jeudi 31 janvier 2019

Le Mont des Sept Couleurs sauvé de l’appropriation privée [Actu]

En haut, une dispute entre la province de Jujuy et le gouvernement bolivien frontalier
à cause de la manière dont la Bolivie traite les touristes argentins en demande de soins médicaux
En bas, l'affaire du Cerro de los Siete Colores
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Le très ambigu gouverneur Cambiemos de Jujuy, Gerardo Morales, a fini par donner raison aux riverains du Cerro de los Siete Colores contre le chanteur Memo Vilte, qui tentait de s’approprier le site, inscrit au patrimoine naturel de l’UNESCO, en avançant des motifs assez fumeux : il prétendait vouloir y faire un amphithéâtre qui aurait été mis à la disposition de la collectivité locale mais il avait entouré le mont d’une clôture en grillage, avec une pancarte interdisant l’entrée à toute personne et indiquant qu’il s’agissait d’une propriété privée, comme je vous l’avais raconté dans ce blog. Le gouverneur vient de décider d’exproprier la famille Vilte et de classer monument naturel historique les 150 hectares qui inclut le mont et ses environs, à Purmamarca.

La décision a été prise sous forme d'un décret et non pas d'une loi, qui aurait permis un débat public à la chambre provinciale.

Le Mont des Sept Couleurs est l’un des atouts touristiques les plus connus de la région (1).

Il semble que la lenteur de la réaction politique pourrait être due au fait que Memo Vilte a exercé des fonctions politiques autrefois sous l’étiquette de l’UCR, qui fait partie de la coalition de gouvernement, tant au niveau de la province qu’au niveau fédéral, à Buenos Aires. Or les radicaux (membres du parti UCR) sont fort tentés ces derniers temps de rompre avec Cambiemos car ils ont depuis trois ans de très nombreux sujets de désaccord avec le PRO, parti majoritaire dans la coalition. De plus, Memo Vilte est très introduit dans un certain nombre de cercles et il sait très bien s’y vendre.

Pour aller plus loin :
lire l’entrefilet de Página/12, qui avait donné l’alerte au niveau national au début de l’année
lire l’article de Lea (entendez "lis"), un autre quotidien de Jujuy.



(1) Il fait partie de notre programme en novembre prochain, avec l’agence de voyage Odeia (voir mon article du 19 janvier 2019).

Début du carnaval à Buenos Aires [Coutumes]


Le mois de février est le mois du carnaval en de nombreux points de l’Argentine. Et c’est le cas à Buenos Aires où le carnaval, traditionnellement déployé pendant les quatre jours gras qui précèdent l’entrée en carême, montre le bout de son nez tous les week-ends de février, désormais partiellement dissocié du calendrier liturgique, qui évolue d’une année sur l’autre en fonction de la date de Pâques.

Cette année, le gouvernement portègne a baissé d’un tiers le nombre de voies publiques sur lesquelles les cortèges pourront défiler. Il s’agit de complaire aux riverains qui se plaignent de ne pas pouvoir circuler le samedi et le dimanche à cause des rues et avenues réservées aux piétons.

On attaque une année électorale et ceux qui se plaignent le plus fort votent en majorité à droite, tandis que ceux qui défilent (bruyamment) sont plus nombreux à voter à gauche, donc pour l’opposition municipale.

Dans d’autres parties du pays, les festivités commencent aussi ce samedi 2 février. C’est le cas, par exemple, à Jujuy.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Clarín, illustré de très belles photos.

Tous les cours du soir ouvriront à la rentrée [Actu]

"Recalé", décrète le gros titre
avec le haut de la tête de Larreta, le chef du gouvernement portègne
Comme d'habitude, il y a un jeu de mot puisque bocha signifie boule
(boule de glace, boule de pétanque...)
Or le début de calvitie (la boule à zéro) de Larreta ne vous aura pas échappé !

Après trois semaines de manifestations infatigables de la part des citoyens, des professeurs et de différentes organisations de militance sociale, le gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires fait machine arrière et annule la fermeture de 14 centres de formation, dispensant des cours du soir aux adultes et des formations diplômantes aux adolescents qui, à l’issue du primaire, quittent le parcours menant au baccalauréat puis aux études supérieures.

Página/12 consacre à cette affaire plusieurs pages de son édition de ce matin. Le journal a fait sa part dans la lutte contre cette mesure imbécile et régressive de ce gouvernement local qui mène une politique ultra-libérale à l’échelle de la ville.

