samedi 30 novembre 2013

La Nuit aux Libraires inspire Miguel Rep [Disques et Livres]

Le dessinateur et peintre Miguel Rep, caricaturiste de presse dans les colonnes de Página/12 et quelques autres périodiques de gauche, aime beaucoup faire parler les livres et les bibliothèques dans sa vignette quotidienne publiée tantôt dans Página/12 tantôt dans l'hebdomadaire Veintitres. Ce soir, à Buenos Aires, c'est la Nuit aux Libraires, avec trois cents magasins ouverts jusqu'à minuit passé pour une belle nuit de culture et de lecture...

Ce matin, les livres comparent leurs couvertures respectives.

La mienne est chouette
Psschiiiiiiiii ! normale
La mienne est moche
Non, juste passe-partout
La mienne franchement moche
Moi qui suis un classique, je méritais mieux
La mienne est potable
La mienne est mieux que ce qu'il y a dedans
La mienne est très séduisante
La mienne a reçu un prix
La mienne est mieux que ce qu'il y a dedans
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Aujourd'hui, avec l'édition de Página/12, les Argentins peuvent acheter, pour 42 pesos, l'agenda 2014 de Miguel Rep, entièrement consacré à Julio Cortázar dont on fêtera l'année prochaine le centenaire de la naissance... à Bruxelles !


Un prêtre à la tête du Service de Prévention des Narco-dépendances [Actu]

Décision impensable avant le 13 mars de cette année.

Mais que s'est-il passé le 13 mars 2013 qui soit de nature à faire changer ainsi l'emploi des symboles au Gouvernement de Cristina Kirchner ? Je ne sais plus (allez voir mon article de ce jour-là !).


Toujours est-il que le nouveau Premier ministre argentin, l'ancien Gouverneur Jorge Capitanich, vient d'annoncer la nomination d'un prêtre patagonien à la tête du Service national de prévention des Narco-dépendances et de lutte contre le trafic de stupéfiants (Sedronar), un service dont le précédent responsable avait démissionné justement en mars de cette année et qui restait depuis sans direction définitive (1).

C'est un prêtre spécialisé dans les pratiques médicales et sociales envers les usagers de produits stupéfiants qui a à son actif quelques beaux états de service en Argentine et en Haïti. Il se trouve être aussi bien connu de la Présidente elle-même puisqu'il fait partie des prêtres auxquels elle a demandé de concélébrer les obsèques religieuses de son mari, Néstor Kirchner, en octobre 2010, dans sa province de Santa Cruz. L'homme a aussi travaillé aux côtés de Capitanich dans la Province de Chaco et aux côtés de Alicia Kirchner, qui n'est pas seulement la belle-sœur de la Présidente mais aussi une responsable politique particulièrement férue de questions sociales (elle en est même le ministre national sans solution de continuité depuis la prise de fonction de la femme de son frère, en décembre 2008).

Personne n'aurait pu imaginer qu'elle accepte de confier une telle mission à un membre du clergé catholique et que Página/12 le prenne bien et même plus que bien tout en affirmant que cette nomination a été soufflée par la Conférence épiscopale argentine...

Le quotidien kirchneriste fait ce matin sa une avec cette nomination avec plus de bruit encore que lorsqu'il s'est agi de la nomination du nouveau Premier ministre et du remaniement gouvernemental (voir mon article du 19 novembre dernier). Avec un article de fond sur cette nomination, le journal ajoute un entrefilet sur l'appartenance de l'homme à la mouvance péroniste (sur le plan politique) et au fait qu'il est un supporter de River, grande équipe du nord patricien de Buenos Aires, reléguée il y a plusieurs années en division 2 (voir mon article du 27 juin 2011 au sujet de cette catastrophe nationale). Tout ça pour dire qu'il n'est pas supporter du San Lorenzo, comme on s'y serait attendu (2).

Página/12, qui traite le prêtre d'hétérodoxe (ce qui est manifestement faux, mais décidément Página/12 parle à tort et à travers sur la théologie et l'ecclésiologie), croit aussi voir dans cette nomination, et c'est contradictoire avec le reste, une certaine mainmise du Pape François sur les affaires intérieures de l'Argentine. Incorrigible ! (3) En illustration de son propos annexe, le journal publie même la très hideuse photo que le prêtre a visiblement prise lui-même avec son téléphone portable lors d'une audience qui lui a été accordée à Rome il y a quelques temps...

Enfin, Página/12 ne serait pas lui-même s'il n'y avait pas un jeu de mot dans le titre de l'article. Je vous l'explique : cura veut dire à la fois prêtre (et non pas curé, qui se dit parroquo) et cure (thérapie). La lutte contre les dépendances a un prêtre/a une thérapie. C'est un chouia facile mais c'est drôle tout de même...

Pour aller plus loin :


(1) Quel bazar ça devait être à l'intérieur pour les agents souhaitant travailler un tant soit peu efficacement !
(2) Le Pape est supporter du San Lorenzo. Et beaucoup de prêtres avec lui. Le San Lorenzo a été fondé comme une œuvre d'évangélisation prolétaire en 1908 par un prêtre salésien, le Père Lorenzo Massa.
(3) En août dernier, en discutant avec mes amis de gauche à Buenos Aires, j'ai remarqué la difficulté intellectuelle qu'avaient les plus virulents d'entre eux à imaginer que la population est effectivement et sincèrement attachée, dans sa grande majorité, à la religion catholique, qu'elle soit pratiquante ou pas très pratiquante. Cet attachement à des valeurs qui ne sont pas les leurs, ces péronistes de toutes tendances ne parviennent à les intepréter que comme le résultat d'un lavage de cerveau et d'un pouvoir manipulatoire attribué aux prêtres. Cette vision fantasmatique ne correspond pas du tout à la réalité sociologique, surtout dans une ville comme Buenos Aires (il suffit de mettre les pieds dans une église pour s'en rendre compte) mais impossible de leur en faire prendre conscience. A leurs yeux, l'Eglise est une puissance occulte qui manipule les esprits comme du temps de l'Inquisition.

