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mardi 16 septembre 2025

« Persiste et signe » ou « a mis de l’eau dans son vin », au choix [Actu]

En français dans le texte
L'expression "déjà vu" en espagnol existe.
Elle évoque de vagues réminiscences.
Ici, il s'agit de l'expression : "le pire est déjà passé",
que Mileí a employée, alors qu'elle a été usée
jusqu'à l'os par Mauricio Macri lui aussi confronté
à l'effondrement économique de son pays
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Hier, à travers un discours lu, le président Javier Mileí, qui, pour une fois, n’est pas sorti de son texte, a annoncé aux Argentins sa politique économique pour l’année prochaine et a décrit le projet de budget qu’il vient d’envoyer au Congrès.

"Virage de Mileí : il modère sa politique de rigueur
et promet plus d'argent pour la santé, l'éducation et les retraites"
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Les analystes sont divisés sur son contenu. Página/12 y voit un entêtement du président dans sa politique anti-sociale et anti-culturelle qui coupe tout soutien aux secteurs non marchands du pays. Les journaux de droite, La Pensa, Clarín et La Nación, y ont vu quant à eux une inflexion plus ou moins prononcée vers plus de redistribution au profit des retraités et des secteurs de la santé et de l’éducation.

"Virage de Mileí : il propose du consensus
et promet des hausses dans des secteurs critiques"
En dessous, les embarcations vénézuéliennes
attaquées militairement par Trump
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© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

samedi 9 août 2025

Jeudi, San Cayetano a connu les grandes foules [Actu]

"Le gouvernement est en guerre contre les travailleurs",
dit le gros titre reprenant des propos des manifestants
ici sur Plaza de Mayo
En haut : l'ancienne ministre des Affaires étrangères
de Mileí a fait des déclarations dévastatrices contre le président
Dans une interview, elle a estimé que l'appui de Mileí à la crypto-monnaie
qui fait scandale prouve "ou bien qu'il n'est pas très intelligent
ou bien qu'il est quelque chose comme corrompu"
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Le 7 août comme tous les ans, les Argentins ont fêté San Cayetano, le saint qui veille sur ceux qui ont besoin de pain et de travail. Comme tous les ans, l’affluence dans les sanctuaires et la participation aux processions servent de baromètre social et cette année, la San Cayetano a démontré qu’il y a vraiment beaucoup de monde qui cherche un toit, du travail, du pain. Les sanctuaires étaient pleins. A Buenos Aires, la file d’attente pour entrer dans la minuscule église du quartier de Liniers et faire ses dévotions au saint qu’elle honore faisait le tour de plusieurs pâtés de maison.

Les évêques ont souvent prononcé des homélies soulignant la nécessité d’une politique de redistribution des richesses et de soutien aux plus vulnérables, les pauvres, les chômeurs, ceux qui travaillent au noir, les handicapés, les retraités.

En bas, une photo qui prend soin de ne pas montrer la foule
avec cette citation épiscopale : "Personne ne se sauve seul"
En haut, le lancement de la campagne de LLA (le parti de Mileí)
dans un coin très pauvre de la province de Buenos Aires
avec ce slogan volé à la gauche : Plus jamais
Le mot d'ordre des militants des droits de l'homme contre
la dictature militaire de 1976-1983
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Les statistiques officielles prétendent que le taux de pauvreté est le plus bas jamais enregistré : il serait de 31 %. Ah bon ? Avec une telle foule à la San Cayetano ? On ne dirait pas.

Chose exceptionnelle : la journée s’est terminée par une grosse manifestation sur Plaza de Mayo, pour protester contre la politique de Mileí. Or Plaza de Mayo est située à l’autre extrémité de la ville. De San Cayetano de Liniers à Plaza de Mayo, on doit traverser Buenos Aires d’ouest en est sur plus d’une dizaine de kilomètres. Il est d’ailleurs probable que les gens n’étaient pas tous les mêmes aux deux endroits, les fidèles étaient sans doute plus nombreux à Liniers et les syndicalistes à Monserrat.

