samedi 31 mars 2018

Ramiro Gallo ce soir à Pista Urbana [à l'affiche]

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Le violoniste et compositeur Ramiro Gallo, qui a reconstitué son quintette, présentera ce soir, samedi 31 mars 2018, à 21h30, un nouveau disque à Pista Urbana, Chacabuco 874, dans le quartier de Monserrat (limite San Telmo).

Ce disque de musique originale s'intitule Lo que muere renace (ce qui meurt renaît), un album de treize pistes, dont douze signée par Ramiro Gallo et une par son père, Enrique Gallo. Il n'est pas fréquent que ce compositeur se lance dans le tango-canción.


Le violoniste jouera avec le pianiste Adrián Enrique, le guitariste Santiago Vera Candioti, le bandonéoniste Federico Santisbeban et le contrebassiste Lautaro Muñoz. La chanteuse Roma Ramírez accompagnera le quintette ce soir.

Pour aller plus loin :
lire l'interview de Ramiro Gallo dans Página/12
écouter l'interview donnée à la fin février à Fractura Expuesta.

Juanjo Domínguez rend hommage à Barbieri ce soir à Clásica y Moderna [à l'affiche]


Le guitariste Juanjo Domínguez présentera ce soir son nouveau disque, sorti le 9 février dernier et consacré à rendre hommage à Guillermo Barbieri, l'un des grands guitaristes de Carlos Gardel, mort avec lui à Medellín dans le terrible accident d'avion du 24 juin 1935.

Domínguez se produira à Clásica y Moderna, ce soir, samedi 31 mars 2018, à 22h, Callao 892, dans le sud de Recoleta.

Guillermo Barbieri a composé une centaine de pièces pour Gardel. Domínguez en a retenu treize sur son disque, à la présentation très sobre.


Ce nouveau disque lui vaut en ce week-end de Pâques (de Semana Santa disent les Argentins) un article dans Página/12.
Mais auparavant, l'agence de presse Télam lui a consacré l'un de ses podcasts et Radio Nacional l'a interviewé.

Deux poids, deux mesures [Actu]

S'il y a de la pauvreté, dit le gros titre, que ça ne se voie pas !
En haut, à gauche, la manchette sur Aranguren
que le président aurait presque fait passer pour un patriote

De son lieu de vacances (c'est la Semaine Sainte), le président Mauricio Macri a pris position sur les deux scandales financiers qui secouent depuis quelques jours le paysage politique argentin. L'un est la déclaration, passablement insolente et arrogante, d'un ministre qui justifie ses comptes offshore par le manque de confiance qu'il a dans son propre pays dans le gouvernement duquel il détient pourtant un portefeuille économique très important ; l'autre est l'échange d'un avantage matériel pour des sommes d'argent sonnantes et trébuchantes que pratiquent depuis de nombreuses années les parlementaires nationaux.


La femme : Pourquoi on enlève trois mille millions de budget à l'université
Macri (assis) : Parce qu'il n'y a pas d'argent
Elle : Et il n'y a aucune alternative ?
Macri : Si mais allez donc convaincre Aranguren de rapatrier son blé !
Traduction © Denise Anne Clavilier

Macri soutient son ministre qu'il trouve très courageux d'avoir quitté ses affaires pour venir au gouvernement remettre à flots un dossier pourri par les kirchneristes (tant qu'à faire, il n'y a pas mieux que d'insulter l'opposition pour se dédouaner). Pour le président, qui a lui-même été cité dans les "Panama Papers", ce pour quoi la justice argentine a lancé une enquête... qui a abouti à un non lieu, les économies du ministre de l'énergie et des mines (d'un pays producteur de pétrole et de gaz) est un non sujet... Circulez, il n'y a rien à voir !
En revanche, il se montre plus sourcilleux à l'endroit des parlementaires. Tiens donc...


