jeudi 29 août 2019

Et à la fin, l'Argentine renégocie sa dette [Actu]

Comme toujours, la une de Pagina/12 joue sur tous les registres
Le slogan : "Yes, we can".
C'est celui que criaient les macristes samedi dernier devant la Rosada
Le plongeur, c'est Mauricio Macri
Le fond, c'est la façade du ministère des Finances sur Plaza de Mayo

Après avoir beaucoup critiqué et méprisé la stratégie des Kirchner, mari et femme, qui avaient restructuré la dette argentine, le gouvernement de Mauricio Macri est contraint de passer par le même chemin. Le nouveau ministre des Finances, qui était jusqu'à la semaine dernière celui de la Province de Buenos Aires, a tenu hier une conférence de presse où il a annoncé que le gouvernement allongeait ses délais de remboursement de la dette intérieure et allait prendre langue avec le FMI pour étaler les remboursements des 44 milliards de dollars qu'il lui a empruntés depuis juin 2018.

Sous le gros titre sur la restructuration en cours;
la photo montre les manifestations monstres qui coupent la circulation
dans les noeuds routiers qui desservent l'entrée dans Buenos Aires
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Il faut croire que la « formidable » manifestation de soutien à Mauricio Macri, samedi dernier, dont la presse de droite a fait ses gros titres le lendemain n'a pas convaincu grand et surtout pas la commission du FMI qui se trouvait alors dans les murs de la Casa Rosada pour une visite « technique ».

La Prensa a choisi l'image de la conférence de presse d'hier
Le nouveau ministre est le second à partir de la gauche
Le gros titre reprend un néologisme qu'il a inventé pour l'occasion
(reperfilamiento : super-profilage)
"Superprofilage pour une noyade"
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La présidence sort donc sur une défaite complète : Mauricio Macri avait demandé en prenant ses fonctions qu'on juge son action à sa capacité à diminuer la pauvreté (elle augmenté d'environ un tiers) et affirmé que l'inflation était le symptôme d'un gouvernement qui ne savait pas gouverner (il a reçu un pays à environ 25% d'inflation annuelle, elle dépasse maintenant les 50%). Il n'y a pas grand-chose à ajouter.

Pour en savoir plus :

lundi 26 août 2019

Après les PASO, presse Pinochio [Actu]

Oh, c'est pas beau de mentir !!!! La vilaine presse dite hégémonique qui ment pour tenter l'impossible et faire gagner son candidat, le président sortant, qui vient de se prendre un très sérieux coup de semonce il y a quinze jours lorsque l'électorat a mis en tête devant lui le candidat péroniste, avec 15 bons points d'avance.

"Un 24 août incontestable", clame La Prensa,
sur une photo qui dit l'inverse : elle montre le président au balcon
au lieu de montrer la supposée énorme foule en bas
La photo est prise en pleine nuit et semble être prise de jour !!!

Samedi dernier, un acteur et un réalisateur de droite s'étaient ligués pour appeler à des manifestations de soutien au président avec des arguments ahurissants : sauver la République, sauver la démocratie et bien sûr empêcher Cristina [Kirchner] de revenir au pouvoir. Hier donc quelques milliers de personnes (moins de 10.000 à coup sûr) se sont rassemblés à l'Obélisque de Buenos Aires pour marcher vers la Plaza de Mayo. Ce fut du même ordre dans les capitales provinciales, en proportion de leur population. Pendant ce temps-là, les ministres compétents s'entretenaient, à la Casa Rosada, avec la commission du FMI en visite d'inspection sur le plan de remboursement des prêts accordés tandis que le président se reposait, comme presque chaque week-end, dans l'une de ses résidences privées (c'est un homme qui consacre beaucoup de temps aux loisirs et aux vacances). Ces chiffres sont ridicules. Une manifestation à Buenos Aires se sont plusieurs centaines de personnes dans la rue. La Plaza de Mayo est pleine et déborde dans les rues et avenues adjacentes à commencer par la Avenida de Mayo. Cette démonstration de soutien est donc un échec, même s'il a rassemblé plus de personnes qu'il était prévisible, car on pouvait s'attendre à ne compter que quelques centaines de personnes.

