jeudi 29 avril 2021

Une bonne nouvelle : consensus pour l’intérêt général [Actu]

"Il y a eu un accord", dit le gros titre
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Hier, le président Alberto Fernández a invité les différents gouverneurs à une réunion pour définir les nouvelles mesures à prendre à partir de samedi pour lutter contre l’épidémie. Et cette fois-ci, Horacio Rodríguez Larreta (Ville Autonome de Buenos Aires) a accepté d’appliquer les mesures qui sortiront de cette réunion sous la forme d’un décret présidentiel à publier demain.

Or depuis quinze jours, Rodríguez Larreta refuse obstinément d’appliquer le décret présidentiel qui a suspendu pour 15 jours, jusqu’au 30 avril, les cours en présentiel et toutes les activités en intérieur : les écoles continuent donc à recevoir leurs élèves à Buenos Aires (mais 40 % des enfants ont été gardés à la maison par leurs parents en télétravail) et de nombreux restaurants continuent à servir en salle parfois au-delà du couvre-feu (1). Il avait annoncé qu’il ne se plierait qu’à une décision de la Cour suprême nationale, laquelle ne s’est toujours pas prononcée et aura donc laissé courir les délais jusqu’au dernier jour concerné pour l’école à distance.

"A partir de samedi, extension du confinement
avec plus de restrictions pour circuler", dit le gros titre
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Pendant ces deux semaines, comme on pouvait s’y attendre, l’épidémie a flambé et l’Argentine a vu ses voyageurs soumis à des conditions draconiennes d’entrée dans différents pays, dont la France. Pendant plusieurs jours, l’Argentine a décompté un demi-millier de morts quotidien. Plusieurs malades ont même eu le malheur de ne pas trouver à temps un lit d’hôpital dans Buenos Aires et sa région. La courbe des décès semble vouloir redescendre. Un peu moins de 300 morts hier.

"Le gouvernement et la Ville vont renforcer les contrôles
sur la circulations et les accès", dit le gros titre
En bas, un homme politique qui vient d'annoncer
qu'il souffrait d'une maladie neurodégénérative
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De cette réunion en visioconférence qui s’est tenue hier, il ressort que le gouvernement va rendre l’actuel régime plus contraignant et limiter encore les possibilités de circuler, surtout dans la région de Buenos Aires, qui est la plus affectée (la plus peuplée aussi). Douze chefs des exécutifs locaux ont participé à ces échanges : le chef de gouvernement de la Ville de Buenos Aires et les gouverneurs des provinces de Buenos Aires, Córdoba, Santa Fe, Mendoza, San Luis, La Pampa, Chubut, Neuquén, Río Negro, Santa Cruz et Tierra del Fuego. C’est la moitié des entités fédérées constituant la République argentine.

Horacio Rodríguez Larreta aura finalement reconnu que le niveau actuel de contagion et d’hospitalisation est insoutenable.

L'information est traitée en titre secondaire
En bas, le gros titre concerne les soignants qui craquent

Página/12 et La Prensa mettent à leur une le consensus politique obtenu. De l’autre côté, bien qu’ils ne se soient pas caché le caractère extrémiste de la position prise par Larreta pour se démarquer avec un objectif strictement électoraliste, au risque de voir beaucoup de gens y perdre la vie, Clarín et La Nación préfèrent mettre l’accent sur les prochaines restrictions supplémentaires à la liberté individuelle. Éclairant contraste !

