mardi 31 mars 2015

Semaine Sainte et Pascua Colonial à Luján [Coutumes]

Document officiel de cette Semaine sainte à Luján
Le Christ est flanqué par Pierre (à sa gauche) et Jean (à sa droite), dans le jardin des Oliviers.

Partout dans le monde et en particulier à Luján, la grande cité mariale d'Argentine, avant-hier, dimanche des Rameaux, la Semaine sainte a commencé à nous mener vers Pâques (1).

Cette semaine, synonyme de vacances pour beaucoup d'Argentins, offrira à Luján un ample programme liturgique, accompagné d'un programme culturel particulier à cette ville qui est à la fois un lieu de pèlerinage et une cité historique importante, puisqu'elle fut le lieu de résidence du vice-roi jusqu'en 1810 et la première ville à se rallier à la Révolution dès le 27 mai 1810.

La Semaine sainte se met en route doucement avec, jusqu'à mercredi soir, les six messes journalières journalières à la Basilique et les messes habituelles dans les cinq autres paroisses de la ville.



Mercredi 1er avril 2015, ce sera à 20h, l'inauguration au Musée des Beaux-Arts, 9 de Julio 863, une exposition photographique consacrée à la Quema del Judas, l'une des temps forts de la Pascua Colonial de Luján, celui qui clôt les fêtes de Semaine sainte le dimanche soir.

Le lendemain, début des rendez-vous religieux et culturels traditionnels du Triduum pascal avec la célébration de la Cène du Seigneur, jeudi à 20 h à la basilique.

Vendredi 3 avril 2015, à 15h, chemin de croix suivi à 18h de l'office du Vendredi saint, toujours à la basilique.
Pour les moins pratiquants (encore que...) ou les simples curieux, à 18h30, le Grupo Emaus, troupe de théâtre catéchétique, propose, comme chaque Vendredi saint depuis 2008, un autre chemin de croix qui se déploie à travers la ville depuis 1999. Cette Via Crucis Viviente, c'est son nom officiel, a été déclarée d'intérêt culturel par la municipalité. Elle tient autant de la Passion théâtralisée que du chemin de croix traditionnel. Elle mobilise un grand nombre de participants, entre acteurs pour les multiples rôles à texte (depuis le Christ jusqu'aux grands-prêtres et à Pilate lui-même) et figurants, elle réclame une belle variété de costumes à l'antique, des effets d'éclairage à plusieurs endroits, notamment au cimetière et sur la grand-place où la lumière vient soutenir l'intensité pathétique en évitant le piège du réalisme sanguinolent, et quelques éléments de décor, le plus gros étant toutefois fourni par la ville elle-même, ses jardins et ses monuments. En plein XXIe siècle et au cœur du Nouveau Monde, nous voici revenus aux mystères du Moyen-Age avec toute la ferveur que cela suppose (réserve faite des moyens techniques de sonorisation).

Plan du centre de Luján par Google (capture d'écran).
Ouvrez l'image pour lire les légendes
Le nom du père Salvaire est écorché (Salvere)

Ce chemin de croix démarrera, en toute fin d'après-midi, esquina San José y Puente Dr Muñíz, sur l'esplanade Casa abandonada, avec la délibération des grands-prêtres à Jérusalem et la prière de Jésus au Jardin des Oliviers, à Gethsémani. Puis il s'arrêtera successivement au Jardín 909 puis au cimetière municipal, dont l'entrée monumentale offre un excellent décor de prétoire du gouverneur romain. Il serpentera ensuite dans la ville, passant par la rue Rodolfo Moreno, le pont Mitre et la rue Padre Salvaire (2) avant de déboucher, à la nuit tombée, sur Plaza Belgrano, ex-plaza mayor du temps du vice-roi qui sert de parvis à la basilique où se donneront les dernières stations (la fin du portement de croix, la crucifixion des trois condamnés, le partage des dépouilles, puis la descente de croix et la sépulture).
Une véritable œuvre très émouvante et très argentine, avec un mélange des genres typique de la région de Buenos Aires : cela mêle l'art naïf, voire le théâtre de patronage réalisé avec trois bouts de ficelle, l'opéra avec sa débauche de moyens scéniques, le mime, la peinture religieuse espagnole, le péplum hollywoodien qui aurait remplacé l'hémoglobine par de la peinture rouge, voire de la sauce tomate, et cela débouche, sans anicroche, avec fluidité, sur une célébration de liturgie moderne avec un grand respect des Ecritures (les adaptateurs ont fidèlement puisé dans les ressources liturgiques), avec une excellente diction et un accent bonaerense à couper au couteau...
A admirer sur le canal Youtube de Prensa Luján (canal municipal), dans la représentation du Vendredi Saint 2012.


La Via Crucis Viviente se découpe en 3 parties dans ce reportage de Luján Prensa.
La première partie est celle qui a été intégrée (comme la scène visible l'indique).
Partie 2 et partie 3.

Sur la Via Crucis Viviente, cette année, lire l'article de Luján en linea, l'une des radios locales.

Le Samedi saint est un jour de silence pour toute l'Eglise partout dans le monde. Et le soir, toutes les paroisses célébreront la résurrection du Seigneur, avec la grande messe de la Vigile pascale.
A la basilique, le rendez-vous est à 20h.

