vendredi 7 novembre 2025

Ce week-end, une nouvelle Noche de los Museos [à l’affiche]


Ce samedi soir, dans la nuit du 8 novembre 2025, de 19h (et parfois un peu plus tôt encore) à 3h du matin le lendemain, tous les musées de la ville de Buenos Aires ouvrent leurs portes gratuitement à tout le monde.

Plus de trois cents institutions participent cette année à la manifestation, des musées publics, fédéraux (la plupart sans un sou) et municipaux, comme privés, des centres culturels aussi et même, pour la première fois cette année, un petit nombre de Bares Notables, ces cafés distingués par la Ville pour le rôle culturel qu’ils jouent depuis plusieurs décennies.

L'affiche de la nuit sur le compte Instagram
du Teatro Colón

Pour l’occasion, la Ville de Buenos Aires garantit la gratuité des transports à toutes les personnes qui voudront bien télécharger le Passe de la manifestation. Les bus, le métro et même les bicyclettes en libre-service pourront être utilisés sans débourser un peso.

Espacio de la Memoria

Pour le métro portègne, sur la ligne A, ce sera aussi l’occasion de ressortir les vieux wagons de l’inauguration du réseau en 1913, les wagons de La Brugeoise, l’atelier belge auquel la ville les avait commandés et qui ont encore fière allure avec leurs banquettes en bois et leurs laitons étincelants. Cela grince parfois un peu mais c’est vraiment très joli !

En hommage à Carlos Gardel,
grande milonga nationale avec orchestre
sur Avenida Corrientes, l'avenue des théâtres et de cinémas


L’Ambassade de France sera de la partie avec une nouvelle édition de La Feria Francesa (la fête du croissant et du macaron pour les Portègnes).

Entrée du Museo del Mate

2025 verra enfin pour la première fois un nouveau musée s’associer à cette Nuit : le musée du mate, qui a ouvert il y a peu sur Avenida de Mayo, entre la Plaza de Mayo où s’est produite la Révolution, le 25 mai 1810, et le Congrès, né de la constitution, un demi-siècle plus tard. Ce Museo del Mate, situé ainsi au cœur de l’histoire argentine, se veut être le kilomètre 0 de la Ruta del Mate, un circuit touristique et gastronomique qui serpente dans les provinces de Corrientes et de Missiones, tout au nord du pays. Le musée présente une riche collection, constituée par un particulier, le grand-père de l’actuel très jeune conservateur, de tout ce qui tourne autour de l’infusion nationale : ustensiles, paquets de yerba mate anciens et plus récents, photos d’Argentins préparant ou buvant le mate dans toutes les circonstances imaginables. En temps normal, l’accès au musée est payant.

Une vue de l'exposition dans les ateliers du Teatro Colón
(photo extraite du site Internet de l'institution)

Autre curiosité à voir : les ateliers des décors et des costumes du Teatro Colón, l’opéra de Buenos Aires. Des splendeurs à voir, à contempler, à admirer…

Toute la semaine, les journaux ont multiplié les articles pour préparer la manifestation qui, depuis sa création, rencontre toujours un immense succès de participation.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur le programme proposé par Espacio Memoria, l’une des institutions situées sur le domaine de l’ex-ESMA, un ensemble consacré aux droits de l’Homme et à la mémoire des victimes de la dictature militaire des années 1976-1983 dont Javier Mileí et sa vice-présidente aimeraient réhabiliter les tortionnaires (l’ensemble du parc est lui-même menacé dans son existence même, certaines personnes au gouvernement ayant émis l’idée de rendre à l’endroit sa destination antérieure, celle d’une école supérieure de mécanique marine militaire) ;
lire l’article de La Prensa sur la nouvelle édition de La Feria Francesa ;
lire l’article de La Prensa sur le programme du Museo Casa Carlos Gardel ;
lire l’article général de Clarín ;
lire l’article de Clarín sur quelques uns des lieux à visiter au cours de la Nuit des Musées ;
lire l’article de Clarín sur le Museo del Mate de Buenos Aires (il en existait déjà un à Tigre, dans la lointaine banlieue résidentielle du nord de la capitale argentine) ;
lire l’article général de La Nación ;
lire l’article de La Nación sur les Bares Notables
lire l’article de La Nación sur les ateliers du Teatro Colón
visiter les pages Noche de los Museos du portail de Buenos Aires
visiter le site Internet du Museo del Mate
visiter le site Internet du Teatro Colón

