mercredi 10 décembre 2025

Le Cuarteto de Córdoba est inscrit au Patrimoine de l’Humanité [Actu]

Dessin de Chumbi pour La Voz du 10 décembre 2025
Tunga tunga est l'onomatopée qui désigne le cuarteto
comme tchan tchan (en espagnol chan chan) symbolise le tango
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Hier, à New-Delhi, l’UNESCO a voté pour inscrire au Patrimoine immatériel de l’UNESCO une expression artistique populaire née en 1943 à Сórdoba, dans le centre historique et géographique de l’Argentine, et qui y est resté très présent depuis sans se diffuser outre mesure dans le reste du pays : le cuarteto, qui est une danse, une musique et tout un répertoire de chansons.

La Mona Jíménez (photo de Fernando de La Orden, pour Clarín)

Ce vote vient enrichir le catalogue des contributions argentines à ce vaste patrimoine qui avait déjà intégré la voix de Carlos Gardel, dont on célébrera l’anniversaire de naissance demain, le tango et le chamamé (genre musical du nord-est de l’Argentine et que la région partage avec le nord de l’Uruguay, le Paraguay et la pointe sud du Brésil).

Leonor Marzano est considérée comme l'une des créatrices du genre

Les artistes et un certain nombre de médias ont manifesté leur fierté ce matin. Un peu partout, on retrouve la présence du plus médiatique représentant actuel du genre, La Mona Jímenez, un chanteur exubérant qui a décidé de jouer de sa laideur en se produisant sous un nom qui se traduit « la guenon Jímenez ».Malgré cette présence écrasante, l’histoire du genre n’est pas oubliée et d’autres figures historiques du genre sont aussi mise à l’honneur.


La Une du quotidien régionale
Maintenant, le Cuarteto appartient au monde entier
Sur la photo, une personnalité locale prend un selfie
devant la statue de Potro Rodrigo Bueno (1973-2000),
l'un des grands noms du genre
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Le gouvernement lui-même, qui se fiche pourtant comme de l’An 40 de tout ce qui relève de la culture populaire dans le pays, s’est fendu d’un communiqué sur le site officiel de la Culture, reléguée par Mileí au rang de simple secrétariat d’État au sein de ce fourre-tout qu’est le ministère du Capital Humain, ce que la Academia Nacional del Folkore n’a pas encore fait à l’heure où je publie.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

dans la presse de diffusion nationale
lire l’article de Página/12, qui, curieusement, n’a mis l’info sur aucune de ses Unes du jour (je m’attendais à voir quelque chose d’important sur la première page du supplément culturel quotidien Cultura & Espectáculos, mais rien)
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
à Córdoba :
lire les articles de La Voz, le principal quotidien local
lire l’article de Canal C, la chaîne de télévision provinciale
au niveau institutionnel :
lire le communiqué du gouvernement
lire le communiqué (en espagnol) de l’UNESCO
Aucun communiqué de la Province n'était disponible au moment où je rédigeais cette information.

Les importations détruisent le tissu industriel du textile argentin [Actu]

"Plus personne ne coupe le tissu", dit le gros titre
Comprenez "Il n'y a plus de pain sur la planche"
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Le gouvernement de Javier Mileí, sous prétexte de liberté d’entreprendre et au nom du principe « que le meilleur gagne », a ouvert tout grand les frontières de l’Argentine pour laisser entrer toutes sortes de produits industriels, dont beaucoup viennent, directement ou indirectement de Chine.

Le résultat ne se fait pas attendre : l’industrie argentine s’effondre puisqu’elle produit à des coûts plus élevés, dus à la protection, désormais toute relative, des travailleurs. Bref, le schéma que l’Europe a connu et pratiqué, ce dont tous nos pays se mordent les doigts vingt à trente ans plus tard, s’applique maintenant à l’Argentine et tout disparaît au fur et à mesure.

