jeudi 18 septembre 2025

L’opposition s’oppose, acte III, scène 1 [Actu]

"L'Argentine est en vie", proclame le gros titre
sur cette photo de la foule impressionnante
qui occupait hier la place et le quartier du Congrès,
le bâtiment solennel que l'on devine au-dessus du nom Argentina
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Il faudra encore qu’il y ait un acte III, scène 2 au Sénat, pour que le tableau soit complet mais hier, à la Chambre des Députés, deux veto de Javier Mileí ont été rejetés, ouvrant la voie à l’entrée en vigueur des lois de financement et d’organisation des universités nationales et de l’hôpital pour enfants Garrahan, dont le fonctionnement était largement entravé par les réductions budgétaires draconiennes imposées par Mileí et son fanatisme économique.

"Rejet massif des députés au veto de Mileí
concernant le Garrahan et les universités", dit le gros titre
sur la même foule photographiée d'au-dessus du Congrès
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Partout en Argentine, les gens sont sortis dans la rue pour réclamer à leurs élus nationaux qu’ils sanctionnent le comportement peu démocratique d’un président qui sacrifie à l’orthodoxie budgétaire ultra-libérale l’avenir du pays et le droit à la vie des enfants malades. Or une fois n’est pas coutume, toute la presse s’accorde ce matin sur le succès et l’ampleur de la mobilisation ainsi que la gravité du coup politique porté au président.

"Une lutte émouvante" dit le gros titre
de l'édition de Rosario de Página/12
(Rosario est une importante ville universitaire.
C'est la deuxième ville culturelle d'Argentine)
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Le rejet de son veto sur le budget universitaire voté par le Congrès est passé par 174 voix pour et 67 contre (avec deux abstentions). Quant à celui portant sur l’hôpital Garrahan, il a été rejeté par 181 voix. 60 députés ont voté pour le maintien du veto et il y a eu une abstention. Il faut plus de deux tiers des voix pour qu’un veto soit annulé. A présent, il faut donc que les sénateurs confirment avec les mêmes seuils.

"Dur revers pour Mileí :
ses veto rejetés sur les universités et le Garrahan"
La Nación a fait le choix d'une iconographie
plus discrète mais on en constate pas moins la densité
de la foule sur Plaza de Congreso à Buenos Aires
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Le Sénat devrait examiner ces deux veto la semaine prochaine.

"La vague ne s'arrête pasé, dit le gros titre
sur cette photo de la tête de manifestation,
avec Axel Kiciloff, gouverneur de la province
de Buenos Aires dont la capitale, La Plata,
est aussi une importante ville universitaire
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Les élections nationales de mi-mandat sont fixées au dernier dimanche d’octobre et depuis quelques mois, l’opposition, longtemps effacée, a repris de belles couleurs. D’autant que l’étau des scandales de corruption se resserre autour du couple fraternel présidentiel : Karina Mileí (la sœur et Première dame) risque en effet d’être prochainement inculpée pour prévarication (elle aurait organisé contre rémunération des audiences présidentielles pour des particuliers voulant proposer des affaires juteuses à son horrible frangin), et elle est impliquée dans la surfacturation des médicaments achetés à un grossiste marron par l’agence nationale du handicap (« les 3 % de Karina » est en train de devenir une expression proverbiale en Argentine. Un peu comme « les diamants de Giscard » en France).

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12
lire l’article de Página/12 sur les propos tenus par divers manifestants devant le Congrès (très émouvants témoignages de parents d’enfants sauvés du cancer au Garrahan et de plusieurs médecins et autres professionnels de cet hôpital de pointe)

A l’ex-CCK, 3e édition du Festival de Bandoneón Osvaldo Ruggiero [à l’affiche]


L’association La Fábrica Argentina de Tango, F.A.T, organise à partir de ce soir, 18 septembre 2025, et jusqu’au 27 septembre la troisième édition du Festival de Bandoneón Osvaldo Ruggiero, du nom d’un célèbre premier bandonéon de l’orchestre de Osvaldo Pugliese. Ruggiero était instrumentiste, compositeur et arrangeur. Ses trois fils lui rendent depuis trois ans cet hommage musical de printemps en rassemblant le ban et l’arrière-ban du tango contemporain, classique et underground.