Le lendemain, dimanche de Pâques, le sanctuaire proposera la première messe à 8 heures et il y en aura huit en tout au long de la journée jusqu'à 19 heures.


Fanfare des pompiers volontaires de Luján
Derrière, vous voyez la galerie couverte (recova) qui entoure Plaza Belgrano
A laquelle le poète Enrique Cadícamo, natif des environs,
a dédié son célèbre tango, Vieja Recova.

A 20h, les festivités profanes reprennent avec ce qu'on appelle là-bas la Pascua Colonial, un défilé festif, avec fanfares civiles et militaires, jongleurs et acrobates en tout genre, cavaliers gauchos et porte-étendards, groupes de candombe noir rappelant la présence d'esclaves dans le pays dès la fondation de la ville (1630)... Le défilé part de la Basilique pour suivre Avenida Nuestra Señora de Luján, qui constitue une majestueuse perspective rectiligne entre la basilique et la pampa. Il s'arrêtera au carrefour avec l'avenue Almirante Brown et là on allumera un grand feu de joie, la Quema del Judas, une tradition presque carnavalesque propre à la zone hispanophone : il s'agit d'une coutume qui remonte à l'époque coloniale quand le peuple faisait brûler Judas pour symboliser sa décision de changer de vie, de rejeter le mal qui l'habite pour mieux se donner à la vie nouvelle ouverte par la Résurrection. Le Judas en question est un grotesque géant de paille et de chiffons, bourré de pétards et de feux d'artifices, pendu à un gibet (en l'occurrence un lampadaire géant de l'avenue). Il est vêtu de bure et porte à la main une bourse avec les trente deniers que lui ont offert les grands prêtres pour prix de sa trahison... C'est un artefact en forme de colombe enflammée, pour rappeler le Saint-Esprit, qui met le feu au mannequin. L'oiseau artificiel glisse le long d'un fil de plusieurs centaines de mètres depuis le balcon du cabildo historique de Luján perdu dans la nuit. On signifie ainsi que les humains ne sont pour rien dans la mort du traître, laissé au pouvoir de Dieu.


Portement de croix (Grupo Emaus, Luján, Prov. Buenos Aires)
Départ de l'entrée monumental du cimetière.
Admirez la trogne patibulaire que se fait l'acteur qui joue le centurion romain.

Un feu d'artifice couronne les festivités dans cette nuit du dimanche au lundi, juste avant de reprendre le lendemain le chemin du travail ou de l'école puisque le lundi de Pâques n'est pas férié en Argentine.

Il est plus que probable que la chaîne locale de télévision, Pares TV, nous offrira quelques uns des moments en direct ou en différé, comme elle le fait depuis plusieurs années (un court extrait de la Misa Criolla jouée dans la basilique le Jeudi saint 2014 est encore disponible en vidéo sur la page d'accueil du site Web).

Pour en savoir plus :
voir le reportage sur la Quema del Judas sur le site de Pares TV (fêtes d'avril 2012)
consulter le plan de Luján sur Lujanet ou sur Argentour (qui nous annonce qu'il s'agit de Luján de Cuyo ! il y a beaucoup de Luján en Argentine, puisqu'il s'agit de la ville de la patronne du pays), pour suivre la procession de la Via Crucis Viviente, si la carte de Google ne vous satisfait pas.


(1) Il s'agit bien de la Semaine sainte et non, comme le disent trop souvent les journalistes de la télévision ou de la radio en France, la semaine de Pâques. Cette dernière commence le dimanche de Pâques pour se terminer le samedi de Pâques. Elle suit la résurrection. Elle ne la précède pas. Quel manque de culture générale !
(2) Jorge María Salvaire, décédé en 1899, fut curé de Luján. Il est l'initiateur de l'actuelle basilique, qui a été bâtie entre 1890 et 1935, et l'un des grands promoteurs du culte marial dans ce sanctuaire pour toute l'Argentine. C'était un père missionnaire français qui s'est complètement fondu dans l'identité argentine.

Lundi prochain, le premier Plenario sans Horacio Ferrer [à l'affiche]

Capture d'écran de Tango Trazo
Horacio Ferrer (au micro) récitant Lulú, accompagné par le compositeur, Raúl Garello
(Si mes souvenirs sont bons, il s'agit de la soirée de ses 80 ans)

Lundi prochain, 6 avril 2015 (le lundi de Pâques n'est pas férié en Argentine), la Academia Nacional del Tango ouvrira sa nouvelle année de rencontres publiques avec un Plenario chargé en émotion : ce sera le tout premier sous la présidence de Gabriel Soria, après la disparition du fondateur, Horacio Ferrer, le 21 décembre dernier.

Sept minutes d'interview sur TV Pública
Horacio Ferrer parle de Preludio para el Año 3001
Il est assis sur sa chaise attitrée,
dans ce Salón de los Angelitos
qu'il doit encore habiter par l'esprit et par l'humour...

