vendredi 30 décembre 2022

Après D1OS, O Rei nous quitte [Actu]

Adieu, Eternel
La tristesse est sans fin
Une du principal quotidien sportif argentin
Cliquez sur l'image pour une haute résolution


Depuis plusieurs jours, tout le monde savait que Pelé vivait ses derniers moments. Les rédactions ont eu largement le temps de se préparer.

La une la plus à la hauteur, c'est dire !
"C'est Edson qui est mort.
Pelé lui est éternel" dit le gros titre
Et regardez juste en-dessous : "Bonne nouvelle année"
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Pourtant, au regard de la dimension de cette figure et l’ancienneté de ses exploits sur le terrain, ce matin, on ne peut que constater que la presse argentine tout comme sa voisine uruguayenne font ce qu’on peut taxer de « minimum syndical » !

Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Les unes sont assez peu généreuses pour celui qui a eu une telle influence sur le destin médiatique et le développement de sa discipline !

"Pelé, roi et légende du football", dit le titre second
sous la photo de une
Le gros titre est réservé à la hausse du prix du carburant
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Côté pages intérieures, c’est souvent beaucoup mieux mais il faut souvent aller à la rubrique sport pour trouver enfin ce que tout le monde cherche ce matin, surtout en ce moment où l’actualité se calme entre les deux fêtes et au début des grandes vacances d’été.

En Argentine, c'est la pire une de toutes !
Photo principale et gros titre consacrés une fois encore
à taper sur la Cour suprême et ses décisions partisanes
Cliquez sur l'image pour voir l'hommage à Pelé

Visiblement, d’un côte comme de l’autre du Río de la Plata, l’eau a beau y avoir coulé en abondance depuis cinquante ans, on n’a toujours pas pardonné à Pelé d’avoir fait vivre l’enfer aux deux équipes nationales. Dommage ! Un peu de fair-play aurait fait du bien à tout le monde...

"Pelé, adieu au roi"
La une la plus émouvante en Uruguay
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Peut-être vont-ils se rattraper après les obsèques. Même Miguel Rep n’a pas consacré sa vignette du jour à l’astre disparu dans les pages de Página/12, c’est dire !

Aucun besoin de traduire
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Je vous laisse juges.

Comme en Argentine, le journal de gauche uruguayen
se distingue par la mesquinerie du traitement de l'info
Je vous invite à cliquer sur l'image pour l'élargir
et à vous armer d'une loupe pour trouver l'emplacement
de l'information !

© Denise Anne Clavilier


Et pour une fois, c'est Clarín qui remporte la palme
avec cet article : "Adieu Pelé, tu nous a rendus heureux,
même nous tes adversaires" (tout est dit, non ?)
Et la conclusion :
"Shakespeare est mort et on a continué à aller au théâtre.
Mozart est mort et on a continué à entendre de la musique
Borges est mort et la littérature existe toujours.
Pelé est mort."
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Pour aller plus loin :

lire l’article de une de Olé, le quotidien sportif du groupe Clarín
côté uruguayen
lire l’article de Grupo R multimedio (ex-La República)

jeudi 29 décembre 2022

Père Noël en retard et Rois mages en avance : un nouveau petit-fils sous le sapin [Actu]

"132 fois grands-mères", dit le gros titre
sur cette photo de Estela de Carlotto, la présidente de Abuelas,
tandis que sur l'écran, Juan José écoute
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution

Juan José del Valle Morales avait une dizaine de mois lorsque sa mère, une jeune femme célibataire de 21 ans, militante d’un mouvement ouvriériste révolutionnaire, a été enlevée par les sbires de la dernière dictature militaire. Le bébé a été laissé sur place avec quelques documents. Dans un second temps, il a été adopté frauduleusement.

Depuis douze ans, cet homme cherchait à connaître sa véritable histoire. Il l’a découverte mardi dans le bureau d’un juge fédéral lorsqu’il lui a été confirmé qu’il n’avait aucun lien génétique avec son père adoptif. Depuis plusieurs années, il savait que sa mère avait été assassinée sous le régime militaire.

Hier, il a bien voulu participer depuis chez lui à Tucumán grâce à une connexion en ligne à la conférence de presse traditionnelle que l’association Abuelas de Plaza de Mayo tient à son siège social lors de ces retrouvailles. Il avait avec lui un grand portrait de sa mère dont on a identifié les restes il y a quelques années dans une tombe anonyme dans un cimetière de Tucumán.

On ne sait pas qui est son père et on espère l’apprendre un jour.

L’information fait la une de Página/12 et de lui seul comme d’habitude. Même La Gaceta de Tucumán, le quotidien provincial, n’en parle pas sur sa première page. En revanche, Juan José del Valle Morales, le nom de sa mère qu’il a récupéré après l’audience au palais de justice, a donné deux interviews, une à Página/12 et l’autre à La Gaceta.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mercredi 28 décembre 2022

Maillot magique ! [Actu]

Ce matin, El Niño Rodríguez, l'un des dessinateurs qui exercent son talent dans les pages de Clarín, a publié une vignette muette très drôle. Je vous laisse apprécier...

