jeudi 31 octobre 2013

Pino Solanas à l'Institut Lumière, à Lyon [ici]


L'Institut Lumière invite le cinéaste argentin Fernando "Pino" Solanas pour une présentation de son film phare sur le tango, Sur (le Sud), sorti en 1988 et couronné à Cannes la même année, avec pour interprète principal ce géant du tango qu'était Roberto Goyeneche, el Polaco, le plus grand chanteur que, dit-on, la Terre ait porté depuis Carlos Gardel. Et il faut avouer que l'expression, pour hyperbolique qu'elle paraisse, n'est pas exagérée... Le film a été tourné en extérieur, en décors urbains, à Barracas, dans et autour d'un café qui en garde le souvenir. L'acteur français Philippe Léotard fait partie de la distribution.

Ce sera le jeudi 14 novembre 2013, à 20h30, au siège de l'Institut, 25 rue du Premier-Film, dans le 8e arrondissement de Lyon.

La rencontre avec le cinéaste dont le talent artistique ne peut être contesté (1) a lieu à l'occasion de la remise de l'ensemble de ses films à la cinémathèque de l'Institut, qui l'aidera à sauvegarder ces œuvres en les restaurant et en les numérisant.



Beau rendez-vous à ne pas manquer surtout quand on sait qu'une bonne partie de la bande-son de Sur est due à Piazzolla, ni plus ni moins.

Pour en savoir plus :
visitez la page du film sur le site Internet (en espagnol) du cinéaste.

(1) En revanche, ses positions politiques le sont davantage. Il vient toutefois, dimanche dernier, d'être élu sénateur pour la capitale argentine, à l'issue de son mandat de député municipal à la Legislatura de la Ville Autonome de Buenos Aires.

Les récriminations du Groupe Clarín épinglées par Rudy et Paz [Actu]

Cette semaine, comme vous l'avez lu dans ce blog, la Cour Suprême argentine a déclaré constitutionnelle la loi de l'audiovisuel qui empêche la constitution de monopole ou d'oligopole dans ce secteur économique, pour garantir le droit d'expression dans sa diversité. Le Groupe Clarín, qui détient aujourd'hui une position hégémonique de fait, a aussitôt annoncé qu'il envisageait de porter l'affaire devant la justice internationale, ce qui revient à contester l'arrêt de la Cour Suprême.

Le duo d'humoristes de la Une de Página/12, Rudy et Daniel Paz, lui garde donc quelques chiens de leur chienne. Et depuis mardi, ils s'en donnent à cœur-joie. Ce qui nous donne ce matin le dessin de manchette suivant :



Le conseiller du patron : Il paraît que la loi sur l'audiovisuel est constitutionnelle...
Le patron : ah, ah... Il faudrait vérifier si la constitution est constitutionnelle..
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Deuil à la Academia Porteña del Lunfardo [Actu]



José Gobello, le tout-puissant président de la Academia Porteña del Lunfardo, s'en est allé à l'âge vénérable de 94 ans lundi dernier. Grand lexicographe du lunfardo, c'était un essayiste reconnu pour son travail de promotion de cette langue typique de Buenos Aires.

Il était l'un des fondateurs de cette académie privée, avec le poète León Benaros.

Son premier travail, Lunfardía, était sorti en 1953 et avait connu, il y a quatre ans, une réédition-collector pour saluer ses 90 printemps (il était né le 26 septembre 1919).

C'est aussi un témoin de l'âge d'or du tango qui s'en va. Le vice-président de la Academia Porteña del Lunfardo, le poète Luis Alposta, lui rend hommage aujourd'hui dans son blog, Mosaicos Porteños, avec vidéo intégrée comme toujours.

Il va falloir maintenant observer quel chemin prendra l'institution, longtemps entravée par cette omni-présidence et quasi-empêchée de poursuivre son évolution en lien avec notre temps...

mercredi 30 octobre 2013

La loi argentine sur l'audiovisuel reconnue par la Cour Suprême [Actu]

La Cour Suprême fédérale argentine hier (photo Télam)
Promulguée depuis octobre 2009, la loi sur l'audiovisuel qui avait pour but d'empêcher la création ou le maintien d'un quasi-monopole d'un groupe privé dans le monde des médias nationaux (radio, télévision, presse écrite et fourniture Internet et câble) ne pouvait pas entrer en application parce que le groupe Clarín, dont la domination économique à l'échelle du pays était clairement visée par cette loi, s'y est opposé en tirant une à une toutes les ficelles procédurales et judiciaires et Dieu sait si l'Argentine est championne du monde en lenteur de la Justice.

La plus belle fête, dit la Une de Página/12, sur fond de Congrès


Mais hier, la Cour Suprême s'est enfin prononcée, comme elle l'avait dit (elle ne voulait le faire qu'après la tenue des élections législatives de dimanche dernier), et elle s'est prononcée pour la constitutionnalité de la loi et son inocuité pour la gestion des entreprises du pays à six contre un pour un groupe de réclamations et à quatre contre trois pour les autres demandes (Clarín prétendait en effet que l'application de la loi mettrait en danger sa viabilité économique alors qu'elle ne fera que l'obliger à se défaire d'un certain nombre de ses activités au profit d'investissements dans d'autres secteurs, comme ce fut le cas dans les années 80 en France avec le groupe Hersant).

Quand Página/12 entonne un chant de victoire, bien naturel car l'hégémonie médiatique de Clarín entrave le développement des médias alternatifs, Clarín affiche ses contradictions en gros titre : dans la même phrase, la Une annonce que le groupe respecte l'arrêt de la Cour et pour faire valoir ses droits (que la Cour Suprême dit être respectés par le nouveau cadre réglementaire) songe à attaquer la loi devant les tribunaux internationaux. Rien que ça ! Ceci dit, on voit dans le courrier des lecteurs qui s'affiche à la suite des articles sur le site Internet qu'il y a des commentaires qui invitent Clarín à suivre l'arrêt de la Cour et à abandonner sa lutte trop visiblement procédurière et nettement antidémocratique.