Le concert de ce soir, donné par l’ensemble Violentango, se tiendra dans l’ex-Centro Cultural Kirchner, rebaptisé par un caprice odieux du gouvernement Mileí Palacio Libertad. L’entrée est libre et gratuite et les places peuvent être réservées à concurrence de deux par personne. Violentango, du nom d’un morceau composé par Piazzolla, est un quintette instrumental fondé et dirigé par Adrián Ruggiero.

Le festival se poursuivra dans différents lieux et s’achèvera dans le cadre d’un autre festival, le FACAFF, au Club Atlético Fernández Fierro, dans le quartier de Carlos Gardel et de Pichuco, El Abasto.



La communication de la manifestation est minimaliste mais plusieurs médias s’en font tout de même l’écho. Ce matin, Página/12 a interviewé les frères Ruggiero et Fractura Expuesta a consacré au festival l’un des articles de son site Internet. Fábrica Argentina de Tango dispose d’une chaîne You Tube où, pour le moment, vous pouvez voir et écouter une courte vidéo promotionnelle du festival ainsi que les enregistrements de deux séances de répétition.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mardi 16 septembre 2025

Le Café Vinilo fait son festival [à l’affiche]


A partir de ce soir, le Café Vinilo, situé dans le quartier très mixte socialement de San Cristobal, propose jusqu’au 27 septembre son festival de culture latino-américaine, à base de musique dans tous les genres, d’ateliers ouverts à tous et de théâtre.

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Riche programme puisqu’il comprend même des propositions pour les tout-petits, les moins de trois ans !

Pour les enfants
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Pour commencer ce soir, un atelier consacré à l’improvisation sous la conduite de Hernán Ríos.

Les ateliers du festival
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Autre grand rendez-vous parmi tant d’autres : un hommage sera rendu au bandonéoniste nonagénaire Dino Saluzzi par son fils, guitariste, José María Saluzzi.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

« Persiste et signe » ou « a mis de l’eau dans son vin », au choix [Actu]

En français dans le texte
L'expression "déjà vu" en espagnol existe.
Elle évoque de vagues réminiscences.
Ici, il s'agit de l'expression : "le pire est déjà passé",
que Mileí a employée, alors qu'elle a été usée
jusqu'à l'os par Mauricio Macri lui aussi confronté
à l'effondrement économique de son pays
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Hier, à travers un discours lu, le président Javier Mileí, qui, pour une fois, n’est pas sorti de son texte, a annoncé aux Argentins sa politique économique pour l’année prochaine et a décrit le projet de budget qu’il vient d’envoyer au Congrès.

"Virage de Mileí : il modère sa politique de rigueur
et promet plus d'argent pour la santé, l'éducation et les retraites"
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Les analystes sont divisés sur son contenu. Página/12 y voit un entêtement du président dans sa politique anti-sociale et anti-culturelle qui coupe tout soutien aux secteurs non marchands du pays. Les journaux de droite, La Pensa, Clarín et La Nación, y ont vu quant à eux une inflexion plus ou moins prononcée vers plus de redistribution au profit des retraités et des secteurs de la santé et de l’éducation.

"Virage de Mileí : il propose du consensus
et promet des hausses dans des secteurs critiques"
En dessous, les embarcations vénézuéliennes
attaquées militairement par Trump
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© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Nouvelle édition de la Feria Francesa ce week-end [à l’affiche]

Notre ambassade a pris la place des croissants
sur l'affiche !
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A l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, l’Ambassade de France à Buenos Aires ouvre ses portes au grand public sur réservation préalable et propose à tous la Feria Francesa de printemps devant le siège de la représentation diplomatique.

Au programme : des stands de gastronomie tous azimuts (pâtisserie, plats cuisinés, charcuteries, fromages, vins...) et un stand de l’Alliance française pour inviter les visiteurs à découvrir note langue et la culture de notre pays.

