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lundi 20 avril 2020

Adieu à Gloria Arquimbau [Actu]

Gloria Arquimbau honorée par la profession
(à sa droite, son mari rajustant son chapeau)

En temps normal, cette triste nouvelle aurait été traitée par la plupart des quotidiens nationaux publiés à Buenos Aires mais nous ne sommes pas en temps normal et la danseuse Gloria Arquimbau s’en va dans le silence médiatique.

Seule La Prensa a publié une nécrologie sous la plume d’un danseur et non d’un journaliste de la rédaction.

Dans la colonne de gauche, en bas : Gloria dansant avec Eduardo
il y a de cela quelques mois
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Avec son époux Eduardo Arquimbau, Gloria a fait les beaux jours du spectacle et de l’enseignement du tango pendant plus de soixante ans. Leurs deux noms sont indissociables.

Le couple dans une tournée à ses débuts

Elle est décédée il y a une semaine, comme en fait foi le bref communiqué de l’AMBCTA, l’association des professeurs, danseurs et chorégraphes du tango argentin dont elle était une figure de proue.

Gloria et Eduardo Arquimbau en 2017
à la fin d'un plenario de la Academia Nacional del Tango
en hommage à Aníbal Troilo
On perçoit l'ambiance dans la bande son
A la fin de la vidéo, on entraperçoit Gabriel Soria
le président de l'institution en grande discussion
avec Gloria au sujet de ses chaussures !

Le couple s’est produit depuis les années 1960 avec tous les grands orchestres, ceux de Pugliese, de Canaro ou de Troilo, en tournées internationales comme à la télévision.

Le couple en 2013 dans le patio de sa maison de Buenos Aires

Dans ce silence, sa disparition est encore plus triste.

Pour aller plus loin :

mercredi 25 novembre 2015

Première Journée internationale El Tango en Escena [à l'affiche]


La Asociación para la promoción y difusión de las artes performáticas (entendez de spectacle) propose pour la première fois une rencontre de trois jours, du 26 au 28 novembre 2015, dans quatre sites distincts de Buenos Aires : la Faculté des sciences sociales de la UBA (Universidad de Buenos Aires), la Bótica del Angel (qui dépend de la Universidad del Salvador, USAL, l'ancienne université jésuite) et la Dirección Nacional de Artes.

La rencontre se compose de cours, démonstrations, tables-rondes et conférences au sujet de la danse de tango, non pas tant dans sa version très spectaculaire du tango de scène (tango escenico) qui touche parfois à l'acrobatie pure et simple mais de l'usage de cette danse dans l'univers du spectacle, où elle peut prendre des formes beaucoup plus authentiques, comme Eduardo et Gloria Arquimbau en ont fait la preuve mille et mille fois dans le monde entier.

Le programme complet. Cliquez sur l'image pour lire

La manifestation est organisée par un comité artistique où siègent des artistes reconnus comme Aurora Lubitz, Milena Plebs, Gachi Fernández, Mario Morales et Leonardo Cuello. Elle bénéficie de soutiens officiels, comme celui du Ministère national de la Culture et la Legislatura Porteña, qui a déclaré l'événement d'intérêt culturel, et de soutiens privés, dont celui de Melografías, le magazine en ligne sur la musique populaire, la revue Balletín (sur toutes les danses) et le magazine Tangauta.

Il est indispensable de s'inscrire par mail (tout est sur le blog). Le montant de la participation est de 300 $ ARG pour couvrir les frais d'organisation mais cela n'a pas un caractère obligatoire. Ceci dit, ce n'est vraiment pas cher !

L'association dispose d'un blog Internet et d'un profil Facebook.

La presse est discrète sur le sujet mais il ne faut pas oublier l'article de Página/12 ce matin et le blog Maldito Tango, hébergé par La Nación.

mercredi 16 juillet 2014

Hommage à Pichuco au Teatro Cervantes [à l'affiche]

C'est la seconde partie de l'hommage organisé par le Ministère de la Culture au niveau national pour le centenaire de la naissance de Aníbal Troilo (11 juillet 1914-18 mai 1975) : ce soir, mercredi 16 juillet 2014, la Orquesta Nacional de Música Argentina Juan de Dios Filiberto, sous la direction de Atilio Stampone et Oscar de Elía, se produira sur la scène du Teatro Nacional Cervantes dans le quartier de Retiro. Le concert est gratuit.



Parmi les artistes invités, les chanteurs Omar Mollo (qu'on retrouvera ce week-end à La Falda), et Julia Zenko, les bandonéonistes Raúl Garello, Ernesto Baffa et Walter Ríos, le pianiste José Colángelo et les danseurs Eduardo et Gloria Arquimbau, deux grands représentants du tango salón, celui dansé par tout le monde au bal (milonga).

Le poète Horacio Ferrer participera lui aussi à la soirée avec la récitation de l'un ou l'autre des poèmes qu'il a consacrés à Pichuco (1) et parlera de ce qu'il a apporté dans la musique populaire argentine.

La soirée sera présentée par Gabriel Soria, son second à la tête de la Academia Nacional del Tango.

Les entrées, s'il en reste, sont à retirer au guichet du théâtre.

Pour en savoir plus sur les manifestations organisées dans le cadre de ce centenaire par le Ministère, à Buenos Aires et à Córdoba, visitez le site Internet (en espagnol).



(1) Vous trouverez des versions bilingues, avec traduction en français, des deux textes majeurs dans ce domaine, El Gordo Triste et La Jaula Mágica, dans mes ouvrages, Barrio de Tango (Editions du Jasmin) et Deux cents ans après (Tarabuste Editions). Pour en savoir plus, cliquez sur l'image des couvertures dans la Colonne de droite.

lundi 10 mars 2014

La Semana de las Milongas commence aujourd'hui [à l'affiche]


Cet après-midi, 10 mars 2014, à 14h, heure de Buenos Aires, commence la Semaine des Milongas dans tout Buenos Aires : bal à ciel ouvert à l'ombre de l'Obélisque, à l'angle des rues Libertad et Diagonal Norte, sur la toute récente place Astor Piazzolla, qui se trouve dans la portion de voie publique qui conduit à la rue Cerrito.

Jusqu'à dimanche 16 mars, 16 activités quotidiennes dans 61 milongas de toute la ville, dont des bals, des concerts, des cours, des pratiques, des démonstrations et des expositions. Le tout est organisé par la Direction générale du Patrimoine, l'Institut historique du ministère de la Culture portègne (installé dans la Maison de l'Historien, lié à la Maison du Vice-Roi Liniers) et l'Association des organisateurs de milongas.


Tableau récapitulatif de la semaine
Cliquez sur l'image pour la lire en très haute résolution 

De nombreux danseurs professionnels et professeurs de tango-danse sont programmés comme Gloria et Eduardo Arquimbau, Corina de la Rosa et Julio Balmaceda et beaucoup d'autres. Côté musique, participent le Sexteto milonguero, la Orquesta Sans Souci, la Tubatango ou le chanteur Chino Laborde (la voix de la Orquesta Típica Fernández Fierro).

Table d'orientation pour danseurs passionnés
de ceux qui usent les parquets avec leurs semelles comme on dit à Buenos Aires
sacar viruta al piso !
(Cliquez sur l'image pour obtenir une très haute résolution lisible)

Cet après-midi, à l'Obélisque, la Orquesta Típica Juan D'Arienzo, une formation qui copie le style du maître dont elle porte le nom, prendra en charge la musique vivante.
Pour les activités où les places sont limitées, les entrées sont ou plus sûrement étaient distribuées gratuitement à la Maison de l'Historien, Bolívar 466. En général, ce type de distribution a l'art de créer des mécontents parce que les guichets sont ouverts aux heures de bureau et les gens qui travaillent peuvent systématiquement venir lorsque tout a déjà été distribué. Le même système est appliqué à toutes les activités culturelles organisées par ce ministère.

