mercredi 29 avril 2020

Humour spatial mercredi [Humour]

1998 OR2 est une météorite d’un diamètre allant de 1,8 à 4,1 km. En France, on n’a guère entendu parler mais dont les journaux argentins en entretiennent leurs lecteurs depuis plusieurs jours : elle doit en effet frôler la Terre aujourd’hui en passant à 6,2 millions de kilomètres de notre planète, soit 16 fois la distance qui sépare la Terre de son satellite naturel.

Miguel Rep s’est emparé du thème ce matin dans Página/12 avec cette vignette où il exploite l’un de ses personnages récurrents : une petite mère au berceau qui juge le monde avec la sagesse d’un vieillard tout en le découvrant avec l’ingéniosité d’un enfant qui n’a pas encore l’âge de raison.

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Non, je veux pas. Je veux pas. Elle arrive aujourd’hui…
Par pitié, comète 1998… Ne nous détruis pas. Je t’en conjure.
Fais ce que tu veux mais ne t’écrase pas sur nous !
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12 sur le phénomène astronomique

Sortie du documentaire Operación Condor [à l’affiche]


Demain, jeudi 30 avril 2020, l’INCAA sort un documentaire sur une des pires machinations des dictatures sud-américaines secondées par la CIA pendant la Guerre froide : l’"Opération Condoré" qui a consisté à faire disparaître les opposants en les jetant dans le vide, souvent drogués et vivants, depuis un avion au-dessus de l’océan ou, en Argentine, du Río de la Plata, le choc avec l’eau se chargeant de les tuer.


Le film sera visible en ligne et gratuitement pendant une semaine sur l’un des sites administrés par l’INCAA (l’institut national du cinéma et des arts audiovisuels), cine.ar. Il suffit pour y avoir accès de s’inscrire et de valider son inscription à travers un mail généré automatiquement.

Une des pages culturelles de Página/12
avec une photo représentant le procès des criminels de l'opération Condor

Le film présente ce crime du point de vue des victimes argentines, uruguayennes, chiliennes, péruviennes, paraguayennes et brésiliennes. Ce n’est donc pas une analyse historique mais un film militant, que l’on doit à une rescapée, Andrea Bello, une femme née en 1958 et détenue clandestinement de décembre 1978 à août 1979 (elle est décédée l’année dernière). Elle s’était associée à un réalisateur argentin, Emiliano Serra, qui répond ce matin aux questions de Página/12 alors que le film fait le une des pages culturelles.


En Argentine, le procès de l’Opération Condor s’est déroulé en 2016 et s’est conclue par des peines de prison à perpétuité pour les généraux déjà condamnés pour d’autres crimes, tous morts désormais, certains derrière les barreaux.

Pour aller plus loin :
consulter le site de cine.ar
consulter la page Facebook de cine.ar.

SOS pour les danseurs professionnels de tango [Actu]

En cette journée mondiale de la Danse, instituée par l’Unesco, Página/12 fait le point sur la situation socio-économique des professionnels de tango, danseurs et autres métiers, en ce temps de confinement.


L’enquête du quotidien de gauche montre la sévérité de la crise pour ces artistes laissés sans aucune ressource dans la mesure où toutes leurs activités sont interdites et qu’avant l’épidémie, ils travaillaient à 90 % au noir.

Les danseurs professionnels de tango ont deux sources de travail : donner des cours et se produire sur scène dans ce qu’on appelle des cena-shows, des spectacles pour touristes montés la plupart du temps par des hommes d’affaires sans scrupule qui exploitent un business et tirent un maximum de fric aux gogos de touristes qui n’y voient que du feu parce que la soirée (spectacle inauthentique et nourriture quelconque) est comprise dans le forfait du voyage organisé. Que les artistes y soient payés avec un lance-pierre ne me surprend guère ! Il n’y a qu’à regarder les affiches pour se douter que c’est le genre de la maison (1).

De plus, l’enquête de Página/12 montre aussi le triste sort fait aux danseuses qui ont des enfants, les discriminations dont elles sont l’objet, les remarques sexistes qu’elles se prennent en pleine face lorsqu’elles commencent une grossesse et les conditions effarantes dans lesquelles elles doivent garder leurs minots dans les coulisses parce que leur cachet ne leur permet pas de s’offrir les services du baby-sitter…

On se croirait retourner à l’opéra de Paris au dix-neuvième siècle !

C’est effarant et c’est aussi cet envers du décor qu’il faut dénoncer pour que cesse cet espèce de nouvel esclavage que fait naître la cupidité des uns et le tourisme de masse des autres. Il faut espérer que cette crise l'aura définitivement tué et qu'on n'y reviendra plus une fois que le virus ne sera plus une menace mortelle pour les êtres humains.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 sur le dénuement des travailleurs du spectacle de tango
lire l’article de Página/12 sur les conditions professionnelles faites aux danseuses de tango.