"Loi des médias : la Cour se prononce en faveur du Gouvernement"
Dans les sous-titres juste en dessous à gauche : "une main tendue à la Casa Rosada"
Et bien entendu, juste en dessous, une photo de foot
(mais pas n'importe laquelle : Independiente, un club en pleine déconfiture, a gagné hier)


En fait, le groupe Clarín prétendait que l'intervention de l'Etat dans l'organisation des médias relevait d'une atteinte à la liberté d'expression (en fait, Clarín plaide pour le libéralisme sauvage à la Reagan-Thatcher-Bush qui lui permettrait de multiplier ses profits à l'infini), la Cour Suprême vient de dire que la régulation d'une activité économique faisait bel et bien partie des compétences de l'Etat. Or c'est un grand débat qui traverse toute l'histoire de l'Argentine depuis l'indépendance : l'Etat peut-il ou non intervenir dans la distribution des richesses matérielles pour favoriser la justice sociale et garantir l'exercice effectif de la liberté d'opinion pour tous. Le Groupe Clarín va donc jusqu'à prétendre qu'en rendant son arrêt, la Cour Suprême a voulu tendre la main au Gouvernement (qui serait d'après lui aux abois, après sa cuisante défaite de dimanche, dont on a vu qu'elle n'était cuisante que dans les rêves de l'opposition).

Pour aller plus loin :


(1) Force est de constater que malgré ce jeu politico-idéologique très insidieux que développe le groupe Clarín depuis des années, contre les aspects de la démocratie qui gênent la rapacité inouïe des propriétaires du capital social et notamment la famille du fondateur, Roberto Noble, le quotidien phare du groupe, Clarín, a dans sa rédaction de vrais grands journalistes. La difficulté ici est de séparer le groupe dont le comportement politique est particulièrement condamnable, notamment lorsqu'il veut soumettre les institutions du pays à ses intérêts financiers, et les salariés, qui sont loin d'en être systématiquement et servilement les complices.

Avant-dernière conférence de Carlos Ríos au Museo Casa Carlos Gardel [à l'affiche]


Carlos Ríos, tangologue distingué devant l'Eternel, présentera dimanche 3 novembre, à 17h, son avant-dernière conférence de la saison 2013 sur l'histoire de l'orchestre typique de 1907 à 1932 en s'attardant sur les années 1929-1930.

Carlos Ríos est un des grands collectionneurs de disques et de partitions de tango à Buenos Aires, une des meilleures façons de se former, sur le tas, à la tangologie. Et en plus, il parle clair, ce qui est appréciable dans un monde où le conférencier n'est pas toujours ni limpide ni simple.

La conférence, qui se tiendra dans le patio du musée, comme d'habitude, au 735 de la rue Jean Jaurés, sera suivi d'un récital de Pedro Rueda accompagné par le trio Las Guitarras Saavedrinas vers 18h.

Entrée libre et gratuite.



Patricia Barone et Javier González au bar 36 Billares [à l'affiche]


La chanteuse Patricia Barone et son mari, le guitariste et compositeur Javier González, se présenteront avec leurs musiciens, dans leur concert intitulé Diálogos del Tango de hoy, samedi 2 novembre 2013, à 21h30, au Bar 36 Billares, avenida de Mayo 1265.

Droit au spectacle : 70$ (pensez aussi aux consommations obligatoires – mais enfin, ça reste plus que raisonnable pour nos niveaux de prix, ici, en Europe).

Outre Patricia Barone et Javier González, le groupe qui porte leur nom se compose de Mariano Silva au piano, Ariel Nürnberg au bandonéon, Alejandro Ward à la basse et Luis de la Torre à la batterie.

Une des formations les plus accomplies du tango post-piazzollien que les Argentins appellent le Tango nuevo (rien à voir avec les cours de danse qu'on vend sous le même nom en France et en Europe et qui est un mélange de salsa et de tango, inconnu en Argentine).

Raúl Garello continue à Clásica y Moderna [à l'affiche]

Le Maestro Raúl Garello prolonge les concerts de son Sextuor à Clásica y Moderna, Callao 892, ce samedi 2 novembre 2013 à 21h, avec le chanteur Marcelo Tommasi comme artiste invité.

Le Raúl Garello Sexteto se compose du Maestro lui-même au bandonéon, à la direction musicale et aux arrangements, de Fabián Bertero au violon, Alberto Giaimo au piano, Luis Alberto Fereira à la flûte traversière, José María Lavandera à la percussion (1) et Gabriel De Lío à la basse électrique.



(1) Ce sont deux des apports capitaux de Raúl Garello au tango post-piazzollien : il a réaclimaté les instruments à vent qui avaient quitté le genre dès les années 1920. La flûte, la clarinette avaient été évincées, définitivement a-t-on longtemps cru, par le bandonéon. Il a aussi (ré)introduit la percussion et notamment la batterie, une idée qui le travaillait depuis longtemps : en 2007, le Maestro m'a raconté qu'il avait un jour ajouté de la percussion à un arrangement qu'il avait écrit pour l'orchestre de Troilo dont il a fait partie pendant une douzaine d'années et dont il a été l'un des meilleurs arrangeurs après Piazzolla mais Pichuco lui avait gentiment répondu que non, "ça ce sera très bien dans ton orchestre à toi mais pas dans le mien, ce n'est pas mon style". Pichuco avait raison, comme presque toujours.

Les trente ans du retour de la démocratie vus par Página/12 et par Clarín [Actu]

Meeting final de la campagne de Raúl Alfonsín en 1983
sur avenida 9 de Julio (avec tous ses arbres et l'Obélisque décoré)
Tandis que Página/12 (la gauche souverainiste actuellement au gouvernement) célèbre la première campagne électorale réellement démocratique depuis le coup d'Etat du 6 septembre 1930, dont c'est aujourd'hui le trentième anniversaire (voir photo ci-dessus), Clarín (groupe médiatique hégémonique très hostile pour des raisons purement commerciales à l'ouverture du paysage audiovisuel argentin) se penche sur l'intimité ce jour-là du candidat vainqueur, Raúl Alfonsín, en soulignant (photo ci-dessous) sa préférence pour sa fille Marcela (grosse claque au passage à Ricardo Alfonsín, le fils qui a pris la suite du père, avec, il est vrai, beaucoup moins de talent que lui, dans la famille politique radicale).

Raúl et Marcela Alfonsín se promenant dans le jardin familial de Don Torcuato
après l'annonce officielle des résultats de l'élection présidentielle du 30 octobre 1983
(archives Clarín)

Cela montre bien les différences journalistiques entre les deux titres nationaux, l'un se centrant sur l'essentiel (le politique, le social, le culturel), l'autre préférant la superficialité d'un discours anecdotique et sentimentaliste (1).