La photo est pour une chemin de croix d'un guérisseur à Rosario
mais le gros titre est pour les scandales financiers
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Que se passe-t-il donc au Congrès ? Les élus ont droit à des voyages gratuits, payés par le Congrès, pour exercer leur mandat sur l'ensemble du territoire national, qui est très étendu comme tout un chacun le sait. Elus dans leur province respective, ils exercent un mandat national et non local, doivent pouvoir circuler partout et regagner régulièrement leur circonscription pour y rendre compte aux citoyens. Personnellement, j'ai eu à subir l'année dernière un député sanjuanino, qui occupait le siège voisin du mien sur le vol Buenos Aires-San Juan. Je peux vous assurer que ce n'était pas un cadeau ! Il parlait fort (très fort) au téléphone, pour que toute la cabine sache qu'il était parlementaire (personne n'a pas raté l'info), il a bloqué le passage dans le couloir pendant plusieurs minutes pour continuer sa conversation au lieu de prendre place (au point qu'une hôtesse a dû intervenir pour que les gens, en file derrière lui, puissent accéder à leurs sièges, et une fois assis, il a passé son temps à me gêner pendant tout le vol, en prenant toutes ses aises pour lire la presse, ouvrir les différents journaux en passant constamment son bras sous mon nez pour tourner les pages. Et je l'ai revu le lendemain, au pied du monument de San Martín, où il est arrivé avec le même manque de discrétion, et où il n'a même pas reconnu la passagère à côté de laquelle il avait voyagé pendant deux heures la veille. Une authentique caricature, ce type ! Or donc, on vient de découvrir que ces messieurs-dames échangent très souvent à la questure du Congrès leurs billets d'avion pour de l'argent afin d'arrondir leurs fins de mois. Les temps sont durs, ma pauvre dame, mon bon monsieur.


La Nación préfère ne parler en une que des promesses du président
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Or il faut savoir qu'une des premières mesures qu'a prises cette législature, il y a deux ans, a été de voter un augmentation des indemnités parlementaires nationales alors que ces mêmes chambres mettaient au régime sec le reste de la population, sous prétexte que les caisses étaient vides et qu'il fallait d'abord rembourser la dette extérieure ! Et au premier rang des députés et sénateurs qui négocient ainsi une rallonge de leurs revenus, on trouve Elisa Carrió, la Pasionaria (catholique) de la moralité en politique, la grande accusatrice des kirchneristes qui veut voir tous les corrompus en prison depuis des années. Là, le modèle, ce n'est plus Cahuzac, c'est un autre, qui est toujours présumé innocent, d'ailleurs (il n'est encore que mis en examen). Pas Sarkozy. L'autre...

Bref, revenons à nos moutons : en Argentine, le président trouve que c'est très mal, que cette pratique doit cacher des choses pas très propres et que si les parlementaires veulent plus d'argent, ils n'ont qu'à le demander clairement.

On croit rêver !

Pour en savoir plus :
Sur l'affaire des offshore du ministre Aranguren
lire l'éditorial de Página/12 sur la schizophrénie de l'attitude du ministre
lire l'article de Página/12 sur de nouvelles réactions dans le monde politique choqué par le manque d'éthique du ministre
lire l'article de Página/12 sur les déclarations de Mauricio Macri
Sur le scandale des billets échangés contre de l'argent
lire l'article de Página/12 qui s'offre un petit jeu de mot (un scandale qui vole bas)
lire l'article de Clarín sur les montants en jeu
lire l'article de Clarín sur les déclarations de Mauricio Macri
lire l'article de La Prensa sur les déclarations d'une des députées de l'opposition sur le fait que Macri lui-même a tiré parti de la disposition du règlement des chambres pour échanger lui aussi ses billets
Sur la lutte contre la pauvreté et les politiques énergétiques
lire l'article de Página/12, qui constate que la pauvreté est loin d'avoir régressé comme l'annonçait le gouvernement avant-hier mais qu'elle a été rendue beaucoup moins visible par les mesures prises par l'exécutif
lire l'article de La Prensa sur les promesses du président concernant les tarifs énergétiques
lire l'article de La Prensa sur les promesse du président concernant le million de personnes qu'il envisage de sortir de la pauvreté dans la suite de son mandat
Les promesses n'engagent que ceux qui les croient, dit un adage français
lire l'article de La Nación sur les promesses au sujet des prix de l'énergie

vendredi 30 mars 2018

Cynisme ministériel : encore plus fort que Cahuzac ! [Actu]

Macri, déguisé en Indien, semble dire à son ministre à l'expression ahurie
"Si vous n'avez pas confiance en moi"
En rouge sur le titre : "Aranguren ne croit pas en Macri"
En manchette : "Michetti (la vice-présidente) remet le couvert"
(elle vient d'annoncer qu'elle souhaite se représenter aux côtés du président)
et "Alerte à la rougeole" (cette très grave maladie vient de réapparaître en Argentine après 18 ans d'absence)

Le ministre argentin (et très néolibéral) de l'Energie et des Mines, Juan José Aranguren, le même qui avant-hier avait annoncé les hausses massives des tarifs de gaz, d'électricité et de carburant, vient de reconnaître publiquement qu'il avait mis sa fortune à l'abri à l'étranger et qu'il l'y maintiendrait tant qu'il n'aurait toujours pas confiance dans l'économie argentine, dont il est l'un des décideurs politiques...