Une des publicités de la manifestation

Pour en savoir plus :
et lire l'article de Página/12 de ce matin.

En cliquant sur les image ci-dessus, vous les obtiendrez en haute résolution pour une lecture très confortable.

samedi 2 février 2013

Tous les dimanches avec Gloria et Eduardo [à l'affiche]



C'est une belle occasion d'apprendre à danser que vous propose La Milonguita à 18h30, tous les dimanche matin de février : des cours d'une heure trente tous les dimanches de février avec Eduardo et Gloria Arquimbau.

La Milonguita est une milonga de Palermo, située rue Jorge Newberry, à la hauteur du 2218.

Le couple légendaire du Tango-salón vous apprendra à aborder l'interprétation de trois musiciens très différents parmi les plus grands : Francisco Canaro, Juan D'Arienzo et Osvaldo Pugliese.

Après une heure et demie de cours, la milonga s'ouvrira de 20h à 2 h du matin.

Belle fête à combiner avec le carnaval.

La photo des deux danseurs ci-dessus a été prise au sein du Museo Mundial del Tango, qu'abrite le 1er étage de la Academia Nacional del Tango. On reconnaît bien les vitrines et la dispositions de cette salle (celle de gauche en entrant).

mardi 24 juillet 2012

Une clôture en beauté cette année avec Gloria et Eduardo [à l'affiche]


Gloria Baraud et Eduardo Arquimbau, les danseurs de tango-salón légendaires qui font les scènes du monde entier ensemble depuis plus de 50 ans, seront à l'honneur à la fin août pour le final du Mundial de Tango de Buenos Aires.

Un hommage leur sera en effet rendu lors de la grande soirée de clôture du championnat au Luna Park, la salle mythique du bas Buenos Aires qui accueille tous les grands événements qui doivent briller de mille feux.

Gloria et Eduardo étaient le week-end dernier à Paris. Ils sont membres fondateurs de l'association professionnelle des professeurs, chorégraphes et danseurs de tango argentin, la AMBCTA, qui vient d'annoncer la nouvelle. D'autant plus volontiers que Eduardo Arquimbau est son actuel président.

Vous trouverez le lien vers l'Ambcta dans la Colonne de droite, dans la rubrique Eh bien, dansez maintenant !


Pour en savoir plus sur les artistes en français, cliquez sur leurs noms dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, ou en espagnol, allez sur leur propre site Internet (galerie de photos, vidéos sur leur page You Tube, informations).

lundi 16 juillet 2012

Nouvelle dédicace à Paris [ici]

Ajout du 21 juillet 2012 : la dédicace est annulée pour raison de santé (c'est l'automne en plein été depuis plusieurs semaines dans la majeure partie de la France et les microbes hivernaux sont à la fête dans tout le pays, sauf sur la Côte d'Azur). A ma connaissance, il n'y a aucun autre changement au programme de cette journée festivalière et parisienne, entre cours, milonga et spectacle...

Alors que je travaille encore sur la dernière étape du dernier manuscrit des trois livres auxquels je consacre une bonne partie du temps que je donne d'ordinaire à ce blog, depuis la mi-octobre, voici une nouvelle séance de dédicace de Barrio de Tango, le livre (ed. du Jasmin) et de Deux cents ans après (Tarabuste éditions) qui va me faire lever le nez de mon clavier et de mon écran...

Ce sera à l'occasion du 8ème Festival de Tango de Paris, qui tiendra son spectacle de gala, le samedi 21 octobre 2012, au Théâtre Trianon, 80 boulevard de Rochechouart, Paris 18, M° Anvers. Je m'y trouverai de 17h30 jusqu'à la sortie du spectacle, où l'on attend quelques très grands danseurs, dont le couple légendaire formé par Eduardo et Gloria Arquimbau, 50 ans de scène ensemble et partout dans le monde...

L'événement est organisé par Almatango et Alain de Caro...

mardi 5 avril 2011

Un Séminaire de culture tanguera commence ce soir à la Academia Nacional del Tango. Article n° 2100 [Actu]

La Academia Nacional del Tango propose, tous les mardis soir, un séminaire d'un quadrimestre, le module qui structure l'année scolaire argentine, qui en compte donc deux, sur l'ensemble de la culture du tango argentin. Les cours commencent ce soir.

Au mois d'avril, le professeur sera Alberto Podestá, grand chanteur devant l'Eternel, qui peut afficher à son tableau de chasse plusieurs enregistrements qui ont fait l'histoire, vu qu'il a commencé sa carrière chez Miguel Caló, au cabaret Singapur, à la toute fin des années 30, dans la Orquesta de las Estrellas, où il a créé entre autres un bon nombre des tangos du duo fraternel Expósito (Virgilio, le compositeur et pianiste, Homero le poète et l'aîné des deux frères), puis chez Carlos Di Sarli, qui, un beau soir, est allé l'y débaucher (voir mon article du 4 décembre 2009 sur le Plenario que la Academia a consacré à ses 85 ans et 70 ans de carrière).

Au mois de mai, le professeur sera Horacio Ferrer : il parlera des grands poètes, Pascual Contursi, Celedonio Esteban Flores, Enrique Santos Discépolo, Homero Manzi et Héctor Negro, annonce ce matin Página/12. Sans doute la chroniqueuse Karina Micheletto oublie-t-elle au moins des gens comme Alfredo Le Pera (1900-1935), Enrique Cadícamo (1900-1999) et Homero Expósito (1918-1987), qui fut un ami personnel du Maestro Horacio Ferrer (1).

En juin, les professeurs seront le couple de danseurs légendaires Eduardo et Gloria Arquimbau, qui ont récemment fêté leurs 50 ans de carrière, eux aussi, au cours d'un Plenario (voir mon article du 29 juillet 2010 à ce sujet). Ils traiteront de l'évolution du tango dansé et de ses variantes sociales et scéniques, avec un retour aux sources historiques, à l'origine reculée du tango, dans les années 1800, avant même la Revolution de Mai 1810 !

En juillet enfin, c'est le compositeur, bandonéoniste, arrangeur et chef d'orchestre Raúl Garello qui viendra disserter de toutes ces dimensions musicales, instrumentales et orchestrales qui constituent la richesse de la tradition musicale du tango, où chaque morceau dispose d'à peu près autant d'arrangements et donc de versions que d'interprètes qui l'ont inscrit à leur répertoire. Or dans le monde du tango, contrairement à celui de la chanson de l'hémisphère sud, le répertoire constitue un fonds commun où tous les interprétes, tous les groupes, toutes les formations vont puiser sans aucune réserve ce qui leur plaît, ce qu'ils aiment, ce qu'ils ont envie de jouer, de chanter, d'exécuter.

Une des pages culturelles du quotidien ce matin (5 avril 2011)

Ce matin, l'événement, c'est très exceptionnel, a fait la une des pages culturelles du quotidien Página/12 et Horacio Ferrer en a profité pour annoncer la deuxième réédition augmentée de sa somme encyclopédique, El Libro del Tango, publié pour la première fois en 1970 avec deux tomes, puis réédité en 1980 en trois tomes, une édition qui était épuisée depuis de très nombreuses années.

