurs lieux participants...

Entrée libre et gratuite à toutes les activités (sauf pratiques des 19 et 20 novembre à 18h).

Alors allez-y ! Profitez-en...

(1) Caminito : à lire dans le texte et avec ma traduction en français dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, paru aux Editions du Jasmin, en mai 2010 (Clichy, France). C'est à la page 89. Attention : Caminito, le tango, ne parle pas de Caminito, la petite rue hyper-touristique de La Boca, qu'on connaît dans toutes les cartes postales de Buenos Aires. C'est le peintre boquense Benito Quinquela Martín lorsqu'il a tenté de faire de cette ruelle un centre culturel populaire à l'air libre dans les années 1950 qui lui a donné pour nom le titre du tango de son ami et voisin Filiberto, le pianiste anarchiste tout comme lui.

jeudi 30 septembre 2010

Juan Vattuone sort Escuchame una cosa Vicente [Disques & Livres]

A l’occasion de la sortie de son nouveau disque, le second de sa carrière, Juan Vattuone répondait hier à une interview de Página/12 avec son humour et sa hargne habituels et en compagnie de l’une de ses filles, la rappo-tanguera Anita Vatt (1).

Extraits dans les deux langues, comme d’ordinaire :

– Mi idea permanente es mostrar que hay tangos que pueden hablar de la actualidad, que no tienen que ver con el piletón, la vieja llorando o la melancolía. Escribí uno que se llama “Yo quiero una vida ma’mejor”, que habla de ilusiones y esperanzas porque, si bien ya no pienso en cambiar el mundo, sí me anoto en eso de embellecerlo un poco. Yo no estoy en la vereda de ese ingeniero que gobierna y apunta al tango for export, sino en la de aportar algo a los jóvenes como un tipo de 60 años que conoció a Julián Centeya, a Cátulo Castillo, Goyeneche o Rivero, y se ofrece como un puente. Yo arranqué a los 18 años cantando tangos tradicionales, pero, por suerte, me pude despojar de la gomina, de la actitud machista y conservadora que tuvo y tiene el género. Digamos que tomo la responsabilidad de decir ciertas cosas que no se dicen demasiado. Es bueno que, como poeta, abra el espectro de otros poetas que han escrito maravillosamente bien, y que la gente no juna, porque no los pasan por radio. Y ni hablar por la tele, porque estamos todos tinellizados...
Juan Vattuone, dans Página/12

Mon idée fixe c’est de démontrer qu’il y a des tangos qui peuvent parler de l’actualité, qui n’ont rien à voir avec le lavoir, la mère en larmes ou la mélancolie. J’en ai écrit une qui s’appelle Moi je veux une vie encore mieux, qui parle d’espérances et de lendemains qui chantent, parce si je ne pense bien sûr pas changer le monde, je m’inscris pour l’embellir un peu. Je ne suis pas dans le clan (2) de cet ingénieur qui gouverne et qui vise le tango for export (3) mais avec ceux qui veulent apporter quelque chose aux jeunes, comme un type de 60 ans qui a connu Julián Centeya, Cátulo Castillo, Roberto Goyeneche ou Rivero, et qui s’offre comme un pont. J’ai démarré à 18 ans en chantant des tangos traditionnels mais, par chance, j’ai pu me dépouiller de la gomina (4), de l’attitude machiste et conservatrice qu’a affecté et qu’affecte le genre. Disons que je prends la responsabilité de dire certaines choses qui ne se disent pas trop. C’est bien que, comme poète, j’ouvre le spectre d’autres poètes qui ont écrit merveilleusement bien et que les gens ne voient pas parce qu’ils ne passent pas à la radio. Et je ne parle même pas de la télé, parce que nous sommes tous tinellisés (5).
(Traduction Denise Anne Clavilier)

[...]

“Es como una forma de sentimiento nacional y popular que defiendo, como cuando hablo de la dictadura y de los militares, ¿no? Muchos me juzgan cuando digo que el tango no ha dicho nada de la dictadura y los desaparecidos. Charly, León, Cantilo o Nebbia han dicho cosas, aunque hayan sido utilizados, pero en el tango poco se ha hablado de algo que nos pasó a nosotros, los argentinos, sobre los compañeros desaparecidos. Yo no tengo nada contra los militares, de lo que estoy en contra es de los genocidas. Digo, si San Martín se levantara de la tumba, condenaría a esos turros que hicieron lo que hicieron”.
Juan Vattuone, dans Página/12

C’est comme une forme de sentiment national et populaire que je défends (6) comme quand je parle de la dictature et des militaires, n’est-ce pas ? Beaucoup me condamnent quand je dis que le tango n’a rien dit sur la dictature et les disparus (7). Charly, León, Cantilo ou Nebbia (8) ont dit des choses, même s’ils ont fait l’objet de récupération, mais dans le tango, on a très peu parlé de cette chose qui nous est arrivée à nous, les Argentins, au sujet des amis disparus. Moi, je n’ai rien contre les militaires. Si j’ai quelque chose contre quelqu’un, c’est contre les génocidaires (9) . Je dis que, si San Martín sortait de sa tombe, il condamnerait ces abrutis qui ont fait ce qu’ils ont fait.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

