samedi 31 juillet 2021

Viento Sur : l’album du confinement du collectif militant Trova Tanguera [Disques & Livres]


Le projet Trova Tanguera, créé pour lutter contre les effets des confinements successifs sur l’activité musicale, réunit une vingtaine de solistes et de formations, tous des créateurs de tango contemporain. Il s’agit d’un projet artistique, social et politique qui entend resté fidèle aux sources du genre lorsque, à partir des années 1880, il a commencé à forger l’identité culturelle du peuple urbain et bigarré du Río de la Plata. L’animatrice du projet n’est autre que Vanina Steiner, à la fois tangologue, initiatrice de nombreux chantiers et créatrice d’outils destinés à mettre en lumière et à fédérer les différents collectifs artistiques, souvent adeptes de l’autogestion, qui luttent pour que vive le tango d’auteurs dans un secteur dominé, comme ailleurs dans le monde, par des capitaux qui ne soutiennent que des spectacles, des disques et des documentaires susceptibles de balayer large. Vanina Steiner est à la tête d’un magazine de tango alternatif.

Le disque a d’ailleurs été enregistré en partie et mixé dans les studios de la Universidad Nacional de Lanús, dans la banlieue sud de Buenos Aires, une université bien connue pour son appartenance idéologique à la gauche.

Parmi les artistes impliqués, nous en retrouvons certains déjà bien connus des lecteurs de Barrio de Tango comme Marisa Vázquez, Juan Seren, Marina Baigorria, Facundo Radice, Alejandro Guyot, Noelia Sinkunas et le Quinteto Negro La Boca, pour n’en citer que quelques uns.

Ce nouveau disque, Viento Sur (vent du sud), d’une durée de 34 minutes, se veut un manifeste engagé. Il parie sur la force du collectif et entend lutter notamment contre la politique culturelle de la Ville de Buenos Aires (gouvernée à droite) qui voudrait bien réduire le tango à une pompe à fric et un appât pour les touristes des pays développés, auxquels le secteur donne à connaître la plupart du temps un tango assez représentatif du passé (mais pas toujours) et très peu pour ne pas dire pas du tout du présent, comme si le tango avait vécu. Il est vrai qu’il est assez facile de faire disparaître le caractère contestataire du tango d’autrefois surtout lorsqu’on le présente à un public qui ne comprend pas la langue tandis que cet aspect dans la création contemporaine saute aux oreilles (et aux yeux).

De nombreux morceaux de ce disque ont été conçus, créés et enregistrés par leurs créateurs en distanciel à cause du confinement plus ou moins sévère qui a régné depuis mars 2020 dans Buenos Aires et sa région, l’une des plus touchées par l’épidémie (la plus densément peuplée aussi de tout le pays).

Trova Tanguera vient de mettre les morceaux du disque sur sa chaîne Youtube qui propose aussi la bande-annonce de leur documentaire, militant lui aussi.

Sans surprise, le seul quotidien à en parler est Página/12. Parmi les radios qui en ont parlé, on trouve Nacional Folklórica, du groupe Radio Nacional, dans son émission Tango Siglo XXI, et nos amis de Fractura Expuesta.

© Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :

La Nación présente l’album de son histoire [Disques & Livres]


Dans le cadre du bicentenaire de la naissance de son fondateur, l’historien et homme politique Bartolomé Mitre, qui fut président de la République, le quotidien La Nación présente aujourd’hui un gros ouvrage sur les 150 ans du journal qui a documenté la vie de l’Argentine pendant ce siècle et demi. Il doit paraître prochainement aux Éditions Catapulta.

Le journal publie aujourd’hui quelques bonnes pages richement illustrées de photos tirées de ses archives.

La flotte des camions de livraison
lorsque les journaux devaient assurer eux-mêmes ce service

Un ouvrage qui promet d’être du plus grand intérêt pour les passionnés d’histoire.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

mercredi 28 juillet 2021

Un documentaire sur San Martin pour le Bicentenaire du Pérou [à l’affiche


Il y a deux cents ans aujourd’hui, le général José de San Martín, Fondateur de la Liberté du Pérou mais né dans l’actuelle Argentine, présidait à Lima la déclaration d’indépendance du Pérou à laquelle il avait travaillé sans discontinuer depuis le mois de juin 1814.

