samedi 29 juillet 2023

Abuelas annonce l’identification d’une 133e personne [Actu]

"Le peuple argentin décide de ne pas oublier", dit le gros titre
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L’homme qui a récupéré son identité de naissance hier est né pendant la détention illégale de sa mère, Cristina Navajas de Santucho. Son identité n’a toutefois pas été révélée lors de la conférence de presse tenue par l’association Abuelas de Plaza de Mayo à l’Espace de la Mémoire dans l’ancien campus de l’école de mécanique de la Marine, à Palermo.

Son père, Julio Santucho, était présent, avec ses enfants qui ont pris la suite de la grand-mère maternelle, Nélida Gómez de Navajas, décédée il y a onze ans.

L’homme va prendre bientôt contact avec sa famille nombreuse, une famille paternelle de militants révolutionnaires qui a payé un très lourd tribut à la dictature. Plusieurs personnes dans ses rangs ont disparu, assassinés par le régime qui a fait place à l’actuelle démocratie il y a tout juste quarante ans.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la conférence de presse donnée par Abuelas
lire l’article de Página/12 sur la famille Santucho et ses nombreux disparus
La Nación n’a pas publié d’article aujourd’hui, se contentant de celui publié hier midi lorsque l’annonce de la conférence de presse de l’après-midi est arrivée à la rédaction.

Comme d’habitude, c’est Página/12 qui fait le plus de bruit autour de l’événement, tout en continuant à tourner le dos à l’Ukraine, où une tragédie similaire est en train de se produire, et à plus grande échelle encore semble-t-il. L’édition du jour continue de gober et de régurgiter la propagande poutinienne.

Mise à jour du 8 août 2023 :
lire dans
Página/12 cette interview de Julio Santucho, le père du petit-fils n° 133, qui a retrouvé son enfant il y a quelques jours après quarante-six ans à le rechercher.

jeudi 27 juillet 2023

La statue de la discorde à Bariloche [Actu]

Etrange statue avec un cheval qui ressemble
à Jolly Jumper quand il est épuisé !
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A San Carlos de Bariloche, la plus importante station de ski d’Argentine et d’Amérique du Sud, une statue équestre du général et président Julio Argentino Roca (1843-1914) orne la place de la mairie (centro cívico) depuis 1941 (photo de une ci-dessus).

Son installation à cet endroit a couronné la construction commencée en 1940 de cette place aux allures helvétiques. A cette époque, l’Argentine vivait sous l’un de ces gouvernements putschistes d’extrême-droite qui s’étaient succédé à Buenos Aires depuis le premier coup d’État de la période constitutionnelle, en septembre 1930. L’homme qui était ainsi honoré était le conquérant blanc, d’ascendance européenne, de la Patagonie, au milieu de laquelle se trouve la station montagnarde habitée depuis le début du 19e siècle par une importante colonie suisse et germanophone (Allemagne et Autriche). Ce pourquoi après 1945 Bariloche est connue pour avoir facilement accueilli de trop nombreux criminels nazis qui avaient fui l’Europe et y vivaient officiellement sous une fausse identité, tout en étant parfois connus sous leur véritable nom.


"Triste Argentine de la razzia indienne", dit le gros titre
qui ne cache pas son mépris pour les peuples premiers
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Autrement dit, cette statue sent le soufre puisque la conquête de Roca, passée dans l’histoire sous le nom de « Conquista del Desierto », a été l’occasion d’un véritable génocide du peuple mapuche qui vivait sur ces terres australes (pas si désertes que ça), sur lesquelles le voisin chilien avait des vues depuis le milieu du 19e siècle. Le risque que le Chili s’empare de ce vaste territoire avait précipité l’opération militaire ordonnée depuis Buenos Aires et celle-ci fut sans pitié pour ceux des indigènes, nombreux, qui osèrent lui résister, malgré leur infériorité technologique, face à l’artillerie et aux armes à feu des envahisseurs.

Il y a quelques semaines, il a donc été décidé que la statue, qui choque les peuples premiers toujours présents dans la région, serait retirée de la place de la mairie pour être replacée dans un parc au milieu d’autres statues, à l’écart de la bourgade.