Après le secteur laitier, c’est aujourd’hui le sort de l’industrie textile qui attire le regard de la presse.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12, dans son supplément de Rosario
lire l’article de Clarín

lundi 8 décembre 2025

Requiem pour la science en Argentine [Actu]

"Sans la science, il n'est pas de futur", dit
la pancarte de la manifestante.
Le masque à gaz est une référence à un classique
de la science-fiction argentine, la bande dessinée El Eternauta,
portée récemment à l'écran avec un grand succès
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Le gouvernement argentin vient d’annuler tous les appels à concours annuels pour les projets scientifiques qui doivent être financés par l’État, comme c’est le cas dans tous les pays civilisés.

Cela veut dire qu’en 2026, il n’y aura pas de nouveaux projets de recherche en Argentine, pays qui se classe au premier rang en Amérique du Sud pour ce qui est de la science et de l’économie de la connaissance.

Il est inutile de dire que cette décision est catastrophique puisqu’elle obère l’avenir du pays. Elle va sans doute accentuer la fuite des cerveaux et faire entrer encore davantage les chercheurs argentins en concurrence avec leurs homologues des États-Unis, lesquels se cherchent eux aussi une porte de sortie au Canada, en Europe, en Océanie, au Japon ou en Corée du sud… Peut-être le Brésil pourra-t-il accueillir quelques voisins.

A cela s’ajoute le fait que le gouvernement n’applique pas la loi de financement universitaire sur laquelle le président Javier Mileí avait posé son veto mais qui a été remise en selle par le Congrès, qui l’a approuvée une nouvelle fois, ce qui rend le veto présidentiel nul et non avenu… à condition que l’Exécutif respecte la constitution. Ce qu’il n’a pas l’intention de faire.

Cela conduit à des premières décisions d’universités qui annoncent d’ores et déjà que les cours ne reprendront pas à la rentrée de mars prochain, après les vacances d’été, faute de budget.

Dans la presse quotidienne nationale, seul Página/12 semble se soucier de cette crise pourtant majeure, à court, moyen et long terme.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la suppression des concours scientifiques
lire l’article de Página/12 sur la non-rentrée programmé à la UTN, l’université technologique nationale. Autant de techniciens et d’ingénieurs qui manqueront sur le marché du travail et pmour le développement souverain du pays lorsque le cauchemar actuel aura enfin pris fi


En Argentine, ça tourne au casino selon un Nobel d’Économie [Actu]

"L'Argentine s'est mise dans un grand pari de casino",
dit le gros titre
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La semaine dernière, Cash, le supplément hebdomadaire de Página/12, publiait l’analyse de la situation de l’Argentine par le Prix Nobel d’économie états-uniens Joseph Stiglitz.

Une analyse passablement pessimiste comme on peut l’imaginer venant de ce chercheur qui valorise la régulation de l’économie par le politique, donc la volonté des peuples, afin que le monde ne tourne pas au vert, celui de jungle ou celui de la table de casino au choix, destin qui semble bien attendre l’Argentine sous la présidence toxique de Javier Mileí.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Cash du 30 novembre 2025

vendredi 5 décembre 2025

La Cour Suprême s’est prononcée en faveur des restaurants sociaux [Actu]


Il y a presque deux ans, juste après l’investiture du président Javier Mileí, le gouvernement argentin a cessé de distribuer aux restaurants sociaux du pays (comedores) des vivres comme il en avait l’habitude pour soutenir en nature ces initiatives locales qui viennent au secours des plus démunis d’une manière décentralisée et proche du terrain.

Malgré de vives protestations dans tout le pays, la ministre du Capital Humain, lequel recouvre tous les champs d’action de l’État dont Mileí se contrefiche (l’éducation, la santé, la culture, entre autres), est restée inflexible, allant jusqu’à laisser perdre les denrées stockées dans deux immenses hangars dans deux sites distincts plutôt que de les distribuer à ceux qui en auraient eu besoin.