En bas, la banderole de LLA et son slogan cynique
En haut : "L'Eglise se joint à la revendication de l'opposition
en faveur des retraités et plus d'argent pour les handicapés"
Dans la colonne de droite, au milieu, les propos polémiques
de l'ancienne ministre des Affaires étrangères
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Trois quotidiens nationaux en ont fait leur Une hier. Clarín a soigneusement évité de mettre une photo. Quant à La Nación, elle n’en parle même pas en une et il faut fouiller dans le site pour trouver l’article qu’ils ont publié.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12
lire l’article de Rosario/12, l’édition locale de Página/12, sur l’événement dans la province de Santa Fe
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín sur les prises de position des évêques
lire l’article de Clarín sur la manifestation de Plaza de Mayo
lire l’article de La Nación

jeudi 7 août 2025

A la Chambre, l’opposition fait son boulot : elle s’oppose [Actu]

"Quand j'entends le mot Université, je sors mes pistolets",
dit le gros titre sur cette image de nouvelles violences policières
En haut à droite, le scandale de la $Libra rebondit !
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Hier, la Chambre a voté contre douze décrets présidentiels qui récemment ont fermé des instituts culturels ou économiques et privé de financement divers autres organismes fédéraux. L’ensemble de l’opposition s’est unie pour l’occasion, de l’extrême gauche aux radicaux, en passant par les kirchneristes et les régionalistes.

Pour plusieurs votes, on a frôlé la majorité qualifiée, celle qu’il est nécessaire d’atteindre pour renverser un veto présidentiel sur une loi déjà votée mais non publiée au bulletin officiel. Jusqu’à présent, l’opposition n’avait pas pu trouver cette majorité qualifiée pour entraver les veto de Javier Mileí. Cette fois-ci, l’espoir est permis.

Les douze décrets présidentiels invalidés hier par la Chambre portaient sur la fermeture et la disparition plusieurs instituts nationaux dépendant du ministère de l’Économie, l’institut agricole couvrant les cultures et l’élevage (INTA), l’institut techno-industriel (INTI), l’institut de la propriété industrielle (INPI), l’institut des exploitations agricoles familiales (les petites exploitations), celui des semences ainsi que la Agencia Canabis, dont l’examen du décret a recueilli 141 voix contre et 65 pour, la disparition de l’organisme directeur du réseau routier et de la Sécurité routière (Vialidad Nacional) par 138 voix contre et 65 voix pour, celle de diverses institutions dépendant du secrétariat d’État à la Culture, dont l’Instituto Nacional del Teatro ainsi que les instituts de recherche historique et mémorielle consacrés entre autres aux généraux et pères de la Patrie San Martín et Belgrano, par 134 voix contre et 68 pour, la réforme, en vue de dégrader ses compétences et de le rendre inopérant, du Banco Nacional de Datos Genéticos, la banque d’ADN qui permet d’identifier les adultes enlevés à leur famille dans l’enfance sous la dictature militaire de 1976-1983, par 133 voix contre et 69 pour, la restriction draconienne du droit de grève rêvée par Mileí et la réforme du régime de la marine marchande par 118 voix contre et 77 pour, la disparition des subventions à la recherche universitaire par 159 voix contre, 75 pour et 5 « courageuses » abstentions et enfin l’élimination des subventions publiques pour l’hôpital Garrahan, un établissement pédiatrique public réputé doté d’un service d’urgence indispensable dans une région très peuplée comme celle de la capitale argentine. Ce dernier décret a été rejeté par 159 voix (contre 67 qui ont voté pour son maintien). Depuis la publication de ce décret, l’hôpital pour enfants était en ébullition : mettre ainsi en péril la santé des plus jeunes et jusqu’à leur survie suscite légitimement un puissant rejet d’une large partie de l’opinion publique.

Pour que ces votes aient force de loi et renversent définitivement les décrets de Mileí, il faut maintenant que le Sénat les invalide lui aussi à la majorité.

