lundi 29 août 2011

La rentrée de l'Espace Tango Negro avec le Tango Jazz Quartet [ici]

A l'Espace Tango Negro, 71 rue Rochechouart, à Paris, dans le 9ème arrondissement, la rentrée aura lieu le jeudi 8 septembre, à 20h, avec le Tango Jazz Quartet, qui vient de travailler un an avec Richard Galliano.

Le Tango Jazz Quartet effectue actuellement une tournée en Europe qui le mène aussi en Suisse, en Espagne, en Autriche et en Italie.

Participation aux frais : 10 €.

Ouverture des portes dès 19h30.

Réservations dès à présent au 06 29 63 65 76.

dimanche 28 août 2011

Nouvelle indexation du salaire minimum argentin [Actu]


Article rédigé le 27 août 2011

Après une phase préparatoire menée par Carlos Tomada, le ministre du Travail, la Présidente conduisait hier les négociations paritaires du Conseil des Salaires, qui ont duré huit heures pour s'achever par un consensus dont les images qui passent à la télévision nous font penser que tout le monde y trouve son compte.

Organisations patronales et syndicales se sont donc mises d'accord pour relever le salaire minimum jusqu'à 2 300 pesos par mois avec effet rétroactif au 1er août 2011. Soit une augmentation de 25% pour ce semestre. Rappelons le principe établi il y a 3 ans : le plancher salarial est réévalué chaque année deux fois, au 1er mars et au 1er septembre 2011.

A ceci près que 35 à 40% de l'économie restant au noir, même si cette proportion est difficile à évaluer et semble bien diminuer régulièrement depuis quelques années, fixer un salaire minimum en Argentine est de peu d'effet dans la réalité quotidienne du monde du travail. C'est en tout cas de bien moindre effet qu'en Europe où les Etats dans leur majorité disposent de plus grands moyens de faire appliquer la loi.

Mais cet accord est un nouveau signe de la bonne santé économique de l'Argentine qui continue à afficher des taux de croissance proches de 10% l'an, et ce, même si Moodys, à la surprise générale, hier vient d'abaisser la note du système financier argentin, s'attirant une nouvelle volée de bois vert de la part de la Présidente, qui a déjà fustigé le rôle délétère des agences de notations lors de la crise européenne puis lors de la baisse de la note des Etats-Unis. Comme si les agences étaient en train de récupérer le rôle du vilain méchant qu'a abandonné le FMI sous la direction générale de Dominique Strauss-Kahn.

Pour aller plus loin :
Vous pouvez aussi lire, à la date d'hier, les autres articles de lignes éditoriales opposées au Gouvernement en ouvrant les liens disposés dans la rubrique Actu de la Colonne de droite, vers les quotidiens argentins La Nación, Clarín ou La Prensa.

mercredi 24 août 2011

Un autre grand du folclore qui s'en va : el Chango Farías Gómez [Actu]


Juan Enrique Farías Gómez, dit El Chango (le môme), vient de s'éteindre dans une clinique de Buenos Aires des suites d'un cancer, à l'âge de 74 ans.

Ce musicien hors pair est, avec des gens d'illustre mémoire comme Ataualpa Yupanqui, Mercedes Sosa ou Ariel Ramírez, de ceux qui ont su sortir le folclore argentin du réduit pittoresque et anecdotique auquel les gouvernements pro-Etats-Unis auraient bien voulu le reléguer. Il compte parmi ceux qui ont voulu et ont su en faire un vecteur de l'élaboration de la culture argentine qu'on appelle intérieure. En fait la culture populaire des zones rurales, par opposition aux grandes villes et notamment Buenos Aires, qui, elles, s'appuient sur le tango et la murga, ainsi que secondairement sur le rock nacional et le jazz, tout aussi nacional, pour se construire dans ces dimensions identitaires.

C'est donc un grand artiste que pleure l'Argentine aujourd'hui et je regrette d'avoir tant et tant de choses à faire aujourd'hui car cela m'empêche de rédiger le long article auquel il aurait eu droit si je me trouvais à Paris.

Farías était né dans le quartier de San Telmo, le 19 décemvre 1937, et y avait passé la plus grosse partie de son enfance à Buenos Aires. Au retour de la Démocratie, il avait pris part à la vie politique de son pays, il avait été notamment parlementaire de la Legislatura Porteña de 2003 à 2007, sous la gestion municipale de Jorge Telerman et le mandat national de Néstor Kirchner.

En ce jour de chagrin pour sa disparition, le mieux est d'aller visiter son site Internet (musique dès la page d'accueil), même si ce site n'est pas à jour (ils le sont rarement en Argentine).

La nouvelle est tombée il y a à peine une heure, au moment où je mets moi-même en ligne cet article et cette information, je l'ai tout d'abord apprise de la poète et chanteuse Marcela Bublik qui l'avait vu sur scène, il y a quelques semaines encore. Malgré l'infirmité due à la maladie, il avait ébloui le public.. Les journaux sont encore discrets en cette fin de matinée, tous n'ont pas encore sorti les nécrologies d'usage. Ce sera une autre affaire demain, quand se tiendra la veillée funéraire et qu'auront très certainement lieu les obsèques...

Pour aller plus loin :
lire la dépêche de Telam
Ajout du 24 août à minuit : lire l'article dePagina/12.
(demain 25 août, vous consulterez les grands quotidiens dont vous avez le lien dans la rubrique Actu de la Colonne de droite).

mardi 23 août 2011

Ce soir, el Tango vuelve al Barrio... à Recoleta [à l'affiche]


Ce soir, mardi 23 août 2011, à 20h30, le Tango revient dans le Quartier mais cette fois-ci au Festival de Tango, qui se tient cette année dans le lieu le plus laid du quartier de Recoleta (il faut le faire, je vous assure!), au Centre des Expositions, un bâtiment immense et mal aménagé d'un quelconque architectural qui pourrait lui permettre de figurer en très bonne place dans un concours des horreurs mondiales...

Cela n'empêchera pas nos amis Cucuza et Moscato, deux artistes bien connus des lecteurs de ce blog, de mener leur monde pendant une bonne heure avec leur flot d'invités habituels mais dans un lieu différent. Je compte bien tenter d'y aller malgré le peu de commodité de ce lieu et le peu d'amabilité avec lequel vous y êtes reçus par des agents d'accueil qui ont appris leur métier chez des garde-chiourme, avec des portes de prison comme instructeurs, tant ils sont souriants, informés et prêts à vous guider...

Cette année, Cucuza Castiello figure avec le pianiste et compositeur Julián Peralta (de l'orchestre Astillero) parmi les membres du Comité artistique qui assiste Gustavo Mozzi dans le montage du programme, à côté d'un Gabriel Soria, excusez du peu ! Une belle promotion pour ces artistes audacieux qui font un travail considérable d'animation culturelle dans cette ville qui consacre de moins en moins d'argent à cette partie de la vie urbaine.

Retour sur images en vue si mon appareil photo m'obéït ce soir...

Ce soir, Horacio Ferrer au 25 de Mayo [à l'affiche]

Cette soirée du Teatro 25 de Mayo, situé avenida Triumvirato 4444, s'inscrit dans le cadre du Festival de Tango de Buenos Aires, toujours avec les énormes problèmes d'organisation qui étaient déjà apparus sous une autre forme l'année dernière (les places pour les spectacles du 25 de Mayo sont par exemple à retirer le jour même au guichet de ce théâtre très périphérique, dans le quartier excentré de Villa Urquiza, entre 11h et 18h, donc quand la majorité des Argentins sont au travail et la majorité des touristes dans l'ignorance de l'existence même de ce théâtre...).

Le poète Horacio Ferrer et le pianiste et compositeur Juan Trepiana présenteront donc à 20h30, ce mardi 23 août 2011, un spectacle de musique et de poésie intitulé Flor de tango y poemas.

Entrée libre et gratuite. Très beau spectacle en perspective...

Pas de retour sur images cette fois-ci sur la participation du Maestro au Festival, puisque je ne peux pas me couper en deux. Je serai à la même heure ou presque de l'autre côté de la ville, au siège du Festival pour une assez longue soirée dont Cucuza sera l'une des toutes premières vedettes. C'est-y bête !