Le Roman national argentin – jour n°2 (article n° 3400) [Human Trip]

L'église Saint-Ignace vue dans la rue Bolívar, en venant de Plaza de Mayo
Nous la verrons de jour...
Le Roman national argentin, voyage culturel, solidaire et humain est le titre du séjour à Buenos Aires, opéré par l'agence Human Trip, que je vous propose du 24 avril au 8 mai 2014 au prix de 2 740 € TTC par personne (1) et pour lequel les inscriptions sont ouvertes jusqu'à la fin janvier.

Nous séjournerons pour la durée du voyage au Monserrat Apart Hotel, un établissement des plus confortables dans le centre historique de la ville. Vous pouvez prendre connaissance des conditions d'hébergement en consultant le site Internet de l'établissement, que j'ai personnellement visité peu de temps après son ouverture (le site reflète bien la réalité de l'hôtel).

Après une bonne nuit de sommeil qui nous aura permis d'absorber une bonne partie du décalage horaire, le deuxième jour, le samedi 26 avril 2014, sera consacré à la Buenos Aires coloniale, dont la mégalopole actuelle n'a gardé que peu de traces, lesquelles sont donc d'autant plus précieuses. Elles sont presque toutes rassemblées dans le quartier de Monserrat où se tient notre hôtel.

Après un petit-déjeuner consistant que nous prendrons au buffet libre-service du Monserrat Apart, nous pourrons, pour ceux qui le souhaitent, commencer la journée par quelques courses alimentaires puisque notre hôtel offre la possibilité de prendre des repas sur le pouce grâce à la kitchenette dont chaque chambre est pourvue (petit réfrigérateur, four à micro-ondes, bouilloire électrique, plaque de cuisson et un peu de vaisselle, dont le service de chambre prendra soin si vous n'avez pas envie de récurer après votre repas).
Le marché de San Telmo est tout proche. On pourra aller y acheter des fruits (ce sera la saison des prunes, des raisins, des pommes et des poires), voire du fromage et même de la viande ou de la charcuterie (ça pourrait être utile pour le dimanche soir, au retour de notre petite expédition à Luján). En chemin, nous trouverons abondance de supermarchés chinos, ces magasins de proximité tenus par des familles asiatiques et où le Portègne lambda se fournit en épicerie de toute sorte (à commercer par les très traditionnels yerba mate et dulce de leche) et quelques confiterías qui proposent un choix plus ou moins étendu de spécialités à réchauffer au four comme les empanadas ou à déguster à température ambiante (tortillas et facturas, nom des viennoiseries locales). Les magasins de pâtes fraîches existent aussi en abondance dans tout Buenos Aires,une ville à moitié italienne.

Un étal de fruits et légumes au Marché de San Telmo (en plein hiver)

Au rayon culturel, nous nous concentrerons sur un pâté de maisons particulier de ce quartier : la Manzana de las Luces, l'ancienne maison provinciale des jésuites, avant l'expulsion de la Compagnie en 1767. Cette zone recèle de vrais bijoux historiques, à commencer par l'église San Ignacio, la plus ancienne de Buenos Aires qui ait conservé son aspect colonial intérieur et extérieur et qui a connu une restauration en profondeur, pendant plus d'un an, pour le Bicentenaire de 2010. Une petite église dans le plus pur style guaranistique comme on appelle le baroque que les jésuites développèrent dans les Missions, au nord de l'Argentine, en collaboration étroite avec les populations amérindiennes, majoritairement guaranies, qui avaient trouvé refuge sur ces terres où les laïcs espagnols étaient interdits de séjour sous peine d'excommunication.
A la fin septembre, si vous suivez l'actualité sur ce blog, vous vous souvenez sans doute qu'elle avait été vandalisée par cinq élèves du lycée voisin, qui ont cru intelligent de faire un feu de joie avec le mobilier et de profaner l'autel et la marqueterie du sol (voir mon article du 24 septembre 2013). L'église a depuis été remise en état, une messe de réparation a été célébrée par l'archevêque Monseigneur Poli pour que la vie paroissiale reprenne son cours normal et les dégâts seront sans doute tout à fait réparés au moment de notre séjour.

Nous la visiterons avant que les fidèles ne se rassemblent pour la messe de midi et à cette heure, qui ne sera pas encore celle de déjeuner (à Buenos Aires, on déjeune plus tard), nous pourrons passer à la fabuleuse librairie qui lui fait face. Elle porte le nom de Librería de Avila mais elle reste connue partout comme la Librería del Colegio. C'est en effet la plus ancienne librairie de Buenos Aires, même si elle n'est plus dans ses murs originaux de 1785, qui ont disparu depuis longtemps. La plus ancienne et la première. Depuis quelques années, elle est inscrite à ce titre au patrimoine historique de la capitale argentine. Le pouvoir colonial ne souhaitait pas que les colons soient des gens cultivés. Mieux valait des brutes pour exploiter les richesses de ce sol et ne pas avoir l'idée, un jour, de s'en attribuer les bénéfices. Une politique qui ne pouvait pas tenir longtemps comme nous l'aurons vu la veille, en visitant Plaza de Mayo et ses hauts-lieux.

Vers 14h, nous déjeunerons au restaurant de la Manzana, Veladas Virreinales (soirées vice-royales), dans la cave voûtée en briquettes crues si typique de l'architecture coloniale portègne, servis par un personnel de salle en tenue de domestique du XVIIIe siècle (la reconstitution historique, ça titille les Argentins aussi, et ce n'est pas un spectacle pour les touristes mais bien un plus pour les locaux). Au fond du restaurant, une scène présente d'ailleurs une reconstitution d'un salon patricien au début du règne de Carlos IV, dernier roi d'Ancien Régime, qui monta sur le trône en 1788 et y renonça en mars 1808 devant la révolte (au reste assez peu redoutable) des partisans de son fils aîné, dans les premières semaines de l'occupation française de la Péninsule.

