![]() |
"Le domino propre est tombé : les condamnés pour corruption pourront être candidats", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Hier, la loi dite de Ficha Limpia (domino propre) a été rejetée par le Sénat à une voix près alors qu’on pensait qu’elle allait passer avec une voix d’avance : elle avait pour objectif d’interdire aux personnes condamnées pour corruption de se présenter aux élections.
Cette
loi, dont, dans l’absolu, l’existence ne ferait pas de mal pour
nettoyer les écuries d’Augias en Argentine, n’avait en fait
qu’un seul but, non avoué bien entendu, celui d’écarter
définitivement Cristina Kirchner de la vie politique. Et c’est la
raison qui met ce résultat à la Une de tous les journaux ce matin !
![]() |
"Le domino leur a échappé", dit le gros titre sur cette photo du tableau de vote de la Chambre haute Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Dans tout le spectre politique du pays, Cristina Kirchner est la personne qui conserve, et de loin, le plus gros capital électoral. En intentions de vote, elle bat tout le monde. A gauche, c’est certain et à droite, c’est assez loin d’être improbable. Elle a un bilan et bon an mal an, sur le plan socio-économique, ce bilan se défend assez bien, eu égard à la catastrophe provoquée par la dérégulation opérée par son successeur immédiat, Mauricio Macri, suivie par la stagnation de l’économie due en partie à la pandémie, en partie à la politique brouillonne, velléitaire et combattue par elle-même de son successeur, Alberto Fernández, dont elle fut une vice-présidente particulièrement déloyale.
Il y
a quelques mois, en première instance et elle a fait appel, Cristina
Kirchner a été condamnée, au terme de plusieurs années de
procédure, à une lourde peine de prison ferme pour des faits de
corruption que sa défense déconstruit régulièrement, non sans
succès auprès d’une bonne partie de l’opinion publique qui y
voit un coup monté de la droite. En outre, l’ancienne sénatrice,
Première dame, présidente et vice-présidente, plutôt élégante,
bénéficie d’une personnalité forte, très charismatique,
assistée d’un talent oratoire à toute épreuve.
Elle représente donc un vrai danger tant pour Javier Mileí que pour Mauricio Macri, probable champion de la droite à peu près démocratique, ancien président qui a gouverné au profit des possédants, gros propriétaires agricoles et magnats du secteur tertiaire, au détriment du patronat industriel, des PME, de la classe moyenne et des défavorisés. Même si, l’année dernière, Macri a fait au dernier moment un refus d’obstacle devant les élections présidentielles et législatives générales, sans doute parce que les sondages lui promettaient une nouvelle débâcle, l’homme n’a en rien renoncé à dominer la vie politique de son pays.
Le vote intervenu hier est donc un petit tremblement de terre dans le paysage politique argentin, très instable depuis les dernières élections, il y a dix-huit mois, car Mileí se retrouve tout nu. Ce n’est certes pas le premier échec de ce président sans majorité tant au Congrès que dans les provinces fédérées, mais c’est celui qui remet les pendules à l’heure : malgré toutes ses manœuvres et les nombreuses tentatives de corruption des élus de plus en plus visibles, et à cause des soupçons graves qui pèsent sur lui depuis le scandale du Libragate (une crypto-monnaie qui s’est effondrée à peine quelques heures après qu’il l’avait promue sur les réseaux sociaux, un vendredi soir), Mileí et sa clique restent largement minoritaires au parlement et dans le pays. Il ne peut donc pas faire ce qu’il veut.
Or comme son maître Trump, Mileí a horreur d’être limité dans ses délires politiques !
Pour
aller plus loin :
lire
l’article
de Página/12
lire
l’article
de La
Prensa
lire
l’article
de Clarín
lire
l’article
de La
Nación