vendredi 28 janvier 2011

Quelques jours de silence sur Barrio de Tango

Une suspension de quelques jours sur Barrio de Tango jusqu'au 2 février inclus, le soir même où Cucuza et Moscato (je viens de le signaler dans un premier article de ce jour) se produiront à la milonga La Garufa, au Konex. A moins, bien sûr, qu'il se passe quelque chose de très grave et que je sois alors en mesure de prendre ma souris et mon clavier... Je prends en effet quelques jours de repos complet après ce mois de janvier fort occupé (en coulisse).

En fait, vous l'avez compris, lorsqu'à la fin du mois de décembre ou au début janvier j'annonce, la bouche en coeur, que c'est l'été et que Barrio de Tango se met en vacances, c'est une douce plaisanterie. Je profite juste d'une baisse de l'actualité en Argentine et en Uruguay pour m'adonner à d'autres activités. Et cette année, tout particulièrement, car j'ai la charge supplémentaire de me lancer dans d'autres projets professionnels et d'entamer de nouveaux chantiers tangueros comme cette série de Rendez-vous littéraires qui démarreront le samedi 5 février à l'Académie Esprit Tango, à Paris, la traduction d'un essai et celle du contenu d'un disque très métissé qui sortira en mars, chez Mañana... Un titre académique, c'est en effet bien beau, mais comme je l'ai dit à Luis Alposta lors de la remise du titre en septembre à Buenos Aires, il s'agit maintenant de la mériter, cette nomination, et pour cela, il faut mettre les bouchées doubles. Sinon, ça ne sert à rien que le Conseil d'Administration de l'Academia Nacional del Tango se soit décarcassé à distinguer une Française à l'autre bout du monde, si tout cela ne génère pas d'autres occasions de vous faire connaître et apprécier cette culture...

Ceci dit, je ne vous laisse pas tout à fait seuls pendant ces cinq jours. D'abord vous avez donc les amis Cucuza et Moscato, accompagnés de deux invités. Ensuite, hier, j'ai publié un Retour sur images sur Amelita Baltar et deux articles politiques et économiques où vous avez de quoi lire, sur Página/12 et La Nación. Avant-hier, je vous annonçais la sortie de ma seconde anthologie bilingue, que vous pouvez vous procurer auprès de l'éditeur (1) pour découvrir tout un pan du patrimoine littéraire de la chanson en Argentine, celui de ces 50 dernières années, avec une musique à écouter, dont plusieurs morceaux figurent déjà dans la Playlist Générale de ma page Myspace (je créerai bientôt une liste d'écoute reflétant spécifiquement le contenu de Deux cents ans après).

Hier, s'ouvrait le Carnaval de Montevideo. A mon retour, je vous ferai part de quelques photos rutilantes des défilés (c'est entendu à l'avance avec le photographe uruguayen Pablo Vignali, que vous connaissez donc pour toutes les superbes images qu'il fait tous les ans de ce grand rendez-vous festif sur Avenida 18 de Julio, au coeur de la capitale de l'Uruguay. Pour aller y faire un tour, cliquez sur le raccourci Carnaval, que vous trouverez dans la rubrique Grandes Rendez-vous du Tango, dans la partie haute de la Colonne de droite, ou sur celui de Ciudad de Montevideo, dans la rubrique Quelques quartiers, villes et lieux).

Retour au turbin et à l'écran jeudi prochain, avant de reprendre presque aussitôt mon programme de conférences (les prochaines se tiendront à Paris les 15 février et 5 mars) et des Rendez-vous Tangos d'hier et d'aujourd'hui, du samedi après-midi, toujours à Paris (et rien qu'à Paris pour le moment).

(1) Revue Triages, Tarabuste Editions, rue du Fort, 36170 Saint-Benoît-du-Sault. 20 € + 3 € de frais de port.

Cucuza et Moscato à La Garufa mercredi prochain [à l'affiche]

Photo diffusée par Cucuza

Mercredi 2 février 2010, à 21h30, le chanteur Cucuza Castiello et le guitariste Moscato Luna se produiront à la milonga La Garufa, à l'Espace culturel Konex de la rue Sarmiento (3131), dans le quartier de l'Abasto.

Ils ont invité le bandonéoniste Sebastián Zasali et le guitariste Javier Díaz "Ortiz" González.

La soirée s'organise comme suit : à 20h, cours de tango (danse), puis concert des quatre musiciens jusqu'à 23h, heure à laquelle commencera la milonga proprement dite.

Prix d'entrée : 25 $

Et attention : il n'y aura pas d'annulation en cas de pluie. Or Dieu sait si la pluie est capable de s'inviter à Buenos Aires l'été...

jeudi 27 janvier 2011

Grandes Milongas de La Boca avec Amelita Baltar : retour sur images [à l'affiche]


C'était samedi dernier, en fin d'après-midi, à la Vuelta de Rocha, dans le quartier de La Boca et c'est Christian Couderette, le Président du festival Tangospotale, qui m'a fait parvenir dès le lendemain quelques magnifiques photos de Amelita Baltar, qui était la chanteuse invitée, aux côtés des danseurs Miguel Angel Zotto et Daiana Guspero, qui assuraient la partie chorégraphique du spectacle... (voir mon article du 18 janvier 2011 à ce sujet).


Christian Couderette est l'un des nombreux fidèles lecteurs que je compte dans la Ville Rose. Qu'il soit remercié ici de sa fidélité et de cette très belle contribution...

Tangopostale est le festival international de tango de Toulouse. Il se tient au début du mois de juillet et prépare en ce moment sa troisième édition.

Mauricio Macri s'imagine déjà au deuxième tour contre Cristina Fernández de Kirchner [Actu]

Dans une interview accordée au quotidien de droite La Nación, Mauricio Macri, le Chef ultra-libéral du Gouvernement de la Ville autonome de Buenos Aires, annonce son programme présidentiel en vue de sa candidature à la magistrature suprême. C'est assez simple en somme : baisse de la TVA et baisse des charges patronales. Cela devrait, d'après lui, "libérer les énergies vives du pays" et permettre à l'Argentine de "rejoindre les dix nations les plus importantes du monde". Décidément, cet homme descend en droite ligne de la Generación del Ochenta, cette oligarchie affairiste qui accapara le pouvoir de 1880 à 1916 : tout y est, la xénophobie, la folie des grandeurs, les scandales moraux et l'omniprésence de la famille avec une limite confuse entre affaires publiques et affaires commerciales, celles du groupe industriel familial...

Avec tout ça, il se voit déjà au second tour face à Cristina Fernández de Kirchner. Avec la gravité des scandales qu'il accumule depuis son arrivée au Gouvernement portègne, sans avoir jamais pu éloigner les soupçons ni avoir jamais accepté de rendre des comptes devant les élus de son Parlement, il faut espérer pour la bonne marche de la démocratie qu'il rêve tout debout...

Pour en savoir plus sur l'actualité politique au niveau de la ville de Buenos Aires, cliquez sur le mot-clé GCBA (pour Gobierno de la Ciudad de Buenos Aires) dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.

Pour aller plus loin :

L'Argentine s'arme pour lutter contre le travail au noir [Actu]

Página/12 était le seul quotidien à s'en faire l'écho ce matin : le Gouvernement argentin, c'est la présidente de la République qui vient de l'annoncer solennement, va informatiser les données du travail déclaré, ce qui va permettre de détecter le travail clandestin en faisant apparaître les trous qui mitent la toile du travail déclaré. En Argentine, on évalue au bas mot à 40% de l'activité salariée totale la part du travail au noir. Et ce travail au noir est particulièrement important dans le monde agricole, où un fameux scandale de traitement indigne des saisonniers a éclaté au tout début de l'année, dans les travaux publics et la construction et dans l'emploi à domicile (les domestiques sont souvent payés au lance-pierre et n'ont quasiment pas de protection sociale).

Au troisième trimestre 2010, le taux de travail au noir était estimé officiellement à 35,8% en moyenne mais atteignait jusqu'à 60% dans le secteur domestique et dans le secteur agricole, du moins dans certaines Provinces rurales, mais le ministre du travail lui-même évoque le chiffre de 50%, que de nombreux observateurs attribuent à la détérioration générale de l'économie nationale après la faillite financière de décembre 2001, ce qui selon le Ministre est une explication un peu trop facile.

Actuellement, avant l'informatisation du système, la procédure de régularisation du travail au noir une fois détecté s'étale sur 40 jours. Après la mise en place de ce Registre informatisé du Travail, cette régularisation pourra se faire en une seule journée. Ce qui devrait permettre d'établir un peu plus de justice sociale pour les salariés, de faire prospérer un peu plus les différents régimes de sécurité sociale, santé et retraite par répartition, et de faire rentrer des recettes fiscales, légales mais qui aujourd'hui échappent à l'Etat. Bien entendu, cette évasion fiscale et sociale n'est pas pour rien dans le manque chronique de moyens de l'Etat argentin, en proportion de sa population et en comparaison avec les Etats mieux organisés de l'hémisphère nord.

