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"La tension monte entre Mileí et les gouverneurs : session-clé au Sénat", dit le gros titre En-dessous, un baleineau mort flotte dans le golfe de Vincente López (Province de Buenos Aires) Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Hier, après l’échec
spectaculaire de sa politique intérieure puisqu’il n’a pas pu
rassembler tous les gouverneurs à Tucumán pour fêter, comme il le
devait, le 219e anniversaire de la déclaration
d’indépendance, Javier Mileí, qui a célébré la fête seul avec
sa sœur à Palermo, le quartier où les deux régiments fondés à
l’époque de l’indépendance ont leurs casernes, a tenu toute une
cascade de propos ultra-agressifs envers les gouverneurs qu’il
accuse de « vouloir détruire le gouvernement »,
c’est-à-dire sans doute de le destituer, ce dont ils n’ont pas
le pouvoir.
L’envie, peut-être, on
l’aurait à moins, mais le pouvoir, non. Ce sont les sénateurs qui disposent de ce pouvoir et Mileí craint que les gouverneurs s'entendent avec les sénateurs de leur province...
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"La mère de toutes les batailles', dit le gros titre pour annoncer l'alliance électorale entre LLA et le PRO Le violet est la couleur de LLA (La couleur du PRO est le jaune mais il a disparu du paysage) Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Pourtant Mileí avait réussi à
gagner à sa cause deux gouverneurs, sur vingt-quatre, dont celui de
Chaco, la province où il est allé dimanche dernier jouer les
prophètes dans un temple évangélique construit avec de l’argent
miraculeux. Même ces deux-là n’ont pas trouvé grâce à ses yeux
hier. Ils en ont pris pour leur grade comme les autres. Désormais,
Mileí menace de mettre son veto sur tout ce qui lui déplaira et de
poursuivre devant la justice toutes les initiatives dissidentes. Il
tente de faire peur. À tous ceux qui lui résistent. A la Trump !
Aucune originalité. Il copie sur le lointain voisin du nord qui
vient d’ailleurs de se mettre à dos quelques pays du Mercosur en
imposant unilatéralement au Brésil 50 % de droits de douane
supplémentaires sur tous ses produits pour punir le pays de
poursuivre pénalement son copain Bolsonaro.
Pourtant, dans un état fédéral,
aux États-Unis, en
Allemagne, en Autriche, en Suisse comme au Brésil ou en Argentine,
ce n’est un secret pour personne que le pouvoir central est
d’autant plus solide qu’il respecte les entités fédérées et
coopère en bonne intelligence avec les gouvernements locaux, même
lorsqu’ils appartiennent à un autre camp...
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La bagarre avec les gouvernements monte d'un degré : Mileí a dit qu'ils voulaient "tout casser", dit le gros titre au-dessus d'une photo tirée du match du PSG contre le Real Madrid à la Coupe du Monde des Clubs, aux Etats-Unis Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Dans l’ensemble, à cause de
l’évidente remontée de Cristina Kirchner, malgré son
inéligibilité, ou à cause de l’exemple de Donald Trump, on
observe une radicalisation de La Libertad Avanza (LLA), le jeune
parti présidentiel, et cette évolution a pour centre non pas lui,
qui est censé en être le créateur et le leader, mais sa sœur,
Karina Mileí, dont beaucoup d’observateurs disent que c’est elle
désormais qui est à la manœuvre. Ce n’est pas impossible eu
égard au caractère profondément dysfonctionnel de ce couple
fraternel. Lui-même ne l’a-t-il pas surnommée El Jefe (le chef),
au masculin. Politiquement, elle est, paraît-il, encore pire que
lui ! Façon Marie-Antoinette...
C’est Karina qui vient de mener
les négociations avec le PRO, le parti de l’ancien président
Mauricio Macri, pour les élections à venir dans la Province de
Buenos Aires, la plus peuplée du pays. Et elle l’a avalé tout
cru. A La Plata, elle rêve désormais d’un succès électoral
façon raz-de-marée pour « en finir à jamais avec le
kirchnerisme ». On va voir ce qu’il en sera car en face, les
péronistes viennent de sceller un pacte d’union qui rassemble
toutes les tendances de gauche du mouvement, une sorte de NFP à
l’argentine.
Avec l’appoint d’un PRO qui
n’a plus qu’à suivre en se taisant et à faire ce que Karina lui
dira, LLA, probablement affaibli par les outrances présidentielles,
va avoir affaire à forte partie.
© Denise Anne Clavilier
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