L'espace central de la soirée sera exceptionnellement consacré à des remises de brevets honorifiques dans plusieurs classes et de prix décernés l'an passé.
Parmi les trois académiciens honoris causa qui seront créés à cette occasion, nul doute qu'il s'élèvera une longue salve d'applaudissements, pleine d'affection et de tendresse, quand la Maestra Lucía Michelli montera sur la petite estrade d'où son mari a si longtemps présidé, avec patience et humour, ces réunions académiques bon enfant. Lulú Michelli a été sa compagne pendant plus de trente ans et elle s'est si souvent tenue à ses côtés dans cette petite salle tout en longueur qu'il animait de son talent. Elle était près de lui à la clinique lorsqu'il s'en est allé en tournée, comme disent les Argentins (se fue de gira). Il lui avait dédié de très nombreux poèmes et letras de tango, dont la valse Lulú, qu'il avait été si ému de trouver dans mon manuscrit de Barrio de Tango lorsque je le lui avais présenté en août 2007 (1).

La salle des conférences académiques a d'ailleurs été rebaptisé pour lui rendre un hommage définitif. Elle est maintenant le Salón de los Angelitos del Museo Mundial del Tango Horacio Ferrer.

Dans le programme musical prévu pour cette soirée très particulière, à côté du tango rituel qui saluera Alfredo Gobbi (à cause de la remise des prix Gobbi 2014 qui n'a pas pu être réalisée en décembre à cause de ce deuil cruel), il y aura un Horacio Ferrer Eterno : on écoutera un enregistrement de Preludio para el año 3001 (où il décrivait sa renaissance dans le Río de la Plata, un matin d'hiver 3001), récité par lui-même avec l'accompagnement au piano de Juan Trepiana.

Horacio Ferrer récite Lulú

Puisqu'il nous faut bien lui dire adieu...

J'y serai par la pensée : lundi 6 avril 2015, 19h30, Avenida de Mayo 833, 1er étage.
Entrée libre et gratuite comme à l'ordinaire.



(1) J'ai traduit encore un autre texte dédié à Lulú dans les pages centrales de la revue Triages, n°10, parue en juin 2008 (Tarabuste Editions). Les quinze pages du cahier central sont un hommage au poète en onze textes peu connus, présentés sous forme bilingue, que j'avais choisis pour retracer son parcours de vie en ce mois où il fêtait ses 75 ans.

lundi 30 mars 2015

Festival Humoris Causa au CCC [à l'affiche]


Depuis mardi dernier, dans les salles González Tuñón et Garibaldi, du Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, Corrientes 1543, se tient à Buenos Aires un festival de l'humour, un festival qui est co-produit par deux de ses départements, Music hall et Sciences des Arts.

Il se déroulera jusqu'au 17 avril 2015 et comprend donc dans ses dates les traditionnelles vacances de Semaine Sainte (en ce moment).


Comédiens, clowns, marionnettes, musiciens et danseurs se croisent au gré des sept spectacles et conférences qui s'étalent sur trois semaines.

Entrée à chaque activité : 100 $ ARG, à réserver en ligne ou au guichet du CCC.

Pour en savoir plus :
consulter le site Internet du festival (1ère édition)
lire l'article de Página/12 (édition d'hier dimanche)
consulter le site Internet du CCC.

vendredi 27 mars 2015

Premier festival de Poésie à Tecnópolis jusqu'à dimanche [à l'affiche]


Depuis hier et à la suite de la manifestation du début de la semaine, Encuentro de la Palabra, se tient à Tecnópolis, dans la petite ceinture de Buenos Aires, un festival de la poésie conjointement organisé par les ministères de la Culture et de l'Education du gouvernement fédéral.

Sous le titre "Le pays a besoin d'ingénieur mais il a aussi besoin de poètes", Página/12 publie à ce titre une interview croisée des deux ministres, Teresa Parodi à la culture et Alberto Sileoni à l'Education, deux spécialistes reconnus chacun dans son domaine. La collaboration interministérielle n'est pas très fréquente en Argentine. Une telle interview vaut donc le détour, d'autant que les valeurs qu'elle met en avant renoue avec le projet d'Argentine qui était celui des révolutionnaires de 1810, qui voulaient joindre les savoirs, les techniques et l'art pour construire le pays à naître sur les ruines de l'empire colonial.

Les deux ministres sur la une des pages culturelles de Página/12

C'est ce défi de l'affirmation culturelle nationale que tâchent de relever les deux ministres, non sans courage et originalité, avec ce festival qui propose la poésie aux petits et aux grands, depuis hier jeudi, 26 mars, jusqu'à dimanche soir, 29 mars 2015, avec conférences, lectures publiques, ateliers poésie-dessin, ateliers d'écriture, lancement d'un réseau national de poésie (Red Federal de Poesía)...



Pour connaître le programme complet, se reporter au site Internet du ministère de la Culture.

Pour en savoir plus :
lire l'interview ministérielle dans Página/12
lire l'article de La Nación sur le boom de la poésie, la petite dernière du MICA (marché des industries culturelles argentines), un organisme géré par le Ministère de la Culture pour l'ensemble du pays.