C’est la première fois que ce gouvernement portègne revient sur une décision à forte répercussion sociale devant le scandale qu’elle suscite dans la ville. La population n’avait rien obtenu lorsque le gouvernement précédent, présidé par Mauricio Macri, aujourd’hui chef de l’État, avait dévitalisé et détruit l’orchestre juvénile de Buenos Aires, qui donnait accès à une formation musicale gratuite et de grande qualité aux enfants et adolescents des bidonvilles de la capitale argentine.

Pour en savoir plus :
Les autres journaux n’abordent pas le sujet.

mercredi 30 janvier 2019

A Puerto Madero, régate de bienvenue à l’Année du Cochon [à l’affiche]

Régates 2018 (photo Maximiliano Faila)

Samedi prochain, le jour de la Chandeleur (peu fêté en Argentine), la communauté chinoise de Buenos Aires organise les régates du dragon pour fêter le Nouvel An chinois et l’année du Cochon, qui commencera le 5 février.

L'année dernière (photo Fernando de la Orden)

Comme l'année dernière, ces régates se disputeront dans le port de plaisance de Puerto Madero, non loin du Barrio Chino, installé depuis plusieurs années à Belgrano (1).

Les petites Argentines participent elles aussi aux festivités à Belgrano (photo F. de la Orden)

Depuis quelques années, les fêtes du nouvel an chinois cherchent leur place au soleil de la culture métissée de Buenos Aires et apparaissent comme un carnaval avant le carnaval et comme en plus, dans l’hémisphère sud, cela se passe en plein été et pendant les vacances, c’est un vrai atout touristique pour la capitale fédérale.

Sous les marquises, de quoi se restaurer de façon exotique ou plus classique
(photo Fernando de la Orden)

Les régates seront les bienvenues, un petit tour sur l’eau fera le plus grand bien à tout le monde, malgré l’effort, car actuellement la canicule règne sur l’Argentine et en particulier sur Buenos Aires.

Pour en savoir plus :
lire l’article de Clarín, qui propose aussi une sympathique galerie de photos.



(1) Et comme l’année dernière, à Paris, les mêmes festivités auront lieu le week-end suivant (dans le 13e arrondissement).

Bientôt un nouveau parcours marqué à Buenos Aires [Actu]

Préparatifs du Te Deum pour l'anniversaire de la victoire en août 2016
chœur de la basilique du Rosaire couvent des dominicains (Montserrat)
avec le détachement du régiment des Patricios, premier régiment d'infanterie d'Argentine
le corps alors milicien qui a été au cœur de la résistance portègne à l'invasion

La Legislatura de Buenos Aires a voté la création d’un parcours culturel dans le centre historique de la ville, avec treize points d’explication, autour des Invasions Anglaises, les deux tentatives du Royaume-Uni de mettre la main sur le vice-royaume du Río de la Plata en 1806 et 1807, dans le cadre de la guerre contre Napoléon et ses alliés. Or depuis 1795, l’Espagne était alliée (contrainte et forcée) à la France républicaine puis impériale.

A deux reprises, les troupes de Sa Gracieuse Majesté furent rejetées non pas à la mer mais au fleuve, les deux fois sous les ordres d’un officier d’origine français, Jacques de Liniers, plus connu en Argentine sous son nom hispanisé de Santiago de Liniers y Brémond.

Dans le cœur historique de Buenos Aires, on conserve plusieurs vestiges de ces événements qui permirent aux Portègnes et plus largement aux futurs Argentins d’envisager sinon l’indépendance du moins l’autonomie par rapport à la métropole péninsulaire : les églises de la Merced et du Santo Rosario-Santo Domingo, la maison du vice-roi Santiago de Liniers (que l’on visite sur rendez-vous), le Cabildo et la cathédrale sont des lieux où le souvenir de ces événements est conservé. Dans le voyage que je vous propose avec Odeia, en novembre prochain, une bonne partie de la première journée complète nous permettra de faire ce parcours (voir mon article à ce propos).

Pour le moment, cette loi n’est pas visible sur place. Il faut maintenant que le ministère de la culture portègne fasse concevoir et installer tout le matériel signalétique et ce n’est pas une petite affaire...

Pour en savoir plus :
lire l’article de Clarín d’hier.

Un marqueur populaire sacrifié à la paix civile [Actu]

Le Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires vient de révoquer définitivement, presque du jour au lendemain en plein été, leurs autorisations aux vendeurs ambulants qui proposaient aux abords des stades des sandwichs traditionnels avant les matchs et pendant la mi-temps. Plus aucune autorisation ne sera accordée.