Shein et Temu font aussi des dégâts en Argentine ! [Actu]

Page d'accueil du site Mercado Libre aujourd'hui
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La plateforme argentine de commerce en ligne, Mercado Libre, a beaucoup bénéficié de la politique de dérégulation de Javier Mileí mais celui-ci a aussi ouvert les frontières dans ce domaine et voilà que les géants chinois Shein et Temu lui taillent des croupières.

Du coup, le président de la plateforme n’est pas d’accord et demande que des régulations soient imposés aux deux concurrents de l’Empire du Milieu !

C’est pas mignon, ça ?

En Argentine comme aujourd’hui en France et plus largement en Europe, mais aussi aux États-Unis avant que Trump impose des droits de douane démentiels aux petits paquets circulant par le courrier, ces plateformes détruisent les tissus commerciaux et industriels des pays auxquels elles s’attaquent. Et l’Argentine n’avait vraiment pas besoin de cela. Mercado Libre entend bien jouer le même rôle destructeur sur l’activité économique de son pays et ne le laisser à aucun autre acteur du commerce en ligne. Le gâteau pour lui tout seul !

Bien entendu, Página/12 n’a pas manqué ce matin de se payer la tête de l’entrepreneur piégé à son propre jeu…

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

jeudi 6 novembre 2025

Le Festival Internacional de Cine commence à Mar del Plata [à l’affiche]

Affiche officielle du festival
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Aujourd’hui, jeudi 6 novembre, commence la dizaine du Festival de Cinéma de Mar del Plata, dont cette année correspond à la quarantième édition.

Chose curieuse : les grands quotidiens argentins à diffusion nationale n’en disent pas un mot !

Le Festival a été entièrement privatisé alors qu’il était avant Javier Mileí un événement fédéral soutenu et financé par l’Institut national du cinéma et des arts audiovisuels (INCAA), réduit aujourd’hui à une coquille à peu près vide.

L'affiche, plutôt tristounette, choisie par la Ville
pour son site Internet du tourisme
On y retrouve l'emblème de la cité : le lion de mer
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L’office du tourisme de Mar del Plata reprend le slogan de la manifestation, celle du retour à la splendeur, ce qui en dit long sur la chute vertigineuse subie par la plus grande ville balnéaire et touristique du pays depuis que Mileí sévit et a détruit le pouvoir d’achat d’une grande majorité des Argentins.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Début du procès dit des « Carnets des pots-de-vin » [Actu]

"Les Carnets" : le procès qui montre le mieux
la corruption du kirchnerisme démarre", dit le gros titre
En dessous, photo d'un accident d'avion.
L'appareil transportait de grosses quantités de drogue
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Aujourd’hui, le 6 novembre 2025, s’ouvre à Buenos Aires le méga-procès des Carnets des pots-de-vin, los Cuadernos de las Coímas, qui implique 87 personnes, décideurs politiques, chefs d’entreprise, seconds couteaux en tout genre. Parmi les responsables politiques jugés, il y a Cristina Kirchner, l’ancienne présidente impliquée dans le scandale avec son défunt époux.

Les carnets en question sont un vrai roman en soi. Ils auraient été jetés au feu par leur rédacteur, un chauffeur de taxi qui accompagnait tous ces corrompus aux lieux des rendez-vous des remises de valises de billets et il y aurait consigné les montants contenus dans les bagages. Or ces carnets ont été retrouvés à peu près intacts mais leur analyse a démontré qu’ils avaient des rédacteurs variés. Les carnets ont fait l’objet de nombreuses expertises et contre-expertises. Ils ont été déclarés authentiques, puis faux, puis re-authentiques... Le chauffeur de taxi est parmi les prévenus.

