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Samedi prochain, le 10 juin 2023
à 18 h, le musée
municipal de Olavarría, ville située dans l’ouest de la province
de Buenos Aires, inaugure une exposition qu’il organise autour de
son principal trésor, le portrait en pied de Manuel Belgrano
(1770-1820), que celui-ci avait fait faire pendant sa mission
diplomatique à Londres, dans la deuxième moitié de 1815.
Un portrait réalisé par un
disciple de David et d’Ingres qui s’était récemment réfugié
dans la capitale britannique pour ne pas être contraint par la
Restauration de renier ses engagements politiques : Casimir
Carbonnier.
Casimir Carbonnier était né à
Beauvais en 1787. Fils d’un maître menuisier, il avait attiré
l’attention de ses enseignants et avait ainsi obtenu une place au
lycée du département (à cette époque, il n’y en avait qu’un
et il se situait dans la préfecture). Le jeune garçon y avait fait
reconnaître en particulier ses talents de dessinateur. Plus tard, il
était allé se former à Paris et avait pu intégrer l’atelier de
Jacques Louis David, à peu près à l’époque où cet atelier
réalisait l’immense tableau du Sacre de Napoléon. Carbonnier a
fait une jolie carrière à Paris sous l’Empire, participant à
tous les salons annuels où la reine de Naples, Caroline Murat, finit
par le remarquer en 1812. Elle lui commanda diverses œuvres pour son
palais italien, dont un portrait dont il semble qu’on ait perdu la
trace aujourd’hui.
A Londres, où Carbonnier s’est
installé depuis quelques mois, Manuel Belgrano est l’un de ses
tout premiers clients prestigieux. Il n’en manquera pas par la
suite. Sans doute ont-ils pu communiquer en français, car le général
argentin parlait notre langue et plutôt bien, disent les
contemporains. Ce qu’on peut facilement croire car la maîtrise de
notre langue était alors indispensable à tout travail diplomatique.
On doit la majeure partie de ce
que l’on sait de sa vie à un prêtre féru d’histoire locale qui
s’est attaché à sauvegarder l’histoire de cet artiste qui avait
illustré sa Picardie natale.
Le tableau de Londres, non signé,
destiné à la famille du modèle tout là-bas, dans la lointaine
Argentine, est resté dans la famille pendant quelque cent-cinquante
ans et il a été donné, il y a plusieurs années, à ce musée de
la ville où une branche de la famille vit toujours.
Belle exposition autour de ce
portrait récemment nettoyé et restauré par les soins du musée.
Inauguration en présence de Manuel Belgrano, le président de
l’Instituto Nacional Belgraniano, descendant du général à la
sixième génération et qui a connu ce tableau chez lui dans sa
jeunesse. Olavarría, c’est loin de Buenos Aires mais ça vaut le
coup !
© Denise Anne Clavilier
En 2017, à Buenos Aires, dans
l’une des salles de la caserne du Régiment de Patricios, à
l’invitation du président Manuel Belgrano et de l’équipe qui
anime l’Instituto Nacional Belgraniano, j’avais pu donner une
conférence sur la vie et l’œuvre de Casimir Carbonnier, mort à
Paris, en 1873, dans la maison provinciale des Missions étrangères
de Paris où il avait pris l’habit quelques années plus tôt et où
on lui doit une grande partie de l’actuelle décoration religieuse,
tant dans la chapelle que dans les parties communautaires.