vendredi 29 janvier 2021

La musique sud-américaine en deuil pour la mort de César Isella [Actu]

"César Isella (1938-2021) : [chanter et] faire chanter"
Une des pages culturelles de Página/12 ce matin


C’est une longue vie et une imposante carrière qui s’est achevée hier dans une clinique de Buenos Aires : l’auteur-compositeur interprète César Isella s’y est éteint à l’âge de 82 ans d’une maladie du cœur dont il souffrait depuis longtemps.

Membre du groupe Los Fronterizos pendant dix ans, de 1956 à 1966, avec lesquels il enregistra le chef d’œuvre qu’est Misa Criolla lors de sa création en 1964, Isella devenu soliste fut l’un des animateurs du Movimiento Nuevo Cancionero, collectif d’artistes du folklore argentin des années 1970. Dans ce cadre, il a composé l’un des morceaux phares de cette époque fastueuse pour la musique du nord-ouest argentin : Canción con todos que Mercedes Sosa interpréta, la faisant connaître dans le monde entier. Plus tard, Canción para todos se vit désignée par l’UNESCO comme l’hymne de l’Amérique latine tout entière. Son auteur était un militant de la culture populaire.


Canción con todos, deuxième soirée du festival de Cosquín 2017
retransmission en direct sur TV Pública


En une soixantaine d’années de carrière, César Isella aura composé plus de 250 chansons, dont beaucoup d’immenses succès dont la renommée a largement dépassé les frontières du pays. Il est considéré comme l’un des plus éminents artistes de la province de Salta, où il était né le 20 octobre 1938 dans une famille qui ne roulait pas sur l’or mais dont la maison était en toute saison pleine de musique. Sa grand-mère l’initia à la chanson et à la guitare à tel point qu’il fit ses débuts à Salta à l’âge de 5 ans et qu’à 10 ans, en vacances à Mar del Plata, il put se produire devant Evita Perón. Il avait 17 ans lorsqu’il intégra Los Fronterizos, ce groupe professionnel qui mérite bien sa place dans le panthéon des grands ensembles folkloriques argentins de niveau international.

Communiste comme l’étaient aussi Mercedes Sosa et Atahualpa Yupanqui, il fut censuré pendant la dernière dictature et dût prendre la route de l’exil pour ne revenir dans son pays qu’en octobre 1983, après l’élection de Raúl Alfonsín à la présidence argentine. En 1984, Isella était sur scène d’abord à Buenos Aires, dans l’immense Luna Park, puis au festival de Cosquín (province de Córdoba) qui lui doit une grande partie de son dynamisme depuis le retour de la démocratie. Sa réputation artistique était telle qu’il parvint à se produire au Chili alors que Pinochet était encore au pouvoir !

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L’un des grands animateurs du secteur culturel, il fut aussi directeur du Teatro San Martín, l’un des grands théâtres publics de Buenos Aires, et vice-président, à deux pas de là, de Sadaic (la société des auteurs-compositeurs argentins, l’équivalent de notre Sacem).

A son actif, 13 disques enregistrés pendant ses dix années avec Los Fronterizos et 15 en tant que soliste.

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En 2012, le ministère de la Culture, au niveau national, l’avait nommé très officiellement ambassadeur de la Musique latino-américaine avec rang de sous-secrétaire d’État. Revenu de l’idéologie communiste comme les autres folkloristes de sa génération, il s’était marié religieusement au Vatican en 2017 devant le pape François avec lequel son fils, qui est installé à Madrid, affirme qu’il entretenait une correspondance régulière.

Ce matin, la mort du grand musicien est à la une de tous les journaux argentins.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12
lire l’article principal de Página/12 édition de Salta
lire l’article de La Prensa
lire l’article principal de Clarín
lire l’article principal de La Nación
à Salta :
lire l’article principal de El Tribuno

mercredi 27 janvier 2021

Le CAFF rouvre ses portes ce soir pour une poignée de spectateurs [à l’affiche]

Le gros titre "Volver" (revenir) est aussi le titre
d'un tango emblématique de Carlos Gardel,
le père du tango-canción qui vivait à quelques centaines de mètres
du lieu où le CAFF a déposé ses pénates


Le Club Atlético Fernández Fierro, la célèbre salle de résidence (1) de la Orquesta Típica Fernández Fierro dans le quartier de l’Abasto, à Buenos Aires, va rouvrir ses portes ce soir pour reprendre ses traditionnels concerts du mercredi soir après quasiment un an de fermeture sanitaire.