Aussi la mise en œuvre ces jours-ci de cette décision déchaîne les réactions hostiles surtout à droite, où l’on apprécie beaucoup le personnage, qui a longtemps figuré sur les coupures de 100 pesos : outre sa prise de contrôle de la Patagonie, on doit aussi à Roca la loi qui a établi l’école obligatoire et gratuite, le grand rêve caressé par un autre personnage polémique, un géant de la vie politique et culturelle de l’Argentine, Domingo Faustino Sarmiento (1811-1888). Et qu’est-ce que vous voulez que la gauche dise lorsque la droite lui sort cet argument ?

La Nación préfère ne pas mettre l'accent sur l'événement
Il n'a droit qu'à une manchette sans photo (en haut à droite)
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L’historiographie de gauche n’a longtemps retenu du personnage que cette violence inouïe à l’égard des Amérindiens, violence qui avait généralement été acceptée par les contemporains d’origine européenne mais qui nous soulève le cœur cent cinquante ans plus tard. La droite s’efforce aujourd’hui d’amoindrir l’importance de ce fait dans sa propre historiographie et insiste sur d’autres aspects : la concurrence avec le Chili, qu’il fallait bien remettre à sa place (d’autant que plus tard, on a découvert des gisements de pétrole dans le territoire ainsi conquis), et la sacro-sainte école. Curieusement, Clarín publie aujourd’hui dans son édition imprimée deux commentaires de deux historiens officiellement opposés, l’un classé à droite, l’autre (Pacho O’Donnell) furieusement péroniste de gauche. Pourtant les deux éditos se rejoignent peu ou prou, les deux auteurs soutenant qu’il est important de ne pas projeter nos valeurs sur le passé si l’on veut le comprendre. Bref, ces cris d’orfraie n’ont pas lieu d’être, c’est eux qui le disent (quel progrès !) et ce qui compte, c’est de contextualiser cette statue.

Une statue qui va tout de même être remplacée sur la place de la mairie par un monument en l’honneur des Mères et des Grands-mères de la Place de Mai. Des associations militantes classées à gauche toute. Derrière le geste, il y a donc bien une intention partisane et l’envie de faire tourner en bourrique les gens de droite. Et c’est plutôt réussi si l’on en croit les unes des journaux !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la polémique déclenchée par la décision municipale
lire l’article de Página/12 sur le transfert de la statue
lire l’article de Clarín (version en ligne)
lire l’article de La Nación
Comme si souvent, le site de La Prensa ne propose pas l’article annoncé sur sa une du jour.

Ajout du 28 juillet 2023 :
lire cet article à la une de Página/12

lire, toujours dans Página/12, la note rédigée par Pacho O’Donnell, davantage dans son élément ici que dans Clarín

"Roca, de nouveau en campagne", dit le gros titre ce matin
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La Prensa, quant à elle, renouvelle
l'expression de son insondable mépris
avec ce titre secondaire : "Le coin des gens sensés :
Roca sera toujours au centre de la Patrie"
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avec photo couleur de la statue

Mise à jour du 3 août 2023 :
lire
cet article de Clarín sur la décision judiciaire en référé qui suspend à titre conservatoire l’exécution de l’arrêté municipal disposant le retrait de la statue. La guerre semble bel et bien déclarée.

Mise à jour du 4 août 2023 :

lire cet éditorial de Página/12 au sujet de cette décision de justice

mardi 25 juillet 2023

Comédie musicale sur Benito Quinquela Martín au Teatro de la Ribera [à l’affiche]

Photo tirée du spectacle Benito de la Boca
Service de presse du Teatro de la Ribera


Benito Quinquela Martín (1890-1977) était un peintre figuratif d’inspiration ouvriériste qui a vécu à La Boca, où il avait passé toute son enfance. Il était l’un des piliers du mouvement anarchiste au sein du monde artistique de Buenos Aires depuis les années 1930.

Sa maison, où il avait installé son atelier, face au vieux port industriel du Riachuelo, alors en pleine activité, est devenu un musée qui porte son nom et conserve une riche collection de ses œuvres qu’il a léguées à son quartier natal.

Tout à côté, se trouve le Teatro de la Ribera (de la berge), l’un des cinq établissements du Complexe théâtral public de la Ville autonome de Buenos Aires.

Depuis le mi-juillet, une comédie musicale est à l’affiche du Teatro de la Ribera en matinée : elle évoque la figure du peintre et son œuvre, tout à côté de Caminito, ce petit bout de la Boca que Quinquela avait conçu comme un pôle d’activité artistique populaire destiné aux habitants du quartier et devenu maintenant, hélas, l’une des pires attractions touristiques, 100 % artificielle et gros clichés, que compte la capitale argentine. Une trahison en bonne et due forme. Cet hommage théâtral est donc le bienvenu dans ce coin de ville que Quinquela aura tant aimé.


