mercredi 12 novembre 2008

Tertulia au Smoke avec Sara Melul [ici]

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Il est possible de l'imprimer en format A4 et A3. Merci de la diffuser...


La poète et écrivaine de tango et sur le tango Sara Melul est actuellement en Europe où elle présente deux de ses récents ouvrages. Elle a quitté Buenos Aires il y a une dizaine de jours pour Berlin où elle séjourne en ce moment. La semaine prochaine, elle vient passer une dizaine de jours à Paris.

J’organise donc autour d’elle une tertulia, entendez cette forme de rencontre conviviale autour d'un verre ou d'un café si fréquente en pays hispanophones.

Aussi j’invite tous les curieux de littérature et de tango, tous les passionnés de verbe et de musique, tous les amateurs de poésie et de danse, à venir nous rejoindre pour faire connaissance avec cette artiste et discuter avec elle.

Cette tertulia aura lieu
au café-restaurant Le Smoke,
29 rue Delambre, Paris 14e (M° Edgar Quinet)
le samedi 22 novembre entre 17h30 et 19h30.
Sara pourra vous présentera ses deux derniers bouquins et les quelques disques qu’elle aura apportés de Buenos Aires.
Para permitir a todos conocer a la Maestra Sara Melul, letrista de tango y escritora porteña, y "chamuyarla", les propongo una tertulia en un boliche típicamente parisino, Le Smoke, en el barrio centrico de Montparnasse, el sábado 22 de noviembre, desde las 17.30 hasta las 19.30 y más alla tal vez porque ahí también se puede cenar...

Sara Melul a tout récemment (le 20 août 2008) publié, aux éditions El Chamuyo qu'elle a elle-même fondées et qu'elle dirige (à traduire comme la causette, la jactance, la tchatche, le crachoir , c'est du lunfardo) El chamuyo en las milongas, ouvrage de 175 pages consacré à l’univers du bal tango (milonga), que Sara fréquente assidûement à Buenos Aires, y aux relations y compris de séduction qui s'y nouent (el chamuyo, c'est aussi le discours qu'on tient à quelqu'un pour le séduire, la parlotte pour draguer). Il y a déjà quelque temps, en 2000, elle avait publié, dans sa petite maison toute modeste mais si sympa (dont voici le site) Mataburros, Diccionario Lunfardo-inglés, un petit dictionnaire (172 p) bilingue anglais/lunfardo, ce parler populaire d’origine argotique apparu à Buenos Aires dans les milieux interlopes dans les années 1880, langage strictement contemporain de la naissance du tango et dont tant et tant de poètes populaires à partir de Pascual Contursi, avec ou sans tango, se sont emparés pour créer de vrais bijoux littéraires. Sara apporte avec elle ces deux ouvrages et pourra donc en parler avec vous (il vous sera aussi possible de les acquérir directement auprès de l'auteure, une idée originale à l’heure de choisir des cadeaux de Noël ou de fin d’année).

Le 25 août 2008, Sara Melul était au Centro Cultural Caras y Caretas, à Buenos Aires, pour en faire la présentation.
Elle a ensuite pu en parler elle-même sur les ondes de différentes stations de radio : Radio 10 dans l’émission de Rolando Hanglin le 9 septembre 2008, et quelques jours auparavant, La Voz de Las Madres (AM 530) où elle a été interviewée par le spécialiste du tango engagé (à gauche) qu’est Ricardo Horvath, et Radio Nacional Argentina (RNA) dans l’émission d’Héctor Larrea. Vous pouvez écouter ces interventions radiophoniques sur le blog de Sara en cliquant sur les liens suivants : Radio 10, La Voz de las Madres partie 1 et partie 2, RNA. La semaine dernière, Antonio Carrizo prenait le temps, avant de rendre l’antenne, de mentionner El Chamuyo en las milongas dans sa célèbre émission du dimanche matin, Tangos y Libros, de 10h à 13h, sur la 2 x 4.