Seules 70 personnes pourront entrer pour profiter du concert de cette formation emblématique du tango underground qui se développait à grande vitesse à Buenos Aires depuis plus de 20 ans avant que la pandémie casse tous les élans artistiques et mette en danger les salles installées.

Pour compenser les pertes, l’orchestre jouera aussi le samedi, à cette époque de l’année où les musiciens entrent dans le pré-carnaval. Hélas, cette année, le mois de février n’offrira pas les occasions festives des années antérieures. Il n’y aura pas de carnaval au sens propre, même au cours des jours gras qui tombent en 2021 à la mi-février.

Pour fêter cette reprise si attendue, Página/12 en fait la une de ses pages culturelles du jour.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 avec l’interview de deux des musiciens de la OTFF



(1) Il s’agit d’un ancien garage réaménagé avec les moyens du bord par la petite coopérative orchestrale qui s’est inscrite dans la tradition militante du grand pianiste, compositeur et chef Osvaldo Pugliese.

mardi 26 janvier 2021

Le gouvernement s’attaque au prix de la viande [Actu]


L’inflation étant surtout menée par les postes viande, fruits et légumes (voir mon article du 16 janvier 2021), le gouvernement argentin vient de négocier avec les grands grossistes en viande la possibilité de vendre à -30 % (par rapport au cours de décembre) une dizaine de morceaux de bœuf parmi les plus populaires, ceux qui constituent la recette classique de l’asado dont l’été est bien entendu la pleine saison… Certains de ces morceaux sont déjà inclus dans le plan Precios Cuidados (un programme de produits de consommation courante à prix régulés), d’autres ont été en promotion pour les fêtes de fin d’année. L’effort demandé reste donc raisonnable.

Une baisse de 30 % sur le prix de décembre permet de retrouver un niveau un peu supérieur aux prix pratiqués l’été dernier, juste avant la pandémie, puisque l’inflation moyenne générale en 2020 a été de 36,1 %. Cet accord est valable pour toute l’année mais les montants seront soumis à des clauses de revoyure parce que l’inflation reste là et qu’il ne s’agit pas d’étrangler le secteur.

De leur côté, les chaînes de supermarchés, qui sont le dernier maillon de la distribution pour la part la plus importante de la clientèle urbaine, ont promis qu’elles allaient faire tout leur possible pour respecter cet accord dans la vente au détail.

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Ce matin, les quatre quotidiens d’envergure nationale ont mis l’info à la une, Página/12 et La Prensa en faisant même le titre principal de leur édition du jour.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :


Ajout du 27 janvier 2021 :

les bouchers indépendants de la ville autonome de Buenos Aires ont annoncé de leur côté qu’il était hors de question pour eux de vendre les morceaux sélectionnés aux prix minorés négociés entre le Gouvernement et les grossistes

samedi 23 janvier 2021

« Las Malvinas son argentinas ! » La cause progresse en Europe [Actu]

Dessin de Miguel Rep pour Página/12 le 4 janvier 2021
"188 ans après le coup de force [je vous laisse déguster le vocabulaire argentin],
les Malouines, c'est l'Argentine !
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Nouveau signal que dans l’Union Européenne, la reconnaissance de la souveraineté argentine sur l’archipel des Malouines fait son chemin dans les esprits. Dès le début de l’année, les Argentins avaient déjà repéré, avec grande satisfaction, que l’accord commercial entre l’Union et le Royaume-Uni ne s’appliquait pas aux îles.

Avant-hier, on a appris un nouveau geste de la part du Vieux Monde.

L’ambassade d’Allemagne en Argentine a en effet demandé au ministère des Affaires étrangères argentin l’autorisation exceptionnelle pour la Lufthansa d’opérer deux vols entre l’Allemagne et l’archipel afin de desservir une station scientifique en Antarctique. Comme on peut s’y attendre, la République argentine a accordé son autorisation. Les deux vols sont prévus en février et mars.