Le ministère argentin de la Culture et la chaîne culturelle et éducative du service public Canal Encuentro se sont donc unis pour offrir aux téléspectateurs un documentaire sur l’expédition libératrice du Pérou menée par San Martín depuis le 20 août 1820, jour où la flotte partit du port de Valparaíso, au Chili. Le documentaire, qui jouira d’un programme de multidiffusion pendant une semaine, s’intitulé Sueños de Independencia : la gesta sanmartiniana en el Perú (Rêves d’Indépendance : l’épopée sanmartinienne au Pérou).

Le rôle du protagoniste a été confié à l’acteur Rodrigo de la Serna, grosse vedette du petit écran en Argentine, qui l’avait déjà incarné, non sans succès (il est devenu l’un des visages du général qui s'est imposé au grand public), dans un long métrage de fiction historique argentin sorti il y a 11 ans pour le bicentenaire de la Révolution de Mai : Revolución – El Cruce de los Andes (qui portait sur la libération du Chili).

Hier, le ministre, Tristan Bauer (lui-même cinéaste et documatariste) a présidé une première projection en présence de la réalisatrice et de l’ambassadeur du Pérou en Argentine. La première diffusion télévisuelle a été programmée ce matin, 28 juillet 2021, à 9 h 30. Elle sera répétée à 17 h puis 22 h (heure argentine).

Página/12 a donc publié l’interview de la réalisatrice, Mercedes Córdoba, dans son supplément culturel quotidien. Il est des plus probables que ce documentaire serve la vision idéologique de la gauche puisqu’il s’agit d’une production ministérielle. En Amérique du Sud, il est quasiment impossible de faire un documentaire historique exempt de biais idéologique. Et cette supposition est renforcée par le fait qu’aucun autre quotidien (ils sont tous de droite) ne transmet cette information.

© Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :

lundi 26 juillet 2021

Ma conférence demain sur San Martin et Napoléon : il reste des places [ici]

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La jauge que la Mairie du treizième arrondissement de Paris permet d'accueillir encore quelques personnes, au-delà de la priorité qui était donnée jusqu'à hier soir aux adhérents du CECUPE (association loi 1901).

Plaza San Martin à Lima, inaugurée le 28 juillet 1921
Sa statue, photographiée sous un autre angle, orne l'affiche de la conférence
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Vous pouvez donc vous inscrire auprès du bureau de l'association (cecupe.info-at-orange.fr). L'inscription est obligatoire pour faciliter le travail du service de sécurité de la Mairie en ces temps de crise sanitaire.

Les portes seront ouvertes à 18h. La conférence commence à 18h30 (nous nous efforcerons de respecter cet horaire car, pour des raisons de sécurité là encore, nous devrons quitter les locaux à 19h45).

La médaille de l'indépendance commandée par San Martin
pour les célébrations d'il y a deux cents ans


Entrée libre et gratuite ouverte à tous.
Masque obligatoire dans les locaux

Revers de la même médaille
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Ce mercredi 28 juillet 2021, le Pérou fête le bicentenaire de son indépendance.

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com

La Province de Buenos Aires met en place un passe sanitaire [Actu]

La présentation du certificat numérique servant de sésame
aux Bonaerenses à partir de ce matin


A partir de ce lundi, dans la Province de Buenos Aires, un passe sanitaire entre en vigueur. Il sera désormais réclamé à l’entrée d’un certain nombre d’espaces fermés, dont les cafés et restaurants, les salles de sports et les centres sociaux. Ces lieux fermés pourront dès lors augmenter de 20 % la jauge qui s’applique à leur activité, y compris si leurs clients, visiteurs ou usagers ne sont que primo-vaccinés à partir du moment où l’injection aura été réalisée depuis au moins 21 jours. Il n’est pas question de test anti-covid. Du vaccin et rien que du vaccin !

L'information est traitée en bas à gauche
Au-dessus le gros titre est consacré à la vaccination des ados
Quant aux photos, elles se rapportent à l'actualité olympique
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L’objectif du gouvernement provincial est bien évidemment de promouvoir la vaccination. En Argentine comme en Europe, après une pénurie dans l’approvisionnement en doses, en passe d’être résolue désormais, la vaccination se heurte en effet à toutes sortes de théories politiques et partisanes promues par l’opposition, de croyances New-Age plus irrationnelles les unes que les autres, de phantasmes antivax des plus éculés, sans oublier la simple et très puérile peur de la piqûre.

La Province de Catamarca a annoncé qu’elle pourrait bien y venir prochainement elle aussi.

