mardi 30 mars 2021

Casse-tête pour l’exécutif [Actu]

"Nous n'étions pas nombreux",
s'agace l'un des deux variants brésiliens
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Après avoir pris quelques mesures pour écraser autant que faire se peut la deuxième vague de covid-19 qui s’amorce en Argentine à cause des variants qui se transmettent désormais localement, hors voyages à l’étranger, le gouvernement avait pris dès dimanche soir quelques mesures comme la généralisation du télétravail pour tous les services publics relevant du niveau fédéral mais il se heurte à présent au casse-tête de l’économie qui se meurt.

"Epoque compliquée", dit le gros titre
sur une photo de la ministre de la Santé
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Or le long week-end férié de la Semaine sainte, qui commence jeudi, est depuis longtemps un moment à ne pas perdre pour le secteur touristique : à Mar del Plata (la plage, la mer), à San Carlos de Bariloche (le chocolat façon suisse, un must à Pâques), à Mendoza ou San Juan (la montagne), dans le grand nord (les grands fleuves et la forêt à l’est ; la gastronomie et les traditions les plus anciennes à l’ouest), les plus belles destinations sortent leurs plus beaux atours avant l’arrivée de la basse saison. Sans oublier Buenos Aires elle-même où pourtant les musées nationaux sont fermés du fait du télétravail imposé au secteur national (1). Il est indispensable que ces activités, ces hôtels, ces campings, ces parcs naturels, etc. survivent à la crise. Le gouvernement a donc annoncé qu’il ne prendrait aucune mesure restrictive contre les déplacements intérieurs mais les faits sont têtus.

"14.014 cas hier en un seul jour :
le chiffre le plus élevé depuis octobre dernier"
En dessous, un photo prise à l'occasion de la prestation
de serment du nouveau ministre de la Justice
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A l’aéroport international de Ezeiza, un très lourd dispositif a été mis en place pour tester systématiquement les voyageurs qui entrent sur le territoire et on a déjà détecté parmi eux quinze cas positifs (ça fait beaucoup de cas-contact en perspective). Un peu partout dans le pays, on a constaté que les variants du Kent (notre « variant anglais »), de Manaus, de Rio de Janeiro et du Chili se transmettaient désormais dans les communautés locales. Comme partout dans le monde, à part les États-Unis, la Grande-Bretagne et Israël dont on sait qu’ils ont imposé leurs exigences aux laboratoires ou négocié avec eux des livraisons prioritaires sans aucune considération pour le reste de l’humanité, la vaccination avance très lentement. On manque de doses sur toutes les marques de vaccins.

Hier, on a enregistré 14 014 cas, soit 24 % des tests effectués sur l’ensemble du territoire. C’est presque autant que ce qui avait été enregistré en quarante-huit heures au Nouvel An (31 décembre-1er janvier).

"Circulation de la souche de Manaus confirmée
Des confinements ciblés sont sur la table"
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Les Argentins s’attendent à de nouvelles mesures dès le lundi de Pâques mais le ministre de l’Éducation compte bien que les écoles pourront rester ouvertes : en 2020, c’est toute l’année scolaire qui s’est déroulé en distanciel et c’est bien entendu une catastrophe sociale. Or on est en année électorale. Personne ne fera de cadeau à personne et tous les arguments sont bons, y compris la pire mauvaise foi.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :



(1) En revanche, le gouvernement de la Ville de Buenos Aires refuse d’appliquer cette règle du télétravail. Par conséquent, son secteur public tourne normalement.

Un multiplex de Belgrano disparaît [Actu]


Le multiplex cinématographique connu sous le nom historique de General Paz, dans le quartier de Belgrano, met la clé sous la porte : ce complexe n’aura pas survécu à la crise sanitaire. La réouverture des cinémas avec jauge ne l’aura pas sauvé. Il n’avait pas pu en bénéficier faute de pouvoir adapter la ventilation de cette architecture ancienne et patrimoniale aux contraintes de la prévention du covid.

Le complexe disposait de six salles pour une capacité totale de 1576 sièges. La seule activité commerciale qui avait repris, c’était la vente de pop-corn à un guichet donnant directement sur la rue… Pas commode à manger, avec un masque sur le visage !

En face, sur le même carrefour, il y a une autre salle qui n’a pas rouvert elle non plus.

