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jeudi 11 septembre 2025

Mileí se prend une claque et en redemande : nouveaux veto présidentiels [Actu]

Même pas la peine de traduire le calembour de Une
Cela se comprend tout seul dès lors que l'on sait
que la photo représente Mileí entouré de ses deux
principaux ministres
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Malgré la sévère défaite électorale qu’il a essuyée dimanche dans la Province de Buenos Aires et qui semble augurer assez mal des élections générales de mi-mandat pour son parti, LLA (La Libertad Avanza), Javier Mileí vient, sur un coin de table et en compagnie de sa sœur, de poser, devant l’objectif, son veto à la loi du financement des universités nationales (en hausse sur l’année précédente pour tenir compte de l’inflation) et à celle qui accorde un surplus de budget à l’hôpital pour enfants de Buenos Aires, el Hospital Garrahan. Dans les deux cas, Mileí considère que ce versement d’argent public constitue une dépense [par définition évitable] et non pas un investissement dans le futur, le développement et la santé du pays !

En haut : "Le président met son veto à l'augmentation
du budget universitaire", dit le gros titre
En bas : "la désinflation ne flanche pas",
à cette réserve près que la consommation est elle
en chute libre, ceci expliquant cela
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Pourtant c’est la semaine dernière, juste avant le scrutin de dimanche, que ces deux lois ont été votées par les deux chambres l’une après l’autre et dans des proportions confortables, afin de rendre nuls et non avenus deux décrets présidentiels qui prétendaient réduire en peau de chagrin le soutien de l’État à ces institutions.

Toujours fidèle à son caractère de tabloïd,
Clarín n'a pas résisté à l'envie de montrer des
photos de l'assassinat hier dans l'Utah
d'un militant MAGA proche de Trump.
En haut : le gros titre porte sur le renouvellement
de la dette à un taux réduit
Il faut aller dans la colonne de droite, au milieu,
pour découvrir un titre portant sur les veto
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Au Congrès, les élus qui ont voté ces deux lois ont aussitôt fait savoir qu’ils s’organisaient pour voter l’annulation de ce double déni de démocratie dès la semaine prochaine. Et c’est ainsi, au milieu du scandale de corruption qui touche sa détestable frangine, des enquêtes qui reprennent de plus belle sur la crypto-monnaie crapuleuse, promue par lui-même, sur ses réseaux sociaux, au détriment d’épargnants désormais ruinés, et des chiffres officiels qui rendent compte d’une baisse continue de la consommation sur plusieurs mois, que le président argentin fait campagne pour les élections qui se tiendront en octobre.

En haut : "Mileí met son veto aux fonds
pour les universités et pour l'hôpital Garrahan"
En bas : la photo d'une adolescente qui a tiré
sur une de ses professeures dans un lycée à Mendoza
Le gouvernement argentin a libéralisé le commerce
et la détention des armes. L'Argentine, ça va bientôt
être le Far-West comme aux Etats-Unis !
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De leur côté, les universitaires ont aussi annoncé la tenue de leur troisième marche fédérale ainsi qu’un mouvement de grève générale et le personnel du Garrahan organise lui aussi sa manifestation en soutien à cet hôpital de pointe qui fait l’envie de tous les pays voisins !

Le cynisme de ce type ne connaît pas de limite ! Et il annonce encore d’autres veto à venir...

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 8 septembre 2025

Une baffe de première pour Javier [Actu]

"La marée", proclame le gros titre ce matin
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Comme, au vu de la dégradation spectaculaire de la situation socio-économique d’une majorité d’Argentins, on pouvait l’imaginer et d’aucuns l’espérait fermement, les élections locales dans la Province de Buenos Aires ont marqué un échec indéniable de LLA, le parti libertarien du président Javier Mileí, et une victoire retentissante de Fuerza patria, l’alliance électorale des péronistes de gauche, tous courants confondus, rassemblés sous l’autorité du gouverneur de la province, Axel Kiciloff, qui fut ministre sous la présidence de Cristina Kirchner.