La photo est réservée à la présidente du Mexique
qui a été agressée sexuellement par un homme ivre
hier alors qu'elle se rendait à pied à une cérémonie
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L’innocence de Cristina Kirchner est cette fois-ci beaucoup plus difficile à soutenir que dans l’affaire des travaux publics qui lui valent actuellement la prison domiciliaire avec port du bracelet électronique. En effet, plusieurs co-inculpés sont déjà passés aux aveux, ces aveux la compromettent et certains d’eux comparaissent même sous le statut de repenti du fait de leur coopération avec la justice.

Au regard du grand nombre de personnes qui doivent être jugées, le procès se tiendra en visio-conférence, ce qui limitera aussi le grand spectacle médiatique et les rassemblements politiques contre ou pour Cristina devant le Palais de justice.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 7 novembre 2025 :
Aujourd’hui, La Nación résume l’audience d’hier et annonce que Cristina est accusée de 38 actes de corruption pour un montant total de 17 millions de dollars. L’info fait la Une !

"Cahiers : Cristina Kirchner est accusée
d'avoir touché 38 pots-de-vins pour 17 millions de dollars"
La photo montre l'écran partagé par Zoom
pendant la première audience
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mercredi 5 novembre 2025

Un festival pour soutenir le cinéma argentin à Mar del Plata à côté du Festival [à l’affiche]

L'affiche reprend l'image emblématique
du front de mer à Mar del Plata
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Demain, le 6 novembre 2025, parallèlement au Festival international de cinéma qui se tient tous les ans en novembre, juste avant la saison estivale, un cinéma de Mar del Plata associé à une libraire de la ville propose un riche programme de films argentins, en soutien à l’industrie cinématographique nationale que le gouvernement de Javier Mileí est en train de tuer à petit feu en privant l’INCAA, l’institut national du cinéma et des arts audiovisuels, de tout financement fédéral.

Ce festival off et d’opposition s’intitule cette année Fuera de campo (hors champs) alors qu’il s’appelait l’année dernière Contra Campo (contre-champ).

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire l’article de Tiempo Argentino, qui détaille l’ensemble du programme
consulter le site Internet du festival

Demain, à Buenos Aires, colloque universitaire de trois jours sur Diego Maradona [à l’affiche]

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Demain, la UBA (Universidad de Buenos Aires) propose un colloque universitaire international de trois jours autour de Diego Maradona, de sa réalité et de son mythe.

Quelques jours après l’anniversaire de naissance de l’idole nationale, c’est la première fois qu’il lui est fait ce type d’honneur, qui plus est dans une université publique réputée à droite et en tout cas loin de la culture populaire et même plébéienne de l’intéressé et de ses positions politiques à gauche toute, jusqu’au délire parfois, il faut bien l’avouer.

Il n’empêche ! Maradona est un mythe, il est une figure du roman national argentin et à ce titre, il mérite en effet un tel colloque.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 3 novembre 2025

Ce soir, Villoldo à l’honneur à la Academia Nacional del Tango [à l’affiche]

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Ce soir, lundi 3 novembre 2025, à 18h, au siège de la Academia Nacional del Tango, Avenida de Mayo 833, au premier étage, le premier Plenario du mois sera consacré à la présentation d’un documentaire sur Angel Villoldo, un payador de la fin du 19e siècle et du début du 20e, à qui la tradition attribue l’invention du tango.

En complément de cette projection, un mini-récital de la chanteuse Vanina Tagini et de son partenaire attitré, le bandonéoniste Gabriel Merlino ainsi qu’un hommage à trois artistes contemporains puisque l’institution aime beaucoup remettre des prix et autres récompenses qui se créent au fil du temps.

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.