Entrée libre et gratuite, à l’intérieur comme à l’extérieur.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 15 septembre 2025

La dernière en date des enfants volés à avoir été identifiée s’exprime : de l’importance de découvrir la vérité [Actu]

"Savoir la vérité, c'est toujours mieux", dit le gros titre
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Alors que les procédures de recherche et d’identification des enfants volés sous la dictature militaire de 1976 à 1983 sont dans le collimateur du présent gouvernement et menacées d’être paralysées, Página/12 a pu interviewée la dernière personne retrouvée par les efforts de Abuelas de Plaza de Mayo et la CONADI, la commission nationale chargée d’effectuer les recherches d'identité et dont Javier Mileí voudrait l’impuissance ou la disparition pure et simple.

Il s’agit de Paula Inama Macedo, de son nom de naissance. Elle a 46 ans, elle a deux enfants et elle ignorait qu’elle avait quelque part un frère et une sœur aînés qui la cherchaient pratiquement depuis sa naissance. Leurs parents étaient des militants marxistes léninistes qui ont été arrêtés en novembre 1977 et qui ont disparu depuis lors. Ses grands-parents n'ont pas survécu assez longtemps pour la rencontrer mais elle a fait la connaissance de ses neveux et nièces.

En janvier dernier, Paula Imana, alors en vacances au Brésil, avait reçu un message de la CONADI lui annonçant que les tests ADN qu’elle lui avait demandé d’effectuer en octobre 2024 avaient livré le secret de sa naissance. Elle qui n’avait jamais soupçonné qu’elle était l’une de ses enfants volés nourrissait pourtant de graves questions sur son identité et son histoire.

Elle raconte aujourd’hui dans les colonnes de Página/12 à quel point il est important de connaître cette vérité, quelque atroce, quelque douloureuse qu’elle soit. La vérité est préférable aux doutes. C’est pourquoi les entreprises du gouvernement et singulièrement du président et de sa vice-présidente pour couvrir les mensonges de la dictature sont par définition criminelles.

En Ukraine, on a sous les yeux la répétition d’une tragédie similaire à une échelle largement supérieure pour une population totale à peine plus nombreuse (44 millions en Ukraine contre 30 à l'époque en Argentine).

 En Argentine, il y a eu environ 500 enfants volés. En Ukraine, il y a a presque 20 000.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

jeudi 11 septembre 2025

Mileí se prend une claque et en redemande : nouveaux veto présidentiels [Actu]

Même pas la peine de traduire le calembour de Une
Cela se comprend tout seul dès lors que l'on sait
que la photo représente Mileí entouré de ses deux
principaux ministres
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Malgré la sévère défaite électorale qu’il a essuyée dimanche dans la Province de Buenos Aires et qui semble augurer assez mal des élections générales de mi-mandat pour son parti, LLA (La Libertad Avanza), Javier Mileí vient, sur un coin de table et en compagnie de sa sœur, de poser, devant l’objectif, son veto à la loi du financement des universités nationales (en hausse sur l’année précédente pour tenir compte de l’inflation) et à celle qui accorde un surplus de budget à l’hôpital pour enfants de Buenos Aires, el Hospital Garrahan. Dans les deux cas, Mileí considère que ce versement d’argent public constitue une dépense [par définition évitable] et non pas un investissement dans le futur, le développement et la santé du pays !

En haut : "Le président met son veto à l'augmentation
du budget universitaire", dit le gros titre
En bas : "la désinflation ne flanche pas",
à cette réserve près que la consommation est elle
en chute libre, ceci expliquant cela
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Pourtant c’est la semaine dernière, juste avant le scrutin de dimanche, que ces deux lois ont été votées par les deux chambres l’une après l’autre et dans des proportions confortables, afin de rendre nuls et non avenus deux décrets présidentiels qui prétendaient réduire en peau de chagrin le soutien de l’État à ces institutions.

