vendredi 3 octobre 2008

Cucuza et Moscato sur les ondes de la 2x4 [radio]


L’information m’est hélas arrivée trop tard pour que je puisse en faire bénéficier qui que ce soit à temps. Même moi, j’ai raté l’événement !

Il n’en reste pas moins que Cucuza (Hernán Castiello) et Moscato (Maximiliano Luna) sont passés hier soir pour nous (après-midi pour eux) un peu à l’improviste comme si souvent à Buenos Aires, à l’émission Los Tres Berretines, qu’animent sur les ondes de la 2x4 (que l’on peut écouter sur Internet, en vivo, c'est à dire toujours en direct) Gogo Safigueroa et Graciela Raffa, de 15h à 18h heure locale. Même en tenant compte du décalage horaire, cela reste pour l’Europe une émission qui passent à des heures chrétiennes...

Los Tres Berretines est une émission qui alternent disques, infos et interviews dans une atmosphère conviviale comme la plupart de ce qui passe sur cette antenne entièrement consacrée au tango et subventionnée par le Gouvernement de la Ville de Buenos Aires. Le titre reprend celui d’un tango qui appartient au 2ème film sonore argentin (homonyme) et qui parle des trois folies (berretín) des Argentins que sont (je vous le donne en mille !) le tango, les courses de chevaux et le foot, dont soit dit en passant, Cucuza est un fan carabiné (il n’est pas le seul. Le Maestro Néstor Marconi n’est pas mal non plus dans le même genre...).

Cucuza et Moscato étaient donc invités à l’occasion de la fête du quartier de Villa Urquiza (el Día de Villa Urquiza), fondé le 2 octobre 1887 sous le nom de Villa de las Catalinas. Ce quartier porte désormais le nom de Justo José de Urquiza (1801-1870), Gouverneur de la Province de Entre Ríos, un libéral fort peu populaire dans l’imaginaire portègne, qui défit, le 3 février 1852, le Gouverneur de la Province de Buenos Aires, Juan Manuel de Rosas, resté aussi populaire dans la mémoire collective du peuple qu’il fut sanguinaire dans l’exercice du pouvoir, renversement de gouvernement qui fit rétablir la liberté de commerce fluvial international sur l’ensemble des voies navigables argentines. On doit à Urquiza d’avoir mis en place un gouvernement qui put rassembler l’ensemble des provinces argentines, restées sans gouvernement central pendant plus de 20 ans, et fit adopter la première constitution du pays, en 1853.

Cucuza et Moscato, le chanteur et le guitariste, sont les créateurs et les animateurs du cycle El Tango vuelve al Barrio, soirées tango toutes simples tous les vendredis soirs dans une ambiance bon enfant et familiale dans une bonne vieille pizzeria de quartier, el Faro, fondé en 1931, esquina Constituyentes y La Pampa, à Villa Urquiza. Je garderai longtemps le souvenir heureux d’y avoir mis les pieds, pas très longtemps pourtant, en compagnie d’Alorsa, alors en train de mettre au point les derniers détails de son contrat avec le patron du Conventillo de Teodoro à Almagro où il vient de La Plata chanter tous les samedis soirs depuis le début septembre (et Almagro, c’est de l’autre côté de cette ville qui n’en finit pas). Et si je me permets de citer Alorsa dans un article consacré à Cucuza et Moscato, c’est parce que je sais qu’ils sont tous les trois les meilleurs copains de la terre. Au cours de cette soirée, qui était le premier anniversaire du cycle El Tango vuelve al Barrio (le tango revient dans le quartier), j’avais pris la précaution (à toutes fins utiles - c’était un anniversaire !) de me munir d’un paquet d’authentiques bergamotes de Nancy que la tante de Cucuza a distribuées un peu partout aux différentes tables de ce resto archi-bondé. Il fallait voir les têtes des gamins (et pas seulement des gamins) à qui elle annonçait que c’était des bonbons qui venaient de France. A voir leurs yeux ronds comme des billes, j’aurais pu croire que la France, c’était le Pays des Merveilles. Un petit bonhomme dans les huit ans, retournant réclamer un autre bonbon, est passé près de moi pour me dire, avec tout plein d'étincelles dans les mirettes : "son muy riiiiiiicos" (1)

Je rêve du jour où nous pourrons, nous, le public européen, accueillir Cucuza et Moscato dans un bouchon, une brasserie, un bar à vin sans façon, un bouillon, un petit bistrot, une crêperie de quartier sans prétention, ici, chez nous, en Europe, pour une soirée du même acabit. J’y travaille du mieux que je peux, d’ailleurs. Je vous tiendrai au courant... D’ici à la réalisation de ce rêve, il va couler pas mal d’eau sous les ponts mais félicitations à tous les deux pour ce passage sur l’antenne de la plus célèbre radio 100% tango au monde...

(1) ils sont super bons....