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Sur le pont du "Titanic", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Avant-hier, José Luis Espert, le
député ultra-libéral très compromis avec un narco-trafiquant
notoire, aujourd’hui en prison domiciliaire dans
sa luxueuse demeure dans la campagne argentine
et réclamé par les États-Unis
qui veulent le condamner
très sévèrement, a
renoncé à sa candidature à sa réélection aux prochaines
élections de mi-mandat, qui doivent se tenir dans tout le pays le 26
octobre prochain. Il était le candidat de LLA, La
Libertad Avanza, le
parti de Javier Mileí qui a voulu le soutenir jusqu’au dernier
instant.
Espert a aussi dû dans la foulée
démissionner de sa participation à plusieurs commissions
parlementaires, mais il garde encore sa qualité de député pour une
circonscription de la province de Buenos Aires.
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La couverture mégalomane du nouveau livre du président |
Mileí a aussitôt nommé un
autre de ses proches, à peu près aussi sulfureux, et il
prétend maintenant faire
réimprimer tous les bulletins de vote. En Argentine, on ne vote pas
avec des bulletins qui portent le nom d’un candidat mais un grand
A4 (ou l’équivalent)
qui propose
la liste
de tous les candidats,
avec la photo
de chacun,
dans laquelle l’électeur
coche son choix. Cette impression serait payée par l’argent du
contribuable. Cela provoque plus que des remous dans l’opinion
publique…
Hier, donc, au milieu de ce
désastre difficilement
imaginable à l’avance,
Mileí a présenté son nouveau bouquin où il prétend décrire les
recettes du miracle qu’il aurait réalisé en Argentine, celui d’un
pays sauvé du désastre et aujourd’hui prospère. Un pays qui
n’existe que dans son imagination, semble-t-il. Il s’est donc
rendu dans une immense salle d’événement, l’Arena Movistar (du
nom d’un fournisseur d’accès Internet-téléphonie mobile). Il a
donc présenté son livre devant ses partisans fanatisés comme les
MAGA et il a enchaîné sur un récital où il a démoli sept des
principaux classiques du rock argentin, au grand scandale des
artistes, trahis par cette interprétation en contresens complet.
Dans son groupe, constitué pour
l’occasion et baptisé Banda
presidencial, ce qui
veut dire à la fois groupe présidentiel et écharpe présidentielle,
l’emblème du chef de
l’État dans la plupart des pays d’Amérique latine,
Mileí a intégrée trois députés de sa faction, deux femmes et un
homme, lui
à la batterie et elles
pour faire les chœurs.
De la
gauche à la
droite, toute la presse
dénonce cette communication électorale démagogique, vulgaire et
artistiquement hérétique, comme en témoignent les Unes de ce
matin. Hier, sur scène,
Mileí a d’ailleurs
aligné tous les médias en dénonçant les fake-news et leur
hostilité qu’il estime illégitime contre lui…
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Mileí, enveloppé dans le drapeau national comme un champion olympique après sa victoire, salue son public en quittant la scène (photo Rodrigo Néspolo) |
Página/12 multiplie depuis quelques temps les analyses qui démontrent que c’est le pouvoir lui-même qui est corrompu par le trafic de drogue et que la dérégulation tous azimuts qu’il met en place n’a pas d’autre but que de permettre aux gangsters de prospérer, ce qui expliquerait le fait que Mileí soit sorti de nulle part à l’assaut de la présidence il y a quatre ans seulement.
Pour aller plus loin :