Demain soir, Juan Vattuone présente Escucháme una cosa au Torcuato Tasso [à l'affiche]

Jacquette du disque

Demain soir, mercredi 24 août 2011, à 22h, l'auteur-compositeur-interprète Juan Vattuone présentera son deuxième disque, intitulé Escucháme una cosa (écoute-moi deux secondes) au Centro Cultural Torcuato Tasso, que les lecteurs de Barrio de Tango connaissent bien s'ils consultent régulièrement cette page... Il s'agit d'une salle de concert-café qui s'est spécialisée dans le tango mais propose aussi sa salle à des artistes de jazz et de folklore. Une salle située dans le quartier de San Telmo, au 1975 de la rue Defensa, face au Parque Lezama.

Actuellement, il faut aussi souligner la présence à l'affiche de cette salle du Sexteto Mayor les week-ends d'août.

Dilemme cruel que de choisir entre Juan Vattuone et Horacio Ferrer ce soir-là mais c'est la vie à Buenos Aires. Il faut toujours choisir, toujours, toujours...

Retour sur images à la clé d'ici quelques semaines ainsi que l'illustration de cet article avec l'affiche distribuée par Juan Vattuone himself (il me faudra le temps de traiter les photos et mon retour sera chargé de ce point de vue-là, entre les documents audio, vidéo et photographiques...)

lundi 22 août 2011

Le Secrétaire d'Etat à la Culture sort un livre sur le Bicentenaire [Actu]

Jorge Coscia, qui occupe les fonctions de Secrétaire d'Etat à la Culture au niveau fédéral (Presidencia de la Nación, comme disent les Argentins) est un homme à la longue carrière dans le secteur culturel, et qui plus est, il est doté du physique de l'emploi (cheveu en bataille, lunettes cerclées et généreuse barbe poivre et sel).

Avant d'être appelé à ces hautes fonctions par la Présidente, il était le directeur de l'INCAA, l'institut argentin du cinéma et des arts audiovisuels. C'est donc un professionnel reconnu et autorisé qui sort cette année un livre, intitulé La encrucijada del Bicentenario, chez Ediciones Continente, qu'il présentera lui-même demain à la grande librairie El Ateneo-Grand Splendid de l'avenue Santa Fe (n° 1870), haut-lieu du livre à Buenos Aires dans un ancien théâtre à l'italiennne, d'où émettait une radio historique des années 20, Radio Splendid... Le livre a déjà fait l'objet d'une présentation en avril, lors de la Feria del Libro.

L'ouvrage rassemble différents documents et essais sur les célébrations et les débats d'idées auxquelles l'année dernière a donné lieu le bicentenaire de la Revolución de Mayo, le grand événement historique fondateur de l'Argentine et de son identité (voir mes articles à ce sujet en cliquant sur le mot-clé Bicentenaire dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus).

L'ouvrage, qui est la troisième partie d'une trilogie liant culture, histoire et analyse politique des problématiques de l'Argentine actuelle, prend naturellement part et partie dans le débat actuel, qui fait rage, quant au bien-fondé (ou non) la politique menée par le Gouvernement national sortant dans tous ces domaines, un gouvernement qui développe peu à peu et sur le terrain une ligne post-péroniste, très culturelle et très droits de l'homme, à laquelle de nombreux citoyens, très peu liés eux-mêmes au péronisme historique, adhèrent massivement et qu'on désigne aujourd'hui de plus en plus distinctement sous l'appellation de kirchnerismo, du nom du précédent Président et défunt époux de l'actuelle chef d'Etat, Néstor Kirchner, qui opéra ce virage politique, cet aggiornamiento que son épouse est en train de stabiliser, avec son entourage composé de personnalités marquantes comme, entre autres, Amado Boudou, à l'Economie (son futur Vice Président), et Jorge Coscia, qui tient donc le marocain de la Culture. Des personnalités qui pour l'heure s'en prennent plein la figure de la part d'une opposition très diversifiée, qui va de la droite ultra-libérale à la gauche marxisante et/ou anarchiste, en passant par un certain centre représenté aujourd'hui par des groupes en perte de vitesse comme l'UCR ou la Coalición Cívica, qui viennent de faire des scores épouvantables aux élections primaires de la semaine passée.

A l'occasion de cette nouvelle présentation du livre, le cinéaste et ministre donne une interview à Página/12, que je vous invite à aller lire dans le texte, puisque mon agenda ne me laisse pas le temps de vous en présenter des extraits traduits comme à mon habitude. En bas de la Colonne de droite de ce blog, vous trouverez donc un lien vers le traducteur automatique Reverso qui suppléera à mes carences et vous aidera à saisir les positions défendues par Jorge Coscia. Des illustrations seront disponibles dans cet article lorsque je retouverai ma configuration de travail ordinaire.

Pour aller plus loin :
lire la dépêche de Telam sur la présentation à la Feria del Libro 2011
visiter le site Internet du groupe ILHSA, Tematika, l'une des plus riches librairies en ligne d'Argentine

Requiem pour une confitería [Actu]

Depuis quelques jours, la Confitería Richmond, fondée en 1917, ce qui compte dans un pays jeune comme l'Argentine, est fermée. C'était pourtant un des plus beaux lieux de rendez-vous autour d'un café ou d'un plat chaud dans la rue Florida, l'un des derniers vestiges des splendeurs de cette rue patricienne, qui au fil du temps, s'est transformée en un centre commercial à ciel ouvert des plus criards...

Nuitamment, pendant le week-end des élections, l'établissement a été vidé de tout son matériel et le personnel s'est trouvé mis au pied du mur. C'est même par la presse que certains salariés ont appris leur mise au chômage. Le tout a été volontairement organisé, puisque les caméras de surveillance qui protégeaient l'établissement ont été détruites. Sans doute pour qu'il n'y ait aucun document rendant compte de l'opération de vidage, qui est tout aussi illégale en Argentine que dans l'Union Européenne. La seule consolation, c'est que ces voyous ont craint la justice de leur pays et c'est toujours un progrès de la démocratie et de l'Etat de droit qu'il est bon de souligner.

Il y a plusieurs mois déjà que des rumeurs circulaient et que le personnel sentait l'inquiétude monter. Página/12, qui dénonce le scandale, raconte que le service avait beaucoup baissé en qualité depuis quelques temps, sous le poids de cette angoisse sourde.

Il semblerait que ce lieu soit destiné à accueillir prochainement une grande surface de l'enseigne Nike. Il était pourtant protégé par une loi sur le patrimoine culturel de la ville, loi que le Gouvernement portègne n'a pas fait respecter en l'occurrence.

Le quotidien de gauche qu'est Página/12 tape donc très fort sur le Ministre portègne de la Culture, Hernán Lombardi, à qui toute la gauche reproche d'être avant tout celui du Tourisme, tant il est vrai que les deux, culture et tourisme, font mauvais ménage sous l'actuelle administration ultra-libérale, à laquelle ne participe pourtant guère Hernán Lombardi, sans doute le ministre le plus raisonnable et le moins idéologue de toute l'équipe gouvernementale, celui qui a la meilleure connaissance professionnelle de son portefeuille (précisément dans la partie touristique, ce que les acteurs du secteur culturel ont du mal à digérer. Ils auraient préféré un spécialiste de la culture, ce qui, bien sûr, est une contradiction dans les termes dans le contexte actuel).

En tout cas, c'est une grande désolation que de voir ce vieux salon de thé disparaître ainsi, pour faire place à une enseigne ô combien impérialiste, qui n'a donc rien à voir avec l'identité de cette ville, identité si délicate à élaborer, à développer et à défendre. D'autant plus désolant que le développement d'un tourisme durable se fera grâce la sauvegarde de ces traits de singularité et de personnalité de Buenos Aires et non pas par la multiplication des boutiques de marques internationales pour lesquelles personne n'a besoin de venir à Buenos Aires, à part les banlieusards. Et encore, ce n'est même pas sûr...