Stand aux mains de supporters de River Plate
(avec mayo industrielle)

Le choripán est un grand classique de l’asado argentin et de la street-food partout dans le pays : une saucisse sans paprika (appelée chorizo) cuite au-dessus des braises et glissée dans un petit pain, souvent chauffé auparavant sur la grille du barbecue (1). On arrose le tout avec une bière Quilmes (dans le meilleur des cas), Heineken (le plus souvent), un soda (du Coca, presque toujours) ou une eau aromatisée (et très sucrée). C’est l’équivalent du sandwich merguez que l’on vend aussi en France dans toutes les fêtes populaires, près des tournois de pétanque et autres kermesses villageoises.

Certes, les stands de choripanes ne respectent pas toutes les normes d’hygiène (c’est peu de le dire) et il était formellement déconseillé aux touristes européens de s’y essayer. Les estomacs des Argentins, eux, sont blindés. 100 % immunisés. Et puis la viande est cuite à cœur, comme pour tout ce qui est posé sur la grille de l’asado… Mais les questions d’hygiène ne sont pas du tout le motif de cette interdiction. Dans ce cas, il aurait suffi de mettre en place des normes et d’accompagner les vendeurs dans des formations qualifiantes en leur laissant quelques mois pour se mettre en règle.


Photo José Sánchez (pour Clarín)

Le motif invoqué s’inscrit dans la lutte contre la violence dans le football puisque les bandes de hooligans tiennent un certain nombre de ces stands, qui leur fournissent un financement qui leur permet ensuite de s’armer, de payer le loyer de leur local et d’organiser leur guerre urbaine à l’issue des matches. Les gouvernements, aux niveaux national et provincial, semblent être enfin engagés dans une stratégie de pacification du football un peu plus efficace depuis que la finale de la Copa Libertadores entre deux clubs argentins a dû être délocalisée après que des hooligans vêtus aux couleurs du River Plate ont monté un authentique guet-apens au car qui transportait l’équipe concurrente de Boca Juniors (voir mon article du 25 novembre et celui du 30 novembre 2018).

L’avenir nous dira s’il n’y a pas un motif caché, qui pourrait être de favoriser les cafés et restaurants installés aux abords des stades, qui profiteront ainsi des footeux qui voudront se restaurer, ou de mettre en place des espaces à food-trucks qui seront vendus à des concessionnaires pour une patente très élevée.

Pour en savoir plus :

Ajout du 8 février 2019 :
lire l'article de La Capitale (Santa Fe) sur la manifestation à l'Obélisque, où des vendeurs ont monté les barbecues dans la rue et distribuer gratuitement les sandwiches aux passants pour réclamer le retour du choripán les jours de match.


(1) Parfois, hélas, le pain est maintenant garni d’une odieuse mayonnaise industrielle (ça, c’est le stand où il ne faut pas s’arrêter, c’est ignoble).

samedi 26 janvier 2019

« El grito » pour protéger le Canal de Beagle [Actu]

"Nous avons besoin que vous lisez ceci"

El grito, la clameur, c’était la manière des révolutionnaires de 1810 de désigner leur revendication d’une liberté politique dont les pays d’Amérique latine manquaient terriblement depuis 300 ans.

"C'est en mars que la décision sera prise sur ce projet
et on vous en parler parce qu'il faut qu'on vous dise :
Non à la salmoniculture !"

Et voici que des cuisiniers argentins de renom s’unissent pour dénoncer un accord entre la République argentine, la Province de Tierra del Fuego et une entreprise norvégienne pour créer des fermes marines d’élevage intensive de saumons dans le Canal de Beagle, qui sépare le continent des îles de la province la plus australe du pays. Parmi les signataires de l’appel, le chef italo-argentin formé en France Mauro Colagreco, le tout nouveau trois étoiles Michelin de Menton.

"Au  moment où l'on veut implanter cette industrie en Argentine..."

Que redoutent-ils ? La pollution irréversible de ces eaux froides qui accueillent une grande biodiversité. On sait ce qu’il en est sur les côtes norvégiennes. On sait que les consommateurs commencent à se détourner du saumon d’élevage à cause de cette catastrophe écologique, qui fait l’objet de plus en plus d’articles de presse et de documentaires audiovisuels. Pas question qu’il arrive la même chose en Argentine alors que c’est déjà fait au Chili tout proche (les deux pays se partagent le canal). D'autant que c'est peut-être le scandale de la pollution en Norvège qui a convaincu l'entreprise d'aller polluer ailleurs pour maintenir le niveau de ses ventes et des dividendes pour ses actionnaires.