Service de presse du Teatro de la Ribera

Le spectacle est une création collective pluridisciplinaire qui rassemble danseurs, musiciens, chanteurs et comédiens sous la direction de scène de Lizzie Waisse, à qui l’on doit l’idée originale, et la direction musicale de Gustavo Mozzi, ancien directeur du Festival international de Tango de la Ville Autonome de Buenos Aires.

Le vrai Quinquela devant l'un de ses tableaux en 1965

Les représentations ont lieu du mercredi au vendredi à 15 h et les samedis et dimanches à 17 h.

Places entre 2 500 et 3 500 pesos. Prix réduit le mercredi à 2 000 pesos.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin:

lire l’article de Página/12 aujourd’hui
lire l’article de La Nación le 12 juillet
lire la fiche du spectacle sur le site Internet du Complejo teatral de Buenos Aires

dimanche 23 juillet 2023

Les Andes ont fêté leurs succulentes pommes de terre [à l’affiche]

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Depuis onze ans, grâce à l’initiative d’un prêtre, les paysans de la Puna, les hauts-plateaux andins d’Argentine, se rassemblent vers le 20 juillet pour proposer leurs pommes de terre, un produit très recherché en Argentine, qu’on achète au prix de l’or dans les supermarchés de Buenos Aires et des autres grandes villes de la plaine.

Festival de couleurs, de formes (sphériques, longues ou biscornues), de tailles (plutôt petites) et de saveurs.

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Ces pommes de terre viennent de petites exploitations familiales, souvent tenues par des Amérindiens. A plus de 3000 mètres d’altitude. Elles arrivent au village de El Alfarcito, dans la province de Salta, à dos de mules et d’ânes pour s’étaler sur les tables abritées du soleil sous de grandes voiles de tissu.

A faire cuire à la vapeur, à l’eau ou sous la braise. La fête proposait comme d’habitude de multiples stands artisanaux de dégustation des meilleures spécialités locales, dans une optique de développement économique durable et ultra-local.

Des spectacles et des récitals ont accompagné la manifestation dans le décor intemporel de ce petit village montagnard.

Photo Carlos Figueroa
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Commencée sur les 10 h. du matin, la fête s’est conclue le soir par une grand-messe d’action de grâces dans la plus pure tradition locale de syncrétisme entre la religion catholique et le culte de la Pachamama, la grande déesse-mère porteuse de fécondité qu’honorent les peuples premiers partout dans les Andes tropicales et subtropicales.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’entrefilet de Nuevo Diario de Salta

vendredi 21 juillet 2023

Litto Nebbia, à 75 ans, en enfant du pays, chante à Rosario ce soir [à l’affiche]


Litto Nebbia fête aujourd’hui ses soixante-quinze ans. Le musicien a créé le premier rock à texte de langue espagnole en Argentine, dans les années 1960. Auteur-compositeur et interprète dont le répertoire englobe tout ce que l’Argentine produit de musiques populaires, depuis le tango jusqu’au folklore, en passant par le rock et le jazz, Litto Nebbia va fêter ce soir l’événement lors d’un grand récital qu’il donnera dans sa ville natale, Rosario, dans le sud de la province de Santa Fe.

Un grand théâtre public, provincial, la Sala Lavardén, ouvrira ses portes ce soir pour cette soirée exceptionnelle à entrée libre et gratuite !

"Vivre toujours plus", titre le magazine
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C’est le début d’une tournée dans toute l’Argentine avec, à la clé, la sortie de nouveaux disques. C’est toujours comme ça avec lui.

En effet, Litto Nebbia est sans doute l’un des musiciens argentins qui comptent le plus d’albums à son compteur. Il est vrai aussi que depuis une trentaine d’années, il est lui-même producteur. Il voulait en effet se donner tous les moyens de travailler en toute liberté, hors des contraintes commerciales que les grands labels lui avaient imposés dans ses premières années de carrière.

La une est occupée par les manifestations
contre la répression très violente en province de Jujuy
depuis plus d'un mois
Litto Nebbia a droit à une manchette en haut à droite
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Bon anniversaire, donc !