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 paru samedi dernier dans le supplément M2.

vendredi 19 août 2011

A marquer d'une pierre blanche sur le chemin de la démocratisation argentine [Actu]

C'est sans doute un pas de géant qui vient d'être accompli en Argentine sur le chemin de l'établissement d'une véritable démocratie dans ce pays à l'histoire si douloureuse, si chaotique, si traumatisée... Le président de La Rural, Hugo Biolcatti, sonné par les résultats catastrophiques et inattendus de son camp aux élections primaires de dimanche dernier (voir mon article du 15 août dernier à ce sujet), vient de reconnaître publiquement, dans une conférence de presse, qu'il n'a jamais hésité à faire des déclarations mensongères pour soutenir et défendre les intérêts corporatistes et de classe du secteur agraire, en noircissant à dessein le tableau social et économique pour discréditer la politique du gouvernement élu...

Si les primaires de dimanche n'avaient dû produire qu'un seul fruit, cet aveu du plus puissant et du plus prestigieux représentant des forces patronales d'Argentine est le plus beau et le plus inattendu, le plus improbable pour le progrès du pays sur le chemin d'une démocratie pacifiée et propre. Le seul qu'il fallait qu'elles donnent. C'est avec une émotion personnelle très profonde, que je ne vous cacherai pas, que j'en ai pris connaissance tout à l'heure en lisant la une de Página/12, le seul quotidien à s'en faire l'écho comme si souvent (1). Depuis quelques jours, je rencontre beaucoup d'amis et d'inconnus, de divers bords, et je peux constater le grand désir de démocratie et de politique propre qu'ils nourrissent pour voir enfin l'intérêt collectif du pays servi par les politiques au pouvoir. C'est l'intensité de leur attente et leur prise de conscience progressive de la responsabilité individuelle de chaque citoyen dans le progrès collectif qui me font percevoir à quel point la déclaration de ce monsieur est capitale (on peut dire "monsieur", maintenant). Pour la première fois, depuis plusieurs années que je viens ici passer une partie de l'hiver austral, c'est la première fois que j'entends des Argentins assumer une part de responsabilité civique dans l'état du pays. Jusqu'à présent, je n'avais entendu qu'un discours qui victimisait, non sans raison, le pays et son peuple souverain... Serait-ce une prise de conscience consécutive à la mort de Néstor Kirchner ? Rien d'impossible... (voir mes articles sur cet homme politique disparu fin octobre dans un grand déploiement d'émotion populaire).

Cet article va néanmoins passer inaperçu d'une immense partie de l'opinion publique, y compris parmi ces gens à la conscience politique très éveillée que je ne cesse de croiser depuis une semaine (Página/12 n'est lu que par une petite minorité d'intellectuels). Il est toutefois très probable que les déclarations à l'emporte-pièce du patron de la Rural auront des répercussions capitales dans les quatre prochaines années que va sans aucun doute occuper le second mandat de la Présidente sortante, Cristina Fernández de Kirchner. Comme le non de Julio Cobos qui, en juillet 2008, a redistribué une bonne partie des cartes et contribué, selon toute apparence, à précipiter la décadence du plus vieux parti politique d'Argentine, l'UCR, dont il est vraisemblable qu'il a désormais fait son temps (voir à ce sujet mon article du 19 juillet 2008).

Un peu d'histoire pour mettre cette fracassante déclaration politique en perspective :

La Sociedad Rural a été fondée en 1866. C'est la plus vieille, la plus prestigieuse, la plus puissante des organisations patronales argentines, l'une des plus cyniques aussi comme cela apparaît au grand jour aujourd'hui. Elle est apparue en pleine époque mitriste, lorsqu'avec la parution de son Historia de la Revolución de Mayo, en 1860, Bartolomé Mitre formalisait le rêve utopique (et stupéfiant) de l'oligarchie de faire de ce pays un pays d'Europe, totalement décontextualisé de son environnement géographique et détaché de son histoire coloniale, quelque chose comme une Angleterre victorienne de l'Amérique du Sud, un pays puissant, impérialiste, capitaliste, industrialisé, mais conservant son apparence de pays rural (la production de cuir valait encore en cette deuxième moitié du 19ème siècle plus que les puits de pétrole, que l'on n'allait pas tarder à découvrir et à exploiter en Patagonie...)

La Sociedad Rural a soutenu tous les gouvernements de droite de l'Argentine jusqu'à ce jour. Or la droite argentine n'a pas toujours respecté les principes démocratiques dont elle se réclame depuis 1810, à l'ombre d'un San Martín politiquement canonisé et transformé en image pieuse à tout faire. La Rural a ainsi soutenu tous les gouvernements de la Generación del Ochenta (1880-1916), de la Década Infame (1930-1943), de la Revolución Libertadora et des gouvernements pro-Etats-Unis qui ont suivi (de 1955 à 1974) puis enfin de la "dernière Dictature" comme l'appellent les Argentins (1976-1983). Cela ne laisse pas beaucoup de temps pour souffler, n'est-ce pas ? (2)

Si vous prenez en compte de surcroît que tous ces gouvernements ont institutionnalisé la corruption et le népotisme dont souffre encore l'Argentine, plus de 25 ans après la chute de la Dictature, vous pourrez vous faire une (toute) petite idée du pouvoir de nuisance de cette organisation que ne contient pratiquement aucun contre-pouvoir, ni Code du Travail, ni journaux d'opposition, ni secteur industriel pour équilibrer la production et la balance des paiements, ni magistrature indépendante (digne de ce nom en tout cas, jusqu'en 2003 et plus), ni syndicat ouvrier en mesure d'agir. Qu'est-ce que vous voulez qu'un syndicat fasse si le patron ne paye pas ses salariés et qu'en plus il les congédie dès qu'ils font seulement mine de se syndicaliser sans que le juge bouge le petit doigt,  vu qu'il est aussi le gendre du patron ?

Et c'est cet homme, qui représente les plus grosses entreprises agraires, les plus vieilles latifundias, les plus puissantes sociétés du campo (le secteur agraire), qui possèdent les entrepôts de viande, de blé, les champs de soja, les usines de tourteau de soja que mangent nos bovins, porcins et ovins européens, les troupeaux, les sociétés d'exportation de produits agricoles (qui font la pluie et le beau temps sur le cours mondial du blé, du maïs, du lait en poudre et de ce satané soja qui en train de ficher en l'air tout le fragile équilibre social et écologique des campagnes argentines), c'est cet homme-là qui vient de reconnaître publiquement qu'il a fait des diagnostics mensongers sur la situation de son secteur, que celui-ci se porte comme un charme (ça, on avait vu mais ça fait du bien de l'entendre de sa bouche !), que la politique de Cristina de Kirchner ne conduit donc pas le pays droit dans le mur comme il n'a pourtant pas cessé de le proclamer partout depuis 4 ans et plus (il disait déjà ça sous la présidence de Néstor Kirchner).

Il faut dire que dimanche dernier, la Rural a perdu tous ses fiefs politiques (qui votaient en bons petits soldats dans le sens qu'elle indiquait), sauf pour une Province, qui est restée dans l'opposition. L'énorme victoire de Cristina Fernández de Kirchner a été une gifle magistrale et pas seulement pour Pino Solanas. Mais pour toute l'opposition, de droite comme de gauche. Le PRO s'est pris une veste de première, après avoir gagné haut-la-main les élections locales à Buenos Aires. Les différents courants sociaux-démocrates aussi. La vieille UCR a revécu quelque chose comme l'élection de 1946, où Perón l'avait renvoyée à ses chères études en emportant 56% des voix au premier tour...

C'est donc un vrai séïsme politique que vient de vivre l'Argentine et cette déclaration peut sans doute être interprétée comme l'une de ses répliques les plus sérieuses. Dans ses propos, qui révèlent la surprise et l'incompréhension du leader agraire devant ce qui vient de se passer, avec une formule qui montre la profondeur du mépris dans lequel il tient les vedettes du petit écran (3), il a reconnu aussi, entre les lignes, que la Rural ne peut plus dicter, comme elle l'a fait pendant 150 ans, leur vote aux habitants des campagnes, devenus dimanche des citoyens exerçant avec autonomie leurs droits civiques. 99 ans après l'instauration du droit de vote universel, obligatoire, à bulletin secret, établi par la loi Saenz Peña pour en finir avec le voto cantado (avant 1912, le droit de vote était censitaire et s'exerçait à haute voix)... Il aura donc fallu un siècle pour que la Rural constate -et peut-être accepte- que la souveraineté populaire n'est pas un vain mot. La même révolution culturelle et sociologique a atteint l'Europe à la fin du 19ème siècle, lorsque le "château" a cessé de régner sur les urnes. C'est donc une victoire à fêter au champagne, à l'heure du Printemps Arabe, non ?