Bien entendu, cette réponse argentine n’a aucune valeur opérationnelle puisque les autorités aériennes reconnues internationalement sur ce territoire sont britanniques mais le symbole est fort. Or la diplomatie est en grande partie une affaire de symboles, en tout cas pour commencer.

Hier matin, toute la presse argentine commentait l’affaire et Barrio de Tango ne pouvait pas passer à côté.

Image satellitaire de l'archipel publiée par l'Institut Géographique National
de la République Argentine (à télécharger gratuitement sur son site Web)
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Vous noterez que les seules références topographiques sont en espagnol
et correspondent à deux sommets (cerro)

Hier toutefois, l’Allemagne a réagi officiellement pour contester que sa démarche vaille reconnaissance de la souveraineté argentine sur l’archipel. Trop tard ! Le gouvernement allemand semble avoir été dépassé par l’enthousiasme interprétatif et patriotique des médias argentins au sujet de cet échange diplomatique. Il ne manquerait plus maintenant que BoJo déclare la guerre à Berlin ! Il est tellement désireux de se la jouer en même temps Churchill et Thatcher qu’il en serait capable...

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de Clarín de ce matin

Rentrée des classes avancée à Buenos Aires [Actu]

"Une sorte de marketing" clame le gros titre
avec le traditionnel jeu de mot de la une de Página/12 hier


Avant-hier, le chef de gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, Horacio Rodríguez Larreta, a annoncé que l’année scolaire reprendrait le 17 février, avec 15 jours d’avance sur la date traditionnelle de la rentrée scolaire. Cette rentrée sera échelonnée (sans que l’on sache exactement à quoi correspondra cet échelonnement).

En haut : le président se fait vacciner avec Sputnik V
En bas : "Clameur populaire : ouvrez les écoles !"
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Après toute une année scolaire 2020 en visioconférence, l’enseignement se fera en présentiel, selon la formule désormais consacrée, avec un protocole de distance physique, des masques et des tests pour les enseignants. Toutefois, aucun moyen supplémentaire ne sera accordé aux établissements publics qui devront se débrouiller seuls pour organiser tout cela, sans aucune aide du ministère portègne de l’Éducation. Chaque classe devra constituer une bulle sociale.

En gros titre : "Les syndicats posent leurs conditions
à l'ouverture des écoles à Buenos Aires"
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Comme on peut l’imaginer, l’annonce a provoqué un refus immédiat des organismes syndicaux. Cette décision politique donne ainsi à la droite et aux médias dominants l’occasion de taper comme des sourds sur les syndicats. Il est très probable que ce soit là l’effet recherché par le gouvernement municipal qui, il y a quelques mois, a déclaré la guerre aux enseignants du public, avec une salve de propos insultants de la jeune et très droitière ministre de l’Éducation.

"Larreta décide le retour dans les salles de classe
à partir de février, malgré le refus des syndicats"
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Tout cela promet une rentrée mouvementée, encore plus difficile et compliquée que ce qu’imposaient déjà la pandémie et les lenteurs logistiques de la vaccination.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12, qui en fait l’essentiel de sa une

Le panier de l’INDEC dépasse l’inflation [Actu]

Infographie synthétique des deux paniers
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Le panier général de produits de base constitué par l’INDEC, l’institut national des statistiques, pour mesurer les seuils de pauvreté et d’indigence dans le Gran Buenos Aires marque une hausse de 4,7 % en décembre dernier, soit 39,1 % pour l’ensemble de l’année.

Le même institut a calculé l’inflation moyenne à 36,1 % pour l’ensemble de l’année (voir mon article du 15 janvier 2020). Nul n’est besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre que c’est encore les plus pauvres qui payent le pire tribut à la double crise économique et sanitaire.

Dans ces conditions, une famille de 4 personnes doit toucher un revenu de 54.208 pesos par mois pour se situer au-dessus du seuil de pauvreté. Un adulte sans charge de famille doit gagner 17.543 pesos pour s’en sortir.

Le panier alimentaire, quant à lui, a augmenté de 5,1 % en décembre, soit 45,5 % sur l’ensemble de l’année. Rien de très étonnant puisque c’est bien l’alimentation, on l’a vu de mois en mois, qui a entraîné l’inflation cette année.

© Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :

accéder au rapport de l’INDEC (téléchargeable en pdf).

jeudi 21 janvier 2021

Norberto Galasso ou le mérite de la clarté [Disques & Livres]


L’historien revisionista (c’est-à-dire péroniste) Norberto Galasso, 85 ans, vient de sortir un nouveau livre sur un personnage historique vénézuélien considéré à gauche comme une figure de la Patria Grande (le rêve d’une Amérique du sud hispanophone qui ne formerait qu’un seul pays).

Il donne aujourd’hui une interview à Página/12 (ci-dessus), qui professe une grande admiration pour son œuvre. Il affirme clairement que faire de l’histoire, pour lui, est et doit être une activité militante. Ce en quoi il ne fait que constater la pratique en vigueur en Amérique du Sud où la seule histoire scientifique est l’histoire longue (une histoire thématique abordée de façon pluridisciplinaire, à partir de l’anthropologie, de l’économie, de la sociologie, etc). L’immense majorité des ouvrages d’histoire événementielle édités en Amérique du Sud ne relève pas de cette méthodologie scientifique (1) mais de l’exposition d’une vision politique du pays ou du continent.

Dans son interview, Galasso pose l’analyse que la vision dominante de l’histoire en Argentine, forgée au milieu du 19e siècle par Bartolomé Mitre (1821-1909), vise à former l’opinion publique (la classe moyenne, dit-il) en lui imposant la vision libérale de la droite des affaires. Là encore, ce n’est pas faux mais il n’y a là rien de scandaleux. Ce n’était ni une tromperie ni un complot de l’oligarchie : au 19e siècle, l’histoire n’était pas encore une science mais une philosophie de la politique et de la vie, élaborée et très codifiée, que seuls les tenants de la culture dominante pouvaient pratiquer. Les autres faisaient (voire font toujours) des chansons et des contes oraux (2).

Il est vrai aussi que les historiens mitristes d’aujourd’hui (il y en a beaucoup) sont très loin d’avoir tous conscience d’être otages d’une pensée dominante avec laquelle ils ne prennent pas de distance, sinon à la marge.

Aujourd’hui, en Amérique du Sud, l’histoire événementielle n’est donc rien d’autre qu’un champ de propagandes opposées les unes aux autres et où se forgent les récits nationaux des différents pays, très loin des réalités historiques, toujours beaucoup plus complexes que ces mythologies performatives dont ont besoin tous les pays pour se projeter dans le temps et l’espace et dont les pays neufs sont encore dépourvus.

Ce qu’un lecteur européen peut regretter dans les propos de Norberto Galasso ou ce dont il peut s’agacer, c’est que la méthode scientifique, en tirant le chercheur en dehors de la militance et de ses confortables croyances (ou du moins en l’incitant à en sortir et en l’aidant à le faire), met au jour un passé infiniment plus nuancé et plus complexe, donc beaucoup plus intéressant, que la vision simplifiée et schématique qu’il en donne lui-même dans ses ouvrages où il a pourtant le double mérite de revendiquer son engagement politique, partisan et idéologique (au moins, il n’y a pas tromperie sur la marchandise) et de développer un raisonnement argumenté qui cite souvent des sources directes, ce que font peu d’historiens argentins (en histoire événementielle), lesquels se contentent trop souvent de citer Mitre comme un prêcheur cite les Saintes Écritures dans ses homélies.

© Denise Anne Clavilier 

Pour aller plus loin sur ces enjeux qui traversent la discipline historique en Argentine :



(1) Il faut voir les difficultés que rencontrent les historiens scientifiques de l’Instituto Nacional Belgraniano pour accéder au grand public. Ils ne sont pas très nombreux et pour l’heure, ils parlent surtout entre eux (de surcroît, la pandémie les a privés, tout au long de l’année dernière, de s’adresser au grand public alors que 2020 était l’Année Belgrano) et ils s’efforcent de sensibiliser le corps enseignant des écoles primaires et secondaires, lequel s’approprie ou non, en les trahissant ou non, de leurs kits pédagogiques.