Pour aller plus loin :


(1) Discours qui cache aussi un projet politique : celui de dégager "du temps de cerveau disponible" au profit d'intérêts économiques, selon l'expression fameuse et odieuse d'un grand manitou de la télévision privée en France.

mardi 29 octobre 2013

La fête à Leopoldo ce soir au Maipo [à l'affiche]


Ce soir, au Teatro Maipo, Esmeralda 443, le Maestro Leopoldo Federico fête les 55 ans de son orchestre typique entouré de ses amis tangueros, comme Atilio Stampone, Horacio Ferrer, José Colángelo, Hugo Marcel et le petit jeune guitariste, Hugo Rivas, avec lequel il a sorti récemment un disque... Tout l'orchestre sera là lui aussi comme on peut l'imaginer. La soirée est comme si souvent l'initiative de Gabriel Soria, le premier Vice-Président de la Academia Nacional del Tango.

A 86 ans, le grand bandonéoniste peut s'enorgueillir d'un parcours brillant. Ce n'est pas pour rien qu'il est aussi le président de l'AADI, la société des interprètes argentins.

Leopoldo Federico (en veste blanche) lors du concert d'ouverture
du Festival de Tango de Buenos Aires au Teatro Avenida le 15 août 2008
J'y étais ! Quel souvenir !

L'occasion en or pour Página/12 d'obtenir une interview de tous ces vétérans qui ont commencé à parler football, comme de bien entendu, en se plaignant de la mauvaise équipe qu'est devenu le Racing, une équipe qui a fait beaucoup comméré les supporters ces dernières semaines ! Ensuite, c'est le moulin à anecdotes qui commence à tourner et ce qui s'est passé ce jour-là en 1958, et avec Astor et avec Julio Sosa etc... Le supplément culturel de Página/12 a choisi pour illustrer sa une cette photo de la bande dans les locaux d'AADI. Cela ne vous donne pas envie d'aller au théâtre vous en mettre plein les oreilles ce soir ? Moi si !

Pour aller plus loin :

Rudy et Paz tournent en ridicule les gros titres de l'opposition [Actu]

Vous connaissez bien désormais ce duo de la vignette sur la manchette de la une quotidienne de Página/12. Tous les deux, le dessinateur Daniel Paz et l'humoriste Rudy, nous en ont servi une bien bonne ce matin, au lendemain des unes triomphalistes (on se demande pourquoi) de Clarín, La Nación et autre La Prensa hier.


Le jeune homme blond : Impressionnante défaite du kirchnerisme.
Ricardo Alfonsín (1) : Ils ont perdu la majorité ?
Le jeune homme : Non, ils ont toujours la majorité à eux tous seuls dans les deux chambres.
Ricardo Alfonsín : Ouh là là ! Moi, j'aimerais bien des défaites comme ça...
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Ils ne leur font pas de quartier ! Mais en démocratie, c'est la règle du jeu pour la caricature politique.


(1) Ricardo Alfonsín est un des leaders de l'UCR, qui n'a pu gagner des sièges qu'au sein d'une alliance électorale qui ressemble un peu au mariage de la carpe et du lapin, l'UNEN, à laquelle appartient Pino Solanas. L'UCR est pourtant un poids lourd de la politique argentine. C'est le plus vieux parti argentin, fondé en 1891. Ricardo Alfonsín, qui perd souvent les élections, tente, en pure perte semble-t-il, de suivre les pas de son père, Raúl Alfonsín, grand bonhomme quant à lui puisque il fut le président du retour à la démocratie en décembre 1983.

Quatre-vingts ans après le dernier départ de Gardel [à l'affiche]


Le Museo Casa Carlos Gardel commémorera jeudi prochain, 31 octobre 2013, dans ces locaux, le départ de Carlos Gardel dans sa grande tournée mondiale. Ce qui devait être et qui fut une tournée triomphale, la plus longue de sa carrière en Amérique et en Europe, devait s'achever tragiquement sur cette piste d'aviation de Medellín, le 24 juin 1935.

C'est à la fin de 1933 que Carlos Gardel s'embarqua avec ses musiciens. La tournée allait être riche en événements de toute sorte, dont les quatre films tournés à New-York, qui sont depuis devenus des classiques : Tango Bar, Cuesta Abajo, El día que me quieras, El tango en Broadway, un ensemble de longs métrages que le Museo vient tout juste de rééditer dans des versions restaurées avec un excellent bonus dans un coffret collector (voir mon article du 4 septembre 2013) - J'ai eu la chance de voir l'un des films dans le patio du musée et j'ai réservé mon coffret dare-dare ! C'est aussi au cours de cette tournée que seront écrits et composés les plus beaux tangos du duo Gardel-Le Pera comme Volver (ce retour dont il rêva tant et qu'il ne fit jamais) et autres chefs d'œuvre ultra-aboutis...

Après-demain donc, à 18h30, deux conférenciers gardéliens donneront une causerie sur le thème du Dernier adieu de Carlos Gardel à son Buenos Aires querido.

Entrée libre et gratuite, au siège du musée, Jean Jaurés 735, en plein quartier de l'Abasto.


lundi 28 octobre 2013

Lendemain de scrutins et gueule d'urne [Actu]

La presse argentine interprète de manières diverses et variées les résultats des scrutins de mi-mandat qui se sont tenus hier pour renouveler la moitié de la Chambre des députés nationale, le tiers du Sénat national et diverses proportions des chambres législatives des Provinces.

La Prensa se fait fleur bleue avec ce baiser passionné entre Massa et sa femme !

Au niveau national, l'actuelle majorité, El Frente para la Victoria (FpV) de sa désignation électorale, conserve la majorité dans les deux chambres du Congrès. Le FpV obtient le plus fort pourcentage de voix exprimées, sans atteindre les 50% (32,68%, soit 48 des 147 sièges à pourvoir à la Chambre des Députés et 37,75%, soit 15 des 24 sièges à pourvoir au Sénat). Le fait que le FpV n'atteigne pas la moitié des suffrages n'a rien d'étonnant dans ces circonstances. La personnalité du candidat joue toujours un grand rôle dans la manière dont l'électeur se détermine en Argentine (et ailleurs Amérique du Sud) et de plus, ces votes interviennent à mi-mandat, à un moment où le citoyen se sent plus libre d'exprimer un choix personnel que lorsqu'il choisit le chef de l'Etat, enjeu est plus massif, moins dilué (1).
Au Congrès, l'opposition restera éclatée en une multitude de familles politiques (7 chez les députés et 4 chez les sénateurs) (2).

Même titre ou peu sans faut entre La Prensa et La Nación
Ici, Massa et sa femme fêtant la victoire dans la Province de Buenos Aires en haut
et Mauricio Macri dansant la bamboula avec sa seconde, Michetti, en fauteuil roulant, en bas !