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :


Mise à jour du 30 avril 2021 :

le président a finalement annoncé à travers un message télévisé enregistré qu’il maintenait jusqu’au 21 mai (quatre jours avant la fête nationale) les dispositions en vigueur, y compris l’école à distance obligatoire dans les zones de forte tension hospitalière.
Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12



(1) Il pleut beaucoup à Buenos Aires depuis des mois (il a plu tout l’été). Quant à la température, elle commence à baisser au fur et à mesure que l’hiver s’approche.

mardi 27 avril 2021

Napoléon en Amérique du Sud ? Non ! José de San Martín (1778-1850) : ma prochaine conférence à l’Ambassade d’Argentine [ici]

Bas relief de la Traversé des Andes, grande campagne de San Martín en 1817
Monument de Boulogne-sur-Mer (1909)
Zieutez donc le bicorne ! Il est mis à la mode de quelqu'un d'autre
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Dans le cadre de la semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes, l’Ambassade d’Argentine à Paris souhaitait associer les deux figures contemporaines de Napoléon Bonaparte, dont on célèbre ce 5 mai 2021 le bicentenaire de la mort, et du général José de San Martín, qui est le libérateur de l’Argentine, du Chili et du Pérou. Je donnerai donc une conférence qui nous permettra de découvrir ce héros sud-américain avec, en contrepoint, la trajectoire du général républicain devenu empereur des Français. Une sorte de jeu des 7 erreurs !

San Martín contemplant les Andes
Monument à l'Armée des Andes, Mendoza (1910)
Vous remarquerez que le bicorne, là-bas, est dans le bon sens !
En colonne et non en bataille
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Les deux hommes, qui ont neuf ans de différence, se révèlent comme deux génies sur le champ de bataille, l’un ayant étudié les tactiques de l’autre et en ayant fait son miel. Ils avaient t d’ailleurs reçu une formation théorique militaire très semblable, fondée sur l’étude des mêmes auteurs du 18e siècle et de l’histoire de l’Antiquité, l’un à Brienne (en Champagne), l’autre à Madrid (1). En revanche, leurs cheminements politiques sont différents du fait de leurs personnalités et des réalités géopolitiques et sociologiques dans lesquelles ils ont œuvré. Et puis San Martín a su apprendre de ce qu’il s’était passé en France à partir de 1792 et il a voulu éviter tout ce qui s’était révélé nuisible au bonheur des hommes. Il a donc toujours privilégié la mesure et le compromis, là où le Premier consul et l’empereur n’en ont pas eu la possibilité ou l’appétence.

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San Martín présente donc un avantage certain aux yeux de nos contemporains : ses valeurs sont plus proches des nôtres que celles qui ont guidé Napoléon. Il nous paraît donc plus sympa ! (2) Dans les deux cas, les interprétations anachroniques ne manquent pas dans la littérature savante et la vulgarisation mais dans le cas de San Martín, c’est plus difficile à déceler. Les questions qui font polémique aujourd’hui, comme le mode de gouvernement supposément tyrannique (la démocratie n’était pas encore inventée, de toute façon), l’esclavage, le féminisme ou plutôt son absence, sont très faciles à écarter quand on parle de San Martín : il n’a que fort peu exercé le pouvoir politique, sa vie personnelle montre qu’il était très féministe (surtout pour un homme de son temps) et il a été sans interruption un fervent abolitionniste de l’esclavage (3).

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Après leur mort, tous deux en exil, ils ont été élevés au rang de mythes nationaux et inhumés dans des églises, l’un aux Invalides (dans une partie de l’église qui a été désacralisée) et l’autre à la cathédrale de Buenos Aires. Des enjeux et des problématiques historiques et mémoriels existent en Argentine comme en France et ailleurs dans le monde autour de ces deux personnages dont le souvenir a été instrumentalisé depuis leur mort par tous les partis et toutes les idéologies.

Uniforme de San Martín lorsqu'il était "Protecteur de la Liberté du Pérou"
d'août 1821 à septembre 1822

C’est à travers toutes ces questions que je vous entraînerais après un bref résumé de la vie et de l’œuvre politico-militaire de San Martín puisqu’il est trop peu connu chez nous et qu’il faudra poser quelques repères pour qu’on ne ne perde pas en chemin.

Tombeau de San Martín dans la cathédrale de Buenos Aires
photographié le 17 août 2008 au début de l'hommage officiel
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La conférence se fera bien entendu en français. Je reviendrai sur cet article si les conditions sanitaires bougent d’ici au 28 mai et qu’une jauge devenait possible pour accueillir du public, dans le jardin s’il fait beau.

© Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :


Ajout du 27 mai 2021 :
Vous pourrez participer à l'événement en ligne par Zoom. Consultez mon article de ce jour à ce sujet.

Ajout du 30 mai 2021 :




(1) Un certain nombre d’auteurs argentins prétendent que cette formation à Madrid est une invention du premier historien argentin, Bartolomé Mitre (1821-1906), qui aurait voulu par ce moyen créer le « mythe de San Martín ». Or il est vrai qu’on ne trouve pas trace du jeune garçon dans les archives de cette école mais j’ai découvert un texte contemporain de San Martín qui rend cet épisode des plus vraisemblables. Il figure bien entendu dans mon second ouvrage biographique : San Martín par lui-même et par ses contemporains, Éditions du Jasmin (à commander dans toutes les bonnes librairies, puisqu’elles sont ouvertes et reconnues commerces essentiels !)

(2) Objectivement, il l’était. Ne serait-ce que parce qu’il avait un sens aigu de l’humour et qu’il était vraiment drôle, ce dont Napoléon était tout à fait dépourvu. Avec lui, on ne rigolait jamais !
(3) D’ailleurs, jusqu’à l’éphémère paix avec la Grande-Bretagne en 1803, Bonaparte a lui aussi été abolitionniste en paroles et en actes, en digne fils des Lumières et de la Révolution de 1789 qu’il était. Et cette restauration de l’esclavage dont on lui tient tant rigueur de nos jours, dans un esprit manichéen contraire à une démarche historique (mais propre à une attitude idéologique), c’était de la real-politik à laquelle il s’est plié, en se reniant, non sans un certain cynisme il est vrai, lorsqu’il a fallu signer avec le Royaume-Uni pour laisser la France reprendre son souffle après dix ans de conflits contre les coalitions européennes.

vendredi 23 avril 2021

Pendant que ça tergiverse, le covid-19 continue à tuer [Actu]

"Tout est sous contrôle", dit le gros titre
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Hier, on a déploré 537 morts du covid-19 dans toute l’Argentine, un chiffre effroyable pour un pays de 44 millions d’habitants. Cette semaine, deux personnes sont mortes sans avoir pu trouver à Buenos Aires le lit d’hôpital dont elles avaient besoin.

"Record de morts à cause du covid
et l'âge des personnes affectées baisse sans cesse";
dit le gros titre
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Or le gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires continue à faire n’importe quoi : refus persistant de fermer les écoles et d’appliquer les règles de couvre-feu et d’interdiction pour les restaurants et cafés de servir en intérieur. Le ministre de la Santé de la Ville se montre optimiste sur le mode « Tout va très bien, Madame la Marquise » que Página/12 a bien saisi avec sa une déglinguée : le pic de la seconde vague serait déjà passé même si la situation reste tendue. Pourtant, c’est le moment que choisit ce même ministère pour ordonner aux établissements hospitaliers d’annulation de toutes les opérations chirurgicales et consultations non urgentes.

C’est une attitude très étrange de la part de responsables politiques qui ont la charge d’une mégalopole, à l’heure où l’Argentine est désignée comme pays à risque et qu’à l’étranger, on impose des restrictions sanitaires aux passagers en provenance de l’aéroport international d’Ezeiza. Pas très patriotique, tout ça...

Dans les hôpitaux publics, le taux d’occupation des lits est de 70,1 %. Les patients hospitalisés pour covid ont 53 ans en moyenne. Soit une situation très similaire à celle observée en Europe.

L'information est traitée en titre secondaire :
"Record de décès en 24h à cause du Covid :
537 dans tout le pays"
Le gros titre principal porte sur le report des élections
Elles auront lieu avec un mois de retard sur le calendrier normal
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On attend toujours que la Cour suprême se prononce sur la validité du décret que le président a pris la semaine dernière pour freiner l’épidémie.

© Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :

Les chiffres de l’INDEC se suivent et se ressemblent [Actu]

Infographie synthèse INDEC
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Tous les mois, l’institut national des statistiques, INDEC, publie une étude sur le pouvoir d’achat à Buenos Aires et dans sa région à partir de deux paniers de produits, l’un strictement alimentaire, l’autre enrichi d’autres produits et de services de base. Ces deux sélections permettent d’évaluer les seuils de pauvreté et d’indigence dans la région la plus peuplée et généralement la plus chère du pays.

Pour le mois de mars, le panier alimentaire marque une augmentation de 4;5 % sur la moyenne du mois de février et l’autre de 5 %.

Le seuil de pauvreté est donc fixé actuellement à 60 800 pesos argentins de revenus mensuels pour une famille de 4 personnes et celui de l’indigence à 25 685 pour ce même foyer composé de deux adultes et deux enfants.

Cela confirme le taux d’inflation relevé dans un autre rapport de l’institution, publié le 15 avril dernier et dont mes lecteurs ont pu consulter les tableaux synthétiques.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

accéder au rapport de l’INDEC (téléchargeable en pdf)
La Nación n’a pas traité le sujet. Elle a préféré commenter un autre document de l’INDEC (sur le commerce).
La presse argentine dans son ensemble est davantage mobilisée aujourd’hui par les chiffres tragiques de l’épidémie et à la guerre acharnée que le gouvernement de la Ville de Buenos Aires mène contre le gouvernement fédéral à l’heure où les hôpitaux de la capitale sont au bord de la rupture et où l’on découvre des doses de vaccins qui étaient jusqu’à présent stockées au lieu d’être mise à la disposition des centres de vaccination.

Página/12 met le vaccin argentin à la une de son supplément féministe [Actu]

"Fierté nationale", titre le supplément de Página/12


C’est une femme, Juliana Cassataro, à la tête d’une équipe mixte de l’Institut de Recherche en technologie biologique, appartenant à la Universidad Nacional San Martín, et du Conicet (1), qui dirige les recherches sur l’éventuel futur vaccin argentin contre le covid-19, dont les essais précliniques ont eu lieu l’année dernière.

Le sérum vient de recevoir un nom : ARVAC Cecilia Grierson (en l’honneur de la première Argentine diplômée en médecine).

Actuellement l’équipe de Juliana Cassataro est en cours de négociation avec un industriel argentin pour passer aux essais cliniques, ce qui se réalisera avec l’appui financier du ministère national de la recherche.

Página/12 a donc choisi aujourd’hui d’en faire la une de son supplément hebdomadaire sur la cause féministe, Las 12. Le supplément s’ouvre sur une assez longue interview de la chercheuse qui conçoit son travail comme un combat pour la souveraineté nationale.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :



(1) l’équivalent du CNRS en France

mercredi 21 avril 2021

École : Buenos Aires n’en fait qu’à sa tête [Actu]

"Hors la loi", dénonce le gros titre
Au-dessus, le rapport de la commission bicamérale
En dessous, la fabrication de Sputnik en Argentine


Saisi en urgence par le gouvernement national, un juge fédéral a sommé hier soir le gouvernement local de la Ville de Buenos Aires de fermer les écoles et de passer aux cours à distance conformément au décret présidentiel de jeudi dernier, jusqu’à ce que la Cour suprême tranche le litige qui s’est levé en la matière entre la Ville et l’État fédéral. Ce juge a ainsi infirmé la décision de son confrère portègne qui s’était à tort reconnu compétent, avant d’être démenti par la Cour suprême fédérale qui a revendiqué pour elle-même le droit d’en juger. Ce qui semble logique : un contentieux portant sur une décision fédérale doit être porté devant un tribunal fédéral.

Malgré cette confirmation des dispositions prises par le président, le chef de gouvernement de la Ville autonome de Buenos Aires maintient aujourd’hui encore les écoles ouvertes et invite les parents à y envoyer leurs enfants. Ce faisant, il contrevient à l’ordre constitutionnel qui à l’heure actuelle laisse le dernier mot au juge fédéral qui s’est prononcé hier.