(1) Juan a deux filles. Julieta est danseuse. Anita est une artiste complète qui coompose, écrit, chante, danse.... Toutes les deux ont choisi d’abréger le nom paternel et de n’en garder que la première syllabe. L’une comme l’autre font sa très grande fierté.
(2) littéralement : "Je ne me tiens pas sur le trottoir de cet ingénieur".
(3) Allusion à Mauricio Macri, le chef du Gouvernement de la Ville autonome de Buenos Aires. Macri est ingénieur de formation et, en Argentine, c’est un titre qu’on porte toute sa vie, comme celui d’Architecte ou de Docteur (titulaire d’une thèse) ou de Licencié (titulaire de l’équivalent d’un Master européen)…
(4) au sens littéral du terme : il y a 40 ans, dans de très nombreux spectacles de tango, à la télévision en particulier, les musiciens et surtout les chanteurs se présentaient déguisés en caricature de Carlos Gardel, les cheveux plaqués sur le crâne avec de la gomina, en costume 3 pièces des années 30, doulos et chaussures bicolores, une tenue qui ne correspondait en rien à la tenue de l’homme de la rue des années 70. C’est à ce genre de signe que l’on voit combien était grave la crise que traversait alors le tango malgré les efforts de renouvellement du trio Piazzolla-Ferrer-Amelita Baltar et la persistance de quelques grands comme Osvaldo Pugliese, Horacio Salgán ou Aníbal Troilo, qui connut cette crise puisqu’il est décédé en 1975.
(5) Allusion à l’animateur vedette de télé Marcelo Tinelli, une espèce de Michel Drucker argentin qui travaillerait sur les chaînes privées et qui anime à Buenos Aires des émissions de variétés et de divertissement passablement racoleuses et baignant dans une démagogie facile. Bien entendu, le genre d’émissions que Juan Vattuone vomit de toutes ses forces.
(6) N’oubliez jamais qu’en Argentine, la Nation est une réalité qui est en train de se construire. Lier nationalisme et peuple n’est donc pas le fait de réactionnaires ou de conservateurs qui entendraient geler les choses en l’état ou revenir à un état antérieur de la société ou du pays mais de gens qui veulent aller de l’avant. Le nationalisme est essentiellement à gauche, la droite étant très encline à livrer l’Argentine à des intérêts commerciaux et économiques étrangers (ceux des grandes puissances commerciales) ou à en faire une pâle copie de ces mêmes grandes puissances commerciales sans lui laisser la liberté de son propre chemin original.
(7) en effet, il n’a pas tout à fait raison. Alejandro Szwarcman pour ne citer que lui a écrit à ce sujet et ce sont bien des tangos. Raimundo Rosales aussi. Marcela Bublik… Mais ils font partie de ceux qui ne passent pas beaucoup à la radio, c’est vrai, et leurs œuvres ne sont pas connues encore du grand public.
(8) Quelques grands artistes du rock argentin : Charly García, León Gieco, Fabiana Cantilo et Litto Nebbia.
(9) En Argentine, la Dictature de 1976-1983 est qualifiée de génocide. Au regard de la définition internationale du terme, qui s’est élaborée au procès de Nüremberg en 1945-1946, et qui peut s’appliquer telle quelle aux événements du Cambodge et du Rwanda, ce qui s’est passé en Argentine n’est pas un génocide mais une répression politique particulièrement rude avec des violations très graves des droits de l’homme, notamment contre les enfants des persécutés. Néanmoins la gauche nationaliste argentine a obtenu le classement en génocide à cause de la répression assez féroce qui s’est abattue sur l’expression culturelle populaire qui tendait à faire disparaître cette identité irréductible pour mieux assimiler le pays au marché intérieur des Etats-Unis. Et cela, c’est quelque chose que Juan Vattuone ne pardonne pas et il consacre une partie considérable de ses forces à lutter contre l’oubli en la matière, ce en quoi il est très proche du combat de Madres de Plaza de Mayo.

mercredi 29 septembre 2010

La sortie du second disque de Juan Vattuone [Disques & Livres]

L’auteur-compositeur-interprète Juan Vattuone présentera son nouveau disque, qu’il prépare depuis plus de deux ans, Escucháme una cosa, Vicente (Ecoute-moi un peu, Vicente), ce soir à 23h30 à Piedra y Camino, Humahuaca 3853, dans le quartier de Almagro, et demain à 22h, au Centro Cultural Torcuato Tasso, Defensa 1575, dans le quartier de San Telmo.

Et le 18 octobre, sortira à Buenos Aires un film où il a joué avec Rodrigo De La Serna et qu’il était venu présenter au Festival de Cannes au printemps dernier.

Demain, lorsque je disposerai d’un peu plus de temps, je vous présenterai quelques extraits de l’interview de Juan qui paraît ce matin dans les pages culturelles de Página/12 que vous pouvez lire sans m’attendre si vous comprenez l’espagnol.