vendredi 11 juillet 2025

Raclée parlementaire : les sénateurs prennent enfin leur courage à deux mains [Actu]

Caricature de Mileí grimpé au sommet du dôme du Congrès
par Alfredo Sábat, dessinateur de presse à La Nación


Avant-hier, dans sa fureur d’avoir été boudé par les gouverneurs à l’occasion de la fête du 9 juillet qu’ils ont préféré célébrer sans lui, Javier Mileí leur avait donné rendez-vous le 11 juillet, comme un sale môme qui menace ses camarades de classe de leur casser la figure à la sortie de l’école. Si le Sénat votait contre sa volonté, il allait déclencher les foudres du veto et faire appel à la justice pour faire annuler les votes. On va donc voir ce qu’il se passe maintenant car hier, Javier Mileí s’est enfin pris la dégelée sénatoriale que son comportement antidémocratique mérite depuis sa prestation de serment, il y a un peu plus d’un an et demi.

"Il s'en est pris une bonne", dit le gros titre
à côté de la photo de Mileí qui avait fait tout un cirque
au début de son mandat lorsqu'il était allé prier
au Mur du Temple de Salomon (mur des Lamentations)
à Jérusalem
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Les péronistes, les radicaux et les élus des partis locaux de diverses provinces ont en effet tous voté dans le même sens pour mettre un frein à sa politique insensée : ils ont voté, à l’unanimité, une loi d’urgence pour venir en aide aux personnes en situation de handicap, aides que Mileí avait supprimées sous prétexte que le handicap est une affaire privée qui doit être résolue par l’intéressé ou sa famille et non pas par l’État (sinon, on est en plein communisme stalinien !) ; ils ont voté, à l’unanimité, une revalorisation des retraites, que les intéressés demandaient à corps et à cris tous les mercredis sur Plaza del Congreso où la police cherchait à les disperser à coup de gaz lacrymogènes avant de les charger si le besoin s’en faisait sentir ; ils ont voté largement la répartition de certains fonds fédéraux, qui est de droit, aux vingt-quatre entités fédérées dont les dirigeants, 23 gouverneurs et 1 chef de gouvernement (pour la Ville autonome de Buenos Aires), s’étaient entendu pour les réclamer au président qui s’y refusait obstinément ; ils ont enfin renversé, à la majorité qualifiée, comme il se doit, le veto que Mileí avait mis il y a quelques jours à la loi de secours d’urgence à Bahía Blanca, la cité balnéaire du sud de la province de Buenos Aires qui a subi pendant l’été une inondation catastrophique, un peu comme celle qui a ravagé la région de Valencia en Espagne il y a quelques mois.

"Véto et/ou judiciarisation", dit le gros titre
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Il faut dire qu’au cours des débats, avant le scrutin, se sentant en infériorité, les mileístes ont courageusement préféré déserter l’hémicycle, ce qui a rendu les pourcentages de vote encore plus cinglants pour le président. En revanche, la vice-présidente, qui préside la Chambre haute, a fait le frais de ces votes et s’est fait traité de « traîtresse ». La relation entre les deux semble définitivement rompue, comme l’avait déjà assez bien montré le 9 juillet, puisqu’au jour dit, elle s’est rendue à Tucumán, où paraît-il l’avion présidentiel ne pouvait pas aller à cause du brouillard...

"Le Sénat approuve une revalorisation des retraites
et des dépenses supplémentaires :
Mileí traité Villaruel de traîtresse', dit le gros titre
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Ces lois désormais votées au Sénat partent à la chambre basse pour validation. Cette fois, Mileí, qui est en forte minorité au Congrès, n’a pas pu acheter les votes des élus.

"Dur revers pour le gouvernement :
vote d'une revalorisation des retraites
et plus d'argent pour les provinces", dit le gros titre
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Dans la presse de ce matin, on sent un petit parfum de satisfaction, même à droite. La coupe est pleine, semble-t-il. Il était temps. On a failli attendre !

© Denise Anne Clavilier


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