Et dimanche matin, les trois journaux de droite d'envergure nationale, comme les chaînes de télévision (toutes de droite), la veille au soir, prétendaient que le soutien avait été massif. Les photos montrent le contraire mais comme la plupart des vues ont été faites de nuit, il est moins aisé de détecter la manipulation. Tous les Argentins qui n'ont jamais mis les pieds sur Plaza de Mayo peuvent se faire avoir.

Clarin est peut-être le plus honnête des trois :
il montre la foule en contrebas. Si on connaît bien Plaza de Mayo,
la faiblesse du public est manifeste.
Au-delà de l'obélisque blanc, au milieu de la place, il n'y a plus personne
Au premier plan, de dos, le président, encore en tenue de week-end, et Madame

Et pour couronner le tout, le président Mauricio Macri a fait de l'événement un meeting électoral : il est rentré avec sa femme à Buenos Aires, en hélicoptère (c'est un coût, tout ça), il a fait ouvrir les grilles qu'il a fait mettre sur Plaza de Mayo pour empêcher les manifestants d'offenser ses augustes oreilles en criant jusque sous ses fenêtres et il est venu saluer cette maigre foule comme une reine d'Angleterre au balcon de Buckingham Palace, avec Madame qui sautillait de joie à ses côtés... Pendant une demi-heure, en direct, sur la chaîne d'information en continu, la seule qui parle d'actualité le week-end. TN (chaîne de Clarin) n'a parlé de rien d'autre ce samedi soir. Même l'incendie de la forêt amazonienne, même le scandale d'une candidate surprise à voler dans un supermarché Coto du beau quartier de Palermo, ni la remise en cause par Macron et l'Europe de l'accord commercial avec le Mercosur n'ont retenu l'attention de la rédaction.

Gros mensonge en gros titre :
"Mobilisations massives pour soutenir le gouvernement"
et une photo qui ne permet pas de constater le mensonge

Pour aller plus loin :
lire l'article de Pagina/12 (où le journaliste raconte les scènes vécues tout au long du cortège et souvent assez peu supportables)

Mi proxima charla se brindara en Villa Mercedes (San Luis)


El miércoles 28 de agosto del 2019 a las 19:45, brindaré una charla sobre el Paris en el que vivio San Martin en el 1843. Este mismo año, el 15 de septiembre, Alberdi lo conocio y nos dejo una semblanza del heroe de los Andes... Vamos a encontrarnos en la Alianza Francesa de Villa Mercedes (San Luis), Balcarce 445.

Charla en castellano.

Entrada libre y gratuita.

samedi 17 août 2019

Quelques bouées de sauvetage lancées aux naufragés [Actu]

Le gros titre parle de lui-même sans traduction
En haut à droite, citation du candidat de l'opposition :
"L'accord n'a pas été respecté"
En haut, à gauche : "Colère et méfiance"

Jeudi dernier, un peu avant 19h, juste avant les premiers journaux audiovisuels, d'un seul coup, le président Mauricio Macri est apparu sur les réseaux sociaux pour lancer un discours de moins de deux minutes, où il est apparu un peu raide et les traits marqués pour annoncer, comme une décision très courageuse, une exemption de TVA sur une douzaine de produits alimentaires de première nécessité, dont certains supportent le taux le plus élevé : 21% sur la farine, par exemple.

"On supprime la TVA sur les aliments, on gèle les mensualités de prêt
et il y a du remaniement gouvernemental dans l'air"
Sur la photo, Macri baise la main de la gouverneure de Buenos Aires
qui a subi la plus grosse gifle électorale de toute l'opposition dimanche
Ce baise-main est photographié au cours d'une réunion de la majorité,
une réunion pour remobiliser les troupes et bizarrement tout était public
ce qui a permis de voir clairement tout le travail de démagogie en cours !