Cliquez sur l'image pour une haute résolution

mardi 27 décembre 2022

A San Juan, le président de la fédé offre la Coupe à la Difunta Correa [Actu]

Le président dépose la coupe près de la statue
de la grande sainte non canonique
dans ce pauvre petit sanctuaire bazardeux et émouvant
Cliquez sur l'image pour une haute résolution


Le président de la fédération argentine de football, la AFA, El Chiqui Tapia (ci-dessus), accompagné par le champion du monde Ezequiel Palacios, tous deux sanjuaninos, se sont rendus dans la capitale provinciale au pied des Andes pour déposer une reproduction de la Coupe du Monde au sanctuaire de la Difunta Correa.

Une de El Zonda, l'un des quotidiens locaux
à gauche, Palacios, à droite Uñac
"La Coupe est arrivée à la maison", dit le gros titre
Une une entièrement consacrée à l'événement
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

La Difunta fait dans le pays de Cuyo l’objet d’un culte étrange issu d’un puissant syncrétisme entre les croyances précolombiennes locales et le catholicisme arrivé avec les Espagnols. La légende veut que cette femme, la Difunta Correa, soit morte et qu’après son décès, elle ait pu continuer à allaiter son bébé. Il est assez facile d’y voir un culte à une déesse mère très présent dans les Andes.

La Difunta est vénérée dans un grand nombre de petits « calvaires » le long des routes et un peu partout dans la province de San Juan et elle dispose d’un sanctuaire officiel assez stupéfiant pour des Européens. Il est fait de bric et de broc et reçoit un nombre invraisemblable d’intentions de prière en provenance de tout Cuyo et parfois d’au-delà. Avec la Vierge de Luján et d’autres Vierges d’un peu partout en Argentine, la Difunta Correa était présente sur l’autel que les Albicelestes avaient installé dans leur vestiaire dans les stades où ils ont joué au Qatar !

Autel de l'équipe argentine au Qatar
La Difunta est ce gisant vêtu de rouge à la gauche de l'image
La Virgen de Luján est l'image vêtue de bleu et nimbée de rayons de lumière

Cette offrande a été l’occasion d’une énorme fête authentiquement populaire au Parque de Mayo dans la capitale de la province de San Juan, le tout en présence ni plus ni moins du gouverneur, Sergio Uñac lui-même et en personne. Bizarrement cette fois-ci, la présence des politiques n’a gêné ni le footballeur triple étoilé ni le président de la AFA alors que Sergio Uñac appartient, avec certes de menues réserves, à la majorité du président national Alberto Fernández, boycotté mardi dernier par les champions du monde.

Le Parque de Mayo rempli à ras-bords
En bas de l'image à droite, des gens exhibent une banderole
de Posadas, dans Misiones, de l'autre côté du pays !!!
Photo sur deux pages dans El Zonda de ce matin
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

El Chiqui Tapia a fait aussi une conférence de presse en compagnie du gouverneur et il a ensuite été fait Ciudadano Ilustre de la ville de San Juan !

Si la presse nationale, publiée à Buenos Aires, ne parle que très peu de cett fête (alors qu’elle a rendu compte des événements à Rosario et à Mar del Plata), la presse sanjuanina y va, quant à elle, avec un enthousiasme contagieux… Beaucoup de photos, très impressionnantes et parfois même émouvantes, dans les quotidiens sortis ce matin !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 6 janvier 2023 :
Hier, le président de la fédération s'est rendu au sanctuaire de Luján, le Lourdes argentin, pour offrir la Coupe à la Vierge. Un geste de piété plus orthodoxe et surtout beaucoup plus largement partagé en Argentine.


Extrait de Clarín
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

vendredi 23 décembre 2022

Abuelas annonce de nouvelles retrouvailles après trois ans atones [Actu]

"Et maintenant, nous reprenons nos rêves"
Ce gros titre est une citation de Estela de Carlotto
(ci-dessus au centre), la présidente de Abuelas de Plaza de Mayo
En haut, à droite du dessin, le titre secondaire
concernant le conflit qui éclate entre le Gouvernement et la Cour suprême
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution


Hier soir, Abuelas de Plaza de Mayo a tenu une conférence de presse au siège de l’organisation pour annoncer que la justice avait pu identifier la 131e personne recherchée par l’association parmi les 300 à 500 bébés et enfants en bas âge volés à leurs familles sous la dernière dictature militaire.

