mercredi 31 août 2022

La mort de Gorbatchov vue de Buenos Aires et Montevideo [Actu]

Ce gros titre se comprend tout seul !
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Comme partout sur la planète, l’information est arrivée alors que la presse du monde entier, ici aussi en Argentine, par conséquent, s’apprêtait à suivre quasiment en direct, pas à pas, la mission de l’AIEA à Zaporijjia, d’autant qu’elle se trouve dirigée par un Argentin, Rafael Grossi, et à marquer le 25e anniversaire de la tragique disparition à Paris de Diana, princesse de Galles.

Un titre secondaire tout en bas de la une
après la politique intérieure et un fait divers ignoble
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La mort de Mikhaïl Gorbatchov n’a toutefois pas surpris la presse quotidienne ni à Buenos Aires ni à Montevideo. En ligne générale, il y est salué pour le courage politique qu’il eut lorsque, après la catastrophe de Tchernobyl, dont les Russes semblent ne plus avoir souvenir au point qu’en mars dernier, les occupants y avaient creusé des tranchées pour s’y installer et y dormir, le dernier président de l’URSS lança son immense pays dans des réformes radicales qui allaient, à son corps défendant, emporter et détruire l’ancien empire russe soviétisé et le jeter, lui, son dernier chef d’État, dans le silence et l’impuissance politique sous les règnes contestables de Boris Eltsine puis, bien pire encore, de Vladimir Poutine.

Un petit encart bleu, à côté d'une photo du président
argentin, présenté comme dépassé par la situation
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Gorbatchov figure donc sur toutes les unes des quotidiens dans les deux pays. Página/12 se distingue toutefois puisque sa rédaction a choisi de priver sa une de la photo du disparu, ce qui donne un titre très secondaire et surtout très discret.

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Nombre de journaux argentins et uruguayens consacrent ce matin plusieurs pages au défunt ex-Secrétaire Général du PCUS.

Le gros titre s'attarde sur la hausse des tarifs de l'électricité
et la photo centrale revient sur ce fait divers qui choque les Argentins
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La Nación a confié son article principal à sa correspondante permanente à Paris, Luisa Corradini.

Je vous laisse chercher tout seuls !
Ce n'est pas aussi difficile qu'il y paraît...
Le gros titre est pour Cristina en but à la Justice
et qui prétend que ses adversaires ne sont pas rationnels
On se défend comme on peut.
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Sans surprise, Diario R/Grupo Multimedio (ex-La República), le quotidien de gauche ultra-poutinien de Montevideo, se contente d’une demi-page dans son édition imprimée.

Le titre est minuscule mais la photo montre le drapeau disparu
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© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

En Argentine :
lire l’article de Página/12 (de gauche, plutôt philo-russe parce que foncièrement anti-étatsunien, mais relativement peu poutinien, même si parfois, il faut le dire vite)
lire l’article de La Prensa (catholique réactionnaire et anti-communiste primaire)
lire l’article de Clarín (droite populaire)
lire l’article de La Nación
En Uruguay :
lire l’article de El País (libéral bon teint)
lire l’article de El Observador
lire l’article de Diario R/Grupo Multimedio

lundi 29 août 2022

Demain, enregistrement d’une interview [ABT]


Comme souvent depuis quelques années, lorsque je me trouve à Buenos Aires, je passerai prochainement dans l’émission de télévision produite et animée par Nolo Correa, Hablando de Arte (à propos d’art).

L’enregistrement, sans public, aura lieu demain midi à Taconeando, un modeste cena-show de San Telmo, fondé par la chanteuse et danseuse Beba Bidart qui l’avait laissé à l’abandon à sa mort. Le lieu a été repris en main il y a quelques temps par un propriétaire uruguayen qui l’a relancé. C’est un endroit de taille modeste, un nid sans prétention, pour un public en petit nombre, très joyeux et bon enfant, comme j’ai pu m’en apercevoir hier midi lors d’un repérage.

Au programme, tout ce sur quoi deux ans de pandémie nous ont interdit d’échanger, Nolo Correa et moi, malgré Zoom et autre Skype. Rien ne vaut tout de même la rencontre en chair et en os !