Au niveau provincial, on voit se creuser des écarts. Dans quatre Provinces et dans la Ville Autonome de Buenos Aires, ce sont des partis de l'opposition qui arrivent en tête des voix exprimées : à Córdoba, Mendoza (où le radical Julio Cobos sort de sa traversée du désert après son piteux mandat de vice-président de Cristina Fernández de Kirchner entre 2008 et 2011), dans la Province de Buenos Aires (où Sergio Massa, ancien premier ministre de Cristina et brillant maire de Tigre, se sent pousser des ailes au point d'annoncer qu'il vise désormais la Casa Rosada) (3), la Ville Autonome de Buenos Aires (où le PRO remporte le plus de voix et où Macri déclare une nouvelle fois vouloir briguer la Présidence de la Nation – il avait déjà fait le paon de la même manière la dernière fois avant de se dégonfler piteusement) et la Province de Santa Fe qui renoue avec son paisible ex-Gouverneur, Hermés Binner, un socialiste aux mœurs très démocratiques mais qui a déjà échoué à plusieurs reprises au niveau national. Comme les médias francophones d'Europe s'informent, exclusivement semble-t-il, en lisant Clarín et La Nación, ils nous affirment depuis ce matin que c'est le début de la fin pour Cristina (4)...

Pour ma part, je trouve que c'est aller bien vite en besogne. Les Provinces qui ont basculé l'ont fait en élisant des personnalités locales, bien enracinées, mais qui, jusqu'à présent en tout cas, n'ont jamais pu s'installer au niveau national. Et quand j'entends s'émerveiller que Massa ait triomphé alors que son parti n'a que six mois d'existence, ça m'amuse. Massa est depuis très longtemps une personnalité flamboyante de la Province de Buenos Aires et c'est grâce à cette Province et uniquement grâce à elle qu'il a fait son carton. Cela n'a donc rien d'une prouesse électorale soudaine et miraculeuse ! Si le Frente para la Victoria se trouvait bientôt un autre champion, aussi charismatique que Cristina, mathématiquement il n'est donc pas interdit de penser qu'il pourrait se maintenir au pouvoir. Le fait est que, pour l'heure, aucun candidat de cette envergure ne semble exister dans ses rangs. Or il lui faudrait surgir dans les deux ans qui restent à courir, ce qui est peu. Assez invraisemblable par conséquent vu d'Europe mais en Argentine, on ne peut jurer de rien.
Malgré son échec d'hier et celui, cuisant et particulièrement injuste, d'il y a deux ans quand il avait visé la ville de Buenos Aires et qu'il a échoué à la ravir à Macri (voir mon article du 1er août 2011), le sénateur Daniel Filmus, qui n'a pas pu se faire réélire cette fois-ci (c'est Solanas qui lui a soufflé son siège), pourrait être celui-là, à condition qu'il en ait le désir bien chevillé au corps (ce n'est pas dit), qu'il sache faire bon usage de son temps libre après le 10 décembre et que Cristina, si elle a l'intelligence de préparer sa succession, ait la sagesse de lui confier une mission visible, utile, prestigieuse et pas trop partisane.

Galerie de portraits pour Página/12, le seul quotidien national acquis au FpV

A la Legislatura de Buenos Aires, le dépouillement n'est toujours pas terminée mais il semblerait que la situation antérieure se maintienne presque à l'identique. Le PRO de Mauricio Macri reste minoritaire en sièges, ce qui ne l'empêche pas d'être toujours le groupe le plus important au sein de l'hémicycle portègne. Le FpV, qui arrive en troisième position dans ce scrutin, resterait cependant le premier groupe de l'opposition qui, dans son ensemble, continue d'être dispersée sur plusieurs partis qui ne construisent guère que des alliances ponctuelles en fonction de l'ordre du jour des séances. Deux fortes personnalités quittent l'assemblée : Pino Solanas, élu sénateur national, grand cinéaste mais piètre politique, à l'égocentrisme démesuré, et Juan Cabandié, un petit-fils retrouvé par Abuelas de Plaza de Mayo, élu député national pour le FpV malgré un récent incident qui sentait beaucoup le coup monté in extremis pour le discréditer (une vidéo qui pouvait le faire passer pour un automobiliste peu respectueux des forces de l'ordre). Ces deux départs pourraient transformer les équilibres politiques à l'intérieur de la chambre portègne où les alliances ne se font pas que par discipline de parti (laquelle est assez fragile) mais aussi sur le charisme, plus ou moins fort, de quelques ténors capables d'emporter l'adhésion d'un certain nombre d'autres élus (Cabandié) ou de faire l'unanimité contre soi ou peu s'en faut (Solanas).

Impressionnante, non ?, cette similitude des photos sur les unes des quotidiens de droite

Pour en savoir plus :
consulter la page de l'agence Télam consacrée aux résultats.
Vous pouvez également accéder aux différents journaux grâce aux liens permanents dans la rubrique Actu de la Colonne de droite de ce blog.


(1) Cette versatilité du corps électoral est bien visible dans la Province de Buenos Aires où les gens ont voté différemment le même jour pour l'une et l'autre chambre du congrès provincial. Dans l'une, c'est le FpV qui arrive en tête, dans l'autre, c'est le Frente Renovador, la formation ad hoc de Sergio Massa ! C'est une manière de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et de créer un contre-pouvoir face au gouverneur Daniel Scioli, ex-vice-président de Néstor Kirchner, dont on célébrait hier le troisième anniversaire du décès (voir mon article du 27 octobre 2010).
(2) Mais avec seulement de 1 à 4 élus pour chacune de ces quatre familles politiques. Autrement dit, chacun n'a que très peu de poids. Et quand on sait la difficulté d'établir des alliances durables et solides entre ces partis, on voit que le succès relatif du FpV l'assure tout de même d'une bonne fidélité du Congrès pour la suite du mandat présidentiel.
(3) Il faudra pour cela qu'il se fasse connaître dans tout le pays. Ce n'est pas fait mais c'est faisable.
(4) De toute manière, aux termes de la Constitution, c'est son dernier mandat avant de passer la main et le cas échéant de retenter sa chance dans six ans.

samedi 26 octobre 2013

Week-end tango à la Médiathèque Anne Fontaine d'Antony [ici]


Du vendredi 15 au dimanche 17 novembre 2013, la Médiathèque municipale Anne Fontaine à Antony (92), à une centaine de mètres de la gare d'Antony (RER B), consacrera gratuitement un grand week-end au tango argentin avec concert-milonga le vendredi soir, conférence et documentaire le samedi et journée libre le dimanche après-midi.

