vendredi 31 mars 2023

L’INDEC publie les chiffres de la pauvreté pour 2022 [Actu]

Extrait du rapport de l'INDEC publié hier soir
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Les chiffres publiés hier sont particulièrement décourageants pour le gouvernement qui voit la pauvreté et l’indigence sur le point d’atteindre les niveaux qu’elles avaient à son arrivée aux affaires (figure ci-dessus) dans les 31 villes étudiées par l’INDEC pour le second semestre de l’année dernière.

En jaune : "L'échec d'un pays"
En blanc, en-dessous : "On prie pour Sa Sainteté"
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Tout un mandat pour rien, serait-on tenté de penser. Un mandat qui, reconnaissons-le toutefois, n’aura pas été de tout repos. Placé d’emblée sous la sceau d’un endettement public gigantesque hérité de la majorité précédente. Puis affecté au bout d’à peine trois mois exercice à la tout aussi gigantesque pandémie du Covid-19 puis à une vague mondiale d’inflation provoquée par le reprise des activités après les confinements, la guerre en Ukraine et de nombreuses spéculations de dirigeants économiques à l’éthique quelque peu défaillante.


Infographie synthétique de l'étude
En mauve, les foyers compris dans l'étude
En orange, les personnes physiques
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Ce matin, l’actualité était chargée. Ou pour dire mieux, elle était spectaculaire à souhait : inculpation de Donald J. Trump aux États-Unis annoncée à temps pour le bouclage en Argentine, inquiétudes (qui se calment) pour la santé du pape François à Rome à quelques heures de l’ouverture de la Semaine Sainte dimanche prochain et même improbable scandale au ministère de la Culture de la Ville Autonome de Buenos Aires où un spectacle qui avait sans doute de grandes ambitions intellectuelles (mais creuses), a déclenché la fureur d’une partie de l’opinion en exhibant, sous prétexte d’une réflexion sur la pauvreté, des acteurs en sous-vêtements et dans des postures parfois scabreuses (visibles par le public à 360°), sur la pelouse des jardins du somptueux Museo Isaac Fernández, dans le quartier de Recoleta, ce qui a entraîné la démission de la directrice des musées publics municipaux.

"Chiffres officiels : la pauvreté remonte
Elle atteint 45% dans la banlieue de Buenos Aires"
En photo, le spectacle du Museo Isaac Fernández
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Malgré cela, les journaux argentins ont choisi de faire figurer sur leurs unes la remontée de la pauvreté dans le pays.

"La pauvreté monte à 39,2% et
touche 18 millions d'Argentins", dit le gros titre
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Qui plus est, chaque titre a fait une place considérable au sujet : chacun d’entre lui consacre souvent plusieurs articles et même de nombreuses pages intérieures pour analyser d’une part les résultats de l’enquête et d’autre part les phénomènes économiques connexes comme les prix du pain et de la viande qui ne cessent de grimper, comme Precios Justos, le programme national de gel des prix sur une large sélection de produits de première nécessité qui vient d’être reconduit pour trois mois avec une augmentation de 3,2 % à compter de demain et, dans Clarín, l’aberration économique qui affecte actuellement le pays : comme dans les années 1990, à l’époque de Carlos Menem, de sinistre mémoire, le PIB et la pauvreté augmentent ensemble (alors que si le premier croît, la seconde devrait régresser).

Jeu de mot dans le gros titre principal :
manifestation en faveur de la remise en liberté
sans condition de Milagro (miracle) Sala
une activiste amérindienne en prison
puis en liberté surveillée depuis 7 ans
En haut, au centre : l'annonce des articles
sur l'enquête de l'INDEC
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Aujourd’hui, au moment où les candidats annoncent leurs intentions pour les PASO (primaires) de fin août, l’indice de pauvreté officiel en Argentine atteint donc 39,2 % de la population totale et affecte plus de 18 millions de personnes.

