samedi 27 avril 2019

Festival de tango de Boedo [à l’affiche]


Le festival de tango de Boedo, qui se tient esquina San Juan et Boedo, un carrefour de Buenos Aires que Aníbal Troilo et Homero Manzi ont immortalisé dans les années 1940, est une alternative militante et populaire au festival officiel de la ville, qui se tient en août, c’est-à-dire à une date choisie pour les touristes de l’hémisphère nord, symbole pour beaucoup d’artistes portègnes de la politique ultralibérale de la municipalité qui, depuis trois mandats, prostitue le genre, par ces choix tournés vers l'exploitation commerciale, au lieu de soutenir la création contemporaine et la formation de la jeunesse (1).

Le festival, dont la grande majorité des activités sont gratuites, aborde tous les aspects du tango : musique instrumentale et chantée, danse, histoire, poésie, artisanat, enjeux économiques, culturels et professionnels… Il se déroulera d’aujourd’hui, 27 avril 2019, au 5 mai prochain.

Comme presque tous les ans, seul Página/12 en parle dans ses pages.

Le festival dispose d’une page Facebook où il est possible de s’informer sur le programme quotidien.

Pour aller plus loin :
écouter l’interview du fondateur et directeur du festival, Ildefonso Pereyra, sur Radio Sur (une radio de gauche installée à Parque Patricios)
consulter la page Facebook de la manifestation.



(1) Heureusement, depuis quelques années, le festival officiel a été confié à Gabriel Soria, grand connaisseur et président de la Academia Nacional del Tango, ce qui permet de réconcilier un peu les deux familles du tango, la dimension touristique et la dimension artistique.

Béatification de Mgr Enrique Angelelli et de ses compagnons à La Rioja [Actu]

Marionnette géante du nouveau bienheureux dans le site de la célébration de ce matin
Photo Natalia Díaz pour Télam

Quelques mois après l’instauration de la dernière dictature militaire, l’évêque de La Rioja, Mgr Enrique Angelelli, et ses trois compagnons, dont un prêtre français et un catéchiste, ont trouvé la mort dans des circonstances plus que suspectes. Angelelli lui-même a eu un accident de voiture dont les causes n’ont jamais été sérieusement étudiées par la justice. Le prélat et ses compagnons étaient profondément engagés auprès des pauvres, alors (toujours) très nombreux dans cette province reculée et exclusivement rurale.

Il y a quelque mois, le pape François a approuvé la béatification de ces quatre vénérables serviteurs de Dieu, puisque tel était leur titre jusqu’à ce matin, au premier stade de la procédure de canonisation. Ils ne pouvaient jusqu’à présent faire l’objet que d’une prière privée. Ils peuvent maintenant être vénérés lors de célébrations publiques dans leur diocèse et dans tous les diocèses du monde : la cérémonie de béatification s'est tenue à La Rioja au milieu des montagnes, en plein air, et dans une atmosphère populaire et ludique. Le pape y fera allusion demain midi, depuis la fenêtre du palais apostolique, à la fin du Regina Coeli.

Le bienheureux Enrique Angelelli (à gauche)
Il était né en 1923. Il est mort, plutôt jeune, en 1976

C’est la première fois que des catholiques qui ont lutté contre cette dictature, qui piétinait les principes démocratiques et la justice sociale, sont élevés aux autels pour l’édification des fidèles. Grande fête pour l’Église argentine, avec une forte implication de la Conférence Épiscopale, elle-même présidée par des évêques dotés d’une profonde conscience sociale. Grande fête à gauche. En revanche, la droite a tendance à faire la grimace, à commencer par La Prensa et son lectorat, qui n’a pas hésité à faire paraître ces derniers mois des articles injurieux contre la mémoire de Mgr Angelelli, traité de « suppôt du communisme », à qui une fraction réactionnaire de l’Église et du spectre politique a dénié la qualité de martyr de la foi et de la charité, ne voyant rien de suspect dans ces disparitions qu’ils attribuent parfois à des règlements de compte entre séditieux… Ignoble !