La soirée du vendredi sera animée par la formation franco-argentine Encuentro Tango Quintet (1) qui jouera un répertoire mêlé entre tango para bailar (Pugliese, Troilo, Aieta, etc.) et tango para escuchar (quelques Piazzolla sont au programme avec un choix original, ils ont su éviter les scies habituelles) avec une touche de composition propre du guitariste Angelo Petronio. On dansera donc dans le vestibule carrelé de la Médiathèque (comme à Buenos Aires !).

Le samedi après-midi sera occupé par une conférence que je donnerai à 16h sur La genèse du tango dans la Buenos Aires du XIXème siècle. Comme à mon habitude, je ferai un exposé d'environ 45 mn pour laisser ensuite la place à un indispensable échange avec le public. Nous enchaînerons avec la projection du magnifique documentaire de Caroline O'Neal sur la création du premier Orchestre-Ecole de tango en Argentine : Si sos brujo, una historia del Tango (2). La projection, qui commencera entre 17h45 et 18h, sera suivi d'un débat que j'animerai avec la salle (3). Cette après-midi s'achèvera à 20h, heure à laquelle la médiathèque ferme ses portes.

Tout au long des deux jours :
  • exposition en hommage au peintre argentin Chilo Tulissi (31 décembre 1947- 11 septembre 2012), autour d'un choix de tableaux (en facsimilé) qu'avec Teresa López de Tulissi, son épouse, j'ai choisis en août dernier parmi ses thèmes milonga, portraits de musiciens et paysages portègnes
  • rafraîchissements et snacks gratuits
  • dégustation de mate, à partir de différentes préparations traditionnelles de yerba (nature ou parfumées), une dégustation que j'animerai.

Mes livres seront en vente-dédicace le samedi après-midi.
De la documentation Human Trip sur le voyage Le roman national argentin – voyage culturel, humain et solidaire, que je vous propose du 24 avril au 5 mai 2014 sera mise à disposition du public pour l'occasion.

Le dimanche, entrée libre sans programme particulier.



L'exposition en hommage à Chilo Tulissi (ci-dessus, dans sa maison de Boedo, un jour d'été) sera mise en place dès le mardi 12 novembre (entrée libre et gratuite).

Pour en savoir plus sur Chilo Tulissi :
connectez-vous à sa page Facebook

Pour en savoir plus sur Encuentro Tango Quintet :

Pour en savoir plus sur mes conférences et mes ouvrages :
reportez-vous aux illustrations situées dans la Colonne de droite (interviews et livres)
visitez mon site Internet (pages livres, radio et conférences).


(1) Cette formation rassemble Michel Fouquet, à la contrebasse, Véronique Rioux au bandonéon (pas si fréquent, les bandonéonistes femmes), Chinami Araï au piano, Mathilde Febrer au violon et Angelo Petronio à la guitare.
(2) Si sos brujo est le titre d'un tango. C'est aussi une expression idiomatique qui veut dire qu'il faut beaucoup de chance pour réussir dans une certaine entreprise. En français, il faudrait traduire cela comme "Si tu as une baguette magique" [tu y arriveras] ou, d'une manière ironique, "avec l'aide du Saint-Esprit". Quand les musiciens de El Arranque ont commencé à parler de leur rêve de créer un orchestre-école, tout le monde à Buenos Aires les prenait pour de vrais fadas. Et puis ils ont réussi leur coup !
(3) J'ai conseillé ce film à Jean-Michel Audrain, qui organise ce week-end, parce que d'un point de vue musical et cinématographique, il traite admirablement de cet enjeu capital en Argentine qu'est la reprise de la tradition : renouer les fils qui relient les générations entre elles, notamment dans le domaine de la transmission musicale, fils qui ont été coupés, délibérément, par les événements politiques qui ont haché le XXème siècle dans le pays, de 1930 à 1983, année du retour de la démocratie.

La de Tango de Morón sort un nouveau disque [Disques & Livres]

Hier, La de Tango (1), l'orchestre école de tango du conservatoire Ginastera de Morón, dans la banlieue populaire de Buenos Aires, cet orchestre dirigée par le compositeur et guitariste Javier González que vous connaissez bien si vous êtes des lecteurs assidus de Barrio de Tango, présentait son CD millésime 2013, en cette fin d'année scolaire argentine.

Cela se passait à Haedo, dans le département de Morón.

Si vous êtes à Buenos Aires, procurez-vous ce nouveau disque. Il y a sûrement dans ces enregistrements des artistes qui feront parler d'eux dans le monde du tango de demain.

La promotion 2013
Vous avez reconnu Javier González ?


(1) En espagnol, orquesta est un substantif féminin.

Rascasuelos à Paris ce dimanche [ici]

L'orchestre Rascasuelos (gratte-sols)se produira demain après-midi à Paris, à la Tanguedia, 3 rue des Vignoles à Paris (20), M° Nation, Buzenval ou Avron, de 16h à 22h, pour un concert et une milonga exceptionnels.

Entrée : 10 €.

Cela vaut vraiment le coup.

Rascasuelos, vous les connaissez déjà si vous suivez l'actualité artistique sur Barrio de Tango. Ce sextuor, auquel s'adjoint un chanteur, se compose de Patricio Bonfiglio au bandonéon (et direction musicale), Fulvio Giraudo au piano, Nicolás Tabbush au violon, Mariano Malamud à l'alto (1), Karen Rencar au violoncelle, Cristián Basto à la contrebasse et le chanteur Héctor García.



(1) Il est très rare de trouver un alto dans un orchestre de tango, surtout dans une formation réduite de cette taille. Quand ils sont là, c'est dans des orchestres d'une vingtaine de musiciens, eux-mêmes très peu fréquents.

Milonga raclette demain au milieu des vignes valaisannes [ici]

Demain, dimanche 27 octobre 2013, à 17h45, les amis des Trottoirs de Buenos Sierre invitent à une milonga gratuite qui se terminera comme un album d'Astérix, avec un festin local : la traditionnelle raclette (1). Voilà longtemps que je n'avais pas relayé l'une ou l'autre de leurs propositions souvent très originales. Voilà une injustice réparée.



