mercredi 8 octobre 2025

La justice s’empare de l’affaire Espert [Actu]

"Haché de chez haché", dit le gros titre
sur cette photo du député mis au ban de la vie politique
Jeu de mot avec le nom de son financeur, Fred Machado.
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José Luis Espert est cuit. En tout cas, il sera difficile aux juges de ne pas le condamner vu la qualité des preuves trouvées par la presse, en l’occurrence La Nación, un journal clairement à droite pourtant. La justice s’empare enfin du scandale et inculpe le député ultra-libéral de blanchiment d’argent, les sommes qu’il semble avoir reçues d’un chef du trafic de drogues, un certain Fred Machado, ayant servi à financer l’une de ses campagnes électorales.


La Prensa préfère rester très discrète sur l'affaire
Rien sur l'inculpation en Une
Et juste un petit insert, en bas à gauche, sur
l'extradition du narcotrafiquant condamné
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Sans doute quelque peu choqués par la gravité des faits, les juges de la Cour Suprême ont décidé à l’unanimité de leurs trois voix de déférer à la demande d’extradition du bonhomme que les États-Unis ont adressée à l’Argentine. Aussitôt dit, aussitôt fait, les forces de l’ordre sont allées appréhender le trafiquant chez lui, où il purge une peine de prison transformée en résidence surveillée, et elles s’apprêtent à le mettre dans l’avion. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas, quand on est le gouvernement d’une Argentine au bord du gouffre, pour faire plaisir à Donald Trump pour qu’il accorde une grosse montagne de dollars, à la veille des élections de mi-mandat !

Destination de l’avion : le Texas. Machado devrait y être jugé pour trafic de drogues et s’il est reconnu coupable, adieu la résidence surveillée dans sa belle demeure de maître en pleine nature ! Quant à Espert, il pourrait lui aussi faire le quatre-heures de la justice de l’Oncle Sam car les sommes incriminées en Argentine ont transité en dollars par des comptes aux États-Unis. Ce n’est pas bien malin de la part du grand Manitou de l’ultra-libéralisme ! Il ne savait donc pas à quel point les États-Unis sont chatouilleux quand des étrangers font des vilaines tâches sur leurs jolis billets verts ?


Rien sur Espert ici non plus
En revanche, Machado a droit à sa photo
en plein milieu de la page !
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Reste à savoir si la justice électorale argentine acceptera maintenant que Santilli, le remplaçant désigné avant-hier par Mileí, prenne ainsi au dernier moment la place d’Espert sur la liste officielle des candidats LLA pour l’élection des députés nationaux de la Province de Buenos Aires le 26 octobre prochain. Le parquet s’est déjà exprimé contre.

Même pudeur de gazelle pour La Nación
qui préfère parler d'un trafiquant que d'un député
en Une et pourtant, c'est eux qui ont sorti l'affaire !

Mileí risque donc de ne pas s’en sortir à aussi bon compte qu’il le souhaiterait. D’autant que dimanche, furieux du scandale qui faisait rage autour de son ami Espert, il a avoué, par une insigne maladresse de langage, que l’ordre (nécessairement illégal) de faire mettre en prison Cristina Kirchner venait bien de lui, or l’ex-présidente n’a été condamnée que parce que les tribunaux ont jugé qu’en tant que chef de l’État, elle était censée savoir tout ce que faisait chacun de ses subordonnés dans tous les services de l’État et à ce titre, tous les niveaux de juridiction l’ont estimée coupable de n’avoir pas su que telle et telle personne s’en étaient mis plein les poches grâce à des chantiers routiers dans la province de Santa Fe, en Patagonie !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

sur l’inculpation de José Luis Espert
lire l’article de Página/12
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
sur l’extradition de Machado
lire l’article de Página/12