vendredi 27 avril 2012

Deux cents ans de musique à la Casa del Bicentenario [à l'affiche]

Création de l'hymne national argentin en 1811 ou 1813 chez doña Mariquita Sánchez de Thompson
(scène reconstituée a posteriori)
Museo Histórico Nacional, le musée consacré à la constitution de l'imagerie nationale

Música Argentina, 200 Años, tel est le titre de l'exposition qui vient de s'ouvrir à la Casa del Bicentenario, Riobamba 985, dans le quartier de Palermo. Cette exposition retrace les 200 ans, et en fait beaucoup plus, de la musique nationale, en remontant jusqu'à l'époque pré-colombienne, avec des instruments datant d'avant la découverte de Christophe Colomb.

Une part importante de l'exposition est en effet consacrée aux musiques indiennes (originaires, disent maintenant les Argentins), notamment celles des peuples du sud, les Mapuches, dont la vie culturelle est de plus en plus mise en lumière après avoir été niée et ignorée très longtemps (seuls les Guaranis avaient droit à un semblant d'intérêt).

Dans le décor rouge ponceau qui marqua cette époque (1835-1852), une salle est consacrée au candombe noir du temps de Rosas, dans lequel le tango prend une partie de ses racines (voir le Vade-mecum historique dans la rubrique Petites Chronologies de la Colonne de Droite, dans sa partie médiane). Une autre l'est à la musique patriotique (illustration ci-dessus), révolutionnaire et fédérale des années 1810-1830 (les premiers temps de l'indépendance suivis de la guerre civile entre unitaires et fédéraux à partir de 1820). Le premier étage est consacré à la musique du 20ème siècle, dans laquelle le tango tient toute sa place. Le musée de la SADAIC (la société des auteurs et compositeurs) a prêté quelques unes de ses pièces, comme les guitares de Gardel et Razzano, la machine à écrire du poète Homero Expósito (1), le bandonéon du compositeur Eduardo Arolas... Les autres musiques populaires sont elles aussi présentes, comme le folclore, le jazz et le rock argentins. Tout comme la musique de film, la musique classique, la musique religieuse et l'opéra (le Colón a été, à de nombreuses époques, l'une des plus prestigieuses salles lyriques du monde, avant que la crise économique de 2001 lui vole ce beau titre de gloire). Les 7 ans qu'a duré la dernière dictature militaire (1876-1983) est représentée par une pièce obscure et silencieuse où on ne trouve que la liste des morceaux de musique qui étaient alors censurés, pour des raisons variées et souvent assez incompréhensibles...

L'exposition fait aussi la place à la musique vivante avec plusieurs concerts le week-end. Côté tango, sont au programme Juan Carlos Godoy (ce soir vendredi à 19h), Hugo Marcel (demain à 18h), le Sexteto Mayor (ce dimanche à 18 h, lui aussi). Guillermo Fernández et Brian Chambouleyron sont au programme de la semaine prochaine.

L'exposition est ouverte jusqu'au dimanche 6 mai, du mardi au dimanche, de 15h à 21h, et l'entrée est libre et gratuite.

Pour aller plus loin :

(1) dont j'ai traduit une demi-douzaine de tangos, de valses et de milongas parmi les plus célèbres dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, ed. du Jasmin, comme Flor de Lino, Azabache, Tristeza de la calle Corrientes ou Yuyo verde...

mercredi 25 avril 2012

La "tournée" éternelle de Ubaldo De Lío [Actu]


Le grand guitariste argentin Ubaldo De Lío est parti hier et pour toujours en "tournée" comme les Argentins disent par euphémisme. Il avait 83 ans.

En Europe, on le connaît surtout comme le partenaire pendant un demi-siècle de Horacio Salgán, dans ce duo du piano et de la guitare comme au sein du Quinteto Real. On sait moins qu'il a joué aussi du folclore, du jazz, de la musique brésilienne et ce que les Argentins appellent de la musique tropicale, pour désigner ces genres qui viennent du nord de leur continent.

En matière de tango, il avait aussi accompagné de très grandes voix, comme celle de Edmundo Rivero, Hugo del Carril et même Ignacio Corsini, le chanteur a la criolla par excellence (avec Gardel mort trop tôt). Côté voix féminine, il a accompagné Nelly Omar et Rosita Quiroga, entre autres. On l'a vu aussi jouer aux côtés de Aníbal Troilo et de Mariano Mores.