Quelques extraits de cette quintuple interview publiée ce matin par Página/12 :

“A mí nadie me enseñó para ir a cantar a una orquesta, eso lo aprendí yo con las orquestas. Me enseñaron mucho los directores, todos me dieron siempre un toque: hacé esto, lo otro, por qué no probás aquello, y así fui aprendiendo. No es que me hayan cambiado la forma de cantar, me enseñaron formas, trucos, yeites”, cuenta. El ejemplo hace reír a todos: “Cuando fui con Di Sarli, lo primero que me dijo fue: ‘Aquí se canta a tiempo’. Sí, maestro. Me probaba y me decía ‘¡A tiempo, a tiempo!’, con el dedo de metrónomo, él tocaba con la izquierda y le daba con la derecha. Y así aprendí a cantar a tiempo. Hay otros que no siguen el tiempo, como Lavié, o como el Polaco, frasean diferente. Lavié sabe muchísimo de eso, se queda un compás, dos compases, y después agarra la melodía, como si nada. Yo no puedo, yo canto a tiempo”.
Página/12

Personne ne m'a appris à chanter pour me produire dans un orchestre, à moi [déclare Alberto Podestá], ça, c'est au sein des orchestres que je l'ai appris. Les chefs d'orchestre m'ont beaucoup appris, tous m'ont donné un truc : "fais ceci", un autre : "pourquoi tu n'essayes pas ça ?" Et c'est comme ça que j'ai appris peu à peu. Ce n'est pas qu'ils aient modifié ma façon de chanter, ils m'ont appris des tours, des trucs, des ficelles, raconte-t-il. L'exemple fait rire tout le monde. "Quand je suis allé chez Di Sarli, la première chose qu'il m'a dite, ça a été : "Ici, on chante sur les temps forts". Bien, Maestro. Il me testait et me disait : "sur le temps fort, sur le temps fort", avec le doigt en guise de métronome. Lui, il jouait de la main gauche et battait la mesure de la droite. Et c'est comme ça que j'ai appris à chanter sur les temps forts. Il y en a d'autres qui ne suivent pas les temps forts, comme [Raúl] Lavié ou comme [Roberto Goyeneche], le Polaco. Ils chantent comme ils parlent, c'est différent (2). Lavié en sait long sur ce point, il garde [les temps fort pendant] une mesure, deux mesures et après, il accroche la mélodie comme si rien d'autre n'existait. Moi, je ne peux pas, moi je chante sur les temps forts.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Los bailarines enseguida tienen algo para decir sobre la importancia del tiempo en el tango: “Lo que pasa que el bailarín necesita el tiempo”, subraya Eduardo Arquimbau. “Cuando uno trabaja en un escenario, no es tan importante el tiempo, te vas metiendo con el pedido musical, pero cuando vas a la milonga y tenés que bailar con una chica que no conocés, lo que hace la unión de la pareja es justamente el tiempo. Por eso en los ’40 todas las orquestas tocaban a tiempo.” “¡Y por eso hasta hoy en las milongas pasan temas de Alberto, no de Lavié!”, apunta Gloria.
Página/12

Les danseurs aussitôt ont quelque chose à dire sur l'importance du rythme dans le tango : "Ce qui se passe, c'est que le danseur a besoin des temps forts, souligne Eduardo Arquimbau. Quand vous travaillez sur scène, le temps fort ce n'est pas aussi important que ça. Tu te débrouilles avec ce que commande la musique, mais quand tu vas à la milonga et qu'il faut danser avec une fille que tu ne connais aps, ce qui fait l'union du couple c'est justement le temps fort. C'est pour ça que dans les années 40, tous les orchestres jouaient les temps forts". "Et c'est pour ça que même aujourd'hui, dans les milongas, on passe des morceaux de Alberto, et pas de Lavié", remarque Gloria. (3)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Ferrer destaca un aspecto poco analizado, el impulso que le dieron al tango en el mundo los exiliados durante los ’70 y ’80. “Tantos que amaban el tango, y cuando tuvieron que partir, empezaron a estudiarlo afuera, así el tango pasó a ser una cultura de gabinete. Lo que hicieron los exiliados por el tango en el mundo fue extraordinario, lo sé porque he conocido a estos precursores.” Ferrer relativiza en un punto el peso de la danza como motor del tango en el mundo: “La danza del tango es una maravilla, pero están todos lo otros aspectos de la cultura tanguera. Fíjese por ejemplo María de Buenos Aires: se ha dado en 170 ciudades de 30 países de los cinco continentes. Y no hay baile en esa “operita”, la única versión con baile es la que hicimos en el Cervantes con la coreografía de Oscar Araiz”.
Alberto Podestá: –La poesía del tango es insuperable. Cuántas veces ante una letra pensamos: ¿cómo puede alguien decir esto en tres minutos? ¡Es un argumento de película!
Página/12

[Horacio] Ferrer relève un aspect peu souvent analysé, l'élan que donnèrent au tango dans le monde les exilés durant les années 70 et 80 (4). "Ils étaient si nombreux à aimer le tango et quand il fallut qu'ils partent, ils ont commencé à l'étudier à l'étranger, et c'est comme ça que le tango est devenu une culture en salon. Ce qu'ont fait les exilés pour le tango dans le monde a été extraordinaire, je ne sais parce que j'ai connu ces précurseurs". Ferrer relativise sur un point le poids de la danse comme moteur du tango dans le monde : "la danse du tango est une merveille, mais il y a tous les autres aspects de la culture du tango. Voyez par exemple María de Buenos Aires (5) : elle a été jouée dans 170 villes de 30 pays sur les 5 continents. Et il n'y a pas de danse dans cette opérette, l'unique version avec danse, c'est celle que l'on a donnée au Teatro Cervantes, avec une chorégraphie de Oscar Araíz" (voir mon article du 29 septembre 2008 sur cette reprise, qui voyagea ensuite vers Athènes).
Alberto Podestá : La poésie du tango est insurpassable. Combien de fois, devant un texte de tango, nous pensons : comme quelqu'un peut-il dire cela en trois minutes ? C'est un argument de film !
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Raúl Garello: –El tango no es una música paisajista, lineal, ésa es su profundidad, no es la foto de un paisaje. Por eso cabe el concierto, el dúo canyengue, el ballet, todas las expresiones. Los elementos que han formado este género tienen con qué desarrollar todo un arte. La música y la poesía son muy seductores y han seducido a una cantidad de formaciones, hasta las grandes orquestas, han seducido también a otros géneros. Y hay algo muy importante: sostengo que el tango es un arte de jóvenes. Las fotos de las orquesta del ’40 dan testimonio, si miran las caras de los integrantes de la orquesta de Pichuco, de Di Sarli, son adolescentes, pibes de 20 años.
Alberto Podestá: –Pichuco tenía 23 años cuando debutó como director de orquesta. Yo debuté a los 16 años. Y en la orquesta, Pontier tendría 23 años, Francini 24. Maderna era un muchacho que tenía 18, 19 años. Era lo normal.
R. G.: –La juventud está en el ADN del tango. Y hoy creo que está metido en todas las generaciones. He escuchado tango desde que iba a la escuela. Sin querer, vas en un colectivo y escuchás silbando al que maneja. O, por lo menos, así era cuando yo era chico.
Página/12