Cette mesure, en effet spectaculaire, touche la farine, la polenta, les pâtes sèches (les Argentins consomment en fait beaucoup de pâtes fraîches, le choix de pâtes sèches est donc assez réduit dans les épiceries comme dans les super et hypermarchés), le riz (produit sur le territoire national), la yerba mate, le mate cocido et le thé (lui aussi national... et pas très bon, mais on en trouve peu d'autres provenances plus traditionnelles), les conserves de fruits, de légumes et de légumineuses, les fruits et légumes frais, le pain, l'huile de tournesol (l'huile d'olive est considérée comme un produit de luxe) et le sucre. Cette annonce venait en complément d'autres mesures de soutien à la consommation avec injonction d'argent public ou sous forme d'avoirs fiscaux présentées dès mercredi et qui constituaient déjà une sérieuse entorse aux engagements officiels envers le FMI qui exige de l'Argentine une politique de rigueur qui interdit précisément la relance par la consommation populaire. Avec le FMI, un gouvernement doit punir les pauvres d'être pauvres (après tout, c'est leur faute), il doit leur faire tout payer au prix fort, y compris la santé et l'éducation, par la casse systématique des services publics. Ce qui a assez bien réussi en Argentine : le pays est tout désarticulé et dimanche, la population s'est révoltée et elle a glissé dans l'urne les bulletins de l'opposition.

De toute évidence, ce train de mesure, annoncé en deux fois, par le président est une tentative de réponse, dans l'urgence, sans beaucoup de réflexion en aval ni à long terme. Curieusement, elles reprennent de vieilles recettes, notamment péronistes et de gauche, que Mauricio Macri a toujours vouées aux gémonies (d'où la une de Pagina/12 hier, qui s'est bien amusé avec ce montage). Celles concernant la TVA sont une vraie esbroufe. Elles devaient entrer en vigueur dès le lendemain de l'annonce. Bien entendu, il n'en fut rien. Au mieux, on espère en voir l'effet à compter de dimanche, ou peut-être seulement lundi. Mais comme c'est un jour férié, ce sera peut-être mardi. Ou jamais. Allez savoir ! Car les artisans boulangers continueront à acheter leur farine avec TVA de 21% et seront obligés à répercuter cette partie du coût sur leurs prix de vente au détail s'ils veulent que leur maison survive, puisqu'ils ne pourront plus récupérer cette TVA sur le pain (ils pourront continuer sur tout le reste, en particulier les viennoiseries, qu'on achète ici beaucoup plus souvent qu'en France et par douzaine). Les grands acteurs de la distribution, Carrefour, Coto, Dia et autres Disco, maintiendront sans doute leurs prix actuels et garderont la marge pour arrondir leur chiffre d'affaires. Les petits supermarchés indépendants de quartier, qu'on appelle les chinos parce qu'ils sont tenus par des Asiatiques (Chine, Vietnam, Cambodge, Laos), auront peut-être l'honnêteté d'appliquer l'exemption pour que leurs clients s'approvisionnent chez eux de préférence aux grandes enseignes. Quoi qu'il en soit, l'Etat ne pourra rien contrôler, contrairement à ce que le président a promis avant-hier, car il ne dispose pas d'assez d'agents pour effectuer le travail sur les dizaines de milliers de points de vente qui existent dans ce pays qui couvre près que quatre fois le territoire de la France métropolitaine. Quant aux consommateurs, ils ne disposent d'aucune information sur les prix hors taxes (rien n'apparaît sur le ticket de caisse) et comme les prix n'ont pas cessé d'augmenter depuis plus d'un an à un rythme effréné, ils n'ont plus aucun repère pour savoir à combien était quoi samedi dernier, niveau de prix auquel sont censés revenir les produits exemptés de TVA.