Quelles conséquences à venir ? Bien malin qui le devinerait à cette heure.

Ce matin, toutes les organisations politiques tiraient à boulets rouges sur Hugo Biolcatti, huant le mensonge ainsi avoué, malgré ce qui a peut-être été l'acte le plus courageux de sa vie politique. Après tout, il aurait très bien pu conserver secrets ses mensonges et ses turpitudes...

Va-t-il devoir démissionner, rejeté qu'il pourrait être par la majorité des adhérents de la Rural, qui ne sont pas à proprement parler ni des philanthropes ni des tendres ?
Va-t-il devoir se rétracter, dans les jours qui viennent, avec un communiqué prétendant que les journalistes n'ont rien compris à ses propos ?
Sera-t-il le leader d'une conversion démocratique de son organisation ?

Wait and see comme on dit outre-Manche. (4)

En tout cas, le Président de la Rural vient d'avouer qu'il tenait la réélection de Cristina Fernández pour certaine. Il y a dix jours, cette seule perspective relevait de la politique fiction.

Pour aller plus loin :

(1) Les lecteurs réguliers de Barrio de Tango auront compris depuis longtemps que le paysage de la presse argentine est très différent de ce qui existe dans nos vieilles démocraties européennes. Les quotidiens sont pour beaucoup de purs outils de manipulation de l'opinion publique et servent des intérêts presque ouvertement partisans. Cela peut exister aussi en Europe... jusqu'à ce que le scandale éclate et éclabousse tout le monde, comme c'est en train de se produire en Grande-Bretagne avec le groupe Murdoch et en France avec le groupe Lagardère, à partir de la pratique de trop (écoutes téléphoniques en Angleterre, vidéo immature en France)...
(2) Sur cette succession d'événements historiques, reportez-vous à mon article intitulé Vademecum historique, dont vous trouverez le lien dans la Colonne de droite, en partie médiane, dans la rubrique Petites chronologies.
(3) Comme une espèce de lapsus incroyable. Car s'il y a bien une classe sociale qui a fait des chaînes de télévision argentine des machines à décerveler les gens, c'est bien l'oligarchie... S'en prendre, comme l'a fait Biolcatti, aux téléspectateurs qui "regardent les émissions de Tinelli et votent pour Cristina [...] parce que la seule chose qui compte pour eux, c'est de s'acheter un écran plasma" montre à quel point la Rural utilise le pan et circenses télévisuel tout en méprisant profondément ces spectacles... La télévision de leurs voeux devrait détourner l'électeur de voter Cristina !
(4) J'aurais aimé illustrer cet article avec la une que fait aujourd'hui Página/12. La configuration avec laquelle je travaille ne me le permet pas. Ce n'est que partie remise...

jeudi 18 août 2011

Cascade d'interviews en ce début de séjour portègne [Disques et Livres]

La présentation de mes deux anthologies bilingues organisée par l'Alliance Française de Buenos Aires hier, et pour laquelle j'étais entourée de Héctor Negro et de Marcela Bublik, a éveillé l'intérêt d'un certain nombre de personnalités des medias à Buenos Aires. C'est ainsi qu'hier midi, j'étais interviewée pendant une heure, successivement en français et en espagnol, par deux animateurs-journalistes de Radio Nacional Argentina al Exterior, la chaîne de radio publique destinée aux auditeurs étrangers résidents ou de passage en Argentine et aux Argentins vivant hors du pays.

Le soir même, après ma causerie, une jeune journaliste française de RFI, tout récemment arrivée à Buenos Aires, me prenait à part pour un micro-entretien de cinq minutes pendant que les participants à la soirée partageaient dans le vestibule un cocktail d'honneur à l'initiative, très judicieuse, du Directeur de l'Alliance Française. Félicitations au chef qui nous a régalés, en passant...

Enfin, mardi midi, le 23 août, j'enregistrerai à Ave Tango, la nouvelle tanguería récemment ouverte dans le quartier de La Boca (voir mon article du 11 mai 2011 à ce sujet), ma participation à l'émission que Nolo Correa et sa femme, Elena Fassio, animent sur la chaîne de télévision par câble Canal Metro qui a succédé à la défunte Tangocity (voir mon article du 17 septembre 2010, se rapportant à cet animateur spécialisé dans le tango).

Et avec ça, étonnez-vous que je ne publie en ce moment que des articles au format minimaliste !

Dans la Colonne de droite, dans la rubrique Actu, vous disposez d'un lien vers le portail de Radio Nacional Argentina, qui se compose de 5 chaînes, dont une généraliste et une consacrée à la musique nationale. Toutes disposent d'un streaming que vous pouvez écouter en direct, mais attention au décalage horaire lorsque vous lisez la grille de programmation...

Como te quiero hermano, demain, vendredi 19 août, au CAFF [à l'affiche]

Une affiche qui joue des jeux de mots
(le surnom de Laborde est par exemple El Chino. Quant à Cucuza, ça veut dire "la tête", d'où le fada que vous voyez. Et c'est pareil pour les deux guitaristes !)

Como te quiero hermano (1) est un double récital conjoint de deux duos que vous connaissez désormais bien, l'un se compose du chanteur Chino Laborde et du guitariste Dipi Kvitko, l'autre du chanteur Cucuza et du guitariste Moscato.

Tous les quatre se produiront donc demain soir, vendredi 19 août 2011, à 22h, au Club Atlético Fernández Fierro, le CAFF pour les intimes, club qui n'a de sportif que le nom puisqu'il s'agit en fait de la salle de concert de la Orquesta Típica Fernández Fierro, dont Chino Laborde (Walter de son vrai prénom) est le chanteur titulaire. Le CAFF est situé dans la rue Sánchez de Bustamante, au numéro 764.

Le concert va attirer un bon nombre d'artistes de la cité. Je sais déjà que j'y retrouverai le peintre Chilo Tulissi, dont je vous montre tous les ans les très cartes de vœux très tangueras (voir mon article du 27 décembre 2010 à ce sujet), et sa femme, ainsi que le chanteur Nicolás Chioccini, dont je vous ai parlé récemment à l'occasion de son passage à Paris à l'Espace Tango Negro (voir mon article du 21 juin 2011 à ce sujet), lui aussi sera accompagné de sa compagne, qui est à la fois marionnettiste (2) et enseignante qui travaille entre autres à la Casa del Bicentenario, ce nouvel espace culturel ouvert l'année dernière à Recoleta et consacré à l'identité des Argentins...

(1) A ne pas traduire littéralement, de préférence. Cette expression courante veut dire : Tu es un pote, toi, je t'aime bien...
(2) Les spectacles de marionnettes sont une grande tradition populaire à Buenos Aires.

Au Festival de Tango aujourd'hui, jeudi 18 août 2011 [à l'affiche]


Dans l'après-midi de ce jeudi d'août 2011, deux concerts se tiendront au Centre des Expositions où le Gouvernement Portègne a cru bon, cette année, d'exiler la manifestation, dans un coin de Palermo éloigné des commerces et de la vie quotidienne de la ville : ce seront les spectacles de Juan Pablo Navarro à 17h et du groupe Vale Tango à 18h.

A 19h, c'est le pianiste Nicolás Guerschberg qui présentera Movimientos Porteños à la tête de son sextuor.

A 19h, le chanteur Jairo se produira avec la Camerata Argentina, placée sous la direction du violoniste Pablo Agri (honorablement connu des lecteurs de ce blog francophone) et à 21h, la Orquesta Típica Sans Souci rendra hommage au chef d'orchestre et compositeur Osmar Maderna pour les 60 ans de sa disparition, dans un accident d'avion (mais lui était aux commandes de l'aéronef en question, au contraire de Gardel, qui 15 ans plus tôt, était simple passager).