Ces propos n'ont toutefois été ni repris ni commentés dans la presse de la majorité puisque c'est aujourd'hui Vendredi Saint et que ces journaux ne paraissent pas. Or ils sont d'autant plus scandaleux que depuis sa prise de fonction, le gouvernement fait, sans aucun résultat, la danse du ventre pour séduire les investisseurs étrangers dont il attend qu'ils relancent l'économie du pays. Voilà une attitude d'un ministre qui prêche par l'exemple, non ?

Il y a quelques semaines, le gouvernement avait d'ailleurs déclaré, avec le même manque de respect pour le contribuable honnête qui déclare ses revenus et paye ses impôts, que mettre son argent sur des comptes off-shore ne constituait pas un acte de corruption. Il n'y a rien de mal à faire ça... D'après les gouvernants au pouvoir à Buenos Aires, cette qualification ne peut s'appliquer qu'aux dessous de table reçus par la majorité précédente. Ben voyons !

Macri (à gauche) : On a tout fait pour que les investissements arrivent.
Résultat : rien ! Quelqu'un a une idée ?
Esteban Bullrich (le type aux yeux éteints, à droite) :
J'ai fait un poème dédié aux investissements qui ne sont pas venus [au monde] (2)
Traduction © Denise Anne Clavilier



C'est d'autant plus choquant que ce même ministre n'hésite pas à vanter les mesures du gouvernement dont souffrent le plus les Argentins aux bas revenus, comme ces hausses démentielles ou l'appel aux importations qui étranglent la production locale.

Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12 sur les propos du ministre qui s'est dit se trouver comme le chat échaudé qui craint l'eau froide (1), parce que sous le gouvernement précédent, l'Argentine avait mis en place un contrôle des changes pour forcer le cours intérieur de la monnaie nationale, qui est toujours inconvertible
lire l'article de Página/12 sur les réactions à gauche, où les déclarations cyniques du ministre soulèvent le tollé que l'on imagine
lire l'entrefilet de La Nación sur les critiques que l'ex-président de Banco Provincia (une banque publique de la Province de Buenos Aires) a émise sur l'impudent ministre de l'Energie et des Mines. Ce proche de l'ancien gouverneur péroniste Daniel Scoli traite le raisonnement de Aranguren de marxiste et l'assimile à l'aphorisme absurde bien connu : « Je n'accepterais jamais de faire partie d'un club qui m'accepterait parmi ses membres »
lire l'article de Clarín (mise à jour d'hier) sur les propos du ministre.



(1) En Argentine, le proverbe se traduit littéralement : celui qui s'est brûlé avec du lait se met à pleurer dès qu'il voit une vache. D'où le fait que Página/12 fait semblant de s'apitoyer dans son titre : [le pauvre petit) voit la vache, il se met à pleurer et il n'y a personne pour le consoler, pas même Macri. Le président est en effet déjà à nouveau parti en vacances dans le sud, comme il le fait très régulièrement. C'est déjà sa troisième escapade depuis le début de l'année. Pas mal pour un chef d'Etat en exercice et en charge effectif de l'exécutif ! Il n'y a qu'à comparer avec l'agenda à l'Elysée d'Emmanuel Macron, son presque homonyme (mais il est vrai aussi que les deux hommes n'ont pas le même âge).
(2) Esteban Bullrich, sénateur Cambiemos et ancien ministre de l'Education nationale de Macri, est un gaffeur compulsif. Dans le cadre du débat sur la dépénalisation de l'avortement, il y a quelques jours, il n'a rien trouvé de mieux à faire qu'à dire son opposition à cette réforme en déclamant des vers de mirliton de sa composition, dédié aux embryons et aux bébés qui ne sont pas venus au monde.

jeudi 29 mars 2018

Variations autour de la Rosca de Pascua [Coutumes]

Ce matin, Clarín offre à ses lecteurs un article sur différentes recettes de rosca de Pascua (couronne de Pâques), la brioche fourrée que toutes les tables familiales accueilleront dimanche pour clore le déjeuner ou le dîner. Recettes traditionnelles ou recettes novatrices, voire tendance !
Pour ma part, je vous conseille de la déguster avec le café du petit-déjeuner (desayuno) ou à l'heure du thé (merienda), plutôt qu'à la fin du plantureux déjeuner dominical, où la rosca fera un peu étouffe-chrétien...