"Ici [au supermarché], ce ne sont pas les paroles qui comptent"
La Prensa est le journal de l'oligarchie catholique réactionnaire
La perspective d'un gouvernement de gauche n'enchante pas la direction du titre

Pire encore : le candidat péroniste arrivé en tête des pré-élections de dimanche, Alberto Fernandez, a révélé le pot-aux-roses. Mauricio Macri a joué les pères Noël avec l'argent des provinces car ce sont aux entités fédérées et non à l'Etat central que revient la recette de la TVA.

Nouvelle preuve que le président a concocté dans l'urgence des mesures dont personne dans son équipe de gouvernement, comme il la désigne, n'a pris la peine d'étudier la faisabilité ni les conséquences.

La semaine prochaine, arrive une commission technique du FMI qui vient dispenser ses bons conseils de bonne gestion et taper sur les doigts d'un pays souverain qu'il tient en tutelle. C'est le ministre de l'Economie qui se chargera de l'accueillir. Un de ceux dont le Fonds monétaire a fait ou laissé fuiter peu avant les élections qu'il était parfaitement incompétent. L'homme serait démissionnaire depuis lundi mais le président refuserait de le laisser partir. Le ministre ne serait donc pas dénué du sens de l'honneur, quel qu'en soit le niveau.

Fuite en avant d'un chef d'Etat qui semble avoir perdu toute lucidité sur la réalité de son pays, qui croyait à sa réélection jusque très tard, dimanche soir, et met, aujourd'hui encore, celle-ci au-dessus de son devoir envers le pays qu'il est censé servir mais dont il est à craindre qu'il se serve.

Pour en savoir plus :
lire l'article de Clarin, qui rapporte aussi les critiques qu'une thuriféraire de Macri adresse à celui-ci (il s'agit d'une dame qui anime des œuvres de bienfaisance bien pensantes et très à droite)

vendredi 16 août 2019

Fête de l'Huma à la rentrée [ici]


Au milieu d'un agenda argentin particulièrement secoué, à cause de la crise, de la situation politique et du froid persistant qui règne sur Buenos Aires depuis le jour de mon arrivée il y a une semaine, me voici en pensée rentrée déjà à Paris : le samedi 14 septembre 2019, je dédicacerai mes ouvrages sur la culture populaire de l'Argentine sur le stand des Editions du Jasmin, au Village du Livre, de la Fête de l'Humanité, qui se tiendra cette année encore au Parc départemental Georges Valbon de La Courneuve en Seine-Saint-Denis.

J'y serai le samedi 14 toute la journée.

Comme d'habitude sur un salon, j'apporterai le mate avec de la yerba mate authentiquement argentine, rapportée en France de toute fraîche date, en provenance directe du pays de San Martin.

L'entrée au Village du Livre est gratuite mais pas celle à la Fête (25 euros). La vente des billets d'entrée est ouverte sur le site Internet de la manifestation.

jeudi 15 août 2019

L'humour de Rep ce matin : vachard ou revanchard ? [Actu

Ce matin, la vignette de Miguel Rep, dans Página/12, renvoie à la défaite pré-électorale de Mauricio Macri et au sort judiciaire que celui-ci aurait aimé réserver à sa prédécesseure, Cristina Kirchner, actuellement poursuivie pour des faits de corruption dont les preuves sont encore faiblement constituées en ce qui la concerne personnellement. Le même sort qui est fait ou guette tous les mandataires de gauche dans les pays dont la majorité est passée à droite : Lula au Brésil, emprisonné effectivement au terme d'un procès douteux sous Michel Temer (et c'est pire sous Bolsonaro), Correa en Equateur (mais il s'est installé en Belgique puisqu'il a épousé une ressortissante du Plat Pays), Michèle Bachelet au Chili (protégée par son poste à la tête de la commission des droits de l'Homme à l'ONU), etc.

Comme à son habitude, Rep codifie son dessin et utilise le jeu de mots.