Et bon concert.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire la longue interview de Litto Nebbia dans Página/12 dans son édition nationale, dans le supplément culturel quotidien Cultura y Espectáculos (le rockeur est en une principale et en une de C&E)
lire l’autre interview de l’artiste dans le même quotidien, mais cette fois-ci dans son édition locale de Rosario
lire l’article de La Capital, l’un des quotidiens locaux de Rosario, à la date du 18 juillet dernier.

jeudi 20 juillet 2023

Festival de La Falda : c’est ce week-end [à l’affiche]


C’est le plus vieux festival de tango au monde : il a dépassé le demi-siècle. Il se déroule dans une petite ville de la province de Córdoba, en moyenne montagne, dans cette chaîne de reliefs du centre de l’Argentine, à La Falda.

Demain !
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Cette année, le festival se tient les 21 et 22 juillet en deux soirées entourées depuis une bonne semaine d’une série de concerts, d’ateliers, de cours de danse ou de chant, de tables-rondes et autres conférences.

Ces derniers temps, au fil des années, la programmation, qui s’attachait traditionnellement aux classiques, s’est ouverte de plus en plus sur la création contemporaine.

Samedi soir !
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La participation au festival est payante. La municipalité offre différentes solutions à retenir en ligne.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Inflation : le rythme ralentit mais les plus pauvres restent sur le bord de la route [Actu]

Synthèse générale de l'inflation moyenne argentine
en juin 2023 (Source : INDEC)
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Avec une moyenne nationale de 6 points pour le mois de juin 2023, on peut dire que l’inflation est en légère décélération. Une nouvelle qui améliore sans doute la situation électorale du ministre de l’Economie, candidat de la gauche gouvernementale à l’imminente élection présidentielle.

Il n’y a toutefois pas de quoi crier victoire. L’inflation cumulée sur douze mois dépasse et de loin les 100 % et le cumul sur les six premiers mois de 2023 dépasse déjà, mais de peu, les 50 %.

Synthèse des variations dans l'espace et le temps
sur les douze derniers mois
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Dans le rapport général sur le relevé des prix moyenné sur tout le territoire, on remarque que cette fois-ci, les différents postes de dépense restent assez proches les uns des autres, l’alimentation étant enfin le poste le moins atteint par l’inflation tandis que les communications (téléphone, Internet) constituent le plus touchés de tous.

Synthèse des variations régionales sur le mois de juin
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La répartition géographique montre à nouveau de fortes disparités avec une Patagonie qui enregistre des records tandis que la région de Buenos Aires reste dans la moyenne nationale.

Hier, une semaine après la publication des chiffres de l’inflation, l’INDEC a sorti ceux qui définissent les seuils de pauvreté et d’indigence. Comme toujours, l’inflation touche particulièrement ces secteurs sociaux et l’on remarque pour ce mois que le panier alimentaire (dont l’assise définit le seuil d’indigence) souffre légèrement moins du phénomène que le panier général (alimentation et services de base), avec respectivement 5,2 et 6,7 %.

Synthèse des deux paniers
en rose : l'indigence
en violet : la pauvreté
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Le cumul sur les douze derniers mois montrent que les deux paniers ont subi des augmentations plus fortes que l’inflation moyenne générale.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire le rapport complet de l’INDEC (téléchargeable gratuitement sous format pdf)
le 20 juillet :
lire le rapport complet de l’INDEC (téléchargeable).

vendredi 7 juillet 2023

Página/12 se paye en une la tête du gouverneur de Jujuy [Actu]

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et retournez-la pour un meilleur confort de lecture


Le gouverneur de Jujuy, Gerardo Morales, l’un des ténors de la droite dure en Argentine, justifie sa réforme constitutionnelle qui devrait permettre de vendre ou de confier au plus offrant les gisements de lithium au détriment des droits des peuples premiers avec des arguments qui renversent terme à terme les revendications de ceux-ci sur le respect de leurs droits ancestraux, de leur culture et de leur vie sur ces terres héritées de leurs ancêtres. Sans parler des écocides en pagaille qui se préparent avec cette déréglementation à large échelle.

C’en est trop pour Página/12 qui titre ce matin : Le monde à l’envers. Et la rédaction passe des paroles aux actes en mettant la une cul par-dessus tête.

Dans l’article principal, on lira une analyse de ce que la rédaction estime être une provocation insolite du gouvernement de Morales.