Les cinéphiles du quartier ont constitué un groupe sur Facebook pour tenter d’éviter la catastrophe. Reste à savoir s’ils pourront susciter une solution pérenne en cette période d’incertitude.

Le Cine General Paz avait été repris par une famille d’exploitants de La Plata en 2011 : sous son nouveau nom de CinemaCity, la maison avait relancé les projections le Jeudi saint.

C’était il y a donc exactement dix ans.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lundi 29 mars 2021

Hommage à Astor Piazzolla au Congrès [à l’affiche]

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Ce soir, lundi 29 mars 2021, à 19h30 (heure argentine), l’orchestre de chambre du Congrès lance sa saison musicale sur la chaîne Youtube du Sénat.

Ce premier concert 2021 rendra hommage à Astor Piazzolla à l’occasion du centenaire de sa naissance. A la baguette, Sebastiano de Filippi et au bandonéon, Pablo Mainetti.

Le concert est à voir en direct sur différents canaux numériques et plus tard, en replay.

Il aura pour décor l’une des pièces restaurées d’une confitería historique située à un angle de Plaza del Congreso : la splendide confitería del Molino, qui a été rattachée au service du patrimoine national à la fin de la présidence de Cristina Kirchner. Les travaux de restauration touchent enfin à leur fin et l’établissement devrait rouvrir ses portes dès que les circonstances le permettront. Le bâtiment abritera alors un petit centre culturel avec différentes propositions autour du traditionnel salon de thé (confitería) qui était sa fonction originelle.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

Serrage de vis pour contrer la deuxième vague [Actu]

"Le chemin de croix de la deuxième vague",
dit le titre secondaire (en haut à droite)
En gros titre principal, le vote hier par les députés
d'une loi fiscale qui exonère d'impôt sur le revenu
certaines catégories de salariés et de retraités
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Le gouvernement argentin a annoncé hier soir qu’il mettait en télétravail tous les employés de l’État fédéral pour les trois jours ouvrables que compte la semaine sainte dans laquelle nous sommes entrés hier : lundi, mardi et mercredi. Jeudi commence un long week-end de quatre jours, traditionnellement propice au tourisme.

Le gouvernement invite toutes les provinces à prendre le même type de mesure car devant la montée de l’épidémie et le développement de différents variants (brésilien, anglais et chilien, notamment), la pénurie de vaccins (1) ne laisse pas d’alternative pour freiner le mal. Les employés dont les postes exigent un travail présentiel sont exemptés et restent chez eux. Bien entendu, les agents civils et les militaires qui assurent la sécurité des personnes et des bâtiments continueront leurs services.

"A cause de l'augmentation des cas,
on cherche à limiter la circulation
et le télétravail est de retour dans le secteur public",
dit le gros titre
sur une image du springbreak à Miami
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Autre train de mesures : les aéroports ont recalculé tous les vols prévus afin de limiter les flux de passagers à l’arrivée et au départ. Les vols retour depuis diverses destinations ont même été annulés et les Argentins et résidents, partis pour prendre du bon temps notamment en Floride, y sont consignés sine die, sans capacité de prendre un avion vers leur pays.

Aujourd’hui, se tiendra une réunion interministérielle entre la Santé, le Tourisme et les Transports pour mettre au point de nouveaux protocoles afin de ralentir la contagion autant que faire se peut. Le ministre de l'Education, quant à lui, espère que toutes les possibilités de restriction seront examinés avant de fermer à nouveau les écoles, malgré la mort, ces derniers jours, d'un enseignant à Buenos Aires.

Sont considérés comme particulièrement affectées 27 communes (departamentos) du Gran Buenos Aires. Juste en-dessous, viennent la capitale fédérale elle-même et les capitales provinciales de Córdoba dans le centre du pays, Corrientes et Misiones, dans le nord-est.

