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samedi 28 juin 2025

La Empoderada à la Ciudad Cultural Konex ce soir [à l’affiche]

Ce soir, samedi 28 juin 2025, à la Ciudad Cultural Konex, un complexe militant à Buenos Aires, l’ensemble féminin tanguero la orquesta atípica La Empoderada se produira pour présenter un nouveau spectacle, intitulé Manifiesta.

Le placement est libre, sans numérotation mais en deux catégories de prix : 13 000 et 18 000 pesos argentins.

Le tango reste dominé par les hommes dans le domaine de la composition et des instruments. La mixité est plus visible dans le chant et les ensembles féminins se font de plus en plus nombreux mais restent une exception.

Il faut donc découvrir la musique de La Empoderada (celle qui peut) en allant visiter leur site et leur chaîne You Tube.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12

vendredi 20 juin 2025

Las 12 célèbre Cristina [Disques & Livres]

"Du haut du balcon", dit le gros titre
"Est-ce le début de la grosse résistance au gouvernement de Mileí ?"
interroge le sous-titre
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Le supplément que Página/12 consacre toutes les semaines aux enjeux de l’émancipation des femmes, Las 12, est consacré cette semaine à soutenir Cristina Fernández de Kirchner (CFK pour ses partisans), qui a fait la démonstration de sa popularité intacte parmi les Argentins, y compris au-delà des frontières du pays.

"Cristina Kirchner est déjà sous le contrôle
d'un bracelet électronique mais elle peut sortir
sur son balcon", dit le gros titre
sur cette photo qui date d'hier
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Dans cette semaine encadrée par deux jours fériés, pour célébrer la mémoire de deux héros de la guerre d’indépendance, qui se sont distingués par une multitude d’exploits et de surcroît par la présence à leurs côtés de femmes exceptionnelles, le général Güemes, le 16 juin, au jour anniversaire de son assassinat à Salta par un traître vendu à la cause coloniale, et le général Belgrano, aujourd’hui même, à la date anniversaire de son décès à Buenos Aires des suites d’une maladie dont on ne connaît pas la nature exacte, la gigantesque manifestation qui s’est tenue mercredi a donné ses fruits : le juge d’application des peines a fait marche arrière !!!

Clarín titre à peu près la même chose mais sans photo
En revanche, il est bie question de photo en-dessous
Un gouverneur était en train de faire un selfie avec un groupe
quand une personne lui a dérobé son portable.
L'insécurité règne décidément en Argentine
C'est sans doute la faute à Cristina !
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Cristina est désormais autorisée à utiliser son balcon autant qu’elle le veut, dans la mesure où ses « apparitions ne troubleront pas la tranquillité du quartier », ce qui est laissé à son appréciation, à sa bonne foi et à son bon sens. Or la presse de droite avait, il y a plusieurs jours, commencé à publier des articles laissant entendre que les habitants du coin se plaignaient déjà de toutes ces manifestations de soutien et réclamaient qu’on respecte leur « repos ». Ce à quoi Página/12 répond ce matin, en pied-de-nez, par un billet de dernière page où un habitant du quartier dit exactement l’inverse :

Vecino

Tomé la decisión de empezar a sacar esas fotos y a subirlas como un impulso de dejar una huella trascendental por lo que estaba pasando, porque es realmente impresionante”, dijo a La 750 el @vecinodecristina quien, reservando su identidad, armó un registro cotidiano en la redes de la movida en San José 1111. “Es un evento histórico que mis hijos van a estudiar en la secundaria, y está pasando en la puerta de mi casa, así que yo lo estoy tomando como un privilegio, como una oportunidad que pasó. Salgo a la puerta de mi casa y está sucediendo la historia”, comentó.


