samedi 15 novembre 2008

Noche de los Museos : autour de Benito Quinquela Martín [à l’affiche]

Une oeuvre de Quinquela, collection du Museo de Artes del Tigre (Province de Buenos Aires)

La Noche de los Museos (nuit des musées) est une nocturne spéciale au cours de laquelle la quasi-totalité des 135 musées qu’on dénombre à Buenos Aires ouvriront leurs portes au public, gratuitement, le 15 novembre à partir de 19h et au moins jusqu’à minuit et pour beaucoup d’entre eux bien plus tard encore.

Benito Quinquela Martín est l'un des plus grands peintres argentins, pays qui en compte pourtant un bon paquet, et il est essentiellement le peintre du quartier de La Boca. Il est donc normal qu'en cette nuit des musées, le quartier se revête de ses couleurs...

Museo Casa Taller Celia Chevalier, Irala 1162. Le musée présente une collection d'objets et d'images relatifs à Benito Quinquela Martín (1890-1977) et à son ami, le compositeur et pianiste tout aussi boquense et anarchiste que lui, Juan de Dios Filiberto (1885-1964) à qui l'on doit le célèbrissime Caminito (Petit sentier) de 1926 (passé à toutes les sauces mais toujours vivant !) ou Quejas de bandoneón (Plaintes d'un bandonéon) de 1918, immortalisé par une interprétation hors pair de Pichuco, Aníbal Troilo.

Un exposition de tableaux intitulée Buenos Aires 1952 (le commentaire du programme officiel dit : "images de la ville qui provoquent la nostalgie chez les adultes et la surprise chez les jeunes").
Des visites guidées de la maison, située dans un conventillo construit avant 1870 (1), toutes les 30 minutes, de 19h à 2h du matin, une conférence sur La Boca et ses artistes par le poète Alberto Mosquera Montaña à 20h, le Grupo Musical Boquense pour un concert de chansons de vieilles comparsas et de thèmes populaires (2) à 21h et de 21 à 2h du matin musique et bal.

Museo de Bellas Artes al Aire libre Caminito (plus connu sous son nom de Caminito) : cette ruelle qui fut aménagée dans les années 1950 par Benito Quinquela Martín à la demande du propriétaire foncier qui possédait tout le coin avait pour objectif de devenir un lieu d'expression artistique populaire pour les habitants de la zone. Hélas, c'est aujourd'hui l'un des plus vulgaires bazars à touristes qu'il m'est été donné de voir de toute ma vie. Caminito accueille ce soir une Feria de artístas plásticos boquenses. Croisons les doigts pour que ce ne soit pas la énième mocheté de cet attrape-nigaud à touristes du monde entier !

Museo Maguncia (Papel grabado y estampa), Avenida Pedro de Mendoza 1855 : à vingt mètres de la maison habitée par Quinquela Martín, une exposition d'hommage au grand Maître, avec des gravures (grabados), des dessins et des céramiques. Les oeuvres exposées sont de Antonio Oriana, Guillermo Hennekens et Alejandro Volij. De 20h à 1h30, ateliers de démonstration toutes les 30 minutes avec des expériences pratiques sur les techniques de papier et de gravure.

Museo de Bellas Artes de la Boca Benito Quinquela Martín, Avenida Pedro de Mendoza 1835. Magnifique musée installé dans ce qui fut la maison du peintre. Au dernier étage son appartement et son atelier attenant, avec un vue superbe sur le port de La Boca, sur la terrasse une exposition de sculpture. Dans les différents étages, des expositions permanentes ou temporaires consacrées à l'oeuvre de Quinquela et à celles de très nombreux maîtres du quartier. Plein de visites guidées thématiques...

Je ne veux pas finir ce chapitre sans vous dire que Benito Quinquela Martín a inspiré beaucoup de musiciens et de poètes de tango. Parce qu'il a fait partie du monde du tango. Parce qu'il a toujours eu une conscience politique et sociale forte dont la donation de ce musée témoigne fort bien. Parce que son style, ses couleurs, ses thémes sont apparentés à l'univers que le tango chante.
La poètesse Sara Melul, actuellement de passage en Europe et que les Franciliens pourront rencontrer au Smoke, rue Delambre à Paris, le 22 novembre, de 17h30 à 19h30, lors d'une rencontre informelle autour d'un verre ou d'un café (tertulia), voire d'un dîner, a dédié un très beau tango à Benito Quinquela Martín dans le disque Tangos para Grandes. Cela s'appelle Gruas (Grues, celles du port de La Boca), la musique est de Marcelo Saraceni et c'est le chanteur Roberto Guiet qui prête sa voix à cet hommage. Vous pourrez donc venir parler avec Sara non seulement tango et littérature, danse et lunfardo mais aussi peinture et Quinquela (toutes les informations sur cette Tertulia ici).

On se quitte avec Quejas de Bandoneón de Juan de Dios Filiberto dans l'enregistrement qu'en fit Aníbal Troilo en 1958...

(1) à Buenos Aires, il ne reste plus beaucoup de bâtiments debout datant de cette époque)
(2) la comparsa, c'est un groupe de gens qui défilent et jouent de la musique dans toutes les fêtes à défilé existant dans la région du Río de La Plata. Au premier rang de ces fêtes à défilé, le Carnaval, la période festive et variable qui précède immédiatement le Carême et est désormais fixée aux 3 dernières semaines de février à Buenos Aires. Mais aussi les processions d'Epiphanie (le 6 janvier), certaines fêtes de quartier, des célébrations du saint patron local, les fêtes nationales comme celles qui ont lieu en juillet pour l'anniversaire de l'indépendance à Montevideo par exemple. Le tango La Cumparsita (la petite comparsa) a été composé pour la Comparsa de l'union des étudiants d'Uruguay pour le Carnaval de 1913 à Montevideo. Les Comparsas sont des groupes fixes d'année en année. On appartient à la comparsa de son quartier, de sa rue, de son état socio-professionnel, de son école, de sa fraternité, de son cercle...