Il s’agit d’un homme qui n’avait pas ressenti le besoin de se manifester ni auprès de l’association ni auprès des autorités judiciaires pour faire la lumière sur sa naissance. Il y a quelques jours, il a été convoqué par la justice afin de procéder à un prélèvement d’ADN dont l’analyse a établi, le 21 décembre dernier, qu’il était le fils d’un couple de militants persécutés par la Junte militaire et dont on a su qu’il n’y a que quelques années que la femme était enceinte au moment de son arrestation.

Les deux jeunes gens ont disparu. On ignore ce qu’il leur est arrivé. On perd la trace de la future maman dans la prison clandestine de l’ESMA, l’école supérieure de mécanique de la marine, à Palermo, dont le campus abrite maintenant un complexe culturel consacré aux droits de l’homme. On suppose donc que le bébé est né dans la maternité clandestine qui avait été installée dans la prison et où les nouveau-nés étaient séparés de leur mère quelques heures ou quelques minutes après leur naissance.

L’intéressé n’a pas voulu participer à la conférence de presse. On ne sait de lui que les noms de ses parents biologiques, sa ressemblance frappante avec son père et sa profonde émotion lorsqu’il a pu contempler une photo de ses parents dans le cabinet du juge qui lui a communiqué les éléments de son identité de naissance. On sait aussi qu’il a fait les mêmes études littéraires que ses parents dans la même université.

L’année se finit donc en beauté pour les Grands-Mères de la Place de Mai qui n’avaient plus rencontré personne depuis trois ans.

Sans surprise eu égard à l’actualité, seul Página/12 en fait sa une. Les autres titres ont fait le minimum syndical, certains n’ont même pas inclus l’information dans leur édition papier du jour. Il semble bien que les journaux de droite n’aient même envoyé personne à la conférence de presse, se contentant de faire des synthèses entre le communiqué de presse de l’organisation et la reprise de l’information dans les dépêches de différentes agences.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 9 janvier 2022 :

Crise constitutionnelle : le gouvernement rejette une décision de la Cour surpême [Actu]

"Grave conflit institutionnel :
le Gouvernement ne suivra pas l'arrêt de la Cour"
En-dessous, la photo de la réunion du président
et des gouverneurs.
Le président est au centre de la table, côté droit.
En haut, l'accueil fait par sa ville de Mar del Plata
au gardien de but de la Sélection nationale
Cliquez sur l'image pour une haute résolution


En Argentine, il existe un système très complexe de répartition entre les provinces de fonds fédéraux qui contribue à aider les provinces à se développer et à fédéraliser les moyens : le système dit de la coparticipation.

Or dans un arrêt très technique, la Cour suprême argentine vient d’ordonner au gouvernement national de verser à la Ville Autonome de Buenos Aires un supplément de cette coparticipation. Or Buenos Aires est déjà la plus riche des 24 entités fédérées qui composent le pays. C’est celle qui a donc le moins besoin de ces fonds.

"Le Gouvernement se dresse contre la Cour
et ouvre une crise institutionnelle inédite"
En-dessous, la photo d'une partie de football
sauvage qui a bloqué le trafic automobile en plein Buenos Aires
il s'agissait d'une manifestation d'un petit groupe
de militants de la cause sociale
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Hier, le président a donc convoqué en urgence une réunion avec les gouverneurs péronistes, qui se sont joints les uns en présentiel les autres à travers une visio-conférence. Tous chefs d’exécutif des provinces qui ont le plus besoin de ces fonds (les provinces les plus riches sont actuellement gouvernées par la droite libérale).

Il en est ressorti une déclaration solennelle dans laquelle le gouvernement annonce qu’il n’obéira pas à l’arrêt de la Cour suprême parce que celle-ci aurait, selon lui, agi de manière partisane (ce qu’elle fait très souvent, il est vrai), que son arrêt est impossible à exécuter (l’argent n’étant plus disponible puisqu’il a déjà été distribué) et qu’il est rédigé d’une manière incompréhensible (le mode de calcul utilisé est contesté par le gouvernement national). Qui plus est, le gouvernement estime (non sans quelque motif) que cet argent ira alimenter la campagne électorale de Horacio Rodríguez Larreta, le chef de gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires (CABA) qui donne tous les signes de vouloir se présenter à l’élection présidentielle de 2023 contre l’actuel chef d’État dont la popularité est au plus bas mais qui pourrait briguer un second mandat puisque Cristina Kirchner a annoncé urbi et orbi son retrait.

"La concorde a fait long feu :
le Gouvernement désobéit à la Cour"
En-dessous, la fête à Marl del Plata
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Comme il n’existe aucune instance judiciaire au-dessus de la Cour suprême de la Nation et qu’aucun recours n’est plus disponible pour les parties, ce refus du gouvernement est un acte anticonstitutionnel, ce qui n’est pas sans poser de graves questions, quels que soient par ailleurs les arguments juridiques qu’il développe pour justifier sa position.