"Dans le reste du monde, on est en train de l'interdire"

Le scandale a commencé en octobre, lorsque les scientifiques argentins ont lancé un premier cri d’alerte, mais il semblerait que l’initiative des chefs, relayée surtout sur les réseaux sociaux, ait un peu plus de succès médiatique…

"Le coût écologique, social et économique de la production de saumon
a des conséquences dévastatrices et irréversibles.
Nous avons malheureusement l'exemple de nos frères chiliens.
Les conséquences de l'introduction de l'industrie et de l'espère dans les eaux chiliennes
sont et ont été si nombreuses que nous ne savons par quel bout commencer
pour vous les exposer."

Les pouvoirs publics vantent la perspective de création d’emplois mais on sait ce qu’il en est en Scandinavie : les emplois en question sont des emplois industriels dévalorisés, avec de MST à la clé, or ils risquent de l’être encore plus dans un pays où le droit du travail est aussi fragile qu’en Argentine, et la qualité de vie de toute la région concernée s’est singulièrement dégradée pour les hommes et les animaux sur tous les plans.

Ferme piscicole dans le détroit de Magellan, dans les eaux chiliennes


Sans parler de la catastrophe nutritionnelle et gastronomique !

Pour aller plus loin :
lire l’article de Clarín du 5 octobre 2018
lire l’article de Nuevo Día, un quotidien de la province patagonienne de Santa Cruz, une province pétrolifère qui dispose aussi de la plus grande réserve d’eau douce du continent dans le parc national Los Glaciares (1).



(1) Le canal de Beagle et le parc Los Glaciares sont au programme du voyage que l’agence Odeia propose et que j’accompagnerai en novembre prochain. Voir mon article du 19 janvier 2019. Imaginez la catastrophe touristique si le canal de Beagle se remplit de parcs à saumon nourris aux croquettes de soja transgénique et de farine animale, avec plein d’antibiotiques dedans pour assaisonner !

Hommage à la Negra Sosa pour ouvrir le festival de Cosquín [à l’affiche]


Ce soir, samedi 26 janvier 2019, commence le grand rendez-vous de la musique folklorique argentine, le festival de Cosquín, dans la province de Córdoba. C’est la 59e édition. Le festival a été créé lorsque la pénicilline a vaincu la tuberculose, dont le traitement était le fonds d’activité de cette ville qui accueillait de nombreux sanatoriums et où venaient tenter de se soigner tous les tuberculeux du pays. Il fallait bien que la ville se reconvertisse. Toute l’activité tourne donc 365 jours sur 365 du festival qui dure une dizaine de jours, au cœur de l’été austral.


Cette année, la soirée d’ouverture (on parle de lune et non pas de nuit) rendra hommage à la grande Mercedes Sosa, l’auteure, la compositrice et l’interprète qui a fait connaître la musique du nord-ouest argentin dans le monde presque entier.

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Au programme de cette première lune, on entendra, après la bénédiction initiale, l’hymne national et l’hymne municipal, des artistes comme Victor Heredia, Liliana Herrero, Teresa Parodi, Julia Zenko (que l’on connaît comme interprète de tango) et León Gieco.

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Tous les soirs, monteront sur scène les lauréats du concours Pre-Cosquín 2019.

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Dans la matinée de ce samedi, une parade à cheval dans la ville à la charge des associations gauchas de tous le pays.


Pour en savoir plus :
visiter le site Internet de Cosquín et sa page Facebook.

Ajout du 28 janvier 2019 :
lire l'article de Página/12 sur cette Luna inaugurale

Le FMI redoute les prochaines élections en Argentine [Actu]

"Le FMI n'aime pas les urnes.
ALLERGIE ELECTORALE",
dit le gros titre du premier quotidien de gauche

S’il fallait une preuve qu’en recourant au FMI, l’Argentine a abandonné une bonne partie de sa souveraineté nationale, il suffit de découvrir les déclarations que les autorités du Fonds ont faites hier pour mettre en garde les Argentins et le monde entier contre un éventuel changement de majorité à la suite des élections qui doivent renouveler en octobre les exécutifs et les assemblées législatives tant au niveau national qu’à celui des provinces.

"Pour le Fonds monétaire, l'incertitude électorale peut freiner les investissements"
dit le gros titre...
De toute manière, des investissements, il n'y en a pas !
Et c'est bien la source du problème...
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En effet, une défaite de Cambiemos et un retour de la gauche, surtout si elle est péroniste, pourraient mettre en question les suites du prêt milliardaire que l’Argentine a reçu en juin dernier : le mode et le calendrier des remboursements.