Habitant du quartier

J’ai pris la décision de commencer à prendre ces photos et de les mettre en ligne comme une envie de laisser une trace essentielle de ce qui est en train de se passer, parce que c’est réellement impressionnant, dit sur La 750 le @voisindecristina qui, en gardant l’anonymat, a mis en place un enregistrement au jour le jour sur les réseaux de ce qui bouge au 1111 rue San José [adresse de Cristina]. C’est un événement historique que mes enfants étudieront au lycée et ça se passe à la porte de chez moi. Alors je prends ça comme un privilège, comme une opportunité à ma portée. Je sors sur le pas de ma porte et l’histoire est en train de se faire, a-t-il commenté.
(© Traduction Denise Anne Clavilier)


Comme le magistrat recule et assouplit les conditions de vie de Cristina pour les six ans à venir, une députée du PRO (parti de la droite libérale que mène encore l’ancien président Mauricio Macri mais peut-être plus pour très longtemps) vient de déposer une proposition de loi qui assimile les délits de corruption aux crimes contre l’humanité, ceci afin qu’ils soient imprescriptibles et que laisser Cristina en résidence surveillée, comme le fait le juge d’application des peines, devienne suspect. Il faut la mettre à l’ombre, cette femme dangereuse, n’est-ce pas ?

Et pendant ce temps-là, une partie de cette même droite fait tout ce qu’elle peut pour élargir les vrais criminels condamnés au terme de procès équitables et au titre des crimes contre l’humanité qu’ils ont commis sous la dictature militaire, ces sbires du régime de Videla qui ont écopé de la perpétuité et dont certains purgent encore leur peine derrière les barreaux.

Tout cela démontre assez clairement l’intention politique qui se cachait derrière la condamnation et sa lourdeur et met en lumière le poids politique que conserve l’ancienne mandataire dans la vie du pays. Et tout se passe comme si la droite en avait vraiment très peur !

Au cri de "L'amie ! Balcon, balcon !"
Corazón (cœur) est une expression de tendresse et d'affection
(pas nécessairement amoureuse)
Cela se dit aux membres de la famille et aux amis très chers...
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Politiquement, son plan a échoué, même si ces gens ne peuvent ni ne veulent le reconnaître.

Lula a annoncé cette semaine son intention de rendre visite à Cristina dans la première semaine de juillet. Lula, le président de gauche, mis en prison sans aucune raison valable par la droite, et réhabilité par la justice, au Brésil, avant de retrouver l’ensemble de ses droits civiques et d’être réélu pour un troisième mandat !!!!

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Une de Las 12 sur la figure de Cristina Kirchner, martyre de la démocratie et de la lutte pour l’égalité femmes-hommes
lire le billet de dernière page de Página/12
lire l’article de Une de Página/12 sur l’assouplissement des conditions de résidence surveillée
lire l’article de Página/12 sur la présentation de cette proposition de loi délirante, qui révèle le peu de considération de cette élue pour le concept de crime contre l’humanité
lire l’article de La Prensa sur l’assouplissement des conditions de vie de Cristina
lire l’article de Clarín sur ce sujet
lire l’article de La Nación sur le sujet

vendredi 14 mars 2025

Le nez de Mileí s’allonge à l’ONU [Actu]

Page titre du rapport officiel
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L’Argentine a produit auprès d’une commission de l’ONU un rapport entièrement mensonger qui revendique comme propres les résultats des politiques liées aux questions de genre du gouvernement précédent, politiques que Javier Mileí a fait disparaître ou a mis sérieusement à mal en baissant considérablement les budgets qui leur étaient alloués avant lui.

Cette commission est consacrée à la condition juridique et sociale de la femme et commémore cette année le 30e anniversaire du 4e sommet mondial de la Femme qui s’était tenu à Beijing et avait accouché d’un plan d’action que l’Argentine avait adopté.

Les 104 pages de cet épais rapport détaillent entre autres les avancées du plan contre les grossesses adolescentes non désirées (qui a été abandonné par les pouvoirs publics), les résultats de la loi Micaela (qui contraint l’État à lutter contre les violences machistes et qui n’est plus mise en œuvre), les programmes d’enseignement sur la sexualité (qui ont été écartés du paysage scolaire), etc.

Pour faire bon poids, la délégation argentine qui présente ce rapport cynique dans le cadre de l’ONU est présidée par une avocate anti-féministe qui n’en est pas à sa première imposture. Elle a déjà fait semblant de soutenir les positions féministes pour obtenir un poste dans la magistrature en 2023 alors qu’elle est une des artisanes les plus farouches de la politique machiste et climato-sceptique de Mileí.

Les syndicats et de nombreuses associations des droits de l’homme ainsi que plusieurs organisations de santé publique et de sport ont réagi lorsqu’elles ont eu vent du rapport officiel : elles ont rédigé conjointement un document bis pour décrire par le menu la réalité de la vie en Argentine sous Mileí. Ce rapport officieux a été présenté à la presse et à une représentation diplomatique de pays qui s’inquiètent de l’évolution des choses en Argentine. Parmi ces pays, la France, l’Allemagne, le Brésil et l’Inde.

