mardi 7 octobre 2025

En pleine campagne électorale et au fond des sondages, Mileí se prend pour une rock-star [Actu]

Sur le pont du "Titanic", dit le gros titre
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Avant-hier, José Luis Espert, le député ultra-libéral très compromis avec un narco-trafiquant notoire, aujourd’hui en prison domiciliaire dans sa luxueuse demeure dans la campagne argentine et réclamé par les États-Unis qui veulent le condamner très sévèrement, a renoncé à sa candidature à sa réélection aux prochaines élections de mi-mandat, qui doivent se tenir dans tout le pays le 26 octobre prochain. Il était le candidat de LLA, La Libertad Avanza, le parti de Javier Mileí qui a voulu le soutenir jusqu’au dernier instant.

"Tu ne seras bientôt plus qu'une ombre",
dit le gros titre en citant une chanson
à la Une de l'édition de La Plata de Página/12
La photo reprend l'image peu digne
d'Espert s'enfuyant à l'arrière d'une moto
d'un meeting raté à Lomas de Zamorra,
dans la Province de Buenos Aires, il y a quelques semaines
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Espert a aussi dû dans la foulée démissionner de sa participation à plusieurs commissions parlementaires, mais il garde encore sa qualité de député pour une circonscription de la province de Buenos Aires.

La couverture mégalomane du nouveau livre du président

Mileí a aussitôt nommé un autre de ses proches, à peu près aussi sulfureux, et il prétend maintenant faire réimprimer tous les bulletins de vote. En Argentine, on ne vote pas avec des bulletins qui portent le nom d’un candidat mais un grand A4 (ou l’équivalent) qui propose la liste de tous les candidats, avec la photo de chacun, dans laquelle l’électeur coche son choix. Cette impression serait payée par l’argent du contribuable. Cela provoque plus que des remous dans l’opinion publique…

"Mileí courtise (à sa façon) le vote des jeunes",
dit le gros titre
En-dessous, la photo du ministre de l'Economie
aux Etats-Unis où il n'a obtenu que des bonnes paroles
mais aucun soutien effectif
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Hier, donc, au milieu de ce désastre difficilement imaginable à l’avance, Mileí a présenté son nouveau bouquin où il prétend décrire les recettes du miracle qu’il aurait réalisé en Argentine, celui d’un pays sauvé du désastre et aujourd’hui prospère. Un pays qui n’existe que dans son imagination, semble-t-il. Il s’est donc rendu dans une immense salle d’événement, l’Arena Movistar (du nom d’un fournisseur d’accès Internet-téléphonie mobile). Il a donc présenté son livre devant ses partisans fanatisés comme les MAGA et il a enchaîné sur un récital où il a démoli sept des principaux classiques du rock argentin, au grand scandale des artistes, trahis par cette interprétation en contresens complet.

"Façon rock-star, Mileí relance sa campagne
et cherche à laisser derrière lui l'épisode Espert",
dit le gros titre avec cette photo de Mileí
portant sur ses genoux le drapeau national
comme un drap de lit fatigué !
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Dans son groupe, constitué pour l’occasion et baptisé Banda presidencial, ce qui veut dire à la fois groupe présidentiel et écharpe présidentielle, l’emblème du chef de l’État dans la plupart des pays d’Amérique latine, Mileí a intégrée trois députés de sa faction, deux femmes et un homme, lui à la batterie et elles pour faire les chœurs.

"Le gouvernement fait pression pour réimprimer
les bulletins et pour imposer Santilli en tête de liste",
dit le gros titre
au-dessus d'un des moments les plus grotesques
du show présidentiel d'hier
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De la gauche à la droite, toute la presse dénonce cette communication électorale démagogique, vulgaire et artistiquement hérétique, comme en témoignent les Unes de ce matin. Hier, sur scène, Mileí a d’ailleurs aligné tous les médias en dénonçant les fake-news et leur hostilité qu’il estime illégitime contre lui…

Mileí, enveloppé dans le drapeau national
comme un champion olympique après sa victoire,
salue son public en quittant la scène
(photo Rodrigo Néspolo)

Página/12 multiplie depuis quelques temps les analyses qui démontrent que c’est le pouvoir lui-même qui est corrompu par le trafic de drogue et que la dérégulation tous azimuts qu’il met en place n’a pas d’autre but que de permettre aux gangsters de prospérer, ce qui expliquerait le fait que Mileí soit sorti de nulle part à l’assaut de la présidence il y a quatre ans seulement.


© Denise Anne Clavilier


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