"Champions des dépenses", dit le gros titre en bleu
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Par ailleurs, la Chambre a confirmé les conditions de mise en place d’une commission d’enquête sur le scandale $Libra, la monnaie virtuelle que Mileí avait promue à travers ses réseaux sociaux, un vendredi soir, avant que cette crypto s’effondre d’un coup vers minuit, entraînant de juteux profits pour ses promoteurs et quelques autres initiés et la ruine de milliers d’épargnants en Argentine mais aussi dans d’autres pays hispanophones, dont les États-Unis où des Latinos ont mordu à l’hameçon. Les enquêtes sur ce scandale, du côté judiciaire comme du côté journalistique, tant en Argentine qu’aux États-Unis, connaissent d’ailleurs des avancées impressionnantes. C’est ainsi qu’hier, on apprenait que Julián Peh, l’entrepreneur prétendument spécialisé et tout aussi prétendument singapourien que Mileí avait reçu pendant les préparatifs du lancement frauduleux, s’est baladé partout en Argentine sous un faux nom, ce que personne n’avait encore détecté : la justice argentine a en effet reçu de Singapour une réponse négative à ses demandes d’information ; la Ville-État asiatique ne connaît personne parmi ses ressortissants du nom de Julián Peh. Le type pourrait bien en fait s’appeller Baï Qihao. Mileí, ce « brillant » économiste qui se présente comme docteur alors qu’il n’a jamais dépassé le niveau de la licence et qui se décrit volontiers comme le sauveur de l’Amérique latine, et son épouvantable frangine fricotent donc avec des escrocs confirmés !

Enfin, les députés ont rétabli le système de répartition de l’argent fédéral aux provinces que Mileí a menacé de supprimer avant d’annoncer qu’il la réserverait désormais aux seules provinces dont les gouverneurs se soumettent à ses ordres et soutiennent sa politique.

Et pendant que la Chambre votait, le président, reclus dans sa résidence de Olivos, en lointaine banlieue de Buenos Aires, éliminait le secrétariat d’État à l’Industrie et au Commerce, tandis que dans la capitale, la police réprimait les manifestants venus contester les décrets présidentiels débattus au même moment dans l’hémicycle. Balles en caoutchouc et lances à eau sont entrées en action sur la place et dans les rues adjacentes, faisant comme d’habitude des blessés parmi les citoyens et les journalistes venus faire leur travail.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12
lire l’article principal de La Prensa, dont la seule analyse est que les députés sont des vilains qui ne songent qu’à dépenser l’argent public. Pour un journal qui se prétend catholique, quelle honte !
lire l’article principal de Clarín
lire l’article principal de La Nación

mardi 5 août 2025

La semaine de San Cayetano [Actu]

Une de Cash dimanche dernier
avec un Mileí faussement christique
tel qu'il vient de se présenter
devant un think tank d'extrême-droite
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Depuis 1982, le 7 août, un grand pèlerinage, très encadré par les autorités diocésaines, conduit des foules denses un peu partout en Argentine vers les principaux sanctuaires de San Cayetano (pour nous, saint Gaëtan). En Argentine, il est le patron du pain et du travail. Au long des années, le pèlerinage s’est donc transformé en baromètre social puisqu’il rassemble tous les précaires du pays, les chômeurs, les travailleurs laissés pour compte, les retraités auxquels Mileí est en train de retirer le pain de la bouche, les sans-abris aussi, de plus en plus nombreux puisque des gens se font expulser de leur logement.

C’est aussi au cours de cette semaine que la Conférence épiscopale argentine célèbre ses journées de réflexion sociale avec, cette année, des ateliers très fournis en thématiques et en grands témoins.

Ces jours-ci, Página/12 consacre à ce sujet trois articles de fond. Pas les journaux de droite, qui sans doute feront quelques reportages pittoresques le 8 sur les rassemblements religieux de la veille, d’autant que cette année, ils s’accompagneront d’hommages au défunt pape François, qui sut si bien et si fort parler des laissés pour compte du monde capitaliste et du dérèglement économique croissant.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la marche de San Cayetano 2025
lire l’article de Página/12 sur le programme des journées sociales de l’Église
lire l’article de Página/12, dans le supplément économique Cash, sur la planification du chaos qu’est la politique anti-sociale menée par Mileí

48 heures de grève pour défendre la recherche scientifique [Actu]

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Les chercheurs du CONICET, l’équivalent en Argentine du CNRS en France, se mettent en grève pour protester une nouvelle fois contre les pertes abyssales de budget pour la recherche fondamentale et appliquée en Argentine sous le gouvernement Mileí, qui hait tout ce qui relève du savoir et de la culture et qui voit dans ces chapitres budgétaires des dépenses inutiles et parasitaires, alors qu’il s’agit d’investissements dans l’avenir et dans le prestige international du pays.