Toujours fidèle à son caractère de tabloïd,
Clarín n'a pas résisté à l'envie de montrer des
photos de l'assassinat hier dans l'Utah
d'un militant MAGA proche de Trump.
En haut : le gros titre porte sur le renouvellement
de la dette à un taux réduit
Il faut aller dans la colonne de droite, au milieu,
pour découvrir un titre portant sur les veto
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Au Congrès, les élus qui ont voté ces deux lois ont aussitôt fait savoir qu’ils s’organisaient pour voter l’annulation de ce double déni de démocratie dès la semaine prochaine. Et c’est ainsi, au milieu du scandale de corruption qui touche sa détestable frangine, des enquêtes qui reprennent de plus belle sur la crypto-monnaie crapuleuse, promue par lui-même, sur ses réseaux sociaux, au détriment d’épargnants désormais ruinés, et des chiffres officiels qui rendent compte d’une baisse continue de la consommation sur plusieurs mois, que le président argentin fait campagne pour les élections qui se tiendront en octobre.

En haut : "Mileí met son veto aux fonds
pour les universités et pour l'hôpital Garrahan"
En bas : la photo d'une adolescente qui a tiré
sur une de ses professeures dans un lycée à Mendoza
Le gouvernement argentin a libéralisé le commerce
et la détention des armes. L'Argentine, ça va bientôt
être le Far-West comme aux Etats-Unis !
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De leur côté, les universitaires ont aussi annoncé la tenue de leur troisième marche fédérale ainsi qu’un mouvement de grève générale et le personnel du Garrahan organise lui aussi sa manifestation en soutien à cet hôpital de pointe qui fait l’envie de tous les pays voisins !

Le cynisme de ce type ne connaît pas de limite ! Et il annonce encore d’autres veto à venir...

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 8 septembre 2025

Historia social de la Canción, une collection présentée ce soir à la Biblioteca Raúl González Tuñón [Disques & Livres]

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Ce soir, lundi 8 septembre 2025, à 18h30, la maison d’édition Mil Campanas (mille cloches) présentera sa nouvelle collection intitulée Historia social de la Canción, une série de monographies chacune consacrée à une chanson particulière et à son histoire sociale et politique.

La présentation aura lieu à la Biblioteca Raúl Gónzalez Tuñón, Entre Ríos 1039, dans le quartier de Balvanera, au centre de Buenos Aires.

Entrée libre et gratuite.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Une baffe de première pour Javier [Actu]

"La marée", proclame le gros titre ce matin
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Comme, au vu de la dégradation spectaculaire de la situation socio-économique d’une majorité d’Argentins, on pouvait l’imaginer et d’aucuns l’espérait fermement, les élections locales dans la Province de Buenos Aires ont marqué un échec indéniable de LLA, le parti libertarien du président Javier Mileí, et une victoire retentissante de Fuerza patria, l’alliance électorale des péronistes de gauche, tous courants confondus, rassemblés sous l’autorité du gouverneur de la province, Axel Kiciloff, qui fut ministre sous la présidence de Cristina Kirchner.

"Et le grand vainqueur est..." titre La Prensa
comme si ce résultat était celui d'un jeu télévisé
La Prensa est très hostile à Kiciloff.
Visiblement, elle lui préfère la vulgarité et la cruauté
systématiques de Mileí. Or ce quotidien est celui
de la droite catholique réactionnaire et passablement chauvine

Fuerza Patria (Force patrie, Courage Patrie ou Vas-y Patrie) a obtenu près de 50 % des voix tandis que LLA n’en a recueilli qu’un tout petit peu plus que 30 %. L’extrême-gauche arrache elle aussi 5 %, ce qui fait basculer la province majoritairement à gauche, pour une politique sociale de redistribution des richesses entre les habitants du pays.