Présentation des nouveaux bienheureux à la page 7
de L'Osservatore Romano, daté du 28 avril 2019
(en italien, la langue quotidienne au Vatican)
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Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 (qui se réjouit de cette béatification, malgré l’inculture religieuse de sa rédaction très largement athée)
lire l’article de La Nación (dépêche Télam)

vendredi 26 avril 2019

Ouverture chahutée de la Feria del Libro [à l’affiche]

Les manifestants à l'extérieur de la salle d'inauguration

Hier, au domaine de la Rural, la Feria del Libro ouvrait ses portes et Pablo Avelluto, secrétaire d’État à la Culture, était le représentant du gouvernement qui devait faire l’un des deux discours d’ouverture. Cela n’a pas manqué : son discours a été couvert par les sifflets et les cris de manifestants qui contestaient l’ensemble de la politique gouvernementale, du droit à l’avortement à la baisse des budgets de l’enseignement en passant par les violences policières qui ont fait plusieurs morts depuis trois ans.

Le ministre est à la tribune et les manifestations commencent

Ce ministre n’a jamais su se faire aimer du monde culturel qu’il n’aura jamais su écouter et respecter depuis bientôt quatre ans qu’il occupe ce poste, aux intitulés qui ont varié dans le temps.

Tous les journaux reviennent sur ces incidents, avec un titre très contestable dans La Nación qui assimile les manifestants à des intolérants, alors que l’intolérance n’y est pour rien mais la responsabilité politique et économique du gouvernement pour beaucoup.

Pour aller plus loin :
lire l’article de La Nación

Ajout du 28 avril 2019 :
lire l'article de Página/12 sur les déclarations du ministre qui dit se contre-moquer des manifestations qui ont couvert son allocution. Il ne fait qu'aggraver la discorde. En pleine année électorale, c'est de la provocation.

mercredi 24 avril 2019

55 millions pour une cathédrale néo-gothique [Actu]

La cathédrale côté place Mariano Moreno (photo Ignacio Sánchez)

Œuvre conjointe de l’Argentin Pedro Benoit (Buenos Aires, 1836-Mar del Plata, 1897), de l’Allemand Ernest Meyer, né à Hanovre, et du Français Emile Coutaret (Thiers, 1863-La Plata, 1949), à la suite d’un concours international lancé en 1882, l’année de fondation de la capitale de la toute nouvelle Province de Buenos Aires (1880), la cathédrale de l’Immaculée Conception de La Plata est une merveille de l’art néo-gothique en Amérique du Sud. Elle a été inscrite au patrimoine de l’UNESCO. Elle passe pour avoir été le décor du mariage de Perón et de Eva Duarte mais ils se sont mariés à l’église paroissiale St-François d’Assise.

Le chantier en 1917 avec des ouvriers de toute l'Europe

C’est une copie de très bon goût de différentes cathédrales européennes, notamment françaises (Paris, Chartres, Reims) et allemandes (en particulier Cologne). Elle a été consacrée le 19 novembre 1932, alors qu’elle était encore inachevée.

Les sculptures extérieures, hyper-super-néo-moyenâgeuses !
On se croirait dans un film d'Hollywood mais ça a son charme...
Photo Ignacio Sánchez

Avec ses 5.300 m² de surface, c’est la plus grande église de l’Amérique du Sud. Depuis 1996, elle a sa marque sur le carrelage de la basilique St-Pierre de Rome, sur une échelle qui compare la taille des plus imposantes églises du monde. C’est un atout touristique considérable pour la ville et pour l’Argentine.

La grande nef très, très, très lumineuse !
Photo Ignacio Sánchez

Après l’incendie de Notre-Dame de Paris, la Province de Buenos Aires, qui pourtant crie misère dans la crise économique qui secoue tout le pays, vient de débloquer 55 millions de pesos pour assurer des travaux de sécurité dans le bâtiment construit en briques et avec une charpente métallique.

A quelque chose, malheur est bon, comme on dit en français !

Pour en savoir plus :
consulter le site Internet de la cathédrale

Cristina Kirchner entre en campagne avec un livre [Actu]

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Vendredi prochain, Cristina Kirchner, qui se trouve actuellement au chevet de sa fille, hospitalisée à La Havane et s’y trouvera encore, sort un livre où elle analyse ses deux mandats présidentiels, défend son bilan et démolit son successeur ! Elle y défend aussi sa probité et son patrimoine, honnêtement gagné, assure-t-elle, à un mois de l’ouverture de son procès pour corruption le 21 mai prochain.