De mauvais esprits, comme la signataire de ces lignes, pourraient s’étonner qu’un tel renversement des valeurs soit bel et bien repéré lorsqu’il est l’œuvre de Morales alors qu’il semble passer tout à fait inaperçu lorsqu’il se trouve dans les propos et l’action de Poutine et de sa clique, dont les explications absurdes sont acceptées comme coulant de source par Página/12. Bizarre, bizarre ! Vous avez dit bizarre ?

En exergue de l’article, une splendide citation de María Elena Wash, grande écrivaine et poète argentine. Ce petit quatrain s’applique tout autant à ce qu’on raconte à Jujuy qu’à ce qu’on explique doctement à Moscou :

Me dijeron que en el Reino del Revés
nadie baila con los pies
Que un ladrón es vigilante y otro es juez
Y que dos y dos son tres
María Elena WALSH


On m’a dit que, dans le monde à l’envers,
personne ne danse sur ses pieds,
qu’un voleur est gardien de la paix et un autre juge
et que deux plus deux font trois.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)


© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

jeudi 6 juillet 2023

La UBA reçoit Zelensky en visio : une première en Argentine [Actu]

"Zelensky à la UBA : il se plaint de l'Argentine",
dit le titre au-dessus de la photo
Remarquez l'effet T-shirt kaki : on ne voit que lui !
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Après une visio-conférence organisée par la plus prestigieuse université du Chili, qui fut la toute première sur ce continent austral, il y a environ un an, c’est maintenant la UBA (Universidad de Buenos Aires), la première université argentine en terme de notoriété et l’une des toutes premières en ce qui concerne la qualité de la recherche et de l’enseignement, qui réunit dans l’une de ses salles, à la faculté des sciences économiques, un parterre de professeurs et d’étudiants représentant le monde universitaire national pour échanger avec le président ukrainien, dont on sait que le pays est assez peu soutenu par les gouvernements latino-américains, passablement dégoûtés par l’implication des États-Unis au côté du pays agressé, des États-Unis qui restent dans l’esprit de beaucoup, surtout à gauche, ceux de la guerre froide, comme si le temps et le monde s’étaient arrêtés quelque part dans les années 1970 et comme si Poutine dirigeait une démocratie où il ferait bon vivre.

L’événement a pris place parmi les célébrations qui marquent cette année quarante ans de démocratie ininterrompue en Argentine, un fait unique dans l’histoire du pays depuis sa révolution anticoloniale en 1810.

La Prensa n'a pas vraiment été impressionnée,
comme le montre la taille de son compte-rendu
et la forme de l'appel en une
(tout en haut, la petite photo à gauche)
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L’intervention de Volodymyr Zelensky, organisée par l’Ambassade ukrainienne à Buenos Aires, au prix d’efforts considérables, a remporté un indéniable succès, que seul un petit problème technique est venu quelque peu ternir (pendant quelques minutes, la traduction n’était plus disponible pour les Argentins, ce dont l’intervenant principal s’est rendu compte en voyant les visages de ses auditeurs… Non seulement ce bonhomme s’exprime en orateur accompli et en homme d’État d’un courage et d’une habilité rares mais en plus, il trouve encore le temps et l’énergie de rester attentif aux personnes. Il en faudrait beaucoup comme lui dans le monde politique en général et dans nos démocraties fatiguées en particulier).

Au discours ont succédé les questions des personnes dans la salle et les réponses de l’invité d’honneur, comme cela s’était déjà passé à Paris (Sciences Po) et à l’université de Yale aux États-Unis.

"Zelensky demande à l'Argentine de s'engager davantage",
dit le titre, cette fois sous la photo,
avec un Zelensky un peu plus centré que sur la une du concurrent
Il y a prochainement un sommet entre l'Amérique latine et l'Union Européenne
où Zelensky aimerait prendre la parole
mais Cuba, le Venezuela et le Nicaragua s'y opposent fermement
et l'Argentine ne semble pas très allante en faveur de cette prise de parole
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Le chat qui accompagne la vidéo sur la chaîne Youtube de Infobae, le grand quotidien en ligne argentin, qui a retransmis hier la conférence en direct, est plein de réactions très enthousiastes mais comme toujours, il est impossible de savoir ce qu’elles représentent puisque tout le monde s’abrite derrière des pseudos.

