Caricature signée Alfredo Sábat, parue ce matin dans Clarín Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Hier après-midi, abandonnant les affaires d’État en suspens, toujours incapable de bâtir un consensus parlementaire sur ses réformes, Javier Mileí s’est envolé pour Madrid à bord d’un avion de la flotte présidentielle afin d’assister à un meeting électoral du parti franquiste et anti-européen Vox, fruit d’un schisme récent au sein de la droite constitutionnelle, le Partido Popular.
Mileí qui prétend se rapprocher
de l’Union européenne contre l’UNASUR, dont il veut retirer
l’Argentine, et qui voudrait que son pays intègre l’OTAN (sic)
va donc participer à un meeting où les institutions de l’Union
vont se voir copieusement conspuer et qui va appeler les Espagnols à
lutter contre toute cette « perte » de « souveraineté »,
que symboliserait le drapeau azur à ronde étoilée, et de
« grandeur » de je ne sais quelle Espagne « fidèle
au Christ », allant des Rois catholiques au Généralissime.
Toute cette démarche miléienne est incohérente au dernier degré
mais cela semble le cadet des soucis du président argentin. Pour une
raison dont j’ignore les tenants et les aboutissants, Meloni et
Orban, qui étaient invités, se seraient décommandés. Mileí
devrait donc être le seul chef d’Exécutif étranger présent à
ce rassemblement de la campagne pour l’élection du Parlement
européen. Président en fonction d’un pays d’Amérique du Sud,
il se mêle donc de ce qui ne le regarde pas.
En haut, la photo de Abascal sur fond de drapeaux espagnols Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Le 10 décembre à Buenos Aires, Santiago Abascal, le président de Vox, était la seule personnalité politique espagnole présente à l’investiture de Mileí. A côté de Bolsonaro, il était d’ailleurs en « charmante compagnie ».
Mileí doit aussi profiter de ce
séjour, qui se poursuivra jusqu’à dimanche inclus, pour
présenter, avant Buenos Aires, son nouveau livre dont Planeta a
pourtant retiré du marché l’édition espagnole à la suite du
scandale déclenché par le rabat de l’ouvrage qui présentait des
informations biographiques mensongères (Mileí usurpait certains
titres universitaires).
Présenté comme un voyage du président ès qualité, ce séjour en Espagne ne comporte aucun rendez-vous avec aucune des autorités constituées du pays. Quelle indélicatesse diplomatique ! Mileí ne verra ni Pedro Sánchez, qu’il méprise et qu’il hait peut-être aussi, ni le roi (qu’il ne doit pas avoir en très haute estime) ni aucun ministre ou parlementaire espagnol. Il ne verra que l’ambassadeur argentin ! C’est bien maigre pour un déplacement aussi lointain et supposé revêtu d’un caractère officiel, surtout lorsque l’on considère que c’est au moins la troisième fois en six mois que Mileí se permet ainsi, sur le trésor public, d’aller se balader dans le monde sans aucun enjeu diplomatique, pour le seul plaisir de cultiver, à l’étranger, ses engagements idéologiques personnels ultra-capitalistes, anti-sociaux et passablement anti-démocratiques, et de s’adonner complaisamment, en compagnie de sa frangine, au culte de soi (il a déjà reçu, notamment aux États-Unis, des prix décernés par des institutions privées confidentielles qui semblent avant tout à se servir de sa vanité pour développer leur notoriété).
Et pourtant, il paraît que « no hay plata » (il n’y a pas d’argent).
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa
lire l’article de La Nación
lire l’éditorial de La Nación qui s’intéresse aux questionnements de la presse états-unienne sur la conduite à tenir pour rester fidèle à la démocratie devant le risque de réélection de Trump et qui prend visiblement ces réflexions pour les siennes devant un président argentin dont le comportement apparaît de plus en plus comme dangereux pour l’ordre démocratique.
"Le livre le plus cher du monde", prétend le titre du volume en or, eu égard au prix du voyage de promotion réalisé par son auteur mégalomane Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Ajouts du 18 mai 2024 :
lire cet article de La Prensa (journal catholique réactionnaire) sur la plainte posée par l’extrême-gauche trotskyste contre le président et ses dispendieux voyages privés déguisés en missions officielles