"Retour du télétravail", dit le gros titre
sous une photo du Premier ministre et de la ministre de la Santé
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C’est dont à nouveau une semaine sainte très bizarre qui commence alors qu’elle marque en général l’arrivée de l’automne et la baisse des températures, donc une vie à l’intérieur au moins de la latitude de Buenos Aires jusqu’à Tierra del Fuego.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :



(1) Le gouvernement multiplie les vols de fret Aerolíneas Argentinas vers Moscou pour rapporter des doses de Sputnik V et depuis peu, l’Argentine bénéficie de livraisons du système Covax, la mutualisation montée vaille que vaille par l’OMS avec l’aide récalcitrante des pays riches. Pour le moment, près de 3 millions d’Argentins ont déjà reçu au moins une dose, soit 6,5 % de la population totale, et un peu plus d’un demi-million a reçu les deux injections (1,5%).

vendredi 26 mars 2021

Adieu à Bertrand Tavernier depuis les rives du Río de la Plata [ici]

Le gros titre est pour l'interdiction d'atterrissage
des avions en provenance du Chili, du Brésil et du Mexique
dans le cadre des nouvelles restrictions sanitaires
Le décès de Bertrand Tavernier est annoncé en haut à gauche
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Le grand cinéaste français a droit à une manchette à la une de deux des quotidiens de droite en Argentine : La Prensa et La Nación.

Curieusement, Página/12, dont il était plus proche idéologiquement, ne dit rien de cette disparition dans le monde du cinéma mais le journal connaît des petites difficultés techniques actuellement sur son site.

Bertrand Tavernier avait plusieurs fois visité l’Argentine, en particulier comme invité du festival international de cinéma de Mar del Plata. Il avait souvent été interviewé par les quotidiens nationaux à ces occasions.

Même choix rédactionnel avec changement de photo principal
Le blocage du canal de Suez remplace Joe Bidden
Quant à Bertrand Tavernier, la rédaction a choisi de ne pas mettre de photo
(en haut à droite)
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En complétant mes recherches à l’aveugle sur le Web, j’ai découvert des articles dans la presse d’autre pays, en particulier dans un quotidien paraguayen.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de La Prensa (qui se trompe sur le prénom du cinéaste dans sa nécrologie en ligne mais ne l’écorche pas sur sa une papier)
lire l’article de La Nación

mercredi 24 mars 2021

Relance de la campagne internationale pour retrouver les mineurs disparus sous la Dictature [Actu]

Aide-nous à te trouver #l'ArgentineTeCherche
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Aujourd’hui, à l’occasion de la commémoration des victimes de la Dictature militaire de 1976, le ministère argentin des Affaires étrangères relance la campagne internationale pour retrouver les enfants en bas âge enlevés à leur famille par la junte militaire.

Les ambassades relaient à nouveau cette quête initiée par l’association Abuelas de Plaza de Mayo après le mandat de Mauricio Macri où la démarche n’avait pas été annulée mais où elle n’était plus accompagnée d’une communication un tant soit peu visible.

Página/12 et La Nación relaient l’information dans leur édition de ce matin.

On a ainsi pu identifier il y a quelques années une femme qui vivait aux Pays-Bas.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire l’article de La Nación
consulter la très riche page consacrée à cette campagne sur le site Internet Ministère des Affaires étrangères argentin (bilingue espagnol/anglais)

Le jour du Souvenir, de la Vérité et de la Justice se décline aussi dans la culture [à l’affiche]

"Tout est gardé dans la mémoire", dit le gros titre
des pages culturelles de Página/12


Comme tous les ans, le 24 mars est l’occasion de proposer un large éventail d’activités culturelles autour de ce qu’il s’est passé historiquement en Argentine pendant les sept ans de la plus sanglante dictature que le pays a connue (et pourtant, il en a subi plusieurs) et autour de la question lancinante des bébés enlevés à leurs familles qui espèrent toujours, près d’un demi-siècle plus tard, les retrouver adultes et vivants.

Cette année, ce qui est remarquable et réconfortant pour la démocratie argentine, surtout en année électorale, La Nación, ancrée à droite, présente dix de ces activités, dont les modalités sont bien entendu adaptées à la crise sanitaire qui secoue la planète.

La télévision publique mobilise toutes ses chaînes toute cette semaine : la chaîne généraliste (TV Pública), la chaîne culturelle (Canal Encuentro), la chaîné consacrée aux enfants (Pakapaka, avec son petit personnage pédagogique, Zamba, qui cette année va planter lui aussi son arbre de la Mémoire) et même DeporTV (la chaîne sportive). Certains programmes seront disponibles sur les réseaux sociaux de chacune des chaînes.