Les journaux de droite qui commentent l’événement ce matin se font un malin plaisir de critiquer vertement la politique peu allante de l’actuel président argentin, qui ne se représente pas pour un second mandat, et insistent sur le courage des Ukrainiens dans la défense des principes démocratiques.

Diffusé en direct sur la chaîne Youtube de Infobae

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 (rien en une – non seulement la rédaction ne peut pas voir Zelensky en peinture, mais en plus, la UBA a la réputation, pas vraiment usurpée, d’être administrée à droite)
lire l’entrefilet de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
lire le communiqué officiel de la présidence ukrainienne (version en anglais) – le site permet d’accéder aux vidéos, aux textes originaux des allocutions présidentielles ainsi qu’à leur traduction en anglais et en russe.

Caminos y Sabores : le grand rendez-vous gastronomique de l’hiver à Buenos Aires [à l’affiche]

Publicité dans Clarín ce matin
"Viens découvrir ce que l'Argentine a de meilleur"
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Chemins et Goûts, voilà le nom d’un des plus grands événements argentins autour des produits de la gastronomie nationale. Un peu à la manière de ce dont la France dispose au Salon de l’Agriculture, salon qui en Argentine est surtout consacré aux machines agricoles, aux semences et aux fertilisants artificiels.


Caminos y Sabores rassemble depuis aujourd’hui midi jusqu’à dimanche à 20h 19 provinces sur les 24 entités fédérées qui constituent le pays, un demi-millier de producteurs et 50 chefs, cuisiniers, pâtissiers et autres sommeliers…

Clarín et La Nación parrainent la manifestation payante, établie à Palermo, sur le domaine des expositions appartenant à La Rural, la grande organisation patronale qui rassemble les grands propriétaires agraires.


Au programme : fromages et cochonnailles, viandes et triperie, volailles, vins, cidres et bières, fruits et légumes frais, confitures et autres miels, le tout proposé en dégustation ou en menu sur place ainsi qu’en produits à emporter.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Clarín au début de cette semaine
lire l’article de Clarín ce matin (consacré au champignon de Paris qui se fait sa place sur la grille de l’asado, le grand barbecue local)
visiter le site officiel de la manifestation, elle-même présente sur les réseaux sociaux.

Un concert pour fêter les cent ans du palais Barolo à Buenos Aires [à l’affiche]

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Demain, vendredi 7 juillet 2023, à 19 h, un concert gratuit marquera les cent ans du Palacio Barolo, qui fut considéré en son temps comme le premier gratte-ciel de Buenos Aires, une ville qui s’est longtemps contentée de maisons individuelles et d’immeubles qui n’excédaient pas trois niveaux. La ville dispose en effet de toute la pampa pour s’étaler à son aise…

La coupole vue du rez-de-chaussée
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Pourtant au cours de la Première guerre mondiale, deux immigrants italiens aux patrimoines généreux s’inquiétaient de la tournure des événements dans la mère-patrie. Il leur vint ainsi l’idée de bâtir dans leur nouvelle cité un bâtiment luxueux et imposant qui pourrait, si les choses tournaient mal en Italie, accueillir les cendres de Dante, le grand poète national. Ils choisirent un emplacement sur la plus symbolique des avenues de la capitale fédérale, Avenida de Mayo, qui relie Plaza de Mayo et Plaza del Congreso, le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.

La même chose vue d'en haut
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Aujourd’hui, ce palais grandiose, dont la tour centrale est l’un des must de l’avenue, abrite des bureaux aux étages et une galerie commerçante au rez-de-chaussée. Il est l’un des joyaux patrimoniaux et touristiques de la capitale argentine et se visite grâce à ses ascenseurs conservés dans leur jus. Au sommet, on jouit d’une des plus belles vues sur la ville et en particulier sur le quartier du Congrès, dont la coupole imposante, imitant celle de Washington, se dresse à deux pas de là. Son architecture propose mille et une allusions à l’œuvre du poète immortel.


La magnifique lanterne au sommet de la tour centrale
avec coucher de soleil en prime
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A voir lorsqu’on est à Buenos Aires.

Le concert se tiendra au rez-de-chaussée.

Entrée libre et gratuite, sans limites de place.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 7 juillet 2023 :
lire cet entrefilet de Página/12


Mise à jour du 7 août 2023 :
lire ce reportage de Página/12 sur la visite du bâtiment