Comme autrefois, Hablando de Arte est diffusé sur plusieurs médias : station de radio, chaîne privée de télévision TNT en Argentine et chaîne Youtube où mes lecteurs européens pourront me retrouver d’ici une semaine.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

dimanche 28 août 2022

Victoire des Pumas : les journaux du lendemain [Actu]

En gros titre, les affrontements d'hier soir
entre les soutiens de Cristina et la police de la Ville de Buenos Aires
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Alors qu’une forte mobilisation militante, bruyante et agitée, en soutien à Cristina Kirchner et contre le magistrat du ministère public qui a demandé à son encontre une peine de 12 ans de réclusion pour corruption en bande organisée, a secoué cette nuit le très élégant quartier (de droite) de Palermo, où elle habite, la victoire de l’équipe nationale de rugby contre les All Blacks hier, en Nouvelle-Zélande, occupe une belle place ce matin à la une des quotidiens et dans leurs pages intérieures.

Même thème pour le gros titre
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Clarín lui consacre les trois premières de ses pages sportives et le groupe médiatique homonyme met cette victoire à la une de son quotidien spécialisé, Olé.

"Pumas : un truc comme ça, c'est du jamais vu !"
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C’est toutefois La Nación qui surpasse tout : la victoire des Pumas n’y occupe pas moins de huit pages !

Historiquement et sociologiquement, il n’y a pourtant rien qui surprenne vraiment dans ce traitement démesuré. A sa fondation, à la fin du 19e siècle et pendant très longtemps, La Nación a été le quotidien quasiment exclusif d’une droite libérale issue de l’oligarchie d’affaire bon teint, laquelle a toujours été très anglophile (avant même l’indépendance). Elle reste donc très portée sur le rugby et sur le polo !

Double page intérieure de La Nacion
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Sans surprise, l’information n’a en revanche pas trouvé sa place à la une de Página/12, le journal de gauche, pro-péroniste, obnubilé par le danger d’incarcération qui menace sa championne à très long terme (après l’appel, le recours devant la Cour de Cassation puis devant la Cour suprême). Le sport des riches et des beaux quartiers (du côté de Palermo, justement), ce n’est pas pour son lectorat !

© Denise Anne Clavilier


En haut, l'apparition de Cristina à son balcon dans la nuit
façon Evita mourante (elle a pleuré devant "l'amour"
que le peuple lui exprimait)
C'est peu dire que ça énerve la droite !
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samedi 27 août 2022

Les Pumas qui montent, qui montent, qui montent [Actu]

Message inscrit dans les vestiaires de l'équipe :
"Souvenez-vous de ce grand jour, les gars.
C'est à vous pour toujours"
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Depuis une dizaine d’années, les Pumas, la sélection nationale du rugby argentin, ont atteint le niveau international et participent désormais à la plupart des grandes compétitions de la planète.

L’équipe vient de remporter une victoire symbolique et bien réelle contre les All Blacks, ni plus ni moins, qui plus est chez eux, à Christchurch et par 25 à 18.

C’est une énorme fête dans le monde du rugby ici, en Argentine, et bien au-delà !

A la fin de la rencontre...

Voici donc que le pays du ballon rond s’est vraiment mis aussi à l’ovale.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
lire l’article de Olé, le quotidien sportif (groupe Clarín)

jeudi 25 août 2022

Soirée d’hommage ce soir à la Academia Nacional del Tango [à l’affiche]


Ce soir, jeudi 25 août 2022, à 19h, la Academia Nacional del Tango se mettra sur son 31 pour fêter deux artistes du tango qui vivent à l’étranger.

Le bandonéoniste et compositeur Daniel Binelli recevra le prix Gobbi de Oro pour l’ensemble de son travail.

La pianiste et cheffe d’orchestre Polly Ferman se verra décerner le titre de Académica Correspondiente en Valencia, pour le travail qu’elle mène en Espagne, où elle s’est établie.

Comme d’habitude, l’entrée est libre et gratuite, au siège de l’institution, Avenida de Mayo 833.

© Denise Anne Clavilier


dimanche 21 août 2022

Le tango de Neuquén arrive au Palacio Carlos Gardel [à l’affiche]

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Demain, lundi 22 août 2022, le second Plenario de la Academia Nacional del Tango accueillera la Orquesta de Tango del Neuquén, une des provinces argentines qui forment la Patagonie.

Le concert est prévu à 19 h, comme toujours au premier étage du siège de l’institution, situé avenida de Mayo au numéro 833, juste à côté et au-dessus du Gran Café Tortoni.

Entrée libre et gratuite, comme toujours.