(1) Il y a quelques années, j’ai fait une expérience révélatrice. Alors que je montais un circuit avec un voyagiste français, l’agence réceptrice à Buenos Aires a voulu nous imposer un tarif aberrant pour une soirée à la Academia Nacional del Tango (que j’aurais bien entendu montée moi-même puisque je suis membre de l’institution) : 140 € par personne pour un spectacle et un verre de l’amitié avec les artistes (c'était plus cher que las soirée de la Saint-Sylvestre à l'Opéra Bastille). Une fois à Buenos Aires, j'en ai donc parlé au secrétaire académique qui a sauté au plafond puis deux jours plus tard au président qui m’a confirmé ce que je pressentais : aucune agence n’avait pris contact avec lui pour la moindre activité avec un voyagiste européen. La somme ainsi imposé au client français était à 90 % destinée aux caisses de l'agence réceptive. Ce monde du tango-danse-spectacle est immoral et il n’y en pas un pour rattraper l’autre, que ce soit les salles ou les agences.

Découverte archéologique dans le Paraná [Actu]

Photo prise par la Préfecture navale du cours supérieur du Paraná par drone

Le dramatique bas niveau des eaux de cette rivière colossale et qu’on pouvait croire inépuisable, le Paraná, vient de laisser apercevoir l’épave d’un bateau à aubes qui a coulé vers 1900 dans un méandre du géant, à la frontière entre l’Argentine et le Paraguay, dans la province de Corrientes, près du village de Ita-Ibaté, non loin du lieu où Manuel Belgrano (1770-1820) a passé la frontière avec son armée, en 1811, pour aller tenter de ramener le Paraguay révolutionnaire sous l’autorité de Buenos Aires (1).

Le navire desservait une propriété agricole qui possédait un saloir et servait de point de distribution à l’intérieur des terres de produits comme le manioc, le maïs et le cuir. Comme le Mississipi, le Paraná était alors sillonné de navires à vapeur. Celui-ci se trouve sous 20 cm d’eau et la Préfecture navale du cours supérieur du Paraná, qui l’a découvert, a fait prendre quelques photos aériennes par un drone et a remonté à la surface plusieurs pièces, comme l’ancre et le timon.

La roue à aubes du bâtiment
(photo Préfecture navale de Posadas)

Sur place, on souhaite que l’épave soit remontée entièrement à terre et devienne un atout touristique et un élément patrimonial. Ce qui n’est pas une mauvaise idée au moment où le fleuve est menacé par les changements climatiques. Et puis cela permettrait de montrer une autre image du pays : une Argentine fluviale que nous n’imaginons même pas ici, en Europe.

Pour en savoir plus :
regarder le reportage photographique sur l'état désastreux du Paraná.

Mise à jour du 7 mai 2020 :
lire cet article de Página/12 sur le cours dramatiquement bas de la rivière.



(1) Voir Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine, que j’ai sorti aux Editions du Jasmin en février dernier. Au moment où Belgrano a dû traverser la rivière, elle était en crue et ce passage a été une épopée à lui tout seul.

mardi 28 avril 2020

Sourire masqué du mardi [Actu]

A Buenos Aires, depuis plusieurs jours, le masque est devenu obligatoire dans l’espace public. Il s’agit souvent de masques que l’on dit grand-public en France (tapaboca, en Argentine, contre barbijo, pour le masque chirurgical stricto-sensu).

Daniel Paz, qui tient son journal de confinement, nous régale ce matin, dans son blog et dans les colonnes de Página/12, d’une historiette pleine d’humour.


Cher journal
Peu de temps avant l’arrivée de l’épidémie dans nos parages, on m’a retiré plusieurs dents pour lesquelles il n’y avait pas d’autre solution.
Si j’ouvre largement la bouche, quand je parle ou quand je ris, on voit les espaces vides.
Comme je n’aime pas que ça se voit, je souris en serrant bien les lèvres.
Avec le dentiste, il était convenu de régler le problème quelques jours plus tard.
Mais le confinement a éclaté et je ne l’ai pas revu.
Pour cette raison, l’obligation de porter un masque, ça m’arrange bien pour rire.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Le ministère de l’Éducation nationale réduit la fracture numérique [Actu]

Le ministère de l’Éducation nationale a commencé à distribuer 135.000 notebooks qui avaient été abandonnés dans un hangar par le précédent gouvernement. Ce qui montre bien qu’il était tout à fait hostile à la réduction de la fracture numérique dans le pays, bien qu’il ait proclamé le contraire à tout bout de champ.


Les premiers servis sont treize villes de la banlieue sur de Buenos Aires à travers leurs maires qui posaient hier avec le ministre Nicolás Trotta. Le reste des ordinateurs est destiné à dix provinces du nord du pays (des provinces comme Chaco ou Santiago del Estero sont parmi les plus pauvres d’Argentine).