En ce qui concerne les enfants dont l’âge va de la naissance à 14 ans, l’INDEC évalue à 54,2 % ceux qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 2 avril 2023 :
lire
cet article de Página/12 sur les réactions dans la majorité où la figure de Cristina Kirchner monte comme celle de la femme providentielle, avec laquelle elle n’a que trop tendance à se confondre.

jeudi 30 mars 2023

Guerre en Ukraine : une interview « de prestamo » (1) dans Clarín – une première en Argentine [Actu]

Le vent serait-il en train de tourner ? Clarín ne s’est jamais départi d’un certain tropisme pro-ukrainien lorsqu’il évoque la guerre à grande échelle que Poutine a déclenchée le 24 février 2022 en envahissant le territoire de son voisin et ancienne colonie.

Contrairement toutefois à beaucoup d’autres quotidiens qui défendent une position similaire parce qu’ils voient qui est l’agresseur et qui est l’agressé, prennent en compte les conséquences que le conflit entraîne en matière de normes du droit international et se bousculent auprès des services présidentiels ukrainiens pour arracher un entretien avec Volodymyr Zelensky, ni Clarín ni La Nación ne se sont encore aventurés à publier une interview de celui-ci.

Ce matin, cette lacune est en partie comblée : Clarín reprend, la plupart du temps en discours indirect, l’interview que Volodymyr Zelensky a accordée avant-hier à Associated Press dans le train qui le ramenait à Kyiv au terme d’un déplacement de deux jours dans le sud-est du pays, à Bakhmout et à Zaporijjia.

L’interview s’est déroulée en anglais. Elle est ici traitée en espagnol.

"Dans le train avec Zelensky :
la moindre victoire russe sera dangereuse" dit le titre
au-dessus de cette photo où le président ukrainien
salue l'équipe d'AP en retournant dans son wagon.
Il porte toujours son sweater promotionnel de United 24,
la plateforme de crowdfunding qu'il a lancée pour
financer tout ce que les partenaires de l'Ukraine
ne peuvent pas donner à son pays
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Pas un mot en une du journal sur ce contenu, même si, pour illustrer l’entretien qui occupe une page entière de son édition imprimée (ci-dessus), la rédaction a choisi l’une des photos les plus vivantes sur les treize clichés (tous plus sympa les uns que les autres) qu’AP propose en complément de l’interview. Sur le site, en ligne, la rédaction de Clarín en a intégrées d’autres, ainsi qu’un extrait vidéo de 3 minutes.

Au lendemain de la publication de l’entretien par l’agence de presse, cette première en Argentine pourrait bien indiquer que l’opinion publique évolue tout doucement dans le pays. Sans doute, le mandat d’arrêt émis par la CPI contre Poutine et l’une de ses ambassadrices génocidaires y est-il pour quelque chose, ainsi peut-être que l’alliance stratégique conclue entre Chine et Russie et proclamée à son de trompettes par Xi Jingping au Kremlin et que Poutine violait délibérément le surlendemain en ne respectant pas l’engagement pris de ne pas contribuer à la diffusion des capacités nucléaires dans des pays dépourvus. Or il est peu probable que Loukachenko fasse encore illusion pour qui que ce soit en Amérique du Sud. Cette perverse manipulation du Kremlin a peut-être eu le mérite de mettre les points sur certains I et les barres sur certains T.