"Et le grand vainqueur est..." titre La Prensa
comme si ce résultat était celui d'un jeu télévisé
La Prensa est très hostile à Kiciloff.
Visiblement, elle lui préfère la vulgarité et la cruauté
systématiques de Mileí. Or ce quotidien est celui
de la droite catholique réactionnaire et passablement chauvine

Fuerza Patria (Force patrie, Courage Patrie ou Vas-y Patrie) a obtenu près de 50 % des voix tandis que LLA n’en a recueilli qu’un tout petit peu plus que 30 %. L’extrême-gauche arrache elle aussi 5 %, ce qui fait basculer la province majoritairement à gauche, pour une politique sociale de redistribution des richesses entre les habitants du pays.

"Le péronisme a écrasé Mileí, qui doit redéfinir
sa stratégie pour octobre", dit le gros titre
au-dessus d'une photo de Kiciloff après la victoire
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L’écart est si fort que Mileí a été obligé de reconnaître sa défaite, une concession exceptionnelle chez lui, ce qui ne l’a pas empêché de déclarer, tout gonflé de sa suffisance, qu’il continuerait la même politique en en accentuant encore le caractère dérégulateur, anti-social et anti-étatique qui a poussé les électeurs à voter pour les représentants de l’opposition. Entre ces promesses outrecuidantes et les soupçons solidement constitués de corruption qui touchent depuis environ un mois sa sœur, tout à la fois Première dame et principale collaboratrice politique du chef de l’État, il est probable que le président argentin se prépare une nouvelle déroute lors des élections générales de mi-mandat qui se tiendront dans un mois.

"Cruelle défaite du gouvernement face au PJ [les péronistes] :
Mileí confirme son plan économique", dit le gros titre
au-dessus de la photo des deux QG politiques
à gauche : autour de Kiciloff,
à droite : autour de Mileí
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Pourtant, cette fois-ci, les Bonaerenses se sont très peu mobilisés. C’est même la participation la plus faible depuis le retour à la démocratie en 1983 : 60,9 % du corps électoral. Malgré la sévérité de la crise dans laquelle Mileí a plongé le pays, il y a donc sans doute d’une part un peuple de droite qui n’y croit plus et qui sans doute n’apprécie pas l’auto-dissolution de la droite libérale dans le bougli-bougla libertaire d’un Mileí et d’autre part un peuple de gauche qui n’a pas complètement perdu l’espoir de reconquérir la démocratie et de reconstruire un État social qui constitue le rêve de la gauche argentine depuis 1916, date de l’élection du premier président de gauche, Hipólito Yrigoyen, lors de la première élection du président au suffrage universel, établi en 1912.


"Ecrasant", dit le gros titre de l'édition locale
de Página/12
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Mileí s’était efforcé ces trois dernières semaines à transformer ce scrutin en un plébiscite sur sa petite personne, en multipliant les provocations à la violence dans ses prétendus meetings électoraux. Il a perdu. L’épouse de Kiciloff a bien résumé le personnage : « Le président n’a que haine pour mon mari parce qu’il est tout ce qu’il aimerait être sans y parvenir ».

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12 (édition nationale)

Attention : les articles et les Unes ont été publiés très tôt ce matin alors que le dépouillement était encore en cours et les chiffres définitifs toujours inconnus.

vendredi 5 septembre 2025

Le Sénat rejette définitivement le veto de Mileí [Actu]

Jeu de mot habituel en Une de Página/12 :
"Veto à ma loi" (mi ley se prononce comme Mileí)
En haut : les adieux de Messi au maillot albiceleste
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C’est la première fois depuis vingt-deux ans que le Congrès parvient à annuler un veto présidentiel. Il faut pour cela que le rejet obtienne la majorité successivement dans les deux chambres.

En haut, Messi.
En bas : le siège social historique de La Prensa
sur Avenida de Mayo était devenu le siège du ministère
de la Culture de la Ville Autonome de Buenos Aires
qui vient d'en faire un musée
Tout en bas, à gauche, dans un encart jaune : le vote contre le veto
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Hier, le Sénat a confirmé le rejet déjà validé par la Chambre. Le veto mis par Javier Mileí à la loi qui finance le secteur du handicap et l’agence qui s’en occupe est donc invalidé. La loi votée par le Congrès devient applicable malgré l’opposition du chef de l’État.

Ce vote a été obtenu par 63 voix pour, 7 contre sur 72 sénateurs en activité.

