lundi 13 avril 2020

Les espions de San Martín avaient de l’humour et du talent ! [Humour]

Avant le confinement, le CECUPE (Centre culturel du Pérou) avait entamé la préparation du bicentenaire de l’indépendance du pays sous le nom de Camino al Bicentenario. En partenariat avec le Souvenir Napoléonien, je devais à la fin du mois de mars donner une conférence sur les deux phases de la campagne d’émancipation continentale de San Martín (1) à la Fondation Napoléon à Paris. Ce n’est que partie remise mais quand ? Cela reste un mystère et cela risque d’en rester un pendant encore assez long temps puisque l’épidémie est longue à se résorber.


Vue de Lima depuis le terrain de tauromachie,
par Fernando Brambila, en juin 1793 
(3)

Dans cette geste sanmartinienne qui a marqué l’histoire de l’Argentine, du Chili et du Pérou, la guerre psychologique a joué un rôle crucial pour que la cause révolutionnaire finisse par abattre l’Ancien Régime : le général San Martín (1778-1850) a su manipuler le vice-roi du Pérou, le dernier fonctionnaire impérial à défendre le système colonial vermoulu dix ans après le début de la révolution sud-américaine, don Joaquín de La Pezuela (1761-1830), un officier général qui affichait de très beaux états de service au feu.
C’est lui en particulier qui infligea ses plus cruelles défaites à Manuel Belgrano (2), à Vilcapugio, le 1er octobre 1813, et à Ayohuma, le 14 novembre de la même année, sur un haut-plateau, à 4.000 d’altitude, dans l’actuelle Bolivie qu’on appelait encore le Haut-Pérou. En récompense, Pezuela fut nommé vice-roi de Lima en 1816 et San Martín s’efforça alors de lui faire prendre des vessies pour des lanternes afin d’affaiblir la résistance de l’armée royaliste qu’il risquait de rencontrer d’abord au Chili (1817-1818) puis au Pérou (1820-1821).

Pezuela à Lima alors qu'il était vice-roi
Tableau de Juan Jayo y Mariano Carrillo,
conservé au Museo Nacional de Arqueología,
Antropología e Historia del Perú (Lima)

Dans cette guerre de sape (guerra de zapa), San Martín avait des agents sur place qui ne ménageaient pas leurs efforts pour discréditer le pouvoir vice-royal. Pendant le siège de Lima, qu’il mena de sorte à ce que les Limègnes se rendent à sa politique par raison plutôt qu’à la suite d’un combat sanguinaire qui aurait saigné la région tout en renforçant les résistances idéologiques des Péruviens, ses espions, des résistants de l’intérieur, tous républicains convaincus, firent tourner en bourrique les autorités civiles, militaires et religieuses en place à Lima.

Voici, ci-dessous, l’une de leurs opérations rapportée dans le journal de l’expédition libératrice du Pérou, qui était partie le 20 août 1820 du port de Valparaíso, à 90 km de Santiago du Chili, et présentée dans San Martín par lui-même et par ses contemporains, que j'ai publié aux Editions du Jasmin (cliquez sur les deux images pour une résolution de lecture).

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Pendant le confinement, vous pouvez continuer à acheter mes livres en vous adressant à des librairies de quartier, puisqu’un certain nombre d’entre elles ont mis en place des services de commande-livraison, ou au portail Les Libraires.fr fondé à l’instigation des grandes institutions du secteur du livre en France (4) et, à défaut de ces deux solutions, en passant par l’éditeur, qui pourra vous guider dans vos démarches (www.editions-du-jasmin.com).




San Martín par lui-même et par ses contemporains est disponible en format papier et en format numérique.



(1) Cette année, l’Argentine comme le Pérou commémore les 160 ans de la mort de San Martín, qui a rendu son dernier souffle, le 17 août 1850, à Boulogne-sur-Mer. La maison où il habitait est devenu un musée argentin placé sous les ordres de l’ambassadeur.
(2) Voir Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine, que j’ai publié en début d’année aux Éditions du Jasmin (France) et qui a été présenté à l’Ambassade argentine le 27 février 2020, en partenariat avec l’Instituto Nacional Belgraniano et le Souvenir Napoléonien.
(3) Fernando Brambila était un peintre italien qui embarqua en 1789 dans l’expédition maritime autour du monde commandée par Alejandro Malaspina, une expédition scientifique qui devait rivaliser avec celle de La Pérouse et qui rentra à Cadix à la fin de l’année 1794. Comme l’Espagne était alors engagée dans la guerre de la Première Coalition, le trésor des documents rapportés ne fit pas l’objet d’une publication du vivant des participants. Cette documentation géographique, géologique, ethnographique, botanique et zoologique est aujourd’hui conservée au Museo Naval de Madrid, qui en a publié un catalogue critique en cinq tomes, disponible sur le site culturel du ministère de la Défense espagnol.
(4) Pour éviter qu’Amazon détruise le marché dans notre pays et tue notre vitalité et notre diversité culturelle.