© Denise Anne Clavilier

samedi 20 août 2022

Aujourd’hui, ETVaB souffle ses15 bougies en plein air [à l’affiche]

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C’est une grande fête musicale qui se prépare pour ce soir, samedi 20 août 2022, à Villa Urquiza, à la limite avec Villa Pueyrredón et Parque Chas, devant le bar-restaurant El Faro, où El Tango Vuelve al Barrio a pris naissance grâce à l’action culturelle du chanteur Cucuza Castiello, qui habite de ce côté-là de la capitale argentine.

C’est lui qui a voulu que « le tango revienne dans le quartier ».

Ce soir, il sera entouré de Noelia Sinkunas, de Mateo Castiello (son fils guitariste) et Nicolás Perrone. Comme d’habitude dans ces soirées, il y aura des artistes invités. Cucuza sait admirablement rassembler les talents et les amis.

Cucuza avec son iconique T.shirt floqué d'une photo de Troilo !
(photo Franco Fafasuli)

Le rendez-vous est à 19 h, au croisement des avenues La Pampa et Constituyentes, comme dans le bon vieux temps.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire la longue interview de Cucuza publiée par InfoBAE, un site d'information généraliste en ligne qui fait référence à Buenos Aires
lire la présentation du spectacle sur le site spécialisé Alternativa Teatral

vendredi 19 août 2022

Hernán Lucero se produira samedi à San Telmo [à l’affiche]


Le chanteur Hernán Lucero se produira demain samedi 20 août 2022, à 21h, à Caras y Caretas San Telmo, Venezuela 330, tout à côté de là où je réside traditionnellement lorsque je suis à Buenos Aires.

Entrée : 1 500 pesos.

Le musicien présentera ainsi son nouveau disque, intitulé Las noches que han pasado (ce qu’on peut entendre comme « les nuits qui ont passé » ou « les nuits qui ont un passé »). Il y mélange des tangos de répertoire et des morceaux nouveaux notamment du folklore selon une démarche devenue fréquente chez les artistes qui abattent les cloisons qui séparaient les différents genres et en particulier la musique des champs et celle de la ville pour faire mieux apparaître l’argentinité du tout et le caractère profondément populaire de ces musiques.


Il donne ce matin une interview à Página/12, qui appartient au même groupe médiatique que la salle de spectacle. Il s’agit donc d’une forme de promotion interne. L’interview n’en est pas fort intéressante.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Le seuil de pauvreté a encore monté en juillet – sans surprise [Actu]

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L’institut national des statistiques, INDEC, a publié hier son rapport mensuel sur les seuils d’indigence et de pauvreté calculés à partir d’un panier de produits alimentaires de première nécessité et du même panier enrichi d’un bouquet de service, lui aussi de première nécessité, le tout sur Buenos Aires et sa grande banlieue, là où se concentre la pauvreté extrême en Argentine.

Les résultats sont spectaculaires même si les taux calculés sont en dessous de celui, terrible, concernant l’inflation au cours du même mois. On obtient ainsi une augmentation de 6,3 points pour le panier alimentaire et de 6,8 pour le second. Ce qui donne respectivement des taux de 70,6 et 64,7 points de plus sur les douze derniers mois, avec une inflation qui atteignait pour juillet le taux de 7,4.

Le gouvernement parvient donc à freiner un peu les hausses générales pour les plus pauvres sans parvenir à leur faciliter la vie. Tout à l’heure, vers 15h (heure locale), j’ai pu constater de mes propres yeux que Plaza de Mayo était encore infranchissable, après la gigantesque manifestation de mardi dernier : de nombreuses organisations sociales s’y étaient donné rendez-vous pour réclamer au président Alberto Fernández qu’il renforce ou mette en place une politique d’aide au pouvoir d’achat des plus modestes. Les élections de l’année prochaine semblent décidément bien compromises pour ce qu’il reste de l’actuelle majorité.

En gros titre : une nouvelle ingérence des Etats-Unis
dans la vie politique intérieure argentine
Cela était très habituel pendant la Guerre froide
Cela n'en est pas moins difficilement supportable dans un pays souverain
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Seule La Prensa met l’info à la une de son édition d’aujourd’hui mais tout en bas et en tout petit !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Quatre musiciens se rencontrent à Belgrano demain : un récital multigenre [à l’affiche]


Litto Nebbia, Ricardo Soulé, Roque Narvaja et Raúl Porchetto se retrouveront demain, samedi 20 août 2022, sur la scène de l’auditoire de Belgrano, avec quelques artistes invités. Ce sera un « grand concert acoustique », El Acusticazo.