Si le retour au pouvoir de la gauche affole le FMI, il ne s’est pourtant jamais alarmé devant l’inflation à 50 % l’an qui affecte l’économie du pays depuis juin, les nombreuses faillites dans le secteur des PME, la montée du chômage, la destruction du secteur non-marchand (recherche, système de santé, école, culture), l’augmentation des taux de pauvreté et d’indigence ou la fuite des capitaux. Tout au contraire, Christine Lagarde, qui semble pourtant avoir compris que la démocratie est en danger dans le monde, avait déclaré, avec cynisme, que l’Argentine était sur la bonne voie !

La nouvelle est traitée en bas au centre, en assez petits caractères
"Le Fonds met en garde contre le risque électoral"
En plus gros, en haut à gauche, un gros titre
sur un arrêt de la Cour Suprême contraire aux intérêts du gouvernement
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Cette déclaration pourrait bien aider à mobiliser la gauche et l’inviter à s’unir enfin. En revanche, il n’est pas certain qu’elle puisse unifier la droite dont une partie est très hostile à cet abandon de souveraineté ou à ses conséquences (le patronat industriel des PME, une partie du patronat agraire, l’épiscopat et les catholiques engagés dans l’action sociale).

Les quotidiens ont commenté différemment ces déclarations en fonction de leur prisme idéologique.

Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12, qui estime que la politique de Macri a échoué en Argentine (et ce n'est pas faux) mais qui ne voit toutefois aucun échec du gouvernement en place au Venezuela

mercredi 23 janvier 2019

Découverte archéologique à Jujuy [Actu]

Une vue du célèbre Pucará de Tilcara (phot Clarisa Otero)

Une équipe d’archéologues du Conicet, conduite par Clarisa Otero, vient de mettre à jour des sépultures nobiliaires au Pucará de Tilcara, située dans une vallée très importante de la province de Jujuy, la Quebrada de Humahuaca (1). La découverte a fait l’objet de plusieurs publications scientifiques en 2017 et 2018 et elle sort à présent dans la presse généraliste, mais en plein été, ce qui réduit le nombre de rédactions intéressées.

L'équipe d'archéologues sur le champ de fouille
Photo Clarissa Otero

Clarín a retenu la découverte d’un squelette de femme, daté de la fin de l’époque inca, juste avant la conquête espagnole : une dame de la haute société andine, qui a gardé ses parures dans la tombe et dont les scientifiques ont reconstitué le visage et l’apparence.

Reconstitution de la Dame du Pucará,
réalisée par les inventeurs du squelette (Conicet)

Les pucarás sont des citadelles précolombiennes dont il reste, ici et là, des vestiges, parfois somptueux.
L’un des mieux préservés est celui de Tilcará, baptisé ainsi du nom de l’ethnie qui vivait là, les Tilcaras, non loin du Mont des Sept Couleurs, qui fait actuellement l’objet d’un scandale foncier et judiciaire (voir mon article du 16 janvier 2019).

Pour en savoir plus :
consulter la fiche personnelle de Clarisa Otero au CONICET (centre national de recherche et de technologie)

Ajout du 28 janvier 2019 :
lire l'article de La Nación

Ajout du 30 janvier 2019 :
lire l'article de Página/12



(1) L’un des joyaux touristiques et culturels de la province qui a été inclus dans l’itinéraire du voyage que j’accompagnerai sous la bannière de l’agence Odeia en novembre prochain. Cf. mon article du 19 janvier 2019.

Prière pour Emiliano, qui unit tout le monde de Nantes à Rosario [ici et là-bas]

En gros titre : une nouvelle norme législative, prise par décret,
pour confisquer au profit de l'Etat les biens acquis par corruption
avant que la condamnation soit définitive
En dessous : la photo du rassemblement à Nantes
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A Nantes, dont il venait de quitter le club de football, à Cardiff, où il devait prendre son nouveau poste d’attaquant, et en Argentine, où il est né, à Colonia Cululú, petite bourgade de la municipalité de Las Colonias, en province de Santa Fe, on prie pour Emiliano Sala, le footballeur en transfert, qui traversait la Manche à bord d’un jet privé dans des conditions angoissantes.

Une autre photo d'une partie du rassemblement nantais
Le gros titre porte sur une grosse coupure de courant
d'hier, pour cause de surchauffe des climatiseurs
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Gamin, Emiliano Sala jouait dans le club amateur San Martín, de Progreso, un autre bourg de Las Colonias.
Progreso compte 2.500 habitants.
Son père est l’un d’eux et les journalistes de toute l’Argentine ont les yeux fixés sur cette agglomération trop modeste pour avoir son propre maire (intendente) et son propre conseil municipal (concejo deliberante).