Le 9 mai, elle le présentera au salon du livre de Buenos Aires, la Feria del Libro, qui s’ouvre demain à Palermo pour s’achever le 13 mai.

Les éditions Sudamericana ont distribué à la presse des extraits que l’on retrouve tels quels dans les quatre quotidiens nationaux.

Pour en savoir plus :
lire les extraits dans Página/12
lire l’article de La Nación.

Ajouts du 26 avril 2019 :
lire cet article de Página/12 sur l'épuisement de la première édition en quelques heures lors de ventes anticipées dans quelques grandes chaînes de distribution. Il faut croire que Cristina reste populaire et crédible dans son rôle politique
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Nación

Ajout du 28 avril 2019 :
lire l'éditorial de Mario Wainfeld dans Página/12 (commentant la sortie du livre et son succès pour démonter la politique actuelle)

jeudi 18 avril 2019

Macri veut relancer la consommation [Actu]

"Le plan Soulagement" ironise le gros titre
avec ce ministre à bord d'un hélicoptère de secours
criant "N'ayez pas peur, il y a des parachutes pour tout le monde"
Le dessin est de Daniel Paz

A moins de six mois des élections législatives, présidentielles et provinciales, le président Mauricio Macri, qui selon les plus récents sondages rassemblerait 60 % de mécontents, s’efforce de relancer la consommation, lui qui a toujours préféré la politique de l’offre au soutien apporté aux consommateurs finaux.

Hier, il a annoncé un train de mesures dont il emprunte plusieurs composantes au gouvernement kirchneriste qu’il continue à diaboliser : liste de 60 produits de base dont les prix sont gelés à partir de lundi et pendant six mois (jusqu’au premier tour, par conséquent) et qui seront disponibles à ce prix sur 2.500 points de vente participant à l’opération dans toute l’Argentine (1), gel au niveau actuel des tarifs d’eau, de gaz et d’électricité (il n’y a pas de différence de tarifs pour les particuliers et les entreprises), entente avec les distributeurs de viande en gros pour mettre, chaque semaine, à disposition de certains marchés de détail 120.000 kg de découpes bovines du moyen de gamme à 149 pesos le kilo et mise en place d’aides financières distribuées par la caisse de sécurité sociale (ANSES) sous forme de réduction dans les supermarchés et 5.000 pharmacies adhérentes à ce plan, pour 18 millions d’Argentins parmi les plus démunis (retraités, chômeurs, bénéficiaires d’allocations familiales, d’allocations d’handicapé et de bourses d’étude). Une révision des conditions du crédit hypothécaire est aussi au programme pour alléger la situation des emprunteurs étranglés par la crise économique qui fait rage depuis la première flambée du dollar en juin dernier.

La Prensa enrage de constater le retour de la politique péroniste
En dessous : le suicide d'Alan García, ancien président péruvien,
qui a préféré la mort à la prison alors qu'on allait l'arrêter
dans le cadre d'un scandale de corruption qui touche tout le sud du continent
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Ces annonces ont été faites à travers une conférence de presse ministérielle et une vidéo présidentielle, qui a donné lieu à des nombreuses critiques, venant surtout de la gauche mais pas que… Un bon nombre de personnes qui ont visionné la vidéo ont jugé que le président tombait dans une démagogie cousue de fil blanc.

Cela fait environ une semaine que la presse spéculait sur les propositions qui allaient sortir et que la pression montait dans l’opinion publique.

Une loi dite de loyauté commerciale devrait être votée prochainement pour permettre aux contrôleurs publics de sévir davantage contre les pratiques abusives dans la distribution et contre le non respect des engagements sur le gel de prix.

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Les PME devraient elles aussi être aidées pour leur gestion de trésorerie et l’accès à l’emprunt, notamment pour s’équiper. Les PME, qui font le gros de la production secondaire argentine, hors industrie agro-alimentaire, avaient été les grandes oubliées des premières années au pouvoir de Mauricio Macri qui avait délibérément favorisé les grands groupes, l’activité agraire (qui est l’activité prestigieuse par excellence en Amérique du Sud) et l’activité financière au détriment de l’industrie et de l’artisanat. C’est ce qui lui a fait perdre le soutien du syndicat patronal industriel et est en passe de lui faire perdre celui du patronat agraire.