(1) A l'intention de mes lecteurs sud-américains (ou d'ailleurs) : la raclette est un plat typique des pays d'altitude dans les Alpes tant françaises que suisses. Un fromage de montagne que l'on fait lentement fondre à la chaleur d'une lampe (à raclette), que l'on racle lorsqu'il commence à couler et que l'on dévore (en général on a faim et froid quand on fait une raclette) avec des pommes de terre cuite à l'eau ou sous la cendre et de la viande séchée, du jambon ou de la viande des Grisons (une recette suisse de bœuf séché). Un délice campagnard arrosé d'un petit vin blanc bien fruité de ces régions-là...

mercredi 23 octobre 2013

Hommage à Juan Carlos Esteban au Museo Casa Carlos Gardel [à l'affiche]


Juan Carlos Esteban, décédé au début du mois de septembre dernier, était un spécialiste de la biographie de Carlos Gardel et il se battait bec et ongles pour que la naissance de l'artiste à Toulouse, en décembre 1890, cesse d'être contestée par ce qu'on appelle en Argentine les uruguayennistes, les personnes, uruguayennes ou non, persuadées que Gardel était né à Tacuarembo, en Uruguay, ou tout simplement désireuses d'entretenir un mystère artificiel autour de sa personne (il faut dire qu'il y a aussi des intérêts sordides là-dessous puisque ça permet à toutes sortes de gens d'engranger de l'argent ou quelques instants de gloire avec de pseudo-essais et de pseudo-conférences).

Jusqu'à la fin de ce mois, le Museo Casa Carlos Gardel lui consacre, dans ses locaux, Jean Jaurès 735, une exposition avec le soutien de sa famille et celui du Centre d'Etudes sur Gardel.

Vernissage le jeudi 24 octobre 2013 à 19h. Entrée libre et gratuite.

mardi 22 octobre 2013

Le Roman national argentin – Voyage culturel, solidaire et humain : inscrivez-vous [ABT]


Comme je vous l'annonçais dès le mois de mai dernier, je vous propose un séjour culturel à Buenos Aires, avec l'agence de voyage solidaire française Human Trip, installée à Aix-en-Provence.
Le séjour est prévu du 24 avril (départ) au 8 mai 2014 (retour).

Avec un supplément, Human Trip vous propose en option la possibilité d'une virée loin de Buenos Aires soit pendant les 13 jours sur place (en sautant telle ou telle étape du programme portègne) soit avant ou après, à l'intérieur ou à l'extérieur du pays.

Le prix du voyage, du 24 avril au 8 mai, s'élève à 2 740 € TTC par personne (hors taxes d'aéroport) pour un groupe d'au moins 10 personnes, en chambre double (prévoir un supplément pour une chambre single).
Ce prix comprend le vol direct aller-retour Paris-Buenos Aires sur Air France, les nuitées au Monserrat Apart Hotel (1), tous les petits-déjeuners buffet et un certain nombre de repas, toutes les entrées aux musées et aux spectacles inscrits au programme, l'accompagnement d'une conférencière (en l'occurrence l'auteur de ce blog), les transferts et déplacements en minibus.

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Avant de vous expliquer comment nous avons obtenu un prix aussi raisonnable, un mot sur le programme culturel, que je détaillerai progressivement (2) dans d'autres articles qui s'étaleront jusqu'à la fin des inscriptions, le 30 janvier 2014 :

25 avril : la Révolution de Mai 1810, Plaza de Mayo, ses musées, la cathédrale et ce quartier historique de Monserrat, où Juan de Garay a fondé la ville en 1580.

26 avril : l'époque coloniale avec la visite de la Manzana de las Luces et toute l'épaisseur de son histoire et d'une maison patricienne du sud du quartier. Soirée musicale.

27 avril : un dimanche à Luján, cité mariale et ville révolutionnaire perdue dans la pampa à 70 km de la capitale fédérale. La basilique et les musées, au bord du Luján, un affluent du delta du Paraná qui, en se joignant à l'Uruguay, forme le Río de la Plata.

28 avril : une journée consacrée à José de San Martín, le plus grand héros argentin, surnommé El Padre de la Patria. C'est vous dire ! Beaucoup plus qu'un brillant général. Comme le savent mes lecteurs habituels, je lui ai consacré une biographie, sortie aux Editions du Jasmin en décembre 2012. La majeure partie de la journée aura pour cadre l'immense quartier de Palermo.

29 avril : une journée pour Palermo, vaste quartier d'espaces verts, de bois, de parcs et de musées. Soirée musicale.

30 avril : une journée pour Recoleta, le quartier patricien par excellence, avec un superbe musée d'art latino-américain, le célèbre cimetière où reposent tous les grands personnages politiques de l'histoire argentine (sauf San Martín et Belgrano, dont les corps ont été ensevelis en terre d'église) et l'ombre de la famille Alvear, qui résume à elle seule l'histoire du pays.

1er mai : ce sera un jeudi et donc le début d'un pont pour la classe moyenne de Buenos Aires. Nous pourrons en profiter pour découvrir la vie quotidienne au rythme d'un jour férié et la Feria del Libro, le grand Salon du Livre gratuit qui se tient au parc de La Rural, plaza Italia. Ce sera sa 40ème édition.

2 mai : la grande immigration et le Vieux Port (aujourd'hui Puerto Madero). Des anciens docks, réhabilités et très élégants, au Museo Mitre, consacré à l'un des pères de la pensée dominante argentine, en passant par les voiliers-musées et la Costanera. Soirée musicale.

Quelques "grands" des Orquestas infantiles, dans le Salón Dorado de la Legislatura,
posant avec le Maestro Claudio Espector (debout à droite) et avec Estela de Carlotto
présidente de l'ONG Grands-Mères de la Place de Mai (assise au centre).
Photo publiée sur la page Facebook de défense du Proyecto

3 mai : matinée solidaire avec le Proyecto de Orquestas Infantiles de Buenos Aires du Maestro Claudio Espector.
Nous passerons la matinée avec les enfants et adolescents des bidonvilles qui apprennent la musique sous la conduite de ces professeurs passionnés et dévoués, qui sont eux-mêmes membres des différents orchestres classiques et tangueros de la ville (Teatro Colón, Teatro San Martín, Orquesta Filarmonica de Buenos Aires, Orquesta Típica Fernández Fierro, etc.). Ce vaste programme contribue à l'intégration sociale et culturelle de ces mômes défavorisés qui, pour jouer d'un instrument, apprennent à relever la tête et à se tenir droit. Ils apprennent aussi le travail en équipe, la ponctualité, le respect de l'autre, celui du professeur et du chef d'orchestre... Pour prendre un bon départ dans la vie, l'estime de soi et des autres, c'est aussi important que l'accès à la culture !

Si vous voulez contribuer à la collecte financière gérée par Human Trip, que vous soyez inscrits au voyage ou sympathisants de ce Proyecto dont nous pourrions nous inspirer pour tirer de leur enfer les banlieues nord de propres villes, cette action solidaire prendra la forme d'une aide concrète :
nous offrirons à ce programme pédagogique un instrument ou une bourse d'étude d'un quadrimestre ou d'une année.