Seul Página/12 s’intéresse à la question ce matin. C’est pourtant assez extravagant de la part d’un gouvernement qui ne fait pas mystère de son sa volonté de revenir en arrière sur tous les droits acquis depuis une trentaine d’années. Qui s’en vante même ! D’un seul coup, voilà ce gouvernement bravache qui n’assume plus rien de ses positions.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12

vendredi 28 février 2025

La discrimination s’ajoute au tableau [Actu]

En photo : Mileí et le directeur de la ANDIS
Au-dessus : la prestation de serment
du premier des deux magistrats intégrés à la Cour suprême
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Hier, le gouvernement a fièrement annoncé sur les réseaux sociaux la publication d’un nouveau décret concernant les handicapés mentaux qui allaient désormais être classés en quatre catégories pour la répartition des aides que Mileí a délibérément baissées.

Les quatre catégories correspondent à des concepts en vogue il y a cent ans mais complètement dépassés depuis plus d’un demi-siècle : idiot, imbécile, retardé et débile mental.

Cela a provoqué un tel scandale que le gouvernement a aussitôt fait machine arrière, prétextant une erreur dans la précipitation de la part d’une personne subalterne qui a aussitôt été révoquée. Une lampiste.

Le directeur de l’agence en charge des handicapés (ANDIS) n’a aucune compétence dans le domaine, il n’a aucune expérience administrative. Il n’a jamais travaillé dans un service de l’État. C’est un avocat. Comme il a défendu les intérêts de Mileí avant son élection, c’est un homme qui lui est loyal et qui jouit à ce titre de toute sa confiance. D’où sa nomination à ce poste délicat où il se comporte comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Cette nomenclature antédiluvienne dont suinte un mépris qui n’est plus supportable pour l’opinion publique d’un pays comme l’Argentine, où le taux d’éducation est très élevé et la culture psychologique très développée, a tellement choqué que pour une fois, toute la presse se fait écho du problème, alors que la presse de droite ne prête d’ordinaire qu’une attention distraite à ces questions.

C'est l'inverse : l'info sur la Cour
a droit à la photo centrale
Les handicapés se retrouvent dans le titre
secondaire tout en bas
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Ce n’est pas la première fois que Mileí et sa clique s’en prennent aux handicapés en Argentine. De nombreux outils publics de soutien à cette population ont déjà disparu, pour laisser les intéressés et leurs familles se débrouiller tout seuls, ce dont il n’est pas sorcier d’imaginer que cela n’est possible dans aucun pays, quel que soit son degré de développement, quelle que soit la civilisation à laquelle il appartient.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación

mardi 18 février 2025

Alberto Fernández inculpé pour violences conjugales [Actu]

La Une porte sur l'interview accordée hier par le président
à un journaliste connu pour ses complaisances à son égard
et où il a tenté, en vain, de se déresponsabiliser
dans le scandale de la monnaie cryptée qu'il a promue
et qui a ruiné beaucoup de gens
L'affaire de Alberto Fernández fait l'objet d'un petit titre
tout en bas à gauche
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Étant donné l’actualité financière et pénale du président en fonction, l’affaire, qui avait occupé la une pendant plusieurs semaines d’affilée l’année dernière, ne donne plus que de maigres titres secondaires dans la presse argentine : le prédécesseur de gauche et ultra-féministe de Javier Mileí, Alberto Fernández, vient d’être formellement inculpé de coups et blessures volontaires et répétées sur son ex-compagne, Fabiola Yánez, qui a tenu le rôle de Première dame pendant les quatre ans du mandat de celui qui n’était pas son mari et qui vit aujourd’hui, avec leur fils de quatre ans, à Madrid, où il a interdiction de l’approcher.

C'est la Une où l'info est traitée de la manière la plus visible
Tout à en haut, à gauche, avec photo.
Le gros titre cite le président lors de son interview d'hier soir :
"J'ai voulu aider et je m'en suis pris plein la figure"
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Les faits tels que l’instruction les a reconstitués sont documentés depuis le début de la relation amoureuse entre les deux, donc bien avant la prise de fonction présidentielle.