En haut : le Sénat a fait gagner l'opposition contre le veto
En bas : Messi
En haut, à droite : Giorgio Armani
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Par ailleurs, le Sénat a voté une nouvelle disposition qui limite les circonstances dans lesquelles le président peut recourir au DNU, décret de nécessité et d’urgence, ce qui correspond en France à l’ordonnance et aux États-Unis à l’executive order, un artifice constitutionnel dont Mileí use et abuse depuis son arrivée au pouvoir, le 10 décembre 2023. Il reste donc à la Chambre des députés à voter la même disposition pour que celle-ci entre en vigueur et pour que le Congrès reprenne ses prérogatives dans le jeu politique organisé par la constitution.

Javier Mileí a appris sa défaite parlementaire à Los Angeles, où il était allé faire de la retape auprès d’éventuels investisseurs pour essayer par tous les moyens de relancer l’économie argentine alors que la campagne électorale touche à sa fin et n’annonce pas des résultats aussi brillants qu’il se l’imaginait. Il a aussitôt refait ses bagages pour rentrer dare-dare à la maison, abandonnant le reste de son programme. D’aucuns en Europe prétendent l’économie argentine florissante (comme cela a été dit et redit hier sur le plateau de la nuit par un quarteron de journalistes pas vraiment progressistes). Dans les faits, elle au 36e dessous, comme le prouvent les foules qui se sont pressées le 7 août autour des sanctuaires de San Cayetano, patron du travail, du pain et du toit, et la fermeture depuis 18 mois de 14 000 boulangeries dans un pays où vivent 46 millions de personnes qui ont besoin de pain tous les jours et où beaucoup de gens n’ont plus les moyens d’en acheter suffisamment pour que les commerces survivent.

En haut : L'opposition a annulé pour la première fois
un veto de Mileí et se dresse contre les DNU
En bas, Messi
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La Province de Buenos Aires vote dimanche sur des scrutins locaux, dont la composition des assemblées législatives de la Province et des municipalités, en avant sur les élections de mi-mandat nationales du mois d’octobre. Des enjeux cruciaux puisque c’est la province la plus peuplée du pays : elle abrite plus d’un tiers de la population nationale, avec plus de 17,5 millions d’habitants.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mardi 2 septembre 2025

Pour faire baisser la fièvre, le mieux ne serait-il pas de casser le thermomètre ? [Actu]

Opération cadena, dit le gros titre
Comme La Nación, Página/12 s'interroge
sur l'opportunité pour le président de se rendre
aux Etats-Unis ces jours-ci pour aller applaudir
le spectacle d'une de ses ex en tournée chez Tonton Donald
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Pour tenter de limiter les conséquences, notamment électorales, du scandale de corruption qui implique actuellement l’entourage le plus proche du président Javier Mileí, sa sœur et son avocat personnel imprudemment nommé par lui à la tête de l’agence du handicap dont il vient d’être révoqué, le gouvernement a obtenu d’un magistrat pour le moins suspect une interdiction de rendre publics les enregistrements audio qui prouvent que des dessous de table ont profité à différentes personnes, dont la sœur du chef de l’État, qui agit depuis toujours comme l’âme damnée de son frère.

Le gouvernement attribue l'audiogate à la Russie
et au Venezuela, dit le gros titre
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De quoi s’agit-il ? De surfacturation par un seul grossiste de médicaments vendus à l’agence et destinés aux handicapés, avec redistribution aux proches du président des sommes ainsi volées à l’État argentin, client du grossiste peu scrupuleux. Cette affaire de corruption a donné lieu à des conversations entre les corrompus. Or elles ont été enregistrées, certaines au sein même du palais présidentiel, ce qui a déclenché une enquête en interne : le président cherche à identifier le traître parmi le personnel de ses services (ce n’est donc pas une infox montée par le Kremlin ou par Caracas comme le président s’efforce de le proclamer depuis cette nuit).

Depuis plusieurs jours, ces documents audio sont publiés au compte-gouttes dans la presse, alors que la campagne de mi-mandat bat son plein et vient d’aboutir à une défaite sévère du camp présidentiel dans la province de Corrientes. Et cela ne s’annonce guère mieux dimanche prochain dans la province de Buenos Aires puis au niveau national en octobre.