"Le péronisme a écrasé Mileí, qui doit redéfinir
sa stratégie pour octobre", dit le gros titre
au-dessus d'une photo de Kiciloff après la victoire
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L’écart est si fort que Mileí a été obligé de reconnaître sa défaite, une concession exceptionnelle chez lui, ce qui ne l’a pas empêché de déclarer, tout gonflé de sa suffisance, qu’il continuerait la même politique en en accentuant encore le caractère dérégulateur, anti-social et anti-étatique qui a poussé les électeurs à voter pour les représentants de l’opposition. Entre ces promesses outrecuidantes et les soupçons solidement constitués de corruption qui touchent depuis environ un mois sa sœur, tout à la fois Première dame et principale collaboratrice politique du chef de l’État, il est probable que le président argentin se prépare une nouvelle déroute lors des élections générales de mi-mandat qui se tiendront dans un mois.

"Cruelle défaite du gouvernement face au PJ [les péronistes] :
Mileí confirme son plan économique", dit le gros titre
au-dessus de la photo des deux QG politiques
à gauche : autour de Kiciloff,
à droite : autour de Mileí
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Pourtant, cette fois-ci, les Bonaerenses se sont très peu mobilisés. C’est même la participation la plus faible depuis le retour à la démocratie en 1983 : 60,9 % du corps électoral. Malgré la sévérité de la crise dans laquelle Mileí a plongé le pays, il y a donc sans doute d’une part un peuple de droite qui n’y croit plus et qui sans doute n’apprécie pas l’auto-dissolution de la droite libérale dans le bougli-bougla libertaire d’un Mileí et d’autre part un peuple de gauche qui n’a pas complètement perdu l’espoir de reconquérir la démocratie et de reconstruire un État social qui constitue le rêve de la gauche argentine depuis 1916, date de l’élection du premier président de gauche, Hipólito Yrigoyen, lors de la première élection du président au suffrage universel, établi en 1912.


"Ecrasant", dit le gros titre de l'édition locale
de Página/12
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Mileí s’était efforcé ces trois dernières semaines à transformer ce scrutin en un plébiscite sur sa petite personne, en multipliant les provocations à la violence dans ses prétendus meetings électoraux. Il a perdu. L’épouse de Kiciloff a bien résumé le personnage : « Le président n’a que haine pour mon mari parce qu’il est tout ce qu’il aimerait être sans y parvenir ».

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12 (édition nationale)

Attention : les articles et les Unes ont été publiés très tôt ce matin alors que le dépouillement était encore en cours et les chiffres définitifs toujours inconnus.

Une chorégraphe de Gand revisite le tango au Coliseo de Buenos Aires [à l’affiche]

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La chorégraphe argentine, née à Córdoba et établie à Gand en Belgique, Lisi Estaras, donne depuis la semaine dernière un spectacle intitulé Pasos en la noche (des pas dans la nuit), pour une série de sept représentations au Teatro Coliseo de Buenos Aires, une salle à l’italienne du quartier de Retiro. En novembre, une nouvelle série de représentations aura lieu dans un autre théâtre de la capitale argentine.

Pasos en la noche est une relecture de Tango Buenos Aires – Opus 4 du compositeur tanguero Eduardo Rovira (1925-1980). Lisi Estaras a travaillé avec le Ballet Contemporáneo, la compagnie de danse du Teatro San Martín, l’une des institutions publiques du Complexe théâtral de la Ville Autonome de Buenos Aires. Cette compagnie n’est autre que celle pour laquelle Eduardo Rovira avait composé cette partition.

Le spectacle dure 70 minutes.

Le prix des places va de 12 000 à 17 000 $ ARG.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’interview de Lisi Estaras dans Página/12
lire la présentation du spectacle sur le site Internet du Teatro Coliseo

vendredi 5 septembre 2025

Le Sénat rejette définitivement le veto de Mileí [Actu]

Jeu de mot habituel en Une de Página/12 :
"Veto à ma loi" (mi ley se prononce comme Mileí)
En haut : les adieux de Messi au maillot albiceleste
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C’est la première fois depuis vingt-deux ans que le Congrès parvient à annuler un veto présidentiel. Il faut pour cela que le rejet obtienne la majorité successivement dans les deux chambres.