Raúl Garello : Le tango n'est pas une musique paysagiste, linéaire, sa profondeur est là : ce n'est pas la photo d'un paysage. C'est pour ça qu'on a le concert, le duo canyengue (6), le ballet, toutes ces expressions. Les éléments qui ont formé ce genre possèdent de quoi développer tout un art. La musique et la poésie sont très séductrices (7) et ont séduit une [grande] quantité de formations, même les grands orchestres, ont séduit aussi les autres genres. Et il y a quelque chose de très important : je soutiens que le tango est un art de jeunes. Les photos des orchestres de 1940 en rendent témoignage : si vous regardez le visage des membres de l'orchestre de Pichuco, de Di Sarli, ce sont des adolescents, des mômes de 20 ans.
Alberto Podestá : Pichuco avait 23 ans quand il a commencé comme chef d'orchestre. Moi, j'ai commencé à 16 ans. Et dans l'orchestre, Pontier avait 23 ans, Francini 24. Maderna était un gars qui avait 18, 19 ans. C'était la norme.
Raúl Garello : La jeunesse est dans l'ADN du tango. Et aujourd'hui, je crois qu'il est en train de se fourrer dans toutes les générations. J'ai entendu du tango depuis le moment où je suis allé à l'école. Sans même le vouloir, tu montes dans un bus et tu entends siffler celui qui conduit. Enfin, en tout cas, c'était comme ça quand j'étais petit.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–¿No son buenos tiempos entonces para el tango?
E. A.: –Cuando repaso esas letras que son poesías sublimes, siempre me pregunto: ¿estos tipos escribían así porque tenían más tiempo, porque se vivía de otra manera, o porque ya tenían la sabiduría? Porque ahora va todo muy rápido, no hay tiempo. Antes la bohemia daba más tiempo.
H. F.: –¡No es una cuestión de tiempo! El que quiere hacer algo, el tiempo se lo hace. Con Gabriel Soria, que también coordina estos seminarios, hicimos la Enciclopedia sonora del tango Las 1001 noches del tango. Son 50 discos con 1001 tangos, en orden alfabético, con todos los datos, fecha de grabación, intérpretes, todo. Ahora voy a reeditar mi Enciclopedia del tango: ya pesaba algunos kilos cuando tenía tres tomos, ahora la amplié y la hice de cuatro tomos, ¡para joder! Con Garello trabajamos cuatro años en una ópera de dos horas, que está esperando ser estrenada. Nos hicimos el tiempo.
R. G.: –Estuve un año para orquestarla, cuando ya estaban todos los versos y las melodías. Porque tiene siete personajes, y hasta los buenos días son cantados.
–Eduardo hablaba de los jóvenes, decía que ellos son los que ahora tienen menos tiempo...
H. F.: –Pero todos estos chicos que ahora tocan tan bien, ¿de dónde sacan el tiempo? No se toca así si no hay tiempo para estudiar, para darle y darle al instrumento. La bohemia es esto que ves acá, esta Academia que, a pesar del edificio paquete que tiene, es una institución pobre. La presido ad honorem, como debe ser, y toda la gente que colabora aquí pone su forma de bohemia. Esta es la bohemia que se ha transmitido de generación en generación, nosotros la ejercemos de esta manera.
A. P.: –Y ponernos a dar estas clases también es un gusto que nos damos. Nuestra forma de bohemia.
Página/12

- Alors, aujourd'hui, ce n'est pas le bon temps pour le tango ?
Eduardo Arquimbau : Quand je relis ces textes qui sont des poésies sublimes, je me demande toujours : ces types, ils écrivaient comme ça parce qu'ils avaient plus de temps, parce qu'on vivait autrement, ou parce qu'ils possédaient déjà la sagesse ? Parce que maintenant, tout va très vite, on n'a plus le temps. Avant, la bohême nous accordait plus de temps.
Horacio Ferrer : ce n'est pas une question de temps ! (8) Celui qui veut faire quelque chose, le temps, il le trouve. Avec Gabriel Soria (9), qui coordonne aussi ce séminaire, nous avons fait L'Encyclopédie sonore du tango. Les 1001 nuits du tango. Ce sont 50 disques avec 1001 tangos, par ordre alphabétique, avec toutes les données, la date d'enregistrement, les interprètes, tout. Maintenant, je vais publier à nouveau mon Encyclopédie du Tango (10) : elle pesait déjà quelques kilos (11) quand elle avait 3 tomes. Maintenant, je l'ai augmentée et je lui ai faite en 4 tomes. Histoire de rigoler ! Avec Garello, nous avons travaillé quatre ans sur un opéra de deux heures, qui attend sa création à l'heure actuelle. On s'est donné le temps.
Raúl Garello : J'ai mis un an à l'orchestrer, quand on avait déjà tous les vers et toutes les mélodies. Parce qu'il y a sept personnages et on chante aussi quand il fait beau... (12).
- Eduardo parlait des jeunes, il disait que ce sont eux, ceux qui maintenant ont moins de temps...
Horacio Ferrer : Mais tous ces jeunots qui jouent si bien de nos jours, où est-ce qu'ils trouvent le temps ? On ne joue pas comme ça si on n'a pas le temps d'étudier, de se mettre encore et toujours à son instrument. La bohême, c'est ce que tu vois ici, cette Académie qui, tout tiré à quatre que soit l'immeuble, est une institution pauvre (13). Je la préside gracieusement, comme il se doit, et tous les gens qui travaillent ici ont leur genre de bohême. La voilà, la bohême qui s'est transmise de génération en génération, c'est notre manière de l'exercer.
Alberto Podestá : Et nous mettre à donner ces cours, c'est aussi un plaisir que nous nous donnons. La bohême à notre façon.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin :
lire l'intégralité de l'article de Página/12