Le "Birrey" (à la fois vice-roi et deux fois roi ou roi au carré) est le personnage caricatural qu'il avait inventé au début du mandat de Mauricio Macri pour le représenter. Il semblait l'avoir presque abandonné depuis un bon moment et il le ressort maintenant.
Il a un visage jaune, la couleur de son parti, le PRO. Un grand nez comme Pinocchio, parce qu'il raconte en permanence des bobards. Un sourire carnassier, parce que c'est à l'origine un homme d'affaires, ou plutôt le fils d'un homme d'affaires qui avait davantage de considération pour ses comptes en banque, dont certains dans des paradis fiscaux, que pour le bien public.
Et « président », il risque le bagne (presidio)...
Après, ça vous amuse ou non, c'est selon votre goût.


Le Biroi. Cochez l'option de votre choix.
Président. Ex-président. Prisonnier. Ex-prisonnier.
Traduction © Denise Anne Clavilier

Grabación de una nota de próxima difusión en linea [Chronique d'Argentine]

Esta tarde (hora argentina), grabo una nota en castellano, producida y conducida por Nolo Correa, en Hablando de Arte. Esta se difundirá por canales Internet y los avisaré a tiempo.

Cette après-midi, j'enregistre une interview en espagnol, dans une émission produite et animée par Nolo Correa, Hablando de Arte, à laquelle j'ai déjà été deux fois invitée. Elle sera diffusée par la suite sur Internet à partir du samedi 23 août 2019.

mercredi 14 août 2019

Retournement(s) de veste [Actu]



Depuis lundi et la prise de conscience progressive du désastre électoral au sein de la majorité sortante, on assiste à des reniements qui ne manquent pas de sel.
Cela commence par certains éditorialistes de droite, de ceux qui parlent de tout sans compétences particulières mais qui sont salués partout comme de grands intellectuels qu'ils ne sont pas vraiment : jusqu'à dimanche soir, ils étaient tous derrière Mauricio Macri. C'est assez étrange de les voir depuis lundi critiquer ce qu'il dit et ce qu'il fait. Il est vrai aussi qu'il se montre sous un jour peu reluisant, qu'il semble manquer singulièrement de lucidité (c'est à faire peur) et qu'il est resté muet et comme paralysé devant la situation qu'il a déclenchée au point que les marchés et les faiseurs d'opinion économique internationaux l'ont lâché les uns après les autres en quarante-huit heures, eux qui lui faisaient les yeux doux jusqu'à présent (1).

Se détache aussi de lui son principal allié, le gouverneur de la province de Mendoza, le chef du parti radical, qui a longtemps soutenu l'alliance électorale, en partie contre son propre camp, et qui vient de se voir doubler de quelques points par l'opposition dans sa province qu'il croyait acquise.


Enfin, les juges fédéraux qui depuis quatre ans poursuivent, parfois sans preuve véritablement constituée, Cristina Kirchner et ses anciens ministres, craignent un retour de bâton lorsqu'elle accédera, comme c'est probable, au perchoir du Sénat en décembre. Il va devenir fort intéressant de suivre le déroulement des prochaines audiences du procès qui lui ait actuellement fait pour des malversations et des opérations d'enrichissement illégal.
Beaucoup de jeunes juges fédéraux ont été formés à l'université de Buenos Aires (UBA) par Alberto Fernandez qui y enseigne encore à ce jour le droit pénal.


Bref, c'est le concours des faux-jetons auquel on assiste aussi en Europe et aux Etats-Unis. Pauvres de nous qui avons désormais cette pseudo-élite intellectuelle et professionnelles qui capte toute la lumière pour elle et empêche de venir au jour des gens plus méritants et surtout plus courageux...

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nacion sur les éditorialistes de droite en colère
lire l'article de La Nacion sur le gouverneur Cornejo et ses manœuvres électorales
lire l'article de La Nacion sur les juges fédéraux.