Le Ministre du Travail, Carlos Tomada, espère que le nouveau système informatique permettra aussi de détecter mieux et plus efficacement les mauvaises conditions de travail auxquelles les salariés sont soumis et que des scandales récents, celui de la manifestation des salariés externalisés de la Société des Chemins de Fer Roca en octobre (voir mes articles au sujet de cette manifestation avec mort d'homme) ou celui des conditions d'hébergement des saisonniers revélés le 2 janvier par Página/12 (et non par un inspecteur du travail ou une plainte devant le tribunal du travail), au moment où la Mesa de Enlace, le bureau de coordination des organisations patronales agricoles, réclamait à corps et à cris, une nouvelle fois, la levée de toutes les restrictions à l'exportation du blé (1). En effet, les inspecteurs seront désormais munis d'un netbook sur lequel ils pourront comparer en ligne leurs constatations sur le terrain avec les données déclarées, disponibles sur le Registre informatisé. Ce qui leur permettra de gagner du temps et de s'intéresser davantage aux autres dimensions du respect de la législation du travail, que l'actuel Gouvernement cherche à reconstituer (le droit du travail était relativement protecteur à la fin du mandat de Juan Perón, en 1955, et n'a pratiquement pas cessé d'être détruit après le renversement du Général jusqu'à la fin des années 1990, qui marqua la fin du mandat présidentiel de Carlos Menem).

De toute évidence et quoi qu'en disent les différents courants d'opposition, ce gouvernement suit une ligne politique claire et cohérente d'amélioration de l'organisation de l'Etat et de l'économie nationale. En août 2009, j'avais été frappée par la campagne de sensibilisation menée par le Gouvernement à l'intention des salariés, qui étaient incités à faire valoir leurs droits à la protection sociale devant leur employeur. J'avais trouvé la campagne légitime mais irréaliste : quand la moitié de l'activité est clandestine, comment voulez-vous qu'un salarié exige d'être déclaré si son employeur ne le veut pas ? Ici, la décision gouvernementale va dans le même sens, elle est simple et pratique. On se demande même pourquoi elle n'a pas été mise en oeuvre plus tôt. Peut-être parce que les fonds nécessaires manquaient encore. En effet, le développement d'un tel registre est certainement coûteux mais on peut espérer qu'elle apportera plus de transparence et sera rapidement rentabilisée. Autant en Europe l'informatisation du secteur public entraîne toujours et partout des pertes d'emploi et trop souvent une détérioration du service rendu au public (on parle à des machines et non plus à des êtres humains, pour ne prendre que cet exemple socialement déstructurant), graves inconvénients qui ne sont pas toujours ni partout compensés par un gain d'efficacité (les Français se souviennent encore avec horreur de l'implantation d'un nouveau progiciel de réservation à la SNCF et du nouveau logiciel de gestion des chômeurs à Pôle Emploi), autant là-bas, ce type d'informatisation peut aboutir à un progrès sans commune mesure avec le coût de l'investissement, car l'Etat n'a pas les moyens humains de contrôler tout ce que réclame le respect de la législation, alors qu'il en est constitutionnellement le seul garant légitime. Ce qui explique, au moins en partie, le fonctionnement anarchique et chaotique du pays et toute la corruption qui va avec.

L'équipement en matériel des contrôleurs (500 netbooks) et les connexions à Internet seront achetés avec une partie de l'argent qu'ont rapporté à l'Etat l'année dernière les amendes infligées aux employeurs convaincus de ne pas déclarer leurs salariés. L'informatisation du service revient à 5 millions de pesos alors que les recettes ainsi engrangées s'élèvent à 37 millions.

Dans le même temps, le ministre du travail émet un nouveau statut du journalier agricole pour lutter contre les pratiques indignes du patronat, pratiques sociales qui confinent parfois à une forme de servage corvéable à merci et les autorités fiscales mènent une large campagne ciblée de toilettage de la classification des entreprises en fonction de leurs véritables activités, alors que les inspecteurs dépêchés sur le terrain constatent que 55% d'entre elles se sont fait enregistrer dans une catégorie fiscale inférieure à celle correspondant au niveau et à la nature de leur activité.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur l'informatisation du Registre du Travail,
lire l'article de Página/12 sur la campagne de vérification fiscale.

(1) Rappelons que les restrictions à l'exportation que le Gouvernement impose régulièrement depuis deux ans à certaines productions de première nécessité dans la diète argentine, viandes et céréales, sont justifiées par le besoin de satisfaire en premier lieu le marché intérieur, car la viande, le lait et le blé (donc les pâtes et le pain, qui sont très importants dans le régime alimentaire national) traversent périodiquement des pénuries et donc des hausses vertigineuses des prix à la consommation, à cause d'un ensemble de facteurs : l'exportation est plus rentable pour les estancieros (les grands propriétaires terriens agricoles) que la vente sur le marché intérieur, car le niveau de vie des habitants fait que le prix intérieur est plus bas que les tarifs négociés à l'international, avec la Chine, l'Inde, la Russie, le Japon, les Etats-Unis et l'Europe (au moins, en ce qui concerne celle-ci, pour ce qui touche les céréales) ; le développement exponentiel de la culture du soja (destiné presqu'exclusivement à l'exportation, pour l'élevage dans les pays développés ou émergents) restreint l'espace rural consacré à l'élevage extensif, à la culture du blé et du maïs, au maraîchage et aux vergers ; l'élevage extensif est en train de disparaître peu à peu au profit de l'élevage intensif, ce qui entraîne un plus fort coût de production (il faut acheter la nourriture du bétail) et par conséquent un prix plus élevé au détail, et au détriment de la qualité gustative et organoleptique des viandes bovines, porcines et ovines et même de la volaille. Ce qui constitue un cercle vicieux absurde dans un pays grand comme 4,5 fois la France et peuplé de seulement 40 millions d'habitants.

mercredi 26 janvier 2011

Deux cents ans après : sortie du Supplément 2010 de Triages ! [Disques & Livres]

Vous allez trouver que je parle décidément beaucoup de moi et de mes activités en ce moment sur ce blog, consacré d'ordinaire davantage à l'actualité des autres, essentiellement des artistes qui vivent et tirent le diable par la queue dans le Cône Sud...

Il y a des périodes comme ça où tout arrive en même temps. C'est le cas pour moi en ce début d'année qui démarre sur les chapeaux de roue avec beaucoup de projets de toute sorte : conférences, lancement de mes Rendez-Vous littéraires Tangos d'hier et d'aujourd'hui (voir mon article du 24 janvier 2011 à ce sujet), de ma page Myspace et de ma page Viadeo, préparation d'un troisième livre et enfin, sortie aujourd'hui même du deuxième d'entre eux, qui est une nouvelle anthologie bilingue (le troisième ouvrage sera d'une autre nature).

Une nouvelle sélection de poèmes, textes et chansons de Buenos Aires, sur la majeure partie du contenu de laquelle j'ai travaillé tout au long de l'année 2009 et qui répond à une invitation que m'avait adressée les Editions Tarabuste en mars 2008, lorsqu'à la suite de la réception d'un manuscrit, publié depuis ailleurs, l'équipe de la très belle revue culturelle Triages avait été enthousiasmée par la richesse de ce patrimoine littéraire méconnu en France et en Europe, celui du Río de la Plata et de ses classes populaires.

Couverture de Deux cents ans après. Cliquez sur l'image pour l'obtenir dans une meilleurs résolution.

Dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, j'ai rassemblé 106 poèmes, textes en prose et chansons, de tango et de rock (dit rock nacional, parce qu'il est d'inspiration argentine et de langue hispanique), datant tous des 50 dernières années, ce qui, en France, est peu fréquent (c'est un euphémisme). J'ai voulu cette fois-ci ne présenter que 10 auteurs, pour les faire connaître d'une manière qui ne soit pas trop superficielle.

Alorsa, chantant Ezeiza, le candombe qui ouvre Deux cents ans après.
L'enregistrement a été réalisé à La Plata, au Tango Criollo Club qu'il animait, en 2007.