La femme : Comme ça, "tout marche selon le plan" ?
C'est un vrai désastre, oui !
Mileí : Eh, c'est ça, le plan.
Dessin à la Poutine de Paz et Rudy, le 3 août dernier
Traduction © Denise Anne Clavilier
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Lui qui, comme Trump, prétend vouloir rendre à son pays le rôle de puissance mondiale que, d’après lui, l’Argentine avait au début du 20e siècle. Pure fantaisie de sa part puisqu’il confond puissance politique et économique avec le ratio du produit intérieur brut par tête. Certes, ce ratio PIB par tête était très élevé vers 1900 d’autant que le pays était beaucoup moins peuplé qu’aujourd’hui, mais la répartition très inégalitaire de cette richesse nationale ne profitait qu’à quelques centaines de familles richissimes. Rien à voir donc avec la puissance politique et économique qu’un pays peut exercer, pour de toutes autres raisons d’ailleurs, à l’échelle de la planète. Vers 1900, il y avait deux grandes puissances à l’échelle mondiale, c’était la Grande-Bretagne et la France, qui s’appuyaient sur des empires coloniaux gigantesques et une présence sur tous les continents. Des pays comme l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, l’Empire russe, la Belgique (avec le Congo) et les Pays-Bas (avec une série de possessions dans le Pacifique) venaient derrière. L’Empire ottoman n’en était plus, ni l’Espagne, ni le Portugal, ni la Chine, ni le Japon. Quant aux États-Unis, ils n’existaient même pas encore sur ce type de carte.

Aujourd’hui, c’est surtout Página/12, le quotidien de gauche, qui s’intéresse à cette protestation des scientifiques. Au point d’en faire sa une.

Le gars derrière : T'as vu ? Il y a des scientifiques du Conicet
au fond de l'eau
Le petit devant : Ouais, comme la majorité des Argentins
Dessin des mêmes auteurs, paru hier à la Une de Página/12
Traduction © Denise Anne Clavilier
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Il se trouve que depuis quelques jours, une équipe d’océanographes a mis en ligne un streaming en direct et en couleurs des fonds marins du Mar Argentino, qui longe la côte atlantique du pays. Et ce que les Argentins découvrent au fond de leurs eaux territoriales les émerveille à juste raison. Faune, flore, coraux, minéraux, ce que nous montre la caméra du Conicet jour après jour est à tomber à la renverse. Le streaming fait donc un carton !

Mais l’expression populaire « estar en el fondo del mar » ou « estar bajo el mar » (être au fond de la mer) correspond aussi à notre « être sous l’eau » : les deux expressions décrivent une situation précaire et presque sans issue. Ce avec quoi Daniel Paz et Rudy n’ont pas manqué ces jours-ci de jouer dans leurs vignettes à la une de Página/12.

Demain ou après-demain, on verra bien comment le reste de la presse traite cette manifestation des chercheurs, toutes disciplines confondues. Pour l’heure, c’est l’indifférence partagée.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la manifestation, ses tenants et ses aboutissants
lire l’article de Página/12 reprenant une émission de la 750, la radio du groupe Octubre, sur le même sujet
lire l’article de La Prensa, seul journal de droite aujourd’hui à traiter cette information
lire l’article de La Nación sur l’un des poissons spectaculaires découverts à travers le streaming (il vaut le coup d’œil)
lire l’article de La Nación du 1er août sur la meilleure manière d’accéder au streaming

samedi 19 juillet 2025

Pour trouver des dollars, Mileí privatise le réseau d’eau potable [Actu]

"Envoie la flotte", dit le gros titre
avec l'étiquette "à vendre" qui pendouille
au robinet de la cour de la maison ou de l'immeuble
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Depuis des mois, de plus en plus empêtré dans différents scandales, Javier Mileí cherche à réalimenter l’économie argentine avec du dollar frais, puisqu’à l’inverse du discours officiel, l’économie du pays se porte très mal : les réserves sont très basses, le cours du dollar en hausse permanente, les PME industrielles et manufacturières ferment et licencient ou externalisent tout ou partie de leur production à l’étranger, les grandes enseignes internationales s’en sont déjà allées depuis un bon moment ou font planer le doute sur leur maintien dans le pays, le chômage sévit, la consommation s’est effondrée et ne se relève pas, comme on l’a vu de manière spectaculaire à la rentrée scolaire (en mars) et, plus récemment, lors de la fête des Mères puis celle des Pères, l’inflation résiste et, pour tâcher de le dissimuler, le gouvernement fait en vain modifier les listes de produits dont le prix est suivi par l’INDEC.