En Argentine comme d’ailleurs dans le reste du sous-continent, qui a tant souffert de l’hégémonie agressive de l’Oncle Sam pendant la cinquantaine d’années qu’a duré la Guerre froide, l’opinion publique n’a longtemps vu dans ce conflit qu’une plus ou moins habile nouvelle manœuvre des États-Unis pour étendre leur influence en Europe, au pire par calcul stratégique de longue date (remontant à Euro-Maïdan en 2013-2014), au mieux par opportunisme soit plus ou moins sincère soit plus ou moins cynique. Pourtant les États-Unis de Trump s’étaient franchement détournés du Vieux Continent qui leur était au mieux devenu indifférent sous Biden, du moins jusqu’au 22 février de l’année dernière, puisque depuis l’arrivée à la Maison Blanche de Barack Obama, le pays ne regardait plus guère que vers le Pacifique.
Or
la porosité des pays d’Amérique du Sud à la propagande poutinienne (2), Zelensky l’évoque dans son interview lorsqu’il explique la défense acharnée de Bakhmout : il ne veut laisser aucune victoire à Poutine, il tient à l’empêcher à tout prix d’aller se vanter de quelque succès que ce soit auprès de ces pays qui voient encore en lui un rempart à l’impérialisme de « l’Occident » et d’obtenir ainsi leur appui pour d’inacceptables négociations d’une soi-disant paix qui ne pourrait se faire qu’au détriment de l’Ukraine, de son indépendance, de son intégrité et de sa souveraineté (comme ce fut déjà le cas à Minsk en 2014).

Or l’enjeu de la guerre n’est pas, du moins à l’heure qu’il est, d’offrir ou de refuser aux États-Unis un boulevard pour leur hégémonie sur le monde (pas plus que ce n’était le cas en 1917 puis en 1941, quand l’Oncle Sam résistait de toutes ses forces aux appels à l’entrée en guerre que lui adressaient les démocraties du Vieux Continent, tout en leur livrant nourriture et armement de pointe, dans un subtil mélange d’intérêt bien compris et d’idéalisme comme ils le font cette fois-ci avec l’Ukraine). Aujourd’hui, l’enjeu, c’est la survie ou la disparition, à court, moyen et long terme, de cette exception dans l’histoire de l’humanité qu’est l’État de droit et les Argentins savent ce qu’il en coûte de le perdre puis de le reconstruire. Est en jeu aussi la nucléarisation ou non du monde puisque, s’il sortait vainqueur, le comportement de Poutine vaudrait pour les pays non dotés invitation sans frais à se nucléariser afin de pouvoir comme lui transformer la dissuasion en un bouclier très efficace pour faire main basse sans risque sur un autre pays ! Ce serait la colonisation new look : réalisée sous le couvert de la bombe A.

A quand maintenant une véritable interview de Volodymyr Zelensky, originale et exclusive, dans l’un des grands quotidiens argentins ? Si elle a lieu, cette compétition ne devrait se jouer qu'entre Clarín et La Nación.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :



(1) « d’emprunt ».

(2) Or c’est précisément à cet endroit que Clarín coupe sa citation (indirecte) des propos de l’interviewé… Intéressant, non ? Le journal situe aussi l’interview sur le chemin de l’allée quand AP précise qu’il s’agit du chemin de retour vers la capitale.

mercredi 29 mars 2023

Le quintette "Narcotango" fait sa rentrée au CCC avec un nouveau disque [à l’affiche]

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Ce soir, mercredi 29 mars 2023, le groupe Narcotango fait le spectacle Sala Osvaldo Pugliese au Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini (CCC), Corrientes 1543, à 21 h 30. Dans le cadre de la série de concerts qui a maintenant plus de 15 ans, Tango del Miércoles, le groupe de Carlos Libedinsky présentera un nouvel album, intitulé Narcotango Rouge, composé pendant la pandémie.

Comme quoi, le dicton a raison : à quelque chose malheur est bon.

Le disque se trouve déjà sur toutes les plateformes payantes, avec écoute d’extraits.

Outre Carlos Libedinsky, le groupe se compose aujourd’hui de Tamara Zakour, de Joaquín Sellan, de Gonzalo Rujelman et de Tomás Falasca.

Pour l’occasion, le quintette a invité d’autres artistes à les rejoindre sur scène.

Prix des places : 2500 $ ARG à retirer au guichet du CCC.

Prévoir un plus pour la consommation obligatoire.

C’est du très bon tango d’aujourd’hui et sur lequel, et sa jaquette en fait foi, il n’est pas impossible de danser, ce qui ne gâte rien. Avec ce nouveau disque, les musiciens ont fait une tournée en Europe germanophone à l’automne dernier.

