dimanche 1 mars 2020

Les adieux de Tabaré Vázquez [Actu]

"Tabaré : symbole des rêves partagés"
(Remarquez l'utilisation du prénom en signe d'affection populaire)


Hier, 29 février 2020, le président uruguayen Tabaré Vázquez a pris congé de ses fonctions de chef d’État à la veille de la prestation de serment de son successeur et adversaire politique, Luis Lacalle Pou (droite réunie en coalition).

Auparavant, il avait accueilli le roi d’Espagne, arrivé hier. Aujourd’hui, arriveront les chefs d’État de la région ou leurs représentants. Alberto Fernández (Argentine), qui doit inaugurer aujourd’hui la nouvelle session du Congrès, envoie son ministre des Affaires étrangères, Felipe Solá.

Conformément à la tradition, à la fin de la célébration, il s’est vu remettre le drapeau national par le chef de sa garde militaire, issu du régiment des Blandengues, une unité de cavalerie très ancienne puisqu’elle fut fondée pendant la période coloniale et qui sert aujourd’hui d’escorte présidentielle (1).

Photo Leonardo Carreño pour El Observador
En arrière-plan, on voit un drapeau datant de la guerre d'indépendance :
celui de la Ligue des Peuples libres (Liga de los Pueblos Libres, dite aussi Liga Federal)
dirigée par José Artigas, le père fondateur de l'Uruguay

Beaucoup de militants de gauche s’étaient réunis pour applaudir celui qui avait porté la première politique sociale de l’histoire nationale il y a quinze ans au début de son premier mandat. Il a promis de continuer à militer dans les comités de base du Frente Amplio et a gardé tout au long de la cérémonie le haut degré de dignité qui ne l’a jamais quitté tout au long de ses deux présidences. Le même jour, son successeur a déjà montré sa différence en se la jouant gaucho dans un flot de clichés « campagnards »… On verra cet après-midi comment se passe la cérémonie de passation de pouvoir.

Pour aller plus loin :
lire le supplément d’hommage mis à disposition en ligne par La República
En Argentine : lire l’article de Página/12, qui déplore la fin de 15 ans du Frente Amplio au pouvoir de l’autre côté du Río de la Plata.



(1) Pour l’anecdote, le plus jeune des nombreux frères et sœurs de Manuel Belgrano, Agustín Leoncio, servait dans ce régiment au moment où la révolution a éclaté à Buenos Aires, le 25 mai 1810. Il est mort, sans que l’on sache de quoi, quelques jours après le 25 mai. Comme vous pouvez le voir sur la photo, l’uniforme a été reconstitué plus tard et les retroussis du début du 19e siècle (qui servaient à transporter les cartes d’état-major) ont été remplacés par de simples losanges rouges. Anachronisme fréquent en uniformologie sud-américaine lorsque les pays ont reconstitué les uniformes anciens. La même chose est arrivée en Argentine avec l’uniforme des Grenadiers à cheval (escorte présidentielle, là aussi).