Pour en savoir plus :



(1) C’est l’opération Precios cuidados qui avait été lancée par Cristina Kirchner pour juguler les effets dévastateurs d’une inflation qui était alors aux environs de 25 % l’an. Elle dépasse maintenant les 50 %.

mardi 16 avril 2019

Dans les provinces aussi, Notre-Dame es de todos [ici]

"Notre-Dame, la culture en feu"
El Tribuno est le journal des provinces de Salta et Jujuy
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"Tragédie culturelle à Paris"
La Voz est le journal de Córdoba
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La presse quotidienne locale argentine titre elle aussi, presque partout, sur la tragédie qui s’est produite à Paris cette nuit.

"Notre-Dame a brûlé", au centre de la page
El Litoral est le journal de Corrientes
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Il semblerait que France 24, qui émet en espagnol depuis deux ans, ait été beaucoup regardée sur la télévision par câble ou par antenne parabolique dans l’Intérieur de l’Argentine.

"Incendie à Notre-Dame
La cathédrale, qui est le symbole de la France, a brûlé"
Los Andes est le journal de Mendoza
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"Tristesse pour Notre-Dame"
El Día est le journal de la Province de Buenos Aires
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Notre-Dame de Paris et de partout [ici]

"Notre-Dame : le joyau de Paris s'effondre"
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"Une grande perte pour l'humanité"
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La tragédie que représente l’incendie de Notre-Dame de Paris est à la une de presque tous les journaux argentins et uruguayens, à l’exception notable de Página/12 qui traite l’information dans ses pages intérieures, annoncée dans un bandeau à peine visible en bas de une (en reprenant le titre de Libération) et en fait le sujet de ses deux vignettes du jour des dessinateurs de presse. Deux vignettes que je ne reprendrai pas pour les commenter. Elles me font l’effet de tomber complètement à plat, au moins pour le public européen et singulièrement français (1) au moment où nous sommes encore suspendus pour plusieurs jours dans l’attente de savoir jusqu’où s’étend ce désastre patrimonial et symbolique.

"Lundi de cendre"
(une allusion au mercredi des Cendres,
qui ouvre le carême, que la Semaine Sainte, maintenant, clôt)

"Notre-Dame a brûlé.
Paris ne sera plus le même"
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Beaucoup de quotidiens consacrent plusieurs articles à l’événement que les Sud-Américains ont eux aussi suivi en direct en fin de journée.

"L'Uruguay est solidaire et déplore la perte partielle
d'une icône du patrimoine mondial"
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"Notre-Dame
Le cœur de la France a brûlé et le monde pleure"
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Pour en savoir plus :
Argentine
lire l’article principal de Página/12 (qui en publie tout de même trois)
lire l’article principal de La Prensa (qui en publie six en ligne)
lire l’article de Clarín où l’une des journalistes de la rédaction, en vacances à Paris, raconte sa visite de la cathédrale hier soir, au moment même où l’alarme incendie a retenti pour faire évacuer les lieux (elle n’a compris ce qu’il se passait qu’en arrivant à pied à l’Arc de Triomphe)
Uruguay

La une porte sur des scandales politiques qui impliquent la majorité
En dessous : le titre emprunté à Libération



(1) Elles font peut-être rire en Argentine, qui est géographiquement très éloignée du drame. Mais ici, le cœur n’y est pas.

samedi 13 avril 2019

Ce soir, chez Jacqueline Sigaut [à l’affiche]


Très poétique affiche ce soir, samedi 13 avril 2019, à 21h30, chez Jacqueline Sigaut. Elle invite la chanteuse Pepa Luna et le pianiste Leandro Chiappe. Et le nom de la chanteuse donne le ton de la soirée.

Comme toujours, il faut s’adresser à la maîtresse de maison selon les modalités indiquées sur l’affiche numérique ci-dessus.