Photo Guillermo Rodríguez Amadi

Rosca traditionnelle :

Pâte à brioche :
  • 650 gr de farine (en France, type 45)
  • 3 œufs
  • 10 cl de lait
  • zeste d'un citron et d'une orange (bio bien entendu, sinon bonjour les pesticides ! Surtout si vous achetez des citrons argentins !)
  • 1 pincée de sel
  • 200 gr de sucre
  • 180 gr de beurre
  • 1 cuillère à soupe de rhum
  • levure de boulangerie délayée : 40 gr de levure de boulangerie fraîche (ou 8 gr de levure lyophilisée, une forme de levure que je n'ai jamais vue encore en Argentine) + 1 cuillère à soupe de sucre délayée dans 14 cl de lait tiède. Laisser pousser environ 10 mn.

A la main, mélanger tous les ingrédients et les pétrir jusqu'à l'obtention d'une pâte souple qu'on laissera monter, dans un endroit chaud (25°), que l'on rabattra avant de la laisser remonter.
Comme toujours pour ce type de pâtes, plus il y a de levées, plus léger sera le gâteau.

Crème pâtissière :
A feu doux (A fuego lento, comme dirait un célèbre tango de Horacio Salgán), faire chauffer 40 cl de lait et 60 gr de sucre. A part, dans une autre casserole ou un cul-de-poule allant au feu, fouetter 5 jaunes d'œufs avec 60 gr de sucre et 40 gr de fécule de maïs (en France, c'est de la maïzena). Tout en battant, incorporer le lait chaud puis mettre le tout sur le feu. Porter à ébullition, cuire encore dans une minute, tout en remuant, et éteindre la flamme.

Ramasser la pâte à brioche en boule, faire un trou au milieu pour créer une couronne de la taille voulue. La déposer sur une plaque à pâtisserie revêtue d'une feuille de papier cuisson et la laisser monter une dernière fois.
Pendant ce temps, faire préchauffer le four à 170°.
Décorer la couronne levée et encore crue avec la crème pâtissière et des fruits confits ou des mendiants, selon votre préférence.
Enfourner et faire cuire pendant 25 à 30 mn.
Au sortir du four, placer le gâteau sur une grille à pâtisserie pour qu'il refroidisse sans condensation en-dessous et décorer en badigeonnant la surface soit avec de l'eau très sucrée, soit avec du blanc d'œuf battu, soit avec du jaune d'œuf allongé avec du lait ou de l'extrait de café, puis parsemer de sucre glace, de vermicelles de couleur, de fleurs cristallisées (mimosa, rose, verveine...), d'amandes effilées, de noix de coco râpée, comme vous préférez.

Pour les autres recettes, plongez-vous dans la lecture de Clarín. Il faut faire un peu d'espagnol mais c'est une bonne incitation à s'y mettre ! La gourmandise, il n'y a que ça de vrai...

Rosca de pâtissier au chocolat et au dulce de leche

Página/12 explose sa une sur le prix de l'énergie [Actu]

Página/12 a choisi l'augmentation du gaz pour son gros titre
"Le gaz explose", peut-on traduire en bon français

Une nouvelle fois, en cette rentrée, le gouvernement a annoncé, pour lundi prochain, qui n'est pas férié en Argentine, une augmentation des prix pour l'énergie (gaz, électricité, carburant). Environ 32% en moyenne, comme le présentent les journaux qui appuient la majorité (Clarín, La Nación, La Prensa) tandis que Página/12, dans l'opposition, préfère mettre en valeur le prix du gaz, qui augmente de 40%. Página/12, qui ne manque (presque) jamais d'humour, a déstructuré sa une pour l'occasion !

Clarín a choisi de faire son gros titre sur la baisse de la pauvreté
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Puisque les prix sont fixés avec une marge d'adaptation pour les provinces, la montée des prix dans le Gran Buenos Aires serait, d'après les calculs de Página/12, de 110% sur les douze derniers mois et de plus de 1000% (mille pour cent) pour les deux ans du présent gouvernement. Cette inflation des tarifs est due à la disparition des subventions très importantes établies par la majorité précédente, qui entraînaient de leur côté une surconsommation et un gâchis stupéfiants pour des Européens : la lumière allumée dans des pièces vides, des illuminations publicitaires gigantesques avec la pollution lumineuse qu'elles impliquent, la bouilloire mise et remise sur le feu toute la journée au lieu d'utiliser une bouteille thermos une fois pour toutes, la fuite d'eau permanente dans la salle de bain ou dans les toilettes sans même qu'on songe à appeler le plombier, même dans une province sous stress hydrique comme Mendoza, et j'en passe.
Cette nouvelle arrive alors que l'Argentine entre dans le long week-end de Semaine Sainte, où beaucoup de gens se déplacent dans tous le pays pour des grandes réunions familiales ou des vacances dépaysantes. C'est l'un des ministres qui a pris en charge la communication sur le sujet.