Zamba lui aussi plante son arbre du Souvenir
en ce 24 mars sous régime covid

© Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :
lire l’article général de Página/12 sur l’ensemble des propositions, animées par toutes les associations liées aux victimes de la Dictature
lire l’article de Página/12 sur les programmes télévisés
lire l’article de La Nación sur une sélection de dix propositions, que le quotidien a choisi d’illustrer avec une photo du Centro Cultural Kirchner, que la rédaction semble enfin légitimer y compris sous ce nom...

Quarante-cinq ans après le coup d’État de Videla et consorts [Actu]

"Révélation de preuves sur la manière dont les
militaires ont informé les Etats-Unis du putsch de 76",
dit le gros titre
au-dessus de la photo de Mauricio Macri,
qui se plaint que Cristina Kirchner
voudrait le voir en prison
(comme lui voulait la mettre sous les barreaux, ils sont quitte)
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Aujourd’hui, tous les journaux argentins font mémoire de la terrible dictature qui de 1976 à 1983 a massacré plusieurs milliers d’Argentins sur le sol national. Le chiffre officiel, parfois contesté, est de 30 000 disparus et un demi-millier d’enfants en bas âge arrachés à leurs parents, opposants, démocratiques ou non, au régime. Un État qui avait ratifié la déclaration universelle des droits de l’homme et pris place à l’ONU dès sa fondation cessa de fonctionner selon les principes de l’État de droit, liquidant ses opposants sans leur offrir l’ombre d’un procès.

L’année dernière, le 24 mars est tombé immédiatement après le confinement et le thème a été presque oublié par la presse de droite qui a laissé Página/12 presque seul sur le sujet.

Cette année, il est assez frappant de constater que tous les quotidiens consacrent de nombreux articles à ce triste anniversaire, comme si la nécessité de cette commémoration faisait enfin consensus. Ce n’était pas vrai les années antérieures où Página/12 était seul à développer cette actualité quand les trois autres journaux se contentaient d’un seul article, voire d’un entrefilet. Il est vrai qu’une partie des archives états-uniennes concernant les événements de 1976 viennent d’être déclassifiées et qu’on y découvre la part que les États-Unis ont pris à la préparation et à l’encouragement du coup d’État en sachant parfaitement que le régime qu’il allait instaurer commettrait des crimes à très grande échelle. Ce matin, Clarín met l’info en titre principal de sa une et publie un long article sur ces révélations, tandis que La Nación propose un récit analytique et étonnamment objectif de ce qu’il s’est passé les 23 et 24 mars 1976 : l’article, développé et illustré de photos d’époque, évoque la violence qui régnait alors dans la vie politique et la société argentine et la naïveté de tous les acteurs, dont pas un n’avait vu venir l’atroce répression qui allait s’abattre sur le pays pendant sept longues années. Página/12 propose un supplément gratuit qui fait le point sur ces 45 ans de lutte pour rétablir puis renforcer la démocratie dans le pays.


Pourtant ce consensus reste encore imparfait : La Prensa a choisi d’adopter un ton délibérément insultant avec un éditorial et un billet d’opinion haineux pour dénoncer l’un le « mensonge du 24 mars » et l’autre « l’hypocrisie du 24 M ». Leurs auteurs font mine de croire que l’on fait mémoire aujourd’hui du viol de la démocratie constitutionnelle par un putsch dont personne n’aurait voulu (selon les gauchistes « léninistes » qui auraient imposé au monde entier, et en particulier à nous, en Europe, leur version des événements). Mais le mensonge, c’est sous leur plume qu’on le trouve : aujourd’hui, personne ne se souvient d’un coup d’État. Ce sont des victimes du terrorisme d’État auquel ce putsch a ouvert la voie que l’on se souvient. Cette dernière expression (terrorisme d’État) a été adoptée par la justice argentine (que les auteurs accusent d’être noyautée par la gauche) et que ce journal de la droite catholique réactionnaire (1) vomit sous prétexte que c’est les disparus qui auraient été des terroristes. Or parmi les 30 000 disparus, il y a eu en effet des terroristes mais 1) tous n’en étaient pas, loin de là et 2) dans un État de droit, les terroristes, quelque crime qu’ils aient commis, on les arrête et on les traduit en justice en respectant le droit de la défense. Or c’est précisément ce que ces dictatures militaires sud-américaines des années 70 ont voulu ne pas faire : sous prétexte de lutter contre la subversion, elles ont massacré, délibérément, systématiquement et avec préméditation, leur propre population sur leur propre territoire.