(2) C’est ce que j’ai montré dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins et dans Contes animaliers d’Argentine (tous deux aux Éditions du Jasmin).

dimanche 17 janvier 2021

Juan Carlos Copes est parti, victime du covid-19 [Actu]

Photo Fernando de la Orden


Le grand danseur avait fait le tour du monde pour montrer le tango de scène dans des spectacles mémorables. Il s’est éteint vendredi soir peu avant minuit, à 89 ans. C’est sa fille, Johana Copes dont il avait fait sa dernière partenaire scénique, qui a annoncé la nouvelle hier dans la matinée. Tout s’est passé assez vite. La maladie, qui s’était gravée sur un état de santé assez fragile depuis plusieurs années, l’a emporté en une quinzaine de jours.


Sur la chaîne Youtube de Johana Copes,
le père et la fille rendant hommage à Astor Piazzolla
ensemble au Festival de Tango de Buenos Aires édition 2013


Copes aura marqué la légende avec Aníbal Troilo puis avec Astor Piazzolla, qu’il fut l’un des très rares danseurs à interpréter (Piazzolla ne jouait pas pour des danseurs, qu’il méprisait, mais uniquement pour des auditeurs, ses partitions sont indansables pour le commun des mortels)1. C’est à lui que l’on doit la chorégraphie de l’opérette María de Buenos Aires, de Piazzolla et Horacio Ferrer, en 1968. Et avec sa première partenaire, María Nieves, dont il fut l’époux avant un retentissant divorce, il a fait la légende à la tête de sa propre compagnie !

En photo centrale, le résultat d'une manifestation de gauche
devant le palais de justice de Buenos Aires
(idéal pour permettre à la presse de droite de déconsidérer les militants opposés)
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Il s’en va au moment où le monde de la danse à Buenos Aires se désespère de pouvoir survivre à la crise sanitaire : les milongas et les cours sont fermés, les protocoles imaginés par les pouvoirs publics peinent à se mettre en place. C’est tout un secteur d’activité qui court à la catastrophe.

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Juan Carlos Copes, qui s’exprimait avec tant d’éloquence dans la danse, était aussi passablement malhabile dès lors qu’il s’agissait de parler. J’ai souvenir d’un plenario de la Academia Nacional del TangoGabriel Soria se battait les flancs pour lui faire raconter ne serait-ce que des anecdotes. C’était au moment où le vieil artiste se retirait de la scène, ce qu’il a fait définitivement en 2015.

Il y a quelques années, il avait été élu à la Academia Porteña del Lunfardo en hommage à sa longue et prestigieuse carrière mais il avait décliné l’honneur quelques mois plus tard, en ayant l’humilité de reconnaître que malgré sa portègnitude des quartiers populaires de l’ouest de la capitale, il n’avait aucune compétence pour participer aux travaux linguistiques de ce groupe.

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Ce matin, tous les grands quotidiens lui rendent hommage et les trois journaux de droite l’ont mis à la une, en titre secondaire. Sa mort est aussi saluée par les medias francophones (Le Monde, Le Figaro, France Info)

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación



(1) Parmi les grands artistes qui lui ont publiquement rendu hommage, on trouve Amelita Baltar, ex-femme de Piazzolla et créatrice de Maria de Buenos Aires, dans le rôle-titre, qui témoigne sur Twitter de sa profonde émotion au moment où elle a appris la nouvelle.

samedi 16 janvier 2021

En 2020, l’inflation a fortement reculé [Actu]

Indice des prix à la consommation, INDEC
Décembre 2020 - synthèse générale
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Malgré une notable remontée mensuelle en décembre, l’inflation de l’année 2020 a nettement reculé par rapport à celle de 2019 : 36,1 % cette année contre plus de 53 en 2019. Au cours d’une année marquée par la crise sanitaire planétaire, on ne peut que saluer la politique menée par le nouveau ministre de l’Économie qui avait déjà étonné le monde par son habileté à restructurer la dette argentine envers les investisseurs privés, un peu plus tôt dans l’année.


La une d'hier de La Prensa
En haut, l'inflation ("les prix prennent de la vitesse"
En bas, la promulgation de la loi de légalisation de l'avortement
votée le 29 décembre
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Ce qui frappe aussi beaucoup dans les tableaux publiés par l’INDEC (institut national des statistiques et du recensement), c’est que les provinces du nord, qui sont à la fois les plus touristiques (elles ont donc beaucoup souffert) et les moins développées, connaissent les taux les plus haut en moyenne mensuelle.