La salle de restaurant dans une des parties les plus anciennes de la Manzana de las Luces
(un ancien magasin des Pères Jésuites où ils entreposaient sans doute du cuir et de la yerba mate)

Dans l'après-midi, nous visiterons le reste de la Manzana, qui abrita tour à tour de nombreuses institutions révolutionnaires dès mai 1810 : la Bibliothèque nationale fondée par Manuel Belgrano, puis l'hémicycle de l'Assemblée de l'An XIII (on a fêté son bicentenaire cette année comme vous l'avez vu dans ce blog), bientôt suivi du Congrès constituant (lorsque celui-ci déménagea de Tucumán à Buenos Aires) et enfin de la Legislatura de Buenos Aires pendant le gouvernorat de Juan Manuel de Rosas, dans les années 1840, tandis que depuis 1821, une partie de ce vaste ensemble abritait aussi les facultés de droit, de lettres et d'histoire qui constituèrent le premier noyau de l'Université de Buenos Aires (aujourd'hui UBA), fondée par Bernardino Rivadavia (voir mon retour sur image sur les célébrations des 190 ans de l'UBA).

La Manzana était reliée à l'église, à la cathédrale et même à la Forteresse par un écheveau de souterrains qui nourrissent, aujourd'hui encore, des légendes toutes plus fantaisistes les unes que les autres, comme il en existe en Europe autour des vestiges des Templiers... Il y a quelques décennies, on a retrouvé une partie de ces tunnels et quelques mètres ont pu être remis en état, malgré l'urbanisation post-industrielle (notamment le réseau du métro, tout proche). On peut les visiter. Cette visite se fera en compagnie d'un(e) guide habilité(e) comme l'exige le statut du lieu. Il est possible qu'à l'époque de notre visite, la Manzana soit partiellement en travaux car un grand chantier de modernisation est en cours pour en exploiter davantage et dans des meilleures conditions le riche potentiel muséologique. Mais quoi qu'il en soit des secteurs ouverts ou fermés, nous bénéficierons des lumières de notre guide attitré (dont je me ferai aussi l'interprète).

Comme la veille, cette visite sera beaucoup plus courte qu'elle ne serait dans des vestiges européens. Il nous restera donc encore du temps pour faire autre chose. Pour les amateurs, la visite d'une maison patricienne coloniale pourra compléter notre programme, soit la Maison du Vice-Roi Liniers (Casa de Liniers) à quelques mètres de là, soit l'une des maisons patriciennes de la rue Alsina, tout récemment restaurées et ouvertes au public à côté du Museo de la Ciudad (dont je ne sais pas encore quelle sera l'exposition du moment. On verra sur place ou, au plus tôt, en mars).

Le soir, notre programme comprend un spectacle qui consistera en une soirée musicale ou en une visite du musée argentin de la marionnette Sarah Bianchi avec une comédie dramatique muette pour adultes.

Ce jour-là, déjeuner et dîner sont inclus dans le programme.
Nous pourrons ainsi continuer lier connaissance dans un groupe qui restera à taille humaine (entre 10 et 20 personnes, pas plus).

Grâce à son correspondant sur place, Human Trip peut vous offrir des extensions vers d'autres destinations, en Argentine ou dans les pays limitrophes, à votre guise, soit à l'intérieur des dates prévues (si vous voulez faire le séjour buissonnier), soit avant le 25 avril ou soit après le départ du groupe (7 mai). L'agence est à votre service pour vous construire un programme sur mesure.
Contactez-la par mail (info@humantrip.fr) ou par téléphone (04 86 11 01 71).

Pour aller plus loin :
Se connecter à la page Facebook de la Manzana
Consulter le site Internet de l'église San Ignacio (essentiellement confessionnel)
Consulter le site Internet de la Librería Avila (site commerçant)

Pour en savoir plus sur le quartier de Monserrat, voir mes articles sur ce qui s'y passe au fil des semaines en cliquant sur le nom du quartier dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.
Pour accéder à tous les articles relatifs à ce voyage, cliquez sur le nom de Human Trip dans le bloc Pour chercher.
Pour ceux qui ont peur des conférenciers ennuyeux, qui assomment les voyageurs d'un flot d'érudition pédant, vous pouvez (du moins je l'espère) vous rassurer en écoutant mes interviews, en ligne dans la Colonne de droite de ce blog (ou sur la page Radio de mon site Internet).

Pour connaître l'ensemble du programme du séjour :
télécharger la version imprimable (pdf) sur mon site Internet.


(1) Sur la base d'un groupe minimum de 10 personnes et en chambre double.
Pour les autres informations, se reporter aux conditions publiées par Human Trip et disponibles sur son site Internet (à la rubrique Destination Argentine) et sur le descriptif en version imprimable que vous pouvez trouver sur mon site Internet.

Le droit politique des femmes vu par la droite dans le prisme de la gauche [Actu]

En entrefilet d'humeur, Página/12 met en valeur ce matin une déclaration de Barack Obama en faveur d'une présidence féminine :

Tenemos algunas fantásticas mujeres como servidoras públicas en todo el país y no hay duda de que muy pronto vamos a tener una mujer presidenta. Además estoy seguro de que hará un gran trabajo.”
(Del presidente de Estados Unidos, Barack Obama. Aunque enseguida agregó que su esposa Michelle sería “mucho mejor mandataria” que él, ella negó cualquier posibilidad de presentar su candidatura. El guiño parece casi con seguridad destinado a Hillary Clinton.)
Página/12

"Nous avons quelques femmes fantastiques parmi les fonctionnaires publiques dans tout le pays et il n'y a aucun doute que très bientôt nous allons avoir une femme présidente. Et d'ailleurs, je suis sûr qu'elle fera du très bon travail."
(Du Président des Etats-Unis, Barack Obama. Bien qu'il ait ajouté aussitôt que son épouse Michelle serait une bien meilleure chef d'Etat que lui, elle a nié toute espèce de possibilité de présenter sa candidature. Le clin d'œil paraît s'adresser avec une quasi-certitude à Hillary Clinton).
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Le duo d'humoristes Daniel Paz et Rudy, qui signent quotidiennement la vignette de la manchette de Une, a aussitôt exploité le filon avec ce dessin estival qui prend à nouveau comme tête de Turc le caricatural représentant de la droite possédante, aux moustaches fournies et aux sourcils broussailleux. Ce qui donne :