Comme vous pourrez le constater en allant visiter son blog (profil), Sara Melul participe à l’atelier de créateurs de chansons (taller de cancionistas) qu’anime le poète Raimundo Rosales à l’école de la rue Conde, dans le quartier excentré de Collegiales à Buenos Aires. C'est à Raimundo que nous devons l'opportunité de la rencontrer à Paris, ce samedi 22 novembre au Smoke...

Le Smoke est un café-restaurant qui fonctionne non stop jusqu'à 2 heures du matin. Dans ce quartier Montparnasse qui fut celui de la culture jusqu'à la déclaration de la seconde guerre mondiale, c'est devenu le point de ralliement de nombreux artistes. Le patron ouvre généreusement sa porte aux acteurs de la culture du monde entier et, entre autres, à l'Association L'Ours Blanc, maison d'édition alternative et réseau d'artistes issus de toutes disciplines (en voie d'extinction comme le nounours du Grand Nord ?)... Un très beau décor chaud, tout en bois sombre. De vraies petites tables de bistrot à l'ancienne et des photos et affiches de grands jazzmen américains mais aussi de Georges Brassens (qui avait planté ses racines sétoises dans le 14ème arrondissement parisien), de Boris Vian, de Jacques Brel et autres grands artistes de la chanson francophone... Le menu est affiché sur des ardoises un peu partout aux murs. Le chef propose de bons petits plats maison, avec un croque campagnard-salade au pain Poilâne à 7,50 € (tostada parisina de pan campero con jamón y queso + ensaladita), des salades surabondantes entre 6,50 et 7,50 €, l'assiette de charcuterie revient à 8 €, le plat principal est entre 9 et 10 € (le faux filet pommes poêlées-haricots verts). Les dessserts (crumble aux pommes, crème renversée, mousse au chocolat) vont de 3,50 à 5 €. Le vin du mois (Saint Nicolas de Bourgueil en noviembre, un tinto del Valle del Loire) est servi à la bouteille ou au verre généreux (3,80 € le verre). Le bar vous propose une kyrielle de cocktails maison, une carte de vins et de bière et tout ce que sert habituellement un café parisien... Au-delà de 19h30, Sara et moi serons heureuses de partager un dîner en toute simplicité avec ceux d'entre vous qui décideront de rester. Et bien entendu, si vous ne vous sentez pas très à l'aise en espagnol, je serai là pour assurer un service de traduction espagnol-français. Ce serait trop bête d'aimer la poésie et de vous laisser intimider par l'obstacle de la langue orale...

Parmi les disques dont il vous est possible d'écouter d'ores et déjà des extraits sur la boutique en ligne de Zivals, je vous recommande Tangos para Grandes, du guitariste José Teixidó et du pianiste Leonardo Marconi, que vous reconnaîtrez à sa belle jacquette à zoziau chapeauté dans le meilleur style d'Hermenegildo Sabát (ce dessin est une participation gracieuse du dessinateur à cet album). Sara Melul a écrit 7 des 11 tangos qui composent ce CD. Vous écouterez avec délices son Pibe Milonguero (musique de Marcelo Saraceni) dédié aux danseurs de tango fréquentant les bals de Buenos Aires (ce qu’on pourrait traduire par Le môme de la Gambille). Dans le même album, un autre tango, signé d’elle et de Leonardo Marconi dédié au Che (Che Comandante), un personnage qui reste auréolé de gloire dans les mythes de la gauche argentine. Ses textes sont à touche touche avec (excusez du peu) ceux de Héctor Negro (Chau Polaco), de Horacio Ferrer (El Gordo Triste) et de Cátulo Castillo (A Homero). Il faut soutenir le voisinage...

Sara écrit pour le tango et, elle-même danseuse de tango dans les milongas -chose rare par les temps qui courent- elle a une préférence marquée pour les tangos bailables, ceux sur lesquels on peut danser (peu nombreux sont les écrivains et les compositeurs de tango qui se doublent aussi de praticiens avertis du bal). Je ferai mon possible pour l'emmener découvrir les milongas qui fleurissent à Paris...
Je vous traduis ci-après des extraits de deux de ses tangos, Sos Tango (un hommage au tango baile) et Alma de Gigante (Ame de géant),un morceau dédié à un grand auteur-acteur comique argentin, Alberto Olmedo (Rosario 24 août 1933 - Mar del Plata, 5 mars 1988). Il est connu par son surnom : el Negro Olmedo (negro est un terme à plusieurs sens, diamétralement opposés les uns aux autres. Ici, c’est un surnom très affectueux. Mais dans d'autres contextes, cela peut aussi se transformer une insulte très vulgaire). Alma de Gigante, vous pouvez d’ores et déjà l’écouter en cliquant ici (letra de Sara Melul, música de Marcelo Saraceni, con la voz de Carlos Damian y la orquesta de José Teixidó).