Comme je vous le racontais récemment dans un Retour sur Images sur la journée du 31 août (photo ci-dessous) que j'ai passée avec les enfants et les enseignants, ces orchestres, abandonnés par le Gouvernement de la Ville de Buenos Aires, manquent de tout, même du simple budget pour offrir un goûter aux gamins pendant les répétitions ! Les instruments d'orchestre sont donc les bienvenus (on évitera bien entendu la flûte à bec en plastique) et les bourses d'étude permettent aux bénéficiaires de conserver leur temps libre pour étudier, jouer de la musique, lire et se détendre au lieu de travailler pour rapporter des sous à la maison.

Répétition d'un des orchestres de "petits" le samedi 31 août 2013 dans une école

4 mai : dimanche libre. Il y a plein de choses à faire le dimanche à Buenos Aires et dans ses environs (San Isidro, Tigre en banlieue nord-ouest et les ferias de San Telmo et Mataderos dans les quartiers sud, pour ne citer que ces quatres options).

5 mai : Carlos Gardel, un immigrant comme les autres ? Nous passerons la journée sur les pas du grand artiste, avec cours d'initiation au tango-danse chez lui pour ceux qui souhaitent s'y essayer (ou plus si vous êtes déjà des danseurs expérimentés). Soirée musicale au Museo Casa Carlos Gardel.

6 mai : journée consacrée au tango argentin, auquel Gardel a donné ses lettres de noblesse et qui s'est développé à partir de son œuvre fondatrice qui structure encore aujourd'hui le répertoire chanté. Visite à la Academia Nacional del Tango, dont j'aurai la fierté de vous faire les honneurs.

7 mai : notre dernière matinée sera consacrée à la Nation argentine d'aujourd'hui, celle sculptée par la militance d'une certaine Eva Perón, très loin des idées toutes faites que nous nous faisons d'elle. Un dernier petit tour à Palermo où se trouve son musée, une pause à Almagro, à la basilique San Carlos y María Auxiliadora que fréquentèrent Carlos Gardel et son contemporain, Ceferino Namuncurá, tout à la fois prince indien et premier bienheureux argentin et nous rentrerons déjeuner à l'hôtel avant de boucler nos valises. Tout a une fin.

Une extension de voyage est envisageable puisque Human Trip peut vous organiser quelque chose en Argentine ou dans un pays limitrophe (Chili, Uruguay, Brésil...) : www.humantrip.fr.

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Ce prix de 2 740 TTC pour 13 jours de découverte d'une Buenos Aires aussi variée et dynamique qu'inattendue est en-dessous des prix généralement pratiqués par les agences spécialisées et pourtant, on a réalisé ça sans trucage !
A Buenos Aires, la plupart des musées sont gratuits ou à prix d'entrée symbolique (1 ou 2 pesos par personne), ce qui met la vie culturelle locale à la portée de tout le monde.
Et puis Human Trip et moi avons construit ce programme en suivant les principes de l'économie solidaire et équitable : nous nous appuyons sur ma connaissance de la ville et des acteurs de la culture et nous avons fait appel à l'une des rares agences réceptives qui bâtit son chiffre d'affaires sur la qualité de ses prestations et non pas en se prélevant des commissions léonines qui constituent une espèce de racket organisé à l'échelle de tout le secteur touristique national contre les étrangers (3).

C'est pour cette raison qu'en plein accord avec notre partenaire réceptif, Equinoxe, nous avons retenu l'option de laisser plusieurs repas libres. En effet, inclure les déjeuners et les dîners multiplie leur prix final par 2 à 3 à cause de la marge plus que généreuse que s'accorde le restaurateur, avec la complicité de l'agence réceptive qui se sucre au passage (tant qu'à faire !). C'est ce qui vous explique que, dans les catalogues des tours operators, la destination Argentine soit si souvent au même prix que les Etats-Unis. Aberration économique qui sent son escroquerie à plein nez puisque les niveaux de vie varient d'un facteur 3 à 4 entre les deux pays. Ne pas intégrer les repas dans le prix global nous permet donc de vous proposer un budget éthique qui ne ruinera personne et en plus, comme ça, vous mangerez mieux, à votre goût, plus équilibré et plus authentique (4).
Ajoutez à cela que choisir un restaurant à Buenos Aires n'a rien du casse-tête que ça peut être à Paris. D'abord, il y a partout foule de commerces de bouche (5) servant sur des amplitudes horaires inimaginables en Europe (le plus courant est le service continu de 10h30 à 24h et au-delà). En dehors des MacDo, KFC et Starbucks aussi envahissants que chez nous, tous ces restaurantes, cafés, bares et autres boliches se répartissent en trois genres, pas un de plus :
- des pizzerias (le choix est un peu différent de ce qui se fait en Italie, en France, en Belgique ou en Suisse, mais ça reste de la pizza et des pâtes fraîches),
- des parrillas (viandes grillées et parfois, en sus, une ou deux pizzas)
- et des confiterías ou cafés (salades composées, sandwiches toastés type croque-monsieur, viennoiseries garnies ou non, sucrées ou salées, empanadas, plat du jour -en général un bon petit mijoté des familles-, picadas ou assortiments de charcuteries et/ou de fromages).
Le restaurant exotique est presque inconnu, sauf dans quelques adresses hyper-chics de Puerto Madero, Recoleta ou Palermo. Le groupe ne sera donc pas soumis au choix crucifiant entre chinois, japonais, bouillabaisse ou crêperie. Les plus exotiques des restaurants sont brésiliens, boliviens ou péruviens et ils ne sont pas très nombreux (6).
En ce qui concerne les normes d'hygiène, à Buenos Aires, les restaurants suivent les mêmes principes qu'en Europe, avec la même proportion de patrons qui respectent leur métier et de gougnafiers qui sabotent le boulot ou réchauffent de la nourriture en boîte. Aucun dépaysement à craindre de ce côté-là (7).

Pour en savoir plus :
visiter le site Internet de Human Trip, à la page du voyage parmi les offres sur l'Argentine.
Vous pouvez demander une documentation et vous inscrire ou vous pré-inscrire auprès de Human Trip, en précisant le nom du voyage (Le roman national argentin – voyage culturel, humain et solidaire), soit à travers le site Internet soit par courrier à
Human Trip, le Voyage Humain,
Les Portes de l'Arbois, bâtiment B,
1090 rue René Descartes,
Parc de la Duranne,
13857 Aix-en-Provence Cedex 3.
Pour en savoir plus sur l'hôtel :
visiter son site Internet et rejoindre sa page Facebook.