Cette distribution de moyens techniques est indispensable pour maintenir un minimum de scolarisation pour les enfants les plus démunis pendant la période du confinement qui va sans doute annuler l’ensemble du premier semestre scolaire.
La rentrée a eu lieu au début du mois de mars. Quelques semaines plus tard, les écoles fermaient leurs portes, quelques jours avant que toute la population soit soumise à un confinement généralisé. Les cours ne devraient pas reprendre avant la rentrée d’hiver, en août. Le gouvernement va laisser passer les vacances de juillet, qui ne seront peut-être pas l’occasion des grandes transhumances habituelles.

Parmi les journaux nationaux, Página/12 est le seul à parler de cette opération. Cela n’intéresse pas les autres quotidiens, décidément bien embarrassés par la difficulté de critiquer de manière crédible la politique menée par le gouvernement dans cette crise majeure.

Le Mercosur au bord du gaz ? [Actu]


Depuis une dizaine de jours, les relations se tendent de plus en plus au sein du Mercosur, le marché commun qui réunit l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay (1). L’Argentine est politiquement isolée au sein d’une organisation qu’elle avait puissamment contribué à créer sous le mandat de Néstor Kirchner. Actuellement, elle est le seul pays gouverné à gauche et les dirigeants de droite dans les pays limitrophes ne cachent pas leur agressivité vis-à-vis d’un voisin « retombé » dans une politique de justice sociale et de régulation de l’économie.

Le Mercosur vient d’obtenir le début d’un accord de libre-échange avec le Corée du Sud et le gouvernement argentin freine des quatre fers pour protéger son tissu industriel.

Depuis hier, l’Argentine laisse entendre qu’en cas de poursuite des négociations dans le même sens, elle pourrait quitter le Mercosur, comme Macri avait renoncé à l’autre organisation continentale, l’UNASUR, qui vise à une coopération politique et institutionnelle.

C’est la première fois que la menace d’explosion vient de l’Argentine.

Pour en savoir plus :
lire l’article de Clarín, qui expose les « vraies raisons » du gouvernement qui prendrait la crise sanitaire actuelle comme un prétexte pour cacher son opposition au marché (le genre d’article qui n’étonne pas dans ce quotidien) (2)



(1) Le Venezuela, membre fondateur sous Hugo Chávez, a été exclu en 2017 quand la région a basculé à droite et que Maduro a glissé dans une pratique de plus en plus autoritaire au détriment de sa population. Les autres pays du sous-continent ont un statut d’État associé.
(2) Les voisins de l’Argentine sont assez peu efficaces dans la lutte contre le covid-19 et ont tendance, plus ou moins grave, à privilégier l’économie contre la santé, au contraire de l’Argentine qui subit en plus une crise d’endettement gigantesque laissée par la majorité précédente. Et ce point met Clarín quelque peu mal à l'aise.

Sentence rendue contre des criminels de la Dictature malgré le confinement [Justice & Droits de l’Homme]

"Une étreinte de justice" dit le gros titre sur une photo de disparus

C’est la première fois qu’un méga-procès pour crimes contre l’humanité se termine dans ces conditions : sans présence physique du public, sans les parties civiles et même sans les accusés, qui ont entendu par la voie de la visioconférence leur condamnation ou leur acquittement, la plupart d’entre eux depuis chez eux, où ils sont en résidence surveillée (et non depuis une cellule de prison).

Il s’agit du procès dit de la « Subzona 15 » à Mar del Plata. A l’époque des faits, les accusés étaient des militaires appartenant à la marine ou à la préfecture navale (la gendarmerie compétente dans les eaux territoriales maritimes et fluviales), ce qui est assez attendu dans un grand port.

Il y a eu 28 condamnations à perpétuité, 7 à des peines allant de 7 à 20 ans de prison et 5 acquittements. Comme une grande partie des condamnations arrive après de longs séjours en prison préventive, un certain nombre des condamnés seront libres très bientôt.

D’ordinaire, l’énoncé du verdict donne lieu à des tas de manifestations politiques dans la salle et à l’extérieur, avec slogans des associations de victimes (30.000 disparus toujours là) et embrassades générales. Rien de tout cela dans ce cas et c’est ce que souligne Página/12, le seul quotidien national à parler de ce procès ce matin.

Pour aller plus loin :

lundi 27 avril 2020

Bonnes résolutions de confinement (1) [Humour]

Le 22 avril, dans Página/12, Miguel Rep publiait cette vignette : elle représente l’un de ses personnages récurrents, Gaspar el Revolu (Gaspar le gauchiste).

On le voit méditer en émettant des sons zen…
Et au lieu de faire le vide dans sa tête, il entretient des pensées qui se bousculent.