Ajout du 17 août 2019 :
lire cet article de Pagina/12 sur le changement de discours sur Mauricio Macri sur les différentes chaînes de télévision TNT (toutes sont aux mains du patronat financier du pays ou du continent)
lire cet autre article du même quotidien sur l'arrivée sur TN (chaîne d'info en continu du groupe Clarin) des ennuis judiciaires du président, jusque là superbement ignorés au profit d'une exploitation à fond des ennuis de Cristina et son camp.



(1) Ce matin, mercredi, Macri a fait diffuser un discours enregistré qui ressemblait furieusement à celui de Macron pendant la crise des Gilets Jaunes : feinte repentance (en tout qui sonne faux) pour tout le mépris qu'il a déversé sur les électeurs de l'opposition, lundi, lors d'une conférence de presse très mal préparée, et la catastrophe à laquelle il a mené le pays et annonce d'une série de mesures largement insuffisantes ou à côté de la plaque, comme autant de cautères sur une jambe de bois.

Une défaite révélatrice [Actu]


L'ancien ministre de la Culture, aujourd'hui secrétaire d'Etat au même portefeuille, vient de donner une interview où il a montré à un niveau inouï l'ampleur de son cynisme : il a estimé que son secteur de responsabilité était accessoire dans un Etat (la culture, accessoire) et il a revendiqué son courage puisqu'au début du mandat, il a licencié 1600 personnes dont les postes ont disparu dans le secteur public de la culture (musées, bibliothèques, archives, théâtres, etc.).

Et il en est fier, Pablo Avelluto.

Cela a le mérite de mettre en lumière la conception détestable que ce gouvernement se fait de la culture. Tout le monde pouvait le deviner en analysant la politique qu'ils ont mené presque depuis le début mais enfin, le discours était à l'opposé. La culture, ils l'aimaient tous tendrement... Maintenant, on sait qu'ils s'en fichent comme de leur premier mouchoir. Pourvu qu'ils dégagent dès le mois d'octobre. En décembre, la culture argentine (les artistes, les musées, les théâtres, le secteur du livre) pourra à nouveau respirer !

Pour en savoir plus :
lire l'article de Pagina/12

Ajout du 14 août 2019 :
lire cet article de Pagina/12

lundi 12 août 2019

Bientôt de retour à Florencio Varela [Chroniques d'Argentine]

Le mardi 20 août 2019, je passerai une nouvelle journée au Colegio Don José de San Martin, un groupe scolaire privé de Florencio Varela, une petite ville de la banlieue populaire au sud de Buenos Aires.


Il y a quelques années, élèves et professeurs m'avaient déjà reçue avec cette banderole qui m'avait profondément émue et qui m'émeut toujours. J'avais passé ainsi ma première journée de spécialiste de San Martin en milieu scolaire avec les petits et les grands.

Comme il y a quatre ans, la visite se tient au cours de la journée où les élèves rendront hommage au Père de la Patrie, le général libérateur continental dont leur établissement porte (fièrement) le nom (démilitarisé). J'y donnerai une conférence sur le séjour de San Martin en France entre 1831 et 1850, lorsqu'il mourut à Boulogne-sur-Mer, le 17 août, dans une maison devenue un musée argentin sur le sol français. J'aurai aussi l'honneur de lancer la cérémonie à proprement parler où les enfants tiendront leur rôle d'apprentis-citoyens en présence de leurs parents.

C'est pas la joie du côté de la Révolution du même nom : raclée électorale pour la majorité sortante ! [Actu]

"Le péronisme dans toute sa splendeur" (en haut)
"Débâcle" (en bas.Vous n'aviez pas besoin de traduction)
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En arrivant au pouvoir il y a presque quatre ans, Mauricio Macri, mettant en route ce qu'il appelait la "révolution de la joie", avait demandé qu'on ne le juge que sur ses performances économiques : il promettait la pauvreté zéro, du travail digne pour tous les Argentins, la prospérité du pays grâce à sa politique ultra-libérale et à la déréglementation sociale, qui a démembré la majeure partie des protections dont pouvaient jouir les habitants de ce pays. Le président a tout raté : le nombre de pauvres et d'indigents a augmenté de telle manière qu'hier soir, même les économistes orthodoxes et les politologues de droite avouaient à la télévision que les électeurs qui avaient voté pour Macri ne pouvaient l'avoir fait que "malgré la situation économique" et pour d'autres motifs. Le nombre de chômeurs est monté. Le nombre de salariés qui cumulent à nouveau plusieurs emplois pour survivre a fait de même. La couverture sanitaire a chuté. Il y a des explosions mortelles dans des écoles publiques. Un nombre faramineux d'entreprises a mis la clé sous la porte.