Il y a quelques mois, Mileí avait lancé l’opération du dolar-colchón (dollar-matelas), pour faire apparaître l’argent liquide conservé par des particuliers fortunés et le faire circuler dans l’économie officielle sans conséquence fiscale pour ces fraudeurs. En vain. Les billets verts n’ont pas montré le bout de leur nez.

Maintenant, avant les élections de mi-mandat, le président ne sait plus quoi faire pour sauver sa situation et éviter que les électeurs constatent l’échec de sa politique démente, aussi retentissant et rapide que prévisible. Il vient donc d’avoir l’idée, dont la nocivité a pourtant été prouvée il y a moins de trente ans, de privatiser la compagnie publique AySA, qui puise, traite et distribue l’eau potable dans tout le pays. Le président Carlos Menem, d'affreuse mémoire, qui avait précipité l’Argentine dans les faillites de Noël 2001, l’avait déjà fait dans les années 1990 et cela avait abouti à des pénuries en tout genre, dues à des détériorations du réseau faute d’investissement et à de l’eau non potable qui coulait au robinet...

Avec ce gouvernement de branquignols, d’affairistes corrompus et d’énergumènes vociférant sur les réseaux sociaux, on ne voit pas bien pour quelle raison cela se passerait mieux cette fois-ci !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

jeudi 17 juillet 2025

YPF : un scandale met la Chancellerie du Trésor dans de beaux draps ! [Actu]

"Des deux côtés de la barre", dit le gros titre
En haut à droite : le scandale de la cryptomonnaie
rebondit tous les jours. Cette fois, Mileí est fait !
(Il a promu la crypto-monnaie à partir de son compte Twitter,
mais comme l'aurait fait un particulier, s'est-il défendu.
Or dans une autre affaire, celle d'un jeune autiste, un gamin de 11 ans
 qu'il a insulté à travers le même compte Twitter, un juge a établi
que lorsqu'il s'exprime publiquement, le président est le président
et qu'il engage donc sa responsabilité publique).
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Alors que le président et la vice-présidente s’échangent des noms d’oiseau depuis le 9 juillet, date de la fête de l’Indépendance, voilà que la chancellerie du Trésor (Procuradoría del Tesoro de la Nación), département officiel qui este en justice au nom de la République argentine dans les affaires de gros sous, annonce faire le ménage dans ses rangs.

Une soixantaine de personnes sont limogées du jour au lendemain, soupçonnées d’avoir transmis des informations confidentielles à la partie adverse, l’un des deux fonds-vautour auxquels une juge locale new-yorkaise a récemment ordonné de livrer les 51 % du capital de la compagnie pétrolière nationale argentine, YPF, que possède l’État.

Pour La Prensa, une seule information dans ce dossier :
Trump se place du côté de l'Argentine
(pourtant avec la justice locale new-yorkaise,
ce n'est pas ce qu'il peut faire de mieux)
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Or, le titulaire de ce poste à haute responsabilité, Santiago Castro Videla, nommé en février dernier après le départ inattendu de son prédécesseur, exerçait antérieurement comme avocat dans un cabinet dont il était le dernier de trois associés (selon l’ordre dans lequel les noms apparaissent dans la raison sociale dudit cabinet). Or, avant février, ledit cabinet a été (ô surprise !) consulté par l’un des deux fonds-vautours. Le croiriez-vous si l’on vous disait qu’il s’agit de celui-là même qui aurait bénéficié des fuites dont Castro Videla fait porter le chapeau aux 60 nouveaux chômeurs cités plus haut.

Ce client très particulier aurait demandé à cet honorable cabinet d’avocats de Buenos Aires de lui expliquer le fonctionnement institutionnel argentin et le lien existant entre l’État et YPF. Le résultat du procès en première instance laisserait penser que les trois associés ont fourni du bon boulot et bien mérité leurs confortables honoraires.... Dans un pays civilisé, cela s’appelle un conflit d’intérêts. Pire encore : ce conflit d’intérêts n’est pas né du verdict de la juge new-yorkaise, il ne concerne pas uniquement la phase actuelle du procès avec ce recours en appel. Il date bien de la nomination au poste de directeur de la chancellerie. La presse, de gauche comme de droite, parle de « purge ».