Ils célèbrent ainsi les 50 ans d’un récital historique que Litto Nebbia avait conduit, avec quelques autres musiciens, en 1972, dans ces années où il inventait le rock à texte argentin.

Ce sera un concert où tous les genres musicaux se croiseront.

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A cette occasion, Página/12 a interviewé les artistes. A lire dans le supplément culturel quotidien Cultura y Espectáculos (ci-dessus).

Entrée : 2 300 pesos.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’interview dans Página/12

jeudi 18 août 2022

L’Argentine et l’Amérique du Sud toujours réservées sur l’Ukraine [Actu]

Photo diffusée par le service de communication de la présidence ukrainienne
Elle montre derrière le président une partie du public à Santiago


Portée ou soutenue par la partie la plus activiste et la plus fanatique de la majorité, la propagande russe fait ici, en Argentine, de gros ravages. Beaucoup de personnes restent au minimum indifférentes au conflit et à ses enjeux de droit international et de souveraineté nationale. Elles se montrent insensibles au caractère anticolonial de la lutte des Ukrainiens contre la Russie et son dictateur, qui rappelle pourtant si fort le roi honni, Fernando VII, médiocre souverain espagnol qui se ridiculisa devant toute l’Europe sous la Restauration, en lançant de grandes déclarations belliqueuses où il se promettait, en vain, de reprendre en quelques mois son ancien empire colonial du Nouveau Monde : cruel, injuste, vaniteux, laid, aimant être flagorné, avide de pouvoir, piètre analyste politique, mauvais stratège qui obtint le contraire de ce qu’il visait, traité enfin en pestiféré par ses homologues européens, tous scandalisés, y compris le tsar Alexandre 1er, par la violence dont il avait fait preuve contre son propre peuple et notamment contre les libéraux qui, pour lui conserver sa couronne, s’étaient battus contre l’envahisseur français de 1808 à 1814 et qu’il fit fusiller sans aucune pitié en rentrant à Madrid après sa captivité en France où il avait à plusieurs reprises trahi son pays en donnant la préférence au roi Joseph Bonaparte !

Bref, un bonhomme qui avait tout pour plaire...

Il faut dire qu’en général, les Argentins et les autres Sud-Américains ont une connaissance très hasardeuse de l’histoire de leur propre pays. Ils s’appuient bien davantage sur les légendes dont l’école les abreuve entre 6 et 18 ans, légendes souvent parfaitement invraisemblables, que sur l’étude des sources historiques que bien peu d’historiens (spécialisés en histoire événementielle) (1) fréquentent avec la rigueur et la méthodologie que la recherche exige… Ceci peut expliquer la cécité stupéfiante que montre la lecture de la presse aujourd’hui.

"Volodimir Zelensky appelle l'Amérique latine
à venir en aide à l'Ukraine et à "raconter la vérité"
sur l'invasion
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Hier, l’Université Catholique du Chili invitait Volodimir Zelensky à s’exprimer par visioconférence devant un auditoire plutôt réduit en présentiel mais élargi en ligne par de nombreuses connexions dans toutes les villes du pays et même de la région. Le président ukrainien s’est efforcé de démontrer aux participants que la lutte de son pays visait à repousser un colonisateur qui refuse encore et toujours, en plein 21e siècle, de reconnaître l’indépendance d’une de ses anciennes possessions. Ce qui, du point de vue historique comme politique, est très strictement exact. Cela fait 500 ans que l’Ukraine aspire à retrouver son indépendance !

Photo diffusée par la UC Chile
Les fleurs au pied du bureau sont aux couleurs ukrainiennes

Les plus hautes autorités de l’exécutif chilien, dûment invitées par l’Université Catholique, s’étaient fait excuser. Il s’agit du tout nouveau et trentenaire président de gauche, Gabriel Boric, actuellement débordé par le refus probable de la nouvelle constitution pourtant appelée de ses vœux par un écrasante majorité de Chiliens il y a un an et par les violentes revendications mapuches qui ravagent le sud du pays et que sa main tendue lors de sa prestation de serment en maars dernier n’a visiblement pas calmées, ainsi que de sa ministre des Affaires étrangères.