La Prensa a choisi un autre sinistre : les inondations
qui affectent actuellement les provinces de Chaco, Corrientes
Santa Fe et Entre-Ríos, dans le nord-est du pays
En dessous : le rassemblement à Nantes
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Que les supporters nantais aient déployé le drapeau argentin en ville pour se rassembler dans l’espoir difficile de retrouver leur buteur et le chagrin déjà très présent de l’avoir sans doute perdu émeut les Argentins, comme en font foi les unes de la presse généraliste nationale et locale.

Página/12 a préféré titrer sur la coupure d'électricité
en soulignant que l'augmentation des prix ne correspond pas à un meilleur service
L'inquiétude pour Emiliano Sala est traitée en manchette

Du coup, les Argentins découvrent les îles anglo-normandes puisque ce sont les secours de Guernesey qui mènent les recherches en mer.

Pour en savoir plus :
lire l’article principal de Clarín, un puissant tabloïd qui accorde au football une très large place dans ses pages
lire l’article de La Capital, un quotidien de Rosario, la capitale économique et culturelle de la province de Santa Fe
lire l’article de Olé, quotidien sportif du groupe Clarín, qui revient sur la vie du footballeur qui avait fait toute sa carrière professionnelle en France, à Orléans, Niort, Bordeaux, Caen et Nantes.

samedi 19 janvier 2019

Grand circuit culturel en Argentine avec Odeia et... moi [ABT]

Jeudi dernier, lors d’une longue et chaleureuse après-midi de présentation aux clients et prospects dans une très belle et très vaste crypte de l’église Saint Ferdinand, à Paris, l’agence de voyage Odeia (Paris, 17e) a publié sa proposition 2019 d’un grand circuit en Argentine que j’aurai l’honneur d’accompagner, du 7 au 24 novembre prochain, et que j’ai enrichi pour en faire un parcours original, conforme à l’esprit de l’agence.

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Jusqu’au mois de juin, j’aurai l’occasion de vous en présenter les différentes facettes, l’une après l’autre : histoire, gastronomie, beaux-arts, musique, merveilles de la nature.

Au programme de ce périple de 18 jours, au départ de Paris (Roissy Charles de Gaulle / vol direct Air France) :
  • trois jours non consécutifs à Buenos Aires, le premier consacré à la découverte de l’histoire nationale, avec ces deux géants que furent les généraux José de San Martín (1778-1850) et Manuel Belgrano (1770-1820), tous deux pères de la patrie, le second aux beaux-arts avec la visite de trois musées (1) et le dernier au tango, dont la diversité des dimensions structure la culture de cette mégalopole trois fois plus grande que Paris ;
  • trois jours dans la province de Misiones au nord-est du pays, avec la visite de deux sites inscrits au patrimoine de l’Unesco -les inévitables chutes d’eau d’Iguazú et les ruines de la mission jésuite San Ignacio Miní-, un petit bout de chemin sur la Ruta de la Yerba Mate (RYM) avec un arrêt dans une plantation pour y découvrir les secrets de cette infusion nationale qui allie la tradition guaranie et l’acculturation de la Compagnie de Jésus, et, enfin, une soirée autour du chamamé, la musique locale qui constitue le vecteur culturel de toute la région, en Argentine et au-delà (Uruguay, sud du Brésil et Paraguay) ;
  • cinq jours dans le Nord-Ouest et plus précisément dans les provinces de Salta et de Jujuy, à la découverte des beautés naturelles des Andes, dont ce Mont des Sept Couleurs, un site inscrit lui aussi au patrimoine de l’Humanité et actuellement au centre d’une guerre picrocholine (2), de l’architecture ancienne (superbe basilique San Francisco de Salta, par exemple), des vestiges d’une citadelle inca, du vin d’altitude, de la musique locale (la chacarera, en tout premier lieu, avec son instrument emblématique, le charango) et des faits historiques qui ont marqué la région : la conquête espagnole qui est venue du Pérou au 16e siècle, apportant avec elle le baroque européen qui s’est très vite mêlé à la culture précolombienne, et cet épisode de la guerre d’indépendance que l’histoire a surnommé la Guerra Gaucha, à la tête de laquelle se trouvait Miguel Martín Güemes (1785-1821), le gouverneur révolutionnaire de Salta ;
  • et enfin trois jours en Patagonie, dans les provinces de Tierra del Fuego, dont la capitale est Ushuaía, et de Santa Cruz, où se trouve le Lago Argentino et ses glaciers, dont le formidable Perito Moreno, un ensemble qui constitue la plus grande étendue d’eau douce du monde, avec son musée de glaciologie ultramoderne. La spécialité culinaire de cette région, très récemment annexée à la République argentine (3), est l’agneau de Patagonie. Les Argentins disent qu’il est supérieur à celui de nos prés-salés… On goûtera et on verra bien si la comparaison se soutient !