Maintenant le bonhomme, qui a la tête idéale pour jouer les traîtres visqueux dans un film de série B dopé aux stéréotypes, tente de faire porter la responsabilité de ses actes et de ses propres trahisons envers son pays sur le personnel subalterne de son département, n’hésitant pas par là-même à affaiblir l’ensemble de la structure qui doit porter la défense de l’Argentine devant la cour d’appel locale new-yorkaise. Non content de réduire les effectifs qui peuvent s’atteler à cette tâche lourde et complexe, il va désormais faire travailler tout le monde dans la terreur d’une nouvelle rumeur entraînant une autre vague de limogeage. Le meilleur moyen sans doute pour rendre tous ces juristes et les agents administratifs qui les assistent plus efficaces… Castro Videla ne s’y prendrait pas autrement s’il voulait que l’Argentine perde son procès. Surtout quand on sait que, depuis de nombreuses années, la justice des États-Unis est fort peu respectueuse de la souveraineté des autres États, qu’elle s’est octroyé en bien des domaines une compétence extra-territoriale exorbitante et qu’elle n’hésite jamais à favoriser toujours et en toutes circonstances les intérêts publics et privés des États-Unis et/ou de ses entreprises et/ou de ses citoyens et le reste de la planète peut bien aller au diable. Et pour faire bonne mesure, le bonhomme annonce aussi qu’il supprime l’institut qui formait les avocats de l’État. Comme cela, n’importe qui va pouvoir exercer ces fonctions qui requièrent pourtant une spécialisation technique.

"YPF : clin d'œil des Etats-Unis et plainte
pour une fuite de données en faveur du Fonds Burford"
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Cependant, dans la politique des petits copains qui règne dans les deux pays, tout comme Trump s’était entremis auprès du FMI pour que celui-ci accorde un prêt disproportionné et hors des règles statutaires à l’Argentine que présidait alors son prétendu pote Mauricio Macri alors en lice pour un second mandat (qu’il n’a pas obtenu), le même Trump, second mandat cette fois-ci, a annoncé qu’il allait, avec sa qualité de président des États-Unis, ester devant la cour d’appel de New-York, en soutien de l’Argentine, dirigée désormais par un membre de son fan-club ! C’est pas mignon, ça ?

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12, le plus fouillé et le plus accusateur de tous
lire l’entrefilet (de deux paragraphes) de La Prensa
lire l’article de Clarín, dont on sent les doutes sur la bonne foi de Castro Videla
lire l’article de La Nación, elle aussi assez circonspecte
On atteint une étape du mandat où quand c’est trop gros, c’est trop gros.

vendredi 11 juillet 2025

Alberto Fernández sera aussi jugé pour prévarication [Actu]

Alberto Fernández, debout, lors de la présentation publique
d'une assurance réservée aux pompiers bénévoles


L’ex-président Alberto Fernández, prédécesseur immédiat de Javier Mileí, vient d’être formellement inculpé de « négociations incompatibles » avec sa fonction présidentielle. Página/12, qui réserve son article sur le sujet à ses abonnés, évoque déjà un acharnement judiciaire de type lawfare, comme celui subi par Cristina Kirchner ou Lula au Brésil. Cependant, la situation est différente.

Ce qui est reproché à Alberto Fernández est documenté de manière difficile à contester. Tout est parti d’une constatation : le régime d’assurance protégeant les organismes d’État ont été confié à un courtier qui n’était autre que le mari de la secrétaire particulière du président. Il y avait là une incompatibilité qui n’a pas pu échapper à l’analyse du professeur de droit pénal qu’est Alberto Fernández. Au mieux, on peut parler d’une imprudence, en étant très très généreux avec lui !

Qui plus est, il s’agissait d’un ami personnel du président, une amitié qui est largement prouvée par des photos, des vidéos, des échanges écrits entre les deux hommes, dont des SMS et des messages Whatsapp.

Dernier élément, on a pu constater que la fortune du courtier a augmenté de manière considérable pendant les quatre ans de la présidence de son ami.