Ubaldo De Lío était né le 11 mars 1929 dans le quartier de Boedo, celui qu'avaient chanté Homero Manzi et Cátulo Castillo, qui y vivaient, celui qui est devenu le quartier emblème de la movida du tango indépendant, avec son Festival de mars. Il avait touché les cordes de sa première guitarre à l'âge de quatre ans, grâce à un ami de la famille, et cette découverte fut à peu près contemporaine de la mort de Gardel. C'est avec le répertoire du grand disparu, que lui chantait sa mère, qu'il s'initia au tango avant de faire des études de musique classique. Ce musicien de conservatoire réussissait l'exploit rare de conjuguer sa formation et la capacité de jouer a la parilla, sans partition, sans arrangement préconçu, dans une forme d'improvisation propre au tango (et que le jazz connaît aussi sous d'autres formes génériques).

Le maître s'était retiré de la scène il y a plusieurs années mais était revenu jouer quelques notes en 2010 pour les fêtes du Bicentenaire et celles du cinquantenaire du Sexteto Real, notamment au Centro Cultural Torcuato Tasso, à San Telmo (j'en avais parlé en leur temps).

Les quotidiens argentins, qui ne manquent pas de matière politique, diplomatique, sociale, économique et même météorologique (1) aujourd'hui, lui rendent hommage ce matin dans leurs pages culturelles, en ne lui laissant parfois qu'une place exigüe qui ne rend pas justice à son talent ni à sa longévité artistique.

Pour aller plus loin :

(1) L'hiver vient d'arriver sur l'Argentine beaucoup plus tôt que d'ordinaire. L'hiver commence à frigorifier les Portègnes en mai (à Ushuaia, c'est plus tôt dans la saison et à Corrientes, l'hiver est une saison théorique pour ce qui est des températures).

mardi 24 avril 2012

Ariel Ardit jeudi, avec ETvaB, au Torcuato Tasso [à l'affiche]


Jeudi 26 avril 2012, Cucuza et Moscato continuent leurs représentations de El Tango vuelve al Barrio, délocalisé sur le quartier de San Telmo (CC Torcuato Tasso, rue Defensa), en invitant le chanteur Ariel Ardit, qui commence à se positionner en vedette dans le paysage musical argentin, et qui sera accompagné par le guitariste Horacio Avilano.
Comme tous les jeudis de ce mois d'avril 2012, l'entrée achetée le soir même à la caisse du Tasso est à 60 $ et à 40$, si vous réservez à l'avance.

Comptez les consommations en plus. Le Torcuato Tasso offre une sympathique carte de restauration légère et roborative, au choix.

Pour changer de la campagne électorale, dans le Puy-de-Dôme [ici]

Nos amis portègno-clermontois Daniel Pérez et Marie Crouzeix, respectivement guitariste-bandonéoniste et flûtiste sous toutes les formes et avec tous les instruments (plus percussionniste à ses heures perdues), proposent deux concerts conviviaux ces jours prochains à Clermont-Ferrand et à Brousse.

Une soirée de chansons latino-américaines le jeudi 26 avril à partir de 19h30 au restaurant L'Adresse, place du Mazet, à Clermont-Ferrand même, entrée libre et gratuite (hormi les consommations et le repas naturellement), dans leur formation de Trio PUC (avec la chanteuse chilienne Claudia Urrutia).
Une après-midi de musique populaire contemporaine avec le Trio Taquetepa, avec le contrebassiste Fabrice Gouterot, le dimanche 29 avril à 17h à Brousse.
Et après l'élection du (nouveau) Président de la République, nous les retrouverons dans l'Essonne, le 12 mai, au Domaine de la Feuilleraie, à Varennes-Jarcy.

Ce soir, Las Minas font le spectacle à Clásica y Moderna [à l'affiche]

Ce soir, mardi 24 avril 2012, à 21h30, les chanteuses Lucrecia Merico et Valeria Shapira reviennent faire leur show à Clásica y Moderna, Callao 892 (vous connaissez l'adresse par coeur, le nom de ce récital à deux voies aussi : Las Minas del Tango Reo).
Une manière de fêter l'anniversaire de Lucrecia, qui est pour demain...
¡Feliz cumple, Lucre!