Je ne suis pas du tout sûre de vous donner régulièrement ce type d'information sur le déroulement du festival pendant toute sa durée. Il est fort probable en effet que mon agenda ne me le permette pas. Mais au moins ce qui est dit est dit...

Pour aller plus loin, je vous invite à lire aussi l'article, assez dur, de Karina Micheletto quant au contenu très chiche (malgré l'épaisseur du programme imprimé) de cette nouvelle édition du festival, au budget raboté par l'actuel Gouvernement Portègne, dont le Chef vient d'être réélu pour un deuxième mandat (voir mon article du 1er août 2011 au sujet de cette réélection incroyable). L'article de Karina Micheletto est paru ce matin dans Página/12.

Concert gratuit du jeudi midi au Teatro Alvear [à l'affiche]


Comme presque tous les jeudis de l'année, la Orquesta del Tango de la Ciudad de Buenos Aires se produisait ce midi, dirigée par son fondateur, le Maetro Raúl Garello, au Teatro Presidente Alvear, qui est son port d'attache dans la zone des théâtres de l'avenue Corrientes.

Ces concerts attirent en général une grande foule, il faut donc se présenter devant le théâtre assez tôt pour pouvoir entrer et déguster le programme concocté par les musiciens et leurs trois chefs simultanés, Raúl Garello, déjà cité, Néstor Marconi et Juan Carlos Cuacci...

lundi 15 août 2011

Présentation du Festival de Buenos Aires [à l'affiche]

Mardi dernier, le Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, en l'absence de son chef,  Mauricio Macri, parti se reposer de ses efforts de campagne au soleil de l'été européen, a présenté le programme du Festival de Tango 2011, dont j'ai consulté la brochure, plus épaisse que l'année dernière pour cause de programmation plus fournie.

Le Festival commence demain soir, mardi 16 août 2011, à 19h, au Centre des Expositions de Parlermo, par le spectacle que donneront Amelita Baltar et Horacio Molina, spectacle qui fait salle comble à Clásica y Moderna depuis 3 mois.

Pour en savoir plus, je vous invite à vous rendre sur le site Internet officielle du Festival, dont je vous tiendrai au courant au fur et à mesure que mon agenda, ultra-rempli de cette année, m'en laissera la liberté.

Vous pouvez aussi lire l'article de Página/12, dont j'avais pris soin de relever les références mercredi dernier depuis Madrid mais sans pouvoir avoir le temps de rédiger quoi que ce soit...

Séminaire pour apprendre à écouter le tango à la Academia Nacional del Tango [à l'affiche]


A partir de demain, 16 août 2010, la Academia Nacional del Tango propose aux danseurs et aux chanteurs de tango un cycle de formation à l'écoute musicale du tango, sous la direction de Alejandro Martino, flûtiste et auteur-compositeur.

Le cycle dure quatre mois, les cours ont lieu au siège de l'institution, Avenida de Mayo 833, tous les mardis, de 18h à 19h30.

Pour participer, il faut bien sûr s'inscrire et il se fait tard, mais mes occupations de ces jours derniers ne m'ont pas laissé le choix que de retarder jusqu'à aujourd'hui la publication de cette information qui me semble pourtant très importante pour une meilleure connaissance du tango et de sa culture.

Raz de marée K en Argentine [Actu]

La Présidente sortante a gagné haut-la-main hier les élections primaires (PASO : primaires ouvertes, solidaires et obligatoires) en remportant plus de 50% des suffrages exprimés pour le mandat de chef de l'Etat, mandat pour lequel ces élections faisaient en fait office de pré-premier tour puisque chaque parti ne présentait qu'une seule formule, un seul tandem pour la tête de l'exécutif (Président et Vice Président).

On s'embrouille un peu ce matin dans la une des journaux avec la réalité des chiffres mais une chose est certaine : que Cristina Fernández de Kirchner ait recueilli 50,16% des voix (comme l'annonce Página/12), 50,2% (La Nación et La Prensa) ou 50,03 % (comme le lui concède Clarín), son score d'hier lui aurait assuré d'emporter la victoire dès le premier tour et lui laisse encore aujourd'hui, deux mois avant l'échéance, une bonne marge de sécurité puisqu'en Argentine, il suffit que le candidat rassemble au premier tour 45% des votes exprimés pour être élu à la magistrature suprême.

Ses rivaux les plus sérieux, Ricardo Alfonsín et Eduardo Duhalde, deux opportunistes qui naviguent en fonction des courants qui les portent plus qu'en fonction d'un programme cohérent, à ce que laisse voir leurs comportements récents,, n'atteignent même pas les 13% (respectivement 12,36 et 12,22% selon Página/12, 12,12% à égalité selon La Prensa et La Nación et 12,19 et 12,18 % selon Clarín). A l'heure du bouclage, vers 6h du matin, seulement 70% des bureaux de vote étaient effectivement dépouillés...

Trois partis sont éliminés de la course. Il fallait recueillir au moins 1,5% des voix exprimées pour pouvoir être effectivement candidat à la Présidence. Ceux qui ont fait moins ne feront pas campagne. Parmi eux, l'obscure représentante de Proyecto Sur, le parti dirigé par Pino Solanas, qui s'est si mal conduit au soir du premier tour des élections portègnes en juillet et qui le paye peut-être en voyant sa candidate rassembler un misérable 0,80% ou 0,90%, soit beaucoup moins que ce qu'il avait lui-même obtenu en octobre 2007 à la précédente élection présidentielle. Il est vrai aussi que son attitude sectaire a écoeuré un bon nombre de militants de gauche au moins à Buenos Aires.

Sur l'ensemble du territoire argentin, Cristina arrive en tête partout, sauf dans la Province de San Luis. Elle a donc réussi l'exploit de l'emporter à Buenos Aires même où pourtant le mois dernier son candidat à la tête du gouvernement local a été laminé (1) et j'ai bel et bien entendu hier quelques cris de victoire sous ma fenêtre, des pétards quelques cuadras plus loin et des défilés de voitures klaxonnant vers les 23h lorsque les tendances des résultats se sont confirmés.

C'est une Cristina visiblement très émue qui s'est présentée devant ses partisans, au QG du Frente para la Victoria sur le coup de 21h30, retransmis en direct par la télévision publique dont j'ai regardé avec curiosité la soirée électorale (très différente de nos pratiques européennes : pas un politique sur le plateau, rien que des commentateurs de différentes disciplines et tous visiblement favorables au gouvernement, chaîne nationale oblige). Il s'est passé de longues minutes avant qu'elle ne puisse s'exprimer et elle a été ensuite interrompue, toutes les deux minutes environ, par les vivas d'une salle surexcitée. Comme elle en a pris l'habitude depuis novembre dernier, elle a conclu son discours en rendant un vibrant hommage à "él" (lui), ce qui a déclenché une vague de chant dans la salle. "El", c'est Néstor Kirchner, son défunt mari, ancien président, son prédécesseur dans ces fonctions, mort brutalement comme vous vous en souvenez sans doute en octobre 2010...

Pour les observateurs argentins, le taux de participation est plus que satisfaisant puisqu'il se situe entre 70 et 80% selon les Provinces. Pour l'observatrice européenne que je suis, un tel taux dans un pays où le vote est obligatoire depuis un siècle apparaît au contraire très faible. Il se trouve qu'ici il marquerait malgré tout un progrès certain et il y a donc tout lieu de se réjouir qu'on ait vu hier accourir dans les bureaux de vote à la fois plus d'anciens et plus de jeunes que d'habitude, les deux âges les plus traditionnellement désabusés par la vie politique chaotique de cet immense pays de 40 millions d'habitants.

Il m'est un peu difficile avec mon agenda du jour de vous renvoyer comme je le fais d'ordinaire aux différents articles des journaux. Vous en trouverez les liens dans la partie inférieure de la Colonne de droite, dans la rubrique Actu. Je tâcherai d'ajouter des illustrations plus tard, lorsque Blogger voudra bien me laisser le faire mais je n'ai pas le temps de me battre avec lui...