Cette femme sans cœur, cynique et qui n’a que du mépris pour les gens est allée jusqu’à prétendre que ces réserves avaient été constituées (par le gouvernement précédent, il ne pouvait pas en être autrement) pour pallier aux problèmes logistiques en cas de grande catastrophe. Or précisément, une grande catastrophe s’est produite pendant l’été austral 2023-2024 : des inondations phénoménales qui ont ravagé de grandes zones agricoles dans le nord du pays, ont fait plusieurs morts, des blessés et de très nombreux sans-logis. S’il y avait donc une occasion de répartir ces vivres, c’était précisément celle-là mais la ministre comme le président n’ont pas bougé le petit doigt en faveur des sinistrés.

Sans parler des ravages volontairement provoqués par la politique anti-sociale de Mileí qui, du jour au lendemain, a jeté à la rue beaucoup de gens, employés de l’État en premier lieu puis travailleurs du secteur privé payant les conséquences de la disparition des services d’État, tous rendus soudain incapables d’assurer un certain nombre de dépenses de leur vie courante (eau, gaz, électricité, téléphonie, carburant, loyer, transports, traites diverses et variées, voire tout simplement alimentation du mois).

Les associations se sont donc adressées assez rapidement à la justice et le ministère a fait traîner les affaires autant qu’il a été possible, allant jusqu’à solliciter la Cour suprême sur un arrêt de cour d’appel lui enjoignant de procéder à la distribution en respectant des conditions d’équité pour toutes les provinces et toutes les organisations, y compris celles relevant de courants politiques d’opposition. Or la ministre avait d’abord fait semblant d’exécuter une première décision de justice en distribuant une petite quantité de denrées aux institutions animées par des gens ouvertement de droite et uniquement à elles.

La Cour suprême (qui ne compte plus que trois membres depuis plusieurs années et penche pourtant nettement à droite) vient enfin de se prononcer : elle a validé l’arrêt de la cour d’appel. La ministre doit donc procéder maintenant à la distribution de toute cette nourriture qui attend dans les deux hangars et il faut espérer que la majeure partie en est encore consommable car des dates de péremption ont été dépassées à coup sûr pour plusieurs catégories d’aliments. Il va falloir suivre avec attention les opérations à venir car ce gouvernement a montré qu’il avait à cœur de ne pas respecter les décisions de justice. Il a en effet une très fâcheuse tendance à imiter le comportement ouvertement illégal et inconstitutionnel de l’administration Trump, lequel se comporte en parrain (au sens mafieux du terme) de son homologue argentin, lequel ne cache pas la fierté qu’il en tire, jetant pour se faire la souveraineté de son pays aux orties.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 10.12.25 :
lire cet article de Página/12 sur les comedores de la Province de Buenos Aires, qui témoignent de la dégradation socio-économique locale selon un rapport récent de la Universidad Nacional de La Plata, l’une des premières universités du pays.

"La liberté de ne pas manger", dit le gros titre
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lundi 1 décembre 2025

Les fantômes académiques sont au rendez-vous ce soir [à l’affiche]


Ce soir, lundi 1er décembre 2025, à 18 h, alors que la saison se termine avec l’année en Argentine, la Academia Nacional del Tango présente ses fantômes grâce au livre écrit par deux académiciens, Walter Piazza et Angel Mario Herreros. Au premier rang des fantômes du bouquin, le Maestro Horacio Ferrer, poète et historien du tango, dont le profil se découpe sur le visuel de la soirée, le premier président et surtout le fondateur de l’institution.

Coup de cœur pour moi puisque Walter est un ami de très longue date et qu’il est aussi celui sans qui l’institution cesserait de tourner… Une pensée émue aussi pour Horacio Ferrer, que j’ai eu l’immense chance de connaître et qui m’a accordée son attention pleine de tact et d’affection.

Les deux auteurs présenteront leur ouvrage. Et comme tous les premiers et troisièmes lundi du mois, cette soirée institutionnelle est ouverte à tous.

Entrée libre et gratuite, dans les locaux hantés, Avenida de Mayo, 833, 1er étage !

© Denise Anne Clavilier