© Denise Anne Clavilier

vendredi 31 octobre 2025

L’affaire Fernández Lima reste difficile à traiter pour la justice [Actu]

On lit dans le gros titre incomplet de cette coupure de presse de 1984 :
"que leur fils a été kidnappé.
Chemin de croix : Ils croient que la disparition de leur fils
a une relation avec une sinistre secte"
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Diego Fernández Lima (ci-dessus) est cet adolescent dont, il y a six mois, on a retrouvé les restes dans le jardin d’un particulier à Coghlan, un quartier excentré de Buenos Aires. Il avait disparu un après-midi de 1984 et l’analyse des restes humains et des quelques effets personnels trouvés à proximité a permis d’établir qu’il a été assassiné à l’arme blanche et que quelqu’un a, ensuite, tenté de démanteler le corps. Or lorsque, quelques jours plus tôt, des travaux avaient commencé dans ce jardin, le fils cinquantenaire de la propriétaire a eu un comportement hautement suspect puisqu’il s’est efforcé d’interdire aux ouvriers de s’approcher de cet endroit du terrain puis, une fois la découverte faite, il s’est empressé de fournir des explications toutes plus invraisemblables les unes que les autres. L’homicide étant prescrit, ce comportement bizarre lui a valu une inculpation pour entrave à la justice et envoi des enquêteurs sur de fausses pistes.

Lundi dernier, l’instruction de cette entrave s’est conclue par un non-lieu.

Toutefois le Parquet et la partie civile viennent de faire appel de cette décision car l’inculpé n’a jamais cessé de se comporter d’une manière fort peu accordée aux faits : il y a d’abord sa froideur surprenante devant la découverte macabre du 20 mai dernier, il y a ensuite ses pertes de mémoire qui semblent bien sélectives.

En effet, il dit n’avoir aucun souvenir de cette disparition d’un élève de son lycée technique alors que tous ses autres condisciples s’en souviennent fort bien (comme on peut l’imaginer, un tel événement marque les esprits) et que la presse s’en était alors mêlée. Cristián Graf, puisque c’est son nom, ne se souvient pas non plus de ses autres camarades de lycée. Il ne se souvient plus de ses hobbies d’adolescent (or, curieusement, il aurait partagé avec la victime une passion pour les motos). Il ne parvient pas plus à se souvenir du nom de son propre avocat. Enfin, devant la traumatisante découverte réalisée par un maçon à deux pas de la maison qu’il occupe toujours avec sa mère et dont elle reste la propriétaire comme à l’époque des faits, Graf n’a pris aucune initiative alors que, s’il n’avait été au courant de rien, on aurait pu s’attendre à ce qu’il coopère sans arrière-pensée avec la police, à ce qu’il soit au moins un peu éprouvé par cette découverte, voire qu’au bout de quelques jours, avec le battage médiatique qui s’était déclenché, il se porte partie civile contre cet inconnu qui avait enterré un corps chez lui ! Or il n’a rien fait de tout cela...

Il va sans dire que si le droit implique, incontestablement, que l’homicide est prescrit, la morale et l’empathie envers la famille du disparu ne trouvent pas leur compte à voir ainsi la justice laisser filer, sans autre forme de procès, une personne qui fait étalage d’autant de morgue, d’autant d’indifférence envers la victime et enfin d’une si apparente mauvaise volonté à participer à l’établissement des faits pour donner au moins une réponse partielle à une famille du quartier frappée par la plus horrible des nouvelles après quarante et un ans de vaines recherches. Le fait de s’abriter derrière la prescription ne paraît pas la meilleure stratégie de défense pour convaincre de son innocence.

Il semble que le droit pénal argentin ne prévoie pas le délit ou le crime de recel de cadavre qui, en France, serait sans doute un motif d’enquête judiciaire.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

cette semaine, sur le non lieu
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
aujourd’hui, sur l’appel
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Nación

mercredi 29 octobre 2025

L’une des réformes à venir : la dérégulation du code du travail [Actu]

"C'est un régime de servitude", dit le gros titre
de l'édition de Rosario de Página/12
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Lorsque le nouveau Congrès se sera réuni, le 10 décembre prochain, Javier Mileí enverra au bureau un projet de loi qui « réforme », c’est son verbe, le code du travail argentin.