Quant à la Ville Autonome de Buenos Aires, elle rejette catégoriquement cette solution (elle est mise en place par la gauche !), et ce malgré les demandes de certains acteurs économiques qui y voient une bonne manière de revenir à un niveau normal d’activité.

Ce passe est disponible en format digital et papier. Rien d’inédit là-dedans : les Argentins recevaient déjà un certificat imprimé après les injections. Le nouvel outil ne devrait pas exclure les personnes vaccinées à l’étranger, ce qui ne manquera pas, gageons-le, de provoquer toutes sortes de couacs et de bugs dans les jours à venir.

L'information est traitée en bas à gauche
Au-dessus, de l'actualité politique (photo comprise)
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Pour les activités en plein air, il n’y a aucune jauge à respecter.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

dimanche 25 juillet 2021

Carlos Quilici sort son nouveau disque : Bandoneón Solo [Disques & Livres]


Le musicien rosarino Carlos Quilici sort lui aussi son disque du confinement : un double album consacré au répertoire du tango pour le bandonéon avec une partie de grands classiques et une autre de morceaux actuels, dont certains composés par lui-même.

Página/12 (édition de Rosario) en a fait une recension au cours de la semaine mais la mort de Palo Pandolfo m’a mené à reporter cette entrée dans Barrio de Tango.

Rosario est en effet l’une des capitales secondaires du tango en Argentine, avec La Plata et Mendoza, où le genre est aussi très bien représenté.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

Une histoire familiale pour reconstituer le passé afro-argentin [Disques & Livres]

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Sur la couverture de son livre, publié uniquement sous format numérique, la psychologue Virginia Mart
ínez Verdier montre la photo de mariage de ses grands-parents au début du XXe siècle. A soixante-six ans aujourd’hui, elle s’est toujours su descendante d’Africains en Argentine. Elle milite d’ailleurs dans diverses associations qui défendent l’égalité de tous les citoyens et les droits des réfugiés et autres étrangers résidents en Argentine.

A la mort de son père, elle a voulu remonter ce temps familial à travers un travail de recherche généalogique et documentaire. En est sorti cet ouvrage qui raconte les pérégrinations d’une lignée qui s’enracine au Mozambique d’où un homme est déporté par le trafic négrier du XVIIIe siècle puis acheté par un propriétaire de Buenos Aires qui impose à cet homme, baptisé Ignacio, son propre patronyme en guise de marque de propriété :: un certain Martínez, très probablement membre de la haute société coloniale. Et c’est ainsi qu’il arrivera un jour qu’un de ses descendants épouse une femme blanche.

A travers une histoire particulière et privée, l’ouvrage pose une nouvelle fois cette question qui taraude la société argentine : sa composante africaine et son passé esclavagiste que la politique du XIXe siècle avait fini par rendre invisible au point de créer un véritable phénomène négationniste dans la population générale (et dans l’enseignement officiel de l’histoire à l’école).



L’auteure a présenté son travail le 3 juillet dernier à travers une visioconférence Meet disponible sur Youtube (ci-dessus).

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :
lire l’interview de l’auteure dans les colonnes de Página/12

samedi 24 juillet 2021

Televisión Pública et le INM rendent hommage à Palo Pandolfo [à l’affiche]


La chaîne généraliste du groupe télévisuel public (TVP) rendra hommage cet après-midi à 17h au rocker disparu jeudi, Palo Pandolfo. Ce sera l’émission Unisono, produit par l’Institut National de Musique, qui sera consacré à l’œuvre du compositeur et interprète décédé si brutalement.

L’émission change d’horaire (elle passe d’ordinaire à 19h) et permet à tout le public de vivre son émotion alors que les conditions sanitaires ne permettent pas raisonnablement de faire les grands hommages habituels avec des rues bondées autour d’une chapelle ardente où tout le monde défile.

Il est très possible que l’émission soit prochainement disponible sur la chaîne Youtube de TVP.

© Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :

Le seuil de pauvreté suit la courbe de l’inflation [Actu]

Comparaison des deux paniers
qui définissent les seuils de pauvreté et d'indigence
Source : INDEC


Le mois dernier, pour une fois, l’augmentation du seuil de pauvreté en pourcentage est équivalent au taux d’inflation mensuel : 3,2 %. Généralement, le premier chiffre est supérieur au second. Serait-ce un bon signe pour les Argentins les plus modestes ?