Les livres présentés à la Feria del Libro par le CCC [Disques & Livres]

A Buenos Aires, le mois d'avril est traditionnellement celui du Salon du Livre. Plusieurs artistes de tango et d'autres musiques populaires sont présents, à des titres variés, sur les différents stands qui composent la manifestation.
Le mercredi 2 mai à 18h, au stand de la Présidence de la Nation, dans le Pavillon Bleu (Pabellón Azul), le CCC Floreal Gorini, département Ciudad del Tango, fera la présentation de deux ouvrages :

 

El Tango es puro cuento (une anti-phrase qui pourrait se traduire "le tango, c'est de la blague"), de trois acteurs très sérieux du genre, le chanteur et compositeur Guillermo Fernández et les compositeurs et instrumentistes Federico Mizrahi et Luis Longhi (les duettistes de Demoliendo Tangos). L'album est accompagné d'un disque cadeau auquel ont participé outre les trois auteurs des artistes comme Teresa Parodi, Alejandro Dolina, Walter Chino Laborde, Franco Luciani ou Ligia Piro (la fille de Susana Rinaldi et Osvaldo Piro, qui s'adonne au rock et au jazz).
El tango, ventanas del presente (le tango, fenêtres sur le présent), écrit par trois membres de la Ciudad del Tango, Mercedes Liska, Soledad Venegas et Juano Villafañe, directeur du département. Le livre sera présenté avec un disque cadeau qui présente une anthologie des artistes du tango nuevo qui se produisent tout au long de l'année au CCC ou coopèrent avec lui dans le cadre du Festival Indépendant de Tango du mois de mars. On y retrouve en particulier un enregistrement de la Guardia Hereje, qui date bien entendu d'avant la mort de Alorsa, qui nous a quittés en août 2009 (voir mes articles sur cet artiste qui nous manque si fort en cliquant sur son nom dans la Colonne de droite).

Pour en savoir plus sur le CCC, cliquez sur le sigle dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, et vous aurez accès à l'ensemble des articles concernant ce centre parus dans Barrio de Tango depuis la naissance de ce blog (juillet 2008).

Du pain sur la planche [Disques & Livres]


Malgré mes annonces de reprendre le rythme normal de parution sur ce blog au début du mois de mars, vous aurez remarqué sans que je vous le dise qu'il n'en est en fait sinon rien, du moins pas grand-chose.
La faute à une belle charge de travail pour préparer pour la rentrée les trois livres à la rédaction desquels je suis attelée depuis la mi-octobre, l'un chassant l'autre. Deux sont déjà presque aboutis. Le troisième est sur le métier. Ce qui continue de m'éloigner un peu trop de ce blog mais me fournira à la rentrée de nombreux prétextes à plein de rencontres avec le public sous la forme de dédicaces et de conférences.

D'ici là, je tâche de garder un oeil vigilant sur l'actualité argentine, qui s'est bien calmée depuis que les élections ont eu lieu en juillet et en octobre. On est en début de second mandat, à la Casa Rosada comme au siège du Gouvernement portègne, et les fleurets sont à nouveau mouchetés (pas pour très longtemps, les mandats argentins n'étant que de 4 ans).

En attendant de renouer avec mon rythme ancien, c'est un plaisir d'annoncer la sortie d'une nouvelle collection aux Editions du Jasmin, qui se lance dans la littérature générale avec la publication à la mi-mai de 6 romans, de trois auteurs différents et avec deux formats, romans courts et plus longs (le roman-fleuve n'est pas encore au programme).

La présentation de la nouvelle collection aura lieu à Pairs, le 14 mai 2012, au MOTIF, 6 villa Marcel-Lods, Passage de l'Atlas, 75019 Paris (M° Belleville). Présentation de Jasmin Littérature, débats et lectures, rencontre avec deux des auteurs et petit cocktail en perspective. On peut en savoir plus sur la collection en allant visiter le site de la maison d'édition, http://www.editions-du-jasmin.com/. Pour se rendre à la soirée, il est demandé de se signaler à la co-directrice de collection (par mail à marianne.stpa@gmail.com). Cela rendra possible la préparation de la réception...

vendredi 20 avril 2012

ECuNHi fête en tango les 35 ans de l'ONG Madres de Plaza de Mayo [à l'affiche]


Le centre culturel ECuNHi, situé dans le quartier de Palermo, dans les anciens locaux de l'ESMA, cette école de mécanique navale qui servit, pendant la Dictature, de centre de détention et de torture clandestin, fête ce week-end les 35 ans de la fondation de Madres de Plaza de Mayo par trois jours de tango, parainnés par la chanteuse Susana Rinaldi et le pianiste et compositeur José Colángelo.

Entrée libre et gratuite, dès ce soir, vendredi 20 avril 2012.

La manifestation, dont c'est la deuxième édition cette année, a vocation à mettre en valeur ces artistes et ces expressions que la Ville de Buenos Aires délaisse systématiquement depuis l'arrivée au pouvoir du PRO (droite ultra-libérale et affairiste), que Madres combat de toutes ses forces. Comme la plupart des activités de ce centre culturel, ce petit festival est soutenu par les associations de droits des artistes, SADAIC pour les créateurs (auteurs et compositeurs) et AADI pour les interprètes.

Le festival a donc droit ce matin à un article dans Página/12, que vous pouvez lire en vous faisant aider par le traducteur en ligne Reverso, dont le lien permanent se trouve dans la partie basse de la Colonne de droite de ce blog.

mardi 17 avril 2012

Prendre le taureau par les cornes, acte II [Actu]

Cela faisait quinze jours environ que le sujet était dans toutes les conversations politiques en Argentine : le pays renationalise sa compagnie pétrolière, YPF, privatisée sous le gouvernement de Carlos Menem qui en céda le capital et la pleine propriétaire à la pétrolière espagnole Repsol.


Cristina Fernández de Kirchner continue la politique de reprise en main des activités économiques clés qui assurent au pays son indépendance économique. Après la renationalisation de la compagnie aérienne transcontinentale Aerolineas Argentinas et de sa filiale intérieure Austral (voir mes articles sur ce sujet), après la suppression des régimes de base de retraite par capitalisation au profit d'un régime général par répartition qui a le vent en poupe depuis maintenant plusieurs années et porte une partie de la consommation intérieure (voir mes articles sur ce sujet), voilà que l'Etat reprend le contrôle de l'exploitation des réserves de pétrole patagoniennes, une région dont la Présidente et son défunt mari ont longtemps été des élus locaux (lui comme maire puis gouverneur de la capitale puis de la Province de Santa Cruz et elle comme sénatrice de cette même province pétrolifère).

YPF avait été créé, comme régie nationale des gisements et raffineries d'hydrocarbures, en 1922 par le premier président de gauche élu en Argentine (en 1916), Hipólito Yrigoyen, l'un des co-fondateurs de l'UCR, le plus vieux parti argentin, aujourd'hui en pleine déconfiture politique, idéologique et électorale mais qui fut néanmoins un des axes de la vie politique nationale tout au long du 20ème siècle. La vente de ce bijou de famille pendant l'ère ultra-libérale de Menem (qui imitait Thatcher et Reagan) avait été l'un des plus violents coups portés contre la souveraineté et le développement économiques nationaux, Repsol n'ayant pas hésité dès la prise de contrôle à se comporter en prédateur sans scrupule, comme l'ont fait successivement dans le ciel Iberia puis le groupe Marsans contre Aerolineas.

La nationalisation d'YPF prendra, comme ce fut le cas pour le transporteur aérien, la forme de l'expropriation du capital, après le vote d'une loi dont le projet a déjà été déposé sur le bureau du Congrès. Le Gouvernement national possédera 51% des actions, laissant à Repsol 6% sur les 57 dont elle dispose actuellement. Sur cette part du capital, l'Etat national conservera 51% et cèdera les 49% restant aux différentes Provinces pétrolières du pays. Le tribunal des évaluations financières (tribunal de tasación) aura la charge de fixer un prix pour ces actions, prix qui sera alors versé à Repsol par les nouveaux actionnaires publics, si tout se passe bien. Cette même opération avait été rendue beaucoup plus compliquée avec Marsans, il y a quelques années, parce que le gouvernement espagnol avait appuyé le voyagiste de tout son poids, en exerçant sur le gouvernement argentin un véritable chantage. Mais les choses ont changé depuis. L'Espagne est frappée par une crise épouvantable qui tire sa croissance vers le bas tandis que l'économie argentine est sur la pente ascendante avec ce que les Argentins appellent des taux [de croissance] chinois (tasa china). Le gouvernement de Mariano Rajoy pousse des cris d'offraie, il s'est même réuni en urgence hier soir mais il n'est pas dit qu'il disposera cette année d'autant de pouvoir qu'autrefois dans les relations bilatérales, d'autant que le reste du Mercosur risque bien de se ranger du côté de Cristina alors que l'Union Européenne est plutôt en panne de solidarité surtout avec les pays méridionaux, comme on le voit depuis tous ces mois où les Etats jouent chacun pour soi.

Le Gouvernement a d'ores et déjà nommé une nouvelle direction composée, comme d'ordinaire dans ce cas, d'hommes politiques issus des futurs ministères de tutelle. C'est ce qu'on appelle en droit argentin une "intervención" (mise sous tutelle).


En commission parlementaire, le projet a déjà été discuté et il a reçu l'approbation très large, en réunissant pour une fois la majorité kirchneriste et une bonne part de l'opposition. L'unité nationale s'est formée dans les deux hémicycles comme pour la renationalisation d'Aerolineas. Il n'en va pas de même dans la presse où les journaux d'opposition font leur mauvaise tête accoutumée et tiennent un discours et des analyses à la limite de la déloyauté envers le pays, jouant à nouveau à fond toutes les cartes à leur disposition contre le gouvernement porté aux affaires par les élections d'octobre dernier (voir mon article du 24 octobre 2011 sur ce résultat en cliquant sur le lien).

De tous les quotidiens argentins, La Nación est celui qui va le plus loin dans ce sens en se faisant rien moins que le porte-parole de Repsol et des Espagnols contre les intérêts argentins (il est vrai aussi que les Provinces pétrolifères sont toutes gouvernées par la majorité, seules deux Provinces agricoles et viticoles ont voté à droite ou pour des alliés de la droite ultra-libérale si bien représentée à Buenos Aires par Mauricio Macri). Dans la presse argentine, l'affaire occupe plusieurs articles et largement plus de la moitié du contenu du jour sur les sites Internet. La presse espagnole est elle aussi déchaînée et plus elle se situe à droite, plus agressif est le ton général des articles. La comparaison de ce qui s'écrit de part et d'autre de l'Atlantique est d'ailleurs fort instructive. Depuis la mi-octobre, je me trouve plongée pour le besoin de mes prochains livres dans la consultation de documents historiques relatifs à la guerre d'indépendance en Amérique du Sud et en lisant l'un après l'autre Página/12 et ABC ou même El País de Madrid, j'ai la nette impression de me retrouver deux cents ans en arrière puisque les arguments que les uns et les autres s'envoient à la figure n'ont pas changé depuis cet "heureux temps" où tout ce joli monde s'affrontait à coup de canon et de baïonnettes. Il n'est question d'un côté que de souveraineté nationale, de liberté de décider de l'exploitation de ses propres ressources et de pouvoir jouir du produit de son travail et de l'autre de droits de propriété acquis et dont la violation serait la pire félonie exercée par des responsables politiques auxquels on ne pourrait pas se fier... Une machine à remonter le temps !

Pour les passionnés de linguistique, le même une mais en catalan !

Repsol, qui fait semblant d'être surpris, a déjà valorisé sa filiale à un prix exorbitant (tant qu'à faire !) et annoncé qu'elle se porterait devant la justice internationale. Ce qui pourrait indiquer que le gouvernement espagnol n'est en effet plus en aussi bonne posture qu'au temps de la récupération d'Aerolineas pour mettre des bâtons dans les roues argentines et épargner à la firme espagnole des frais de procédure grâce à ses interventions. Ce matin, le cours de Repsol a fait une chute spectaculaire à la Bourse de Madrid.

Daniel Paz et Rudy trouvent bien entendu à s'en amuser avec un cocktail relevé qui mélange à part égale l'accident de chasse à l'éléphant du roi Juan Carlos en Afrique et la charge furieuse du PDG de Repsol à Madrid. Jugez-en vous-même !



Le grand dadais : Qu'est-ce qui s'est passé entre le roi d'Espagne et l'éléphant ?
Le gros moustachu : On dirait que l'eléphant a voulu exproprier Repsol.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin :
Lire l'éditorial par l'historien et économiste Mario Rapoport
En Espagne :
Lire l'article de El País (Madrid)
Lire l'article de ABC (Madrid)
Lire l'article de La Vanguardia (Barcelone - édition hispanophone)
Aux Etats-Unis (l'Oncle Sam goûte très modérément la mesure argentine)
Vous disposez en partie basse de la Colonne de droite d'un accès au traducteur en ligne Reverso pour vous aider à aborder ces articles en langue étrangère.

lundi 16 avril 2012

Rencontre avec l'Argentine au Domaine de la Feuilleraie [ici]


Joli programme argentin ce samedi 12 mai 2012 dans l'après-midi pour célébrer le souvenir d'Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry lors de l'ouverture au public du Domaine de La Feuilleraie, à Varennes Jarcy (91), où ils passaient des mois de villégiature avant la seconde guerre mondiale et où elle revint seule, après le conflit...

On sait à travers le magnifique roman qu'est Vol de Nuit le lien de Saint-Ex avec Buenos Aires et l'Argentine, où, représentant de sa ligne d'aviation transatlantique, il passa de nombreuses soirées dans différents cabarets des années 30, au Royal Pigall's et au Chantecler, en particulier, où il eût certainement l'occasion d'applaudir l'orchestre de Juan D'Arienzo. On sait moins qu'il a laissé d'elle un beau portrait littéraire. C'est elle, la Rose du Petit Prince.


Pour leur rendre honneur, l'association culturelle locale, Bulles de Bohême, organise donc le 12 mai une journée avec asado argentin, conférence sur l'histoire du tango (par la signataire de ces lignes) (1), de la musique (j'aurai la joie ainsi d'y retrouver mes amis du Trio Taquetepa et d'y faire la connaissance de la chanteuse et danseuse platense Virginia Galván). Le soir, on dansera (à partir de 20h).


L'ensemble de la manifestation, soutenue par la mairie de Varennes Jarcy, où se trouve le domaine, est libre et gratuite. Vous pouvez imprimer et placarder l'affiche ci-jointe pour faire connaître cette après-midi festive. Il est prévu des solutions de repli au cas où le ciel ne serait pas avec nous ce jour-là....

Pour en savoir plus, consultez le site Internet de l'association, Bulles de Bohême.

(1) Mes livres devraient être disponibles à la vente et donc en dédicace tout au long de la journée. Comme les disques de Taquetepa (ils en ont toujours avec eux).

Miguel Rep sur Canal Encuentro le lundi soir [à l'affiche]

Le dessinateur et peintre Miguel Rep, qui tient l'un des deux dessins de la une de Página/12, inaugure ce soir une émission didactique sur les peintres latino-américains sur le canal culturel de la télévision publique argentine, Canal Encuentro.

Dans cette émission, il présentera ses artistes préférés et au-delà des questions techniques qu'il abordera, il analysera aussi la portée historique, politique et idéologiques des oeuvres choisies.

Deux émissions sont déjà tournées. La série pourrait en compter jusqu'à six. Et plus si affinités.

Les deux premières émissions de Arte Rep seront consacrées l'une au peintre argentin Antonio Berni et au Mexicain José Clemente Orozco. La seconde se penchera sur les tableaux du Cubain Wilfredo Lam et du Chilien Roberto Matta.

Hier, dimanche 15 avril 2012, Miguel Rep a donc donné une interview à son propre journal, dans les pages culturelles de Página/12 où il s'explique sur ce nouveau projet.

A lire sous le lien (en VO, mais vous disposez d'un traducteur en ligne, Reverso, dans la partie basse de la Colonne de droite de Barrio de Tango) !

De púa y corazón, le deuxième disque de Hernán Genovese (article n° 2 600) [Disques & Livres]


Les vendredis 20 et 27 avril 2012, à 21h30, le chanteur Hernán Genovese présentera son deuxième disque au Bar 36 Billares, avenida de Mayo 1265.

Droit au spectacle : 60 $ (ne pas oublier d'ajouter le coût des consommations).

Ce nouveau disque, intitulé De púa y corazón (à pique et à coeur) est un hommage au grand guitariste Roberto Grela, qui fut aussi compositeur. Il a d'ores et déjà été récompensé par le Fondo Nacional de las Artes qui lui a décerné son premier prix comme Production Discographique de Tango en 2011.

Dans ce disque, Hernán Genovese, belle voix de basse dont je vous ai déjà plusieurs parlé dans Barrio de Tango (cliquez sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, pour vous en assurer), interpréte des morceaux classiques comme Callejón, Viejo Baldío ou Las Cuarenta, quelques oeuvres de Grela rarement enregistrées et même peu inscrites au répertoire des artistes d'aujourd'hui et trois pièces originales, dont une du chanteur seul et deux autres dont il partage la composition avec des maestros de la trempe de Leopoldo Federico et Raúl Garello (excusez du peu !).

Au cours de ces deux soirées, Hernán Genovese sera accompagné par ses partenaires habituels, le trio de guitaristes formé par Pablo Alessia, Aníbal Corniglio et Joaquín Althabe, et le Cuarteto de Fabián Bertero, formé par Bertero (violon et arrangements), Pocho Palmer (bandonéon), Miguel Pereiro (piano) et Nico Zacarías (contrebasse).

Parmi les invités spéciaux (invitados de lujo), le chanteur annonce d'ores et déjà les maîtres Horacio Ferrer, Raúl Garello et Leopoldo Federico, entre autres... Cela vaut le coup !

jeudi 12 avril 2012

La Vidú fait sa rentrée au Malevaje Arte Club [à l'affiche]


La Orquesta Típica La Vidú fait sa rentrée demain, vendredi 13 avril 2012, dans le quartier de la Boca, dans cette tanguería dont les lecteurs réguliers de ce blog connaissent bien le nom, le Malevaje Arte Club.

Entrée : 15 $, à 22h (comme à peu près partout, comptez les consommations en plus).

Et pardon à mes fidèles lecteurs si ma charge de travail côté futurs bouquins (entre autres) continue à me manger une part importante du temps que je consacre quotidiennement à l'écriture, au détriment de Barrio de Tango. Et le prochain article dans ces colonnes portera néanmoins le n° 2600 !

jeudi 5 avril 2012

Cucuza et Moscato tous les jeudis d'avril au Centro Cultural Torcuato Tasso [à l'affiche]


Tous les jeudis de ce mois d'avril, à 21h, récital du chanteur Cucuza Castiello et du guitariste Moscato Luna, dans une nouvelle série de leur événement El Tango vuelve al Barrio, cette fois-ci dan la cathédrale du tango qu'est le Centro Cultural Torcuato Tasso dans le quartier de San Telmo, à l'opposé du bar El Faro, dans la géographie de Buenos Aires.

Chaque soir, ils auront de nouveaux invités.

Ce soir, jeudi 5 avril 2012, ils partageront la scène avec Guillermo Fernández, Osvaldo Peredo et Leonardo Nikitoff.

Dans la suite du mois, ils inviteront Dolores Solá, Ariel Ardit et bien d'autres.

Entrée : 60 $ à la caisse le soir même (40 $ avec réservation à l'avance).
Defensa 1575 (l'adresse du centre, vous la connaissez déjà par coeur si vous avez l'habitude de lire ce blog !).

Le programme d'avril au CCC (sala Osvaldo Pugliese) [à l'affiche]


Une méchante indisposition m'a empêchée hier d'annoncer le concert du groupe Astillero, qui se produisait dans le cadre du cycle Tango de Miercoles au Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini... Mille pardons à ces musiciens qui sont parmi les plus innovants de l'actuelle nouvelle vague du tango.

Il reste encore quelques mercredis dans le mois pour découvrir d'autres artistes, comme il apparaît sur l'affiche que le centre a diffusée hier.

Canciones de vida aux 36 Billares [à l'affiche]

Canciones de vida est un nouveau récital à trois voix qui mélangera genres citadins et ruraux grâce aux voix de Nacha Roldán, María de los Angeles Ledesma et Lucrecia Merico, ce soir, jeudi 5 avril 2012, à 21h30, au Bar 36 Billares, avenida de Mayo 1265.

Elles seront accompagnées par le trio Las guitarras Saavedrinas, que composent Germán Layna, Hernán Perez et Nacho Iruzubieta, qui assurent les arrangements et la direction musicale du tout.

Entrée : 40 $ (ne pas oublier les consommations en plus).

Ce nouveau récital a eu les honneurs des pages culturelles de Página/12, vendredi dernier, avec une interview des trois chanteuses. A lire en cliquant sur le titre du quotidien et en s'aidant le cas échéant du traducteur en ligne Reverso, dont le lien est disposible sur ce blog, dans la Colonne de droite..