"Conventions collectives par entreprise,
la clé de la réforme du code du travail", dit le gros titre
La photo est consacrée à la répression sanglante
contre un gang de narco à Rio de Janeiro
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Finies les conventions collectives par secteur. Désormais, elles n’existeront plus qu’à l’échelle de l’entreprise

Temps de travail à rallonge
Indemnisations de licenciements versées sous forme de mensualités et non plus comme un capital au moment du départ
Fin des négociations paritaires annuelles,
etc.

Página/12 s'attend en plus à une persécution contre les avocats spécialistes du droit du travail.

Dans son édition nationale, Página/12 traite
le sujet en bas au centre, en caractères gras et bleus.
La photo et le gros titre calembour sont pour le dollar
et le ministre de l'Economie, Toto Caputo
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Les syndicats préparent actuellement la résistance contre ce recul social. C’est cent vingt années de lutte sociale que Mileí veut envoyer ad patres.

Une majorité d’Argentins a voté pour cela. En toute connaissance de cause.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 27 octobre 2025

Ainsi donc, l’Argentine a basculé peut-être sans remède [Actu]

"Le péril violet", dit le gros titre
du seul quotidien de gauche à l'échelle nationale
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Il y a 79 ans, l’ambassadeur des États-Unis en Argentine, un homme d’affaires que n’étouffaient pas les scrupules, un certain Braden, osait ouvertement fédérer tout l’arc politique qui n’adhérait pas aux positions de Perón sur une seule candidature à l’élection présidentielle et Perón a été triomphalement élu avec 56 % des voix dès le premier tour puisque l’élection se résumait, comme disait le slogan de ses partisans, à « Braden ou Perón ». En 1946, les Argentins ont choisi l’indépendance et la souveraineté nationale et ils ont pu les conserver au moins jusqu’en septembre 1955 et le coup d’État contre Perón réélu, organisé par la Marine avec l’aide et le soutien de la CIA.

Cette année, en toute connaissance de cause, avec près de deux ans d’expérience de la dérégulation à la sauce Mileí, avec la dépression qui s’annonce à l’horizon et des pertes d’emplois abyssales dans la fonction publique, les services et l’industrie, les Argentins viennent de choisir la soumission aux États-Unis de Donald Trump. Ils viennent de renoncer à leur souveraineté proclamée en 1816 et à la solidarité envers les plus vulnérables, au premier chef les malades et les handicapés, au plus grand profit des plus grosses fortunes du pays et des investisseurs/prédateurs étrangers. Ce triomphe de Mileí surprend tout le monde y compris dans son propre camp. Lui-même n’y croyait pas. La presse argentine, y compris celle de droite, reste bouche bée.

"La Libertad Avanza a fait un carton", dit le gros titre
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Il n’y a pas grand-chose à dire de plus devant ces résultats que sur place, mes amis argentins eux-mêmes ont bien du mal à comprendre. Malgré les scandales qui ont éclaté tout au long des deux ans et singulièrement depuis juin dernier, Mileí et sa clique emportent au moins un tiers des sièges à pourvoir au Congrès, ce qui aura pour effet de bloquer systématiquement toutes les tentatives de rejet des veto présidentiels, empêchera de toutes manières le vote de quelque loi que ce soit qui redistribue un tant soit peu les richesses du pays et financent la culture et l’économie du savoir ou, enfin, consacre le refus du président de mettre en œuvre les lois récemment votées pour maintenir en fonctionnement l’hôpital des enfants malades, le Garrahan, un établissement de pointe que toute l’Amérique du Sud enviait jusqu’à présent à Buenos Aires, ainsi que les universités nationales, à bout de souffle à cause du manque de budget.

"Mileí fait un carton, laisse le peronisme KO et appelle
les gouverneurs à faire un accord", dit le gros titre
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Avec 99,3 % des bureaux de vote dépouillés, vers 4h du matin heure locale, à l’heure où la plupart des quotidiens de presse écrite bouclaient leurs éditions d’aujourd’hui, on obtenait les résultats provisoires suivants :

A la Chambre des députés, qui devait être renouvelée de moitié, LLA (Mileí) remporte 40,7 % des voix et Fuerza Patria (courage, Patrie, ou vas-y, Patrie), regroupant tous les courants du peronisme de gauche unis pour présenter des candidatures communes, 34,9 %.
Au Sénat, dont un tiers des sièges était en jeu, LLA remporte 42 % et Fuerza Patria 36,9 %.
Dans un pays où le vote est obligatoire, seuls 68,4 % des électeurs se sont déplacés, un des chiffres les plus bas depuis le retour à la démocratie en décembre 1983.