Collaborateur debout : L'Indec me dit "La pauvreté a baissé". Cela s'arrose !
Macri (assis) : Qu'on dise à Aranguren [le ministre de l'économie qui s'est coltiné l'annonce sur les énergies]
d'augmenter un truc.
Traduction © Denise Anne Clavilier
Dessin de Paz et Rudy à la une de Página/12 ce matin

En même temps que paraît cette nouvelle vague d'augmentation qui n'a rien d'un poisson d'avril, le Président Mauricio Macri, qui sur ce point a pris pour lui toute la lumière, se réjouit d'une baisse considérable de la pauvreté dans le pays (1), selon les chiffres publiés par l'INDEC (2) : elle ne constituerait plus que 25,7 % du total de la population, au cours du second semestre 2017 (contre plus de 30% il y a environ 6 mois). Des chiffres que Página/12 conteste et que personnellement, j'ai un peu de mal à croire dans le contexte actuel (je m'en ferai une meilleure idée sur place, au mois d'août).

Même choix à la rédaction de La Nación
avec les bouchons des départs en week-end pour la photo
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Depuis hier, Página/12 privilégie les articles qui démontrent la baisse de l'emploi dans tout le pays, la crise de la grande coopérative laitière SanCor, qui va sans doute passer sous la coupe d'un groupe capitaliste, le plan de dégraissage de la fonction publique que le journal estime déguisée sous un plan de départs volontaires, l'ouverture des frontières à l'importation de pommes de terre alors que les producteurs sont en train de ramasser leurs tubercules d'automnes et vont donc avoir des difficultés à écouler la production nationale...


La Prensa a choisi de montrer la brochette gouvernementale
qui a fait l'annonce hier, à Olivos, autour du président

Pour en savoir plus :
sur l'augmentation des tarifs des énergies
sur l'indice de pauvreté qui montrerait les bons résultats de la politique actuelle
sur le marché du travail et l'activité économique
lire l'article de Página/12 sur une manifestation des salariés du secteur coopératif qui disent leur défiance envers le président (dont la politique est très hostile au modèle coopératif, qui porte pourtant en Argentine la plupart des projets alternatifs qui remettent au travail les populations les plus fragiles et les plus éloignées du marché de l'emploi diplômé)
lire l'article de Página/12 sur la destruction de l'emploi dans les entreprises industrielles argentines (du fait de la politique néolibérale de l'actuelle majorité)
lire l'article de La Nación sur les manifestations contre la baisse ou l'abandon de plusieurs dispositifs sociaux
lire l'article de La Nación sur le dynamisme du secteur automobile en Argentine (qui n'existe qu'avec des investissements étrangers et des marques européennes, japonaises et étasuniennes) et du secteur de la construction
sur la nouvelle bavure de la gendarmerie contre un jeune, blessé par balle à l'épaule par derrière, pour ne pas avoir obtempéré à un ordre d'arrêter son véhicule pour une vérification de papiers (Página/12 a mis l'incident en une, dans une manchette)
lire l'article de La Prensa

Ajouts du 30 mars 2018 :
lire cet article de La Nación où un professeur de la UCA nuance les affirmations tonitruantes du gouvernement, en révélant que les personnes qui sont sorties de la pauvreté appartenaient en fait au bas des classes moyennes
lire cet article de Clarín dans lequel l'archevêque de Córdoba, Mgr Ñáñez, rabat quelque peu le caquet triomphaliste du président



(1) Les enquêtes récentes de l'observatoire de la pauvreté de la UCA, Université Catholique Argentine, disaient l'inverse.
(2) Institut national de statistiques et de recensement, placé sous l'autorité directe du gouvernement. Il n'y a que fort peu d'autonomie en Argentine dans ce type d'institution technique financée sur les deniers publics. En Argentine et en Amérique du Sud en général, on confond encore l'Etat et la majorité. La majorité s'approprie les moyens de l'Etat et en fait des moyens partisans.

mardi 27 mars 2018

Depuis chez San Martín, conférence sur Maipú [Bicentenaire]

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A Mendoza, le professeur Juan Marcelo Calabria, l'un des plus ardents sanmartiniens de la province, propose une visio-conférence internationale sur la bataille de Maipú, la grande victoire de San Martín qui affermit définitivement l'indépendance du Chili, le 5 avril 1818.