Ah, quand tout cela sera terminé, je jure de sortir en courant pour aller serrer les miens dans mes bras.
et toutes mes connaissances.
et puis je vais être plus généreux
et je vais voyager autant que je pourrai.
et je vais arrêter les bagarres pour des trucs qui ne valent pas tripette
et je vais aller au cinéma pendant un mois sans arrêter
et aussi au théâtre
et je vais aller dîner dehors très souvent
et je vais sortir pour faire du footing et je ferai la fête avec tous ceux que je croiserai
et je vais passer du temps à jardiner.

SA PROPRE DUPE
(Traduction © Denise Anne Clavilier)



(1) C'est  moi qui fais ce choix de traduction. On peut interpréter qu'il se raconte tout cela pour supporter le confinement. Auquel cas, il s'agit d'autosuggestion.

Un concours littéraire en hommage à Manuel Belgrano [Bicentenaire]


Cette année devait être un gigantesque hommage au général Manuel Belgrano (1770-1820), premier intellectuel ayant pensé l’Argentine comme un pays en soi, créateur du drapeau national et l’un des fondateurs de l’armée de la nation naissante, avec deux grandes victoires qui ont marqué durablement le territoire, Tucumán le 24 septembre 1812 et Salta le 20 février 1813. Cela commençait bien. En février, lorsque l’Instituto Nacional Belgraniano a rouvert après les vacances d’été, les initiatives venaient de partout et le bureau croulait sous le travail et puis ce maudit virus a atteint l’Argentine et tout l’Amérique du Sud, contraignant le gouvernement à décréter le confinement général le 20 mars. Et tous les projets sont tombés à l’eau.

C’est donc une initiative particulièrement heureuse que propose la ville de Godoy Cruz, dans la banlieue de Mendoza, la ville dont San Martín, l’autre père de la patrie, avait fait sa capitale quand il était gouverneur de la province de Cuyo (1814-1816) : un concours littéraire sur le thème de "Belgrano aujourd’hui".

Le concours est ouvert jusqu’au 29 mai 2020 pour tous les habitants majeurs de la province de Mendoza.

L’affiche conclut : « Reste à la maison pour écrire ».

Rétropédalage larretien [Actu]

"Marche arrière avec les sorties récréatives dans les grandes villes"
Le gros titre de La Nación tend à une certaine neutralité.
Mais la photo sème la confusion : il s'agit de Madrid
où les enfants ont été autorisés à sortir
dans une tout autre situation sanitaire
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Dans la journée d’hier, à la surprise générale, Horacio Rodríguez Larreta, chef du gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, avait autorisé ses administrés à faire une petite promenade quotidienne d’une heure et aussitôt, dans les rues de la capitale, on a vu un certain nombre de personnes le prendre au mot. C’était d’autant plus surprenant que les conditions de cet assouplissement du confinement n’étaient pas réunies puisque le décret présidentiel le réservait aux villes de moins de 500.000 habitants. Trois millions de personnes au moins habitent à Buenos Aires stricto-sensu.

Après avoir donné un peu d’espoir aux Portègnes, Rodriguez Larreta a fait marche arrière quelques heures plus tard et co-signé un communiqué avec quatre gouverneurs qui n’autorisent pas ces promenades dans leurs ressorts qui abritent eux aussi des foyers de contagion : il s’agit des provinces de Buenos Aires, Córdoba, Santa Fe et Tucumán. De la part de ce leader de l’opposition qui a marqué l’opinion en coopérant pleinement jusqu’ici avec le gouvernement fédéral, cette attitude laisse perplexe. Il savait très bien que le décret excluait sa ville. Sa coopération cacherait-elle de méchantes arrière-pensées alors qu’il a fermement nié toute intention partisane il y a quelques jours.

"Pour l'instant, les sorties récréatives à Buenos Aires
et dans sa banlieue ne seront pas autorisées" dit le gros titre
sur une photo ambiguë qui concerne là aussi l'Espagne
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Est-ce pour vendre du papier, pour provoquer du contentieux ou enflammer le mécontentement dans la population qui reste confinée ? Toujours est-il que Clarín tâche de faire passer cette déclaration commune pour un désaveu de la décision du président de la part des gouverneurs signataires. Le communiqué commun est présenté relevant d’un désaccord politique avec le chef d’État (or plusieurs d’entre eux sont de la même majorité). Dans ses pages intérieures, le tabloïd titre : « Ils contredisent le président ».

Or c’est faux : Alberto Fernández n’a pas autorisé les Argentins à sortir, il a laissé aux exécutifs locaux le droit d’ouvrir une possibilité à leurs administrés en respectant des conditions cumulatives particulièrement restrictives (voir mon article d’hier sur la question).

Observez d’ailleurs que cette tentative pour induire le lecteur en erreur est beaucoup plus subtile dans le gros titre sur la une du journal. C’est la stratégie que suit la presse de droite, dite hégémonique, pour tenter de déstabiliser le gouvernement de gauche.