(1) Tous ces poètes, y compris Horacio Ferrer, sont présentés dans mon anthologie bilingue, Barrio de Tango, parue en mai 2010 aux Editions du Jasmin. Horacio Ferrer et Héctor Negro ont en outre chacun un chapitre entier dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, paru en janvier dernier, chez Tarabuste Editions, où ce nouveau recueil bilingue constitue le supplément 2010 de la revue Triages. Les deux ouvrages sont disponibles en librairie (les commander au besoin, si le libraire ne les a pas en stock) et directement chez leur éditeur respectif. Cliquez sur l'image des couvertures que vous trouvez dans la Colonne de droite, pour accéder aux articles de ce blog, décrivant le contenu de ces deux ouvrages. Dans Deux cents ans après, j'ai présenté et traduit un tango écrit par Horacio Ferrer en hommage à Homero Expósito (musique de Raúl Garello), Homero en flor, pp 68-69.
(2) Frasear est un verbe intraduisible en français, il vient de frase, la phrase. Il s'agit de décrire une manière de chanter qui a été inventée par Roberto Goyeneche (1926-1994), qui a introduit le rythme parlé à l'intérieur de l'interprétation vocale, pour mieux servir l'histoire et le texte des poètes qu'il aimait servir.
(3) C'est un des points que je tente de faire apprécier aux participants de mes rencontres littéraires, que ce soit à l'Académie Esprit Tango ou à l'Espace Tango Negro, à Paris. Les différences de styles d'interprétation viennent de là et ne sont donc pas à juger en terme de "c'était mieux avant", ce piège dans lequel nous tombons souvent de l'éternelle querelle des anciens et des modernes. Dans les années 30 et 40, les plus gros employeurs des musiciens étaient les cabarets, où les orchestres jouaient pour un public d'hommes venus danser avec les employées du cabaret. Après la fermeture de ces établissements entre 1955 (chute du gouvernement Perón) et 1960 (fin de la mise au pas politico-culturelle de l'Argentine au bénéfice du modèle et des intérêts états-uniens), avec l'arrivée de nouveaux moyens techniques très performants de reproduction du son (33 tours, tourne-disque, sonorisation), la musique vivante a cessé d'animer les bals au profit de la musique enregristrée. Du coup, la danse n'a plus fait vivre les musiciens qui ont pris leur liberté par rapport aux contraintes que leur imposaient les nécessités structurelles des danseurs. Et le tango para escuchar, le tango à écouter, a déployé ses ailes, porté qu'il était par un musicien génial comme Piazzolla. Aujourd'hui, très peu de musiciens contemporains s'intéressent encore à la danse et une incompréhension mutuelle s'est installée durablement entre la danse d'une part et la musique et la poésie actuelles de l'autre, dont l'intégralité de cette interview laisse paraître bien des éléments.
(4) Il s'agit des exilés politiques qui trouvèrent refuge en Amérique du Nord, en Europe, en Australie, pendant la dictature militaire des années 1976-1983, un peu avant parce que la situation politique était déjà très dangereuse sous le mandat de Isabel Perón (1974-1976) et un peu après, jusqu'à la mi-mandat de Raúl Alfonsín, le président du retour à la démocratie, décédé il y a deux ans exactement (voir mes articles sur sa mort et ses suites politiques en Argentine).
(5) María de Buenos Aires, opéra-tango composé par Astor Piazzolla sur un livret écrit par Horacio Ferrer en 1967, fut créé à Buenos Aires en 1968 (voir mes articles sur l'oeuvre et notamment sur les célébrations qui ont marqué les 40 ans de la création). C'est l'oeuvre argentine la plus jouée au monde, malgré la complexité de son écriture et de l'histoire racontée, qui est très symbolique, à la limite du cabalistique...
(6) Dúo canyengue : l'adjectif canyengue, intraduisible en français, désigne un style faubourien d'interprétation et de comportement, très typique de et à Buenos Aires. Voir Trousse lexicale d'urgence dans la partie médiane de la Colonne de droite de ce blog.
(7) A noter que le journal écrit l'adjectif au masculin (seductores) et non au féminin, comme le voudrait le sens (seductoras). Je prends le parti de corriger ce qui m'apparaît comme une coquille. Je ne vois pas pourquoi Raúl Garello masculiniserait ici la musique et la poésie, deux substantifs féminins en espagnol comme en français. Il est vrai que cet article est farci de petites fautes d'accord en nombre que je corrige systématiquement dans la traduction française.
(8) Un jour, le musicien Alorsa, dont je vous parle souvent ici, même depuis son départ définitif de cette terre, m'avait demandé de le mettre en contact avec Raúl Garello et Horacio Ferrer, qu'il souhaitait faire venir au Tango Criollo Club à La Plata pour y donner leur spectacle commun, dont ils ont fait un disque et un DVD, Diálogo de Poeta y Bandoneón, dont est issu la valse Lulú que j'ai traduite dans Barrio de Tango (p 258) et le tango Homero en Flor, cité plus haut et présenté dans Deux cents ans après (voir note 1). Dans ce mail-là, il m'avait écrit : "Tous les deux, ils sont plus modernes et plus jeunes que bien des musiciens plus jeunes qu'eux sur le papier. Ce sont les plus révolutionnaires, ces deux-là". La preuve qu'il avait bien raison, l'ami Alorsa !
(9) Voir mes articles sur Gabriel Soria, premier Vice-Président de la Academia Nacional del Tango, en cliquant sur le lien.
(10) Le titre exact, c'est El libro del Tango. Beaucoup de gens à Buenos Aires y font aussi allusion comme au Diccionario del Tango.
(11) 9 pour être exacte. J'ai dû les peser il y a quatre ans pour vérifier que ça rentrait bien dans la franchise de bagage qu'Aerolineas Argentinas m'accordait pour mon voyage de retour, à la fin de mon premier séjour à Buenos Aires en 2007. J'avais pu mettre la main sur les trois tomes de 1980, en occasion, par un hasard qui continue de me surprendre, le troisième jour de mon séjour. L'ouvrage était archi-épuisé depuis déjà une dizaine d'années au moins !
(12) Le livret de cet opéra a été publié par Horacio Ferrer dans son théâtre complet, publié en 2007 chez Editorial del Soñador. Il s'intitule El Rey del Tango en el Reinado de los Sueños (le roi du tango, entendez Carlos Gardel, au royaume des songes).
(13) En 2000, Horacio Ferrer a fait des pieds et des mains pour installer l'institution qu'il avait lui-même fondée dix ans plus tôt dans un somptueux hôtel particulier de style alvearien, du nom de ce maire de Buenos Aires qui, à la fin du 19ème siècle, fit percer la Avenida de Mayo, sur laquelle donne la façade du Palacio Carlos Gardel et qui fut à Buenos Aires ce que le Baron Haussmann fut à Paris. L'immeuble a pu être acheté par la Academia, grâce à l'entregent politique de son président, et une chance de pendu puisque l'acte notarié fut signé la veille de la faillite financière nationale de décembre 2001. Quelques heures de plus, et des annéees de recherche immobilière et de montage financier tombaient à l'eau ! L'ANT a pour ministère de tutelle le Ministère de l'Education Nationale qui lui accorde de maigres subsides, et il ne peut guère faire plus. Il y a quelques années, Horacio Ferrer, qui n'a décidément pas les deux pieds dans le même sabot, a negocié un partenariat de mécénat avec une banque, ce qui injecte à l'ANT quelques ressources supplémentaires mais toujours insuffisantes et l'institution continue de fonctionner bon an mal an essentiellement grâce au bénévolat de bon nombre de ses membres, au premier rang desquels il faut nommer le Maestro Horacio Ferrer lui-même, à leur dynamisme et à leurs capacités à eux-mêmes négocier d'autres accords de partenariat ici et là. C'est aussi la raison pour laquelle l'ANT loue ses salles dès qu'elle sont libres et que tous les cours de danse ou les spectacles qui s'y donnent ne sont pas nécessairement des activités académiques. En général, les activités académiques sont gratuites, à part les formations au long cours (Seminario de Letrista Homero Expósito, Conservatorio Argentino Galván). Les activités payantes n'entrent pas dans le cadre institutionnel. Elles sont seulement locataires du lieu. Soyez donc prudents et ne prenez pas des vessies pour des lanternes (que no les vendan un buzón), en particulier si ces activités font de la retape sur le trottoir au pied de l'immeuble, à la sortie du Tortoni ou des autres grands cafés du voisinage (London City, 36 Billares et autres...). Les activités officielles de l'ANT ne démarchent pas les passants. Quant aux salariés, dont Horacio Ferrer parle dans la phrase suivante, la plupart d'entre eux, ont un deuxième travail ailleurs pour pouvoir boucler les fins de mois (llegar a fin de mes). Et il faut voir ce qu'est leur semaine de travail ! La photo de une, en illustration de cet article, a été prise dans le Salón de los Angelitos Horacio Ferrer et vous pouvez voir qu'effectivement les locaux sont plutôt mignons. La photo intérieure, que vous trouverez en cliquant sur le lien vers l'article du journal a été prise dans la pièce baptisée le Rincón de los Académicos (le coin des Académiciens), l'antichambre du bureau présidentiel.

vendredi 18 février 2011

Une comédie musicale des années 80 demain au pied de l'Obélisque [à l'affiche]

Demain soir, samedi 19 février 2011, à 20h, heure locale, pour clore le cycle culturel estival intitulé La Cuidad al Aire Libre (la ville à l'air libre), Buenos Aires offre un grand spectacle à étincelle gratuit au pied de l'Obélisque, sur la Plaza de la República (à l'angle des avenues 9 de Julio et Corrientes) : ce sera la comédie musicale argentine, Tango Argentino, créée à Paris en 1983 puis à Broadway, ce qui le consacra et lui permit de faire le tour du monde dans les années 80, dans les derniers temps de la grande crise que traversa le tango depuis les années 60 jusqu'au début des années 1990, où il est rené de ses cendres, tel qu'on le connaît maintenant. Le spectacle n'atteignit lui-même Buenos Aires qu'en 1992.