Dans certaines provinces, les deux partis arrivent au coude à coude.

Pour les élections à la chambre basse, tel est le cas de la province de Buenos Aires (qui ne comprend pas la ville homonyme qui a largement plébiscité LLA), la province de Chubut en Patagonie, la province viticole et andine de La Rioja (où Fuerza Patria arrive en tête pour quelques décimales), La Pampa, au sud de la Province de Buenos Aires, et enfin Santa Cruz, le fief des Kirchner dans le sud de la Patagonie, où une étiquette locale, Fuerza Santacruceña, arrive en tête. Là aussi, quelques décimales la séparent de LLA (32,1 contre 31,7).
A Corrientes, dans le nord-est du pays, la province des agrumes et de la yerba mate, c’est un parti local qui obtient la première place, devant les mileistes puis Fuerza Patria.
A Formoza, dans l’extrême-nord argentin, les péronistes l’emportent très largement sous une étiquette locale, Frente para la Victoria (une étiquette peroniste qui date d’élections précédentes).
A San Juan, dans les Andes, la gauche de gouvernement, sous l’étiquette locale Fuerza San Juan, arrivent en tête avec un peu plus de 2 points d’avance sur le second, un parti local, tandis que LLA enregistre un peu plus de 8 points de retard sur les péronistes de Fuerza San Juan.
Dans la province de Tucumán où fut proclamée l’indépendance en 1816 et où est né le père de la Constitution, Juan Bautista Alberdi, une formation locale, Frente Tucumán Primero, devance de loin LLA, par 50,6 % contre 35,1.

"Mileí obtient un incontestable succès
et appelle à chercher des accords", dit le gros titre
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L’actuel ministre de la Défense, Luis Petri, est élu député avec une marge de presque 28 points sur les suivants. Il faudra donc le remplacer à la tête des armées. Ce pour quoi Mileí vient d’annoncer qu’il prendrait son temps pour remanier son gouvernement et d’ailleurs, le ministre de la Justice, qui avait annoncé son départ jeudi sur les réseaux sociaux, est tout près de se raviser : il se dit ce matin « indéfectiblement lié à l’aventure politique » de LLA.

Dans les mois qui viennent, il est à craindre que Mileí, encouragé par ce succès et par le soutien de son ami Trump, accorde une amnistie complète à tous les bourreaux de la dictature militaire de 1976-1983, qu’il fasse libérer ceux des condamnés qui restent incarcérés, qu’il détruise les outils de recherche des survivants, les enfants volés sous cette même dictature et que recherche l’association Abuelas de Plaza de Mayo, ces outils qui ont montré la voie à tant d’autres pays où des phénomènes similaires ont existé avec la population autochtone comme en Irlande ou en Espagne ou avec la population des colonies ou ex-colonies (la France est d’ailleurs concernée avec le cas de très nombreux enfants réunionnais) et qu’il fasse fermer les lieux de mémoire dédiés aux victimes de cette terrible Junte ou qu’il les vende au plus offrant comme du foncier ou de l’immobilier quelconque.

Voyons aussi comment se développera, si elle se poursuit, l’instruction concernant le député mileiste José Luis Espert, impliqué dans un immense scandale de trafic de drogue et de financement de sa campagne par un criminel que la justice du Texas veut juger pour ce type de trafic ainsi que l’enquête internationale (Argentine - États-Unis) sur le scandale de la crypto-monnaie $ Libra dans lequel Mileí et sa sœur sont tous deux fortement impliqués.