Ce n’est pas sûr parce qu’en ce qui concerne le seuil d’indigence, le pourcentage d’augmentation est bien supérieur à l’inflation moyenne : 3,6 %. Et comme toujours c’est le prix de l’alimentation qui cause ce décalage puisque le panier de référence qui définit ce seuil n’est constitué que de produits alimentaires de base (l’autre comprend aussi des services élémentaires).

Sans surprise pour l’un et l’autre planchers, le pourcentage d’augmentation sur l’année glissante, de juillet 2020 à juin 2021, dépasse l’inflation sur les 12 derniers mois : à plus de 50 % dans les deux cas.

Comme tous les mois, ces calculs sont élaborés avec des relevés de prix faits à Buenos Aires et dans sa banlieue. La vie y est donc de plus en plus dure alors que l’activité économique n’a pas repris à plein régime à cause du variant Delta et de la faiblesse du taux de vaccination (13 % de la population a reçu les deux doses de vaccin). Or l’étude sur l’inflation mensuelle de juin a démontré il y a quelques jours que les prix alimentaires avaient augmenté dans la région de Cuyo encore plus qu’à Buenos Aires, ce qui est rare. On peut imaginer les difficultés rencontrées par les plus fragiles au pied des Andes.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

Petite bêbête du Jurassique [Actu]

Fernando Novas, le découvreur argentin, avec un fragmente du crâne
Photo Museo Argentino de Ciencias Naturales/Conicet


Une équipe scientifique argentino-chilienne viennent de découvrir dans les Andes chiliennes quelques fragment d’un spécimen de fossile appartenant à un tout petit ancêtre de nos crocodiles.

Localisation de la découverte et fossiles découverts
Document extrait de l'article de Nature

Ce nouvel ami des enfants s’appelle Burkesuchus mallingrandensis de son petit nom mais ce n’est pas facile à prononcer ni à mémoriser ! Ce charmant reptile mesurait 70 cm et il vivait il y a 148 millions d’années, c’est-à-dire hier !

Du côté argentin, c’est le Conicet (l’équivalent du CNRS) et le Museo Argentino de Ciencias Naturales Bernardino Rivadavia (dont les collections sont actuellement fermées au public) qui publient la nouvelle pour le grand public, en espagnol et avec force illustrations : vue d’artiste ci-dessus, photos et schémas explicatifs.

Vue d'artiste

En ce qui concerne l’aspect strictement scientifique, la découverte vient d’être publiée sur le site Internet de la revue Nature (en anglais) disponible gratuitement en pdf.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

vendredi 23 juillet 2021

Roberto « Palo » Pandolfo, figure du rock argentin : une disparition brutale [Actu]

"Coucher de soleil gris" dit le gros titre du supplément de Pagina/12
reprenant le titre d'un des tubes de l'artiste


Palo Pandolfo, auteur, compositeur et chanteur, n’avait que 56 ans. Hier dans l’après-midi, il s’est effondré dans une rue de son quartier de Caballito, à Buenos Aires. Quand les secours sont arrivés, il n’était déjà plus. On ignore encore la cause de ce malaise fatal. Son corps a été emporté à la morgue une autopsie sera effectuée, comme c’est la règle dans ce cas.

L'information est traitée au-dessus du titre :
"Le rockeur a dit stop", comme si sa mort était volontaire
Une citation qui renvoie certes à sa carrière
mais quel choix, tout de même !
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

La nouvelle laisse tout le monde stupéfait. Quelques minutes avant son décès, il animait encore ses comptes sur les réseaux sociaux. Il y a quelques semaines, il avait sorti un single du confinement, lui qui n’aura publié qu’une quinzaine de disques depuis le milieu des années 1980, avec ses groupes successifs puis en soliste.

Il avait donc commencé sa carrière en 1984 avec un premier groupe, Don Cornelio y La Zona, qui s’était séparé en 1989. Il avait enchaîné avec une autre formation, Los Visitantes, avant de se lancer dans une carrière de soliste.

L'information est traitée en manchette (tout en haut)
la une se partageant entre la liberté
pour le vice-président de Cristina Kirchner
et l'ouverture des Jeux de Tokyo
En bas, à gauche, un titre renvoie à un article de vulgarisation
sur les troupes de San Martin
alors que s'approche le bicentenaire du Pérou
Cliquez sur l'image pour une haute résolutioin

Son rock, assez difficilement classable, a progressivement évolué vers un genre plus large dans lequel il a agrégé une part de tango et une autre de folklore, comme le font de plus en plus de très nombreux artistes à partir de sa génération, eux qui ont désormais surmonté les divisions dogmatiques de leurs prédécesseurs. Il avait aussi fait évoluer son look et il était passé de gendre idéal à rockeur chevelu et barbu, très représentatif du courant underground portègne.

L'info est traitée très discrètement, sans même une photo
En bas à droite
Le gros titre est pour une enquête judiciaire exigée par l'opposition
qui continue à voir des magouilles dans le recours au vaccin russe
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Il avait sa chaîne Youtube où vous pouvez aller écouter sa musique. Ses albums sont aussi présents sur les grandes plateformes de diffusion et de vente.

Palo Pandolfo et Juani Rodriguez en public
à la Trastienda à San Telmo (Buenos Aires) en 2019
Gris Atardecer


Clarín publie ce matin un article très complet illustré de photos mais surtout de vidéos et de nombreux extraits sonores.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

jeudi 22 juillet 2021

Les personnes non binaires ont désormais des papiers à leur goût [Actu]

"Pour tous", clame le gros titre en langage inclusif
Le président est au centre du X
Tout autour, les vestiges en briques roses de l'ancien fort


L’Argentine vient de créer un précédent à l’échelle planétaire : elle commence à émettre des papiers d’identité où les personnes non-binaires disposent d’une troisième option à l’heure de déclarer leur sexe. En plus d’homme ou femme, elles auront maintenant la possibilité d’inscrire le symbole X sur leur carte d’identité et leur passeport.

Cette décision fait suite à différentes demandes en justice de plusieurs personnes, contraintes à choisir entre identité masculine ou féminine. Le gouvernement répond à un fort militantisme qui dure depuis des années. Et puis, ça fait plaisir à son électorat.

La première personne à bénéficier de la nouvelle mesure habite dans la province de Mendoza.

L'information est traité tout en bas, sous la photo
Le gros titre est pour une critique de Washington
contre la politique économique du gouvernement argentin
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Le gouvernement national, qui entend être aux avant-postes de ces questions, comme le président l’avait promis pendant sa campagne et dans les premiers jours de son mandat, a tenu à faire les choses en grand : l’annonce a été faite dans le Museo del Bicentenario, qui est attenant à la Casa Rosada (il est installé dans le vestiges du fort San Miguel, la forteresse coloniale qui protégeait la ville en guettant l’arrivée des navires portugais ou anglais sur le Río de la Plata).

© Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :


Ajout du 23 juillet 2021 :
Dyzhy (c’est son nom d’artiste), l’enfant unique du président argentin, n’aura pas tardé à réagir à la mesure. Il va lui aussi refaire faire ses papiers d’identité très vite puisque, né avec un corps masculin, il « ne se sent pas homme » (désolée, en français, on n’a pas encore inventé le pronom personnel non binaire). A la pointe sur la question, Página/12 parle du « hije » du président, compromis entre hijo (masculin) et hija (féminin).
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12

L’agriculture alternative trouve sa place dans les colonnes de La Nación [Actu]

Des paysannes heureuses au printemps
(on est en plein hiver en Argentine, actuellement !)


Dans la province de Buenos Aires, sur le territoire de Brandsen, une famille d’éleveuses laitières a décidé il y quelque temps de ne plus livrer son lait à l’industrie, puisque la profession connaît en Argentine les mêmes problèmes systémiques que ceux qu’affrontent leurs confrères et consœurs en Europe. Il est de plus en plus difficile de vivre de son travail avec un troupeau de vaches laitières.

Cette mère et ses filles ont donc décidé de devenir transformatrices et de vendre leurs fromages bio en direct auprès des consommateurs. Bien leur en a pris : elles comptent désormais de grands restaurants gastronomiques parmi leurs clients. C’est sans nul doute cet aspect haut de gamme qui a attiré l’attention de la rédaction du grand quotidien de la bourgeoisie des affaires qu’est La Nación. Le reportage est d’ailleurs publié dans une section très chic, voire snob, intitulée (en anglais dans le texte) Life Style, et non pas dans la section économique consacrée à l’agriculture, qui utilise bêtement de l’espagnol dans le texte (Campo). C’est dans cette section que l’on trouve toute sorte de reportage sur des décors d’intérieur à la portée des happy few et des loisirs hors de prix (surf à l’étranger, polo, golf, etc.)