Participeront au spectacle la grande danseuse María Nieves, créatrice avec son compagnon d'alors du tango de scène (Juan Carlos Copes), le danseur de scène Miguel Ángal Zotto (qui donne tout l'été un spectacle Puro Tango, au Teatro Metropolitano, voir mon article du 7 janvier 2011 à ce sujet), le danseur et professeur Carlos Copello, le couple milonguero mythique Gloria y Eduardo Arquimbau, et les chanteurs Raúl Lavie et María Graña. Le tout placé sous la direction de Claudio Segovia, le metteur en scène qui en fut le concepteur.

Ajout du 20 février 2011 : lire l'article de La Nación de ce matin, après l'événement qu'aucune pluie n'est venu remettre en cause.
Lire l'article de Clarín de ce matin

samedi 18 décembre 2010

Le dernier Plenario fête les 20 ans de la Academia Nacional del Tango [à l'affiche]

Lundi prochain, 20 décembre 2010, dernière séance académique publique à la Academia Nacional del Tango, avenida de Mayo 833, 1er étage (comme d'habitude) : cette réunion sera consacrée à fêter les 20 ans d'existence de l'institution qui a été fondée en juin 1990. Notre Président (et fondateur), le Maestro Horacio Ferrer, et le premier Vice-Président, Gabriel Soria, feront un exposé de ces 20 ans d'activité et remettront au poète Héctor Negro son titre de Académico Consulto (Héctor Negro appartient à l'Académie depuis longtemps déjà) et à Rafaela Canaro (l'une des filles de Francisco Canaro) et Horacio Spinetto leur titre de Académico Titular (cela ne correspond à rien dans les catégories académiques françaises, il s'agit du titre le plus élevé parmi les titres d'académiciens en activité à Buenos Aires et sur la Province de Buenos Aires, les autres titres comme Académico de Honor ou Académico Consulto étant un plus honorifique, pour le dire vite, et celui de Académico Correspondiente étant décerné aux tangueros exerçant hors de Buenos Aires et de la Province, qui ne peuvent donc pas participer directement aux travaux académiques sur place).

Le tango rituel aura lundi la forme d'une vidéo (d'ordinaire, c'est un disque) et sera écouté et regardé avec un recueillement religieux puisqu'il s'agit du clip de Libertango, musique de Astor Piazzolla et paroles de Horacio Ferrer (1), dans l'interprétation de Gustavo Nocetti, grand chanteur uruguayen, décédé accidentellement le 30 décembre 2002 à l'âge de 42 ans. Ce clip est un morceau que Gabriel Soria et Horacio Ferrer chérissent particulièremnet. Ils l'avaient inclus l'année dernière dans le spectacle qu'avait donné Horacio Ferrer au Teatro Avenida au dernier jour du Festival de Tango (voir mon article du 14 septembre 2009 à ce propos). Il a été enregistré à Montevideo, la ville natale de Horacio Ferrer et Gustavo Nocetti, qui furent, malgré leur différence d'âge, deux amis inséparables jusqu'à la mort du plus jeune.

L'espace artistique sera confié au couple de danseurs légendaires Eduardo et Gloria Arquimbau (qui ont fêté il y a quelques mois leurs 50 ans de scène à la Academia, lors d'un précédent Plenario), le chanteur Marcelo Tomassi et le Maestro Raúl Garello au bandonéon.

L'entrée est comme d'habitude libre et gratuite.

Et puis, juste avant Noël, ce sera le début des vacances. La Academia Nacional del Tango réouvrira ses portes dans les premiers jours de mars 2011, à l'automne.



Pour aller plus loin :
Vous pouvez regarder le clip de Libertango sur You Tube (ça va vous changer de Guy Marchand, je préfère vous prévenir). Attention : la qualité de la vidéo n'est pas excellente. Le son et l'image sont désynchronisés, et cela a sans doute été voulu ainsi par la personne qui a mis en ligne le document et qui prend bien soin de signaler qu'il s'agit d'une pièce appartenant à sa collection personnelle. Entre nous soit dit, vous feriez tout aussi bien d'acheter le disque. Il est toujours disponible, que je sache, chez Zivals à Buenos Aires (site de vente en ligne Tangostore, dans la rubrique Les commerçant du Barrio de Tango, dans la partie inférieure de la Colonne de droite) et ça vaut mille fois le coup.

(1) Libertango, c'est un morceau que nous connaissons bien, ici, en Europe francophone. C'est le fameux succès chanté et écrit par Guy Marchand, Moi, je suis tango tango. Les paroles écrites par Guy Marchand n'ont strictement rien à voir avec la letra de Horacio Ferrer, qui mérite d'être connue. Malheureusement, le succès de la version française entrave la diffusion de la version originale sur le marché francophone. Cette rivalité artificielle créée par le marché est tout à fait regrettable.

vendredi 10 décembre 2010

La Gran Milonga Nacional : le programme complet sur les trois scènes [à l'affiche]


Sur la scène installée à l'angle de Avenida de Mayo et 9 de Julio, les orchestres Cruz del Sur, Los Reyes del Tango (qui reproduisent le style de Juan D'Arienzo, idéal pour les danseurs en bas, sur la chaussée), le Sexteto Milonguero, le Sexteto de Roberto Siri. Animation de la nuit par Eduardo Marin (de Radio Splendid et Radio Rivadavia) et Walter Piazza (Academia Nacional del Tango)

Sur la scène installée à l'angle de Avenida de Mayo et Piedras, le spectacle est entièrement confié à l'AMBTCA (association des professeurs, danseurs et chorégraphes de tango argentin) avec la participation, entre autres, de Eduardo et Gloria Arquimbau et de Jorge Manganelli (qui m'a fourni pour vous cette magnifique affiche de l'événement en haute résolution.... pour vous consoler de ne pas y être en chair et en os). Le rôle de Monsieur Loyal sera tenu par Graciela Raffa de La 2 x 4 et de Radio del Plata et Walter Piazza (Academia Nacional del Tango, le lieu change, l'institution non !)

Sur la scène installée à l'angle de Florida et Avenida de Mayo (qui remplace celle qui était initialement prévue à l'angle entre Avenida de Mayo et Perú, dont j'ai déjà parlé dans mon article du 7 décembre 2010), vous retrouverez La Berger Tango (la chanteuse Beatriz Berger) à 20h20, le trio instrumental Tango en Tres à 21h20, le quintette avec chanteuse La Biyuya à minuit, en tout une vingtaine d'artistes qui se succéderont toutes les vingt minutes. La soirée est animée et dirigée par Rubén Reale et Walter Piazza et co-animée par la chanteuse Dina Emed, qui se produira à 22h40.

Impossible de citer tout le monde et puis de toute manière, même si vous avez la chance d'être à Buenos Aires en ce moment, vous ne pourrez pas voir tout en même temps et être partout à la fois sur les 800 mètres de l'avenue de Mai occupée par cette immense milonga bitumeuse à ciel ouvert qui a lieu pour la première fois le jour même de la Fête Nationale du Tango, demain, 11 décembre 2010, à partir de 20h et jusqu'à 3 h du matin.