"Attendre sans désespérer" dit le gros titre en jouant sur les mots
comme d'habitude !

Cette manœuvre est parvenue à créer des remous et même un peu de chaos : elle a obligé le président et plusieurs de ses ministres à apporter des démentis là où il n’y avait même pas la place dune tête d’épingle pour séparer le niveau provincial et le niveau fédéral. Cette décision présidentielle procède d’une consultation fréquente et régulière entre le chef d’État et les gouverneurs qui se réunissent en visioconférence. On peut parler de co-construction de la stratégie de crise. Une co-construction que Mauricio Macri s’était beaucoup vanté d’avoir mise en place mais qui s’est brisée net dès la première crise de son mandat, celle du paiement de la dette résiduelle en 2016.

A droite, il doit être insupportable que Fernández soit capable de tenir le cap dans la tempête (1), alors que la crise qu’il affronte bien plus grave que celles qu’a connue Macri puisque celle-ci est mondiale et inédite. Et pire peut-être : il est clair que celui qui gouverne, c’est bien le président et non pas, comme l’opposition le chante sur tous les tons et continue à le clamer encore et toujours, la vice-présidente, Cristina Kirchner, que la droite adore haïr, calomnier et caricaturer.

Pour aller plus loin :



(1) A l’avantage de Fernández, il dispose d’un groupe de gouverneurs qui sont très majoritairement ses alliés. Le groupe de gouverneurs qui faisait face à Macri était moins homogène du point de vue politique et idéologique. Il y avait même de plus en plus de tirage entre le mouvement dominant de la coalition au pouvoir et l’allié d’appoint, l’UCR, qui n’a pas cessé de ruer dans les brancards pendant tout le mandat.

dimanche 26 avril 2020

Un négociant qui ne perd pas le nord à San Juan [Humour]

Le masque est vendu avec la bouteille !

C’est un assemblage de cépages rouges réalisé par un négociant qui exploite une boutique à Rawson, dans la province de San Juan, la plus septentrionale de la région de Cuyo, berceau historique de la tradition vinicole argentine depuis l’époque coloniale. Le propriétaire, qui dispose aussi d’un réseau de vente en Espagne, a donné un nom très provocateur à son nectar, Coronavinus, et il l’a doté d’une devise rigolote : « Une seule lettre change la peur en plaisir ».


Le breuvage se présente en bouteille de 75 cl et en dame-jeanne (4,650 cl), une tradition dans cette province. Celle-ci, agrémentée d’un panier en plastique moulé façon panier tressé, se vend à un prix raisonnable : entre 250 et 350 pesos argentins selon le point de vente.

Ce picrate titre gentiment 14,1°. Ça décape et ça désinfecte. De quoi rejouer la scène de la cuisine dans Les Tontons Flingueurs moyennant un reformatage du dialogue… On va lui trouver un goût de malbec, c’est normal. Y’en a !


Depuis sa sortie au début du mois d’avril, ce pinard sanjuanino (1) fait un tabac commercial en notre triste époque. Le négociant a ainsi réussi à se débarrasser de plusieurs cuves de vin sans intérêt dont il ne savait pas quoi faire pour en tirer des sous ! Malgré tout, c’est toujours meilleur que le rinçage de poumons à l’eau de Javel préconisé par l’Oncle Sam ou sa dernière incarnation, lourde, vulgaire, ignorante et prétentieuse, avec, en-dessous de la tignasse blonde, ce je ne sais quoi qui rappelle l’une ou l’autre trogne des Tontons au mieux de leur forme, quand ils sont tous agenouillés à l’église.

Pour aller un peu plus loin (mais pas beaucoup, parce qu’on ne marche pas très droit après ça) :
lire l’entrefilet de Canal 13, la télévision locale de la province.



(1) Surtout n’allez pas croire que la province ne produit que du gros qui tache et du blanc qui fait mal au crâne. San Juan propose des crus très originaux et de grande qualité !

Яadar rend hommage à Fontova [Actu]

La semaine dernière, le dessinateur et fantaisiste engagé (1) Horacio Fontova est décédé. Aujourd’hui, Página/12 lui consacre la une de Яadar, son supplément sur la culture disruptive et poil-à-gratter.

"Malgré tout", une citation d'une de ses chansons

On y voit l’artiste disparu dans les années 1970 sur une photo qui est un manifeste péroniste. A première vue, ça ne se voit pas facilement, pour nous qui sommes Européens, mais quand vous voyez un homme avec les pieds dans l’eau, ça sent le 17 octobre 1945 !