L'affaire est traité à droite, à mi-hauteur
En photo, une rixe de livreurs d'appli
En haut, le gros titre :
"Mileí admet que le scandale crypto
a des conséquences politiques"
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Au regard de la gravité des faits dans le droit argentin toujours en vigueur, même si Mileí aimerait bien le réformer en faveur des hommes violents, façon législation de la Fédération de Russie, Fernández aurait pu être envoyé en prison préventive dès le prononcé de l’inculpation. Il a cependant été laissé en liberté avec la simple obligation de prévenir les autorités judiciaires lorsqu’il souhaitera voyager à l’étranger, une capacité qu’il avait perdue il y a quelques mois lorsque la justice lui avait confisqué son passeport. Le magistrat a motivé sa décision favorable par le fait que Fernández a toujours obtempéré à toutes les convocations de la justice depuis le début de l’affaire. Le prévenu est donc réputé fiable.

L'affaire est placée à droite, sous le titre
En face, les déclarations de Mileí
"Moi, je n'ai rien fait de mal. Ils savaient
les risques qu'ils prenaient"
En-dessous, la bagarre à moto
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Conservant son système de défense qui consiste à nier l’ensemble des faits et même à inverser la situation (il se dit victime de la violence de son ex-femme), Alberto Fernández a déclaré que son inculpation était motivée par le besoin du gouvernement actuel de détourner l’attention du scandale du cryptogate de ce week-end. Si c’est le cas, un coup d’œil sur les unes du jour vous prouvera que c’est raté ! Cette inculpation apparaît en fait comme la suite logique de l’instruction. On ne peut pas parler ici de « lawfare », cette détestable pratique qui consiste pour les gouvernements de droite d’Amérique latine à faire poursuivre par la justice leurs prédécesseurs de gauche, sous des prétextes variés et parfois cyniquement mensongers (dans le cas de Lula par exemple), afin de les écarter définitivement du pouvoir.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación

lundi 3 février 2025

Immense succès de la Marche fédérale de la Fierté anti-fasciste et anti-raciste de samedi [Act

"Une avalanche contre la haine", dit le gros titre
sur cette photo de la foule arrivant sur Plaza de Mayo
depuis la Diagonal Sur.
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Une manifestation contre les propos homophobes, misogynes et très violents envers toute pensée de gauche que le président Mileí avait prononcés à Davos en janvier s’est tenue dans toutes les grandes (et pas si grandes) villes d’Argentine samedi dernier, à l’appel des organisations LGTBQI+ et féministes auquel se sont joints les syndicats et des partis politiques de gauche ainsi que plusieurs évêques, dont celui de Buenos Aires et celui de Mendoza, effarés par la violence gratuite du chef de l’État contre une partie de ses concitoyens et les résultats sociaux de sa politique économique désastreuse.

"Antifascisme trompeur", dit le titre secondaire
sur cette photo de manifestants devant la Casa Rosada
qui se trouve tout au fond de la Plaza de Mayo
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La manifestation a rassemblé des citoyens de toute obédience qui a noyé les grands axes urbains des parcours un peu partout dans la pays. Elle a été particulièrement spectaculaire à Buenos Aires, à Rosario et à Córdoba, ainsi que dans plusieurs villes à l’étranger comme à Rome devant le Colisée ou Paris sur le parvis du Centre Beaubourg.

Clarín choisit de décaler les enjeux sur cette provocation
"Marche massive contre Mileí, avec l'appui des kirchneristes
et de la gauche", dit le gros titre
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Les photos font foi de ce succès. La presse de droite a cependant insisté sur le caractère homosexuel de la manifestation tandis que Página/12 met l’accent sur les enjeux politiques universels : la défense des droits de l’homme et de la liberté individuelle que l’État a le devoir constitutionnel de protéger alors qu’actuellement le gouvernement argentin s’efforce de les détruire.

"Et dans la rue, au coude à coude, nous sommes
beaucoup plus que deux" dit le gros titre
de l'édition de Página/12 à Rosario
En arrière-plan, on reconnaît l'emblématique
Monument au Drapeau, en souvenir de la création
du drapeau argentin par Manuel Belgrano en 1812
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Le président, très clairement désavoué, s’efforce depuis hier de faire croire que ses propos de Davos ont été détournés et que jamais il n’a insulté personne. Seuls les fanatiques peuvent y croire. Les propos sont disponibles sur Internet en format texte et vidéo.