Pourquoi La Prensa prend-elle encore la défense de ce régime infâme si longtemps après sa fin ? Tout simplement pour contester une nouvelle fois le bien-fondé des procès relancés à partir de 2003 contre les bourreaux et défendre la « loi de l’obéissance due » qui permettait, sous Carlos Menem, de disculper les officiers de l’armée et de la police qui avaient pratiqué la torture et volé des enfants alors que les engagements internationaux du pays interdisent d’obéir à des ordres illégitimes. Et non seulement les engagements internationaux de la seconde partie du 20e siècle mais tout simplement l’esprit du père de la Patrie, le général José de San Martín (1778-1850), qui s’est opposé au pouvoir militaire dès lors que l’indépendance était acquise et a clairement théorisé son refus en 1828 lorsque, en pleine reprise de la guerre civile, le gouvernement de Buenos Aires lui a proposé d’assumer le pouvoir pour rétablir l’ordre en décimant l’autre camp…

L'enfant bleu de Miguel Rep plante son arbre du souvenir dans Página/12
l'opération 2021 pour un jour de la Mémoire en format covid
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© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com

Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12
lire l’article de Página/12 sur les archives déclassifiées
lire l’article de Página/12 sur l’utilisation par la droite favorable à la dictature du nom des disparus pour créer des trolls sur les réseaux sociaux
lire le billet d’opinion de La Prensa
lire l’interview de la directrice du Parc de la Mémoire aménagé sur les bords du Río de la Plata donnée à Clarín
lire l’article de Clarín sur les archives déclassifiées
lire l’article de La Nación sur les événements de mars 1976
lire l’article de La Nación sur les archives argentines sur le coup d’État
lire l’article de La Nación sur la formation donnée aux élèves officiers argentins depuis 2011, une formation conçue par l’actuelle ministre de la Sécurité (en Europe, on parlerait de ministre de l’Intérieur).

Ajout du 25 mars 2021 :
lire l'article principal de Página/12 sur l'ensemble des activités qui se sont tenues hier


"Le passé présent"
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(1) En Argentine, il existe un catholicisme engagé dans des démarches politiquement progressistes. Un catholicisme auquel bien souvent les éditorialistes de La Prensa dénient l’orthodoxie.

mardi 23 mars 2021

ARA San Juan : le Conseil de Guerre a la main légère [Actu]

Clarín est le seul à en faire autant à la une
A droite, la photo d'un Macri à moitié endormi
avec son épouse au lit dans le fond
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Le Conseil de Guerre, saisi de l’affaire il y a quarante mois, s’est réuni pour émettre son jugement sur les cinq officiers de la chaîne de commandement qui avait en charge la sécurité en manœuvre du sous-marin ARA San Juan, perdu en Atlantique sud, à quelques encablures de la côte argentine, en novembre 2017 à la suite de toute une série d’erreurs techniques, de malversations économiques et de manquements hiérarchiques et retrouvé un an plus tard, à grands renforts d’aides de toutes sortes qui ont coûté un fric fou, alors qu’il apparaît qu’il avait été localisé quelques jours seulement après la catastrophe. 44 marins ont péri, qui n’ont reçu des honneurs officiels que l’année dernière, à l’initiative du nouveau président qui venait de prendre ses fonctions.

Au centre, les mesures que le gouvernement s'apprête à prendre
pour limiter l'expansion de l'épidémie
En haut, l'affaire de la visioconférence de la droite
En bas, au centre "Sanctions pour le naufrage"

Hier, le Conseil a rendu publique sa proposition de sanctions et elles ne sont pas très lourdes : certes contre le capitaine de vaisseau qui commandait la flotte de sous-marins (trois bâtiments conventionnels plutôt anciens) (1), celui-là même qui a reçu les appels de détresse du bâtiment en difficulté, il propose une destitution pure et dure mais en ce qui concerne son supérieur, l’ancien chef d’état-major de la Marine, l’ex-amiral Marcelo Srur, il ne serait que mis aux arrêts de rigueur pour 45 jours. Ce n’est pas cher payé pour autant de vies perdues, quand bien même la plus lourde des responsabilités serait celle du pouvoir exécutif (ce que doit déterminer l’instruction civile en cours). D’autant que Srur avait plus de galons que de sens de l’honneur : il n’a pas eu la dignité de démissionner de lui-même, le ministre l’y a contraint pour se protéger lui-même un mois après la tragédie et cela s’est traduit de facto par une honteuse (mais matériellement confortable) mise à la retraite.