Le jeune coiffé de son éternel banane : Obama dit que bientôt il y aura une femme à la présidence des Etats-Unis.
Le vieux moustachu : Comment on dit "Barre-toi, chienne" (1) en anglais ?
(Traduction Denise Anne Clavilier)


(1) Yegua, en traduction littérale, c'est "jument". C'est une des pires insultes qu'on puisse lancer à une femme et il semble bien que de tels propos ont réellement été prononcés contre Cristina il y a quelques années dans au moins un groupuscule d'activistes d'extrême-droite, rassemblant des gros bras et quelques cerveaux d'une fraction de la droite toujours acquise aux idées de la dernière dictature militaire.

vendredi 29 novembre 2013

La dernière conférence de Carlos Ríos pour la saison 2013 au Carlos Gardel [à l'affiche]


Toute cette année 2013, le collectionneur et spécialiste de l'histoire du tango Carlos Ríos a régalé ses auditeurs avec l'histoire de la Orquesta Típica entre 1907 et 1932 les premiers dimanches de chaque mois, au Museo Casa Carlos Gardel, à 17h.

Ce 1er décembre, ce sera la clôture de ce cycle avec les années 1930-1932 et une belle brochette d'aristes qui firent l'âge d'or du tango et dont vous avez les noms dans le communiqué du musée.

Entrée libre et gratuite.

Comme à chaque fois, la conférence sera suivie d'un concert, lui aussi gratuit, et que je vous ai déjà annoncé dans une note publiée hier...

Un grand week-end culturel en perspective entre Corrientes et sa nuit aux librairies, la Boca et son festival de tango et ce dimanche ensoleillé dans le patio de Gardel.

La Noche de Librerías, c'est ce week-end [à l'affiche]


Ce samedi 30 novembre, septième édition de la Noche de Librerías (nuit de librairies) à Buenos Aires avec plus de 300 librairies dans toute la ville qui ouvrent leurs portes à partir de 16h et jusqu'à minuit largement passé.

En plus des librairies et des maisons d'édition, dont certaines exposeront dans la ville, des espaces réservés accueilleront des parties de go, d'échecs et de scrabble sur Avenida Corrientes à la hauteur 1700, sous la responsabilité des fédérations argentines respectives de chaque discipline. Dans le même, un atelier d'encadrement est aussi prévu. Et des activités pour les petits cent mètres à l'est vers le numéro 1600.

Sur la scène centrale, montée cette année à l'angle Corrientes y Libertad, le concert mettra en vedette la chanteuse Ligia Piro, la fille de Susana Rinaldi, une artiste du rock argentin (1), à partir de 21h et tout est gratuit (sauf si vous achetez des livres, bien entendu).

Pour l'occasion, l'avenue Corrientes est rendue aux piétons (en général, entre au moins Callao et Esmeralda ou Florida, soit un bon kilomètre, voire plus)

Pour en savoir plus,


(1) L'année dernière, le Ministère portègne de la Culture avait fait venir à grands frais une vedette du show-biz mexicain...

Le Tango s'habille en Boca [à l'affiche]

Cliquez sur l'image pour lire le programme
Depuis hier, le quartier de La Boca a son festival de tango alternatif pour la quatrième année consécutive : el Festival de Tango de la República de la Boca !

Beaucoup de monde au programme.
Entre autres intervenants : l'auteur-compositeur interprète Lucio Arce, la chanteuse Lucrecia Merico, la Orquesta Típica Esquina Sur, la Orquesta Típica de Almagro, l'auteur-compositeur Juan Tata Cedrón, les chanteurs María Volonté et Cardenal Domínguez, etc...

Ce soir, grande milonga en plein air, à partir de 21h30, précédée par des cours à 19h30.

Selon la grande tradition anarchiste du quartier, toutes les activités sont gratuites, réparties dans plusieurs zones, en particulier au Malevaje Arte Club et au Club Atlético Boca Juniors (parce que le foot en Argentine, c'est bien loin d'être que du foot. C'est comme le tango : ça n'est pas de la danse. Tout ça, le foot, le club sportif et le tango, c'est de la culture avec un grand C.)

jeudi 28 novembre 2013

Week-end tango à Antony [Retour sur images]

Beaucoup de monde sur la piste, pour danser, mais aussi sur les côtés, pour écouter...
Le week-end des 15 au 17 novembre dernier, la Médiathèque Anne Fontaine à Antony a organisé un beau week-end de tango dans une dimension pluridisciplinaire qui a plu à tout le monde : concert-milonga, conférence, documentaire, exposition, expérience gustative surprenante avec le mate, la boisson nationale argentine...

Abrazo cerrado

Des musiciens ravis et très applaudis. Mérité !

Le quintette Encuentro Tango était chargé d'animer la soirée du vendredi, le plus photogénique de ces trois jours de fête joyeuse et très fréquentée.

Un public dense. Le photographe a dû se faire une place comme il a pu...

A hauteur d'enfants...

Le tango a toujours été une affaire de jeunes ! et ça se voit...

Dans la salle adjacente, dégustation de mate et hommage au peintre Chilo Tulissi


Le CETBA et le théâtre [à l'affiche]


Le mardi 3 décembre 2013, le Centre Pédagogique de Tango de Buenos Aires (CETBA) vous invite à son exposition sur le théâtre à l'Instituto Bernasconi, dans le quartier de Parque Patricios, à 19h30.

En effet, le tango, ce n'est pas une danse mais une culture, c'est-à-dire une certaine manière de se poser dans l'environnement humain et matériel par de multiples chemins.

Dernier concert 2013 de Carlos Gardel Compositor [à l'affiche]

Dimanche 1er décembre 2013, comme tous les premiers dimanches du mois, de mars à décembre, le Museo Casa Carlos Gardel ouvre son patio à un concert chanteur-guitariste pour rendre hommage à l'hôte invisible des lieux...


Entrée gratuite à 18h, rue Jean Jaurès 735.