Alberto Fernández devra donc expliquer pourquoi et comment il a autorisé ces manœuvres et fera sans doute face à des accusations d’enrichissement personnel, même si pour le moment rien ne le confirme. Les journalistes remarquent que les magistrats l’ont laissé libre, semblant penser qu’il aurait pu partir en détention provisoire. La justice a de toute manière place une partie de son patrimoine sous embargo pour s’assurer qu’il n’échappera pas à son procès. D’autant qu’il va falloir lui accorder le droit de sortir du pays pour aller rendre visite à son fils, mineur, qui vit avec sa mère en Espagne, or l’ex-Première dame, qui a porté plainte contre lui pour violences conjugales, refuse de rentrer en Argentine parce qu’elle ne peut plus supporter l’idée qu’il vit à proximité d’elle. Et ce sera donc là un autre procès, d’une nature bien différente, mais cette affaire qui relève de la vie sentimentale, sans rapport avec l’exercice du mandat, éclaire déjà d’une lumière accusatrice les autres soupçons qui pèsent sur lui, même si les uns et les autres n’ont pas de lien judiciaire.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mercredi 9 juillet 2025

Les choses ne doivent pas aller aussi bien que le dit Mileí. La preuve par Carrefour ! [Actu]

Publicité de Carrefour Argentina sur sa page Facebook
"Avec qui partagerais-tu ces plats d'hiver?
D'accord pour un mijoté de lentilles ?
Toujours"


En 2024, Carrefour avait fait des investissements importants en Argentine, à hauteur de 300 millions de dollars, pour ouvrir 90 nouveaux magasins dans le pays. Mais au milieu de l’année suivante, l’enseigne française constate que la consommation reste atone. L’enseigne vient donc d’annoncer qu’elle cherchait un associé pour son réseau argentin ou bien un repreneur.

L'info est à la Une tout en bas, à gauche
Le journal vient d'augmenter son prix
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Il y a quelques années, à peu près en même temps qu’il l’a fait en France, Carrefour a déployé tout un réseau de supérettes, Carrefour Market, qu’il a déployé en rachetant à tour de bras les magasins de petits épiciers de quartier.

Carrefour s’apprête à quitter l’Argentine comme l’ont déjà fait une vingtaine de grandes entreprises internationales implantées là-bas. Si bien implantées qu’elle fait fabriquer une large gamme de produits alimentaires typiques des habitudes locales : yerba mate, huiles, biscuits, fromages, charcuteries, pâtes fraîches, aides culinaires, dulce de leche, etc.

1500 produits Carrefour au prix du mois de mars, jusqu'en août
0% d'inflation
dit le bandeau de la page Facebook de l'enseigne en Argentine
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A part ça, tout va bien en Argentine, prétendent le gouvernement et les journalistes français qui n’ont jamais mis un pied là-bas. L’inflation est en voie de disparition (pour vous en persuader, regardez sur les Unes évoluer le prix des journaux) et les consommateurs sont déjà à la fête. Mais Carrefour se barre !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

L’article de Página/12 est réservé aux abonnés.

mardi 8 juillet 2025

Démantèlement de l’agence nationale du réseau routier et de la Sécurité routière [Actu]

Bandeau Facebook de Vialidad Nacional
Vue de la route 52 à Jujuy, dans les Andes


Après la libération du marché des armes, voici que la Sécurité routière est emportée à son tour par le raz-de-marée libertarien provoqué par Javier Mileí et consorts.

Quant aux routes nationales, elles cessent d’être publiques et de dépendre de l’État. Elles seront privatisées et deviendront donc payantes très bientôt. Dans un pays grand comme cinq fois la France et qui a perdu, depuis la libéralisation des années Carlos Menem (1990-1999), le magnifique réseau ferroviaire qu’il s’était construit depuis la fin du 19e siècle !

Pour relier les régions les unes avec les autres, il ne reste donc plus que l’avion, hors de prix pour beaucoup et loin des villes pour tout le monde, et la route, en voiture particulière ou en car grande ligne, ce dernier service ayant lui aussi subi, il y a quelques mois, une dérégulation costaude : désormais n’importe qui peut en effet s’improviser patron de compagnie de transport de passagers du moment qu’il possède au moins un car et le permis de conduire valable pour cette catégorie de véhicule. Il n’a pas besoin d’apporter de garanties financières ni même d’avoir un casier judiciaire vierge ! Et c’est la même chose pour les chauffeurs.