"A bon entendeur, salut", clame le gros titre du journal de gauche
Les deux hommes sont les grands vainqueurs de la soirée,
les probables futurs président (moustache)
et gouverneur bonaerense (visage poupon à côté)

Hier, le président a donc été exaucé : il vient de prendre la raclée du siècle lors des PASO, les primaires qui jouent le rôle d'un avant-premier tour et dessinent le paysage politique qui sera celui du premier tour en octobre. Une bonne quinzaine de points sépare le président de son principal opposant, qui a recueilli hier un pourcentage de voix suffisant pour être élu au premier tour au printemps. Les résultats étaient si frappants et si inattendus que le gouvernement a retardé de plus d'une heure l'annonce des premiers résultats officiels. La justice, qui surveille le processus électoral de A à Z, avait exigé qu'on n'annonce rien avant que 10% des bureaux de vote ne soient dépouillés. Ce qui devait intervenir vers 21 h. Et à 21h, le pays, les journalistes sur les plateaux télé, dans les rédactions, dans les studios de radio ont retenu leur souffle. Et rien n'est arrivé. Aucune explication. Puis on a annoncé qu'on attendrait que 15% des bureaux soient dépouillés. Et les gens de droite qui assuraient en début de soirée que les 4 à 6 points de différence connus à la sortie des bureaux de vote allaient se réduire au fil de la nuit ont soudain perdu leur voix. Le temps a passé : 21h15. Rien. 21h30. Rien. A tel point qu'à 22h, une chaîne a lâché le direct pour passer à un programme de variété d'une vulgarité sans nom (de la télé Berlusconi). Et enfin, vers 22h10, on a vu paraître la brochette des caciques de la majorité, président en tête et voix blanche. Des têtes de 10 pieds de long. Mais cela faisait longtemps qu'on avait compris que Alberto Fernandez était arrivé largement en tête.

A tel point qu'il est considéré comme déjà élu ou peu s'en faut. Le gouvernement a même dû démentir des rumeurs de transition entre majorité sortante et entrante !

Dans la province de Buenos Aires qui rassemble environ un quart de la population totale du pays, les résultats sont encore plus contrastés : le candidat gouverneur frôle la majorité absolue et la gouverneure sortante a déjà perdu tout espoir de rempiler. Très mauvaise joueuse, elle refuse de comprendre le message qui a été envoyé par l'électorat, elle promet de "continuer à travailler en en faisant plus" alors que le peuple vient de dire qu'il voulait non pas plus de la même chose mais tout autre chose. Elle aussi a multiplié les erreurs graves, l'une qui lui revient le plus dans la figure ce matin est d'avoir dit qu'il y avait trop d'universités dans sa province puisque les pauvres ne faisaient jamais d'études supérieures. On dirait Macron et ses gares où il voit des gens qui ont réussi et des gens qui ne sont rien. Et bien en Argentine, il n'y a pas de gilets jaunes mais il y a des électeurs et qui ne s'en laissent pas compter trop longtemps.