© Denise Anne Clavilier

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Carlos Núñez et León Gieco réunis par la gaïta ce soir au Teatro Colón [à l’affiche]


L’instrument emblématique de la Galice, la gaita, réunira ce soir, mercredi 29 mars 2023, à 19 h 30, l’auteur-compositeur argentin rocko-folklorique León Gieco et son ami de 25 ans, Carlos Núñez, natif de la lointaine Vigo, en Espagne, où il vit et d’où il fait briller la culture galicienne.

Les deux artistes partagent la passion de cet instrument celtique qui s’est bien entendu fait sa place en Argentine comme partout ailleurs où les Galiciens se sont dispersés tout au long des 19e et 20e siècle.

Ce soir, l’Espagnol, en tournée mondiale(1), invite l’Argentin à partager son concert sur la plus prestigieuse des scènes de l’Argentine, l’opéra de Buenos Aires, le Teatro Colón, dans le quartier de Retiro. Pour un musicien populaire comme Gieco, jouer dans cette salle a quelque chose de magique. Surtout qu’il s’agit ce soir d’un retour sur scène après une longue absence.

Frères dans la musique, dit le gros titre
(comme on dit "frères dans la foi" ou "frères de lait", choisissez)
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Prix des places : 3 300 $ ARG. On ne peut pas vraiment dire que ce soit très abordable mais Núñez n’est pas seul : il joue avec son ensemble et cela fait du monde.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 qui a mis les deux artistes à la une de son supplément culturel quotidien (ci-dessus).



(1) Il sera bientôt en France : à Rennes le 26 juin, à Fougères le lendemain puis à la basilique de Saint-Denis (93) le 27 juin avant de regagner l’Espagne.

mardi 28 mars 2023

A la découverte de Sebastián Piana [Disques & Livres]


Le pianiste et compositeur Sebastián Piana (1903-1994), né et mort à Buenos Aires, est le créateur de la milonga ciudadana, la milonga urbaine, qui est la reprise en ville d’une tradition rurale qui se mourrait au début des années 1930 : la chanson en quatrains de vers octosyllabiques répandue dans toutes les campagnes du bassin du Río de la Plata, de part et d’autre du delta, depuis au moins le milieu du 19e siècle.

Parmi ses œuvres les plus célèbres dans le répertoire tanguero, Milonga Sentimental et Pena Mulata, deux milongas composées sur des vers de Homero Manzi, son grand compère de création. Tous deux ont lié cette renaissance de la milonga à la tradition de la musique afro-argentine alors en grand danger d’extinction totale, à cause de la politique du premier gouvernement putschiste, des militaires qui ne cachaient pas une fascination certaine pour l’idéologie fasciste alors au pouvoir en Italie, qui avait renversé un gouvernement de gauche (Unión Cívica Radical du président Yrigoyen), qui avait commencé, depuis 1916, à assumer l’existence d’un passé esclavagiste à l’époque coloniale et donc celle d’une culture portée par les descendants d’Africains toujours présents dans la population argentine.

Le tango Tinta Roja (encre rouge) est l’un de ses autres grands succès (sur des vers de Cátulo Castillo, cette fois).

L’œuvre de Piana este mal connue du grand public, même amateur de tango, parce que le compositeur n’a jamais fondé son propre orchestre et ne figure donc jamais en vedette sur les jaquettes de disque. Son petit-fils, Nacho Piana, lui-même musicien, s’set associé à son épouse, la pianiste japonaise, Shino Onaga, pour présenter le travail de son grand-père dans un livre qui met cette œuvre à la portée de tout un chacun.

L’ouvrage est publié chez Mil Campanas. Página/12 le présente ce matin dans son supplément culturel quotidien.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Nouvelle Semaine Sainte sous le signe du chocolat à Bariloche [à l’affiche]

Dans la rue principale de Bariloche
Photo de l'office du tourisme de la ville
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Comme tous les ans désormais, San Carlos de Bariloche, la grande station de montagne de la province de Río Negro, dans les Andes, s’apprête à accueillir la fin de la Semaine Sainte et la fête de Pâques avec une grande fête du chocolat, une spécialité de la ville grâce à une importante colonie de descendants d’Helvètes.