(1) Au surlendemain de son écrasante victoire de fin juillet, Mauricio Macri s'est envolé pour l'Europe, renonçant à participer aux primaires (ce qui est une nouvelle démonstration du peu de cas qu'il fait de ses devoirs civiques, le vote étant obligatoire en Argentine) et à même donner des consignes de vote à ses électeurs, sans non plus attribuer les postes à responsabilité pour le mandat qui s'ouvrira d'ici quelques mois à Buenos Aires. Il paraît que Juliana (sa femme, enceinte jusqu'aux yeux) avait bien mérité ces vacances, la pauvre petite !

dimanche 14 août 2011

Nelly Omar lundi soir au Plenario de la Academia Nacional del Tango (1) [à l'affiche]

Demain, lundi 15 août 2011, à 19h30, la Academia Nacional del Tango consacrera son deuxième et dernier Plenario d'août à un hommage largement mérité à une chanteuse exceptionnelle, Nelly Omar, qui fêtera ses 100 ans en septembre prochain, dans moins d'un mois, et qui chante toujours...

Le "tango rituel" sera pour l'occasion une valse, celle de Rosita Melo, avec le texte écrit par Homero Manzi, Desde el Alma (2), dans l'enregistrement effectué en 1946 par Nelly Omar sous la direction de Francisco Canaro, avec le grand orchestre de celui-ci. Enregistrement entré dans les annales de la discographie tanguera. De toute beauté.

La partie conférence sera occupée par un échange entre la chanteuse et le journaliste et animateur radiophonique Gabriel Soria, premier Vice-Président de la Academia (3).
L'espace artistique sera occupé par l'audition de quelques prises radiophoniques faites tout au long de la carrière de la chanteuse et de quelques projections d'extraits de ses films...

Lundi 15 août, à 19h30, au 1er étage du Palacio Carlos Gardel, où l'institution a son siège, avda de Mayo 833.

Entrée libre et gratuite comme d'habitude en ce jour qui sera aussi un jour férié (Día de San Martín, une fête patriotique fixée de fait au 17 août et transposée au lundi le plus proche, pour établir un long week-end et favoriser ainsi le tourisme intérieur). En plus, ce sera un lendemain d'élection, celui des primaires, qui sont désormais obligatoires pour tous les partis et où tous les citoyens sont censés avoir le devoir et l'obligation de participer et qui se tiennent en ce moment. Mais on a vu avec les élections dans la ville de Buenos Aires au début juillet et au début août que l'Argentine n'était pas la Belgique (le taux de participation est étonnamment faible pour un vote obligatoire).

(1) Cela sent le futur Retour sur Images à plein nez, vous ne trouvez pas ? Mais allez savoir quand avec ces paramètres de configuration qui désoriente complètement ce pauvre Blogger... Il lui en faut peu pour le perdre, ce brave éditeur de blog du monopolistique Google...
(2) Desde el Alma figure dans le corpus de textes présentés en version bilingue espagnol-français dans Barrio de Tango, ed. du Jasmin, à la page 42, dont je peux constater qu'il surprend toujours autant à Buenos Aires où les artistes me répètent cette année encore combien l'idée leur en paraît précieuse... A ma plus grande surprise. La Academia, à moins qu'il ne s'agisse d'un vœu exprimé par Nelly Omar elle-même, n'a visiblement pas voulu pousser le bouchon trop fort et n'a donc pas porté son choix sur Malena, qui est une forme de portrait artistique de Nelly Omar (lui aussi traduit dans Barrio de Tango).
(3) En toute autre circonstance qu'un 15 août, c'est très certainement Horacio Ferrer qui aurait présidé cette soirée mais Horacio Ferrer n'est jamais disponible le 15 août. Il y a dans la vie des devoirs sacrés, notamment ceux qui vous lient à ceux que vous aimez !

Ma prochaine conférence aura lieu à l'Alliance Française de l'avenue Córdoba [à l'affiche]

En effet, je présenterai au public portègne mon travail de diffusion de la culture du Río de la Plata en France et en Europe et singulièrement mes deux anthologies bilingues, celle parue aux Editions du Jasmin en mai 2010 et celle parue chez Tarabuste Editions en janvier 2011, à l'Auditorium de la Alianza Francesa, située Córdoba 946, le mercredi 17 août 2011 à 19. Entrée libre et gratuite bien entendu... La conférence sera donnée directement en espagnol comme il convient sur le territoire argentin.

Pour cette occasion, je serai accompagnée de deux des poètes présentés dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, Marcela Bublik, à qui l'on doit le merveilleux tango Soy, sur le questionnement d'adulte dont souffrent les enfants enlevés à leurs parents sous la dictature et que recherchent aujourd'hui l'ONG Abuelas de Plaza de Mayo (lire mes articles sur cette organisation sous le raccourci Justice et Droits de l'Homme dans la partie supérieure de la Colonne de droite) et du Maestro Héctor Negro, l'auteur inspiré de Viejo Tortoni, qui faisait déjà partie de Barrio de Tango, mon premier livre, et d'un texte en prose que j'aime particulièrement, Fábula de los Vigilantes y el hombrecito, à la page 100, une très belle parabole sur l'importance et la violence arbitraire de la répression policière dans l'Argentine de la seconde moitié du 20ème siècle.

Marcela Bublik chantera trois chansons. Je n'ai pas encore pu discuter avec Héctor Negro du contenu de sa contribution (maudit emploi du temps!) mais ça ne saurait tarder...

Pour en savoir plus :
connectez-vous au site Internet de l'Alliance Française à Buenos Aires, une institution culturelle qui jouit du plus grand prestige auprès du public argentin et qui a permis d'apprendre le français à pleins de gens qui en gardent souvent un souvenir ému.
Et pour ceux qui n'ont pas beaucoup de temps pour visiter le site, voici le lien direct avec la présentation de ma causerie de mercredi prochain.
Et dès que Blogger me laissera le faire, j'illustrerai cet article du très beau flyer que l'équipe de la Médiathèque de l'Alliance Française à Buenos Aires (AFBA pour les intimes) m'a concocté. Il est de toute beauté...

Cours exceptionnel des Copes père et fille hier à Tango Porteño [à l'affiche]


Le tango à Buenos Aires, c'est aussi ça. Le tango spectaculaire davantage à l'usage des touristes que du Portègne lambda, et en l'occurrence il s'agit pour le somptueux et immense cena-show qu'estTango Porteño de faire de la retape auprès des danseurs et futurs concurrents, venus d'un peu partout dans le monde dans la capitale argentine, pour participer au tout prochain Mundial de Tango. Bien entendu, pour eux, qui souvent ne connaissent du tango que la danse et ne s'intéressent qu'à la danse, quelle offre alléchante qu'un cours avec ces deux-là ! Et cet objectif est très clairement détectable dans le choix du costume, assez tape-à-l'oeil et difficile à porter en ville, surtout l'hiver, qu'exhibe Johana Copes (sur une affiche qu'un problème technique chez l'éditeur du blog, Blogger, m'empêche de publier aujourd'hui).

Juan Carlos Copes, on ne le présente plus : à 80 ans, il danse toujours, en général dans un autre cena-show de la ville, la Esquina Carlos Gardel, qui fut autrefois, il y a bien longtemps, un simple bistrot de quartier ouvrier où Gardel se produisait contre un repas gratuit... On peut dire de Copes qu'il a inventé le tango de scène, un style dont la portée politique est des plus ambigües. D'une part, on lui doit que des danseurs aient pu survivre économiquement à la mise en cage du tango après la chute de Perón en 1955, lorsque les gouvernements successifs, à la solde des Etats-Unis, ont voulu réduire le genre à une simple attraction touristique. Le tango de scène a en effet parfaitement trouvé sa place dans cette étape du tango, qui fut aussi celle de sa décadence ou plutôt de sa mise sous le boisseau. D'autre part, c'est ce tango de scène qui, dans l'esprit de beaucoup de gens, y compris en Argentine, a réduit le tango à une simple danse de couple et à un spectacle fort peu culturel au demeurant, de type revue, avec longues jambes en bas résille et types machistes revêtus d'invraisemblables costumes d'une autre époque avec galure incliné sur l'oeil pour se donner un air de voyou, ce qu'à la rentrée, Tanguera va une nouvelle fois mettre à l'honneur, bien peu mérité, au théâtre du Châtelet à Paris, au cours de leur habituelle tournée d'automne européenne...