C'est la société e-ABC Learning qui opère la rencontre sur le plan technologique.

La conférence se tiendra en direct du Museo Las Bovedas, dans la ville de General San Martín (1), dans la grande banlieue de Mendoza. Ce musée immortalise la maison de campagne de San Martín, celle qu'il appelait affectueusement « ma Thébaïde » (2). La maison originale a disparu dans le tremblement de terre qui a ravagé la région de Mendoza le Jeudi saint 1861. Une réplique, pas tout à fait exacte, a été reconstruite plus tard et en 2014, le musée a été entièrement réorganisé pour une mise en valeur patrimoniale et historique très intéressante.

La rencontre en ligne est prévue à 14h30 (heure argentine, soit 5 de moins que l'heure européenne). Pour y participer, il faut s'inscrire en s'adressant à Marcelo Calabria qui dispose d'un profil Facebook (inscription en ligne possible) et d'un blog.

Activité libre et gratuite.



(1) La ville a été dessiné par San Martín lui-même en 1823, à la demande du gouverneur de l'époque, l'ancien député de Mendoza au Congrès de Tucumán, qui déclara l'indépendance (9 juillet 1816) : Tomás Godoy Cruz.
(2) San Martín avait de lettres et maîtrisait parfaitement le français. Il est probable qu'il avait lu François Rabelais.

ARA San Juan : les familles portent plainte contre le ministre de la Défense [Actu]

Devant le peu d'engagement du gouvernement dans les suites de la perte du ARA San Juan à la mi-novembre, c'est le père de l'un des sous-mariniers, avocat de profession, qui a formulé la plainte devant les tribunaux contre le ministre de la Défense, Oscar Aguad.

Les griefs invoqués contre le ministre sont particulièrement graves : manquements aux devoirs de sa charge, abandon de personne, entrave aggravée à la justice et haute trahison.


A la suite de la disparition du sous-marin, les pouvoirs publics ont semblé incapables de fournir des explications aux familles, ne leur ont guère apporté de soutien, qu'il soit matériel, psychique ou symbolique, n'ont pas déclaré de deuil national, ni fait mettre les drapeaux en berne ni organisé la moindre cérémonie d'hommage national. Les militaires disparus n'ont pas bénéficié de la moindre citation à la moindre décoration. Il n'y a rien eu. Rien !

En Argentine, les procédures judiciaires sont très complexes. La plainte est une chose. D'ici à ce qu'elle ait des effets sur la vie du ministre concerné, qu'elle provoque une convocation devant un juge ou qu'elle ait le moindre effet sur sa carrière politique, il est probable qu'il coulera beaucoup d'eau dans le Río de la Plata.

Pour en savoir plus :

samedi 24 mars 2018

Inauguration d'un centre pour la mémoire dans la Province de Buenos Aires [Actu]

Photo Gouvernement de la Province de Buenos Aires
à gauche : Estela de Carlotto (en veste jaune) à côté de la Gouverneure

Hier, à la veille de l'anniversaire du coup d'Etat de 1976, la gouverneure de la Province de Buenos Aires, María Eugenia Vidal, et la présidente de Abuelas de Plaza de Mayo, Estela de Carlotto, ont inauguré ensemble un nouveau centre pour la Mémoire (des victimes et des événements) à La Plata, la capitale provinciale, où vit Estela de Carlotto.

Le centre investit un ancien commissariat où, pendant la dernière dictature militaire, furent prisonniers des opposants arrêtés arbitrairement, entre avril 1976 et février 1978. Environ deux cents personnes furent détenues dans ces murs, dont des enfants et trois femmes enceintes qui y accouchèrent, avant que leurs enfants ne leur soient retirés pour être donnés en adoption frauduleuse dans d'autres familles.

La Province de Buenos Aires est gouvernée par Cambiemos, or Estela de Carlotto s'inscrit clairement dans l'opposition à cette majorité nationale.

Pour aller plus loin :

vendredi 23 mars 2018

Des œufs d'abbaye pour Pâques [Coutumes]

Une des petites sœurs met la dernière main à l'un des œufs géants

En cette presque veille de Semaine Sainte, Clarín offre à ses lecteurs une petite retraite gourmande chez les bénédictines de San Fernando, à Victoria. Les moniales de l'abbaye Sainte Scholastique (Santa Escolástica) produisent en effet certaines des plus fines gourmandises qui garnissent les tables de Noël et de Pâques de la capitale fédérale.