Plan de la Fiesta cette année
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A partir du Jeudi Saint, la ville se déguise en royaume du chocolat. Le pari de l’année est de réaliser la plus grosse tablette de chocolat du monde dans l’Allée du même nom en centre-ville.

Photo soignée sur le lac
Photo Office du tourisme de San Carlos de Bariloche
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Les œufs, les poules et les lapins seront au rendez-vous ainsi que les excusions dans les montagnes baignées dans les couleurs de l’automne… tout comme en Suisse avec six mois de décalage.

A vous de choisir dans le programme
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Toutes les activités sont gratuites. Pour les deux concerts, il convient toutefois de s’inscrire en ligne pour réserver sa place. De nombreux ateliers sont proposés aux petits et aux grands. Des dégustations partout. Du chocolat à croquer et à boire. Joyeuses Pâques !

Le Cours du Chocolat (dans la rue Mitre)
Photo Office du tourisme de Bariloche
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En Argentine, ce long week-end commence le Vendredi Saint (et parfois la veille) et s’achève au soir du dimanche. Le Lundi de Pâques est inconnu sous ces latitudes.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 27 mars 2023

Finalement, Macri ne sera pas candidat [Actu]

Página/12 a choisi de se payer la tête de l'ex-futur candidat.
Les titreurs reprennent leur gag récurrent sur sa présidence :
il prenait beaucoup de vacances et quittait le bureau
tous les jours vers 18h pour se plonger dans des séries télévisées
(de son propre aveu)
Macri président postait souvent sur les réseaux sociaux
des photos de lui sur une chaise longue. D'où ce gros titre :
"Le triomphe de la chaise-longue"
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Hier, Mauricio Macri, le précédent président, héraut de la politique ultra-libérale au profit du grand patronat argentin, a annoncé qu’il renonçait à se présenter à l’élection présidentielle dont le premier scrutin, ce qu’on appelle les PASO (primaires obligatoires pour tous les candidats à tous les mandats), se tiendra fin août puis et le second en octobre : ce sera le premier tour (il arrive souvent qu’il n’y ait pas besoin de second tour, lequel lorsqu’il existe se déroule un mois plus tard).

"Je ne serai pas candidat", dit le gros titre
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Dans son camp, c’est un concert de louanges dont plusieurs parfaitement hypocrites : l’homme aurait ainsi montré sa grandeur et son honorabilité. C’est à peine s’il n’est pas comparé au Padre de la Patria, le général José de San Martín (1778-1850), alors qu’il ne lui arrive même pas à la cheville.

"Macri renonce et la bataille interne entre Bullrich
et Larreta s'accélère" dit le gros titre
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En fait, au moins la vacuité de ses motifs est abyssale : il a en effet déclaré qu’il avait renoncé à cette candidature quand « il s’était rendu compte qu’il n’avait pas besoin de revanche ». Ainsi donc, ce n’est pas un projet politique pour son pays, une conviction enracinée du destin de l’Argentine qui le pousse à présenter ou non sa candidature, mais de simples questions narcissiques de son petit moi intime. Ce qui explique quelque peu le caractère pitoyable de sa présidence de 2015 à 2019, laquelle s’est terminée par l’endettement monstrueux du pays auprès du FMI, qui violait la réglementation du Fonds et qui lui interdit aujourd’hui toute capacité d’être élu.