La Gran Milonga Nacional est une des initiatives magistrale de Horacio Ferrer, qui sait comme personne créer de l'événementiel vivant. C'est une manifestation organisée conjointement par la fédération des entreprises de tourisme et d'hôtellerie et la Academia Nacional del Tango.

jeudi 18 novembre 2010

10ème Festival de tango à l'Hôpital Borda [à l'affiche]

Ce fut le 10 novembre dernier : un festival de tango (danse) au grand hôpital psychiatrique de Buenos Aires, dans le quartier de Barracas. Celui que l'on appelle couramment maintenant le Borda et qu'on appelait jusque dans les années 70 Vieytes (1), du nom de l'avenue où il est situé (2). Une institution d'hygiène publique fondée au 19ème siècle pour y enfermer les fous et en préserver le reste de la société et qui est devenu aujourd'hui l'un des hôpitaux psychiatriques les plus en pointe au monde.

Le Borda propose tout au long de l'année une multitude d'activités artistiques intégrées aux protocoles thérapeutiques, très majoritairement proposés en ambulatoire (le Borda ne dispose en fait que d'une vingtaine de lits). Parmi les propositions, l'atelier d'écriture poétique animé par le poète Alejandro Szwarcman, et pour la 10ème fois, cette année, cette journée de tango, de musique et de cours dispensés par des professeurs de l'AMBCTA, coorganisatrice de la manifestation lancée à l'initiative du Docteur Guillermo Höning (3), chef de service au Département des Relations institutionnelles.

Ont participé à cette manifestation qui s'est tenue dans le hall d'entrée de l'hôpital le 10 novembre à partir de 10h30 la chanteuse Dolores Solá qui était accompagnée par un groupe de guitaristes et plusieurs couples de danseurs qui ont fait des démonstrations. Parmi eux, Gloria y Eduardo Arquimbau, qui ont aussi donné un cours ouvert et gratuit.

L'ensemble de la manifestation était de toute manière ouverte à tout le public et d'accès entièrement libre et gratuit.

Pour en savoir plus :
lire les articles parus sur le site de l'AMBCTA, l'association des professeurs, danseurs et chorégraphes de Tango argentin, après la manifestation et quelques jours auparavant.
Vous trouverez le lien permanent vers le site de l'AMBCTA dans la Colonne de droite, dans la rubrique Eh bien, dansez maintenant ! dans la partie inférieure, réservée aux liens externes.

(1) C'est à cet hospice de fous que fait allusion le Vieytes dont il est question à la fin de Balada para un loco, de Astor Piazzolla (musique) et Horacio Ferrer (paroles), traduit dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, que j'ai fait paraître en mai dernier aux Editions du Jasmin (p. 316). C'est de cette maison de fous que le héros du tango s'est échappé dans un accoutrement invraisemblable. C'est aussi dans cet établissement, alors de très sinistre réputation, que finirent leurs jours tous les syphilliques de la ville, et parmi eux le poète Pascual Contursi et l'un des frères aînés de Enrique Cadicamo...
(2) Depuis cette partie de l'artère a changé de nom, d'où l'adresse différente. Cela a aidé à changer l'image désastreuse de cet hôpital et lui donner l'image prestigieuse qui est la sienne aujourd'hui.
(3) La psychiatrie, la psychologie et la psychanlyse, qui sont toutes les trois très développées en Argentine et singulièrement à Buenos Aires, qui entre en compétition avec New-York pour la densité de cabinets de psychanalyse à l'hectare, sont arrivées en masse dans le pays à la fin de la grande vague d'immigration, dans les années 30, lorsque les praticiens allemands et autrichiens ont émigré en Argentine pour fuir le régime nazi.

mardi 9 novembre 2010

Eduardo Arquimbau a reçu l'ordre de la Boîte aux Lettres hier au Bar 36 Billares [Actu]

Cela s'est passé hier à 20h mais avec le décalage horaire, l'annonce préalable n'a été envoyée qu'à minuit, heure de Paris par Jorge Manganelli, l'un des professeurs de l'AMBCTA, que préside Eduardo Arquimbau, (lien avec le site de l'AMBCTA dans la rubrique Eh bien dansez maintenant ! en partie inférieure de la Colonne de droite).

Le danseur Eduardo Arquimbau, que vous connaissez sans doute au sein du couple Eduardo et Gloria, qui fête cette année leurs 50 ans de carrière, a reçu l'ordre du Buzón, une décoration fantaisiste mais tout à fait sérieuse néanmoins (1) que décerne le Museo Manoblanca, un musée consacré à l'art populaire de Buenos Aires, à Nueva Pompeya. Le "Buzón" en question est une vieille boîte aux lettres en style britannico-impérial qui est un vestige des années 1920, installé à Nueva Pompeya, pas très loin du Museo Manoblanca et tout à côté de ce qui reste de l'ancien Colegio Luppi où Homero Manzi et Cátulo Castillo firent leurs études. Ce Colegio qui n'existe plus et qui a été remplacé par un bistrot, est le centre de ce Barrio de Tango (quartier de tango) qu'a dépeint Homero Manzi dans quatre de ses chefs d'oeuvre (Sur, Barrio de Tango, Manoblanca et Mi taza de café, dont trois sont traduits dans mon anthologie bilingue Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, que j'ai publié en mai 2010 aux éditions du Jasmin et que je présenterai au Salon L'Autre Livre le week-end prochain, les 12, 13 et 14 novembre 2010, dans le quartier du Marais à Paris). Cette boîte aux lettres historique, c'est aussi le "Buzón carmín", dont Cátulo Castillo évoque le souvenir lointain dans le tango Tinta Roja (encre rouge, celle des professeurs sur les copies des pensionnaires du Colegio Luppi).

Avec sa Orden del Buzón, le Museo Manoblanca récompense les artistes populaires de Buenos Aires, souvent pour leur travail tanguero, dans toutes les disciplines du genre (danse, musique, composition, chant, poésie, fileteado etc...) mais parfois aussi des artistes d'autres genres (rock, jazz, cinéma...).

Eduardo Arquimbau (ci-dessus avec sa femme, Gloria, dans une photo tirée du site de l'AMBCTA) a donc reçu sa jolie réplique de boîte aux lettres londonnienne écarlate hier soir, lundi 8 novembre 2010, à 20h au Bar 36 Billares, dans un quartier du Centro (trocén en verlan), Monserrat, un Bar Notable dont je vous parle souvent pour les concerts qui s'y donnent (ces dernières semaines, Lucrecia Merico et Valeria Shapira, Cucuza et Moscato, Hernán Genovese et Noelia Moncada et bientôt Guitarra Negra avec le chanteur Alfredo Piro...). Hier, sans rien savoir de cette cérémonie (acto), j'avais enfin intégré Eduardo y Gloria aux danseurs de la rubrique Vecinos del Barrio, en partie haute de la Colonne de droite de ce blog (à travers ce raccourci, vous pouvez accéder à l'ensemble des articles que j'ai publiés sur eux dans Barrio de Tango).

Pour aller plus loin :
lire l'article publié hier sur le site de l'AMBCTA.

(1) un buzón, en Argentine, c'est à la fois une boîte aux lettres et une arnaque (vender un buzón : "faire prendre des vessies pour des lanternes" ou "prendre les enfants du Bon Dieu pour des canaards sauvages").

lundi 8 novembre 2010

Rencontre des Centres Culturels municipaux à la Confitería La Ideal ce soir [à l'affiche]

Les centres culturels de la ville de Buenos Aires organisent ce soir, lundi 8 novembre 2010, à 22h30, une rencontre festive placée sous le sceau de la danse, avec tombola, exhibitions de professeurs et milonga.