Ce peu de sévérité du Conseil de guerre fait scandale aujourd’hui dans la presse argentine (même si seul Clarín en fait son gros titre) et il a soulevé le cœur des familles des sous-mariniers disparus qui attendent beaucoup plus de la justice pénale auprès de laquelle elles se sont portées partie civile (2). Leurs avocats souhaitent que ces sanctions proposées et leurs attendus (qui seront publiés vendredi) soient versés au dossier d’instruction comme autant de preuves de la culpabilité de ces chefs militaires bien peu glorieux.

L'info apparaît à droite
C'est le titre au milieu
L'affaire Macri n'apparaît pas en première page
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Les 250 pages d’attendus et de propositions vont maintenant remonter jusqu’au bureau du ministre qui a la compétence pour mettre en œuvre les sanctions suggérées par les amiraux.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :


Au sujet de Mauricio Macri que l'on voit sur les unes et à qui son successeur vient de tailler un costard sur mesure puisqu’à 10 h hier, avec des yeux encore lourds de sommeil, il a branché Zoom, en T-shirt ou en pyjama, pour une visio de travail (en année électorale) avec les ténors de son parti et que Madame apparaît, toujours au lit, à l’arrière-plan (3) :


Mise à jour du 24 mars 2021 :
La Prensa a publié sa une très tard hier et cette une interroge : elle fait mine d'approuver les décisions du conseil de guerre !

"La Marine argentine a appliqué des sanctions sans précédent",
dit le gros titre
au-dessus d'une photo du bureau dirigeant du Partido Justicialista
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Mise à jour du 27 mars 2021 :
lire l'article de Clarín sur la publication des attendus



(1) seulement deux maintenant, dont un seul en service (l’autre est en cale sèche pour entretien).

(2) A cette heure, l’instruction vise trois inculpés, Mauricio Macri, le président en exercice au moment du naufrage, Oscar Aguad, son ministre de la Défense, et Marcelo Srur.
(3) C’est le service communication de Juntos por el cambio, l’organisation politique et électorale qui allie la droite libérale et l’UCR, qui a publié les photos de cette visio. Avec ce genre d’amis, Macri n’a pas besoin d’ennemis !

Encore une disparition patrimoniale : la Puerto Rico a baissé le rideau [Actu]

Photo Federico Imas (pour Clarín)


Clarín est à nouveau seul ce matin à répercuter la nouvelle dans sa version papier : le Bar Notable La Puerto Rico, situé dans le quartier historique de Monserrat, dans la rue Alsina, a mis la clé sous la porte. L’entreprise n’aura pas survécu aux restrictions imposées par la crise sanitaire.

Ce café-salon de thé avait ouvert en 1887 et il avait emménagé dans la rue Alsina il y a près de cent ans, en 1925. Il a baissé le rideau le 31 décembre dernier mais la patronne ne l’a fait savoir que maintenant. La Puerto Rico employait quatorze salariés.

Installé dans ce quartier, l’établissement voyait défiler les touristes autant que les Portègnes qui travaillaient ou vivaient dans le voisinage. La pandémie a fait disparaître le flux touristique et le chiffre d’affaires s’est effondré, malgré la mise en place d’une vente à emporter dont profitaient les gens du quartier.

Photo Maximiliano Faila (pour Clarín)

De grands personnages de la culture s’étaient assis à l’une ou l’autre des 70 tables que comptait cette belle salle historique : Jorge Luis Borges (qui était alors directeur de la Bibliothèque Nationale à quelques pas de là, elle n'avait pas encore déménagé à Recoleta), Enrique Cadícamo, l’auteur du tango Los Mareados et de tant d’autres chefs d’œuvre du genre, l’actrice Niní Marshall qui habitait tout près de là, dans ce qui est aujourd’hui le musée de la Ville (Museo de la Ciudad), face à la basilique San Francisco.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’entrefilet de Página/12 (une mise à jour de son site Internet dans la matinée)
lire l’article de Clarín