L'affaire a droit à un titre secondaire, en haut
à droite : "Décision de justice polémique : elle interdit
de diffuser les audios de Karina Mileí"
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Le juge qui a prononcé l’interdiction est lui-même poursuivi, entre autres, pour des faits de violence contre sa compagne, ce qui devrait lui valoir d’être révoqué du corps des magistrats s’il est reconnu coupable.

Les observateurs, les juristes, les constitutionnalistes, de nombreux élus surtout de l’opposition et bien entendu un grand nombre de journalistes voient dans cette réaction de l’exécutif une violation gravissime de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Un nouveau pas du président vers l’instauration d’un régime autoritaire, pour ne pas parler de dictature.

"Le gouvernement a obtenu une décision judiciaire
pour empêcher la diffusion d'autres audios de Karina Mileí"
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Dans le paysage médiatique argentin, parmi les titres nationaux, on observe ce matin que Clarín évoque à peine l’affaire tant il est occupé par son actualité maison et la grande soirée d’hier au Teatro Colón avec tout le gratin mondain pour les 80 ans de la fondation du quotidien et que La Prensa, qui défend le point de vue de la droite catholique réactionnaire, s’émeut le moins de ces initiatives liberticides. En revanche, Página/12 et La Nación, qui sont à l’opposé idéologique et politique l’un de l’autre, dénoncent les mêmes faits, souvent dans les mêmes termes : opération judiciaire critiquable voire illégale, atteinte à la liberté d’informer, invraisemblance de l’argument officiel pour dénoncer une opération de désinformation de la Russie et du Venezuela (alors qu’on sait que les faux russes sont très faciles à détecter en OSINT, ne serait-ce que par la mauvaise maîtrise de la langue dont les faussaires font preuve) et situation peu crédible, sur les plans personnel et professionnel, du juge ayant pris cette décision.

A suivre…

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 1 septembre 2025

Grosse défaite de Mileí et consorts dans la province de Corrientes [Actu]

"La majorité locale l'a emporté à Corrientes
et le candidat LLA arrive quatrième", dit le gros titre
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De bon augure démocratique pour les élections provinciales de dimanche prochain en province de Buenos Aires puis les élections de mi-mandat au niveau national en octobre !

En haut : "A Corrientes, Mileí à contre-courant",
jeu de mot habituel à ce journal
En titre principal, un nouvel épisode du procès
contre les pieds-nickelés qui ont tenté d'assassiner
Cristina Kirchner (photo) il y a plusieurs années
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La cote du président Mileí baisse à vue d’œil au milieu du désastre économique et social visible dans tout le pays, de la violence verbale et policière et des fortes odeurs de corruption qui émanent de la Casa Rosada depuis l’affaire de la crypto-monnaie qui, promue par le président, a entraîné dans les cinq heures suivantes la faillite de centaines de personnes qui avaient fait confiance aux déclarations publiques de ce chef d’État qui n’en a que le titre mais certainement pas la probité et la compétence attendues.

Corrientes n'a droit qu'à une petite photo du candidat
au poste de gouverneur en train de voter
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Dans la province de Corrientes hier, c’est le candidat radical qui l’a emporté. Les radicaux, une formation née au centre gauche en 1890 et inscrite aujourd’hui dans une droite classique démocratique, dont un certain nombre d’élus ont pris leurs distances avec le président depuis de nombreux mois, remportent la province.

Le gouverneur élu au premier tour n’est autre que le frère du sortant, lequel s’en va avec plusieurs autres responsables de province former une alliance politique pour proposer une nouvelle alternative tant aux libertariens de Mileí qu’aux péronistes qui ont conservé leur cheffe historique, Cristina Kirchner, malgré sa peine d’inéligibilité à vie et d’assignation à résidence pour 8 ans.