A tout cela s’ajoute des journées de voyage aérien d’une région à l’autre, que je n’ai pas incluses dans les paragraphes précédents.

Sur place, nous serons logés dans des hôtels haut de gamme (de toute façon, il n’y a pas d’autres standards d’hôtellerie acceptables en Argentine) et nous serons accompagnés, à chaque étape, par un guide local qui me complétera. C’est du grand luxe ! D’autres guides prendront le relais dans les parcs naturels nationaux où les visites doivent obligatoirement être accompagnées par un membre du personnel, préservation de la nature oblige.

Odeia (filiale de Wagran Voyages) reçoit dès à présent les inscriptions, par courrier ou en ligne (www.odeia.fr). Le groupe devra se composer d’au moins 15 personnes et restera, quoi qu’il en soit, de taille raisonnable (20 personnes environ). Sinon, ce n’est plus un groupe, c’est un troupeau et on ne savoure ni ne retient rien...



(1) En Argentine, les musées sont beaucoup plus modestes en taille que nos grands musées européens, de type Louvre, National Gallery, Prado, Offices, Ermitage ou Rijksmuseum. Les musées argentins sont tous des musées spécialisés. Ce n’est donc pas une prouesse que d’en parcourir trois dans une seule journée. Qui plus est, ils exposent des grands artistes nationaux dont nous ne possédons pas d’œuvres.
(2) Voir mes articles du 27 décembre 2018 et du 16 janvier 2019.
(3) Longtemps ignorée et presque inexplorée, la Patagonie a été rattachée à la République argentine dans les années 1860, grâce à une expédition militaire sans scrupule qui a mis en œuvre un véritable génocide contre le peuple mapuche. La politique de peuplement est venue au bout de nombreuses années. L’un de ses vecteurs a été le terrible bagne de Ushuaía (1901-1947), dont il ne reste plus que le pénitencier en étoile, aujourd’hui transformé en musée historique et maritime. L’autre a été l’exploitation pétrolifère , qui n’est pas la plus équitable des activités économiques. La Patagonie a connu encore d’autres malheurs qui l’ont marquée au fer rouge : la répression sanglante des ouvriers anarchistes de Santa Cruz en 1920 et 1921 (peu après cette Semaine Tragique dont, il y a peu, on célébrait le centenaire – voir mon article du 7 janvier), puis le nid de criminels hitlériens qui s’est formé à San Carlos de Bariloche, dans une autre province, et qui s’est dispersé lorsque les chasseurs de nazis sont allés les débusquer au milieu de leurs chalets bavaro-alpins planqués dans les Andes, et enfin le massacre des prisonniers politiques de Trelew, en 1972, quelques années avant le sinistre coup d’État de Rafael Videla, en mars 1976. Cette Patagonie au passé traumatique n’a donc pas encore de musique emblématique. Qui plus est, elle est la moins peuplée de toutes les régions d’Argentine.

Un disque pour rendre hommage à Héctor Negro [Disques & Livres]


Le chanteur et producteur Carlos Varela sort actuellement, en plein été, un disque d’hommage à son ami, le poète Héctor Negro, que j’ai eu la chance de connaître (1) et qui nous a quittés en 2015. Le disque s'intitule No te entregues nunca (ne te rends jamais), titre de la première piste.

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Les pistes 3, 5 et 12 correspondent à des textes que j'ai traduits dans Deux cents ans après
La piste 8 correspond à un texte que j'ai inclus dans Barrio de Tango (Ed. du Jasmin)

Carlos Varela a repris d’anciens enregistrements pour composer un album qui reflète l’œuvre poétique et militante de Negro, un adversaire résolu de tout ce que l’Argentine a connu de régimes despotiques et de répressions politiques et qui a toujours refusé de s’exiler. Le poète lui-même y dit l’un de ses poèmes.

La présentation intérieure se fait sur une photo de Héctor Negro en filigrane
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Página/12, qui ne peut qu’apprécier cette initiative par ces temps de crise douloureuse pour l’Argentine, a publié hier une longue interview de Carlos Varela qui y parle surtout de Héctor Negro.