Ces dix auteurs sont donc Alorsa, qui fut, comme vous le savez, l'un de mes très chers amis et qui est le seul d'entre ces dix à nous avoir déjà quittés alors qu'il comptait parmi les plus jeunes des poètes retenus pour cette anthologie, Luis Alposta, Verónica Bellini, la pianiste et compositrice qui dirige le groupe féminin China Cruel, Raimundo Rosales, Horacio Ferrer, La Biyuya (un quintette de tango contemporain, représenté par le guitariste et compositeur Pablo Dichiera et la chanteuse et compositrice Marina Baigorria), Litto Nebbia, dont les fidèles lecteurs de Barrio de Tango savent qu'il est à la fois un musicien majeur du rock argentin (et de tous les autres genres) et un producteur discographique indépendant au très impressionant catalogue (Melopea Discos), Héctor Negro, Marcela Bublik et Alejandro Szwarcman.

Et si leurs noms sont présentés dans le paragraphe précédent sous la forme d'un hyperlien, c'est parce que j'ai déjà beaucoup écrit sur chacun d'entre eux dans les colonnes de ce blog. Cliquez sur le lien pour accéder à ces sélections d'articles sur leur compte.

La couverture est illustrée d'une photo de Alorsa sur scène, avec derrière lui cet immense visage de l'idole (vous aurez reconnu Maradona), une photo que m'ont offerte ses parents pour ce livre. Qu'ils en soient remerciés. Leur fils méritait bien de représenter cette Argentine contemporaine à la vie artistique si dynamique... Un hommage à l'artiste et à l'ami disparu, dont l'absence nous est toujours si douloureuse à accepter.

L'ouvrage fait 140 pages au format A4 (21x28 cm), il est illustré de quelques photos, dont quelques portraits que j'ai moi-même réalisés (et dont j'ai la faiblesse de ne pas être mécontente) et de partitions dont le droit de reproduction m'a été gracieusement accordé par les compositeurs Marcelo Saraceni (chapitre de Raimundo Rosales) et Javier González (chapitre de Alejandro Szwarcman). Il est vendu au prix de 20 € (comptez 3 € supplémentaires pour les frais d'envoi par la Poste, le livre étant à commander auprès de l'éditeur, Revue Triages, Tarabuste Editions, rue du Fort, 36170 St-Benoît-du-Sault, France, eu égard au très petit nombre de librairies qui diffusent les revues littéraires. Mais vous pouvez toujours en parler à votre libraire, les yeux dans les yeux...).

Patricia Barone interprétant Pompeya no olvida,
accompagnée par la Gran Orquesta del Tango de la Ciudad de Buenos Aires

Ce recueil répond au cahier des charges de la revue, sa conception n'est donc pas sortie tout armée de mon crâne, comme cela s'est passé pour ma première anthologie, où j'avais laissé libre court à mes idées originales, à la limite du bizarre (mais qui plaisent beaucoup aux lecteurs, d'après ce que j'entends sur les salons, dans les librairies et à l'issue de mes causeries). Dans Deux cents ans après, vous trouverez moins de notes en bas de page que dans Barrio de Tango. Quant aux commentaires de contextualisation, vous irez les chercher en fin de volume, où se trouvent aussi deux schémas géographiques vous permettant de vous repérer dans les quartiers de Buenos Aires et les districts du Gran Buenos Aires, une chronologie de l'histoire de l'Argentine, un glossaire pour éclairer les quelques mots dont le caractère typique méritait qu'on s'y arrête un peu. Il n'y a pas de redites entre les deux anthologies. Il n'y en a pas non plus avec les 11 poèmes et letras de Horacio Ferrer que j'avais traduits et présentés dans cette même revue Triages, dans un cahier de 15 pages inclus dans le n° 20 de la revue, paru en juin 2008 (et toujours disponible chez l'éditeur). Les contraintes de la revue ont pesé sur le choix des poèmes et chansons puisque j'ai évité les textes trop riches en allusions locales, qui m'auraient obligée à multiplier les notes explicatives. Et pour tout vous avouer, je me suis bien torturé les méninges pour atteindre un tel objectif en m'attaquant à l'oeuvre de poètes comme Alorsa et Horacio Ferrer. Le problème était gentiment corsé aussi lorsqu'il s'est agi de Luis Alposta et de Héctor Negro... Ceci posé, bon an mal an, le soutien que le Conseil National du Livre apporte à cette publication semblerait indiquer que je ne me suis pas complètement loupée dans cet exercice d'équilibriste.

Tu muñequito verde, interprété par China Cruel, au Teatro Alvear
le 14 août 2008 (j'avais la chance d'être alors dans la salle)

A vous d'en juger par vous-même et de découvrir cette autre époque artistique et littéraire argentine encore inédite dans notre zone géo-linguistique. Elle aussi vaut le coup, tout comme le répertoire désormais traditionnel du tango des années 20, 30 et 40, beaucoup plus présent dans la discographie et sur les pistes de danse européennes. C'est parce qu'elle présente un véritable intérêt que je l'intégrerai dans les Rendez-Vous littéraires Tangos d'hier et d'aujourd'hui que j'animerai à partir du 5 février prochain, les samedis après-midi, à l'Académie Esprit Tango (voir mon article sur le lancement de ces Rendez-Vous).

La Balsa, chantée par Litto Nebbia, Fito Páez et d'autres grands du rock nacional
au concert du Bicentenaire, 2010, Plaza de la República

Deux cents ans après sera présenté à Paris (1) le mardi 15 février, à 20h, à l'Espace Tango Negro, 71 rue Rochechouart, à Paris dans le 9ème arrondissement. Ma causerie sera suivie du traditionnel verre de l'amitié qui conclut toutes les manifestations organisées dans ce lieu bien porteño en contrebas de la colline montmartroise, par Juan Carlos Cáceres et Alicia Zadán, son épouse. Un grand merci à eux deux pour leur amitié et leur hospitalité.

(1) Cette manifestation fera l'objet d'une annonce en bonne et due forme d'ici quelques jours, le temps de réaliser l'affiche !

La OTFF au Konex samedi soir [à l'affiche]


La Orquesta Típica Fernández Fierro (OTFF pour les intimes) fait sa rentrée estivale à Buenos Aires, où le thermomètre a atteint les 4° hier, avant qu'une énorme averse le fasse redescendre de 16 degrés (ouf ! On respire enfin).

Le prochain concert de la formation emblématique du quartier de l'Abasto aura lieu samedi 29 janvier 2011, à 21h, en plein air, qu'il pleuve ou qu'il fasse beau, dans la cour de centre culturel Konex, rue Sarmiento 3131. La OTFF change d'adresse mais pas vraiment de quartier, le Konex se trouve lui aussi dans le quartier dit de l'Abasto, mais de l'autre côté de l'avenue Corrientes (vers le sud).

Entrée : 30 $ si vous réservez à l'avance, 35 $ sur place le jour même (en puerta).
Les réservations peuvent être faites en ligne, sur Ticketek.com.ar.

Pour en savoir plus sur la OTFF, cliquez sur leur sigle dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus (pour accéder à l'ensemble des articles que je leur ai déjà consacrés dans Barrio de Tango) ou visitez leur site, dont vous trouverez le lien permanent dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales, dans la partie basse de la Colonne de droite.

La OTFF dispose aussi d'une page Facebook et d'une autre page sur le réseau Myspace (dont vous trouverez le lien parmi les amis de ma prope page Myspace, où leur musique est représentée dans la liste d'écoute générale, Playlist Générale).

Alberto Podestá et Luis Filipelli : le retour (ter) [à l'affiche]

Après le succès des soirées de décembre et de janvier, voilà que le duo exceptionnel formé par les chanteurs Alberto Podestá, qui s'est produit dans l'orchestre de Miguel Caló et dans celui de Carlos Di Sarli à l'époque d'or des années 40, et Luis Filipelli se retrouveront sur la scène du Bar 36 Billares, avec leur tour de chant Dos amigos siempre fuimos (nous avons toujours été deux amis), les mercredis 2, 9 et 16 février, à 21h30, avenida de Mayo, à la hauteur du n°1265 (pour réserver sur place, téléphoner au 4381-5696).

Entrée : 40 €. Autrement dit, c'est donné...

Ils seront accompagnés par Julián Hermida à la guitare et Franco Polimeni au piano. Le couple de danseurs Gachi Fernández et Cristian Miño seront aussi du spectacle...

Le Gouvernement fédéral prend le taureau par les cornes [Actu]

Prenant appui sur un arrêt de la Cour Suprême ordonnant la viabilisation des bidonvilles qui sont établis dans la zone d'urbanisation Matanza-Riachuelo, qui chevauche la limite sud entre la Capitale Fédérale, administrée par le Gouvernement portègne dirigé par le libéral Mauricio Macri, et la Province de Buenos Aires, administrée par le Gouvernement provincial dirigé par le péroniste Daniel Scioli, Amado Boudou, le sémillant ministre fédéral de l'économie et candidat à la candidature au Gouvernement portègne pour le Partido Justicialista (1) vient d'annoncer que l'Etat fédéral va se substituer à la Ville de Buenos Aires et investir 3173 millions de pesos argentins pour construire 17 771 logements dignes de ce nom, puisque Mauricio Macri fait montre en la matière d'une redoutable mauvaise volonté. Il a bien lancé un chantier depuis de nombreux mois mais les travaux sont à l'arrêt depuis longtemps.