Cliquez sur l'affiche, diffusée par l'AMBCTA, pour l'agrandir

Cela se passera à la Confitería La Ideal, rue Suipacha 380 (presqu'à l'angle avec l'avenue Corrientes), l'un des établissements historiques inscrits sur la liste des Bares Notables de la Ciudad.

L'organisateur en est l'AMBCTA, l'association des professeurs (maestros), danseurs (bailarines) et chorégraphes de tango argentin (1), dont le président n'est autre que Eduardo Arquimbau (le danseur du couple mythique Eduardo y Gloria, qui fête cette année ses 50 ans de carrière, voir mes articles sur eux).

La Academia Nacional del Tango, le Ministère portègne de la Culture et l'association des artistes de variété (2) soutiennent la manifestation.

L'entrée à la fête est de 20 $ par personne ($ est ici le symbole du peso argentin et non du dollar. Le même symbole sert aussi au peso uruguayen; voir Infos pratiques dans la partie médiane de la Colonne de droite).

Enfin je profite de cette matinée pour ajouter (enfin !) deux nouveaux raccourcis dans la rubrique Vecinos del Barrio (comprenez "habitants du quartier") de la Colonne de droite : la danseuse de scène Milena Plebs et le couple de tango salón Eduardo y Gloria rejoignent la section Les danseurs...

J'espère avoir le temps en fin de journée de publier quelques autres articles.

(1) L'AMBCTA a son lien permanent dans la rubrique Eh bien, dansez maintenant ! dans la partie inférieure de la Colonne de droite. La Colonne de droite se compose d'une partie supérieure réservée à des raccourcis internes à ce blog, d'une partie centrale ou médiane qui donnent des informations pratiques, de géographie et de linguistique, et d'une partie inférieure réservée aux liens externe et conclue par diverses informations sur l'auteur de ce blog, qui signe donc cette note (Denise Anne Clavilier) et à ses liens avec la Academia Nacional del Tango.
(2) "Variété" en Argentine, c'est le music-hall.

mardi 21 septembre 2010

Une interview de Eduardo et Gloria dans Clarin [à l’affiche]

Pour marquer les 50 ans de carrière de Eduardo et Gloria Arquimbau, l’un des plus grands couples de danseurs de tango-salón qui ait accédé à la notoriété internationale, Clarín publiait dans son édition d’hier une interview des deux artistes…

Extraits sous forme bilingue comme toujours.

Eduardo : Tenía cerca de trece años y un amigo me preguntó si podía aprender tango en mi casa. Era la época de los carnavales, momento en que los muchachos necesitaban saber algo de baile. Vino un vecino a enseñarle, y yo me ofrecí a pasarles la música. Pero el pibe que quería aprender era tan malo que el otro me decía ‘vení, vení vos’. A mí no me interesaba; pero tanto insistió que finalmente acepté. A fuerza de mirar había aprendido un poco. Después me metí en las prácticas, donde hasta mediados de los ‘50 iban solamente muchachos. Las chicas aprendían en la casa.
- ¿Por qué?
Eduardo: Creo que el tango debe aprenderse así. Se dice que el tango se bailaba entre hombres pero no bailaban, practicaban. Cuando un tipo hace la parte de mujer y otro hombre le marca, se logra aprender muy bien.
Clarín

Eduardo : j’avais près de 13 ans et un ami m’a demandé s’il pouvait prendre des cours de tango chez moi. C’était l’époque des carnavals, un temps où les garçons avaient besoin de savoir un peu danser. Un voisin est venu pour lui apprendre et je me suis proposé pour mettre la musique. Mais le môme qui voulait apprendre était si mauvais que l’autre me disait "Viens, viens, toi !" Moi, ça ne m’intéressait pas mais il a tellement insisté que finalement j’ai accepté. A force de regarder, j’avais appris un petit peu. Après je suis allée dans les pratiques où, jusqu’au milieu des années 50 il n’y avait que les garçons qui allaient. Les filles apprenaient chez elles.
- Pourquoi ?
Eduardo : je crois que le tango doit s’apprendre comme ça. On dit que le tango se dansait entre hommes mais ils ne dansaient pas, ils pratiquaient. Quand un type tient le rôle de la femme et un autre homme le guide, on réussit à apprendre très bien.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

[…]

¿A partir de qué momento cuentan los 50 años de actividad?
Eduardo : Con nuestro trabajo de número vivo en el cine Ópera, como pareja de baile. Ahí nos vio Francisco Canaro y nos mandó a decir que le interesábamos para su espectáculo musical. El asunto era: ¿cuánta plata pedirle? Nos habían aconsejado una suma demasiado grande, y el administrador de Canaro empezó a discutirnos. Y nosotros callados, pero de puro tímidos. Nos quedamos en silencio, un gran silencio. Al final, el tipo se rindió y nos firmó el contrato.
Clarín

- A partir de quel moment décomptez-vous vos 50 ans d’activité ?
Eduardo : avec notre travail de prestation en public au cinéma Opera, comme couple de danseurs. C’est là que Francisco Canaro nous a vus et il nous a fait dire que nous l’intéressions pour son spectacle musical. La question c’était combien d’argent lui demander. On nous avait conseillé une somme trop grosse et le gestionnaire de Canaro a commencé à nous faire des histoires. Et nous, muets mais par pure timidité. Nous sommes restés silencieux, très silencieux. A la fin, le type a rendu les armes et il a fait signer le contrat.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

[…]

Eduardo : Ese viaje fue como si ahora te propusieran armar una gira a la Luna. Me despedí de mi familia como si no fuera a verlos nunca más. Ahora es normal ir de un lado para el otro, pero en aquella época nadie viajaba en avión. Una azafata era una diosa, la comida era increíble, te daban champagne, y si tomabas coñac te calentaban la copa. Cuando llegamos a Japón nos encontramos con otro mundo. Todavía tengo diarios con los titulares que dicen: “el tango inicia la gira más larga de su historia”. Juan Canaro había ido ya en el ‘54, pero el que abrió el camino fue Don Francisco. Le hicieron una recepción espectacular: la gira había sido muy bien promocionada, porque anticipaba el viaje del presidente (Arturo) Frondizi y el tango es la única cosa que suponen que hacemos bien los argentinos. Ni la carne...Lo que compran seguro, aunque seas un tronco, es el tango. Lo compran a ciegas, antes de verlo.
Clarín

Eduardo : Ce voyage-là [au Japon avec F. Canaro] c’était comme si aujourd’hui on te proposait de monter une tournée sur la Lune. J’ai dit au revoir à ma famille comme je ne devais plus jamais les revoir. Maintenant c’est normal d’aller d’un côté et de l’autre mais à cette époque-là, personne ne voyageait en avion. Une hôtesse de l’air, c’était une déesse, la nourriture était inouïe, on te donnait du champagne, et si tu buvais du cognac, on te chauffait le verre. Quand nous sommes arrivés au Japon, nous avons trouvé un autre monde. J’ai toujours les journaux avec les gros titres qui disent : le tango entame la tournée la plus longue de son histoire. Juan Canaro (1) était déjà allé en 1954 mais celui qui a ouvert le chemin, c’est Don Francisco. Ils lui ont fait une réception spectaculaire : la tournée avait été très bien promue, parce qu’elle précédait le voyage du Président Arturo Frondizi et la tango était l’unique chose qu’on était censé savoir bien faire, nous les Argentins. Même la viande, on n’en parlait pas... Ce qu’ils achètent sans faire un pli, même si tu es un manche, c’est le tango. Ils l’achètent les yeux fermés, avant de regarder.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour lire toute l’interview, très anecdotique au demeurant, vous pouvez vous reporter à l’article de Clarín sur le site du quotidien.