mercredi 7 août 2024

Un scandale qui atteint le péronisme [Actu]

"Violence de genre et terrorisme psychologique",
dit le gros titre
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L’affaire couvait depuis quelques jours. Elle a donc éclaté hier. L’ancien président Alberto Fernández, qui a précédé Mileí à la Casa Rosada, est accusé par son ex-compagne, Fabiola Yánez, de violences conjugales.

Cette affaire dérive de l’enquête, ouverte depuis plusieurs mois, sur des faits de corruption autour des contrats d’assurance de l’État : les marchés passés sous la présidence de Fernández auraient bénéficié à des amis du président qui s’en seraient mis plein les poches. Dans ce cadre, le téléphone d’une des secrétaires de Fernández a été saisi et son contenu analysé par les enquêteurs. Ils y ont trouvé des conversations privées entre cette dame et l’ex-Première dame Fabiola qui lui parlait des coups que lui donnait le président. Entendue une première fois, début juillet, par le juge d’instruction sur ces éléments de preuve, Fabiola Yánez avait refusé catégoriquement de porter plainte et l’affaire avait par conséquent été classée. Jusqu’à ce qu’il y a quelques jours, elle ne fuite dans la presse où elle a été abondamment et diversement commentée selon la couleur politique de la rédaction.

 

Pas de photo sur Clarín ! Quelle révolution !
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Hier, Fabiola Yánez, qui est restée vivre à Madrid avec l’enfant du couple, né pendant le mandat de son père, a appelé le cabinet du juge : elle avait changé d’avis et voulait porter plainte. Elle accuse désormais son ancien conjoint de coups et blessures mais aussi d’un constant harcèlement par tous les moyens de communication (elle parle même de « terrorisme psychologique », ce qui ne sera pas retenu comme tel par l’instruction puisqu’un tel terrorisme n’existe dans aucune loi argentine).

L’ex-président, qui vit à Buenos Aires, dans son appartement de Puerto Madero, où le couple avait élu domicile avant le mandat, s’est contenté d’une déclaration écrite et diffusée dans les réseaux sociaux : il y nie catégoriquement les faits tout en annonçant qu’il est en mesure de prouver devant la justice qu’ils n’ont jamais existé. Il ajoute qu’il ne fera aucune autre déclaration afin de protéger sa famille et Fabiola elle-même. Le juge lui a interdit d’approcher à moins de 500 mètres de son ancienne compagne ainsi que de quitter le territoire national (comme elle vit à Madrid, elle peut être tranquille). Il a également l’interdiction de se mettre en communication avec elle, y compris par écrit. En revanche, il peut appeler son fils.


Même politique prudente de la part de La Nación
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Alberto Fernández est l’un des présidents qui a le plus fait avancer la protection du droit des femmes dans la législation argentine depuis le retour à la démocratie. C’est lui qui a fait passer la loi qui dépénalise l’avortement (ce qui permet aux intéressées de ne pas dépendre de la décision d’un juge, comme ces très jeunes adolescentes quin se voyaient refuser, même après un viol, même après un inceste, le droit de mettre fin à leur grossesse sur des motifs parfois purement idéologiques). Alberto Fernández a aussi fait mettre en place des procédures qui protègent les femmes des violences de genre. Toutes mesures qui sont aujourd’hui menacées de suppression par Mileí et sa clique.

Il est probable que, quand bien même il pourrait prouver son innocence, ce qui est toujours très difficile, l’ancien président ne pourra pas se relever politiquement d’un tel scandale. Dans tous les cas, le doute est semé et les preuves avancées par les enquêteurs ont toute l’apparence d’être très sérieuses.


Même pas besoin de traduire !
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Voilà ce qui augure mal des élections de mi-mandat l’année prochaine pour la gauche. Plusieurs personnalités politiques ont déjà fait savoir qu’elles se plaçaient sans hésiter du coup de la victime.

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com


Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12, qui jusqu’ici soutenait mordicus l’ancien mandataire dans le scandale des assurances mais a peut-être choisi désormais de le laisser tomber devant la gravité de la plainte de l’ex-Première dame,
lire l’article de La Prensa, qui a choisi de traiter l’affaire avec une ironie ravageuse
lire l’article de Clarín sur l’écart entre cette accusation (et la personne qui la porte !) et les positions publiques affichées par l’ancien président pendant son mandat (d’autres articles sont réservés aux abonnés)
lire l’article principal de La Nación