Hier donc, et seuls des impératifs d'organisation de mon temps et le décalage horaire expliquent que je n'en parle qu'aujourd'hui, le père et la fille ont donné deux cours, sans aucune précision sur le niveau de technique requis, l'un sur la technique femme, l'autre sur des notions de tango-salón, dont ils ne sont pourtant pas les représentants les plus emblématiques. Le tout dans cet établissement où les Portègnes ne mettent jamais un orteil, Tango Porteño, à deux pas de l'Obélisque, un ancien cinéma des années 30, tout en style arts déco (si on aime, c'est pas mal dans le genre), qui a été sauvé de la destruction par l'installation de ce business qui vous fait dîner d'une cuisine internationale, donc peu typique, et vous offre (à prix excessif) un spectacle tout en paillettes et sans queue ni tête, où se commettent néanmoins de très bons artistes. Il y a trois ans, s'y produisait entre autres une chanteuse qui chantait Malena a capella d'une manière splendide...

Mais Malena, il vaut mieux la rencontrer en chair et en os, ou plutôt celle qui a inspiré le poète Homero Manzi pour l'écriture de cette letra magnifique (1), et pour ça, rendez-vous demain soir, lundi 15 août 2011, à la Academia Nacional del Tango. Dont les Copes père et fille sont d'ailleurs membres...

(1) La version bilingue, espagnol-français, de Malena figure bien entendu dans mon recueil Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, publié en mai 2010 aux Editions du Jasmin, p. 42, et que je présenterai le 17 août prochain à l'Alliance Française.

PASO en Buenos Aires : journée électorale pendant un long week-end [Actu]

Aujourd'hui, Buenos Aires et tout le reste du pays votent. Il s'agit des toutes premières élections primaires obligatoires (d'où le P, pour primaires, et le O, pour obligatoires), pour tous les parties et toutes les élections dont le premier tour interviendra le 23 octobre prochain : élection à la Présidence de la République (de la Nación, en argentin dans le texte), élections sénatoriales partielles (seules huit Provinces sont concernées), renouvellement de la Chambre des Députés au niveau national. Au niveau des Provinces, ces primaires concernent aussi la presque totalités des gouverneurs et des chambres législatives locales (legislaturas) ainsi que la quasi totalité des municipalités, y compris les capitales provinciales. Cette formule a force de loi depuis l'année dernière, il s'agit pour le Gouvernement en fonction d'une avancée de la démocratie pour permettre au peuple d'intervenir dans la vie des partis politiques et éviter, au moins en droit, de se faire imposer comme candidat n'importe quel gugusse comme cela s'est très souvent produit dans l'histoire, et à tous les niveaux de responsabilité.

L'organisation de ce scrutin multiple n'est donc pas à la charge des partis mais placée sous la responsabilité de l'Etat, qui a désigné les membres de tous les bureaux de vote, tandis que les organisations politiques ont désigné pour leur part chacun leur fiscal (procureur),c'est-à-dire leur représentant ou observateur contradictoire, qui va surveiller le bon déroulement du vote chacun pour le compte de sa formation. Les bureaux de vote et les listes électorales (patrón electoral) sont donc les mêmes que pour les élections effectives aux mandats à pourvoir. En général, ces bureaux sont installés dans les écoles et, pour ce que j'ai pu en voir dans le quartier où je suis installée, ils fonctionnent car on y observe sans peine les entrées et sorties en bon ordre ainsi ques des électeurs qui examinent soigneusement le patrón affiché à l'entrée du bureau. Etant étrangère, je me suis bien gardée de mettre un seul pied dans une école, même toutes portes ouvertes (et j'ai bien du mérite car j'habite à deux pas du fameux Colegio Nacional, l'un de ceux dont les élèves se gèlent faute de chauffage et avec des lambeaux de plafond qui leur dégringolent tous les  quatre matins sur la tête, le tout dans l'enceinte pourtant classée monument historique de la vénérable Manzana de las Luces, ancienne maison provinciale de la Compagnie de Jésus devenu un grand centre culturel animé par l'église San Ignacio et la très laïque Université de Buenos Aires ensemble). J'attends donc de vivre en direct sur le canal de la télévision publique la soirée électorale à la clôture des bureaux de vote.

Dans Buenos Aires, c'est la police fédérale qui est déployée dans les rues, un peu plus présente qu'un jour ordinaire, me semble-t-il, puisque les agents sont placés par deux au moins en sentinelles à proximité des bureaux (d'habitude le vigilante est tout seul à son carrefour et s'ennuie ferme...). Les voisins s'interpellaient dans la rue ce matin en se souhaitant de bien voter ou en se rappelant mutuellement ce devoir à accomplir. Hier, le chanteur Horacio Molina, qui partageait la soirée comme tous les samedis depuis plus de 3 mois avec Amelita Baltar, à Clásica y Moderna (1), nous a livré un véritable sketch sur ce devoir civique sacré (patrio, pour être plus exact) et sous l'apparence légère et fantaisiste, j'ai pour ma part entendu une véritable exhortation à ne pas sécher un tel devoir civique. Il faut dire que le vote a beau être obligatoire ici depuis l'adoption de la Loi Saenz Peña en 1912, le taux de participation est loin du 100%. Rappelez-vous mon article sur le premier tour des élections dans la Ville de Buenos Aires, le 10 juillet, où le quotidien de gauche Página/12 se félicitait d'un taux de participation de 75% ! Et au deuxième tour, ce taux a encore baissé... On n'est pas en Belgique ici !

Bien entendu, les entités fédérées qui ont déjà procédé à leurs élections locales comme Tierra de Fuego et la Ville autonome de Buenos Aires, dont les deux mandataires sortant ont été renouvelés à la tête de l'exécutif (les deux élections anticipées aux résultats les plus spectaculaires), ne participent à ces primaires que de manière simplifiée, c'est-à-dire pour les deux ou trois scrutins de niveau national qui les concernent. Ainsi à Buenos Aires, on ne vote que pour départager les pré-candidats à la Présidence de la Nation et à la Chambre des Députés. Il n'y aura pas d'élections sénatoriales dans la Capitale (je mets une majuscule comme on le fait en Argentine, mais j'ajoute l'article, que l'on ne met jamais ici).

Pour vous donner une idée des dilemmes des électeurs, la Cour Electorale, instance judiciaire responsable du bon déroulé des scrutins, a reçu et validé 313 listes pour les pré-candidats aux élections législatives dans tout un pays qui compte 25 entités fédérées et 10 binômes pour la Présidence et la Vice Présidence de la Nation, où le suspense est nul puisqu'il n'y a qu'un seul binôme par parti, les partis ayant en fait procédé à des primaires privées  officieuses dans le jeu de leurs instances dirigeantes, les plus mal placés des pré-candidats s'étant en général désistés au profit des mieux placés, ne serait-ce que pour s'éviter une veste humiliante au niveau du scrutin public. C'est ainsi que Julio Cobos, pourtant actuel Vice Président, a cédé le pas à Ricardo Alfonsín à l'UCR, ex-bastion de la gauche, avant que ce dernier tâche de nouer des alliances électorales surprenantes avec le PRO, parti de la droite ultra-libérale... Il serait bien entendu fastidieux de décompter le nombre total de pré-candidatures déclarées pour les Gouverneurs, les Legislaturas provinciales et les collectivités locales qui renouvellent leur conseil municipal.

(1) Dès que je le peux, je vous fais un retour sur images sur cette très belle soirée musicale où tous les deux ont fait preuve d'un sens du spectacle et de l'interaction avec le public éblouissant et je ne vous parle pas des voix et du choix du répertoire. Avec ça, on a eu droit à plusieurs sketches de l'un et de l'autre, avec des imitations en tout genre hilarantes, et à un avant-goût du prochain disque de Amelita Baltar, dont j'aurai tout loisir de vous parler dans les prochains mois, lorsqu'il sortira...

mardi 9 août 2011

Abuelas annonce l'identification d'un 105ème petit-enfant [Actu]

Des préparatifs de voyage, très tanguero le voyage !, et diverses obligations administratives me privent aujourd'hui du temps nécessaire à la rédaction d'un article aussi développé que d'ordinaire dans ces circonstances... Mais pour autant, pas question de laisser passer cette journée sans faire écho à la bonne nouvelle, qui fait du bien à tous au milieu de toutes les mauvaises nouvelles économiques et autres faits divers crapuleux dont les médias en France nous rebattent les oreilles (et les yeux) depuis le début du mois : l'ONG argentine Abuelas de Plaza de Mayo (Grands-Mères de la Place de Mai) a annoncé qu'on avait identifié l'un des 400 enfants volés à leurs familles par la Dictature de 1976-1983. Il s'agit d'une jeune femme prénommée Laura, née dans la prison clandestine installée à l'ESMA (Ecole Supérieure de Mécanique de la Marine) (1), à Palermo, en février 1978. Ce médecin, mariée et mère de deux enfants, est la fille de Susana Siver et Marcelo Reinhold, qui avaient été arbitrairement arrêtés le 14 août 1977. On sait que Marcelo a été assassiné le 9 novembre 1977 mais les goeliers firent croire à sa femme qu'il avait été libéré. On ne dit rien du sort de la mère qui semble avoir pu communiquer avec l'extérieur après la naissance de son enfant, dont il est certain qu'elle a été adoptée frauduleusement et en toute connaissance de cause par la famille qui l'a élevée.

La mère de son père, Luisa Bermúdez de Reinhold, a rejoint Abuelas en 1982, donc sous la dictature, pour rechercher ce bébé dont on avait annoncé la naissance à son mari. Le titre de l'article du quotidien Página/12 cite Estela de Carlotto, la Présidente de Abuelas, qui se réjouit à cette occasion que "la grand-mère ait assez vécu pour connaître cette petite-fille".

C'est Laura Reinhold Siver elle-même qui a alerté Abuelas sur sa situation il y a quatre ans car elle était envahie par le doute sur son identité depuis de nombreuses années.

Pour aller plus loin :
Vous pouvez aussi vous reporter au site Internet de Abuelas, dont vous trouverez le lien dans la Colonne de droite, dans la rubrique Cambalache (casi ordenado), dans la partie inférieure.

(1) Après le retour de la Démocratie, l'ESMA a été désaffectée et c'est depuis plusieurs années un centre culturel dédié à la mémoire des victimes de la répression politique, essentiellement dans la période où la Junte militaire exerçait le pouvoir. Pendant la dictature, l'ESMA abritait un centre de torture et une maternité clandestine où les prisonnières accouchaient, le plus souvent avant d'être exécutées tandis que leur bébé, s'il avait survécu, était remis, sous une fausse identité et avec une fausse date de naissance, à des sbires du régime, qui aujourd'hui sont poursuivis pénalement lorsque leur implication dans de tels crimes est établie (faux et usage de faux, appropriation de mineur, c'est-à-dire adoption frauduleuse, falsification d'identité de mineur). Ils encourent plusieurs années de prison.

jeudi 4 août 2011

Lucio Arce au Bar El Faro le 12 août [à l'affiche]


L'auteur-compositeur-interprète Lucio Arce rassemblera un nombre incroyable d'artistes de ses amis au Bar el Faro du quartier de Villa Pueyrredón (esquina Pampa y Constituyentes), le vendredi 12 août 2011, à 22h.

Droit au spectacle : 20 $
(pensez aussi à la pizza ou aux empanadas. Je ne sais pas à quoi ressemble la cuisine de ce restaurant qui a changé de propriétaire depuis mon dernier séjour à Buenos Aires).

Je vous laisse rêver devant la liste d'artistes annoncée par Lucio Arce lui-même :
Hernán Cucuza Castiello, Bruno Aguzzi, Jacqueline Sigaut, Facundo Radice, Bruma Ottavianelli, Marina Ríos, Juan Villarreal, Santiago Richetti, Damián Fontenla, Javier Cardenal Domínguez, Mosquita Muerta, Hugo Araujo, Rocío Melina, El Negro Latini, Bam Benítez.

Quelle soirée en perspective !

Gardel entre reos y criollos au 36 Billares le 11 août [à l'affiche]


Les chanteuses Lucrecia Merico et María de los Ángeles Ledesma reprendront au Bar 36 Billares, avenida de Mayo 1265, leur spectacle d'hommage à Carlos Gardel, créé en juin pour le 76ème anniversaire de la mort de l'artiste.

Ce sera le jeudi 11 août 2011 à 21h30.

Entrée : 40 $.

Les deux artistes seront accompagnées par le trio Las Guitarras Saavedrinas, composé de Nacho Iruzubieta, Hernán Pérez et Germán Layna. Elles ont invité le chanteur Hernán Genovese à les rejoindre. Quant au couple de danseurs, qui prend part à tous les soirées des 36 Billares, il s'agira ce soir là de Martín Vicente et Natalia Cristofaro.

Si auparavant vous allez à la Academia Nacional del Tango pour la présentation du disque de Héctor Negro, vous n'aurez que quelques mètres à parcourir pour rejoindre les 36 Billares et assister au spectacle... Alors très bonne soirée !

Présentation de Cosas de Negro, un disque des oeuvres de Héctor Negro [à l'affiche]

Le jeudi 11 août 2011, à 19h, le poète Héctor Negro présentera un disque intitulé Cosas de Negro, produit par le Foro Argentino de cultura urbana aurpès du label La Fusa Discos, à la Academia Nacional del Tango, avenida de Mayo 833, au premier étage (Salón de los Angelitos Horacio Ferrer).

Le disque, dont le titre est un jeu de mot (Truc d'un pauvre type et/ou Choses de Negro), est une anthologie de poèmes dits par leur auteur et divers tangos, milongas et chansons qu'il a écrits et qu'interprétent plusieurs chanteurs ainsi que des témoignages parlés que lui ont accordés des personnalités comme la chanteuse Susana Rinaldi, le compositeur et bandonéoniste Raúl Garello, le poète et essayiste Horacio Ferrer, la compositrice et chanteuse Carmen Guzmán, l'essayiste Natalio Etchegaray, le poète Eugenio Mandrini et le compositeur et bandonéoniste Pascual Mamone.

La soirée sera ouverte par Natalio Etchegaray, au nom du Foro, et une partie artistique sera assurée par les chanteurs Carlos Barral et Carlos Varela ainsi que Ernesto Bo Martínez (chant) et Hugo Javier Menzietti (piano).

Ce sera aussi l'occasion pour le Maestro Héctor Negro (1) de présenter le nouveau numéro de la revue culturelle Buenos Aires, Tango y lo demás.

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles...

(1) Héctor Negro fait partie des 10 poètes que j'ai présentés, en version bilingue, dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango argentin, paru chez Tarabuste Editions en janvier 2011, comme Supplément 2010 de la revue Triages (publié avec l'aide du Centre National du Livre). Il était aussi présent dans ma première anthologie, avec deux letras de tango, dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, paru aux Editions du Jasmin, en mai 2010. Les deux ouvrages sont disponibles dans toutes les bonnes librairies culturelles, sinon directement en stock, au moins par commande.

Ce soir, hommage au compositeur Ariel Ramírez à Clásica y Moderna par son fils [à l'affiche]


Ce sera tous les jeudis de ce mois d'août 2011, à 21h30, à Clásica y Moderna, Callao 892, dans le quartier de Recoleta.

Facundo Ramírez, le fils de Ariel Ramírez, le compositeur de Misa Criolla, pour ne citer qu'une seule oeuvre, rend hommage à son père avec la sortie d'un disque où il joue exclusivement les oeuvres de celui-ci. Les quatre soirées d'août seront donc à la fois une présentation de ce travail et des concerts-souvenirs pour un artiste dont la mort avait profondément endeuillé l'Argentine (voir mon article du 19 février 2010 sur ce décès).