mardi 30 juin 2020

Chute spectaculaire du PIB argentin [Actu]

Synthèse globale pour le mois d'avril dernier
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Ce n’est pas un phénomène propre à l’Argentine puisque tous les pays qui ont dû confiner leur population sont peu ou prou dans la même situation mais là-bas, ce recul de l'activité renvoie à une expérience terrible et pas si lointaine : la catastrophe de Noël 2001.

La une de Clarín ce matin
Sous le gros titre, une photo de l'échangeur autoroutier de l'entrée sud de Buenos Aires
D'après ce journal (d'opposition), le gouvernement aurait restreint les accès à la capitale
pour compliquer la circulation et dégoûter les gens de bouger
à l'avant-veille d'un retour des règles très strictes de confinement (demain)
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En grande partie, c’était pour éviter ce bégaiement de l’histoire que les Argentins avaient voté en 2015 pour Mauricio Macri puisqu’il leur promettait la prospérité grâce à la « libération » de l’économie et pour la même raison, quatre ans plus tard, ils lui ont préféré Alberto Fernández, qui représentait la lutte contre l’endettement du pays et contre sa soumission aux seules lois du marché et de la spéculation sur les pays sous-industrialisés.

Synthèse de l'activité d'avril par secteur
Remarquez les trois secteurs marqués d'un éclair
(symbole d'une baisse qui explose l'échelle du tableau)
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Mais la pandémie est passée par là pour trouver un système de santé publique très malmené par les quatre ans de politique ultra-libérale et une économie au noir qui reprenait du poil de la bête, tant parce qu’un certain patronat profitait du laisser-aller gouvernemental que parce que la crise acculait les travailleurs au système D. Ce qui fait qu'il a été impossible à des tas de gens de respecter le confinement plus de quelques jours. Le résultat est terrible : l'épidémie gonfle malgré l'arrêt de l'économie et le PIB fait le grand plongeon.

La une de La Nación ce matin

C’est donc sans surprise qu’on prend connaissance des estimations publiées hier par l’INDEC sur l’activité économique nationale au mois d’avril dernier : 26,4 % de baisse en comparaison inter-annuelle, soit 16,7 points de moins qu’au mois précédent (le confinement a été décrété le 20 mars) et trente mois de récession sans solution de continuité.

Les quatre quotidiens nationaux commentent ce matin la nouvelle.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 (journal de gauche, pro-gouvernemental)
lire et télécharger le rapport officiel de l’INDEC, l’institut national argentin de statistique.

lundi 29 juin 2020

Cinquante bougies pour Corregidor [Disques & Livres]

"La vie imprimée" dit le gros titre

La maison d’édition Corregidor fête aujourd’hui ses cinquante ans et fait à cette occasion la une des pages culturelles de Página/12.

Corregidor s’est spécialisée dans l’expression de la culture nationale argentine : c’est une maison qui publie les poètes de tango, les grands penseurs nationalistes, surtout dans les mouvances radicales et péronistes, des livres de souvenirs et des biographies… Elle dispose d’une collection, La Historia del Tango, dont les différents volumes sont des références incontestables.

C’est une des rares maisons d’édition qui expose systématiquement au Festival de Tango de Buenos Aires qui a lieu depuis une dizaine d’années à la fin du mois d’août et qui n’aura sans doute pas lieu cette année.

Pour aller plus loin :

La vague verte française surprend (aussi) la presse argentine [ici]

Photo EFE choisie par Clarín
On peut y voir une certaine distance physique
(ce qui n'est pas le cas des photos retenues par les deux autres journaux)

Le second tour des élections municipales en France a droit à un article dans les quatre quotidiens nationaux argentins.

La vague verte retient l’attention d’une presse qui ne connaît pas de force écologiste dans les enjeux électoraux nationaux.

Trois journaux illustrent leur articles par des photos d’Anne Hidalgo sur le parvis de l’Hôtel de Ville hier soir grâce à l’agence de presse espagnole EFE (ce n'est pourtant pas la plus représentative de la vague verte). La Nación lui préfère une photo de Macron, dont le visage est nettement plus connu des lecteurs.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12, le plus sensible aux questions sociales et écologiques
lire l’article de La Prensa, qui, n’ayant pas de correspondant en France, s’est contenté de publier la dépêche de EFE

samedi 27 juin 2020

Nouveau confinement pour Buenos Aires et sa région à partir de mercredi [Actu]

"A la maison au pas de course" dit le gros titre
en haut, au centre, la disparition à l'âge de 77 ans d'un leader socialiste
premier gouverneur à la rose en Argentine (Sante Fe)
candidat malheureux mais brillant à la présidence de la Nation en 2011
Atteint par la maladie d'Alzheimer, Hermés Binner avait disparu
de la scène publique depuis un bon moment.

Dans quelques jours, en Argentine, ce sont les vacances d’hiver qui commencent avec la saison du ski (dont la station la plus importante du continent se situe à Bariloche, dans les Andes de Patagonie). Aussi, devant l’avancée de l’épidémie de covid-19, le gouvernement national (gauche péroniste), celui de la Ville Autonome de Buenos Aires (droite libérale) et celui de la province du même nom (gauche péroniste) se sont-ils concertés une nouvelle fois pour resserrer les boulons.

En bonne place sur la une,
l'impressionnant graphique de l'épidémie qui galope

Du 1er au 17 juillet, la capitale fédérale et sa banlieue reviendront à un régime très strict de confinement avec seulement 24 activités où le travail restera possible, les 24 activités qui restaient autorisées dans le décret de confinement du 20 mars dernier. Tout le reste est au chômage technique, avec diverses aides de l’État, ou en télétravail. Les écoles restent fermées, depuis la maternelle jusqu’à l’université. Il n’y aura plus de transports publics entre la capitale et les villes limitrophes ou très peu. Des promenades resteront autorisées pour les enfants mais les adultes devront se passer du footing de jour comme de nuit. Des magasins qui avaient pu rouvrir devront à nouveau baisser le rideau. Le pays atteint les 100 jours de confinement. Un tiers de l’année.

Du point de vue économique, c’est bien entendu une catastrophe d’autant que le travail au noir avait notablement progressé pendant les deux dernières années du mandat précédent, qui furent deux années de crise noire (surendettement de l’État, dérégulation à tout va et baisse voire disparition des dispositifs sociaux). Il y aura aussi des protestations au nom de la liberté mais, comme l’a dit le président : la liberté est une affaire de vivants. Pour les morts, il n’y a plus de liberté qui vaille. Il faut donc limiter autant que possible leur nombre or l’épidémie flambe en ce moment et le système sanitaire, notamment les services de soins intensifs, est mis à rude épreuve.

Un groupe de scientifique a mis au point un protocole permettant des dépistages de groupe qui ne nécessitent de tests individuels que pour les personnes composant le groupe dans lequel la présence du virus a été détectée. Ceci devrait aider le pays à tester davantage à moindre coût, une des clés du succès dans ce pays étranglé par la dette contractée au cours du mandat précédent. L’Argentine déplore déjà 1.175 décès du covid sur une population de 46 millions d’habitants (en comptant les 8 morts annoncées ce matin). Autrement dit, même mal respecté par tous les travailleurs en situation précaire qui le bravent pour aller gagner leur pain, le confinement reste la solution la plus efficace en l’absence (durable) de remède et de vaccin.

"Circulation limitée dans le Gran Buenos Aires
et fermeture de 300.000 commerces", dit le gros titre
En haut, à droite, la photo de Hermés Binner
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Quelques observateurs de droite osent toutefois élever la voix pour critiquer le gouvernement au sujet de la mise en place en mars-avril d’un hôpital de quarantaine dans le parc éducatif à thème Tecnopolis. Cette structure n’a en effet pas encore servi et elle ne servira peut-être jamais (en tout cas pas avant l’arrivée du printemps en octobre) car elle ne peut pas être utilisée pendant l’hiver (c’est un simple hangar à exposition et à Buenos Aires, il faudrait mettre du chauffage pour y loger, comme cela avait été prévu, des malades atteints à un degré léger ainsi que des asymptomatiques qui doivent tous pouvoir être isolés pendant qu’ils sont contagieux). Comme si le pic d’une maladie nouvelle et soudaine était un fait maîtrisable par les pouvoirs publics ! La presse mainstream affûte déjà ses armes pour tailler en pièce cette majorité haïe. Pourtant le chef de gouvernement de la Ville de Buenos Aires est de droite et il coopère sans faille (apparente en tout cas) avec la majorité de gauche : depuis le mois de mars, les trois exécutifs rament tous dans le même sens sur la stratégie contre l’épidémie, laquelle occupe 99,99 % de leur activité.

On peut donc espérer que, malgré la mauvaise volonté de certains, nettement plus sectaires que d’autres, que cette longue expérience de concertation transpartisane, qui a déjà valu un podium à l’Argentine dans les pages de Time Magazine, ne change durablement le paysage politique national et ne favorise l’indispensable cicatrisation d’une division idéologique qui remonte au début de la guerre civile en 1820 et que les coups d’État militaires successifs de 1930 à 1976 n’ont fait qu’aggraver tout au long du 20e siècle.

L'édition de Página/12 à Rosario,
capitale culturelle et économique de Santa Fe
Belle photo de Hermés Binner
et gros titre qui rappelle qu'il était médecin

Les dates choisies pour prolonger le confinement incluent la fête de l’indépendance, le 9 juillet. Encore une occasion de célébrer qui passe par pertes et profits dans une année qui devait être riche en manifestations culturelles autour du souvenir de Manuel Belgrano, l’un des plus importants artisans de la création du pays. On a vu la semaine dernière que le bicentenaire de sa mort était passé presque inaperçu dans les colonnes de journaux.


Pour aller plus loin :

mercredi 24 juin 2020

Une plateforme cinématographique argentine salue la mémoire de Carlos Gardel [à l’affiche]


Aujourd’hui, pour vingt-quatre heures et en hommage à Carlos Gardel, qui quittait cette vie il y a 85 ans, le 24 juin 1935, une nouvelle plateforme cinématographique argentine, Gente de Cine, bâtie pour servir le cinéma en ces temps extrêmement difficiles d’épidémie et de confinement prolongé (au-delà de l’imaginable), met à disposition des internautes deux films de 1934 et 1935 en version restaurée : Tango en Broadway et Tango Bar, tous deux tournés à New York dans la dernière année de vie du Zorzal Criollo.

Carlos Gardel dansant avec Rosita Moreno dans Tango Bar
On le sait peu mais il était aussi bon danseur de tango que chanteur du même genre musical
Il dansait estilo canyengue (à la mode des faubourgs)

Tango Bar est sorti sur les écrans après sa mort accidentel sur la piste de l’aérodrome de Medellín, en Colombie, lequel, désaffecté à présent, accueille désormais un musée mémorial consacré au grand artiste argentin.


Gente de Cine est issu d’un partenariat entre la Cinémathèque argentine et une fondation privée, la Fundación Gotica.

Pour en savoir plus :

Premier non-lieu pour Cristina Kirchner dans « l’affaire des Carnets » [Actu]

Cela ne manquera pas de susciter le scepticisme des courants de pensée mainstream un peu partout dans le monde et de conforter la droite argentine et sud-américaine dans ses critiques les plus acerbes contre l’actuel gouvernement mais l’ancienne présidente de la Nation et actuelle vice-présidente (donc à la tête du Sénat) Cristina Kirchner vient, avec plusieurs co-inculpés, de bénéficier d’un non-lieu (falta de mérito) dans une partie de ce qu’on a appelé « l’affaire des cahiers ». Une sombre histoire de dessous-de-table dont les opérations auraient été notées une à une dans des cahiers d’écolier par un chauffeur de taxi qui transportait le ministre chargé des valises de billets mais dont on a mis au dossier que des photocopies, parce que les originaux auraient été détruits.

Dans cette affaire comme dans les autres, il n’y a pas de preuve formelle incriminant Cristina, ses ministres et autres collaborateurs. Il n’y a que des faisceaux d’indices dont la solidité dépend beaucoup du montage qui en est fait. Dans un sens, ils semblent accabler la leader politique. Ces indices organisés autrement, l’argumentation part en fumée.

A partir du moment où Cristina Kirchner retrouvait un mandat électif à ce niveau dans l’État, il paraissait presque certain que les dossiers ouverts contre elle sous le mandat de Mauricio Macri allaient se refermer les uns derrière les autres. La contrepartie est que dans ces circonstances, les non-lieu ne la laveront jamais de tout soupçon. Sa réputation restera entachée aux yeux de qui la rejette. La droite va crier à l’impunité, à une justice fédérale soumise à l’Exécutif et à une corruption généralisée de ce nouveau gouvernement. D’autant plus que des fumets mal odorants ont déjà été reniflés dans les archives de la majorité sortante et que quelques seconds couteaux incriminés n’ont pas tardé à passer aux aveux (1), notamment dans la récente affaire de l’espionnage ordonné par les plus hautes autorités de l’État central contre diverses personnalités de l’opposition d’alors. La propre sœur du président Macri aurait été mise sur écoute, sans doute parce que le clan familial se serait servi des moyens de l’État pour veiller sur ses affaires industrielles et financières.

Seule dans son secteur, le quotidien de la droite libérale titre son article dans le sens inverse : "Travaux publics : la procédure contre Cristina reprend son cours". Il faut le faire ! (2)

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 (favorable à la majorité actuelle)
lire l’article de La Prensa (droite catholique réactionnaire)
lire l’article de La Nación (droite libérale liée à la classe dominante en Argentine).



(1) Ce n’est pas le cas des Kirchner : personne n’a rien avoué à ce jour, ni la mère, ni le fils (aujourd’hui député et chef de groupe à la Chambre) ni la fille (qui vient de rentrer de son long séjour médical à Cuba). Quant au chauffeur de taxi, la défense et les partisans de Cristina ont assez vite développé des thèses selon lesquelles il aurait été acheté ou manipulé ou retourné par des sbires au service de Mauricio Macri désireux de se débarrasser de sa principale adversaire politique du moment et de l’envoyer au trou pour un bon moment. Le fameux lawfare dénoncé par la gauche occidentale comme système de vengeance de la droite lorsqu’elle revient aux affaires légalement ou non et il est vrai que cela se produit dans toute l’Amérique du Sud sauf jusqu’à présent en Uruguay, où aucune menace ne semble peser ni sur Pepe Mujica ni sur Tabaré Vázquez, les deux présidents de gauche de la précédente majorité (qui a gouverné pendant quinze ans).
(2) Sur les autres points, l’instruction se poursuit. Elle va reprendre avec des auditions en visio-conférence. A noter que la défense de la vice-présidente n’a pas fait d’objection à la continuation de l’enquête.

Une sixième vidéo sur Dailymotion [Activité Barrio de Tango]

Capture d'écran de ma chaîne Dailymotion au 24 juin 2020
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Cet après-midi, j’ai publié sur ma chaîne Dailymotion une nouvelle vidéo : ma première interview télévisée en Argentine qui remonte au 28 août 2011. Tout se passe bien évidemment en espagnol.

Il s’agit de l’émission de Nolo Correa, Hablando de Arte, à laquelle il m’avait invitée pour la première fois (il y a eu plusieurs autres entretiens depuis, dont un il y a quelques jours à l’occasion du bicentenaire de la mort de Manuel Belgrano). Nolo Correa enregistrait alors dans un ancien cinéma de La Boca, transformé en studio de télévision. La lumière y était idéale mais il y régnait un froid de canard. En août, en Argentine, c’est encore l’hiver et cette année-là, à la fin du mois, une belle vague de froid était venue couvrir la ville.

Dix jours plus tôt, à l’invitation du poète Héctor Negro, Nolo Correa était venu à la présentation, à l’Alliance Française de Buenos Aires, de ma seconde anthologie bilingue de tango, Deux cents ans après – le bicentenaire de l’Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, publiée aux Editions Tarabuste comme numéro spécial 2010 de leur revue Triages. Héctor Negro et Marcela Bublik m’avaient fait l’honneur et l’amitié de m’accompagner sur scène dans cette présentation.


Entourée par Héctor Negro et Marcela Bublik, grande salle de l'Alliance Française
à Buenos Aires, le 17 août 2011

L’interview telle qu’elle est disponible sur Dailymotion et sur ma page Facebook n’est qu’un extrait de l’entretien du fait des capacités techniques d’alors des échanges de documents en ligne. J’ai conservé le spot publicitaire initial (dont les sous finançaient l’émission) : il a valeur de témoignage historique car le ton du speaker ne manquera pas de rappeler à ses admirateurs celui de Marcos Mundstock lorsqu’il introduisait les morceaux de musique du groupe humoristique Les Luthiers en nous parlant de "Johan Sebastian Mastropiero"…

Pour en savoir plus :
regarder l’interview de 2011 dans Hablando de Arte
regarder la vidéo sur Belgrano du 20 juin 2020

lundi 22 juin 2020

Une cérémonie du drapeau « en modo virtual » snobée par la presse nationale [Coutumes]

Lever des couleurs dans les jardins de la résidence
La Première dame s'était vêtue des couleurs nationales
(photo Casa Rosada)

Hier la presse nationale argentine présentait le lamentable spectacle d’un silence presque total sur le bicentenaire de la mort de Manuel Belgrano alors que la veille, le samedi 20 juin, date de cet anniversaire, le pays fêtait, en théorie du moins, la fête du drapeau instituée à cette date à la fin des années 1930 pour rendre hommage au général à qui l’Argentine doit la création de ses couleurs… Quelle ingratitude quand on pense non seulement à l’ampleur du travail patriotique accompli par ce personnage qui n’a vécu que cinquante ans mais aussi au simple fait que c’est par sa volonté que la presse est née à Buenos Aires !

La cérémonie au Monument au Drapeau de Rosario
avec les distances physiques indispensables et l'écran géant pour écouter le président

La raison en est tristement partisane : la droite libérale et capitaliste avait choisi ce jour très spécial pour faire une manifestation klaxonnante, vociférante prétendument démocrate et patriote, autour de l’Obélisque contre la nationalisation du groupe céréalier Vicentín, alors même que le tribunal de commerce l’avait rendu impossible en se prononçant contre l’expropriation l’avant-veille et que le gouvernement n’a toujours pas présenté sa solution de rechange. Ces gens auraient pu avoir la décence de manifester un autre jour plutôt que celui où le pays était censé se souvenir d’un père de la patrie qui a consacré toute sa vie à l’entente civile entre les Argentins. Ils auraient aussi pu respecter, c’eût été la moindre des choses, le symbole d’unité qu’est le drapeau national (n’importe quel drapeau national), surtout au moment où tout le pays est secoué par la tragédie sanitaire.

Tous les journaux ont donc fait leur une du lendemain non pas sur la fête du drapeau qui se célèbre à Rosario ou sur ce bicentenaire mais sur la horde d’automobilistes hurlant comme des hooligans tous drapeaux déployés à travers les vitres baissées de leurs gros véhicules, sauf Página/12 qui a préféré titrer sur un scandale d’espionnage qui semble engager la responsabilité pénale de divers mandataires de l’ancienne majorité, à commencer par l’ancien chef d’État.

Cela prouve combien le travail pédagogique de l’Instituto Nacional Belgraniano et d’autres entités de cette nature reste indispensable pour faire vivre la mémoire des hommes et des événements qui ont construit le pays.

Le président, la Première dame et quelques ministres réunis
dans les jardins pavoisés de la résidence à Olivos

Pourtant, la cérémonie d’hommage au drapeau a bien eu lieu à Rosario avec toutes les mesures de précaution qui s’impose pour lutter contre la pandémie : sur place, se trouvaient le maire de Rosaio et le gouverneur de la province de Santa Fe, qui est en train de chercher une solution alternative pour que Vicentín ne soit pas la proie de prédateurs financiers de type Black Rock tandis qu’à la résidence officielle de Olivos, le président Alberto Fernández y participait par duplex informatique (1). C’était le premier Día de la Bandera de son mandat. Il n’est donc pas inutile de savoir ce qu’il a bien pu en faire et ce qu’il y a dit. Ensuite, le chef d’État a présidé une prestation de serment au drapeau d’écoliers reliés en visio-conférence depuis tous les coins du pays (cette prestation de serment est traditionnelle dans les écoles pour tous les enfants au moment des fêtes patriotiques : 25 mai, 20 juin, 17 août et 20 novembre).

Seul parmi les quotidiens nationaux, Página/12 a rapporté la tenue de la cérémonie officielle, intégrant même la vidéo dans les pages Internet de son article. La Prensa a préféré publier un modeste article, sans grande ambition historique, sur la mort de Belgrano tandis que Clarín publiait, et cela mérite d’être souligné, une courte interview téléphonique de Manuel Belgrano, le président de l’INB, en la gratifiant d’une erreur généalogique dans le titre. La Nación n’a même pas consacré une ligne à l’événement. Cette volonté de faire disparaître du champ médiatique la personne et les actes les plus solennels et symboliques du chef de l’État démocratiquement et constitutionnellement élu a de quoi nous laisser muets de stupeur.

Pour en savoir plus :
regarder la vidéo de la cérémonie sur la chaîne Youtube de la Casa Rosada.



(1) Sur le conseil des médecins, le président ne quitte plus sa résidence. Ces deux dernières semaines, il a tenté deux visites officielles sur le terrain, l’une en Patagonie et l’autre dans le nord-ouest, mais il a fallu les abréger, la première parce qu’elle semblait avoir donné de mauvaises idées de voyage à des Argentins assez aisés pour prendre leur voiture et la poudre d’escampette et la seconde parce qu’elle s’est heurtée à de la contagion dans le personnel politique régional. L’Argentine vient de franchir la barre symbolique des mille morts du Covid et elle a perdu coup sur coup deux soignants, un médecin il y a deux jours et un infirmer aujourd’hui.

Un programme sous réserve pour l’automne [ici]

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Les Éditions du Jasmin relancent la campagne qui, au printemps, devait accompagner la sortie de la seule biographie française de Manuel Belgrano, que j’ai eu l’honneur de présenter, le jour de sa publication, à l’Ambassade argentine à Paris : Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine (1).

Tout ce programme de rencontres avec le public dépend bien entendu des caprices de notre ennemi actuel, Sars-Cov-2, et donc de notre capacité collective à suivre les consignes des autorités sanitaires pendant tout l’été qui vient d’arriver. Et ce sera dur pour tout le monde !

Vous retrouverez dans ce programme sous réserve des rendez-vous habituels comme les salons du livre de la Fête de l’Humanité, celui du Mans, celui de L’Autre Livre à Paris, celui de Saint-Arnoult et celui de Montreuil. S’y greffent la soirée Argentine à l’Espace L’Autre Livre (dans le Quartier Latin) et le salon du livre de Lagny-sur-Marne, organisé par le Lions Club.
Une ou deux conférences sont en cours de négociation au salon L’Autre Livre.

Au salon L'Autre Livre, il est prévu deux conférences, l'une sur les Contes, l'autre sur Manuel Belgrano. Elles devraient être programmées le samedi et le dimanche, à 15h dans les deux cas.
Entrée libre et gratuite à tous les salons, sauf à celui de Montreuil.

Selon toute vraisemblance et contrairement à mes habitudes, il ne sera pas possible de vous proposer une dégustation de mate sur le stand des Éditions du Jasmin. On sera tous au régime sec mais, pour les auteurs comme les éditeurs, quelle joie de retrouver nos lecteurs !



(1) Quelques liens pour découvrir cet ouvrage et ce personnage :
sur ma chaîne Dailymotion (conférence en français)
sur ma chaîne Dailymotion (interview en espagnol)

samedi 20 juin 2020

Une interview originale en espagnol pour le Bicentenaire [Disques & Livres]

Bilingüe – Bilingue

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Es una nota en modo 2.0 (Skype) que me hizo Nolo Correa en vez de la nota que me hubiera hecho en uno de sus programas en el aire en Buenos Aires en agosto o septiembre próximo, ya que el General Manuel Belgrano es su prócer preferido. Pero la crisis sanitaria está impidiéndome viajar a la Argentina, Francia está saliendo poco a poco de la paralisis y el Gran Buenos Aires queda en una cuarentena estricta. Había que arreglar las cosas de otra manera, lo que se consiguió a través de Skype el lunes pasado.

Esta nota, la armé con varios documentos históricos tomados de mis trabajos de investigación y fotos originales mías en el patio de Santo Domingo en CABA (ver arriba) y en el museo de transporte de Luján que visité el año pasado con amigos sanmartinianos y belgranianos. Agregué una estrofa de un gato patriotico que compuso Carlos Gardel allá por el Centenario: El Sol del 25. El Zorzal lo grabó dos veces, en el 1917 y el 1930. Al escuchar ambas versiones, se nota la amplitud de su evolución artistica y vocal.

Desde esta mañana, a las 7 y media, más o menos el momento en el que se fue Belgrano, está en línea este video de 40 minutos en mi canal Dailymotion.

Grabando con Nolo Correa el 17 de agosto del 2019
Dans le studio télé, avec Nolo Correa, le 17 août dernier
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Il y a deux cents ans aujourd’hui, le 20 juin 1820, bien avant le lever du soleil hivernal sur la pire journée pour Buenos Aires de toute cette décennie indépendantiste qui s’achevait, le général Manuel Belgrano mourait à tout juste cinquante ans, vaincu par le cancer et la pleurésie. Son décès allait passer inaperçu en ce jour où, à la forteresse San Miguel, se succédaient rien moins que trois gouverneurs de la province en moins de vingt-quatre heures.

Pour marquer cette date symbolique en ces temps où les rassemblements restent impossibles tant en France qu’en Argentine et où les voyages transocéaniques ne peuvent même plus être envisagés (1), Nolo Correa m’a fait l’interview que le 17 août dernier, lorsque je lui avais annoncé la préparation de la première biographie en français de sa figure historique préférée, Manuel Belgrano, il s’était promis de réaliser cette année. Lundi dernier, en fin de matinée pour lui, dans l’après-midi pour moi, nous avons enregistré par Skype et tout au long de la semaine, j’ai préparé la bande-son avant de la monter en vidéo sur une sélection de documents historiques et de photographies que j’ai prises à Buenos Aires et à Luján.

Cette vidéo d’une quarantaine de minutes est en ligne depuis ce matin sur ma chaîne Dailymotion pour tous mes lecteurs, passés, présents et futurs, ceux de la biographie de Manuel Belgrano et ceux de ce blog, Barrio de Tango.

Parce que je voulais un petit accompagnement musical, je suis allée chercher une perle dans ce répertoire très varié de musique populaire qui évoque les grands événements historiques et dont ici, en Europe, nous n’avons pas la moindre idée. Et comme mercredi prochain, ce sera le 85e anniversaire de la mort de Carlos Gardel, j’ai choisi un gato (chanson et danse rurale) qu’il a composée alors que l’Argentine préparait les fêtes de son centenaire en 1910 : El Sol del 25 (le soleil du 25 [mai]). Ce gato patriotique, on en connaît deux enregistrements de lui : l’un en 1917 (ça gratouille comme il faut pour l’époque) et l’autre en 1930. Les deux versions de la même strophe montrent toute l’amplitude de l’évolution artistique qui fut la sienne dans une vie encore plus courte que celle de Belgrano et qui s’interrompit accidentellement sur la piste de l’ancien aérodrome de Medellín.
Voici le texte de cette seconde strophe du Soleil du 25 mai et sa traduction en français :

Al pueblo, al gauchaje
hace el entusiasmo
temblar de coraje.

Y hasta parece
que la estatua 'e Belgrano
se estremeciese…

Al blanco y al celeste
de tu bandera...
contempla victoriosa la cordillera (bis)

Le peuple, tous ces gauchos
l’enthousiasme les fait
frémir de bravoure.

On dirait même
que la statue d' Belgrano (2)
est prise de frissons.

Aux couleurs blanche et céleste
de ton drapeau (3)
contemple la cordillère victorieuse (bis) (4)
Traduction © Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :
voir l’ensemble de la chaîne qui compte à présent 5 vidéos, trois en français (dont une conférence sur Belgrano) et deux en espagnol.



(1) La semaine dernière, j’ai reçu un mail de la compagnie aérienne qui m’annonçait l’annulation de mon voyage prévu en août prochain comme tous les ans.
(2) Celle qui domine la Plaza de Mayo et que l’on voit à la fin de lavidéo.
(3) Allusion au fait que Belgrano a créé le drapeau national dont, en raison de l’anniversaire de sa mort, c’est aujourd’hui la fête mais cela Carlos Gardel ne l’a jamais su. La fête du drapeau a été instituée pendant la guerre civile espagnole parce que les habitants de l’Argentine commençaient à se diviser à l’image de ce qu’il se passait dans leurs pays d’origine en Europe : fascisme, nazisme, stalinisme, franquisme, anarchisme en Espagne et démocratie qui survivait dans une poignée de pays.
(4) La structure poétique peut ici donner lieu à plusieurs traductions : on ne sait pas très bien qui est le sujet du verbe contemplar ni qui est victorieuse (la cordillère ou le drapeau, qui est féminin en espagnol). L’allusion aux Andes est double ici : victoires de Belgrano à Tucumán et à Salta, respectivement en 1812 et 1813, puis Traversée des Andes par San Martín en 1817. Ce n’est pas très clair, mais c’est joli tout de même… Surtout chanté par Carlos Gardel !

Miguel Rep recrée le drapeau à sa sauce [Humour]

L’auto-référentialité n’est pas une caractéristique des dessins de Rep mais aujourd’hui, jour du drapeau, il s’y laisse aller et.. il en profite pour jeter dans les oubliettes la dimension mariale de la création de l’emblème national (1). Aujourd’hui est un jour férié en Argentine : c’est la fête du drapeau, dont la date a été fixée à l’anniversaire de la mort de Manuel Belgrano, l’inventeur des couleurs nationales.

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Tout si rouge sang… Notre pauvre terre si ensanglantée [murmure Belgrano assis au bord du Paraná à Rosario]
Et sans drapeau. Quelle couleur vais-je lui donner ? Le rouge des royalistes, pas question ! (2)
Et voilà que passe l’Enfant Bleu (3)
Traduction © Denise Anne Clavilier

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(1) Dimension mariale qui ne fait aucun doute par quelque bout que l’on prenne la question : soit le drapeau est inspiré du cordon de l’ordre de Carlos III (qui a choisi les couleurs, blanc et ciel, de l’Immaculée Conception), soit le drapeau vient de la cocarde nationale (ce qui est le chemin le plus court puisque c’est celui qu’invoque Manuel Belgrano dans son compte-rendu à Buenos Aires du 27 février 1812). Or, comme je l’explique dans Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine à travers trois chapitres, sur les Invasions Anglaises où cette cocarde est utilisée pour la première fois par des troupes qui se réunissent à Luján, sur la Révolution de Mai où la cocarde devient écarlate et sur la création du drapeau, le choix des couleurs vient bel et bien de la Vierge de l’Immaculée Conception que l’on vénère à Luján. Mais Miguel Rep est sérieusement athée !
(2) Il s’agit là du drapeau espagnol qui présentait déjà la même configuration : rouge et jaune. C’était encore le drapeau officiel qui flottait au-dessus du fort de Buenos Aires et à la tête des armées de nos révolutionnaires sud-américains. Jusque là, le raisonnement prêté à Belgrano se tient historiquement. C’est à la case d’après que tout dérape dans l’auto-citation
(3) El Niño Azul est un personnage récurrent dans les vignettes de Miguel Rep. Une sorte de Petit Prince, de personnage lunaire et onirique, avec une chevelure en forme de nuage. Dans Contes animaliers d’Argentine (Éditions du Jasmin), j’ai présenté une autre version, tout aussi imaginaire de la création du drapeau : le conte s’intitule Haute Voltige et il vient de la Province de Santa Fe, dont Rosario est la capitale économique et culturelle.

vendredi 19 juin 2020

Une bonne nouvelle : le panier alimentaire de base a légèrement baissé [Actu]

Sur le front de l’inflation, ce sont plutôt des bonnes nouvelles : les deux paniers de référence établis par l’INDEC marquent une inflexion très nette.

Synthèse des prix relevés
à Buenos Aires et sa grande ceinture
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Le prix moyen du premier, qui rassemble des produits alimentaires de base, a baissé de 0,1 % en mai par rapport au mois d’avril. C’est très faible mais c’est le première fois depuis longtemps que l’on voit un taux négatif s’inscrire dans les tableaux de l’INDEC, dont les données ne semblent plus contestées (1).

Quant au second, qui intègre des biens et services de première nécessité hors alimentation, il augmente en moyenne de 1,1 %, ce qui est plus faible que l’inflation globale qui s’élevait en mai à 1,5 %.

Au milieu des très mauvaises nouvelles du point de vue sanitaire (2) avec des chiffres de contagion et de décès qui montent en pointe très brutale depuis le début du mois (3) alors que l’Argentine va fêter demain la fête du Drapeau et le bicentenaire de la mort de son créateur, le général Manuel Belgrano, ces informations, commentées hier dans la presse, apportent un peu d’espoir pour l’avenir.

Quant à Daniel Paz et Rudy, ils ont trouvé une solution redoutable de simplicité ce matin, à la une de Página/12, une solution que nous pourrions aussi adopter en Europe. La voici.


Le président de la grande distribution :
Les restrictions, ça suffit !… Laissez les gens sortir pour faire des courses. Tout est bloqué. Ceux qui doivent mourir, qu’ils meurent mais l’économie, il faut qu’elle vive !
La journaliste :
Pour augmenter vos ventes, vous avez essayé de baisser les prix ?
Le président :
Non mais ça va pas la tête ! Vous n’avez aucune sensibilité ou quoi ?
Traduction © Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :



(1) Sous ce gouvernement de gauche, on n’a pas encore vu refleurir les enquêtes parallèles menées par des instituts privés qui donnaient des chiffres et des montants astronomiques pour démentir les données officielles.
(2) Le taux de mortalité reste toutefois en-dessous de celui d’un pays comme la France avec 954 morts à ce jour sur une population globale de 46 millions d’habitants. Et le décompte est aussi proche de la réalité qu’il peut se faire en pleine crise (il prend déjà en compte les décès survenant dans les pensions de personnes âgées).
(3) Parmi les personnes atteintes, on compte plusieurs personnalités politiques, plus nombreuses à droite qu’à gauche. Parmi ces malades en vue, se trouve un ténor de la majorité, maire dans la banlieue de Buenos Aires, qui a dû être hospitalisé et que ses médecins s’apprêtent à envoyer en soins intensifs s’il ne répond pas dans les quelques heures qui viennent au traitement par injection de plasma à anticorps qui lui est administré depuis deux jours. Aujourd’hui, on déplore aussi la mort d’un médecin, le premier à décéder de cette maladie dans le pays. Il exerçait dans la province de Chaco, une province pauvre où l’épidémie fait des ravages malgré le caractère rural et très peu urbanisé de la région.

El Instituto Patria rend hommage ce soir à Belgrano en 2.0 [à l’affiche]

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Ce soir, vendredi 19 juin 2020, à 21h30, en direct sur Youtube, l’Instituto Patria, le centre culturel ultra-politisé fondé par Cristina Kirchner au début du mandat de Mauricio Macri, quand elle occupait la tête de l’opposition, rendra hommage à Manuel Belgrano avec une pièce de théâtre en mode confiné.

Il est très probable que ce sera une vision péroniste du personnage et de sa vie et que les anachronismes ne manqueront pas. Ils sont des plus communs dans les hommages, politisés ou non d’ailleurs. Manuel Belgrano (1778-1820) est le héros historique préféré de Cristina Kirchner qui le préfère, et de loin, à San Martín (1), probablement parce qu’elle peut plus facilement s’identifier à lui puisqu’il a été avocat comme elle (2).

Une grande actrice est en tête de distribution, Cristina Benegas : une chose est sûre, ce sera bien joué.

Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12 (il est normal que les autres journaux n’en parlent pas)
lire aussi cet éditorial de La Nación où deux historiennes du CONICET qui se désolent de voir le champ de bataille idéologique qu’est aujourd’hui en Argentine la célébration de l’histoire événementielle.




(1) A sa décharge, les nombreuses dictatures militaires en Argentine depuis 1930 se sont tellement approprié la figure de San Martín qu’il doit être assez difficile pour elle, antimilitariste comme elle est, de s’en approcher. Pourtant, il était lui aussi antimilitariste. Il avait horreur en temps de paix des gouvernements militaires (le moins qu’on puisse dire est que c’est assez peu connu en Amérique du Sud).
(2) Métier qu’il n’a exercé que quelques mois et qui plus est, à Madrid. Jamais en Amérique.