On l'a vu dernièrement, le manque de logement accessibles aux couches populaires s'aggrave à Buenos Aires depuis trois ans que Mauricio Macri est aux affaires et y privilégie la spéculation immobilière et les projets de construction fasteux, tout en menant une politique d'intimidation des plus pauvres, pour qu'ils fuient vers la Province, et d'expulsions systématiques des familles pauvres qui s'abritent dans des immeubles à l'abandon, promis à la démolition pour faire place à quelque pharaonique opération sonnante et trébuchante. Cette spéculation immobilière est en train de détruire et de défigurer les quartiers périphériques, comme Villa Urquiza et Villa Pueyrredón, dont les chalets familiaux disparaissent progressivement au profit d'immeubles sans âme. Et au mois de décembre, la crise du logement a provoqué des émeutes paroxystiques dans le quartier très populaire de Villa Soldati, dans des circonstances particulièrement troubles, qui flirtent avec le crapuleux (voir mes articles sur ces événements de fin 2010).

Il est possible que l'initiative de Amado Boudou en début de semaine soit liée à ses ambitions politiques. C'est en tout cas l'interprétation qu'en faisait hier le quotidien Clarín (on ne s'attendait pas à une autre prise de position de sa part). Bien entendu, le journal concurrent et opposé, pro-gouvernemental quant à lui, Página/12, y voit une mesure juste et une prise d'initiative bienvenue de la part du Gouvernement, dont on pourrait dire qu'il empiète sur les prérogatives des autorités locales (l'Argentine est un état fédéra). Les critiques très dures émises par Boudou contre Mauricio Macri et sa gestion négligente ont rebondi le lendemain, c'est-à-dire hier, en une nouvelle bagarre portègne entre députés PRO (fidèles à Macri), Coalición Cívica, une alliance électorale de droite et centre-droit, qui est désormais dans l'opposition au niveau portègne, et Proyecto Sur, le mouvement socialiste dirigé par Pino Solanas, qui est, lui, candidat à la Présidence de la République, après avoir fait en juin 2008 une belle percée sur Buenos Aires (3 millions d'habitants). Les élections législatives, présidentielle et provinciales, doivent avoir lieu en octobre prochain. Certaines, notamment les élections locales à Buenos Aires, pourraient être avancées au mois de juin.

Pour comprendre les enjeux sur lesquels se battent les hommes politiques et qui sont de véritables enjeux de société, cliquez sur les mots-clés "GCBA" et gob argentin, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, pour accéder aux articles que j'ai déjà consacrés à la vie politique au niveau de la ville de Buenos Aires (GCBA) et à ceux qui portent sur la vie politique au niveau fédéral (nacional, disent les Argentins), avec le mot-clé "gob argentin".

Pour aller plus loin :
Lire l'article de Página/12 du 25 janvier 2011
Lire l'article de Clarín du 25 janvier 2011
Lire l'article de Página/12 du 26 janvier 2011, sur les rebondissements de la querelle.

(1) PJ : le parti péroniste. Il est en concurrence avec le sénateur Daniel Filmus, un éléphant du PJ, dirait-on en vocabulaire de gauche, en France.

mardi 25 janvier 2011

Barrio de Tango (ed. du Jasmin) est en vente à l'Académie Esprit Tango [Disques & Livres]

Ma première anthologie, intitulée Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, sortie le 3 mai 2010 aux Editions du Jasmin, est en vente depuis samedi dernier à l'Académie Esprit Tango, à Paris (3 rue des Vignoles, 20ème arrondissement), au prix éditeur de 24,90 € (1). Barrio de Tango est accompagné d'un disque cadeau, de 22 pistes, dont 20 morceaux traduits dans le recueil, un très court entretien entre le poète Enrique Cadícamo et l'auteur-compositeur-interprète de rock argentin Litto Nebbia (fondateur du label Melopea, producteur de ce CD) et en conclusion, un tango instrumental de ce même Litto Nebbia, un très grand musicien argentin malheureusement inconnu en Europe (sauf des Sud-Américains qui vivent chez nous).
Pour compléter le disque, qui présente quelques uns des plus beaux enregistrements de Melopea, j'ai monté, il y a quelques jours, une liste d'écoute spécifique sur ma page Myspace, une autre façon d'accéder à la richesse de la sélection que j'ai constituée autour d'un thème central, celui de la relation fusionnelle qui existe entre le tango et la Ville de Buenos Aires, dont mon livre est aussi par conséquence une sorte de guide touristique (pour des touristes libres de leurs mouvements et désireux de découvrir l'authenticité de la vie et de la cité portègnes).

L'Académie dispose d'un exemplaire de démonstration du livre (sans disque, dont le contenu est détaillé à la page 350 du volume).

Pour ceux qui ne connaissent pas l'Académie Esprit Tango (mais tous les amateurs de danse de tango de Paris et de sa région, et même au-delà, connaissent ce lieu emblématique de passion tango dans la capitale française), il faut dire qu'elle est l'école de tango fondée il y a plusieurs années par Luis Bruni et Pascale Coquigny, qui y donnent chacun des cours diversifiés dans les deux belles salles qu'ils ont aménagées avec tant de goût dans d'anciens locaux industriels de ce quartier proche de la Place de la Nation. Le mardi, le jeudi et le samedi soir, il y a aussi une pratique ouverte à tous, à prix très modéré et donc très fréquentée. Derrière le comptoir de l'entrée, on vous accueille en français, en espagnol ou en anglais selon votre provenance géographique.

Samedi dernier, j'y ai donné une conférence qui fut très appréciée (merci au public de cet accueil si chaleureux à mon égard). Le samedi 5 mars 2011, à 18h, j'en donnerai une autre, gratuite elle aussi. À partir du 5 février prochain, à 17h, j'y animerai un Rendez-vous littéraire hebdomadaire sur le thème Tangos d'hier et d'aujourd'hui, pour permettre au public européen de creuser ses connaissances du contenu culturel du tango-canción, dont Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins présente un éventail, nécessairement incomplet, de 231 textes, de 1916 à 2008 (pour vous inscrire à ces rendez-vous, voir mon article du lundi 24 janvier 2010).

Vous trouverez le site de l'Académie en lien permanent dans la rubrique Eh bien dansez maintenant !, dans la partie inférieure de la Colonne de droite. Vous trouverez l'ensemble des articles que j'ai consacrés à cette école sous le mot-clé AET dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.

(1) Ma seconde anthologie, différente sur la forme et sur le fond, sera très bientôt disponible, dans la revue Triages, publiée par les Editions Tarabuste : 200 ans après, le bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango. Elle présente sous forme bilingue 106 textes de 10 poètes et paroliers argentins, entre 1960 et aujourd'hui. 140 pages. 20 € (prix éditeur).

Cours de tango pour bouts de chou avec Mora Godoy cet été [à l'affiche]

Il y a un peu plus d'un an, l'école de danse de Mora Godoy avait été choisie par le Ministère de la Culture du Gouvernement de la Ville de Buenos Aires pour abriter un ballet-école de tango (1), à l'image de la Orquesta-Escuela de Tango Emilio Balcarce, qui a été fondée par une initiative personnelle et privée de trois musiciens, Ignacio Varchausky, Ramiro Gallo et Emilio Balcarce, qui vient de nous quitter (voir mon article de dimanche sur ce deuil récent).

Photo Clarín

C'est à ce titre que la danseuse et chorégraphe conduit cet été en plein air, dans le quartier de La Boca, des cours à l'usage des enfants, et même des vraiment tout petits. L'opération, baptisée Milonguitas (les petites milongas), prend place dans le cadre du programme La Ciudad al Aire Libre (La ville en plein air), programme d'activités culturelles gratuites organisé tous les étés. Elle prendra la forme d'un cours gratuit tous les lundis, en début de soirée, à 18h30, sur une scène montée à l'angle de la Vuelta de Rocha et Caminito, au coeur du coin touristique de La Boca. Hier, le premier cours a eu lieu malgré les 39° de sensation thermique qui règnent en ce moment sur la capitale argentine, placée en alerte orange caniculaire.

La transmission aux enfants est aussi l'une des exigences que les tangueros, quelle que soit leur discipline (musique, danse, chant, poésie) se donnent à la suite de l'inscription du genre au Patrimoine culturel de l'Humanité, le 30 septembre 2009 (voir mes articles sur ce vote de l'Unesco et sa traduction en actions concrètes).

L'attendrissant apprentissage de ces bouts de chou des deux sexes à inspirer un entrefilet joliment illustré au quotidien Clarín dans son édition de ce matin. Je vous laisse aller jeter un coup d'oeil sur ce papier inattendu et de saison.

(1) Voir mon article du 30 octobre 2009 sur ce choix ministériel.

Le Sexteto Mayor au Torcuato vendredi prochain [à l'affiche]

Ces derniers jeudis et vendredis de janvier, le Sexteto Mayor se produit au Centro Cultural Torcuato Tasso, Defensa 1575, à San Telmo, à 22h. Ils étaient déjà là la semaine dernière, ils reviendront les 28 et 29 janvier, à la fin de la semaine, tout en assurant une tournée sur la côte atlantique en Argentine (au sud de Buenos Aires).

Entrée : 70 $

Le Sexteto Mayor a été fondé en 1973, par les bandonéonistes José Libertella et Luis Stazo, et n'a depuis connu que le succès. C'est l'une des formations de la deuxième moitié du 20ème siècle qui a accompli l'un des plus complets parcours dans le monde entier. Le service de presse annonce le nombre de 700 villes visitées sur toute la planète. Aujourd'hui, le Sexteto Mayor se compose des violonistes Mario Abramovich et Eduardo Walzak, du contrebassiste Enrique Guerra, du pianiste Fulvio Giraudo et des bandonéonistes Lautaro Greco et Horacio Romo, lequel assure aussi la direction musicale de la célèbre formation.

lundi 24 janvier 2011

Lancement d'une série de Rendez-vous littéraires autour du tango à Paris [ici]

Le samedi 5 février 2011 à 17h, j'animerai le premier Rendez-vous littéraire Tangos d'hier et d'aujourd'hui à l'Académie Esprit Tango à Paris (3 rue des Vignoles, 1er étage, M° Avron). Ce sera la première séance d'une série qui pourra durer jusqu'à la fin de l'année scolaire.

Les tangos sont pour nous, les Francophones, comme des icebergs : ce qu'on en voit n'est qu'une toute petite partie de ce qu'ils sont. Je vous propose donc d'en faire le tour à la surface puis de plonger pour aller explorer ce qu'il y a sous la ligne de flottaison : une poésie profonde et inventive, une signification historique, sociale, des thémes fondateurs de l'identité portègne et rioplatense, des artistes nombreux et originaux, des interprétations très variées au fil de l'histoire.

Le tango canción, ce que l'on pourrait traduire par "tango à texte", est né en 1916, avec Pascual Contursi et Carlos Gardel. Il n'a pas cessé d'exister depuis et nous explorerons donc ce répertoire inépuisable, avec des tangos d'hier et des tangos d'aujourd'hui, des tangos mondialement connus et d'autres, plus récents, encore peu connus. Nous verrons les variations des textes, provoquées par les censures successives, par la transmission orale, par la personnalité des chanteurs... C'est un voyage à Buenos Aires que nous ferons ainsi, dans une manière d'aborder cet art complémentaire à ce que je propose déjà dans mes livres, dans un dialogue vivant.

Le premier rendez-vous est fixé au samedi 5 février 2011, à 17h, dans la petite salle de l'Académie Esprit Tango, à Paris. Deux autres dates sont déjà fixées en février, le 19 et 26 février. Il y aura d'autres dates, le samedi, les mois suivants (1). La participation est de 15 € par personne. Le nombre de places étant limités, il est indipensable de s'incrire d'avance auprès de moi (dactango@hotmail.fr).
Ces Rendez-Vous s'adressent bien entendu exclusivement à tout le monde, sans aucune restriction, danseurs et non danseurs. La seule et unique condition pour que vous vous sentiez à l'aise, c'est que vous soyez curieux de culture, que ce soit à travers la musique, la littérature, la poésie, l'histoire, le voyage, o que se yo (je vous expliquerai ce que veut dire cette expression idiomatique de Buenos Aires. Et si vous ne connaissez pas l'adjectif idiomatique, vous le trouverez dans un dictionnaire lambda. Il y en a un en ligne, dans la Colonne de droite, dans la rubrique Cambalache casi ordenado, c'est celui du TLIF, de l'Université de Caen. L'outil le plus complet disponible sur la toile pour le français de France).

En plus de tout le monde (qui constitue la première catégorie de participants), les musiciens classiques (en Europe, ils ont rarement eu l'occasion d'acquérir une vraie culture tanguera, même lorsqu'ils jouent eux-mêmes du tango), les artistes de variété, les paroliers, les écrivains et les rédacteurs sont naturellement les très bienvenus, s'ils veulent venir approfondir leur propre pratique en se frottant à des exemples et des oeuvres venus d'ailleurs.
Les hispanisants, les latinistes, les italianisants découvriront eux aussi des richesses qu'ils ne soupçonnent pas, comme ce fut le cas parmi les auditeurs d'une conférence que j'ai donnée à l'Ecole Normale Supérieure de Paris.

Quand on dit tout le monde, on a la mauvaise habitude d'en exclure spontanément ces personnes. Je tenais donc à préciser que tout le monde veut dire... tout le monde. Car plus ces Rendez-Vous seront pluridisciplinaires, plus l'échange pourra être intéressant et enrichissant pour tous. Donc d'ores et déjà, bienvenue à tous ! (2)

Pour toutes ces raisons, ni la maîtrise de l'espagnol, ni la connaissance de la musique, ni la pratique de la danse ne sont nécessaires pour participer à ces rencontres.

Pour en savoir plus sur tout ce que propose l'Académie Esprit Tango, visitez son site, qui se trouve parmi les liens permanents situés dans la rubrique Eh bien dansez maintenant !, dans la partie inférieure de la Colonne de droite.
Pour en savoir plus sur mes livres, consultez mes articles sur Barrio de Tango (ed. du Jasmin). Une autre anthologie bilingue, 200 ans après, paraîtra d'ici la fin du mois (sauf nouveau contretemps) aux Editions Tarabuste. J'attends de recevoir le feu vert de la maison d'édition, Tarabuste, pour vous en dire plus.
Pour en savoir plus sur mes autres rencontres avec le public (dédicaces, conférences...), cliquez sur le mot-clé ABT, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.
J'ai aussi rassemblé sous un autre mot-clé, media, les articles qui ont été consacrés à mon travail dans la presse, à la radio, sur le Web...

(1) Ce concept est transportable ailleurs qu'à Paris. Les associations, librairies, cafés littéraires, universités et autres institutions culturelles intéressées, en France ou ailleurs, peuvent se mettre en contact avec moi.
(2) Il va sans dire que s'initier à une culture étrangère prend du temps. Si donc vous voulez tirer quelque bénéfice de ces rendez-vous, l'engagement sur la durée est chaudement recommandé. Si vous venez irrégulièrement, vous aurez par exemple du mal à réagir aux traits d'humour qui, dans le tango comme ailleurs, ne se comprennent pas en dehors du contexte général et Dieu sait si le contexte général à Buenos Aires est éloigné du nôtre.

Emilio Balcarce : l'hommage d'un voisin, d'un ami, d'un poète [Troesma]

Je vous l'annonçais hier (cliquez sur le lien pour lire cet article du 23 décembre 2010), c'est Luis Alposta qui m'a appris la triste mais discrète nouvelle de la mort du Maestro Emilio Balcarce, par un message d'hommage que je vous livre ci-dessous, en version bilingüe comme d'habitude et sans plus de commentaire. Les phrases de Luis (1) se suffisent à elles-mêmes...

¡Adiós al maestro!

El pasado miércoles 19 de enero falleció Emilio Balcarce. El maestro Emilio Balcarce. Alguien que, en vida, ha sido homenajeado en el Colón, a teatro lleno. Académico de Honor de la Academia Nacional del Tango, Ciudadano Ilustre de la Ciudad de Buenos Aires y Vecino Ilustre del barrio que lo ha visto nacer. Alguien a quien, con sólo nombrar dos de sus tangos, “La bordona” y “Si sos brujo”, ya lo estaríamos mostrando en todo el tiro de su talento.

Músico, violinista, bandoneonista, director, compositor, arreglador y vecino de Villa Urquiza desde siempre. Para más datos: nacido el 22 de febrero de 1918 en la esquina de Bebedero y Altolaguirre.

Como músico, son muestras bien representativas de sus trabajos de dirección y arreglos su paso por la orquesta de Osvaldo Pugliese, la creación del Sexteto Tango y de las orquestas con las que acompañó la labor de los cantores Alberto Castillo y Alberto Marino.

Emilio Balcarce ya desde sus comienzos le aportó al tango, consolidando una estética musical, todo su arte, su inspiración y su talento. Fundador y director de la Orquesta Escuela, creada en el año 2000, para formar a los jóvenes músicos en la práctica instrumental e iniciarlos en la experiencia orquestal; en síntesis y sin almidonar adjetivos, fue un inspirado compositor y, tal como lo dijéramos, un auténtico maestro.

Ha sido, sin duda, un artista íntegro y fundamental que, no conforme, sumó a sus méritos el ser un excepcional orquestador y fino ejecutante. .

A Emilio Balcarce le habría bastado con sólo crear “La Bordona” -uno de los tangos más bellos que se hayan escrito- para entrar definitivamente en la Historia del Tango.

¡Adiós, Emilio!
Adiós… que no habrá de significar olvido.
Luis Alposta, 22.01.2011

Adieu au Maestro !

Mercredi dernier, le 19 janvier, Emilio Balcarce est décédé. Le Maestro Emilio Balcarce. Quelqu'un qui, de son vivant, avait reçu un hommage au Teatro Colón (2), devant une salle pleine. Académicien honoris causa de la Academia Nacional del Tango, Citoyen d'honneur de la Ville de Buenos Aires (3) et habitant d'honneur du quartier qui l'avait vu naître. Quelqu'un dont il suffit de citer deux de ses tangos, La Bordona et Si sos brujo pour que nous le voyons dans toute la portée de son talent.

Musicien, violoniste, bandonéoniste,chef d'orchestre, compositeur, arrangeur et habitant de Villa Urquiza depuis toujours. Et plus précisément : né le 22 février 1918 (4), au carrefour entre les rues Bebedero et Altolaguirre (5).

Des preuves bien représentatives de son travail de musicien, on les trouve dans ce qu'il a fait en matière de direction d'orchestre et d'arrangement lorsqu'il était dans l'orchestre de Osvaldo Pugliese, dans la création du Sexteto Tango et des orchestres qui ont accompagné l'activité des chanteurs Alberto Castillo et Alberto Marino (6).

Emilio Balcarce dès ses débuts a apporté au tango, par la consolidation d'une esthétique musicale, la contribution de tout son art, son inspiration et son talent. Fondateur et chef de l'Orchestre Ecole, créée en 2000, pour former les jeunes musiciens à la pratique instrumentale et les initier à l'expérience orchestrale. En résumé et sans empeser les adjectifs,, il fut un compositeur inspiré et, comme nous l'avons déjà dit, un maître authentique.

Il a été, sans l'ombre d'un doute, un artiste complet et essentiel, qui, jamais satisfait, a ajouté à ses mérites celui d'être un orchestrateur exceptionnel et un exécutant d'une belle finesse.

Il aura suffi à Emilio Balcarce de composer (7) La Bordona -un des tangos les plus beaux qui aient été écrits- pour entrer définitivement dans l'Histoire du Tango.

Adieu, Emilio !
Adieu... ce qui ne pourra jamais vouloir dire oubli.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

L'Académicien correspondant à Madrid, Rodolfo Ghezzi, de la Academia Nacional del Tango, a lui aussi rendu hommage hier au Maître disparu, dans un article paru dans la chronique qu'il tient depuis quelques jours dans Argentina Tango Club (à lire en cliquant sur le lien).

Ajout du 25 janvier 2011 :  L'hommage du blog de Tangocity (Gabriel Soria) à Emilio Balcarce

(1) Pour en savoir plus sur ce poète remarquable du tango d'aujourd'hui, qui travaille entre autres avec Daniel Melingo, Tata Cedrón ou La Chicana, cliquez sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, pour faire remonter en page d'accueil les plus récents articles que je lui ai consacrés (cliquez en bas sur la mention Articles plus anciens, pour continuer à remonter le temps avec lui)
(2) Le Teatro Colón est l'opéra de Buenos Aires, le plus important et le plus grand théâtre lyrique du pays. Pouvoir s'y produire lorsqu'on est un artiste populaire est un honneur insigne en Argentine.
(3) Les titres honorifiques sont ici traduits approximativement car ils ne correspondent à rien qui existe en France, en Belgique ou en Suisse, où l'on est fait citoyen d'honneur d'une ville, d'une région ou d'un pays seulement si précisément on n'en est pas citoyen. Ici, c'est l'inverse : le Ciudadano Ilustre habite la ville ou la Province qui l'honore ainsi. De même le Vecino Ilustre, c'est l'habitant du quartier mis à l'honneur. Lorsque la personne décorée n'est pas de la ville, de la Province ou du pays qui lui attribue ces honneurs, elle est visitante ilustre, ce qui est mon cas par exemple pour le quartier portègne de Villa Urquiza, où je ne vis pas mais où j'ai plusieurs amis...
(4) Il était donc de la même année que le poète Homero Expósito (celui de Flor de Lino, Farol, Yuyo Verde ou Tristezas de la calle Corrientes) et de 4 ans le cadet de Aníbal Troilo (né le 11 juillet 1914).
(5) La esquina (carrefour, croisement) dans les villes argentines sert de repère géographique, comme les stations de métro à Paris, à Bruxelles ou à Lyon, les arrêts de bus dans d'autres villes sans transport public souterrain. Le subte de Buenos Aires (métro) n'est pas assez dévoloppé pour avoir suplanté les esquinas, surtout dans Villa Urquiza, encore très à l'écart de ce réseau.
(6) Alberto Castillo (1914-2002), Alberto Marino (1920-1989).
(7) De la subtilité de la traduction : crear en espagnol veut dire "créer" une oeuvre pour ce qui est de son auteur (ici un compositeur, ailleurs un peintre, un sculpteur ou un écrivain), or le verbe "créer" en français est ambigu lorsqu'il s'agit d'une pièce de musique ou de théâtre. L'interprète aussi la crée dès lors qu'il est le premier à l'interpréter en public. L'espagnol dispose de deux mots, crear qui concerne toujours l'action de l'artiste créateur, et estrenar, qui concerne celle de l'interprète (et on traduira donc en français estrenar par "créer").

Néstor Tomassini et Siglotreinta : le retour... à Sion [ici]

Le compositeur, arrangeur et clarinettiste bahiense Néstor Tomassini et son trio Siglotreinta, complété par le guitariste Narciso Saúl et le pianiste Osvaldo Belmonte, seront le mois prochain à Sion, dans le Valais suisse. Ce sera, comme l'annonce l'affiche en français (ouf !!!!), le 16 février au Théâtre Alizée, autour de leur disque récent, puisqu'il est sorti l'année dernière, Identidades (ça se traduit tout seul, c'est comme en français, tout va bien).

Entrée (tarif plein) : 30 Francs Suisses...

Vous pouvez réserver par mail (info@alize-theatre.ch).

Bon concert, amis suisses !

Pour en savoir plus sur Néstor Tomassini et ses compagnons musiciens, cliquez sur le nom du compositeur dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, pour accéder à l'ensemble des articles que je lui ai déjà consacrés sur Barrio de Tango. Vous pouvez aussi accéder à son site en lien permanent dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales, dans la partie basse de la Colonne de droite.

dimanche 23 janvier 2011

Le deuil de La Bordona : le Maestro Emilio Balcarce est décédé mercredi dernier [Actu]

En plein été, la nouvelle n'a pas atteint les rédactions des quotidiens argentins : mercredi 19 janvier 2001, s'en est allé Emilio Balcarce, multi-instrumentiste, compositeur et arrangeur, et comme vous le savez sans doute, co-fondateur avec Ignacio Varchausky et Ramiro Gallo de la Orquesta Escuela de Tango, qui depuis trois ans maintenant, époque à laquelle il s'était définitivement retiré de la scène, porte son nom, à Buenos Aires.

Son tango le plus célèbre reste La Bordona (le nom espagnol du bourdon, la corde la plus basse de la guitare). C'est ce tango qui est choisi comme morceau à travailler pour le toute première promotion de la Orquesta Escuela dans le film documentaire que la réalisatrice nord-américaine Caroline Neal a consacré, il y a quelques année, à la naissance de cette institution (Si sos brujo, una historia del Tango).

C'est le poète Luis Alposta, ami et voisin de Emilio Balcarce, qui vient de diffuser l'information, avec un texte très beau dont les obligations d'un dimanche matin me contraignent à reporter la traduction à plus tard... Le cercle des études historiques de Villa Urquiza, dont Luis est le Président, avait fait de Emilio Balcarce un Citoyen illustre du quartier.

Emilio Balcarce avait perdu sa femme, cet hiver, il y a environ six mois. Le choc avait été rude. Trop rude.... Mercredi, il a rendu les armes et il est parti sur la pointe des pieds, discrètement, comme pour ne pas troubler ses compatriotes en vacances...

Pourtant, il y a deux ans, au Festival de Tango de Buenos Aires en août 2009, il était remonté sur scène l'espace d'un soir pour un hommage appuyé à Osvaldo Pugliese, dans l'orchestre duquel il avait été bandonéoniste. Il avait reçu une chaleureuse ovation dont l'écho s'était le lendemain répandu dans toute la ville. Aussi bruyante que son départ définitif aura été silencieux.

En hommage au disparu, je vous propose d'écouter La Bordona, dans une version enregistrée à Tokyo par Leopoldo Federico, autre grand bandonéoniste, et offerte par le site encyclopédique argentine Todo Tango...

jeudi 20 janvier 2011

Falta y Resto fête ses 30 ans ce soir à la Trastienda [à l'affiche]

La Murga uruguayenne, qui travaille essentiellement à Buenos Aires, Falta y Resto, avec quelques jours d'avance sur le Carnaval portègne, fête ce soir, à la Trastienda, rue Balcarce n° 460, dans le quartier de San Telmo, ses 30 ans d'existence. Le quotidien Página/12 profite de l'occasion pour mettre l'événement en tête de ses pages culturelles sous le titre "Carnaval toute la vie " (ci-contre) et pour interviewer le leader de ce groupe qui définit ainsi cet art rioplatense de la murga : "La murga sigue siendo una comedia musical política"... ce qui se comprend (presque) tout seul (si besoin est, voir tout de même la traduction un peu plus bas dans le corps de l'article). La murga est en effet issue des traditions du carnaval, et en particulier de celles de subversion de l'ordre établi.

Ce soir et jusqu'à dimanche, à 22h, Falta y Resto (1) présentera une sélection de son répertoire déjà connu et donnera un avant-goût de son spectacle 2011, intitulé La Comedia del Barrio. A voir sans aucune restriction.

Quelques uns des propos de Raúl Castro, qu'il ne faut pas confondre avec quelque frangin cubain que ce soit.

“Falta y Resto existe porque tiene una tarea que cumplir, militante, de trabajo social”
Raúl Castro, dans Página/12

Falta y Resto existe parce qu'il a une tâche à accomplir, une tâche militante de travail social.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

“Falta y Resto es un clásico siempre renovado. Nosotros creemos que hay que ir por donde no hay huellas pero sin perder la esencia del género. Somos una murga que tiene un sonido muy clásico, muy murguero, muy potente y con voces que te despeinan. Pero sobre todo, si tengo que definir a la Falta, es un riesgo permanente en la búsqueda de formas nuevas y de sorprender desde el discurso”
Raúl Castro, dans Página/12

Falta y Resto est un classique qui se rénove toujours. Nous, nous croyons qu'il faut aller là où le terrain est vierge mais sans perdre ce qui fait l'essentiel du genre. Nous sommes une murga qui rend un son très classique, très murguero, très puissant et avec des voix qui décoiffent. Mais par dessus tout, s'il faut que je définisse à la Falta, elle est un risque permanent dans la recherche de formes nouvelles et de surprendre à partir du discours tenu.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

“En los ’90 vivimos un momento de mucha búsqueda en cuanto a lo artístico. Y tuvo mucha importancia el cruce que hicimos a la Argentina, donde visualizamos que la murga podía tener una trascendencia como género que superaba lo simplemente barrial montevideano, que podía serlo en cualquier barrio donde se hablara español, porque el discurso era necesario entenderlo”
Raúl Castro, dans Página/12

Dans les années 90, nous avons vécu une époque de forte recherche dans le domaine artistique. Et le fait de venir en Argentine a eu beaucoup d'importance pour nous : ici, nous avons vu de nos propres yeux que la murga pouvait avoir une dimension supérieure en tant que genre à celle qu'elle a à Montevideo, où ça ne dépasse pas les limites du quartier, qu'elle pouvait être un vrai genre dans n'importe quel quartier du moment qu'on y parle espagnol, parce que le discours que nous tenons, il est indispensable qu'il soit compris.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

“Nos hizo mucho bien ser parte de un movimiento que se gestó acá en la Argentina, de revalorización de lo artístico, no solamente por lo que aparece en los grandes medios sino por lo que la gente apoya, sintiéndose parte de él. Y en ese lugar Falta y Resto tuvo cabida, por suerte. La convocatoria es cada vez mayor y sentimos que lo que decimos es asimilado como si fuera dicho para el propio pueblo argentino” [...] “Cuando nos dimos cuenta de que en la Argentina existía esta posibilidad, el discurso pasó a ser un poco más universal, sin dejar de pertenecernos, de ser muy barrial y de pintar nuestra aldea”
Raúl Castro, dans Página/12

Cela nous a fait beaucoup de bien d'être partie prenante d'un mouvement qui a été en gestation ici, en Argentine, de revalorisation du domaine artistique, non seulement pour ce qui paraît dans les grands media mais pour ce que les gens soutiennent, parce qu'ils ressentent qu'ils en font partie. Et de ce côté-là, Falta y Resto a été bien servie, heureusement. La réponse du public est chaque fois plus importante et nous sentons que ce que nous disons est assimilé comme si c'était dit par le peuple argentin lui-même. [...] Quand nous nous sommes rendu compte de ce qu'il existait en Argentine cette possibilité, le discours que l'on tenait est devenu un peu plus universel, sans cesser pour autant de nous appartenir, d'être bien proche, à l'échelle du quartier, et de dépeindre notre village. (2)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Après La Trastienda, La Comedia del Barrio s'en va à Montevideo où Falta y Resto sera en compétition pendant le carnaval de la capitale uruguayenne (qui commence le 27 janvier cette année), avec la participation d'une rappeuse, Malena D'Alessio, dont la prestation tournera autour de la violence domestique, un problème assez prégnant dans la région, de part et d'autre du Río de la Plata.

L'interview se poursuit, toujours intéressante :

–La murga es una comedia musical política. Como género, trata de reflejar y transformar la realidad en alegría, desde la ironía, la sátira y el buen humor. Pero en alegría consciente y de ojos abiertos, no en una alegría pasatista. Para eso es necesario que toque los temas de actualidad y todos ellos están imbuidos de su carácter político: desde los sociales hasta los de entretenimiento. Entonces, como tal, la murga es una comedia desde lo humorístico y musical porque se basa en el canto como arma fundamental, en el canto gregario, el canto de lo que representa al pueblo, que es el canto del coro. Y el ojo de la murga tiene que ver con un trasfondo político. Entonces, cuando nacimos, en 1980, estábamos atravesando todavía la dictadura y supuestamente iba a ser legitimada por un plebiscito, que por suerte posteriormente no lo fue. Pensábamos que era muy importante tener un arma cultural que se opusiera desde lo barrial y desde lo social a lo que iba a suceder: un gobierno militar para muchos años. Empezamos a trabajar con la murga, tuvo mucha aceptación de entrada y fue mucho más corto el período dictatorial posterior a nuestra fundación de lo que pensábamos que sería. Y cuando nos quedamos en 1985 con la murga entre las manos y en democracia nos dimos cuenta de que teníamos un arma que trascendía lo puntual del momento y podía ser realmente una opción de entretenimiento y de militancia diferente a lo que había.
Raúl Castro, dans Página/12

- La murga est une comédie musicale politique. Comme genre, il s'agit de renvoyer l'image de la réalité et de transformer celle-ci en joie, à partir de l'ironie, de la satire et de la bonne humeur. Mais en joie consciente et avec les yeux bien ouverts, pas en une joie éphémère. Pour cela, il est nécessaire de toucher les thèmes d'actualité et tous les nôtres sont pénétrés de son caractère politique, depuis les thèmes engagés jusqu'à ceux qui font dans la distraction. Par conséquent, en tant que telle, la murga est une comédie à cause de l'humour et de la musique parce qu'elle est fondée sur le chant comme arme essentielle, dans le chant collectif, le chant qui représente le peuple, qui est le chant du choeur. Et l'oeil de la murga a à voir avec un fonds politique. Par conséquent, quand nous [leur murga] sommes nés, en 1980, nous étions encore là à passer sous les gouttes de la dictature et elle passait alors pour devoir être légitimée par un plébiscite et par bonheur ensuite ça n'a pas été le cas. Nous pensions qu'il était très important de disposer d'une arme culturelle, qui pourrait s'opposer, depuis l'échelle du quartier et des enjeux sociaux, à ce qui allait se passer : un gouvernement militaire pour de nombreuses années. Nous avons commencé à travailler avec la murga, il y a eu d'emblée un bon accueil et la période dictatoriale a été beaucoup plus courte après notre fondation que ce qu'on pensait que ce serait. Et quand nous nous sommes retrouvés en 1985 avec notre murga dans les mains et en régime démocratique, nous nous sommes rendu compte que nous détenions une arme qui dépassait ce que le caractère ponctuel du moment et que ça pouvait vraiment être une option de distraction et de militance différente de ce qui existait alors.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin :
Visiter la page Myspace de Falta y Resto (que vous pouvez trouver parmi les "amis" de ma propre page Myspace. Vous y trouverez aussi quelques autres murgas et il en viendra d'autres avec le temps).

(1) On peut traduire Falta y Resto de plusieurs manières. Tout d'abord il peut s'agir d'un coup particulier dans un jeu de cartes local. Ensuite, il s'agit de calcul économique : falta, c'est ce qui manque, la carence ; resto, c'est le solde, ce qui résulte d'une soustraction, ce qui reste, par exemple après qu'on a payé toutes ses dettes ou toutes ses charges... On peut aussi y voir deux verbes et ça donne "Il manque et moi, je t'en pique". En tout cas, le propos est en effet politique mais déguisé, comme presque toujours dans la tradition du carnaval et du tango. Rappelons qu'il y a 30 ans, l'Amérique du Sud était encore sous le joug des juntes militaires qui tenaient à peu près tous les pays du sous-continent. Si vous lisez l'article du journal, vous verrez que l'une de leurs chansons les plus populaires, Alerta, parle d'une enseignante uruguayenne disparue pendant la dictature qui a régné sur ce pays entre 1973 et 1985, Elena Quinteros, en souvenir de laquelle un collectif uruguayen tient un blog, que je vous invite à consulter. Elle a été enlevée au Venezuela pour le compte de la dictature uruguayenne, le 28 juin 1976 et elle a disparu ensuite.
(2) Le village en question est bien la grande ville, mais dans ce que les quartiers peuvent avoir d'intime avec une vie conviviale des voisins qui se connaissent et se rencontrent fréquemment, ne serait-ce que pour regarder des matchs de foot, toujours en collectivité. En Argentine comme en Uruguay, on s'enferme peu chez soi pour regarder le match à la télé. On va le regarder au café ou on se fait une grande réunion entre amis ou en famille.

Las Minas del Tango Reo reprennent le collier en plein été [à l'affiche]

Photo diffusée par le artistes (Lucrecia est à gauche, Valeria à droite)

C'est l'été mais les chanteuses Lucrecia Merico et Valeria Shapira reviennent déjà à Clásica y Moderna, Callao 892, avec leur spectacle de poésie faubourienne et tanguera des années 20 et 30, Las Minas del Tango Reo, dont je vous parle souvent dans ce blog et sur lequel j'ai publié le 11 septembre 2010 un Retour sur Images que je vous invite à regarder en cliquant sous le lien.

Le spectacle se donnera mardi 25 janvier à 21h30.

Entrée : 40$. Vous devez compter en plus une consommation minimale de 20$.

Pour lire les autres articles sur ce tour de chant théâtralisé à deux voix, cliquez sur le mot-clé Minas tango reo dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search.
Vous pouvez retrouver Lucrecia Merico dans deux extraits audio de ce spectacle dans la Playlist Générale de ma page Myspace (onglet Playlists, sur la gauche).

mardi 18 janvier 2011

Reprise de mes conférences en 2011 : je commence ce samedi à Paris [ici]

Première conférence de l'année 2011, ce samedi 22 janvier 2011, à 18h, à l'Académie Esprit Tango, 3 rue des Vignoles (1er étage à droite, dans la cour), 75020 Paris, M° Avron ou Nation. Entrée libre et gratuite.
Pour obtenir l'affiche en haute résolution, cliquez sur l'image.
Elle peut être imprimer en format A3.

Bien entendu, la conférence est destinée au public le plus varié. J'insiste lourdement sur ce point car vous ne devez surtout pas vous sentir interdit de séjour dans ce lieu si vous ne dansez pas le tango. L'Académie Esprit Tango est certes l'un des points de rencontre préférés des amateurs de cette danse à Paris, car il propose des cours et une pratique très appréciée, notamment le samedi soir, mais ce lieu se veut et se vit avant tout ouvert aux autres dimensions du genre et à la convivialité entre tous les publics que le genre intéresse et passionne. Comme je le dis souvent, avec une pointe de provocation -je le reconnais- le tango n'est pas (qu')une danse, c'est une culture. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a été déclaré Patrimoine de l'Humanité en septembre 2009 (voir mes articles sur les développements qu'ont entraînés en Argentine cette reconnaissance de la communauté internationale).

Le tango, c'est donc une musique, qui n'a jamais été destinée exclusivement à la danse. Il y a toujours eu des musiciens qui ont joué de la musique à écouter et notamment les plus mythiques d'entre eux, Carlos Gardel (1890-1935) et Astor Piazzolla (1921-1992), mais beaucoup d'autres aussi.
Le tango, c'est encore une littérature, qui accède à l'universalité à travers son ancrage local, éminemment populaire, voire faubourien (mais non pas voyou, comme certaines idées préconçues aimeraient en accréditer la fausse évidence).
C'est enfin une histoire d'une grande richesse. Sans oublier d'autres arts que nous n'associons pas spontanément au tango mais qui lui sont pourtant intimement apparentés comme la peinture, notamment ce genre spécifique à Buenos Aires qu'est le fileteado (sous le raccourci à ce nom, en Colonne de droite, vous trouverez divers articles de Barrio de Tango où j'en ai déjà parlé).

Ma conférence portera essentiellement sur l'histoire du tango et sa genèse au cours d'un 19ème siècle argentin passionnant et méconnu.

A l'issue de la conférence, mon livre (1) sera en vente. Il s'agit de Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, sorti en mai 2010 aux Editions du Jasmin. Comme l'affiche vous le montre, il s'agit d'un ensemble commenté et traduit de 231 tangos, valses, milongas et candombes dont la plupart sont des classiques, bien connus de nos oreilles grâce aux programmes musicaux des bals et des cours et aux contenus discographiques disponibles dans les bacs des commerçants européens. Le livre est lui-même vendu avec un disque en cadeau, un CD de 22 pistes présentant d'excellentes versions contemporaines de 20 des tangos que j'ai traduits. Cet album cadeau a été produit par Litto Nebbia, pour Melopea Discos, le label indépendant qu'il a fondé en Argentine en 1988. Le prix éditeur de l'ensemble est de 24,90 €.

L'Académie Esprit Tango (dont vous pouvez consulter le site en cliquant sur ce lien ou sur celui disposé de manière permanente dans la Colonne de droite, au sein de la rubrique Eh bien, dansez maintenant !) vous attend donc nombreux. N'hésitez pas à diffuser l'information autour de vous (2) à vos amis et connaissances, surtout si vous les savez passionnés d'histoire, de chanson à texte, d'Amérique Latine, de culture hispanique et latine, de voyages, de littérature, de sociologie...

Le tango, c'est tout cela aussi, comme je m'efforce d'en faire la démonstration à travers ce blog quotidien sur l'actualité du genre en Argentine et en Uruguay, avec son contexte socio-politique.

Pour en savoir plus sur mon livre, cliquez sur l'image de la couverture, peinte par Jorge Muscia et représentant Aurora Lubiz et Luciano Bastos, dans la partie haute de la Colonne de droite.
Autre manière de découvrir le contenu du livre, vous connecter à ma page Myspace et écouter la playlist Barrio de Tango (ed. du Jasmin) que j'ai mise en ligne le week-end dernier et que je continue d'enrichir au fur et à mesure que j'en trouve le temps.
Vous pouvez également accéder au site des Editions du Jasmin dans la rubrique Cambalache (casi ordenado), située dans la partie basse de la Colonne de droite.

(1) D'ici quelques jours, ce singulier ne sera plus de mise. J'attends d'ici la fin de ce mois de janvier la sortie d'un second recueil, de 140 pages, présentant 106 textes des 50 dernières années, à travers le tango et le rock argentins (Litto Nebbia fait en effet partie des dix auteurs que j'ai choisis pour une anthologie où je voulais que chaque parolier, auteur ou poète puisse être vraiment apprécié dans la richesse de son oeuvre et non pas jouer au saupoudrage, ce qui empêche finalement de vraiment découvrir les artistes dans leur singularité). La sortie de ce nouveau livre (revue Triages, Editions Tarabuste) donnera lieu à d'autres rencontres avec le public, à Paris et ailleurs, dont je vous tiendrai au courant, comme vous pouvez l'imaginer.
(2) L'affiche qui illustre cet article peut être imprimée en format A3, pour être visible sur la cloison de votre bureau, sur une porte, sur un panneau d'affichage de votre association ou tout autre support dont vous avez la disponibilité.