Leur pays, sa réputation sur la scène internationale et leur propre vie personnelle s’en vont à vau-l’eau mais les Argentins s’en moquent ! Ils ne se mobilisent même pas pour voter.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

vendredi 24 octobre 2025

Atelier d’improvisation de Noelia Sinkunas [à l’affiche]


Ce soir, vendredi 24 octobre 2025, la pianiste et compositrice Noelia Sinkunas propose un atelier d’improvisation musicale appliquée aux genres de la musique populaire argentine, à commencer par le tango et le chamamé.

Elle animera cet atelier à l’École des Arts de Berisso, dans la province de Buenos Aires.

La musicienne est à la Une de l'édition platense
de Página/12, en haut (photo à sa fenêtre)

L’activité est proposée à tout le monde pour le prix d’une modeste participation.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article que Página/12 lui consacre dans son édition de La Plata
consulter lesite Internet de la EAB

La banque JP. Morgan débarque au Palacio San Martín [Actu]

"Voilà le prestigieux J.P. (Morgan)", dit le gros titre
sur une photo du nouveau ministre
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Aussitôt Werthein sorti, voilà qu’arrive au Palacio San Martín, le siège protocolaire et cérémoniel du ministère des Affaires étrangères argentin, dans le quartier de Retiro, un certain Pablo Quirno, qui était jusqu’à présent le plus proche collaborateur du ministre de l’Économie, Toto Caputo. Voilà qui en dit long sur la diplomatie qu’entend mener Javier Mileí dans sa fuite en avant !

Caputo content d'un dollar à 1500 pesos, dit le gros titre
La Une fait la part belle à la fin des campagnes électorales
On entre dans la phase de silence pré-électoral
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Quirno fait partie de l’équipe, très nourrie, d’anciens de la JP. Morgan Bank (dont le ministre lui-même) qui, avec fort peu de succès comme on le voit avec les prévisions actuelles de récession et la consommation en berne, a investi le ministère de l’Économie argentin et en occupe tous les postes-clé depuis l’arrivée au pouvoir de Mileí, il y a près de deux ans.

Dessin d'Alfredo Sabat ce matin dans La Nación

Quirno a été l’un des dirigeants de cet établissement états-unien pendant 17 ans, jusqu’en 2016, date à laquelle il a rejoint, à un poste discret, le gouvernement de Mauricio Macri. C’est dire s’il s’y connaît en endettement de l’Argentine et en reddition du pays aux intérêts d’une puissance étrangère. Aux États-Unis, le nouveau ministre dirigeait les activités en Amérique latine de cette banque systémique, symbole du capitalisme financier de Wall Street.

Le nouveau chef de la diplomatie argentine ne connaît donc rien aux dossiers dont il a désormais la charge. Il va mener une diplomatie des grands capitaux. Sa nomination ne peut en effet n’avoir qu’un but : celui de conserver l’aide financière de Trump et l’indulgence de la Bourse dans l’espoir d’éviter, si tant est que ce soit encore possible, que l’Argentine boive définitivement la tasse. La diplomatie se fera désormais à la Corbeille, comme à Washington. On a les modèles qu’on peut !

"Le ministre Caputo se trouve conforté
par la nomination de Quirno au ministère
des Affaires étrangères", dit le gros titre
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Si, avec tous ces rebondissements, les uns sordides, les autres pitoyables, qui se sont produits depuis plus d’un mois, Mileí arrive encore à maintenir une position politique soutenable dimanche soir au Congrès, après le dépouillement des élections de mi-mandat, ce sera à désespérer de l’Argentine !

Quant au ministre de la Justice, dégoûté de l’exercice du pouvoir, supplanté au vu et au su de tous par son bras droit et en conflit ouvert avec sa collègue de la Sécurité, Patricia Bullrich, qui semble la plus puissante dans l’entourage de Mileí après la frangine de celui-ci et Toto Caputo, il a confirmé dès hier, à travers les réseaux sociaux, qu’il abandonnerait son maroquin lundi prochain, au lendemain du scrutin, quels que soient les résultats et bien content de le faire !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

L’article en ligne de Clarín est réservé aux abonnés mais l’événement paraît si insignifiant à la rédaction qu’il ne figure par sur la Une de ce matin.