La CIA a dévoilé de nouveaux documents sur le Plan Condor [Actu]

"Pour fermer les blessures", dit le gros titre
Quelle hypocrisie de la part de ce journal, qui n'hésite jamais à les rouvrir
en niant ou en minimisant les crimes de la dictature !
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Petit coup de pouce de l’administration Trump à son ami, Mauricio Macri. Entre entrepreneur du bâtiment, on se soutient ! La CIA vient de remettre au ministre de la Justice argentin des documents déclassifiés concernant la sinistre époque de la dernière dictature militaire.

Cela permet au gouvernement d’en faire tout un fromage et d’essayer de désamorcer les critiques de la gauche et notamment celle des associations de victimes de la dictature, qui ne sont pas tendres ces derniers temps sur la politique des droits de l’homme de la majorité actuelle.

Le ministre argentin est à la gauche de l'image
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Et cette fois-ci, La Prensa et Clarín en parlent dans leurs colonnes.

Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa (un quotidien qui flirte assez souvent, encore aujourd’hui, avec la justification de la politique de répression de la junte militaire)

Des documents argentins rejoignent la Mémoire Universelle de l’UNESCO [Actu]

Mariano Moreno, par Juan de Dios Rivera
C'est le seul portait que nous ayons du vivant du révolutionnaire
Et pourtant ce visage est très peu connu en Argentine
On lui préfère souvent les portraits posthumes
où le visage est beaucoup plus fade

L’UNESCO vient de classer dans son patrimoine universel documentaire deux dossiers argentins : les documents révolutionnaires de Mariano Moreno (1778-1811), l’un des idéologues majeurs de la Révolution de Mai 1810, et le premier procès intenté aux principaux responsables de la dernière dictature militaire, celle qui a dévasté l’Argentine de 1977 à 1983.

Mariano Moreno, membre de la Primera Junta (le premier collège gouvernemental fondé le 25 mai 1810) a fondé la Gaceta de Buenos Aires, le premier journal officiel argentin, et la bibliothèque nationale, qui porte maintenant son nom.

Pour en savoir plus :

Groupe Macri, façon "affaire Benalla" : une histoire à tiroir(-caisse) [Actu]

"Famille postale", dit le gros titre, en utilisant l'orthographe italienne
Cela va assez bien avec le montage photo façon Le Parrain
mais c'est surtout pour faire allusion au père Franco Macri,
récemment décédé : il était un immigrant italien, arrivé en Argentine
à l'âge de 17 ans, juste après la fin de la seconde guerre mondiale
Autour de la table, le président (au fond) et les trois impliqués dans le scandale
les deux ministres et le député de la majorité

Une procureure fédérale vient d’émettre des chefs d’inculpation contre le groupe Macri qui a obtenu, il y a de nombreuses années, la concession de la Poste publique argentine, Correo Argentino, sans payer ce qu’il doit à l’État argentin (ennuyeux quand le président du pays est aussi l’un des actionnaires du concessionnaire). De surcroît, la magistrate a découvert que sous la gestion du groupe Macri, Correo Argentino a détourné au moins 35 millions de pesos dont elle a reconstitué le cheminement. Ils ont été répartis dans les caisses d’entreprises dont les propriétaires sont des hommes politiques de la majorité présidentielle, deux ministres et un député. Rien que ça !

Ces détournements ont commencé, d’après le juge, en 2004.

Voilà plusieurs années maintenant que Página/12 suit ce scandale avec la même ténacité que Mediapart emploie lorsque sa rédaction tient une enquête sérieuse. Página/12 est bien le seul quotidien argentin dans ce cas. Aucun autre journal national n’aborde ce matin ce thème pourtant d'une gravité particulière. On voit bien que la date des élections générales approche !

Pour en savoir plus :

Página/12 profite du trou noir [Actu]

"Le trou noir des prix", dit le gros titre
En haut, dans la manchette, la même photo sans montage politique caustique

Avant-hier, avec l’humour habituel de ce journal, Página/12 a profité de la publication de la première photo d’un trou noir pour rappeler la catastrophe des prix qui montent au point que les dépenses d’une famille à Buenos Aires (où tout est plus cher qu’ailleurs) s’élèvent à plus de 70.300 pesos par mois, dont 77 % servent à payer les services élémentaires du foyer. C’est beaucoup d’argent par rapport aux salaires qui n’ont pas augmenté dans les mêmes proportions.