"Macri ne sera pas candidat et les prises
de décision électorale s'accélèrent", dit le gros titre
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De l’autre côté, chez les péronistes, cette décision bouscule aussi bien des perspectives. Elle ne change guère les probabilités de défaite électorale de l’actuel président, Alberto Fernández, mais elle change peut-être beaucoup de choses pour sa vice-présidente, Cristina Kirchner, qui depuis plusieurs semaines semble bien être à la manœuvre pour qu’on la supplie d’y aller.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Disparition de la très polémique veuve de Jorge Luis Borges [Actu]

"La dernière samouraï" dit le gros titre
reprenant une légende répandue par la disparue elle-même
Elle aurait été issue d'une très ancienne lignée aristocratique nippone
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Même la presse ne parvient pas à taire ses critiques contre María Kodama, alors qu’elle vient de disparaître à l’âge vénérable de 86 ans. Des nécrologies au ton très inhabituel…

Ce qu’on ignore encore et qui inquiète, c’est la décision qu’elle a prise pour son héritage. Qui avait-elle désigné pour récupérer et administrer l’œuvre littéraire d’un des plus grands écrivains argentins qui ne soit pas tombé dans le domaine public. On ne sait même pas si elle a rédigé un testament.


Dans son édition papier, ce matin,
Clarín consacre trois pages à la disparition de la veuve
et à l'œuvre du défunt époux
"La gardienne de fer choisie par Jorge Luis Borges"
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Ce dont on se souviendra la concernant est sans doute la vie impossible qu’elle a menée à de nombreux éditeurs de son feu mari et à ses traducteurs ! Elle leur a fait souvent fait vivre l’enfer.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 28 mars 2023 :
A l’occasion des obsèques hier, dans la banlieue chic de Buenos Aires, son avocat a fait savoir que pour administrer l’œuvre de Borgès après sa mort, María Kodama avait désigné un trio institutionnel composé d’une université japonaise, d’une université aux États-Unis et une institution argentine dont personne n’a voulu dévoilé le nom. Voilà qui promet sans doute d’autres mésaventures : il va falloir que les trois institutions s’entendent. Ce n’est pas gagné d’avance.
Pour aller plus loin :
lire l’entrefilet de La Nación


En haut à droite, le titre concernant María Kodama
et l'absence de testament.
Le gros titre de ce 4 avril est pour une rixe
qui a eu lieu sur un piquet de grève de chauffeurs de bus
effrayés par la mort violente d'un des leurs la veille
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Ajout du 4 avril 2023 :
Hier après-midi, l’avocat de María Kodama a convoqué une conférence de presse et il a révélé aux Argentins stupéfaits qu’elle n’avait laissé aucun testament. Eu égard à la responsabilité qu’elle avait héritée de son défunt mari concernant son œuvre littéraire, c’est une situation invraisemblable. Ce qui avait été annoncé par le même avocat le jour de ses obsèques est donc nul et non avenu. Si María Kodama n’a pas d’héritier légal (et on croit savoir qu’elle-même n’a pas de parents qui pourraient avoir cette qualité au regard de la loi argentine qui s’applique), les biens qu’elle laisse et l’administration de l’œuvre de Borges doivent revenir à l’État (qui en l’occurrence pourrait être la Ville Autonome de Buenos Aires). Une situation qui de toute manière serait préférable à l’invraisemblable montage entre trois institutions académiques de trois pays différents qu’elle avait sans doute évoqué devant son avocat et dont il s’était fait l’écho le jour des funérailles. Cependant, Borges avait, semble-t-il, une sœur dont il y a descendance. La justice argentine devrait pouvoir établir ces personnes comme héritières légales. L’avocat a donc déposé auprès du tribunal ad hoc une demande en recherche des héritiers en vue de régler la succession.

Une du 4 avril : en haut à droite, sur fond gris
En vedette, la même risque (c'est le ministre
de l'Intérieur de la Province de Buenos Aires
qui se prend le poing d'un gréviste en pleine figure)
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Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’entrefilet de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación

La Nación a préféré une annonce
à mi-hauteur de la page : 3e titre secondaire
dans la colonne de droite
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Ajout du 11 avril 2023 :
lire cet article de Página/12 qui en a fait la une de Cultura & Espectáculos, son supplément culturel quotidien du 9 avril dernier.