Sablés de Pâques (produits à l'abbaye)

A Noël, on se régale de leur Pan Dulce, l'un des meilleurs, dit-on, avec celui de l'île Martín García, un petit confetti argentin dans les eaux territoriales de l'Uruguay, dans le Río de la Plata.
A Pâques, ce sont les chocolats pour lesquels elles inventent des moulages et des décors souvent renouvelés : œufs de différentes tailles, bâtonnets en forme de sapin ou de rongeurs, petits lapins...

Moulage original de l'abbaye

On les appelle les "sœurs pâtissières" (monjas reposteras). Elles proposent également des couronnes de Pâques, sorte de brioche fourrée à la crème pâtissière, à la crème d'amande ou au dulce de leche, en forme d'anneau, comme le gâteau traditionnel de l'Epiphanie dans toute l'aire hispanique. Cette année, leurs prix vont cette année de 240 à 310 $ ARG.

Les moulages sont aussi peints (produit de l'abbaye)

En général, le chocolat en Argentine n'est pas de très bonne qualité. Le marché est en effet inondé par le chocolat industriel de type nord-américain, un produit très gras, très sucré, dans lequel on incorpore beaucoup d'ingrédients qui ne sont pas issus du cacao (huile de palme, lait en poudre, etc.). Les moniales utilisent, quant à elles, tantôt du chocolat argentin tantôt du chocolat belge comme base de leurs moulages. L'année dernière, elles ont vendu plus de deux mille petites pièces, deux milles œufs moyens et grands et quelques centaines d'œufs géants, qui vont de 30 à 80 cm de haut.
Cette année, elles visent les 3 milles petites pièces.

Les prix vont de 45 $ pièce pour les petites pièces à 1.500 $ ARG pour les plus gros œufs géants.

Carottes garnies d'œufs fourrés (menthe, crème de fruit, dulce de leche, etc.)
Les petites sœurs ont aussi pensé à nourrir leurs lapereaux amoureux !
C'est mignon, non ?

Les petites sœurs vendront leur production de Pâques à partir de dimanche, dimanche des Rameaux, dans leur boutique de Buenos Aires, Libertad 1240, dans le quartier de Retiro, et au magasin de l'abbaye, Martín Rodríguez 547, à Victoria, dans le Gran Buenos Aires (au nord-ouest de la capitale fédérale, sur la rive du Río de la Plata).

L'abbaye a été fondée en 1941 pour la province bénédictine du Cono Sur. Elle propose des retraites spirituelles. La communauté vit de sa production gastronomique et sa fabrication d'ornements liturgiques, d'icônes et autres objets de piété (crucifix, couvertures de lectionnaires, cierges pascaux)...

Pour aller plus loin :
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jeudi 22 mars 2018

La Cour de Cassation ratifie les poursuites contre Chocobar [Actu]



La Cour de Cassation criminelle et correctionnelle vient de ratifier le chef d'inculpation choisi par le juge d'instruction contre le policier de la Bonaerense Luis Chocobar qui a tué, dans le dos, un jeune délinquant de 17 ans à La Boca, quartier de Buenos Aires intra-muros qui n'est donc pas dans sa juridiction (puisque la Bonaerense est la police de la Province de Buenos Aires, qui n'inclut pas la Ville Autonome qu'est la capitale fédérale).

La défense du policier a voulu faire croire qu'il avait fait acte de légitime défense. Et le gouvernement fédéral, à commencer par le président lui-même, lui avait emboîté le pas, avec une audience privée très médiatisée. Puis dans les jours qui ont suivi, Patricia Bullrich, la ministre de la Sécurité, a annoncé un changement hallucinant de législation qui devrait faire bénéficier du doute systématique à tout policier qui fera usage de son arme. Il y a eu tout au long de l'été et jusqu'à il y a quelques jours une véritable série de meurtres par des policiers, le dernier contre un gamin de 12 ans (12 ANS !) dans le nord-ouest du  pays... Il y a eu également plusieurs policiers, en moindre nombre, qui ont été abattus par des criminels en fuite.