Le 17 octobre 1945, a couru dans Buenos Aires l’information selon laquelle il y avait eu une révolution de palais à la Casa Rosada. Le très populaire secrétaire d’État au Travail, Juan Domingo Perón, dont la popularité et le charisme menaçaient le reste du gouvernement, avait été débarqué de son ministère et envoyé immédiatement dans un bagne militaire situé dans une île du Río de la Plata. Aussitôt, ses partisans à Buenos Aires envahirent la place de Mai. Une foule immense se fit à exiger le retour du ministre. C’était le printemps, il faisait chaud. Des hommes retirèrent leurs chaussures et s’assirent sans façon sur un bassin qui ornait la place, les pieds dans l’eau. Ce jour-là, Perón a gagné l'élection présidentielle qui allait être organisée l'année suivante et rapporté en Argentine l'ordre constitutionnel.

Depuis, cette image symbolise la force du peuple lorsqu’il est uni en réponse à des mesures prises contre ses intérêts. Ce que chante aussi le fameux slogan latino-américain : El pueblo unido jamás será vencido (le peuple uni ne sera jamais vaincu).

Le 17 octobre est devenu un jour de fête péroniste. C’est le Día de la Lealdad (la fête de la loyauté).

Et Horacio Fontova entrait à fond dans cette symbolique de la geste péroniste. Il était donc normal qu'aujourd’hui, après la disparition d’un tel artiste, Página/12 lui rende un second hommage.



(1) engagé à gauche.

Le confinement prolongé pour trois semaines et assoupli sous conditions [Actu]

"On prolonge le confinement jusqu'au 10 mai
mais les sorties sont autorisées"
La photo illustre une collecte de nourriture
pour la population défavorisée
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Hier, le président argentin, Alberto Fernández, a fait un nouveau point sur la crise sanitaire et annoncé la prolongation du confinement jusqu’au dimanche 10 mai, soit deux semaines avant la fête nationale célébrée tous les 25 mai. Et l’Argentine n’est pas prête à tourner la page puisqu’il a déjà été annoncé officiellement que le trafic aérien passagers ne sera pas repris avant le mois de septembre (1).

Le nombre de jours qu'il faut pour que les cas d'infection doublent
Le 20 mars, au moment où le confinement a été décrété, il fallait 3,3 jours
Le 12 avril, lorsqu'il a été prolongé une première fois, il fallait 10,3 jours
Hier, il fallait 17,1 jours
Extrait du diaporama présenté hier par le président

Cette prolongation s’accompagne de certains assouplissements pour les villes de moins de 500.000 habitants. Les gens pourront aller se dégourdir les jambes pendant 1 heure chaque jour dans un rayon de 500 mètres autour de chez eux. Il ne s’agira pas de faire du sport (ni footing, ni vélo) mais seulement d’une promenade à pied autorisée pour tout le monde, les enfants, deux au maximun, devant être accompagnés par un adulte et un seul. Jusqu’à présent, même cette détente-là était interdite (2). Toutefois, ces autorisations sont soumises à quelques conditions draconiennes : le temps de doublement du nombre d’infectés doit être inférieur à 15 jours ; le système de santé local doit être capable d’absorber l’éventuelle augmentation de l’afflux de patients que ces sorties pourraient provoquer ; l’évaluation de la situation démographique doit montrer que ce risque est faible ; la proportion d’habitants qui travaillent dans les secteurs dont l'activité est autorisée ne doit pas dépasser la moitié de la population totale ; la région ne doit pas pouvoir abriter de clusters et toute décision prise au niveau local doit être remontée au gouvernement national. C’est donc assez lourd.

"Un jour dans la vie de Alberto Fernández"
On reconnaît bien sa silhouette.
En haut : "confinement avec promenade autorisée"

Après plusieurs heures d’hésitations, le chef de gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires a finalement accordé à ses administrés le bénéfice d’une sortie quotidienne, même si la capitale fédérale reste le lieu où l’on déplore le plus de morts (3) mais les tests sérologiques qui ont été proposés à la population jeudi dernier se sont tous révélés négatifs, ce qui signifie que le virus circule peu en ville (4).

Courbes des contagions diagnostiquées
En bleu : ville de Buenos Aires. En violet : province de Buenos Aires
Extrait du diaporama présenté par le président
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Alberto Fernández, qui continue de bénéficier d’une forte cote de confiance, a présenté un nouveau diaporama, que la presse a reproduit et qui comprend le point sur le ralentissement de la contagion et les courbes des cas diagnostiqués dans les 7 entités fédérées où le virus a été détecté : ville de Buenos Aires, province homonyme, provinces de Córdoba, Chaco (frontière avec le Paraguay), Santa Fe, Tierra del Fuego et Río Negro.

Pendant que les Argentins restent chez eux, le système de santé public s'est renforcé
+ 700 respirateur
+ 200 appareils d'échographie portables
25 appareils d'échographie générale de haute précision
+ 11.518 lits supplémentaires
+ 12 hôpitaux modulaires
+ 170.000 tests sérologiques
+ 250.000 tests PCR (tests par écouvillons)
4.031 agents de santé supplémentaires
plus de 4.000 millions de pesos virés aux provinces
Extrait du diaporama présenté par le président
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Página/12 a profité du week-end pour publier un reportage sur la vie quotidienne du président. Le journal lui est favorable. Il n’a donc pas eu beaucoup de mal à faire ressortir la sobriété de son mode de vie et le caractère fraternel de plus en plus visible avec la gestion de cette crise sanitaire tout à fait exceptionnelle (5).