Pas de gros titre sur la manifestation.
Seulement cette photo de la foule
au débouché de Avenida de Mayo sur Avenida del 9 de Julio
Le gros titre dit : "Le gouvernement n'est plus sûr
de supprimer le féminicide : [cette mesure] jouerait
en faveur de 300 condamnés"
C'est malin !
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Par ailleurs, le rapport des politiques de Vérité, de Justice et de Réparation de l’ONU rend publique son inquiétude sur la situation en Argentine sous le gouvernement Mileí-Villaruel, tous deux assez favorables à la réhabilitation de la dictature militaire des années 1970.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article d’aujourd’hui de Página/12
lire l’article de Página/12 sur les inquiétudes du rapporteur de l’ONU

vendredi 24 janvier 2025

A Davos, Mileí annonce la fin de nombreux droits dans son pays [Actu]

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Encouragé par les premières décisions de Trump (pourtant déjà retoquées par la justice fédérale américaine) et emporté dans ses propres délires, Mileí a prononcé hier à Davos un discours d’une rare violence contre tout ce qui ne correspond pas à ses convictions personnelles, donnant ainsi un exemple chimiquement pur d’une intolérance dictatoriale.

C’est ainsi qu’il a traité toute pensée de gauche de "cancer de l’humanité" qu’il fallait "éradiquer" (sic) et les couples homosexuels qui adoptent des enfants de "pédophiles" (re-sic), en s’appuyant sur un procès retentissant qui vient de s’achever en Georgie, aux États-Unis, contre deux bourreaux d’enfants homosexuels. C’est peu dire qu’il a surpris l’ensemble de la presse présente sur place !

Avec La Pensa, on est à l'extrême-droite catholique :
la rédaction a préféré titrer sur l'éventuel accord
le libre-échange avec les Etats-Unis
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Dans le flot du même discours, il a annoncé la fin prochaine de la catégorie pénale du féminicide (conçu comme un crime de « propriétaire » par un homme contre une femme) et de toutes les mesures de discrimination positive adoptées lors des mandats précédents pour faire progresser l’égalité professionnelle et économique entre femmes et hommes et pour intégrer les personnes LGBTQI+ dans la société, notamment dans les institutions publiques.

Ainsi donc l’Argentine ne délivrera plus de pièce d’identité non binaire. Le système de santé ne prendra plus en charge les protocoles psycho-médicaux de changement de sexe. Et bien entendu, il n’y aura plus aucun quota d’inclusion des intéressés parmi les salariés de l’État fédéral.

"Mileí a frappé très fort contre les politiques de
genre et s'en prend maintenant aux quotas", dit le titre
à mi-hauteur, à gauche
Quant à la photo, elle est réservée au film Emilie Pérez
multinominé aux Oscars et sa vedette transgenre
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Dans ses propos délirants, seul le retrait des politiques finançant les traitements hormonaux et chirurgicaux est motivé par des nécessités économiques, l’État n’ayant selon lui pas vocation à dépenser ses sous pour régler les problèmes des minorités. Vieille rengaine dans sa bouche : ils n’ont qu’à se débrouiller seuls.

Le reste ne coûte pas un centime à l’État et n’est justifié que par des arguments dont sourd une haine tenace envers des personnes dont Mileí semble percevoir l’existence comme une menace existentielle contre sa propre condition masculine.

Le discours a été si véhément que les quatre quotidiens nationaux reviennent sur l’info, dont les trois principaux en Une !

Même politique éditoriale à La Nación :
"A Davos, Mileí a prononcé un discours
chargé d'accusations", dit le titre
(à mi-hauteur, à droite, à côté de la photo)
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Sur son continent, l’Argentine était en effet leader dans le domaine du droit des femmes et des minorités.