Pour approfondir le contenu culturel du voyage :
visiter le site Internet de Human Trip, à la page du voyage dans la destination Argentine (ça ne change pas) (8)
consulter dans ce blog, Barrio de Tango, les rubriques suivantes :
Affiche (qui englobe tous les spectacles, conférences et expositions dont je parle à Buenos Aires ou à Montevideo, bref ce qui se passe sur la côte ouest de l'Atlantique, par opposition à la rubrique ici, qui parle de l'Europe francophone, de l'Espagne et depuis le mois de mars de Rome)
et Retour sur Images pour avoir une petite idée de ce à quoi ressemble la capitale argentine.
Vous pouvez également écouter mes interviews en français ou en espagnol.
Elles sont disponibles dans ce blog dans la Colonne de droite ou sur mon site Internet dans les pages Radio et Télévision.

Pour mieux connaître le Proyecto de Orquestas Infantiles
voir mes articles sur Claudio Espector, son fondateur

Enfin, revenez régulièrement sur ce blog ou abonnez-vous (à travers les outils disponibles en Colonne de droite) pour suivre le détail du voyage que je distillerai peu à peu jusqu'à la fin du mois de janvier, sous le mot-clé Human Trip, qui se trouve dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, en chapeau de chaque entrée.



(1) Hôtel 4 étoiles (standard argentin), ouvert depuis un peu plus d'un an, rue Salta à la hauteur du 560, à 150 m environ de Avenida 9 de Julio. Chambres équipées d'une kitchenette, Wi-Fi, télévision (dont CNN en espagnol et en anglais), salle de bain attenante (on s'en doute), salle de petit-déjeuner en formule buffet au rez-de-chaussée, piscine et spa gratuits au dernier étage avec vue sur les toits portègnes (+ service de massage à commander et régler individuellement à la réception, par chaque client utilisateur). Les chambres sont grandes, lumineuses et bien insonorisées. L'hôtel dispose aussi d'un bar à tapas où de temps à autre, se produisent des musiciens en soirée.
(2) D'ores et déjà, vous pouvez en découvrir l'intégralité sur le site Internet de Human Trip.
(3) C'est cette pratique cupide qui vous explique pourquoi cette destination a la réputation d'être si chère alors que le niveau de vie local est nettement plus bas que le nôtre. En fait, l'Argentine est un pays très bon marché dès lors qu'on sait déjouer les pièges (grossiers mais efficaces) du secteur touristique. Dans sa majeure partie, ce secteur mise tout sur le one-shot, attirant des touristes auxquels il ne se soucie guère de donner l'envie de revenir et auxquels il s'efforce de soutirer le maximum de devises tant qu'ils sont sur le sol argentin qu'ils ne fouleront plus jamais. Human Trip et son partenaire portègne abordent la question par l'autre bout en tablant sur un tourisme durable, de qualité, avec des clients curieux et ouverts, susceptibles de revenir parce qu'ils auront aimé ce pays et les rencontres qu'ils y auront faites, bref le schéma de développement ordinaire qui existe aux Etats-Unis, au Canada, au Japon et dans les grandes destinations européennes (France, Italie, Grèce, Espagne, Irlande, etc.)
(4) En général, un repas retenu par une agence réceptive comprend systématiquement, midi et soir, une entrée, un plat et un dessert, le tout issu d'une cuisine dite internationale, dans l'espoir que ça plaise à tout le monde. Résultat : votre assiette n'a aucune identité gastronomique. Ces repas sont très déséquilibrés parce que l'entrée, ce n'est jamais des crudités, le dessert; ce n'est jamais un fruit et pour accompagner votre viande, vous avez le choix entre frites, purée et pâtes. Vous passez donc votre temps à digérer des repas trop gras et trop sucrés au lieu de profiter de la ville, de ses musées, de ses spectacles, des rencontres qu'elle vous offre à tous les coins de rue. Et comme l'excès de nourriture est très vite addictif, vous vous faites très bien à ce régime et après 15 jours, vous revenez à la maison avec des kilos en plus.
(5) La restauration collective d'entreprise est quasiment inconnue à Buenos Aires. Donc les salariés doivent rentrer chez eux à midi, apporter leur repas au bureau ou aller déjeuner au restaurant. Or Buenos Aires vit à 75% du secteur tertiaire. C'est vous dire si ça fait des bouches à nourrir à l'heure du déjeuner. Par ailleurs, la vie nocturne, très animée, permet de faire le plein aussi au dîner et il n'est donc pas nécessaire d'assassiner le client avec la note.
(6) Dans un bon petit resto de quartier, avec 11 ou 12 euros, vous aurez mangé pour une journée entière, voire pour une journée et demie. Les assiettes sont si copieuses qu'une viande, à 8 ou 9 euros boisson comprise tout au plus, pourra vous suffire. Et rien ne vous oblige à prendre tous vos repas au restaurant. Chaque chambre du Monserrat Apart Hotel est en effet équipée d'une kitchenette, avec petit réfrigérateur, micro-onde, plaque électrique, bouilloire et vaisselle. Il y a de quoi vous faire une grillade. Nous pourrons, ensemble ou chacun de son côté, faire quelques courses dans le quartier, acheter des fruits (ce sera la saison des raisins, des prunes, des kakis, des pommes et des poires), quelques légumes (pourquoi pas ?), du fromage et des plats préparés chez les traiteurs (fiambre, empanadas, tortillas, etc.). Ainsi chacun peut se régaler en variant ses menus avec un budget vraiment très, très raisonnable. Le personnel de l'hôtel se chargera de faire la vaisselle si vous n'avez pas le courage de vous en occuper.
(7) La turista ne fait pas partie des scénarios à craindre. En revanche, attention au renversement des saisons. Nous quitterons l'Europe au printemps et nous atterrirons à l'automne. Nous arrivons donc avant l'époque de la grippe, mais il n'est pas inutile de vous faire vacciner cet automne en Europe, histoire d'être encore un peu protégé pendant notre printemps (sait-on jamais). Pour Buenos Aires, aucune vaccination n'est nécessaire. Pour le nord de l'Argentine, attention à la dengue qui peut encore sévir à cette saison.
(8) Au moment où je publie cet article, il y a un petit problème de configuration technique de la page. Les photos sont déformées. C'est agaçant (surtout pour l'auteur des photos que je suis) mais ça n'invalide pas le texte qui fait foi quant au contenu et aux modalités du voyage.