"L'incontestable triomphe de Alberto F.
le place à deux pas de la présidence"
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On s'attend d'ici à la fin de la semaine (1) à un remaniement de gouvernement pour les quelques mois qui restent à courir jusqu'au 10 décembre. Il semble impossible que Macri remonte son retard. Il a déjà fait le plein de ses électeurs. Il y avait 75% de participation, ce qui est très élevé pour des élections primaires. Pourtant, KO debout hier, le président tient dans sa conférence de presse de la fin d'après-midi un discours de reconquête de l'électorat dont le ton semble avouer qu'il n'y croit guère mais il faut bien continuer à travailler et à faire semblant de maîtriser la situation qui lui échappe : le dollar, hier à 47 pesos, a sauté à 60 en quelques minutes ce matin. Un discours autiste comme c'est le cas de la gouverneure de Buenos Aires et comme c'était aussi le cas de beaucoup de péronistes défaits en 2015. (2)
"Un triomphe qui écrase tout place Fernandez
aux portes du pouvoir"

Tous les journaux consacrent une partie majoritaire de leur édition à gauche la divine surprise de la victoire et à droite à la catastrophe de la défaite qui met le kirchnerisme aux portes du pouvoir comme si l'on parlait des chars soviétiques !

Pour en savoir plus :
lire l'article de Clarin sur la fête au QG deAlberto Fernandez (en Argentine, on parle de bunker)
lire l'article d'analyse politique de La Nacion où un journaliste macriste déplore l'attitude arrogante et imbécile de plusieurs ministres de l'actuel gouvernement (un article qui n'est pas sans rappeler bien des traits de la situation française).



(1) Ce sera un long week-end. Le 19 août est un jour férié en l'honneur de San Martin dont l'anniversaire du décès, le 17 août, est devenu une fête mobile pour créer un long week-end qui permette de développer le tourisme intérieur.
(2) En revanche, en conférence de presse, les journalistes, y compris de droite, se montrent incisifs dans leurs questions tant aujourd'hui qu'hier. Ils semblent avoir fait des progrès dans l'exercice démocratique de leur métier tandis que les blablateurs de plateau de soirée électorale étaient peu inspirés hier soir.

lundi 5 août 2019

Festival de Tango édition 2019 [à l’affiche]


Le festival de tango de Buenos Aires ouvre ses portes jeudi 8 août 2019 avec une comédie musicale autour du dernier tour de chant de Carlos Gardel à Buenos Aires, au Teatro 25 de Mayo, à Villa Urquiza, qui fête cette année ses 90 ans.

Autre thème qui animera cette nouvelle édition : les 50 ans de Balada para un loco, de Piazzolla et Ferrer (1), tous deux décédés.

Comme d’habitude, le Mundial de Tango, championnat international de danse, a lieu en même temps. Il y aura comme toujours des concerts, des cours, des conférences et des pratiques de danse.

Nouveauté : on retire désormais ses places (gratuites) en ligne.


Pour en savoir plus :



(1) Ce célèbre tango de 1969 fait partie du corpus que j’ai présenté dans les deux langues dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, aux Editions du Jasmin.

La dernière séance à Buenos Aires [Actu]


Le cinéma BAMA Cine Arte, une célèbre salle d’art et d’essai de Buenos Aires, a fermé ses portes la semaine dernière : les propriétaires n’ont pas pu renouveler le bail, dont le loyer a subi des trop fortes hausses.

C’est la deuxième institution culturelle qui subit ce triste sort pour cette raison. La librairie-restaurant et salle de concert Clásica y Moderna a aussi fermé ses portes l’année dernière sans que la municipalité fasse un geste pour remédier à cette situation folle.

Hier, Página/12 consacrait plusieurs articles à rendre hommage à cette salle qui a permis aux portègnes d’accéder en particulier au cinéma européen.

Pour aller plus loin :
lire le témoignage de Litto Nebbia, un musicien et chanteur passionné de cinéma, dans le même quotidien.

Ce soir, honneur à Juan José Mosalini [à l'affiche]


Ce soir, lundi 5 août 2019, à 19h30, la Academia Nacional del Tango reçoit Juan José Mosalini, qui vit à Paris, et lui remet le Gobbi de Oro, la récompense maison. 1er plenario du mois, juste avant l'ouverture du Festival de Tango de Buenos Aires.

Entrée libre et gratuite.