En haut, Messi.
En bas : le siège social historique de La Prensa
sur Avenida de Mayo était devenu le siège du ministère
de la Culture de la Ville Autonome de Buenos Aires
qui vient d'en faire un musée
Tout en bas, à gauche, dans un encart jaune : le vote contre le veto
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Hier, le Sénat a confirmé le rejet déjà validé par la Chambre. Le veto mis par Javier Mileí à la loi qui finance le secteur du handicap et l’agence qui s’en occupe est donc invalidé. La loi votée par le Congrès devient applicable malgré l’opposition du chef de l’État.

Ce vote a été obtenu par 63 voix pour, 7 contre sur 72 sénateurs en activité.

En haut : le Sénat a fait gagner l'opposition contre le veto
En bas : Messi
En haut, à droite : Giorgio Armani
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Par ailleurs, le Sénat a voté une nouvelle disposition qui limite les circonstances dans lesquelles le président peut recourir au DNU, décret de nécessité et d’urgence, ce qui correspond en France à l’ordonnance et aux États-Unis à l’executive order, un artifice constitutionnel dont Mileí use et abuse depuis son arrivée au pouvoir, le 10 décembre 2023. Il reste donc à la Chambre des députés à voter la même disposition pour que celle-ci entre en vigueur et pour que le Congrès reprenne ses prérogatives dans le jeu politique organisé par la constitution.

Javier Mileí a appris sa défaite parlementaire à Los Angeles, où il était allé faire de la retape auprès d’éventuels investisseurs pour essayer par tous les moyens de relancer l’économie argentine alors que la campagne électorale touche à sa fin et n’annonce pas des résultats aussi brillants qu’il se l’imaginait. Il a aussitôt refait ses bagages pour rentrer dare-dare à la maison, abandonnant le reste de son programme. D’aucuns en Europe prétendent l’économie argentine florissante (comme cela a été dit et redit hier sur le plateau de la nuit par un quarteron de journalistes pas vraiment progressistes). Dans les faits, elle au 36e dessous, comme le prouvent les foules qui se sont pressées le 7 août autour des sanctuaires de San Cayetano, patron du travail, du pain et du toit, et la fermeture depuis 18 mois de 14 000 boulangeries dans un pays où vivent 46 millions de personnes qui ont besoin de pain tous les jours et où beaucoup de gens n’ont plus les moyens d’en acheter suffisamment pour que les commerces survivent.

En haut : L'opposition a annulé pour la première fois
un veto de Mileí et se dresse contre les DNU
En bas, Messi
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La Province de Buenos Aires vote dimanche sur des scrutins locaux, dont la composition des assemblées législatives de la Province et des municipalités, en avant sur les élections de mi-mandat nationales du mois d’octobre. Des enjeux cruciaux puisque c’est la province la plus peuplée du pays : elle abrite plus d’un tiers de la population nationale, avec plus de 17,5 millions d’habitants.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mercredi 3 septembre 2025

Le FACAFF, septième édition [à l’affiche]


Pour la septième année consécutive, hors COVID, le CAFF, bastion du tango contemporain et contestataire, réunit la famille de ce tango engagé dans le moment présent jusqu’au 27 septembre dans sa salle du quartier surnommé El Abasto, Sánchez de Bustamante, 772.

Ce soir, ce sera la Orquesta Típica Fernandez Fierro, propriétaire des lieux, qui ouvrira les festivités.

Un programme riche, varié, avec d’excellents artistes, pour des prix très raisonnables par les temps qui courent.

Entrée : sans réservation, achetée le soir même au guichet : 3 500 $ ARG,

avec réservation : 3 000 $ ARG
Entrée gratuite pour les retraités et à moitié prix pour les étudiants qui payent une seule place pour deux personnes.