Copie de l'article de Página/12 que
Carlos Varela a publiée sur son profil Facebook
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(1) Il avait eu la gentillesse de venir à l’Alliance Française de Buenos Aires, le 17 août 2011, présenter avec moi ma seconde anthologie bilingue, Deux cents ans après, le Bicentenaire de l’Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, publiée chez Tarabuste Editions en 2010. J’y ai traduit une dizaine de ses textes dont plusieurs se retrouvent dans le disque de Carlos Varela. Mes plus anciens lecteurs se souviennent aussi de ses sonnets de Nouvel An qu’il envoyait à ses amis et correspondants et que je vous traduisais. Ils nous manquent !

María Volonté chez Jacqueline ce soir [à l’affiche]


La chanteuse María Volonté et l’harmoniciste Kevin Carrel Footer seront ce soir, samedi 19 janvier 2019, à 21h30, chez Jacqueline Sigaut, à Palermo, pour une soirée de musique authentique et de talent.

Comme d’habitude, il faut s’inscrire par mail pour y être accueilli. Tout se passe dans un domicile privé… Consultez le visuel numérique ci-dessus.

vendredi 18 janvier 2019

Exposition temporaire au Museo Casa Carlos Gardel [à l’affiche]


Pour cet été, le Museo Casa Carlos Gardel propose une exposition temporaire consacrée à la relation de Gardel avec les sports.

L’artiste était un grand fan de football et de courses hippiques. C’est d’ailleurs en lisant un journal qu’il achetait surtout pour ses pronostics de turf qu’il découvrit le premier poète de tango qu’il distingua : Celedonio Esteban Flores... Gardel était lui-même propriétaire de chevaux et son amitié avec le jockey uruguayen Ireneo Leguisamo est devenue légendaire. Carlos Gardel a même fait composer un tango pour honorer son ami, alors une grande vedette des champs de course : Leguisamo solo, qu’il a enregistré en 1927.

L’un de ses chevaux, monté par Leguisamo, Lunático, a lui aussi gagné l’immortalité grâce au talent de son propriétaire.

Carlos Gardel et Ireneo Leguisamo sur le champ de course

Le football a lui aussi eu droit aux honneurs de la musique, comme par exemple, l’année suivante, avec Patadura (Patte raide), portrait d’un joueur qui rate toutes ses balles et qu’un supporter insulte depuis les gradins (1).

Hélas, le Museo Casa Carlos Gardel a été massacré il y a deux ans par un réaménagement qui a transformé ce qui était une maison viable en un lieu sans âme, purement fonctionnel, qui se contente de donner à écouter la voix d’or, qu’on peut trouver facilement sur le Web, grâce à Todo Tango, par exemple (cliquez sur les deux titres de tango pour les écouter sur ce site encyclopédique argentin). Pas la peine pour nous de faire 11.000 km en avion et de payer 50 pesos (2) pour visiter ce machin super-moche (il n'y a qu'à regarder la photo pour s'en rendre compte ! Vous vivriez, vous, dans un tel décor ?)

Página/12 a toutefois publié ce matin un article sur cette exposition (c’est l’été, il y a moins à se mettre sous la dent). Lisons-le !



(1) J'ai moi-même traduit plusieurs tangos sur ce thème, dont certains choisis dans le répertoire créé par Gardel, dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, Editions du Jasmin.
(2) Sauf le mercredi, où le ministère local de la culture a maintenu la gratuité de l'entrée.

mercredi 16 janvier 2019

Un prêté pour un rendu à la une de La Prensa [ici]

"Ne pleure pas sur moi, Royaume-Uni", déclare le gros titre
Cela vous dit bien quelque chose, non ?
"Don't cry to me Argentina".
Quelque chose dans le genre...
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Pour une fois, c’est La Prensa qui fait de l’humour (noir) sur sa une : en mettant en vedette le revers subi par Theresa May hier soir à Westminster, le quotidien de la droite catholique paraphrase, de façon cinglante, le célèbre refrain de la comédie musicale Evita ! Une comédie musicale anglo-saxonne dont les Argentins ne raffolent pas vraiment : l’histoire qu’elle rapporte n’a pas grand-chose à voir avec la réalité historique qu’ils ont vécu, qu’ils soient péronistes ou gorilas (anti-péronistes).

Vous ajoutez les Malouines à tout ça et vous avez un cocktail passablement empoisonné. Donc que Theresa May se prenne une grosse défaite devant son Parlement, les Argentins, ça les fait plutôt sourire...

Cette une est d’autant plus violente que La Prensa n’est pas fan de Eva Perón, révolutionnaire de gauche et féministe, qui n’est pas tout à fait sa tasse de thé conservatrice, pour ne pas dire réactionnaire.