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L'image évoque Paris alors que le journal
pleure son correspondant permanent en France,
Eduardo Febbro, décédé jeudi dernier

vendredi 24 mars 2023

Comme tous les 24 mars, l’Argentine se souvient : Nunca más [Actu]

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Tout en bas : "Face à face avec Joe Biden" :
le président Fernández vient de partir pour un sommet
des Amériques où il doit avoir un entretien particulier avec
son homologue des Etats-Unis


En Argentine, le 24 mars est un jour férié consacré au souvenir du dernier coup d’État militaire intervenu le 24 mars 1976 et à toutes ses victimes : Nunca más – Pus jamais ça !

"La culture n'est pas amnésique", dit le gros titre
sur les photos des disparus de la Dictature
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La presse de droite en fait à peine mention. Quelques articles pour indiquer les lieux où les manifestations officielles et les défilés militants auront lieu. C’est tout. Les unes sont consacrées à la victoire de la Scaloneta, nouveau surnom de l’équipe nationale de foot, dans un match amical qui a permis aux supporters de fêter une fois encore la troisième étoile de leurs champions. La droite prend ce jour pour des vacances comme les autres et cette année, chic, ça tombe un vendredi, ça fait donc un long week-end.

"Nous aimons tellement Nora" dit le gros titre
de ce supplément féministe
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En revanche, c’est la presque intégralité de son édition de ce jour que Página/12 consacre à la question des Droits de l’Homme et à l’histoire du coup d’État comme à celle des associations militantes de victimes de la répression. Les unes nationale et locales y font référence. Celles de plusieurs suppléments thématiques aussi !

"La Province a eu son Hitler", dit le gros titre
En rouge au-dessus : Rapport spécial sur la dictature à l'école
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Le plus choquant dans tout cela, c’est que, depuis que la CPI a émis l’ordre d’arrestation contre Poutine et sa blonde commissaire aux droits des enfants, ce journal, si prompt à relayer (à juste titre) toutes les informations concernant la recherche des enfants volés à leur famille sous la Dictature, prend fait et cause contre l’Ukraine et pour Poutine au sujet des enfants volés par l’ennemi, déportés en Russie et adoptés là-bas sous des identités falsifiées rendues possibles par un décret tout ce qu’il y a de plus officiel du président de la Fédération de Russie ! Au moins, la Junte avait-elle conscience de commettre un crime. Elle a tout manigancé en secret ! A longueur d’articles et d’éditoriaux, Página/12 parle à ce sujet de « soi-disant crimes », exactement comme le fit en son temps cette même Dictature que la rédaction honnit ce matin.


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Au mois d’août lorsque j’étais à Buenos Aires, j’ai été sidérée par l’hostilité à l’Ukraine et le mépris abyssal que beaucoup de mes amis de gauche professaient contre le président Zelensky dont ils ne savent finalement que fort peu de choses et la plupart du temps, en plus, ce sont des choses fausses. Et ils ne manifestaient aucune curiosité pour sortir de leurs croyances, toutes moulées par la propagande russe qui agit avec la force d’une secte. Désolant !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article du supplément quotidien Cultura & Espectáculos sur le programme culturel de la journée sur ce thème
lire l’article de Las 12, le supplément féministe hebdomadaire, sur les souvenirs de Nora Cortiñas, militante des droits de l’Homme, féministe, militante de la dépénalisation de l’avortement et elle n’est plus de prime jeunesse !
lire l’article de l’édition de La Plata, Buenos Aires (pour la province homonyme), consacré à un responsable de la Police d’il y a 47 ans, comparé à Hitler (mais la même comparaison rapportée à Poutine fait ricaner les mêmes journalistes)
lire l’article de l’édition de Rosario où l’ancien président bolivien, Evo Morales, doit participer aux manifestations locales (un président qui a voulu se représenter alors qu’il n’en avait pas le droit constitutionnel, mais cela ne dérange personne à Página/12, tout au contraire !)