Pour aller plus loin :



(1) Il est donc presque certain que je n’irai pas cette année présenter mon dernier livre, Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine, que j’avais publié au début de cette année du bicentenaire de sa mort. Les manifestations culturelles organisées à cette occasion tombent à l’eau les unes derrière les autres. Une catastrophe pour l’Instituto Nacional Belgraniano qui préparait cette année depuis des mois et des mois… Les célébrations devaient culminer les 3 et 20 juin mais c’est le mois où les épidémiologistes pensent que le pic de l’épidémie sera atteint. Il est probable aussi que le festival de tango de Buenos Aires ne se tiendra pas, en tout cas pas à l'époque habituelle, le mois d'août.
(2) En Argentine, l’habitat même en ville compte beaucoup plus de maisons particulières qu’en Europe et beaucoup de ces maisons disposent d’un patio et d’un toit en terrasse, ce qui permet de prendre le soleil dans les régions où il est encore agréable, de faire un peu de jardinage, voire d’exercice.
(3) Sur les 186 morts comptabilisés hier, 73 habitaient Buenos Aires. La capitale rassemble 1.275 des 3.780 cas diagnostiqués sur l’ensemble du territoire national.
(4) Ces tests gratuits ont été proposés à des personnes ne présentant pas de symptômes. Il s’agissait d’une recherche d’anticorps par prise de sang.
(5) Ce trait de caractère était visible déjà le jour de sa prestation de serment lorsqu’il a très spontanément décidé de pousser le fauteuil roulant de la vice-présidente sortante puis lorsqu’il était allé faire passer leurs examens à ses étudiants en droit pénal à l’Université de Buenos Aires très tôt le matin avant de se rendre à son bureau présidentiel.

vendredi 24 avril 2020

Sourire en hommage au regretté Marcos Mundstock [Humour]

Journal du confinement, par Daniel Paz (publié ce matin dans Página/12 et sur son site Internet)

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Cher journal
Selon des études récentes, cela fait un moment que Dieu veut signifier à l’humanité que c’est fini. Il a même le texte tout prêt : "On est arrivé au bout, les amis".
S’il ne l’a pas fait, c’est faute d’avoir trouvé la voix qui convienne à une annonce de cette importance. Il faut que ce soit une voix solennelle mais en même temps rigolote.
C’est pourquoi la mort de Mundstock, en plus de me rendre triste, m’inquiète pas mal.
Dieu : « Marcos, mon cher, tu arrives à point ! »
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Dans Clarín, ce matin, on trouve un autre salut, la mise en ligne d’un morceau quasiment inconnu de l’artiste disparu, sa version du Bolero de Maurice Ravel (don Mauricio Ravel), auquel il a mis des paroles qu’il chante lui-même (il ne chantait pas avec Les Luthiers). Le morceau a été enregistré en 2010 dans un disque au bénéfice d’une ONG, au milieu de prestations d’autres artistes tout aussi populaires, comme Luis Alberto Spinetta, un grand du rock argentin lui aussi disparu. Clarín a créé un diaporama de photos sur la bande son tirée du disque. C’est une version qui renoue avec l’origine sud-américaine du boléro, une origine que les orchestrations classiques et septentrionales de l’œuvre tendent à nous faire perdre d’oreille... Cliquez sur le lien pour écouter ce joyau méconnu.

Un album en hommage à Juan Carlos Cobian [Disques & Livres]


Malgré le confinement, Juan Pablo Navarro vient de sortir un nouveau disque de tango en reprenant des classiques du compositeurs Juan Carlos Cobián (1896-1853), inséparable partenaire de création du poète Enrique Cadícamo (1900-1999).

Le disque porte le titre original d’un de leurs plus célèbres tangos : Los Dopados (les dopés, les drogués), devenu, à cause d’une censure imbécile, le plus sage Los Mareados (les écœurés, les nauséeux, les titubants).

Ce week-end, Página/12 a publié une interview du musicien.

Vous pouvez découvrir son travail sur sa page Facebook et l’œuvre de Cobián sur Todo Tango, l’encyclopédie du tango sur Internet.

Les livreurs ubérisés ont fait grève [Actu]

"Celui qui bouge et qui livre a la part la moins bonne"
Un gros titre très mundstockien !
C'était la une hier et, en haut, vous reconnaissez
la manchette en hommage à Marcos Munstock

Avant-hier, les livreurs à vélo se sont mis en grève dans plusieurs villes d’Argentine. Ces dernières années, leur condition s’est précarisée à cause de l’implantation des plateformes en ligne qui se sont emparés de l’intégralité du marché (1).