La une de Clarín hier
Le gros titre est pour l'inflation et la photo centrale
pour les difficultés logistiques concernant les tests
en cette période de grandes vacances
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L’autre point important en décembre, c’est que les taux les plus élevés ont frappé l’habillement, la culture et l’alimentaire, des secteurs indispensables à la vie de tous les jours. Heureusement, le secteur des soins médicaux se classe, quant à lui, parmi ceux qui ont le moins augmenté.


Sur la une de La Nación hier, l'inflation n'a droit
qu'à un titre secondaire (en haut à droite)
La photo est pour le tourisme huppé
ui est en train de sauver la saison de la station de Pinamar
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Reste à voir comment l’inflation va se comporter pendant l’été alors que l’Argentine est en pleines vacances et que la vaccination avance vaille que vaille, avec le vaccin russe.


Indice des prix à la consommation, décembre 2020
Synthèse par catégorie et par région
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© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

mercredi 13 janvier 2021

Caras y Caretas rend hommage au n° 10, el Diez [Disques & Livres]

"La gauche de Dieu" titre ce numéro très spécial


Dimanche dernier est paru le premier numéro 2021 de la revue mensuelle Caras y Caretas, du groupe Octubre. En l’occurrence, elle accompagnait le numéro dominical du quotidien Página/12 : elle est en effet ce mois-ci entièrement consacrée à la légende de Diego Maradona, El Zurdo (ici, le gaucher) (1), El Diez, disparu un mois avant Noël.

Le ban et l’arrière-ban des journalistes, chroniqueurs et autres intellectuels de gauche figurent au sommaire. Il s’agit d’observer le phénomène sous toutes les coutures : football, social, politique, enjeux internationaux sans oublier les dimensions artistiques, avec les grandes envolées lyriques qui les accompagnent.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :





(1) Cela peut aussi vouloir dire "le gauchiste" et dans ce cas-là, cela sonne plutôt comme une insulte.

Precios Cuidados : le programme continue en 2021 [Actu]

Sous le logo de l'opération, un jeu de mots en guise de gros-titre :
"Le soin n'a pas de prix"

Precios cuidados (prix soignés/prix sur lesquels on veille), le programme de lutte contre l’inflation des prix à la consommation, lancé par Cristina Kirchner et qui a survécu tant bien que mal à Mauricio Macri, est reconduit une nouvelle fois cette année. Il a permis à plusieurs marques nationales d’élargir leur clientèle et de survivre dans le cadre de la crise sanitaire. Il a aussi permis à des consommateurs de continuer à consommer malgré la crise économique et le chômage qui a augmenté dans des dimensions encore inconnues (environ la moitié des travailleurs argentins ont des activités non déclarés, souvent sous la contrainte de leurs employeurs ou leurs clients).

Jusqu’à la fin mars, l’autorisation d’augmentation des prix est de 5,6 % en moyenne sur l’ensemble des produits inscrits alors que l’inflation annuelle en 2020 se situe autour de 30 % (on n’a pas encore les chiffres définitifs). Les produits alimentaires vont augmenter de 6,35 %, les produits ménagers de 4,4 % et ceux d’hygiène personnelle de 5,1 %. Dans ces deux dernières catégories, on a développé l’offre concernant la prophylaxie du covid-19 : eau de javel, gel hydroalcoolique, savon, etc. Quant aux produits alimentaires, ils souffrent d’une hausse plus élevée parce que les prix ont flambé au cours de l’année dernière, notamment ceux de la viande (+ 74 % en 2020) et ceux des fruits (54,8%) et légumes (89,5%) de saison

Pour cette nouvelle saison, 660 produits constituent le programme. Certains appartiennent aux toute premières marques nationales, d’autres à des producteurs de taille plus modeste. La nouvelle liste élargit aussi le programme puisque 260 produits ont été ajoutés à la mise à jour d’octobre, ce qui correspond à 65 % de plus.

Dans tout le pays, 54 enseignes, dont toutes les grandes chaînes, participent à l’opération, depuis la supérette de quartier jusqu’à l’hypermarché de périphérie.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :