mercredi 31 janvier 2024

Mileí : zéro pointé en politique sociale [Actu]

Le journal Olé s'était fait l'écho des protestations des
équipes professionnelles de foot contre le DNU :
la banderole dit : "le football n'a ni besoin ni urgence"
En haut : la puissante et riche équipe de River Plate
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Coup sur coup, la justice argentine vient de mettre le président échec et mat d’une part sur sa réforme du droit du travail contenue dans le décret de besoin et d’urgence (DNU), signée en décembre et par laquelle Mileí prétendait casser une bonne partie des acquis sociaux sans même passer par le Congrès et d’autre part sur la transformation à terme des associations sportives que sont les clubs de quartier, avec des équipes professionnelles ou amateur, en sociétés commerciales et capitalistes, contenue elle aussi dans le DNU présidentiel.

La réforme du droit du travail aboutissait à une précarisation des salariés en terme principalement de préavis et d’indemnisation. Elle a été attaquée devant la justice par les syndicats qui ont remporté deux victoires, d’abord en référé puis hier au fond. La chambre du droit du travail a déclaré cette réforme inconstitutionnelle.

La réforme du statut des clubs a été attaquée en référé par une instance de la Fédération nationale de football, la AFA, qui vient de gagner son procès : la réforme a été déclarée inconstitutionnelle car elle menace l’existence d’institutions qui jouent un rôle social indispensable à la vie commune. Cette réforme était elle aussi contenue dans le DNU de décembre qui a déjà subi d’autres condamnations sur divers articles.

Comme le dit ce matin l’éditorialiste de La Nación, le président ne gouverne pas, il sème la confusion partout où il passe.

Entête du jugement sur le statut des clubs sportifs
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Heureusement, il y a des juges qui ont du courage et du bon sens.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

sur la condamnation de la réforme du travail
lire l’article de Página/12
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
sur l’inconstitutionnalité de la réforme des clubs
lire l’article de Página/12
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
lire l’article de Olé, le quotidien sportif du groupe Clarín
lire le communiqué de presse de la AFA, la fédération nationale de football

Daniel Scioli vend son âme pour un poste de secrétaire d’État [Actu]

Scioli à gauche, posant avec le président (en blouson de cuir)
et son ministère de tutelle dont il chante les louanges
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Daniel Scioli était jusqu’à présent ambassadeur d’Argentine au Brésil, poste qu’il tenait de l’ancien président Alberto Fernández et qu’il avait accepté de garder sous Javier Mileí, ce qui relevait déjà de la contorsion spectaculaire. Il se justifiait en prétendant qu’il fallait réparer les coups de canif, pour ne pas parler de coups de poignard, assenés par le candidat Mileí aux bonnes relations de voisinage entre les deux plus gros pays de l’Amérique du Sud. Mileí avait en effet abondamment insulté Lula tout au long de sa campagne électorale au point que le président brésilien n’était pas venu assister à la prestation de serment de son homologue argentin, le 10 décembre dernier.

Ce qu’on appris hier est encore plus fort : Scioli quitte Brasilia et intègre le gouvernement de Mileí, qui est à l’opposé de son idéologie péroniste, largement honnie par l’actuel président avant son élection et même après. Il prend le poste non-régalien de secrétaire d’État au Tourisme, à l’Écologie et au Sport !!!

Daniel Scioli est un ancien vice-président (celui de Néstor Kirchner), d’où il a rebondi sur le poste de gouverneur de la puissante province de Buenos Aires. Il a été candidat à la présidence et il a failli être élu. Un échec qu’il doit peut-être à un impair dans l’entre-deux-tours (il avait annoncé la composition de son gouvernement comme si son élection était acquise).

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Ancien sportif professionnel, il n’est techniquement et politiquement compétent que dans la troisième dimension de son portefeuille. Pour le reste, il n’a jamais montré une appétence particulière. Il ne peut se prévaloir d’aucune véritable réussite. Et quel grand écart idéologique, n’est-ce pas ! Attendrait-il des applaudissements, l’acrobate ?

Il n’est pas seul de l’ancienne équipe à rappliquer à la soupe, de manière aussi indécente. Les trois autres responsables politiques de l’ancien gouvernement qui viennent travailler sous les ordres de Mileí sont toutefois des seconds couteaux.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Quand les chercheurs descendent dans la rue [Actu]

"Avec (sans) science" dit le gros titre
sur cette photo d'une chercheuse brandissant
une pancarte qui dit "La science argentine en danger"
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Hier, des chercheurs scientifiques sont descendus dans la rue pour protester contre l’affaiblissement du CONICET (le centre national de recherche scientifique et technologique) dont le gouvernement vient de licencier, sans préavis, des dizaines d’agents administratifs, ce qui menace de paralyser son fonctionnement alors que l’institution est vitale pour l’économie de la connaissance dans le pays et son rayonnement international.

Le docteur Alfredo Kornblitt, le plus prestigieux biologiste du pays, avait déjà pris la parole devant les élus du Congrès pour plaider en faveur du maintien du CONICET comme organisme public. Il a apporté à nouveau son soutien hier à ses confrères et consœurs qui manifestaient.

Le CONICET est promis à la privatisation, comme sans doute les universités nationales

Sans surprise, seul Página/12 en fait sa une et s’y intéresse.

La Prensa se contente d’évoquer le sujet en gros en mentionnant aujourd’hui, alors qu’on est en pleines vacances d’été, les 758 ruptures de contrat qui ont déjà eu lieu au ministère du Capital Humain, qui rassemble la Culture, l’Éducation, la Recherche, le Droit des femmes et la Santé. Le journal annonce que 6400 autres postes sont menacés avant la rentrée de mars.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mardi 30 janvier 2024

Salaire en retard pour les fonctionnaires [Actu]

"Le salaire de la peur", titre Página/12
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A la fin de la semaine dernière, devant la manifestation massive de la population contre sa politique, Javier Mileí s’est vu contraint de retirer tous les articles relatifs à la fiscalité directe et indirecte de son obèse loi Omnibus.

Bien entendu, cela laisse l’État nu comme un vers au point que, pour le renflouer, le président a menacé de faire payer les provinces à la place des contribuables, entreprises et surtout particuliers.

L'info est traitée dans le titre en haut à droite
sous la photo de Messi
"Faute de fonds, le paiement des salaires dans les
organismes d'Etat sont retardés", dit le texte en gras
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En conséquence de quoi, le Banco Central de la República Argentina vient d’annoncer qu’il supprimait un mécanisme mis en place en octobre 2019 lorsque Mauricio Macri devait abandonner le pouvoir dans une Argentine plongée dans une crise d’inflation et d’endettement encore jamais vue alors (et c’est pire depuis, à cause du covid et de ses conséquences en particulier). Ce mécanisme permettait aux organismes publics d’anticiper les versements de l’État qui arrivent dans leurs caisses entre le 3 et 5 du mois pour payer leurs agents au dernier jour du mois, dernier délai.

Ce mécanisme tombe dès aujourd’hui. Les salaires de janvier ne seront donc pas payés avant au mieux le cours de la semaine prochaine en ce qui concerne les nombreux organismes qui font appel à ce système. Or les agents concernés ne sont pas payés des mille et des cents et l’inflation ne cesse de dévorer leur pouvoir d’achat. Quelques jours de décalage fait un gros trou dans les budgets familiaux.

Samedi, Página/12 s'est payé la tête du ministre de l'Economie
ici à l'envers
"Le revers de Caputo", clame le gros titre
avec un jeu de mot qui marche aussi en français
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Plusieurs Universités nationales à Quilmes, à Rosario, à San Juan et San Luis font partie des institutions qui ont avisés leurs agents d’un retard prévisible dans le versement de leur dû !

Un certain nombre d’agents, qui travaillent en cette saison de vacances d’été, annoncent d’ores et déjà une grève demain ou après-demain.

Les catastrophes se succèdent les unes aux autres sans émouvoir le moins du monde ce président irresponsable et ses ministres sont en chute libre dans les sondages de popularité, alors que la cote du gouverneur de Buenos Aires, le péroniste Axel Kiciloff, monte… Allez savoir pourquoi !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12, qui en fait sa une
lire l’article de Clarín, qui lui consacre un titre secondaire sur sa première page du jour.

vendredi 26 janvier 2024

Ça se confirme : Mileí a un gros problème avec la démocratie [Actu]

En haut, le ministre fichu dehors
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Rendu furieux par l’ampleur de la manifestation de mercredi, le nouveau président vient de virer l’un de ses ministres. Déjà qu’il a eu du mal à composer son gouvernement il y a six semaines, s’il décourage ainsi les candidats !

Clarín est plus discret que son concurrent
et adversaire idéologique
L'événement gouvernemental est traité
en haut à droite
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Depuis quarante ans que la démocratie a remis en vigueur la Constitution argentine, on n’avait jamais vu un séjour aussi court à la tête d’un ministère national.

Pour faire bonne mesure, le président se débarrasse aussi de deux autres personnalités qu’il avait nommées au gouvernement et menace de couper les vivres aux gouverneurs de province qui ne seraient pas assez soumis à ses caprices politiques.

La Nación parle d'un "coup de cymbale"
qui est aussi un "coup de théâtre" au gouvernement
En bas, une photo de la ville de Nantes
envahie par les engins agricoles
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La presse quotidienne regarde tout ça et reste bouche-bée ! Les journaux de droite ont l’air fin d’avoir si souvent crié à la dictature sous le mandat de Cristina Kirchner puis, plus récemment, de Alberto Fernández. Mileí fait beaucoup "mieux" dans ce domaine et cela se voit.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

jeudi 25 janvier 2024

Première manifestation contre Mileí : des rues pleines ! [Actu]

"A bon entendeur, salut", dit le gros titre
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Dans toutes les villes d’Argentine et sous une chaleur accablante due à la vague caniculaire qui affecte le pays, des foules compactes sont sorties dans les rues, hier tout au long de l’après-midi, pour protester contre la politique de Javier Mileí. Le mot d’ordre avait été lancé début janvier après la présentation au Congrès du projet de loi « Omnibus », ces 614 articles qui vendent l’État à l’encan et dérégulent tous les secteurs de l’économie.

"Aussi pacifique qu'inutile", condamne La Prensa
le journal de la droite réactionnaire, de la catholicité bien pensante
et plutôt hostile au pape François
Le journal a préféré la photo d'un des orateurs syndicaux à Buenos Aires
Cela permet de ne pas montrer la densité de la foule
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Foules massives à Buenos Aires et dans certaines grandes villes comme La Plata ou Rosario, plus clairsemée bien sûr dans les villes des provinces dépeuplées, notamment celles du sud du pays.

Dessin de Miguel Rep, sur le site de Página/12 aujourd'hui.
A gauche : "La patrie n'est pas à vendre" (l'un des slogans des manifestants)
au fond (sur le bâtiment du Congrès) : "Députés à louer"
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A Buenos Aires, le lieu de rassemblement a été la place du Congrès non pas tant pour sa taille que pour sa symbolique : le projet de loi est actuellement examiné par les parlementaires en vue du débat qui doit avoir lieu à la chambre des Députés dans les jours qui viennent. Mileí n'a aucune majorité dans aucune des deux chambres constituant le Congrès de la Nation.



"Pas à vendre", dit le gros titre de ce quotidien
local de la province de Santa Fe,
sur une photo du Monument au Drapeau de Rosario,
la seconde ville de la province
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Côté grévistes, La Nación estime que la mobilisation a raté. Cela reste à voir car on est en pleine période estivale et les grèves, dans le secteur public, ne pouvaient pas avoir les effets qu’elles auraient eus en pleine période d’activité.

"Une demi-grève et une manifestation costaude
qui ne changeront rien", dit le gros titre
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De très nombreux quotidiens, y compris les journaux locaux des provinces les plus éloignées de la capitale fédérale, ont arrêté leur choix sur la même photo pour illustrer leur une : une photo de Plaza del Congreso, à Buenos Aires, qui montre en plongée, au-dessus de la coupole du Congrès, la place couverte de monde à perte de vue.

"La CGT a mis en mouvement tout son appareil
et menacé le gouvernement avec une grève
de peu d'ampleur", dit le gros titre
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Le gouvernement ne semble toutefois pas très impressionné. Il prétend vouloir continuer sur le même chemin, comme il est de tradition lorsqu’un gouvernement reçoit une gigantesque claque ! Faisons comme s’il ne s’était rien passé. En revanche, il faut relever un détail : les manifestants n’ont pas fait de gros dégâts sur leur chemin. Ils ont respecté les monuments patrimoniaux, ce qui n’a pas toujours été le cas notamment sous la mandat de Mauricio Macri, où la rage les avait poussé notamment à couvrir de slogans à la peinture les murs du Cabildo de Buenos Aires et de peinture la copie du Penseur de Rodin qui se trouve sur Plaza de Congreso. Il semblerait donc que la foule des manifestants soit restée très maîtrisée, très disciplinée, très consciente des enjeux pour la démocratie argentine qui vient de fêter, en demi-teintes, ses quarante ans.


"Monument à la marche", titre cette une de l'édition
de Rosario de Página/12, sur cette photo de l'ensemble
du Monumento a la Bandera, dédié au souvenir de Manuel Belgrano,
créateur du drapeau national (bandera), à Rosario, en février 1812
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A la mi-décembre, peu après la prestation de serment du nouveau président, je pensais que ce type de manifestation interviendrait à la rentrée, donc au mois de mars. Je n’avais pas imaginé que Mileí irait si vite pour détruire un siècle et demi de législation qui a construit l’Argentine démocratique d’aujourd’hui que le peuple n’attende pas la fin des vacances pour lui exprimer son rejet.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

jeudi 18 janvier 2024

Heureusement pour Mileí, le ridicule ne tue pas [Actu]

Página/12 se paye la tête du président
"Un fantôme parcourt l'Europe", dit le gros titre
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Depuis hier, on ne compte plus les Argentins qui ont honte de leur président. Hier, en effet, celui-ci a délivré son premier discours à l’étranger, au Forum de Davos, devant une assistance, relativement clairsemée, eu égard à la nouveauté pittoresque que représente le bonhomme.

"J'ai écouté le discours du président à Davos Un message
réactionnaire fondé sur des mensonges et des actes de foi
qui appartiennent aux années 1930. Je dois être collectiviste,
socialiste, communiste, gauchiste de merde ou tout ce que vous voulez;
Mais le libéralisme est très éloigné de son délire fanatique.
Traduction @ Denise Anne Clavilier
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Javier Mileí avait choisi ce somptuaire paradis helvétique pour donner au monde la preuve éclatante de trois de ses pires défauts : la paresse, l’irrationalité et l’arrogance.

La paresse parce qu’il n’a pas écrit ni même fait écrire un discours original pour ce premier événement international auquel il avait l’honneur de participer. Il s’est contenté de répéter mot pour mot une conférence d’une quinzaine de minutes qu’il avait donnée en août 2018 à San Nicolás, vieille ville de villégiature patricienne fondée sous le régime colonial, où, tous les hivers, se tient une rencontre culturelle autour d’un conférencier invité. Cette année-là, Javier Mileí était encore cet économiste de pacotille qui faisait le pitre sur les plateaux télé en balançant des théories délirantes et libertaires pour plaider en faveur d’un capitalisme sauvage, libéré de toutes règles.

"Le socialisme, un danger global", dit le gros titre
En-dessous, la manifestation en faveur de la libération de Kfir Bibas,
enlevé en Israël avec ses parents et son frère aîné le 7 octobre dernier
"Rendez-nous Kfir !"
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L’irrationalité parce que le discours était constitué d’une suite sans queue ni tête de propos outranciers, prophétisant le déclin de l’Occident condamné par le développement des théories communistes, climatiques et féministes qui rongeraient l’ensemble de nos démocraties ainsi que l’univers du business. Ces catalinaires anachroniques, aussi confuses que furieuses, ont provoqué quelques rires dans la salle où se trouvait une partie de l’élite des décideurs économiques et des dirigeants politiques du monde entier.

Quant à l’arrogance, elle est assez évidente : quand on est président depuis un mois d’un pays connu pour ses sempiternelles catastrophes économiques et que l’on n’a derrière soi que deux ans d’expérience politique, on s’abstient de donner ainsi une leçon à tous les grands patrons et à des chefs d’État et de gouvernement blanchis sous le harnais.

"Mileí a porté à Davos son discours libertaire
et le FMI l'a assuré de son soutien à son plan de rigueur",
dit le second titre sous la photo
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Mileí n’a pu rencontrer que peu de ses homologues, dont il semble qu’un certain nombre ait délibérément fui sa compagnie, parmi lesquels les journalistes argentins citent le président du gouvernement espagnol (un socialiste dont la politique était délibérément visée par le discours incendiaire du frappadingue austral) et le président de la République française, lui qui autrefois ne ménageait aucun effort pour pouvoir rencontrer Alberto Fernández.

Le nouveau président argentin, flanqué comme toujours de son omniprésente frangine, a toutefois rencontré le ministre des Affaires étrangères britannique auquel il assure avoir parlé des Malouines alors que son interlocuteur le nie, ainsi que la reine Máxima des Pays-Bas, qui est argentine de naissance et qui tient à Davos son rôle de représentante de l’ONU pour l’encouragement aux politiques de redistribution des richesses, un rôle qu’elle assume tous les ans dans ce rendez-vous mondano-économique des Alpes suisses. L’un des diplomates qui accompagnaient la reine s’est confié à Luisa Corradini, la correspondante à Paris de La Nación et son envoyée spéciale à Davos :

« Ahora estoy empezando a comprender, reflexionó un diplomático holandés con circunspección. El enemigo del presidente Milei no es el comunismo, que tal vez sería perfectamente comprensible. Somos todos aquellos que defendemos algún modo de regulación de las brutalidades del mercado. Todos, moderados o no, deberíamos ir al infierno con los ‘nazis, los fascistas y la extrema izquierda’… ¡Nunca escuché nada igual! Será interesante saber si tiene razón » (La Nación, 18 janvier 2024)

« Bon, je commence à comprendre, a déclaré un diplomate hollandais avec prudence. L’ennemi du président Mileí, ce n’est pas le communisme, ce qui serait peut-être parfaitement compréhensible. [Son ennemi], c’est nous, tous ceux qui défendent quelque moyen que ce soit de réguler les brutalités du marché. Nous tous, modérés ou non, qui devrions nous retrouver en enfer avec les « nazis, les fascistes et l’extrême-droite »… Je n’ai jamais rien entendu de pareil ! On aimerait bien voir s’il a raison » Traduction © Denise Anne Clavilier


"Mileí a surpris à Davos avec son avertissement
violent sur "l'avancée du socialisme", dit le gros titre
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Ce discours qui dénonçait pêle-mêle tout et n’importe quoi, assaisonné de grandes affirmations péremptoires sur la place de leader économique mondial dont aurait joui l’Argentine avant que la gauche arrive au pouvoir (en 1916) – un mensonge historique que Mileí assène à tous les coins de phrase, à la manière de Trump et de Poutine – a déclenché des critiques féroces de presque tout le spectre politique argentin. Même Pablo Avelluto, l’ancien ministre de la Culture de Mauricio Macri, lui-même repenti du macrisme qui a renié son anti-kirchneriste qu’il traite maintenant de fanatisme idéologique, s’est fendu d’un tweet cinglant !

Mileí n’ayant ni le charisme vénéneux de Trump ni son apparence de réussite économique à la tête d’un empire capitaliste, il est possible qu’il ne se relève pas des rigolades qu’il aura provoquées dans le monde pourtant si réservé de la diplomatie des pays dits développés.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Un maire supprime le carnaval à cause de la crise [Actu]

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Dans la province de Buenos Aires, le maire de Ensenada, l’ancien port secondaire de Buenos Aires à l’époque coloniale, aujourd’hui un petit port de pêche plutôt populaire, vient d’annoncer à ses administrés qu’il était contraint d’annuler le carnaval cette année pour consacrer ce budget à soutenir les plus précaires dans la commune.

Une image traditionnelle du carnaval à Ensenada
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Pour qu’il prenne une telle décision, il faut que la situation, notamment avec cette saison estivale ratée, soit très grave car le carnaval est un événement capital dans la vie culturelle populaire en Argentine.

L'affiche du carnaval de l'année dernière
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Cela n’empêche pas Clarín de traiter l’information par le mépris. Pensez donc, le maire en question est un « ultra-K », un kirchneriste que le tabloïd de droite considère comme fanatique.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12, qui met en cause la politique extrémiste de Mileí
lire l’article de Clarín, qui met en cause la politique trop dépensière de la gauche péroniste
lire l’entrefilet de El Día de La Plata, le quotidien régional

mercredi 17 janvier 2024

Kfir Bibas, le petit otage dans la Bande de Gaza [Actu]

Article de Clarín
ce matin
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Le bébé argentino-israélien qui a été enlevé le 7 octobre et dont on est sans nouvelle sûre depuis aura un an demain, s’il est toujours en vie, ce qui est, hélas, peu probable.

Sa tante organise demain à Buenos Aires une manifestation avec lâcher de ballons et un gâteau d’anniversaire pour ce neveu disparu.

Il y a quelques semaines, le Hamas avait déclaré que toute la famille était décédée mais c’est le Hamas. D’un côté, ils n’ont apporté aucune preuve de ce qu’ils disaient, ce qui permet aux parents à Buenos Aires de garder un espoir mais de l’autre, libérer cet enfant aurait gagné un tel capital d’empathie à Gaza et même peut-être à l’organisation qui dirige le territoire que l’absence de cette libération semble confirmer l’hypothèse de la disparition définitive de toute la famille.


© Denise Anne Clavilier

Elle n’est pas Première Dame mais ce n’est pas une raison pour ne pas en profiter [à l’affiche]

L'entrée du théâtre au soir de la première, le lendemain de Noël
à Mar del Plata


L’imitatrice Fátima Flórez, talentueuse sur scène et un brin vulgaire à la ville, est la bonne amie, la blonde comme disent les Québécois, du président Mileí. Ce n’est toutefois pas elle qui joue les Premières dames depuis le 10 décembre mais Karina Mileí, la sœur cadette du président qui se prend sans doute pour Pharaon ! Pour un type qui prétend se convertir au judaïsme, c’est un comble…

L'actrice imitant son amant dans la tenue de l'investiture
quelques jours après la prestation de serment
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Fátima Flórez se produit actuellement au Teatro Roxy à Mar del Plata. C’est la pleine saison estivale et la ville balnéaire ne remplit ni ses plages ni ses infrastructures hôtelières. La comédienne joue un one woman show intitulé 100 % Fátima où, entre autres, elle imite son amant.

Fátima Flórez imitant Mileí, à gauche lorsqu'il pose pour une photo,
en baissant la tête pour regarder en l'air d'un air rogue

Página/12 a dénoncé les prix extravagants du spectacle qui dérogent à l’accord des producteurs de spectacles qui, face à l’inflation gigantesque qui ravage la consommation nationale et menace donc en premier lieu leur activité, se sont entendus pour maintenir des prix raisonnables dans toute cette ville dont la saison dépend essentiellement des estivants.

L'imitation de Marylin
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L’article a eu quelque succès : la dame a fait baisser les prix des entrées à son récital.

Le tarif précédent est le symbole le plus éclatant du profit personnel que les proches et les partisans de Mileí tentent de tirer de la victoire électorale de leur champion et de son arrivée à la tête de l’État en pleine incohérence. Après tous les discours insultants et accusateurs du candidat (puis de l’élu) ainsi que de ses soutiens contre les soi-disant profiteurs de « la casta » (toutes les personnes au pouvoir avant lui quelle que soit leur couleur politique), voici la vénalité à l’œuvre de ce côté (réputé immaculé) du spectre politique !


© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 dans le supplément culturel de l’édition du jour
lire l’article en ligne de Página/12 où le quotidien montre l’effet de la dénonciation !
Dans la même édition, Página/12 raille un maire inconséquent qui a soutenu à cors et à cris la candidature de Mileí et se plaint maintenant de l’abandon des travaux de réparation d’une route nationale qui traverse sa commune. Pauvre homme : un de ses propres pneus a éclaté alors qu’il roulait sur cette route toute cabossée et plus vraiment carrossable.