D’autre part, le président argentin, encensé hier sur LCI, chez l'archipatelin Pujadas, et démoli à juste titre sur France 2 (Envoyé Spécial), n’a pas non plus oublié d’insulter une nouvelle fois Pedro Sánchez, le chef du gouvernement espagnol, présent lui aussi à Davos, où il a entre autres défendu le renforcement de la régulation européenne des réseaux sociaux afin que ceux-ci cessent d’être l’actuel égout à mensonges, à haine et à propositions antidémocratiques que Musk et Zuckerberg cherchent à renforcer. Il faut croire que Mileí est vraiment stupide ! Sánchez est l’un des dirigeants européens les plus favorables à l’accord entre l’Union Européenne et le Mercosur qui se traîne depuis des années sans aboutir. Or Mileí a aussi menacé de quitter le Mercosur si c’était là une condition pour négocier avec son copain de la Maison Blanche un traité de libre-échange bilatéral avec les États-Unis.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de La Nación
Clarín a réservé son article en ligne à ses abonnés. Dans la version imprimée, l’information occupe deux pages pleines, avec une grosse photo de Mileí sur environ un quart de la page 8.

lundi 6 janvier 2025

Du rififi chez les Macri [Actu]

"Le trésor caché de Macri", dit le gros titre
sur ce montage photo où l'on reconnaît clairement l'ancien président
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A l’heure où, à Paris, s’ouvre un nouveau procès pénal sur l’une des nombreuses atteintes à la probité dont un ancien président de la République est soupçonné, à Buenos Aires, un ancien président de la Nation, Mauricio Macri, est poursuivi devant les tribunaux, avec ses frères, par une femme écartée de la succession paternelle : sa propre sœur !

En fait, une demi-sœur née d’une aventure adultérine du papa avec une des salariées d’une de ses nombreuses entreprises. Il y a plusieurs années, cette dame avait déjà recouru aux tribunaux pour obtenir de Franco Macri qu’il la reconnaisse. Les magistrats ont constaté le lien de parenté et ont donc accordé à la plaignante le droit de porter, comme il se doit, le patronyme de son géniteur. Ils l’ont ainsi inscrite parmi les héritiers du patrimoine constitué par l’homme d’affaires italien, arrivé en Argentine peu après la seconde guerre mondiale et qui avait commencé sa carrière comme simple maçon avant de bâtir un empire dans les travaux publics, les concessions publiques d’infrastructures majeures et le secteur tertiaire. L’apparition de cette sœur a si bien paniqué ses demi-frères qu’ils ont réagi à la décision de justice en transformant l’empire familial en un écheveau presque inextricable de plusieurs centaines de sociétés, dont le seul but semble avoir été brouiller les pistes afin de l’écarter de l’héritage.

Alexandra Macri ne s’en est pas laissé compte. Ses avocats ont dénoué l’écheveau infernal et ils portent l’affaire devant la justice en citant les 398 entreprises qu’ils ont pu identifier comme étant contrôlées en sous-main par les enfants légitimes de Franco Macri. Ce matin, Página/12 n’est que trop heureux d’en faire sa Une pour dénoncer la cupidité cynique de l’ancien président alors que celui-ci s’efforce, comme son homologue français soit dit en passant, de jouer encore et toujours un rôle important dans la vie politique et institutionnelle du pays : tous les matins, au coup par coup, il négocie âprement le soutien des parlementaires de son parti à Javier Mileí qui ne dispose pas de majorité au Congrès et ne cesse, en outre, de se quereller publiquement avec sa vice-présidente.

Or ce n’est pas la première fois qu’un fils de famille haut placé dans le paysage politique national dépouille ainsi de l’héritage familial une femme de sa propre fratrie. Celui qui, grand propriétaire agraire, avait été, sous le mandat de Macri, son ministre de l’Agriculture s’était lui aussi organisé pour écarter sa sœur de la succession (avec l’aide de leur mère) et ne le partager qu’avec ses frères, faisant de l’héritière évincée une ardente militante de l’opposition de gauche à ce type de gouvernement pro-business.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

vendredi 15 novembre 2024

A l’ONU, l’Argentine vote seule contre la lutte contre les violences sexistes [Actu]

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Hier, l’Assemblée générale de l’ONU débattait une résolution favorable à l’intensification des efforts pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants.

L’Argentine a été LE SEUL PAYS de la planète à voter contre !

Des pays comme l’Iran, l’Afghanistan, la Russie (qui a rétabli sous Poutine le droit pour les hommes de violenter femme et enfants tant que cela ne les conduit pas à l’hôpital), le Bélarus ou la Syrie ont préféré s’abstenir ou ne pas assister à la session.