Nochevieja à Buenos Sierre [ici]


Le réveillon tango des Trottoirs de Buenos Sierre, dans la ville homonyme du Valais suisse, aura lieu le 31 décembre à partir de 20h.
Raclette, vin blanc et danse argentine au pied des pistes alpines...

Pour en savoir plus, connectez-vous au site de l'association.

mardi 26 novembre 2013

Julián Vat et Ariel Argañaraz à Recoleta et au galop ! [à l'affiche]

Al galope, c'est le titre du nouveau disque que viendront présenter jeudi 28 novembre 2013 à 21h le duo composé par Ariel Argañaraz (guitare à sept cordes) et Julián Vat (flûte et saxophone) à Clásica y Moderna, le bar notable situé Callao 892 dans le sud de Recoleta.

L'album rassemble des morceaux originaux de l'un et l'autre musiciens et des nouveaux arrangements de quelques classiques du tango, auxquels ils ont mêlé des accents de jazz et de flamenco....

Les gros vont cracher au bassinet, Paz et Rudy se marrent [Actu]

Vendredi dernier, le nouveau gouvernement argentin, dont tout le staff économique a été renouvelé le 18 novembre (depuis le ministre de l'Agriculture jusqu'à celui du Budget en passant par le Développement industriel et le Commerce extérieur), a annoncé une imposition faramineuse (+ 500%) sur les biens somptuaires : yachts, jets et hélicos privés, grosses cylindrées étrangères et autres diadèmes vous permettant de figurer dignement à Londres dans les soirées privées des Mécènes de Covent Garden ou ou à Paris dans celles réservées aux Bienfaiteurs du Louvre.



Il s'agit pour l'Etat de récupérer son dû sur les achats-placements que la haute société réalise avec des réserves bancaires en devises étrangères. En fait, l'opération de change qui avait été proposée il y a quelques mois (dollars US non déclarés mais sortis des coffres contre investissements dans le développement de l'industrie et des infrastructures du pays) a échoué. Il faut donc trouver un autre moyen de rapatrier ces fonds qui manquent à l'économie nationale.

Daniel Paz et son compère Rudy n'ont pas réagi tout de suite. Ils ont pris leur temps et ils nous offrent ce matin cette vignette caricaturale mais très drôle sur la corruption endémique dans leur pays.


L'oligarque (assis) : Quelle horreur, le coup de bambou de cet impôt sur les biens de luxe.
Le jeune type : Ah bon ?
L'oligarque : Ben tiens ! Moi, c'est que j'ai deux juges, un sénateur et sept commissaires. Du haut-de-gamme, tout ça !
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Mirta Alvarez et Néstor Tomassini ce soir à Clásica y Moderna [à l'affiche]

La guitariste Mirta Alvarez et le saxophoniste et clarinettiste Néstor Tomassini, tous deux compositeurs, se produiront ce soir, mardi 26 novembre 2013, à 21h, à Clásica y Moderna, une salle que vous connaissez bien, dans le sud de Recoleta (Callao 892), pour un concert composé de répertoire de tangos depuis la Guardia Vieja jusqu'à la révolution piazzollienne dans des arrangements qui leur appartiennent.

A ce programme tanguero, ils ajouteront une touche de musique brésilienne, avec des pièces de Sergio Assad et Pablo Bellinatti.

Cela s'annonce goûteux pour les oreilles (pour le palais, Clásica y Moderna propose de très honorables tablas de quesos y fiambres (1) qui vous nourriront généreusement à des prix raisonnables, vin compris).


(1) Planche de fromages et charcuteries (un assortiment joliment présenté et servi avec une petite variété de pains). Rien que d'y penser, j'en ai l'eau à la bouche.

lundi 25 novembre 2013

Cardenal et Argañaraz à Salta y Resto [à l'affiche]

Cardenal (à gauche), Argañaraz (à droite)
Le chanteur Cardenal et son complice guitariste Ariel Argañaraz présenteront leur répertoire en deux soirées distinctes au restaurant Salta y Resto de l'extrême-sud de Monserrat (1), Salta 755, à 21h30.

Le samedi 30 novembre 2013 : Tango y otras yerbas (ce qu'on pourrait traduire par une autre métaphore alimentaire comme "Tango en macédoine") (2). Ils auront alors pour invité le bandonéoniste Gustavo Paglia.

Le samedi 7 décembre 2013 : Alucinado, une présentation de leur tout nouveau disque. Ils seront alors en formation de quintette, avec Mariano Martos à la basse électrique, Augusto Argañaraz aux percussions et Christine Brebes au violon.

Droit au spectacle : 70 $. Comptez aussi le repas (Salta y Resto, comme son nom l'indique, est un restaurant, ce qu'on appelle là-bas un resto cultural).


(1) tellement au sud que la plupart des gens vous diront que c'est à San Telmo !
(2) l'expression fait allusion aux mélanges de plantes (yerbas) avec lesquels on parfume le mate, la boisson nationale argentine. Voir ce mot à l'intérieur des articles étiquetés Coutumes dans les menus thématiques de la Colonne de droite.

Belle soirée pour les Amis du Museo Casa Carlos Gardel [à l'affiche]


Cette soirée-là sera réservée aux Amis du Museo Casa Carlos Gardel, qui aident de leurs sous ce musée situé, comme vous le savez, rue Jean Jaurès (au numéro 735) (1) :

le chanteur Horacio Molina (belle voix tranquille et interprétation romantique), le spectacle (superbe !) à trois voix intitulée Tango a Tres Bandas avec les chanteurs Esteban Riera, Jesús Hidalgo et Hernán Genovese et, enfin, Patricia Malanca (ouf ! il y a au moins une femme) se retrouveront pour un concert privatisé le 3 décembre 2014 à 19h.

Un buffet sera offert après le concert aux participants, qui l'ont bien mérité en cette fin d'année et en prélude des fêtes.

Merci à eux d'aider ainsi cette émouvante institution du quartier mythique de l'Abasto...


(1) Ce musée incontournable à Buenos Aires fait naturellement partie du programme que je vous propose, avec HumanTrip, dans la capitale argentine pendant deux semaines, du 24 avril au 8 mai 2014 !