Le gouvernement a justifié cette double suppression par la condamnation de Cristina Kirchner et ses co-inculpés, condamnation qui porte précisément sur des malversations réalisées (ou non) par l’entremise de l’agence nationale du réseau routier. La suppression de celle-ci aurait donc pour objectif « de mettre fin à la corruption dans les travaux publics ».

Sur les 5 000 salariés que compte actuellement l’agence, on suppose qu’environ 3 000 vont perdre leur emploi. Un total de 9120 km de route va être livré à des concessionnaires qui feront leur beurre sur l’asphalte.

Les fonctions régaliennes (si l’on peut les désigner ainsi) exercées par les deux agences passeront dans un cas au Ministère de l’Économie et dans l’autre aux forces de l’ordre, placées sous la tutelle de Patricia Bullrich, qui récupère beaucoup de choses en ce moment.

C’est une catastrophe qui s’annonce, avec un réseau routier qui va se dégrader très vite (c’est toujours le cas lorsque le privé prend quelque chose en charge en Amérique du sud) et des accidents qui vont s’accumuler comme on le voit déjà avec les cars qui versent, partent dans le fossé ou entrent en collision avec d’autres véhicules plus souvent qu’auparavant.

L’Argentine donne l’impression de partir en miettes.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación


Une de l'édition de La Plata de Página/12 du 9 juillet :
"Le bon marché est cher", dit le gros titre
Sur l'affiche officielle, on lit sur fond rouge
"Travaux paralysés par le gouvernement national"


Mise à jour du 9 juillet 2025 :
lire cet article de Página/12 édition de Rosario sur le retrait de l’investissement national dans les infrastructures tel que le perçoit le ministre de l’Économie de la province de Santa Fe
lire cet article de Página/12 édition de La Plata sur les modalités et les effets de ce retrait dans la province de Buenos Aires, la plus peuplée du pays
lire cet article de La Prensa sur les accusations que les syndicats portent contre le gouvernement qui met en place des « routes de la mort »

"Sans contrôle", dit la Une de l'édition de Rosario
de Página/12, le 9 juillet
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lundi 7 juillet 2025

L’Argentine façon Texas ou Colorado [Actu]

En français, pour rendre l'effet de l'expression
idiomatique qui sert de gros titre, on pourrait traduire :
"Ma Dalton" sur cette photo de la ministre Patricia Bullrich
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C’était l'une de ses promesses électorales : Mileí voulait libéraliser la vente d’armes, puisque les armes, après tout, c’est comme les bonbons, c’est des produits qui se vendent.

Il est en train de passer aux actes. Il a commencé à baisser l’âge minimum pour l’achat d’une arme, qui est passé au début de son mandat de 21 à 18 ans. Maintenant, il supprime l’organisme d’État qui contrôlait et enregistrait les permis de port d’arme et leur possession effective chez les particuliers, l’Agence nationale des matériels contrôlés (ANMAC), pour faire renaître un organisme antérieur qui avait prouvé son manque d’efficacité, le RENAR (Registro Nacional de Armas).

Le RENAR new-look dépendra du ministère de la Sécurité, dirigé par Patricia Bullrich, la créatrice de la doctrine Chocobar, qui prétend que tout policier qui fait usage de son arme est a priori considéré comme en légitime défense, ce qui inverserait la charge de la preuve (cela reste un slogan, la loi n’a pas évolué à ce propos). Selon le décret signé par Javier Mileí, le RENAR n’aura aucune compétence pour contrôler la détention des armes, il ne fera qu’enregistrer leur existence et leurs propriétaires.

C’est un demi-siècle de patient travail législatif pour discipliner la vente, la détention et l’usage des armes que le président entend envoyer en l’air.

Les associations qui luttent contre le développement de la violence dans la société argentine sont vent debout et font pression sur les parlementaires pour qu’ils annulent le décret présidentiel. Davantage d’armes en circulation, c’est plus de suicides, plus de féminicides, plus de meurtres en général et un risque considérable de voir arriver sur le sol argentin les meurtres de masse comme ils existent aux États-Unis dans les écoles, les universités, les centres commerciaux et en général partout où du monde se rassemble et où un dingue peut tirer dans le tas pour faire des morts.

Aujourd’hui, Página/12 semble le seul quotidien à s’émouvoir de ce décret.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12