A Buenos Aires, ces travailleurs sans protection sociale et sans protection physique pendant cette épidémie se sont rassemblés au pied de l’Obélisque, un lieu emblématique qui les a rendus très voyants : ils se tenaient à quelques mètres du plus emblématique et du plus moche de tous les restaurants MacDo d’Argentine. Le plus insolent et le plus colonialiste aussi puisqu’il occupe l’emplacement d’un très ancien café, El Nacional, où le musicien et compositeur de tango Osvaldo Pugliese avait créé son mythique orchestre en 1939.

Malgré toute cette symbolique, seul Página/12 a parlé du mouvement. Le quotidien de gauche lui a même consacré sa une. Ces plateformes utilisent les services d’environ 160.000 coursiers payés au lance-pierre et exploités à fond pendant cette période de confinement pour des clients qui leur font livrer tout et n’importe quoi.

Cette grève a été organisée simultanément dans plusieurs pays du sous-continent.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 dont le journaliste a recueilli les témoignages de ces esclaves modernes.



(1) A noter qu’à Buenos Aires, le service de voiture avec chauffeur de Uber n’a pas pu s’implanter par la volonté des pouvoirs publics qui refusent de créer une concurrence déloyale aux taxis (dont les tarifs sont réglementés par les autorités politiques) et les remis, un système concurrentiel, privés mais lui aussi réglementé, avec des prestations sociales pour les salariés.

La droite hispanophone reprend du poil de la bête [Actu]

"L'âge de pierre" dit le gros titre
sur ce montage représentant les deux ex-moustachus
Macri à gauche et Aznar à droite
En haut : une opération de test covid-19 massif
dans un quartier du centre de Buenos Aires
et la prolongation du confinement probablement jusqu'au 10 mai

La pandémie donne des ailes à la droite dure en Espagne (gouvernée par une coalition de gauche) comme en Argentine (elle aussi gouvernée à gauche) avec l’aide de quelques politiques et intellectuels, tantôt ultra-libéraux tantôt catholico-réactionnaires, de plusieurs pays d’Amérique hispanique, dont l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature et candidat malheureux à la présidence de son pays il y a de cela de nombreuses années…

Parmi les signataires, la crème des anciens politiques conservateurs et réactionnaires, Aznar (Espagne), Macri (Argentine), Patricia Bullrich (Argentine), Uribe (Colombie). Le plus étonnant est de trouver dans cette liste de has-been l’actuel et tout nouveau président de l’Uruguay, Luis Lacalle Pou, qui a peut-être mieux à faire en ce moment… Ces 200 personnalités tirent à bout portant sur le danger que représenterait le populisme en ces temps de pandémie, le retour de l’État (comme si le marché concurrentiel était en mesure de lutter efficacement contre le danger qui menace le monde entier), plaident pour la reprise des activités économiques comme s’ils se mettaient dans la roue de Trump (heureusement, ils s’abstiennent de proposer des protocoles médicaux délirants) et tapent comme des sourds sur leurs sempiternelles bêtes noires, le Venezuela, Cuba et le Nicaragua, dont les régimes dirigistes et autoritaires sont à l’opposé des idéaux dont ils se réclament.

En plein milieu de la crise, ces revendications aigres et hargneuses, d’autant plus surprenantes que la majorité des pays concernés sont dominés par une majorité de droite, semblent quelque peu intempestives et sont d’autant plus indécentes que tous les pays du monde sont logés à la même enseigne et doivent adopter les mêmes mesures dès que le virus fauche ses victimes dans leur population, qu’ils soient gouvernés par des néolibéraux comme la Grande-Bretagne, la France, le Chili ou la Grèce, par des gouvernements se réclamant de la gauche comme l’Argentine ou l’Espagne, des gouvernements s’inscrivant au centre ou en vaste coalition gauche-droite, comme l’Italie ou la Belgique, ou enfin par des gouvernements non-démocratiques, comme la Chine et Singapour. Il faut dire aussi qu'en Argentine, Alberto Fernández bénéficie d'un haut niveau de popularité, selon les différents sondages récents.

Seuls Página/12 (très opposé à cette pétition) et La Prensa (nettement moins) évoquent le sujet ce matin. Serait-ce un indice de l’indifférence de la droite « raisonnable », puisqu’elle ne manque pas, par ailleurs, d’agressivité contre la majorité actuelle en Argentine.

Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa

Ajout du 26 avril 2020 :
Dessin de Paz et Rudy paru ce jour dans Página/12

Lui : Macri a signé un document qui critique "les gouvernements qui empêchent de travailler, de produire et qui manipule l'information"
Elle : Quelle autocritique courageuse !
(Traduction © Denise Anne Clavilier)