Ce type de conversions se développe désormais en Argentine comme en Europe ou en Amérique du Nord. La demande du consommateur, la lutte contre la pollution et contre le modèle industriel y sont pour beaucoup sans doute. Et la crise sanitaire n’a guère affecté ce nouveau modèle. A suivre de près.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

Stagnation ou croissance : les avis divergent [Actu]

Synthèse du rapport de l'INDEC (pour le mois de mai)
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Les avis divergent dans la presse : pendant que Página/12 attribue aux restrictions de circulation dues à la seconde vague en mai le léger mais durable retournement de la courbe de l’activité économique annoncé hier par l’INDEC, les trois autres quotidiens, qui soutiennent l’opposition, ne relèvent que les mauvais chiffres ils y sont !) et parlent de stagnation.

Évidemment, puisque nous sommes en campagne électorale ! Tout cela est de bonne guerre mais c’est bel et bien la guerre…

"L'économie en stagnation depuis février", dit le gros titre
En photo : River Plate reste la seule équipe argentine
dans la Copa Libertadores. Boca a été éliminé par le contrôle vidéo
Et ça rouspète sec parmi les supporters !
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Pourtant, quand on regarde secteur par secteur, on peut constater que tous sont en hausse au mois de mai, sauf l’agriculture (qui est le moteur économique du pays, d’où son poids relatif dans la moyenne négative du mois). Il est bon de dire aussi que le secteur dépend plus du marché international que des ventes dans le pays. Or c’est ce secteur aujourd’hui qui s’oppose au gouvernement en refusant, pour certaines de ses organisations, toute espèce de coopération, fût-ce sous la forme d’une simple rencontre autour d’une table.

Synthèse de l'activité estimée secteur par secteur
au mois de mai
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© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

mercredi 21 juillet 2021

La Fernández Fierro fête ses vingt ans ce soir au Teatro Broadway [à l’affiche]


La Orquesta Típica Fernández Fierro, un orchestre à la pointe du tango nuevo, qui s’est glissé dans la tradition coopérative et musicale de Osvaldo Pugliese tout en flirtant avec le rock le moins consensuel et le plus rythmé, fête actuellement son vingtième anniversaire.

Le concert, prévu initialement pour le 7 juillet, a dû être reporté à ce soir, 21 juillet 2021, à 21h, parce que la chanteuse avait été testée positive au covid-19.

Pour respecter les règles sanitaires, le concert sera donné au Teatro Broadway, avenida Corrientes 1155, et non pas dans la salle du Club Atlético où la formation a élu domicile, un ancien hangar industriel reconverti dans le quartier dit El Abasto.


Página/12 dont cet orchestre est un des chouchous, propose aujourd’hui, en une de son supplément culturel quotidien, Cultura y Espectaculos, une interview de Yuri Venturin, le fondateur et le directeur artistique de l’ensemble. Une autre interview, illustrée de plusieurs photos, est publiée de son côté par La Nación.

Ce soir, les places sont à 800 pesos argentins pour le premier prix mais la plupart sont déjà achetées à cause du report.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

Une danseuse à la tête du Festival de Tango de Buenos Aires [Actu]

Le ministre de la Culture portègne, Enrique Avogadro, avec Natacha Poberaj


Pour la première fois, c’est une femme qui prendra la direction du Festival de Tango de Buenos Aires et du Mundial, une ancienne lauréate de ce concours international, catégorie Tango Salón, en 2006 (c’était la quatrième édition de la manifestation) : Natacha Poberaj. Elle fait partie du Ballet Nacional Folklórico, une troupe qui travaille les danses des régions rurales.

Gabriel Soria, président de la Academia Nacional del Tango depuis fin 2014, quitte donc cette charge après un mandat de 6 ans, gâché par la pandémie. Il reste membre de l'équipe artistique, dit-on au ministère.

En présentant la nouvelle responsable, le ministre de la Culture du gouvernement portègne a aussi annoncé les dates du festival qui se tiendra exceptionnellement du 16 au 26 septembre 2021, soit environ un mois après les dates traditionnelles. Ensemble, ils ont lancé les appels aux futurs compétiteurs du Mundial. Une bonne partie du festival et de la compétition devrait se dérouler en présentiel et être ouverte aux étrangers. Pour l’instant, cela ne semble pas tout à fait acquis, même si la vaccination s’accélère. Le variant Delta reste à l’affût, là-bas comme partout ailleurs.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de La Prensa, le seul à relater la nouvelle aujourd’hui.