Ariel Ardit présente son nouveau disque, avec son orchestre, au Teatro Coliseo [à l'affiche]

"Moi, je chante le tango aujourd'hui" : c'est ainsi qu'on pourrait traduire le titre du tout nouveau disque du chanteur Ariel Ardit, désormais soliste de haut vol depuis qu'il a quitté, il y a quelques années, l'orchestre El Arranque.



Ariel Ardit, entouré de son orchestre, présentera donc son nouvel album, Yo lo canto hoy, samedi 3, novembre 2013, à 21h, au Teatro Coliseo, Marcelo T. de Alvear 1125 (Recoleta).

Entrée : 100 $ (il reste encore des places à la location, au guichet du théâtre ou par le système de réservation en ligne www.ticketek.com.ar...)

Le nouveau CD rassemble un répertoire de tangos classiques et de quelques créations plus récentes.

Ariel Ardit explique ainsi sa démarche artistique qui reste marketée dans une communication sans humour ni humilité, au contraire de ce qu'il déclare et du chemin choisi par ailleurs par tant d'artistes de la même génération...

"Yo lo canto hoy es, humildemente, una declaración de vigencia y actualidad del Tango.
Mi admiración y referencia constante hacia los grandes cantores y las míticas orquestas del 40, tal vez me han colocado en una simpática anacronía de personaje escapado del blanco y negro. Lo cierto, es que esa mirada evocativa hacia atrás, me ha servido para comprender.
Mi verdadero compromiso es cantar Tango hoy, con una orquesta de hoy, para esta generación y con el sentir de una música que estaba, esta y estará siempre como rasgo distintivo de nuestra cultura, sin necesidad de ser rescatado de ningún pasado ya que nunca se fue.

"No es de antes, sino de siempre,
El tango es uno solo y yo
Lo canto hoy.”
Ariel Ardit

Yo lo canto hoy est, humblement, une manière de protester de l'actualité du Tango.
Mon admiration et mes références constantes qui vont vers les grands chanteurs et les orchestres mythiques des années 1940 m'ont sans doute installé dans le sympathique anachronisme d'un personnage échappé de l'époque du noir et blanc. Ce qui est sûr, c'est que ce regard vers le passé a servi ma compréhension.
Mon authentique engagement, c'est de chanter le Tango aujourd'hui, avec un orchestre d'aujourd'hui, pour notre génération et avec la sensibilité d'une musique qui était, qui est et qui sera toujours comme un trait distinctif de notre culture, sans qu'il soit besoin de la sauvegarder d'aucun passé puisqu'elle n'a jamais disparu (1).

Il n'est pas d'hier mais de toujours
Le Tango est un et un seul et moi
Je le chante aujourd'hui
(traduction Denise Anne Clavilier)



(1) Cette petite phrase est aussi une prise de position à l'arrière-goût polémique contre les analyses développées par les artistes du tango alternatif et autogéré qui se retrouvent autour du Festival de Tango Independiente, de Fractura Expuesta, du CCC Floreal Gorini et même des démarches, pourtant idéologiquement différentes, de TangoVía, de la Orquesta Escuela de Tango Emilio Balcarce et de Ignacio Varchausky lui-même, lui aussi membre (toujours actif) de El Arranque. Mais quel besoin a-t-il de se poser toujours en fonction d'eux au lieu de s'affirmer pour lui-même ? Son seul talent l'y autoriserait pleinement pourtant, un talent que tout le monde lui reconnaît et qui s'accompagne de moyens visiblement considérables vu le théâtre dans lequel il se produit samedi prochain (alors que les autres apprécieraient d'en avoir le début du commencement d'une infime partie).

samedi 23 novembre 2013

Le Roman national argentin – 1er jour [Human Trip]


Le Roman national argentin, voyage culturel, solidaire et humain est le titre du séjour à Buenos Aires, opéré par l'agence Human Trip, que je vous propose du 24 avril au 8 mai 2014 au prix de 2 740 € TTC par personne (1) et pour lequel les inscriptions sont ouvertes jusqu'à la fin janvier.

Le premier jour sur place, le 25 avril 2014, nous arriverons vers 8h du matin (heure locale) (2) à l'aéroport d'Ezeiza, par un vol direct depuis Paris sur Air France (3). Vous découvrirez les mesures de sécurité biométriques ultra-modernes que le contrôle des migrations a mises en place il y a quelques années et qui accélèrent le passage des touristes : iris de l'œil et empreinte du pouce (droit si ma mémoire est bonne). A la douane elle-même, les bagages passent par un scanner. Il est désormais interdit de faire entrer en Argentine de la nourriture fraîche, des fruits frais, des semences, des végétaux vivants, bref toute une panoplie de mesures destinées à protéger l'environnement et la biodiversité nationale.

Après les quelques kilomètres qui nous séparent du cœur de Buenos Aires, nous devrions gagner notre hôtel aux alentours de 10h.

Nous séjournerons pour la durée du voyage au Monserrat Apart Hotel où nous disposerons de chambres équipées d'une kitchenette des plus commodes, de quoi équilibrer nos repas libres, tant du point de vue budgétaire (4) que du point de vue diététique. Vous pouvez prendre connaissance des conditions d'hébergement en consultant le site Internet de l'établissement que j'ai personnellement visité et dont je peux attester que le Web reflète bien la réalité.
* * *
Pour notre prise de contact avec la capitale argentine, nous nous concentrerons sur un événement central de son histoire, la Revolución de Mayo, qui mit fin à l'Ancien Régime le 25 mai 1810 après une semaine d'agitation restée dans l'histoire sous le nom de Semana de Mayo (voir le récit succinct que j'ai fait de cette journée en mai 2010, à l'occasion du Bicentenaire, dans mon article n° 1400 et ceux relatifs à l'ensemble de cette semaine qui a changé la face du continent).

Nous nous rendrons donc à pied (ce n'est pas très loin) à Plaza de Mayo, là où l'Argentine contemporaine est née sous un ciel pluvieux (les parapluies de mai 1810 sont légendaires).