"Corrientes : la majorité locale prend 30 points
au PJ [kirchneristes] et LLA arrive quatrième", dit le gros titre
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Les kirchneristes, arrivés en deuxième position avec un pourcentage de voix moitié moindre que le vainqueur, crient au manque de transparence, lequel semble bien avoir existé. Quant au candidat mileiste, il arrive bon quatrième moins de 10 % des voix alors que le kirchneriste a obtenu près de 20 %.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación

jeudi 28 août 2025

Le chamamé est en deuil : Raúl Barboza s’en est allé [Actu]

Raúl Barboza, il y a de nombreuses années


Né à Buenos Aires d’un couple guaraní originaire de Curuzu Cuatiá, petite ville fondée en 1812, à l’époque de l’indépendance, par le général Manuel Belgrano dans la province de Corrientes, Raúl Barboza aura été l’un des grands représentants du chamamé, la musique traditionnelle du berceau familial, avec son accordéon, qui est l’instrument emblématique de ce genre musical auquel son père avait contribué et qu’il lui avait transmis.

Página/12 a préféré une photo emblématique
du scandale en cours : ces chaises roulantes sur Plaza de Mayo
En gros titre : "Les plus cruels des dessous-de-table"
En haut, à droite, la fuite honteuse du député en moto
En bas, à gauche, un petit titre : "L'accordéon en pleurs"
pour Barboza (c'est maigre, non ?)
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Le musicien, compositeur et interprète, était âgé de 87 ans. Installé à Paris depuis près de quarante ans, il s’est éteint hier dans son appartement de la Montagne Sainte-Geneviève, à deux pas du Panthéon. Cet exil explique sans doute le peu de place que lui laisse la presse argentine d’aujourd’hui, qui préfère titrer sur le caillassage en règle qu’ont subi hier Javier Mileí, son odieuse sœur et leur complice, José Luis Espert, dans les rues de Lomas de Zamora, dans la province de Buenos Aires, alors qu’ils prétendaient s’y faire acclamer (1).


Concert de Raúl Barboza à Buenos Aires en 2017
au Centro Cultural Kirchner

Pourtant Raúl Barboza n’avait pas trahi l’Argentine. a chaque été austral, il y retournait et ne manquait pas d’y faire une tournée et de participer à des festivals locaux, jusqu’à ce que le covid vienne chambouler la vie des artistes (et des autres).

Choix éditorial similaire à Clarín :
Le gros titre porte sur le scandale et sur les réfutations
pas très crédibles de Mileí, qui se défend d'être impliqué
En-dessous : la photo du caillassage à Lomas de Zamora
En haut, à droite du titre, Raúl Barboza a droit à sa photo
(en tout petit)
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Il nous laisse sa musique et ses disques, qui ne sont pas très difficiles à trouver en France. Il a d’ailleurs reçu chez nous de nombreuses récompenses du métier. Il a même été décoré, ce dont les journalistes ne semblent pas peu fiers aujourd’hui dans leurs nécrologies.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 qui n’a pas daigné lui consacrer la Une de son supplément culturel quotidien (à ma plus grande surprise, je l’avoue)
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación




(1) Ils ont osé ce déplacement de campagne électorale en terre d’opposition en plein milieu d’un gigantesque scandale de dessous-de-table dont il est prouvé que le président en avait parfaitement connaissance, qu’il a laissé faire et que sa sœur en a largement bénéficié, le tout au détriment des handicapés dont ce petit clan mafieux est en train de détruire tous les droits et toutes les aides sociales. Cela fait peut-être un peu beaucoup, non ?
La colère des habitants qui les ont vu se pavaner dans leur rue a été telle que le couple présidentiel (puisque c’est bien ce que sont le frère et la sœur) et leur sycophante préféré ont dû fuir sans gloire, le couple en rentrant de manière précipitée dans l’habitable de sa voiture pour retourner dare-dare à la résidence de fonction et le député chauve en enfourchant, toute honte bue et sans casque, une moto qui a filé à toute allure pour semer les mécontents !

vendredi 22 août 2025

L’opposition s’oppose : le Sénat rejette 5 décrets et 2 veto présidentiels [Actu]

Sur fond de photo du Congrès, Página/12 présente
la victoire parlementaire comme un résultat de football
En haut, un nouveau scandale impliquant Mileí
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La Chambre basse s’était déjà prononcé il y a quelques semaines sur un certain nombre de décrets et de veto de Javier Mileí (voir mon article du 7 août dernier). Pour que les lois invalidées par le président retrouvent leur vigueur et que les décrets exécutifs (ce qu’on appellerait des ordonnances en droit français) soient définitivement écartés, il fallait que le Sénat vote.

Hier, jusque tard dans la nuit, la Chambre haute a débattu et voté et le groupe LLA, fidèle à Mileí, s’est retrouvé tout seul, tous les autres votant dans l’autre sens : les gauches, dont les péronistes toujours fidèles à la ligne de Cristina Kirchner, le centre, la droite libérale et les régionalistes.

"Le Sénat, grand bastion de l'immobilisme populiste",
vomit le quotidien de la droite catholique réactionnaire
Financer la recherche et réguler le fonctionnement d'un hôpital
de pointe, c'est "populiste" pour cette rédaction
En bas, la barbarie dont il est question fait référence
à la violence d'un groupe de supporters de foot
qui ont attaqué un carré de supporters chiliens
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Résultats des courses : le budget des universités est remis en selle et la loi qui concernait le grand hôpital pédiatrique Garrahan est désormais validée. Si Mileí respecte la constitution, ce qui n’est pas assuré. Et il faut encore qu’il les signe et qu’elles soient publiées au Bulletin officiel de la République argentine.

Le gros titre et les photos centrales portent
sur le scandale du match de foot qui se termine
en massacre entre des Argentins et des Chiliens
Notre affaire est traitée tout en bas :
"Avec plus de voix qu'attendu, l'opposition au Sénat
renverse cinq veto de Mileí"
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Du côté des décrets, les organismes supprimés devraient ressusciter, si, là encore, le président respecte la constitution. Les principaux organismes régulateurs de l’économie sont remis sur les rails : INTI (industrie), INTA (agriculture), Vialidad (gestion du réseau routier national et sécurité routière) et la Banque de Données génétiques (BNDG), qui permet d’identifier les adultes enlevés à leur famille dans leurs premières années ou à la naissance pendant la dictature militaire des années 1976-1983. Sont aussi remises sur les rails plusieurs institutions culturelles et savantes comme el Instituto Nacional del Teatro (qui soutient les théâtres, les festivals et la création contemporaine), el Instituto Nacional Sanmartiniano, consacré à la mémoire et à la recherche historique sur le général José de San Martín (1778-1850) et dont le siège devait être transformé en un musée inutile et particulièrement mal fichu (vu les dispositions des lieux), ainsi que d’autres instituts d’histoire consacrés à Evita Perón, Juan Manuel de Rosas et Hipólito Yrigoyen. En revanche, le sort de el Instituto Nacional Belgraniano n’a pas fait l’objet d’un débat ni d’un vote et la société savante qu’il abrite continue la construction de son projet alternatif : elle fait les démarches juridiques pour s’instituer en association afin de survivre quelles que soient les décisions que peut prendre l’exécutif national au gré du vent !

Le sort d’autres instituts reste encore à déterminer, comme celui consacré à un pionnier de l’aviation.

"Le Sénat rejette cinq décrets de Mileí
et approuve le financement des universités",
dit le gros titre au-dessus d'une sélection de photos
concernant le drame du stade de foot
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Tout cela rend Javier Mileí furieux. Il aime Donald Trump et il l’imite très bien ! Un vrai gamin incapable de supporter les frustrations… Qui plus est, il semble de plus en plus seul alors que les élections de mi-mandat s’approchent à grands pas.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de La Prensa, très critique du vote des sénateurs, comme elle avait critique celui des députés
lire l’article de Clarín

mercredi 13 août 2025

Un suspect de meurtre poursuivi malgré la prescription : le parquet contourne l’obstacle [Actu]

Le jeune disparu dans une photo parue dans la presse en 1984


C’est un fait divers qui tient en haleine l’opinion publique argentine depuis le 20 mai dernier, lorsque des ouvriers du bâtiment sont tombés sur des ossements humains dans un petit jardin où ils faisaient des travaux pour construire un nouvel immeuble à Coghlan, un quartier excentré de Buenos Aires. Cette découverte macabre avait tout de suite retenu l’attention des médias parce qu’elle s’est produite sur une parcelle où avait vécu un temps un chanteur très populaire, décédé il y a quelques années. Or dès les premières constatations des techniciens de l’identité judiciaire, Gustavo Cerati, c’est son nom, avait été exonéré de tout soupçon car le corps était bien trop ancien pour correspondre au séjour du musicien à cette adresse. Très vite aussi, l’enquête a pu établir que ces ossements appartenaient à un homme jeune qui avait été tué à l’arme blanche, ce dont le médecin légiste a retrouvé la preuve sur une côte.