"Tango que m'a rendu actuel", dit le gros titre
en paraphrasant le titre d'un classique du tango :
Tango que me hiciste mal (Tango qui m'a fait mal)
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Página/12 salue le festival par un article à la Une de son supplément culturel quotidien, Cultura & Espectáculos, avec une photo de une où l’orchestre s’est fait une allure patibulaire… Peut-être pour faire peur aux deux affreux de la Casa Rosada, Mileí et sa frangine !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de la Revista El Abasto, qui présente l’ensemble du programme
visiter le site du CAFF

mardi 2 septembre 2025

Pour faire baisser la fièvre, le mieux ne serait-il pas de casser le thermomètre ? [Actu]

Opération cadena, dit le gros titre
Comme La Nación, Página/12 s'interroge
sur l'opportunité pour le président de se rendre
aux Etats-Unis ces jours-ci pour aller applaudir
le spectacle d'une de ses ex en tournée chez Tonton Donald
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Pour tenter de limiter les conséquences, notamment électorales, du scandale de corruption qui implique actuellement l’entourage le plus proche du président Javier Mileí, sa sœur et son avocat personnel imprudemment nommé par lui à la tête de l’agence du handicap dont il vient d’être révoqué, le gouvernement a obtenu d’un magistrat pour le moins suspect une interdiction de rendre publics les enregistrements audio qui prouvent que des dessous de table ont profité à différentes personnes, dont la sœur du chef de l’État, qui agit depuis toujours comme l’âme damnée de son frère.

Le gouvernement attribue l'audiogate à la Russie
et au Venezuela, dit le gros titre
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De quoi s’agit-il ? De surfacturation par un seul grossiste de médicaments vendus à l’agence et destinés aux handicapés, avec redistribution aux proches du président des sommes ainsi volées à l’État argentin, client du grossiste peu scrupuleux. Cette affaire de corruption a donné lieu à des conversations entre les corrompus. Or elles ont été enregistrées, certaines au sein même du palais présidentiel, ce qui a déclenché une enquête en interne : le président cherche à identifier le traître parmi le personnel de ses services (ce n’est donc pas une infox montée par le Kremlin ou par Caracas comme le président s’efforce de le proclamer depuis cette nuit).

Depuis plusieurs jours, ces documents audio sont publiés au compte-gouttes dans la presse, alors que la campagne de mi-mandat bat son plein et vient d’aboutir à une défaite sévère du camp présidentiel dans la province de Corrientes. Et cela ne s’annonce guère mieux dimanche prochain dans la province de Buenos Aires puis au niveau national en octobre.

L'affaire a droit à un titre secondaire, en haut
à droite : "Décision de justice polémique : elle interdit
de diffuser les audios de Karina Mileí"
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Le juge qui a prononcé l’interdiction est lui-même poursuivi, entre autres, pour des faits de violence contre sa compagne, ce qui devrait lui valoir d’être révoqué du corps des magistrats s’il est reconnu coupable.

Les observateurs, les juristes, les constitutionnalistes, de nombreux élus surtout de l’opposition et bien entendu un grand nombre de journalistes voient dans cette réaction de l’exécutif une violation gravissime de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Un nouveau pas du président vers l’instauration d’un régime autoritaire, pour ne pas parler de dictature.

"Le gouvernement a obtenu une décision judiciaire
pour empêcher la diffusion d'autres audios de Karina Mileí"
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Dans le paysage médiatique argentin, parmi les titres nationaux, on observe ce matin que Clarín évoque à peine l’affaire tant il est occupé par son actualité maison et la grande soirée d’hier au Teatro Colón avec tout le gratin mondain pour les 80 ans de la fondation du quotidien et que La Prensa, qui défend le point de vue de la droite catholique réactionnaire, s’émeut le moins de ces initiatives liberticides. En revanche, Página/12 et La Nación, qui sont à l’opposé idéologique et politique l’un de l’autre, dénoncent les mêmes faits, souvent dans les mêmes termes : opération judiciaire critiquable voire illégale, atteinte à la liberté d’informer, invraisemblance de l’argument officiel pour dénoncer une opération de désinformation de la Russie et du Venezuela (alors qu’on sait que les faux russes sont très faciles à détecter en OSINT, ne serait-ce que par la mauvaise maîtrise de la langue dont les faussaires font preuve) et situation peu crédible, sur les plans personnel et professionnel, du juge ayant pris cette décision.

A suivre…

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :