jeudi 17 juillet 2025

YPF : un scandale met la Chancellerie du Trésor dans de beaux draps ! [Actu]

"Des deux côtés de la barre", dit le gros titre
En haut à droite : le scandale de la cryptomonnaie
rebondit tous les jours. Cette fois, Mileí est fait !
(Il a promu la crypto-monnaie à partir de son compte Twitter,
mais comme l'aurait fait un particulier, s'est-il défendu.
Or dans une autre affaire, celle d'un jeune autiste, un gamin de 11 ans
 qu'il a insulté à travers le même compte Twitter, un juge a établi
que lorsqu'il s'exprime publiquement, le président est le président
et qu'il engage donc sa responsabilité publique).
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Alors que le président et la vice-présidente s’échangent des noms d’oiseau depuis le 9 juillet, date de la fête de l’Indépendance, voilà que la chancellerie du Trésor (Procuradoría del Tesoro de la Nación), département officiel qui este en justice au nom de la République argentine dans les affaires de gros sous, annonce faire le ménage dans ses rangs.

Une soixantaine de personnes sont limogées du jour au lendemain, soupçonnées d’avoir transmis des informations confidentielles à la partie adverse, l’un des deux fonds-vautour auxquels une juge locale new-yorkaise a récemment ordonné de livrer les 51 % du capital de la compagnie pétrolière nationale argentine, YPF, que possède l’État.

Pour La Prensa, une seule information dans ce dossier :
Trump se place du côté de l'Argentine
(pourtant avec la justice locale new-yorkaise,
ce n'est pas ce qu'il peut faire de mieux)
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Or, le titulaire de ce poste à haute responsabilité, Santiago Castro Videla, nommé en février dernier après le départ inattendu de son prédécesseur, exerçait antérieurement comme avocat dans un cabinet dont il était le dernier de trois associés (selon l’ordre dans lequel les noms apparaissent dans la raison sociale dudit cabinet). Or, avant février, ledit cabinet a été (ô surprise !) consulté par l’un des deux fonds-vautours. Le croiriez-vous si l’on vous disait qu’il s’agit de celui-là même qui aurait bénéficié des fuites dont Castro Videla fait porter le chapeau aux 60 nouveaux chômeurs cités plus haut.

Ce client très particulier aurait demandé à cet honorable cabinet d’avocats de Buenos Aires de lui expliquer le fonctionnement institutionnel argentin et le lien existant entre l’État et YPF. Le résultat du procès en première instance laisserait penser que les trois associés ont fourni du bon boulot et bien mérité leurs confortables honoraires.... Dans un pays civilisé, cela s’appelle un conflit d’intérêts. Pire encore : ce conflit d’intérêts n’est pas né du verdict de la juge new-yorkaise, il ne concerne pas uniquement la phase actuelle du procès avec ce recours en appel. Il date bien de la nomination au poste de directeur de la chancellerie. La presse, de gauche comme de droite, parle de « purge ».

Maintenant le bonhomme, qui a la tête idéale pour jouer les traîtres visqueux dans un film de série B dopé aux stéréotypes, tente de faire porter la responsabilité de ses actes et de ses propres trahisons envers son pays sur le personnel subalterne de son département, n’hésitant pas par là-même à affaiblir l’ensemble de la structure qui doit porter la défense de l’Argentine devant la cour d’appel locale new-yorkaise. Non content de réduire les effectifs qui peuvent s’atteler à cette tâche lourde et complexe, il va désormais faire travailler tout le monde dans la terreur d’une nouvelle rumeur entraînant une autre vague de limogeage. Le meilleur moyen sans doute pour rendre tous ces juristes et les agents administratifs qui les assistent plus efficaces… Castro Videla ne s’y prendrait pas autrement s’il voulait que l’Argentine perde son procès. Surtout quand on sait que, depuis de nombreuses années, la justice des États-Unis est fort peu respectueuse de la souveraineté des autres États, qu’elle s’est octroyé en bien des domaines une compétence extra-territoriale exorbitante et qu’elle n’hésite jamais à favoriser toujours et en toutes circonstances les intérêts publics et privés des États-Unis et/ou de ses entreprises et/ou de ses citoyens et le reste de la planète peut bien aller au diable. Et pour faire bonne mesure, le bonhomme annonce aussi qu’il supprime l’institut qui formait les avocats de l’État. Comme cela, n’importe qui va pouvoir exercer ces fonctions qui requièrent pourtant une spécialisation technique.

"YPF : clin d'œil des Etats-Unis et plainte
pour une fuite de données en faveur du Fonds Burford"
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Cependant, dans la politique des petits copains qui règne dans les deux pays, tout comme Trump s’était entremis auprès du FMI pour que celui-ci accorde un prêt disproportionné et hors des règles statutaires à l’Argentine que présidait alors son prétendu pote Mauricio Macri alors en lice pour un second mandat (qu’il n’a pas obtenu), le même Trump, second mandat cette fois-ci, a annoncé qu’il allait, avec sa qualité de président des États-Unis, ester devant la cour d’appel de New-York, en soutien de l’Argentine, dirigée désormais par un membre de son fan-club ! C’est pas mignon, ça ?

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12, le plus fouillé et le plus accusateur de tous
lire l’entrefilet (de deux paragraphes) de La Prensa
lire l’article de Clarín, dont on sent les doutes sur la bonne foi de Castro Videla
lire l’article de La Nación, elle aussi assez circonspecte
On atteint une étape du mandat où quand c’est trop gros, c’est trop gros.