Depuis plusieurs jours, les journalistes et les consommateurs sont dans l’attente du résultat des négociations entre le gouvernement, les producteurs et la distribution (grande et petite) qui vont établir la nouvelle liste de l'opération Precios Cuidados (des produits dont les prix sont gelés pour quelques mois, avec pour objectif de ralentir l’inflation), une des rares mesures du gouvernement précédent qui a résisté à la tornade néolibérale imposée par Mauricio Macri.

Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12 sur l’inflation des prix des produits quotidiens
lire l’article de Clarín sur le montant et le contenu du panier mensuel familial moyen

mercredi 10 avril 2019

Abuelas fête de nouvelles retrouvailles [Actu]


Hier, l’association Abuelas de Plaza de Mayo a tenu une nouvelle conférence de presse pour l’identification d’une personne enlevée à la naissance à sa famille par la dernière dictature militaire. Cela faisait plus d’un an qu’un tel événement n’était pas survenu. Página/12 en a fait sa une ce matin.

Cette fois-ci, le père de la personne identifiée est là et attend de la rencontrer. Son frère aussi. Sa mère a été arrêtée le 21 mai 1977. Elle était enceinte de huit mois et elle a disparu. On ne sait toujours rien de ce qui lui est arrivé. Norma Síntora était une militante péroniste révolutionnaire. Celles qui ont subi le plus triste sort pendant ces années de plomb.

La femme retrouvée a 42 ans et vit en Espagne. Au début du mois, elle est venue en Argentine pour se présenter à la justice et faire les prélèvements d’ADN nécessaires pour connaître ses origines. Il a suffi de quelques jours pour valider la filiation avec une famille qui avait laissé ses empreintes génétiques à la banque des données génétiques qui, en Argentine, ne sert qu’à permettre les identifications des disparus et réunir les familles.

Pour en savoir plus :
lire l’article de Clarín

Ajout du 11 avril 2019 :
lire l'interview du père dans Página/12 (il n'a pas encore rencontré sa fille)

mardi 9 avril 2019

La fuite des scientifiques continue [Actu]

Une politique de science-fiction, dit ce matin le gros titre
par-dessus ce dessin de Daniel Paz, l'un des dessinateurs de la rédaction

Le ministre : L’idée, c’est de se remettre à exporter dans le monde
des produits à haute valeur ajoutée.
La journaliste : comme ?
Le ministre : Des scientifiques.
Traduction © Denise Anne Clavilier

C’est une préoccupation pour les forces progressistes en Argentine : la politique actuelle du gouvernement national et la crise économique qui s’y superpose provoquent une fuite des chercheurs qui ne trouvent plus de postes dans leur pays ou de crédits pour leurs travaux.

Página/12 est le seul quotidien qui évoque le problème et il le fait en première page, en rappelant l’enjeu avec force, à six mois du scrutin présidentiel.

Cette année, le Conicet, centre national de la recherche et de la technologie, a exclu de la carrière scientifique 2000 docteurs formés dans les universités publiques (donc gratuites) et qui avaient postulé sur des postes publiés. Seuls 17,1 % des candidats ont été retenus, après une dizaine d’années d’étude. Ce sont les conséquences des réductions budgétaires draconiennes.

Une de Página/12 lundi 1er avril
et ça n'est pas une blague

On voit donc de nombreux chercheurs quitter l’Argentine pour des pays développés. Même des scientifiques qui, dans le cadre d’un plan mis en place par Néstor Kirchner et conforté par Cristina Kirchner, Raices (racines), avaient fait le choix de rentrer en Argentine en sont maintenant repartis. Página/12 rapporte que jusqu’en 2016, on avait vu une moyenne annuelle de 120 personnes rentrer au pays sur une douzaine d’années. En 2017 et 2018, seuls seize professionnels ont fait la même démarche.

Une perte sèche des potentiels nationaux qui ne fait qu’affaiblir le pays et hypothéquer son avenir. Et les critiques pleuvent sur le secrétaire d’État, le physicien Lino Barañao, le seul ministre de Cristina qui ait conservé son portefeuille sous Mauricio Macri.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 du 1er avril
lire l’article de Página/12 du 9 avril.