Après Evita, Madres et Abuelas [Actu]

Après la sortie d'un billet de 100 $ARG à l'effigie de Evita il y a un peu plus de deux ans et qui a mis plus d'un an à arriver dans les porte-monnaies, en lieu et place du traditionnel Argentino Roca, le génocidaire de la Campaña del Desierto, qui extermina les Mapuches à la fin du XIXème siècle, voilà que Cristina Kirchner a dévoilé hier un nouveau billet de même valeur, en l'honneur des deux ONG des droits de l'homme, Abuelas de Plaza de Mayo et Madres de Plaza de Mayo (en confondant les deux ONG, Madres et Madres Linea Fundadora).

Photo empruntée à Clarín (qui cite lui-même Télam)
On reconnaît le foulard des mères et grands-mères (en fait les langes de leurs enfants disparus),
le pyramidion de Plaza de Mayo et le logo de Abuelas (en bas à droite)

L'annonce intervient au lendemain du Jour de la Mémoire, de la Vérité et de la Justice, qui commémore le coup d'Etat du 24 mars 1976 et c'est cette devise qui figure sur le billet. Cependant, l'initiative intervient à un moment où Madres est particulièrement discréditée à cause de deux scandales financiers qui lui collent aux basques, l'un concernant un programme de construction de logement et l'autre l'Université populaire des Mères de la Place de Mai, devenue université nationale (peut-être pour couvrir le trou dans ses finances). Or ces budgets contestés sont bâtis sur des subventions publiques...

La chose a même mal tourné mardi lors qu'un groupe sans lien avec les ONG traditionnelles a brûlé à La Plata une effigie de Hebe de Bonafini, la truculente présidente de Madres dont le manque de vigilance sur les comptes annexes de son association est mis en cause dans ces affaires peu reluisantes.

Hier, lors de la réunion publique traditionnelle du jeudi, lorsque les mères de disparus continuent leur ronde autour du pyramidion de Plaza de Mayo, le public est venu apporter à l'association et à sa présidente un soutien après une attaque symbolique d'une rare violence. Les autres associations officielles ont dénoncé le geste odieux commis à La Plata.

Pour en savoir plus :
sur le nouveau billet
sur Hebe de Bonafini et le soutien des organismes des droits de l'Homme
lire l'article de Clarín (sur l'incident)
lire l'article de Clarín sur les déclarations du gouverneur bonaerense et présidentiable favori (ou peu s'en faut) Daniel Scioli, accusé par Hebe de Bonafini d'avoir soutenu la dictature (parce qu'il n'est pas intervenu tout de suite à La Plata au moment de l'incident de mardi)
lire l'article de Télam, avec interview audio de Hebe de Bonafini à Radio Télam.

Tanghetto présente demain son nouveau disque à ND Ateneo [à l'affiche]

Le groupe argentin d'électro-tango Tanghetto présentera demain, samedi 28 mars 2015, à 21h, son deuxième disque, intitulé Hybrid Tango II, au théâtre ND Ateneo, situé Paraguay 918, dans le quartier de San Nicolás, en plein centre-ville de Buenos Aires.

Cliquez sur l'affiche pour obtenir la résolution originale

Le concert est parrainé par Radio Malena, du Groupe Octubre, dont vous pouvez trouver le site Internet et donc l'écoute en direct dans la rubrique Ecouter, dans la partie basse de la Colonne de droite.

Tanghetto a invité pour l'occasion une autre formation, Tangocrisis.

Les places, qui peuvent se réserver en ligne sur le site du théâtre, vont de 150 à 250 $ ARG.

Pour découvrir le groupe, visitez leur site Web.

Non lieu confirmé pour Cristina Kirchner, Héctor Timmerman et les autres ministres [à l'affiche]

Página/12 a choisi sa photo de une d'une manière qui frôle la méchanceté.
Après tout, cet homme est mort. Un peu de respect ne nuirait à personne.

La Chambre fédérale d'Appel s'est prononcée hier, jeudi 26 mars 2015, sur les poursuites pénales contre le Gouvernement pour entraves à la justice dans l'affaire déclenchée par un projet de réquisitoire de Alberto Nisman, peu avant que l'on retrouve son corps sans vie dans son appartement de Puerto Madero.
Avec deux voix pour et une voix contre, les trois juges ont établi leur arrêt en y démontant pièce par pièce le fatras argumentatif de feu Nisman, en pointant les incohérences, les affirmations prises pour des preuves (il avait fait de simples articles journalistiques des preuves d'un trafic par ailleurs inexistant, le fameux pacte blé argentin contre pétrole iranien inventé par la presse d'opposition), les montages de citations opportunes d'écoute téléphonique où les principaux "suspects" ne parlent jamais... Les juges d'appel concluent en rappelant un principe de droit : la notoriété d'une personne (en l'occurrence le Chef d'Etat et ses ministres) n'est pas une raison suffisante pour les impliquer dans une cause pénale. Ceci pourrait indiquer qu'ils voient dans la tentative de Nisman une opération mégalomaniaque pour se mettre lui-même en valeur (comme celui qui aurait abattu politiquement Cristina Kirchner - un résultat qu'il a temporairement obtenu dans la presse d'opposition pendant les deux mois qui ont suivi sa mort mais qui ne semble plus guère d'actualité, à en croire les unes de ces mêmes journaux qui lui tressaient des auréoles de martyr jusqu'à peu).

Le pire est sans doute que dans le monde entier, et surtout dans nos démocraties prétendument avancées, les médias ont suivi aveuglément, sans aucun discernement, les propos de cette presse, propos pourtant sans fondement et pleins d'une haine visible, et qu'on n'entend personne aujourd'hui, dans nos journaux et sur nos antennes, faire machine arrière sur cette affaire qui n'est plus d'actualité ni en Europe ni en Amérique du Nord et que tout le monde a oubliée en tant que telle. Sauf que "calomnier, calomnier, il en restera toujours quelque chose" comme a dit Beaumarchais il y a plus de deux siècles...

Clarín, gêné aux entournures, préfère miser
sur le pilote fou qui sidère la planète.

La chambre a confirmé le non-lieu prononcé par le juge de première instance, Daniel Rafecas, pour absence totale de charge (d'actes pénalement répréhensibles) dans le chef de la présidente, du ministre des affaires étrangères (Héctor Timmerman), d'un parlementaire de la majorité et d'autres hommes politiques et hauts fonctionnaires visés, dans une grande confusion (1), par le défunt procureur, qui semble bien être maintenant discrédité.

Un choix similaire pour La Prensa mais dans d'autres proportions.

Il se pourrait toutefois que l'affaire ne s'arrête pas encore là puisque le procureur de la chambre d'appel, qui était l'un des meneurs de la marche du 18 février, grande manifestation hostile au gouvernement et en l'honneur de Nisman, peut encore se tourner vers la Cour de Cassation.

La Nación ne cache pas le contenu de l'arrêt de la cour d'appel
("En critiquant Nisman, la Chambre a rejeté ses accusations contre Cristina")
Au centre, une photo des familles du crash aérien,
avec les drapeaux rappelant la nationalité des victimes
Il y avait trois Argentins à bord du Barcelone-Düsseldorf qui s'est écrasé dans les Alpes.

Il est très probable que les Ambassades argentines vont mettre à disposition l'arrêt de la Chambre d'appel sur leur site Internet, comme elles l'avaient fait pour l'ordonnance de Daniel Rafecas. On en trouve d'ores et déjà le texte téléchargeable sur le site Web de Télam.

Pour aller plus loin :
lire l'article principal de Página/12 (tous les journaux consacrent plusieurs pages à ce nouveau rebondissement)



(1) Au lendemain de la découverte de l'invraisemblable cause du crash aérien de la Germanwings dans les Alpes, on peut envisager que le défunt procureur, qui avait été traité à plusieurs reprises ces derniers temps pour des affections psychiques (des symptômes dépressifs d'après ce que l'on sait), ait pu écrire en même temps deux réquisitoires contradictoires et que celui qui prétendait accuser le gouvernement ait reflété un style confus sans rapport avec la technique maîtrisée du juriste compétent dont ce magistrat avait la réputation. Il pourrait bien être parti à la dérive, après une longue pratique contraire à la déontologie de son métier.

Litto Nebbia présente son nouveau disque [Disques & Livres]


L'auteur-compositeur interprète Litto Nebbia, auteur du premier rock à texte d'expression hispanique, en 1965, il y a donc cinquante ans cette année, de retour d'une tournée aux Etats-Unis et au Costa Rica, se produira ce soir, vendredi 27 mars 2015, à 21h au Centro Cultural de la Memoria Haroldo Conti, le centre culturel qui est la vitrine du ministère national de la Justice et des Droits de l'Homme sur le campus de l'ex-ESMA, Libertador 8151, à la limite entre Palermo et Nuñez.

Il s'agit d'un disque qui mélange les genres comme Litto Nebbia aime tant faire. On y retrouve la version argentine de la valse de Michel Legrand, composée pour le film Les Demoiselles de Rochefort... Litto adore le cinéma français !

Le disque s'intitulé Variete Cantabile. Et il est bien entendu édité par Melopea, la maison de disques fondée par Nebbia, à Villa Urquiza.

Ce soir, dans l'auditorium du Haroldo Conti, Litto Nebbia sera accompagné par ses musiciens habituels, le groupe Aire fresco, composé de Daniel Homer (guitare), Leopoldo Deza (flûte et synthétiseur) et Daniel Colombres (batterie et percussions).

Entrée libre et gratuite. Le concert est co-organisé par le Centre Haroldi Conti et le ministère de la Culture (Teresa Parodi).

L'agence Télam publie une courte interview de l'artiste, qui s'enorgueillit de pouvoir présenter son travail dans ce lieu consacré aux droits de l'Homme et au lendemain du 24 mars, ce jour si important pour les militants argentins de la liberté, dont il a toujours fait partie...

Lui-même dispose d'une page Facebook et d'un blog où vous pouvez trouver un peu plus d'information sur ce nouveau CD.

Enfin pour en savoir plus sur les propositions du Haroldo Conti, vous pouvez consulter son site Web.

mercredi 25 mars 2015

Hier, Tecnópolis a fêté la démocratie avec des chansons interdites [à l'affiche]

Hier, les organisations des droits de l'Homme fêtaient la démocratie pour continuer à lutter contre les effets pervers du coup d'Etat de Videla, le 24 mars 1976.

La liste des artistes du concert

A Tecnópolis, vaste parc d'attraction consacré aux sciences dures et à la technologie (comme le Futuroscope de Poitiers), en bordure de la General Paz, qui sépare Buenos Aires de la Province homonyme, tout le long de la ceinture ouest, s'est déroulée la seconde journée de la parole, autour de la liberté d'expression, intitulée Encuentro de la Palabra (rencontre de la parole). Une manifestation organisée par le ministère de la Culture national, dont Tecnópolis dépend directement, et qui s'est tenue en présence de la ministre, artiste elle-même très engagée dans la lutte pour la démocratie, Teresa Parodi. Après des tables-rondes et des ateliers pour petits et grands, la journée s'est achevée sur un concert où ont été interprétées des chansons, argentines ou étrangères, que le Comité Fédéral de la Radiodiffusion avait interdites d'antenne sous la dictature.

Parmi les censurés, on trouve Charly García et Luis Alberto Spinetta, rockeurs argentins, Alfredo Zitarrosa, auteur-compositeur interprète uruguayen (pour Adagio a mi país), Cacho Castaña, chanteur de variété argentin, Serge Gainsbourg, auteur-compositeur interprète français (pour Je t'aime moi non plus) et autres absurdités du même genre... La censure fonctionnait sur un mode de lecture fasciste de la culture, attribuant des vertus subversives à des textes parfaitement inoffensifs.

Le récital a remporté un franc succès comme l'ensemble de cette journée.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 (sur le concert)
lire la dépêche de Télam (sur la journée)
lire l'article de Diarioshow, avec vidéos incorporées de certaines des chansons concernées
lire la présentation sur le site Internet du Ministère de la Culture.

La voix de Daniel Sturla se fait entendre par chez nous (en italien !) [ici]

Couverture de l'édition du 24 février
(c'est moi qui ai flouté les visages des coptes assassinés dans la manchette de gauche,
les Sud-Américains n'ont pas nos pudeurs en la matière)

En cette solennité de l'Annonciation, je profite de l'occasion pour publier un article que je tenais en réserve depuis plusieurs jours au sujet d'une interview du cardinal Daniel Sturla, archevêque de Montevideo, reprise de Vida Nueva par L'Osservatore Romano, le 15 de ce mois, l'une des toutes premières fois où j'entends une voix uruguayenne dans ce quotidien de référence pour le monde catholique.

Le cardinal s'était exprimé pour la première fois en cette qualité et en compagnie du nouveau cardinal argentin (non électeur, lui) dans l'édition du 24 février 2015 de Vida Nueva, une revue catholique de l'Amérique du Sud hispanophone, ce qu'on appelle là-bas le Cono Sur (Colombie, Venezuela, Pérou, Bolivie, Equateur, Chili, Argentine, Uruguay), une revue spécialement engagée dans les questions pastorales.

L'article de L'Osservatore Romano
cliquez sur l'image pour lire le texte
Vous aurez noté le mate dans la main du cardinal !
Pour un évêque uruguayen, c'est bien la moindre des choses

L'archevêque de Montevideo y rappelle la nécessité pour l'Eglise d'aujourd'hui de parler aux gens avec humilité si elle veut être entendue, dans des pays où une certaine partie du clergé a trop souvent voulu dominer la société. Or l'Uruguay est sans doute l'un des pays du continent où la sécularisation de la société a fait le plus de progrès, où l'Eglise a perdu le plus d'influence temporelle, comme on le voit dans la politique sociétale qui a été menée dans ce pays par Pepe Mujica pendant tout son quinquennat qui vient de s'achever : légalisation du cannabis, dépénalisation de l'avortement et ouverture du mariage aux couples homosexuels, mesures dont j'ai parlé en leur temps dans ces colonnes (cliquez sur le mot-clé Uruguay, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search).

Pour aller plus loin :

Taxxitango à El Sur ce dimanche [ici]


Ce dimanche 29 mars 2015, à 18h30 (et non pas à 18h comme annoncé sur l'affiche), le groupe du compositeur et bandonéoniste argentin, qui s'est récemment établi en France, Pablo Gignoli, Taxxitango, se produira au café restaurant El Sur, 35 boulevard Saint-Germain, à Paris.

Attention : le concert n'est pas gratuit (même si aucun prix n'est annoncé sur le prospectus) et il faudra consommer (c'est la règle du jeu)...

Pour en savoir plus sur ce nouveau projet de Pablo Gignoli et sur cet ensemble, consultez leur blog.

mardi 24 mars 2015

Une nouvelle édition du festival Cambalache [à l'affiche]


Ce festival où tout se mêle (d'où son nom de Cambalache, le grand bazar) et où surtout la danse de tango dialogue avec toutes les autres disciplines, théâtre, musique instrumentale ou vocale, peinture, mime, cinéma ou cirque en est à sa dixième année.

Il a reçu le soutien assumé du ministère de la Culture national et s'ouvre officiellement cet après-midi, mardi 24 mars 2015, à 15h à la Casa Nacional del Bicentenario, Riobamba 985, avec une table ronde sur le tango et la politique.

Ensuite le programme officiel se développera dans plusieurs quartiers (Recoleta, Almagro, Monserrat, Palermo) jusqu'au 29 mars, avec du théâtre, des recherches scéniques d'avant-garde, des projections, des concerts, des répétitions publiques et une milonga de clôture, à la Viruta dimanche (rue Armenia 1366), animée par la Orquesta Sans Souci et le chanteur Chino Laborde, entre autres artistes.

Figurent au programme la chanteuse Mariza Vázquez, le Professeur Rataplán (alias Luis Longhi) qui pastiche la pédanterie universitaire, l'orchestre Astillero, le groupe Altertango, la formation chorégraphique de l'Université Nationale San Martín (UNSAM), etc. Le programme s'internationalise même avec la participation d'une compagnie scénique finlandaise, le Tangotheater Kiukkarainen.

Toute cette édition est placée sous le signe de Carlos Gardel, dont c'est l'année officielle puisque nous célébrerons en juin les 80 ans de sa disparition accidentelle sur l'aéroport de Medellín (aujourd'hui désaffecté et transformé en musée à sa mémoire).

Les activités sont gratuites.

Pour découvrir le programme, branchez-vous sur Fractura Expuesta.
Pour d'autres informations :
lire l'article de Maldito Tango, un blog hébergé par La Nación

Pichuco, une nouvelle revue de Tango à Buenos Aires [Disques & Livres]


Il s'agit d'un projet qui a été supervisé l'année dernière par Horacio Ferrer, l'une des dernières initiatives qu'il a pu prendre à la tête de sa chère Academia Nacional del Tango. L'institution qu'il a fondée s'est associée avec le groupe de presse Grupo Octubre, qui édite déjà Caras y Caretas, Diario Z, El Planeta Urbano et possède Radio Malena (une radio tout tango privée).

Le nouveau magazine, distribué à Buenos Aires et dans le Gran Buenos Aires, s'intitule Pichuco, en hommage à Aníbal Troilo, dont on fêtait l'année dernière le centenaire, et il s'adresse à tous les amateurs de tango, qu'ils soient argentins ou étrangers.

Les articles seront rédigés par les académiciens.

La revue paraîtra quatre fois par an.

Le premier numéro, sous titré Che bandoneón, s'illustre d'un article exclusif de Horacio Ferrer, le dernier qu'il aura écrit...

Jusqu'à présent, la Academia publiait un grand A3 recto-verso intitulé El Chamuyo (La Causette, ou La Tchatche) et qui avait une fréquence mensuelle : El Chamuyo donne les nouvelles de la maison, avec pas mal d'humour et beaucoup de petites photos...

Día de la Memoria, la Verdad y la Justicia [Actu]

Le quotidien Página/12 consacre une bonne demi-douzaine d'articles aux commémorations de ce jour consacré à la Mémoire, à la Vérité et à la Justice : celui du coup d'Etat d'il y a 39 ans et celui des victimes, dont beaucoup restent disparues aujourd'hui (par elles, 400 enfants aujourd'hui adultes, dont on ne sait s'ils sont vivants ou morts et s'ils vivent, à quelle famille officielle ils appartiennent).

En une, les révélations sur les vols de la mort
en manchette à gauche l'interview de Estela de Carlotto
et à droite les rebondissements de la procédure autour de Nisman

Parmi les articles, tous plus intéressants les uns que les autres, des révélations sur les vols de la mort, dont certains participants ont fini par avouer qu'il y avait eu dans ces opérations nocturnes des meurtres d'enfants, jetés à l'eau depuis les avions en altitude au dessus de l'océan Atlantique ou du Río de la Plata, et une interview de la présidente de Abuelas de Plaza de Mayo, Estela de Carlotto, qui rappelle que plus que jamais il faut renforcer et développer la démocratie en Argentine (en cette année électorale où deux pré-candidats de l'opposition, Sergio Massa et Mauricio Macri, ont annoncé qu'ils souhaitaient, s'ils étaient élus président, donner un coup d'arrêt aux activités des ONG).

Il est à noter qu'aujourd'hui, pour la première fois, Madres de Plaza de Mayo semble bien isolée. L'association se trouve dans l'œil du cyclone du fait d'irrégularités dans ces comptes, alors qu'elle reçoit des subventions publiques. La marche qui partira à 14h de Congreso pour se rendre jusqu'à Plaza de Mayo comme tous les ans rassemblera toutes les ONG, sauf Madres (en revanche, l'autre association, Madres de Plaza de Mayo Linea Fundadora, figurera bien au premier rang).

Et en ce jour si symbolique pour les droits de l'homme et les bonnes pratiques judiciaires, l'un des experts choisis par la partie civile dans le procès sur la mort du procureur Alberto Nisman a annoncé son retrait de l'équipe constituée par la juge Sandra Arroyo Salgado. Il s'agit d'un expert-psychiatre, Ricardo Risso, qui estime que dans les actuelles conditions de deuil et d'implication judiciaire (1) qui sont celles de tous les proches, parents, collaborateurs ou amis, du défunt, il est impossible de faire une évaluation de l'état d'esprit dans lequel il se trouvait au moment des faits. Qu'il se dissocie ainsi de la partie civile met en lumière, une fois encore, l'opacité des opérations conduites par l'ex-épouse du magistrat décédé... Et ajoute de l'eau au moulin de Estela de Carlotto qui dénonce une nouvelle fois le corporatisme dans la magistrature et l'auto-protection dont jouit de fait ce corps constitué dans la République argentine.

Pour aller plus loin :
lire l'article sur l'expert-psychiatre et son désistement.

Ajout du 30 mars 2015 :
Il est possible de regarder le documentaire de Visión 7, l'information sur la télévision publique, en deux vidéos Youtube
Vidéo n° 1
Vidéo n° 2



(1) L'un des salariés du juge, l'informaticien Lagomarsino, est poursuivi pour avoir confié une arme à feu dont il était propriétaire et qui se trouve être l'arme du crime (voir mes autres articles sur le sujet en cliquant sur affaire Nisman dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, qui se trouve sous le titre de chaque entrée). L'ex-femme fait feu de tout bois pour conduire la justice à en faire le meurtrier du père de ses enfants. La mère et la sœur du magistrat disparu sont impliquées dans l'existence d'un compte bancaire non déclaré et ouvert à l'étranger (qui plus est richement doté puisqu'il y aurait jusqu'à 600 000 USD – au regard du niveau de vie argentin, c'est vraiment beaucoup d'argent).

Une exposition Astérix au Centro Cultural Recoleta [à l'affiche]



Image choisie par l'Ambassade de France

Une exposition soutenue par l'Ambassade de France au Centro Cultural Recoleta, Junín 1930, en partenariat avec la Bibliothèque nationale (de France) : le petit Gaulois à moustaches jaunes et ses copains, avec menhir et sanglier, toutou blanc écologiste, poissons pas très frais, marteau et enclume, lyre vite déglinguée (à cause du marteau précédent) ou serpe (en or) forgée par le cousin Amérix (« le seul qui a réussi dans la famille ») et -surtout- avec rasade de potion magique pour tout le monde, plus quelques légionnaires têtes à claques, régalent les Portègnes depuis vendredi dernier et resteront là-bas, loin de leur petit village cerné par les camps romains retranchés d'Aquarium, Babaorum, Laudanum et Petibonum, jusqu'au 3 mai 2015.

Du mardi au vendredi de 13h30 à 20h30
Les samedis, dimanches et jours fériés de 11h30 à 20h30.
Aucun prix n'est indiqué. En général à Buenos Aires, les centres culturels publics sont gratuits.

L'intérieur de l'exposition
Photo tirée du site Internet du Centre Recoleta

Pour en savoir plus :
lire la présentation sur le site Internet du Centro Cultural Recoleta (en espagnol)
lire la présentation sur le site de l'Agenda culturel de Buenos Aires (portail officiel de la Ville, en espagnol)
lire la présentation sur le site Internet de l'Ambassade de France (en français).
L'Ambassade propose aussi une présentation en espagnol, pas vraiment différente de celle du CC Recoleta.

Ajout du 1er avril 2015 :
lire l'article très critique de Página/12 (l'exposition ne serait conçue que pour que le public prenne des selfies... Lorsque l'on voit ces deux figurines, on peut imaginer en effet que c'est le cas).

lundi 23 mars 2015

Une rentrée sous le signe du passage à l'immortalité [à l'affiche]

Comme le disait si bellement notre si regretté Horacio Ferrer,

"le 24 juin 1935, la seule expérience qu'il lui restait à vivre, c'était mourir et renaître."
(traduction © Denise Anne Clavilier)

El 24 de junio del 1935,
la única experiencia
que le quedaba por vivir
era morir y renacer (1)

Au mois de juin, l'Argentine et une bonne partie de l'Amérique latine va fêter (je dis bien fêter et non pas commémorer) le passage à l'immortalité (c'est l'expression requise) de Carlos Gardel.


Le musée qui porte son nom à Buenos Aires et qui est installé dans les murs de la maison qu'il habita dans la capitale argentine ouvre donc la saison, ce jeudi 26 mars 2015, à 18h30, par une conférence sur le départ de Carlos Gardel de New-York à la fin mars 1935. Il aurait voulu emmener avec lui sur la fin de sa tournée mondiale un jeune bandonéoniste rencontré dans le port nord-américain, un certain Astor Piazzolla. Le père s'y opposa, il trouvait son fils trop jeune pour partir seul, sans ses parents, sur les routes du monde...

Carlos Gardel devait périr, le 24 juin, à Medellín, dans une collision d'avions au sol. Et avec lui presque toute son équipe, à l'exception de deux hommes qui survécurent quelques années.

Jeudi, c'est le journaliste et critique musical uruguayen Alfredo Dighieri qui nous racontera cet épisode crucial de cette tournée triomphale et fatale. Alfredo Dighieri s'est fait connaître par son émission de radio, Así es Carlos Gardel (Portrait de Carlos Gardel).

Entrée libre comme d'habitude, Museo Casa Carlos Gardel, rue Jean Jaurès 735.



(1) Buenos Aires es Gardel, Elogios al Rey del Tango, textes de Horacio Ferrer, photographies de Rafael Wollmann, Editorial Atlandida, 1995, p 54