Voilà qui en dit long sur l’avenir en Argentine.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mercredi 7 août 2024

Un scandale qui atteint le péronisme [Actu]

"Violence de genre et terrorisme psychologique",
dit le gros titre
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L’affaire couvait depuis quelques jours. Elle a donc éclaté hier. L’ancien président Alberto Fernández, qui a précédé Mileí à la Casa Rosada, est accusé par son ex-compagne, Fabiola Yánez, de violences conjugales.

Cette affaire dérive de l’enquête, ouverte depuis plusieurs mois, sur des faits de corruption autour des contrats d’assurance de l’État : les marchés passés sous la présidence de Fernández auraient bénéficié à des amis du président qui s’en seraient mis plein les poches. Dans ce cadre, le téléphone d’une des secrétaires de Fernández a été saisi et son contenu analysé par les enquêteurs. Ils y ont trouvé des conversations privées entre cette dame et l’ex-Première dame Fabiola qui lui parlait des coups que lui donnait le président. Entendue une première fois, début juillet, par le juge d’instruction sur ces éléments de preuve, Fabiola Yánez avait refusé catégoriquement de porter plainte et l’affaire avait par conséquent été classée. Jusqu’à ce qu’il y a quelques jours, elle ne fuite dans la presse où elle a été abondamment et diversement commentée selon la couleur politique de la rédaction.

 

Pas de photo sur Clarín ! Quelle révolution !
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Hier, Fabiola Yánez, qui est restée vivre à Madrid avec l’enfant du couple, né pendant le mandat de son père, a appelé le cabinet du juge : elle avait changé d’avis et voulait porter plainte. Elle accuse désormais son ancien conjoint de coups et blessures mais aussi d’un constant harcèlement par tous les moyens de communication (elle parle même de « terrorisme psychologique », ce qui ne sera pas retenu comme tel par l’instruction puisqu’un tel terrorisme n’existe dans aucune loi argentine).

L’ex-président, qui vit à Buenos Aires, dans son appartement de Puerto Madero, où le couple avait élu domicile avant le mandat, s’est contenté d’une déclaration écrite et diffusée dans les réseaux sociaux : il y nie catégoriquement les faits tout en annonçant qu’il est en mesure de prouver devant la justice qu’ils n’ont jamais existé. Il ajoute qu’il ne fera aucune autre déclaration afin de protéger sa famille et Fabiola elle-même. Le juge lui a interdit d’approcher à moins de 500 mètres de son ancienne compagne ainsi que de quitter le territoire national (comme elle vit à Madrid, elle peut être tranquille). Il a également l’interdiction de se mettre en communication avec elle, y compris par écrit. En revanche, il peut appeler son fils.


Même politique prudente de la part de La Nación
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Alberto Fernández est l’un des présidents qui a le plus fait avancer la protection du droit des femmes dans la législation argentine depuis le retour à la démocratie. C’est lui qui a fait passer la loi qui dépénalise l’avortement (ce qui permet aux intéressées de ne pas dépendre de la décision d’un juge, comme ces très jeunes adolescentes quin se voyaient refuser, même après un viol, même après un inceste, le droit de mettre fin à leur grossesse sur des motifs parfois purement idéologiques). Alberto Fernández a aussi fait mettre en place des procédures qui protègent les femmes des violences de genre. Toutes mesures qui sont aujourd’hui menacées de suppression par Mileí et sa clique.

Il est probable que, quand bien même il pourrait prouver son innocence, ce qui est toujours très difficile, l’ancien président ne pourra pas se relever politiquement d’un tel scandale. Dans tous les cas, le doute est semé et les preuves avancées par les enquêteurs ont toute l’apparence d’être très sérieuses.


Même pas besoin de traduire !
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Voilà ce qui augure mal des élections de mi-mandat l’année prochaine pour la gauche. Plusieurs personnalités politiques ont déjà fait savoir qu’elles se plaçaient sans hésiter du coup de la victime.

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com


Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12, qui jusqu’ici soutenait mordicus l’ancien mandataire dans le scandale des assurances mais a peut-être choisi désormais de le laisser tomber devant la gravité de la plainte de l’ex-Première dame,
lire l’article de La Prensa, qui a choisi de traiter l’affaire avec une ironie ravageuse
lire l’article de Clarín sur l’écart entre cette accusation (et la personne qui la porte !) et les positions publiques affichées par l’ancien président pendant son mandat (d’autres articles sont réservés aux abonnés)
lire l’article principal de La Nación