Ajout du 11 avril 2019 :
lire l'article de Página/12 sur une nouvelle manifestation des scientifiques contre les coupures budgétaires que subit la recherche

vendredi 5 avril 2019

Jacqueline Sigaut demain soir au Bar Iberia [à l’affiche]


Demain soir, samedi 6 avril 2019, à 21h (pile), la chanteuse Jacqueline Sigaut chantera au Bar Iberia, sur Avenida de Mayo au numéro 1196, dans le cadre des programmes publics de concerts gratuits dans les Bares Notables, ces établissements distingués pour leur rôle historique et culturel dans la ville.

Elle sera accompagnée par Juan Martínez à la guitare, Andrés Serafini à la contrebasse et El Chino Molina au bandonéon.

Au programme, les tangos qu’elle a enregistrés dans son sixième disque, Resiliencia Tangos, sorti l’année dernière.

L’Argentine à nouveau dans la rue [Actu]

La Prensa a choisi, pour ses pages intérieures, cette photo
qui exprime très bien le moment que vit l'Argentine :
derrière le palais du Congrès, ce ciel qui annonce un violent orage (qui a éclaté)

Hier, à Buenos Aires, les salariés, les grévistes, les syndiqués et les militants des mouvements sociaux étaient à nouveau dans la rue en foule. Toutes les organisations syndicales étaient présentes. Les photos de Buenos Aires sont assez éloquentes.

"Un autre pays marche/défile", dit le gros titre
Au-dessus du titre au centre : "Les inégalités croissent"

On constate aussi qu’il pleuvait fort sur la capitale argentine et que cette pluie n’a démotivé personne.

Différents cortèges ont convergé vers Plaza de Congreso. Une délégation a été reçue au Congrès. Elle a fait part aux élus de ses revendications en faveur de l’industrie nationale, qui subit le contre-coup à la fois des importations trop importantes pour le tissu local et de la dramatique crise qui ravage le pays depuis juin dernier. Ces difficultés grandissantes ont fait monter le chômage et le travail au noir.

Automne en colère, dit le gros titre, sur ces images typiques des manifestations :
tambours, cymbales et autres grosses caisses
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Beaucoup de monde aussi sur Plaza de Mayo, dont les grilles avaient été fermées préventivement : ce sont des grilles très contestées parce qu’elles interdisent l’occupation de la place. Or c’est sur cette place que la ville a été fondée et que les événements centraux de la Révolution de Mai 1810 ont eu lieu. C’est aussi là qu’a eu lieu la manifestation populaire qui a définitivement ancré dans le paysage politique Perón et son idéologie, le 17 octobre 1945.

Clarín a préféré titrer sur un avatar de la campagne de l'opposition
mais la photo du dessus montre le succès de la manifestation
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Contrairement à l’habitude, les organismes qui avaient appelé à la manifestation n’avaient pas dressé de podium sur la place du Congrès. Ce qui a déboussolé beaucoup de gens et beaucoup de journalistes, habitués à des prises de parole fleuves de la part des leaders syndicaux. C’est d’autant plus inattendu que nous sommes à six mois du premier tour de l’élection présidentielle et que l’actuel chef d’État n’en mène pas large, au moins dans les sondages (qui peuvent se tromper). Les syndicats envisagent à présent un appel à la grève générale pour la semaine prochaine.

Pour en savoir plus :

lundi 1 avril 2019

Hommage à Ernesto Franco pour démarrer l’année à la Academia Nacional del Tango [à l’affiche]


C’est la rentrée à la Academia Nacional del Tango qui attend son public ce soir, lundi 1er avril 2019, pour le premier Plenario de l’année, à 19h, dans ses locaux, dont mes fidèles lecteurs connaissent l’adresse par cœur (Avenida de Mayo, 733, 1er étage).

Cette première séance académique 2019 rendra hommage à Ernesto Franco pour ses 90 ans. Il viendra avec son orchestre et repassera ses souvenirs. Il a travaillé avec des grands de l’histoire du tango, comme le bandonéoniste Pedro Maffia et le pianiste Elvino Vardaro. Il a aussi connu une des figures emblématiques du tango des années 30 à 50 : Juan d’Arienzo.

Le tango rituel d’ouverture sera de Franco : De primera clase. Dans un enregistrement où il dirigeait l’orchestre.

Entrée libre et gratuite comme toujours.