"La Ville confirme que les écoles resteront ouvertes,
malgré une décision de justice" dit le gros titre
En dessous, une famille proteste sur son balcon
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Ce viol de la constitution argentine ne laisse personne indifférent. Il entraîne de nombreuses plaintes devant la justice contre Horacio Rodríguez Larreta, qui se présente chaque jour davantage comme le véritable leader de l’opposition. Celle-ci reconnaît d’ailleurs, par journalistes et éditorialistes interposés, que son attitude est des plus contestables dans un État de droit. Les polémistes eux-mêmes se battent les flancs pour défendre cette posture.

Ce n’est pourtant pas la première fois qu’un chef de gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires se permet de ne pas se plier à une décision de justice. Mauricio Macri l’a fait à plusieurs reprises lorsqu’il occupait cette fonction. Il s’est fait ensuite élire président de la Nation !

"Larreta refuse de reconnaître une décision de justice
et maintient les écoles ouvertes", dit le gros titre
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Dans le même temps où Horacio Rodríguez Larreta refuse d’appliquer une mesure destinée à freiner l’épidémie de covid-19, son ministre de la Santé réclame à son homologue national des respirateurs pour les hôpitaux de la capitale. En effet, une bonne partie de la dotation destinée aux établissements publics a été distribuée à des cliniques privées… Il est difficile par conséquent de considérer que le maintien des cours en présentiels dans les écoles relève de quelque manière que ce soit d’une préoccupation pour le bien commun. Celui-ci semble bien être le cadet des soucis de ce gouvernement municipal qui veut avant tout se placer dans la course électorale pour le scrutin de mi-mandat d’ici six mois.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

sur la polémique concernant les respirateurs :
lire l’article de Página/12 (le quotidien de gauche est le seul à traiter de cette affaire dans son édition du jour).

La Commission parlementaire publie son rapport sur les écoutes Macri [Actu]


La commission bicamérale qui contrôle les organismes de renseignement de la République argentine a enquêté sur les activités que ces derniers ont développées pendant le mandat de Mauricio Macri (10 décembre 2015 - 9 décembre 2019) dont un audit interne, ordonné par la nouvelle majorité, a permis de constater qu’elles ont pu constituer des faits d’espionnage et d’écoutes illégales contre des personnalités et des formations politiques et syndicales dont l’ancien président considérait qu’ils formaient son opposition politique et qu’il a cherché à compromettre judiciairement.

Parmi les personnalités ainsi surveillées, il y a aussi des gens de droite comme Horacio Rodríguez Larreta (qui a succédé à Mauricio Macri à la tête de la Ville autonome de Buenos Aires) et abondance de braves gens qui n’avaient rien demandé à personne et qui ont été surveillés parce qu’ils appartenaient à l’entourage familial de l’un ou l’autre des 44 sous-mariniers morts en mission à bord du ARA San Juan.

La commission a présenté hier à 10h son rapport de 383 pages téléchargeable en pdf sur son espace Internet.

Rapport accablant pour l’ancien président qui s’est servi des moyens de l’État pour sa carrière politique personnelle. Il est accompagné par deux synthèses, l’une de l’opposition qui exonère Mauricio Macri de toute malversation dans l’exercice de ses fonctions, l’autre de la majorité qui parle d’État mafieux ! Tout cela ressemble comme deux gouttes d’eau aux écoutes de l’Élysée, à la différence près que les deux commanditaires se situent aux antipodes idéologiques l’un de l’autre.

Page n° 1 du sommaire
On devine un soupçon d'humour
dans certains intitulés
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Seuls les quotidiens Página/12 et Clarín rapportent, chacun à sa manière, l’information dans leur édition papier du jour. Il va sans dire que la publication du rapport va alimenter les argumentations électorales pour la campagne de mi-mandat qui est désormais bien entamée.