Cette vaste place arbolée, fort bruxellisée comme diraient nos architectes (5), n'est autre que l'ancienne et primordiale Plaza Mayor où Juan de Garay fonda la cité en juin 1580. Si elle a perdu la quasi-totalité de ses traits hispanisants et coloniaux, elle a conservé les principales fonctions de la Plaza Mayor de la vieille Espagne : elle est bordée par le Cabildo, berceau de la Révolution, et qui illustre le dépliant du voyage (première page ci-dessus), devenu un musée, le palais du gouvernement de la Ville (ancienne Mairie) avec ses sentinelles du régiment de Patricios en faction à l'entrée nord, la cathédrale et sa façade néo-classique de 1822 (œuvre d'un architecte français, déjà !), le Banco Nacional (qui exerce les fonctions commerciales de l'autorité monétaire nationale), la Casa Rosada (ou palais présidentiel) imaginée par un architecte italien, les services centraux du Trésor Public (AFIP, d'un moche !) et au centre, au milieu des parterres et des arbres, la place s'orne d'un obélisque qu'on appelle El Piramide (ils sont fous, ces Argentins !) et d'une martiale statue équestre, celle du plus grand héros de cette même Revolución de Mayo, le général Manuel Belgrano. Enfin, en sortant par le sud-est, on accède, sous la Casa Rosada, au musée qui lui est accolé et qui dépend directement de la Présidence, le Museo Nacional del Bicentenario, une pure merveille de muséographie historique.

Le plan de la Buenos Aires de Juan de Garay, dont l'original est conservé au Vatican
(sans doute un cadeau du roi d'Espagne au Souverain Pontife à la fin de la Renaissance)
La Plaza Mayor, actuelle Plaza de Mayo, est tout en bas, le long du fleuve.

Nous prendrons donc le temps de visiter le musée du Cabildo et la cathédrale, où repose le général San Martín, l'autre héros de l'indépendance, et où a longtemps officié un certain pape François dont vous avez peut-être un peu entendu parler depuis quelques mois (6).

Avec nos Louvre, Orsay, Rijksmuseum, British Museum, Offices de Florence, Prado et autres Musei Vaticani, nous sommes habitués à des expositions sans fin sur plusieurs niveaux et avec une multiplicité de collections en tout genre (Antiquités grecques, latines, égyptiennes, beaux-arts, céramiques, Trésor de la Couronne, Manuscrits et Chartes, etc...). En Argentine, le patrimoine muséologique est beaucoup plus modeste (et pour cause ! Ils n'ont pas eu, comme nous, le loisir de piller d'autres pays). Les musées sont donc petits et se visitent en une heure ou une heure et demie, le temps pour nous de nous imprégner d'un passé court mais foisonnant et néanmoins encore largement inconnu.

Une fois les invasions anglaises (1806-1807) et le cours de la révolution (1810) découverts au Cabildo, nous pourrons aller les méditer dans un second temps au pied du Piramide, élevé à la gloire de la Liberté et de la République, et qui symbolise les droits et la dignité du peuple argentin. C'est la raison qui en fait le lieu le plus approprié pour manifester, que ce soit dans le cadre des grandes fêtes patriotiques (25 mai, 20 juin,9 juillet et même 17 août) ou dans celui d'une lutte politique incessante pour des droits politiques ou sociaux, plus ou moins malmenés par les dirigeants en place. Et c'est tout naturellement pour ces raisons que, depuis 1977, chaque jeudi après-midi que Dieu fait, les Mères de la Place de Mai (Madres de Plaza de Mayo) tournent et tournent et tournent encore autour de ce monument, en prenant à témoin du sort de leurs enfants le général Belgrano, tout là-haut sur son piédestal (voir mes articles relatifs à ces deux ONG des droits de l'Homme).

Nous terminerons ces déambulations dans le cœur battant (et parfois transpercé) de l'histoire argentine avec le musée du Bicentenaire, installé dans les fondations de ce que fut le Fort de Buenos Aires, imposante forteresse qui surveillait le Río de la Plata tout en abritant le gouvernement vice-royal depuis son instauration vers 1776 jusqu'à son abolition en 1810 (mais c'est encore de là que, plusieurs années encore, allait être gouverné un pays qui bâtissait son indépendance dans la douleur et la violence civique).
Avant 1776, la région faisait partie du vice-royaume du Pérou et c'était devenu ingérable. En élevant en vice-royaume la zone qui allait du Río de la Plata jusqu'aux Andes, à Mendoza, à laquelle furent joints les territoires des anciennes missions jésuites (7), le roi Carlos III fit passer peu à peu la région de l'économie de contrebande dont avaient toujours vécu ses habitants à un petit nombre d'activités beaucoup plus légales, qui rapportaient bien davantage à la Couronne espagnole jusqu'à ce que les guerres napoléoniennes interrompent de manière presque définitive le trafic maritime entre le Nouveau Monde et la Péninsule. Du fort, il reste les soubassements en briques construits avec des techniques qui ne seront pas sans vous rappeler les réalisations de Vitruve en Italie du nord (c'est normal, elles en viennent), une grande statue de saint Michel Archange, patron en second de la capitale argentine (8) et quelques canons du XVIIIème siècle avec leurs boulets (ça, c'était pour accueillir les Anglais ou les Portugais au cas où ils auraient montré le bout de leurs voiles à l'horizon).
Le reste du musée est aménagé dans ce qui reste d'un fastueux bâtiment de douane du XIXe siècle, la Aduana Taylor, construction monumentale montée sur pilotis et qui s'avançait au-dessus du fleuve. Ce musée, lumineux et ample, est consacré aux deux premiers siècles de la vie politique du pays. Il bénéficie de toutes les trouvailles de la muséographie la plus moderne, avec plusieurs écrans interactifs répartis régulièrement le long de l'exposition permanente, des photos-montages qui révèlent, mieux qu'un long discours, les évolutions urbanistiques du secteur et une bande-son rudement bien fichue. Il est gardé par un minuscule détachement de grenadiers à cheval, dont nous aurons déjà sans doute repéré à la cathédrale l'uniforme tout à la fois sobre et rutilant dessiné par son fondateur en mars 1812 (9). Ce sont eux en effet qui montent la garde devant le mausolée de San Martín, à côté de la chapelle Notre Dame de la Paix. En aût dernier, ce sont eux qui étaient venus rendre les honneurs lors de l'inauguration de la salle San Martín au Museo Histórico Nacional dont je vous avais parlé dans Mes Chroniques de Buenos Aires (voir mon retour sur images du 5 octobre 2013)