La semaine dernière, en faisant un rapprochement ADN, la justice a enfin pu mettre un nom sur cette victime : Diego Fernández Lima (ci-dessus). Au moment de sa mort, c’était un adolescent sans histoire de 16 ans. Il pratiquait le foot dans un club local et il aimait les motos comme tant et tant de ses semblables.

Clarín en parle en Une, à droite, au milieu de la colonne
avec photo du suspect au premier plan
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Il y a 41 ans, peu après le retour à la démocratie, Diego a disparu du jour au lendemain, le 26 juillet 1984 dans l’après-midi. Avant de sortir, il a demandé l’argent du bus à sa mère, il l’a embrassée et il n’est jamais revenu. Pendant de nombreuses années, ses parents ont remué ciel et terre, en vain, pour convaincre le commissariat local d’entamer des recherches : pour les policiers, l’adolescent avait rejoint une petite copine et allait bien, un jour ou l’autre, rentrer de son escapade amoureuse.

Après tant d’années, ce meurtre est maintenant prescrit. Aucun auteur présumé ne pourra jamais comparaître dans un tribunal et encore moins être condamné pour cet homicide. La maman de Diego, toujours en vie, et le reste de la famille étaient donc destinés à ne jamais savoir ce qu’il lui était arrivé, pourquoi il avait été poignardé et pourquoi on avait tenté de démembrer son corps avant de l’ensevelir sous 60 cm de terre dans un jardin privé, à proximité d’un arbuste, dans un quartier ordinaire, pas très loin de chez eux. Pourtant, presque aussitôt connu le nom de la victime, un suspect a été identifié. C’est un homme qui aurait l’âge de Diego si celui-ci était encore de ce monde. Il vit toujours au même endroit et s’occupe en bon fils de sa vieille maman, veuve et plus ou moins dépendante, qui habite au rez-de-chaussée de la maison. Cet homme était un camarade de classe de Diego, tous deux fréquentaient le même lycée professionnel qui a changé d’adresse depuis et il n’y a guère de doute que c’est chez lui que l’adolescent se rendait lorsqu’il a disparu.

Or cet homme, Cristián G. (la presse argentine donne son nom complet), a eu de bien curieuses réactions au moment de l’horrible découverte à deux pas de chez sa mère. Au jeune maçon qui venait de découvrir le squelette, il a aussitôt avancé avec assurance des explications sur leur présence à cet endroit improbable, peut-être pour le dissuader d’appeler la police. Intrigué par cette attitude, le jeune artisan, qui a dû avoir la peur de sa vie en découvrant les restes humains, a fini par rapporter ces propos à la police. De la part d’un voisin qui vient d’apprendre une nouvelle aussi traumatisante, un homme d’apparence pateline mais qui avait déjà fait beaucoup de bruit, il y a quelques années, lorsque d’autres travaux avaient percé une conduite d’eau municipale presque au même endroit et qui avait aussi exigé du chantier en cours -et d’un ton pas commode- qu’on ne touche pas à « cet arbre » parce qu’il était, paraît-il, très vieux, l’exposition aussi rapide d’explications toute prêtes au premier venu a également paru bizarre au commissariat local.