La presse, de droite, était coorganisatrice de l’événement à travers une institution professionnelle internationale, GDA (Groupe de Journaux d’Amérique) (2), qui regroupe différents grands quotidiens du continent, dont El Mercurio à Santiago, El País à Montevideo et La Nación à Buenos Aires. Pourtant cette toute première adresse de Volodimir Zelenski à l’Amérique latine n’occupe que quelques colonnes dans les quotidiens du lendemain, contenu parfois inexistant dans la version en ligne du journal. Les articles concernés sont souvent de simples synthèses de dépêches d’agence. Certains d’entre eux ont laissé se glisser dans leurs lignes des arguments médiocrement cohérents et des mises en doute si sournoises qu’on y reconnaît sans peine la patte délicate des propagandistes kremlinesques (3). En Argentine, seul Página/12, pourtant très méfiant, pour ne pas dire plus, à l’égard de la cause ukrainienne et encore plus à l’égard de la figure politique qui l’incarne, intègre sur son site Internet, avec un professionnalisme qu’il faut saluer, l’intégralité de la vidéo dans sa version hispanophone (celle qui procède directement de l’université invitante). En Uruguay, El País la diffuse lui aussi, et en assez bonne définition de surcroît.

"Zelensky : il demande à l'Amérique latine
de sanctionner la Russie"
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Quant aux commentaires laissés en ligne, ils montrent chez une partie sinon majoritaire du moins à coup sûr très bruyante du public une hostilité souvent teintée d’un insondable mépris, profondément injuste, envers le chef d’État ukrainien qui se bat pourtant pour l’existence même de son pays là où tant et tant d’autres mandataires ont préféré prendre la fuite au vu et au su de tous un peu partout sur la planète.

Bref, la lecture de la presse du jour laisse une impression d’une telle indifférence qu’on ne peut même pas la qualifier de polie.

Et le sort s’acharne sur cette allocution : sur le canal Youtube de la Universidad Católica de Chile, la traduction en espagnol couvre complètement la voix de l’invité au point de donner l’impression très désagréable d’un texte et d’une image qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre (il semble qu’on ait coupé le micro de l’orateur au profit de celui de l’interprète). Quant au son, il y est d’une piètre qualité. Il faut donc en plus tendre l’oreille à tout moment. Sur le canal Youtube de la présidence ukrainienne, le son est bon mais la vidéo est écourtée et l’image y est exceptionnellement déformée. C’est donc là aussi assez pénible à regarder et quelque peu surprenant puisque les vidéos du service de communication du président Zelensky sont connues dans le monde entier pour la régularité ultra-professionnelle de leur qualité technique et esthétique. Qui plus est, pour la consulter, il faut bien entendu comprendre l’ukrainien, ce qui est un peu plus difficile à faire qu’avec l’espagnol. Le traitement inhabituelle de cet événement sur le site de la présidence semble prendre acte qu’il s’est agi d’un coup d’épée dans l’eau. On ne prend donc pas vraiment la peine de soigner la présentation de l’événement et on bondit sur la suite, nettement plus concrète ; la rencontre trilatérale de ce jour entre Zelensky, Erdogan et Guterres à Lviv.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article en ligne de La Nación (un peu différent de sa version imprimée)
lire l’article de Ambito, le quotidien économique argentin
lire l’article en ligne de El País
El Mercurio ne propose aucune version en ligne de ses articles.
Quant à Clarín, il a traité le sujet dans son édition papier mais il n’y a rien sur son site Internet
visionner la vidéo de l’UC Chile (en espagnol)
visionner la vidéo diffusée par la présidence ukrainienne (en ukrainien, y compris en ce qui concerne l’introduction par le recteur de l’université, et sans sous-titres)
lire le communiqué officiel de la présidence ukrainienne (en anglais)




(1) En Amérique du Sud, l’histoire longue est au contraire de très bonne qualité et couvre un champ très large de sujets quand celle qui est pratiquée au sujet de l’Amérique du Sud dans l’hémisphère nord est atrophiée et répétitive.