Et comme on sera fatigué, on ira se coucher tôt, à moins d'être d'insomniaques danseurs de tango (le vendredi soir, il y a plusieurs milongas un peu partout en ville. Un taxi et vous y êtes). L'hôtel, quant à lui, propose une piscine et un jacuzzi au dernier étage, pour vous délasser avant d'aller vous coucher et dormir d'une traite jusqu'au petit-déjeuner buffet du lendemain, que je vous raconterai au prochain épisode.

Ce jour-là, déjeuner et dîner sont inclus dans le programme pour nous permettre de faire connaissance au sein d'un groupe qui restera de taille humaine (entre 10 et 20 personnes, pas plus).

Human Trip, avec son correspondant sur place, peut vous offrir des extensions vers d'autres destinations, en Argentine ou dans les pays limitrophes, à votre guise, soit dans les dates prévues (si vous voulez faire le séjour buissonier) (10), soit avant l'arrivée du 25 avril ou soit après le départ du groupe. L'agence est à votre service pour vous construire un programme sur mesure, contactez-la par mail (info@humantrip.fr) ou par téléphone (04 86 11 01 71).

Pour aller plus loin :
Voir le site Internet du Monserrat Apart Hotel (l'hôtel dispose aussi d'un profil Facebook)
Voir le site Internet de Human Trip (qui possède aussi une page Facebook)
Se connecter à la page Facebook officielle de la cathédrale (attention : le contenu est essentiellement culturel et très peu historique ou patrimonial).
Sur les images d'Epinal de la Révolution :
régalez-vous avec quelques dessins de Miguel Rep, commentés par mes soins, et notamment publiés autour du 25 mai : 26 mai 201022 mai 20121er février 2013 et 24 mai 2013.

Pour connaître l'ensemble du programme du séjour :
télécharger la version imprimable (pdf) sur mon propre site Internet.


(1) Sur la base d'un groupe minimum de 10 personnes et en chambre double. Pour les autres informations, se reporter aux conditions publiées par Human Trip et disponibles sur son site Internet (à la rubrique Destination Argentine) et sur le descriptif en version imprimable que vous pouvez trouver sur mon site Internet.
(2) Soit 13h à l'heure de Paris.
(3) Pour partir d'un autre aéroport international, informez-vous directement auprès de l'agence par mail (info@humantrip.fr) ou par téléphone (04 86 11 01 71).
(4) C'est la raison pour laquelle seul un certain nombre de repas sont déjà compris dans le prix global : faire réserver longtemps à l'avance les repas via les structures touristiques coûte là-bas les yeux de la tête (environ 30 USD par repas, soit un prix qui ne correspond en aucun cas aux coûts locaux, avec un niveau de prix deux à trois fois plus bas que le nôtre). Qui plus est, ce n'est pas très bon, c'est trop gras et trop sucré et c'est assez peu authentique. Avec quelques fruits et des spécialités locales très bon marché, on peut s'organiser un régime plus souple, plus varié et plus agréable que ce qu'imposent d'ordinaire les voyages organisés dans ce pays aux mains d'un secteur touristique à dominante très cupide.
(5) La seconde guerre mondiale a beaucoup détruit Bruxelles. Par la suite, cette ville a été reconstruite sans respect pour le patrimoine perdu à l'aide de constructions modernes mais sans âme. Depuis on appelle ce genre de politique d'urbanisation la bruxellisation.
(6) L'Archevêché de Buenos Aires avait annoncé assez rapidement après son élection la création d'une pièce-musée en son honneur dans les dépendances de la cathédrale. Il semblerait que ce soit désormais chose faite. Nous pourrons donc y jeter un coup d'œil : quelques vêtements et objets liturgiques dont il se servait fréquemment et des documents relatant les vingt ans d'épiscopat vécus dans cette ville où il est né le 19 décembre 1936.
(7) Aujourd'hui nord de l'Argentine et de l'Uruguay, Paraguay et sud de la Bolivie.
(8) Buenos Aires a une foultitude de saints patrons. La patronne des patronnes, c'est Notre-Dame de Bonaria, Madonne sarde qui a donné son nom à la ville (les "bons airs", les "bons vents", qui, au Moyen-Age, ramenaient en terre latine les chrétiens que les Sarrasins avaient fait prisonniers en Terre Sainte pendant l'une ou l'autre croisades, dans les grandes opérations de rachat d'esclaves conduites par les confréries charitables établies tout au long de la côte méditérranéenne). Buenos Aires a aussi pour patronne secondaire Notre-Dame des Neiges, honorée à Rome depuis une chute de neige en juin dans l'Antiquité (elle avait marqué les esprits, allez savoir pourquoi !). Elle est aussi placée sous l'invocation de l'Archange qui était tout particulièrement le gardien de la Forteresse elle-même. Et la statue est d'une grande beauté.
(9) Nous les retrouverons quelques jours plus tard, dans leur caserne de Palermo, sur un thème connexe. Le Régiment des Grenadiers à cheval est l'équivalent en France de la Garde Républicaine. 
(10) C'est sans risque pour votre porte-monnaie. Le poids financier des visites de musées est quasi nul dans le prix global du voyage. La plupart des musées inscrits au programme sont gratuits ! Et la majorité des musées en Argentine sont soit gratuits soit à prix symbolique (1 ou 2 pesos par personne). Ce qui nous permet de vous proposer un séjour tout compris tout en vous laissant une grande marge de manœuvre pour personnaliser votre voyage. Une option qui n'est guère imaginable sous nos latitudes où l'entrée dans les musées, même publics, est payante (et en plus, c'est assez cher).