A la Une de La Nación, l'article est annoncé
de même à droite, au centre de la colonne
En photo, un scandale hospitalier :
des personnes ont trouvé la mort
après l'injection de phentanyl adulteré
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Selon ce que Cristián G. a raconté au jeune maçon, le corps aurait pu reposer là depuis le 19e siècle puisqu’à cet endroit, il y avait, dans les dernières décennies du siècle, une communauté religieuse qui aurait enterré ses morts dans le jardin autour de la chapelle ou dans la chapelle elle-même. A moins que ces restes humains n’aient été apportés là, sans que personne ne s’en soit alors aperçu (ce qui aurait déjà en soi été suspect), dans de la terre qu’il s’était fait livrer naguère pour réaliser des travaux de terrassement dans le jardin en vue d’y installer une piscine ! Or à Buenos Aires et dans ses environs, on n’a plus enterré personne ni dans les églises, ni dans les chapelles ni dans les jardins des couvents ou des monastères à partir de 1822, quand une loi a rendu obligatoire l’inhumation dans les cimetières publics dont le premier venait d’être ouvert à Recoleta, là où, le 4 août 1823, a été inhumée « l’épouse et l’amie du Général San Martín » à l’entrée du cimetière (c’est une des tombes les plus anciennes et les plus sobres, celle de « Remedios de Escalada, esposa y amiga del General San Martín ») et où reposent aujourd’hui plusieurs présidents argentins des 19e et 20e siècles, ainsi que Evita Perón après que son corps embaumé avait été retiré du siège social de la CGT où il était exposé comme une relique depuis 1952 et avait voyagé clandestinement à travers le monde pour éviter qu’il tombe entre les mains des anti-péronistes alors au pouvoir à Buenos Aires.

Ces explications données par Cristián G. étaient d’autant plus invraisemblables que le squelette, bien qu’incomplet, se présentait dans la disposition anatomique, ce qui fait immédiatement penser à l’inhumation d’un individu unique, analyse renforcée par la présence de vêtements et d’objets à proximité du corps ou en contact avec lui : des restes d’un jean et d’une chaussure, une cravate, identique à celle de l’uniforme porté par les élèves de ce lycée technique dans les années 1980, ainsi qu’une montre-calculette de marque Casio facile à dater et surtout totalement inconnue au 19e siècle. La cravate et la montre ont même pu être identifiées.

Par empathie envers la famille Fernández Lima en état de choc après ces tragiques révélations au bout d’une si longue attente et saisi de vertige devant l’injustice manifeste provoquée, dans ces circonstances si particulières, par une légitime prescription (20 ans), le procureur a cherché une voie pour contourner l’obstacle légal et il en a trouvé une. Il vient de demander au juge d’instruction l’inculpation de Cristián G. pour entrave aggravée à la justice constituée par ses mensonges, ses fausses pistes visant à égarer les enquêteurs et ses tentatives pour soustraire les preuves d’un crime. Sur le plan pénal, l’inculpé risque six ans de prison, une peine beaucoup plus légère que celle qu’il aurait encourue pour meurtre, peine qui aurait de toute façon été réduite pour cause de minorité au moment de la commission des faits. Cependant, outre la lumière crue qu’elle jette sur l’individu, dont le visage apparaît partout dans les médias, et le soupçon qui, en s’emparant d’une bonne partie de son entourage, risque de ruiner très vite sa vie sociale, cette mise en cause judiciaire permet de relancer, indirectement, la recherche de la vérité sur l’homicide lui-même.

En remontant très haut dans le temps, le juge d’instruction devrait pouvoir interroger le suspect et ses proches encore en vie sur l’enchaînement des faits ayant abouti à la présence d’un corps à cet endroit et, ce faisant, il pourra peut-être tirer au clair le pourquoi du comment du silence assourdissant de la famille G. (un père aujourd’hui décédé, une mère, une fille et ce fils) lorsque, soutenus par le club de foot local et désespérés au point d’en appeler à la presse, les parents d’un camarade de classe de Cristián cherchaient Diego partout et sans relâche. Diego, cet ado de la classe de leur fils et frère qui partageait la passion de celui-ci pour les motos.

Lorsque pour la dernière fois, Diego a été vu dans la rue par un de ses copains le jour de sa disparition, il marchait en effet vers la maison de son camarade de lycée.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajouts du 14 août 2025 :
lire cet article de La Prensa sur la prochaine présentation d’une proposition de loi sur initiative d’un député du PRO (droite libérale des affaires) qui déplacerait le début du décompte pour la prescription d’un crime au jour de la découverte du corps au lieu, comme aujourd’hui, de celui de la disparition de la victime,
sur le même sujet, lire l’article de Clarín
lire cet article de La Nación sur les langues qui se délient. Selon la déposition sous serment de l’un des maçons, Cristián G. semblait très tendu depuis le début des travaux dans cette parcelle encombré de bric-à-brac qui avait appartenu à la famille G. mais qui est maintenant mitoyenne.