La justice vient une nouvelle fois de donner tort aux dangereuses dérives sécuritaires du gouvernement en confirmant que Chocobar devait bien être poursuivi pour homicide aggravé et non pas pour un simple abus de la légitime défense, la première qualification retenue par le juge d'instruction.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín

Ajout du 23 mars 2018 :
lire l'article de La Nación avec vidéo et analyse de ce qui se serait passé si Chocobar avait appartenu à la police métropolitaine (la police de la Ville Autonome de Buenos Aires)

Le coach des Albicelestes rejoint une campagne de Abuelas [Actu]


A quelques semaines de la Coupe du Monde en Russie, Jorge Sampaoli, le directeur technique de l'équipe nationale de football argentine, les Albicelestes, vient d'enregistrer une vidéo de la campagne 2018 de l'association Abuelas de Plaza de Mayo. Pour cette opération de sensibilisation, des personnalités enregistrent un message invitant les personnes nées entre 1976 et 1981 et qui ont des doutes sur leur généalogie ou sur les circonstances de leur naissance à se faire connaître auprès des Grands-Mères de la Place de Mai pour qu'un test ADN permette de déterminer si elles sont ou non l'un des enfants volés sous la dernière dictature militaire.

Abuelas de Plaza de Mayo recherche encore environ 400 personnes, nées sous la dictature, le plus souvent pendant la séquestration arbitraire de leurs mères, et parfois des deux parents.

Samedi 24 mars, se tiendront les manifestations habituelles des associations de victimes de la Junte pour le quarante-deuxième anniversaire du coup d'Etat de Rafael Videla, qui renversa Isabel Perón.

Página/12 est le seul quotidien à s'en faire l'écho.

mercredi 21 mars 2018

Astor Piazzolla : un autre livre [Disques & Livres]


L'anthropologue María Susana Azzi, qui avait publié avec le Britannique Simon Collier une belle biographie de Astor Piazzolla en anglais, en 2000, publie une nouvelle version augmentée de ce travail, qu'elle signe désormais seule. Simon Collier est décédé aux Etats-Unis en février 2003. Il était reconnu comme l'un des meilleurs tangologues au monde, après ses ouvrages sur Carlos Gardel et Piazzolla.

María Susana Azzi siège au Conseil administratif de la Fundación Astor Piazzolla, présidée par la veuve du compositeur, Laura Escalada.

La nouvelle biographie du révolutionnaire du tango (en 1955 et en 1968) paraît ce mois-ci aux Editons El Ateneo, au prix de 590 $ ARG (sur le catalogue en ligne de l'éditeur). Elle est préfacée par le violoncelliste Yo-Yo Ma.

Le livre dans sa première version, avec ses deux auteurs originaux
et dans la traduction en espagnol

La Prensa publie aujourd'hui une assez longue interview de l'auteure, qui dispose elle-même d'un site Internet sur lequel elle présente ses travaux.

Pour aller plus loin :
lire la présentation sur le site Internet de la maison d'édition

ARA San Juan : la commission parlementaire d'enquête se met au travail [Actu]

Le San Juan (photo AFP)

La si longtemps souhaitée commission bicamérale d'enquête sur la tragédie du ARA San Juan, disparu en mer sans laisser de trace à la mi-novembre, vient de se mettre enfin en place et elle a commencé ses auditions.

Quatre mois après l'explosion du bâtiment et la perte de ses 44 membres d'équipage, les familles continuent à supplier le gouvernement argentin de ne pas abandonner les recherches. Certaines ont maintenant reçu les propositions d'indemnisation des compagnies d'assurance : juste quelques dizaines de milliers de pesos argentins pour la mort d'un mari, d'un père ou d'un fils !

En France, il y a quelques mois, le journaliste et producteur de France Culture Guillaume Erner a consacré un numéro de son émission en ligne Superfail au sous-marin argentin, avec pour invité un historien qui travaille au service historique de la Défense, Alexandre Sheldon-Duplaix, un spécialiste de l'histoire des sous-marins, qui explique que ce genre de catastrophe n'est pas réservé aux pays émergents, il peut toujours n'importe quelle flotte militaire au monde.

Le départ du Sophie Siem qui allait participer aux recherches du sous-marin
en novembre dernier (photo Pablo Villagra pour l'AFP)

Pour aller plus loin sur les débuts difficiles de cette enquête parlementaire :
lire l'article de La Nación, qui fait la liste des onze dysfonctionnements qui affectaient le San Juan au moment où il a pris la mer en novembre.

Ajouts du 23 mars 2018 :
lire l'article de La Prensa sur les déclarations de Jorge Faurie, ministre des Affaires Etrangères, devant le Sénat. Ce diplomate de carrière a démenti tout acte hostile de la part de la Royal Navy aux abords des Malouines
lire l'article de Página/12 sur les familles des sous-mariniers qui, maintenant, exigent la démission du ministre de la Défense, le radical Oscar Aguad