(2) Le site du GDA n’en parle même pas !
(3) En particulier en ce qui touche la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia (il y a même des journalistes qui écrivent, sans aucune précaution, que ce sont les Ukrainiens qui la bombardent) et la résistance qui semble s’activer en Crimée et qui rappelle tant, par son audace et ses cibles, autant la résistance sous l’Occupation allemande des années 1940, partout en Europe, que l’action résolue des montoneros argentino-boliviens à partir de 1814.

mercredi 17 août 2022

Le souvenir de San Martín en deux versions : rigolote ou très sérieuse [Actu]

Aujourd’hui, 17 août, les Argentins commémorent la mort de leur principal héros historique, le général José de San Martín (Yapeyú, en actuelle province de Corrientes, 1778 - Boulogne-sur-Mer, en France, 1850), protagoniste de la guerre d’indépendance entre 1812 et 1822 en Argentine, au Chili et au Pérou.

En Argentine, il a principalement laissé le souvenir de deux hauts faits, le combat de San Lorenzo en 1813 et la Traversée des Andes en 1817 qu’il entreprit pour libérer le Chili voisin retombé sous le joug colonial en octobre 1814.

Petit José fait des rêves
A Yapeyú, il rêve qu’il libère son peuple
Un maître d’école leur enseigne qu’à des milliers de kilomètres de là,
il y a des reliefs qu’on appelle montagnes,
quelque chose d’impossible à imaginer
dans ces terres des Guaranis (1)
Traduction © Denise Anne Clavilier

Página/12 traite ce souvenir patriotique avec la sensibilité et l’humour de son dessinateur, Miguel Rep (ci-dessus).

La Prensa et La Nación ont choisi le ton docte et révérencieux de quelques historiens en vue.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de La Prensa sur l’action diplomatique de San Martín au début de son exil en Europe au milieu des années 1820
lire l’article de La Prensa sur l’ensemble de son action politique et militaire
lire l’article de La Nación sur ce dernier thème



(1) La scène est nécessairement fausse puisque José de San Martín a quitté Yapeyú à l’âge d’à peine trois ans et qu’il n’est donc jamais allé à l’école dans sa ville natale mais depuis le premier historien argentin, Bartolomé Mitre (1821-1906), on répète cette erreur à longueur d’années.

Guillermo Vilas a 70 ans [Actu]

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Guillermo Vilas n’est plus guère connu du grand public en Europe mais il fut pourtant l’un des grands vainqueurs des opens du Grand Chelem, dont Roland Garros, et un people très apprécié dans la presse du cœur (on lui a même prêté une liaison avec Caroline de Monaco). En Argentine, il est à juste titre considéré comme le plus grand champion de tous temps dans sa discipline. C’est lui qui a popularisé le tennis dans le pays et permis d’éclore bien des vocations dont on voit le résultat aujourd’hui avec les bons rangs acquis par les joueurs argentins depuis plusieurs décennies.

Dans les pages Sports de Clarin
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Qui plus est, lorsqu’il a abandonné la raquette, il s’est révélé très bon poète et dans l’ensemble, il a montré une envergure culturelle et humaine peu courante dans les milieux sportifs.

Une des pages Sports de La Nacion
Remarquez le choix d'une photo où apparaît
le nom de la compagnie aérienne nationale argentine
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La presse lui rend hommage aujourd’hui alors qu’il souffle ses 70 premières bougies comme on dit au pays. Plusieurs journaux lui consacrent plusieurs pages dans leurs éditions du jour.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación qui a même porté l’info à sa une, malgré l’actualité sociale très chargée en cette journée où les syndicats marchent dans toute la ville de Buenos Aires (1)

Ajout du 20 août 2022 :
Página/12 fête l’anniversaire de Guillermo Vilas en lui consacrant la une de son magazine hebdomadaire El Planeta Urbano et en insistant sur le rôle artistique que l’ancien tennisman joue jusqu’à aujourd’hui dans la contre-culture argentine.

Pour en savoir plus :
lire l’article de El Planeta Urbano

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(1) En fin de matinée, aujourd’hui, j’ai vu une partie du cortège remonter du sud vers avenida de Mayo en défilant dans la rue Perú, à 50 de là où je loge. Ils faisaient beaucoup de bruit et ils étaient très nombreux. Plusieurs stations de métro sont fermées et des lignes de bus supprimées ou détournées. Des rues sont interdites à la circulation et même les piétons doivent faire des détours incroyables pour arriver à leur destination. Hier, le chauffeur de taxi qui m’a conduite en ville depuis l’aéroport m’avait prédit que la journée allait être infernale. Il semble qu’il ne se soit pas trompé.