Sos Tango
Letra de Sara Melul

Sos un pedazo de vida,
una estatua de Gardel mirando a Marte,
un estandarte azul
con vista al mar Mediterráneo…

sos un fenómeno mundial
que sabe a vino y a zaguán
o a esquina de San Telmo…

sos el colmo del disfrute
el que nos abre la cabeza
y nos hace volar en cada nota…

Tu es Tango (1)Paroles de Sara Melul

Tu es un bout de vie
Une statue de Gardel qui regarde Mars,
Un étendard bleu
Avec vue sur la mer Méditerranée...

Tu es un phénomène mondial
Que s’y connaît en vin et en entrée (2)
Ou en coin de rue à San Telmo...

Tu es un comble du plaisir
Celui qui nous ouvre la tête
Et nous fait voler à chaque note.

(Traduction Denise Anne Clavilier)

Alma de Gigante
Letra de Sara Melul

Negro te fuiste con la luna
y están jugando juntos
Piluso y Capitán,
Dale, ponete desde el cielo
que aquí en los arrabales
divierte tu compás.

Negro de barrio y opereta
de juergas con piruetas
con risas sin cesar,
dame, tu mano en la pantalla
rucúcu de jugadas
la vida nos pasó...

[...]
Negro! con alma de gigante
que estas en todas partes
mentime un poco mas..
Negro, Rosario se ilumina
tu cuore ya camina
Fernando está con vos!!

Ame de géant
Paroles de Sara Melul

Petit Chose, tu es parti avec la lune
Et on est là à jouer tous ensemble
Piluso et Capitán (3),
Allez, viens-t-en depuis le ciel (4)
Car ici, dans les faubourgs,
Ton rythme nous amuse.

Petit Chose du quartier et d’opérette,
De jargon à pirouettes
Et ce rire à n’en plus finir,
Donne-moi ta main sur l’écran
Rucúcu (3) pour de faux
la vie nous a filé entre les doigts...

Petit Chose à l’âme de géant !
Qui es partout
Mens-moi encore un peu...
Petit Chose, Rosario s’illumine
Ton coeur est sur nos chemins
Fernando (5) est là avec toi.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

(1) Tu es Tango, comme le Christ a dit un jour au pêcheur de Galilée Simon ben Jonas : "Tu es Pierre et sur cette pierre..." (vous connaissez la suite, sinon révisez vos classiques, en l’occurrence, l'Evangile de Matthieu au chapitre 16).
(2) zaguán : c’est l’entrée de la maison particulière en Argentine (en Espagne aussi), cette partie où l’on s’accueille, le coin dédiée aux embrassades de retrouvailles et de séparation, la partie aussi où l’on se tient pour parler avec celui qui est dans la rue, qui n’entre pas (le musicien qui vient jouer la sérénade, le colporteur qui vous tient la jambe avec son laïus, l’amoureux transi qui vient prendre des nouvelles de sa belle...)
(3) Piluso y Capitán : el Capitán Piluso, feuilleton à succès sur la chaîne Canal 9 entre 1960 et 1963. Le succès était tel que l’émission fut repris à 1965 sur la chaîne publique nationale Canal 7 puis passa en 1967 sur Canal 2 de La Plata.
Rucúcu : autre personnage joué par Alberto Olmedo.
(4) Alberto Olmedo s’est tué en se défenestrant involontairement du balcon de son appartement de vacances, situé à un 11ème étage de la ville balnéaire de Mar del Plata, par une nuit d’été un peu trop arrosée.
(5) Fernando : le fils d’Alberto Olmedo, né en 1958, le premier de ses enfants.