La commission appelle désormais de ses vœux l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les juges qui ont trempé dans ces affaires anticonstitutionnelles.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :


Ajout du 23 avril 2021 :
lire cet article de Página/12 qui donne des nouvelles de la cause ouverte sur ce sujet devant la justice pénale fédérale (une juge a été désignée pour instruire le dossier)

Ajouts du 18 mai 2021 :
L'un des conseillers de Mauricio Macri, un avocat qui s'est reconverti en député néolibéral à l'assemblée législative internationale de l'UNASUR, vient de fuir l'Argentine et a demandé l'asile politique à l'Uruguay, qui est peu susceptible de la lui accorder. Il prétend être persécuté par l'actuelle majorité avec de fausses accusations. Cette fuite ressemble à un aveu pour tout le monde. Sous la présidence de Macri, il y a eu de très nombreuses affaires judiciaires montées, à tort ou à raison, contre les dignitaires de la présidence de Cristina Kirchner. On n'a pas souvenir qu'aucun d'entre eux ait fui leur pays.
Pour aller plus loin :

Production de Sputnik V en Argentine [Actu]

La délégation argentine en Russie :
au milieu, le ministre et l'ambassadeur discutent
avec le patron des laboratoires Richmond


La tournée européenne du ministre de l’Économie argentin, Martín Guzman, vient de s’achever en beauté : à Moscou, il a signé avec les Russes un accord pour produire du vaccin Sputnik V en Argentine.

Ce vaccin à deux doses distinctes sera produit par le laboratoire Richmond, situé en province de Buenos Aires. Son patron faisait partie de la suite du ministre et était présent hier à la rencontre avec les officiels russes. Les informations recueillies par la presse auprès des Russes sont encore très confuses : selon certaines sources, la production (sans doute seulement l’étape finale, le conditionnement) aurait déjà commencé. Selon d’autres, les opérations ne débuteront qu’en juin prochain.

A terme, l’Argentine pourrait compter sur une production complète et satisfaisante d’ici quatorze mois.

L’opération sera financée au moins en partie par le fonds russe officiel et le vaccin fabriqué en Argentine sera écoulé exclusivement sur le marché local. On parle de transfert technologique de la part de l’Institut Gamaleya, de construction d’un nouveau bâtiment destiné à abriter la nouvelle ligne de production et d’une sortie d’un million de doses en juin puis de cinq millions chaque mois à partir d’août.

Surprise ! C'est La Prensa qui en fait le plus
à la une du jour sur le sujet
(en bas, la photo principale)
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La nouvelle a été saluée par un certain nombre de soignants et bien entendu par le gouvernement national qui en fera sans doute un argument en faveur de sa gestion pour les élections de mi-mandat qui se profilent en octobre prochain.

Il se murmure qu’en Argentine le vaccin changera de nom : il deviendra Sputnik Vida. Pourquoi pas ! C’est un joli nom et un beau programme.

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com

Pour aller plus loin et essayer d’y voir clair :

mardi 20 avril 2021

Nouvelle interview en Argentine sur Manuel Belgrano par Zoom [ABT]


Il y a une dizaine de jours, j’ai été interviewée par Diego Migliorisi depuis Olavarría (province de Buenos Aires) au sujet de Manuel Belgrano (1) et de son héritage politique, idéologique et culturel à travers Zoom. (Que deviendrions-nous sans Zoom ? Dans le monde d’après, nous dresserons des monuments en son honneur).



Il y a quelques jours, le Dr. Diego Migliorisi a mis l’entretien d’une demi-heure en ligne et voilà le résultat (en espagnol, of course !). Il semble qu’il ait un certain succès et je n’en suis pas peu fière.

© Denise Anne Clavilier



(1) Le musée municipal de cette ville possède l’un des deux portraits que le peintre français Casimir Carbonnier (1787-1873) a faits en 1815 à Londres de Manuel Belgrano qui s’y trouvait en qualité de plénipotentiaire de Buenos Aires. Le portrait qui fait la couverture de la biographie est de sa main et il est exposé au musée national du Cabildo à Buenos Aires. Le portrait du musée de Olavarría le présente en pied, assis devant une représentation de la victoire de Salta. Il est le plus emblématique, le plus connu des deux portraits.