C’est la première fois qu’un gouvernement démocratique s’oppose ainsi à un arrêt de la Cour suprême. L’année s’achève donc sur une préoccupante lutte à mort entre deux pouvoirs constitutionnels séparés, qui développent, chacun de son côté, deux projets politiques opposés, trahissant ainsi l’un comme l’autre l’esprit et la lettre de la Constitution de 1853.

Le gouvernement demande la révocation des juges de la Cour, une mesure dont il avait plusieurs fois agité la menace devant l’attitude répétée et très peu impartiale de ces quatre magistrats (dont trois ont été nommés par Mauricio Macri), et il réclame l’annulation de l’arrêt. Il va maintenant falloir que le Congrès se prononce, or le gouvernement y a perdu la majorité dont il disposait avant les élections de mi-mandat.

L’affaire fait la une de tous les journaux ce matin.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 qui soutient le gouvernement et combat le caractère partisan de la plupart des prises de position du tribunal suprême du pays
lire l’article de La Prensa, favorable à la Ville de Buenos Aires comme les deux titres qui suivent

Ajout du 26 décembre 2022 :
Le réveillon portant conseil, le président, qui est aussi professeur de droit de métier, accepte de couper la poire en deux. Il payera à la Ville de Buenos Aires la somme définie par la Cour en obligations d’État tout en maintenant ses démarches pour faire invalider cet arrêt et destituer les magistrats. Les magistrats ont en effet pris une mesure de paiement à titre conservatoire qui a été signifiée au gouvernement.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación


Ajout du 27 décembre 2022 :
Comme on pouvait s’y attendre, la Ville Autonome de Buenos Aires refuse les modalités de paiement proposés par le Gouvernement fédéral.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación

jeudi 22 décembre 2022

Un Noël couleur foot grâce à Miguel Rep [Actu]

Hier et ce matin, dans Página/12, le dessinateur de presse Miguel Rep nous a régalés de deux vignettes délectables...

Curieux mélange : l'étoile de Bethléem se transforme
en triple étoile de foot !
Publié hier
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution


Le Père Noël dépassé par les événements !
"Je n'oublierai jamais ces jours-ci en Argentine
Cela fait plaisir de travailler une fois par an
A la fin, c'est moi qui ai reçu les cadeaux
Merci pour le cadeau de ces journées, pour tant d'images
Félicitations, les champions
N'empêche, c'est crevant, mon Dieu..."
Traduction © Denise Anne Clavilier
Publié ce matin
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com

Quinze ans de prison pour Sandoval [Actu]

Arrestation du criminel par la police fédérale argentine
il y a trois ans (photo AFP)


Mario Sandoval, un ancien responsable de la police qui a commis des crimes contre l’humanité sous la dernière dictature militaire, a écopé hier d’une peine de prison de 15 ans ferme.

Après la chute du régime, il avait trouvé refuge en France en mentant sur son passé. Il avait même fini par obtenir la nationalité française.

Après une très longue procédure qui a demandé plusieurs années, la justice argentine avait obtenu de la France son extradition puisque les faits qui lui étaient reprochés étaient antérieurs à sa naturalisation, ce qui avait permis à la cour de Cassation de donner son accord à l’opération alors .

Il avait été ramené en Argentine en décembre 2019 et aussitôt incarcéré en vue de son procès.

Seul Página/12 s’intéresse à son sort. C’est donc le seul quotidien aujourd’hui à rendre compte du résultat de ce procès.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 28 décembre 2022 :
lire l’interview que Sophie Thonon, l’avocate française qui s’est battue pour obtenir la condamnation de Sandoval, a accordée à Página/12

mercredi 21 décembre 2022

La folie, toute la folie, rien que la folie ! [Actu]

Le grand échangeur de l'autoroute du 25 de Mayo
qui permet l'entrée dans Buenos Aires et débouche dans Avenida 9 de Julio
La ville est vue du sud au nord
Au premier plan, les flèches de Notre-Dame de Nueva Pompeya
Photo agence Chine Nouvelle
Cliquez sur l'image pour une haute résolution


Selon les observateurs, plus de 4 millions de personnes se sont agglutinées tout au long du parcours qui devaient mener les champions du monde de football du domaine fédéral jusqu’au centre de Buenos Aires, au pied de l’Obélisque, où ils n’ont pas pu arriver.

Le dessin de Miguel Rep hier dans Página/12
"Adieu VAR.
Adieu pronostics.
Gueule de bois générale !"
Traduction © Denise Anne Clavilier
C'était donc prophétique.
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution

L’autoroute conduisant à la capitale argentine était entièrement occupé par des supporters à pied et passablement excités.

"Rendez au peuple ce qui est au peuple", dit le gros titre
de cette une qui reste la moins spectaculaire de la matinée
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution

L’itinéraire a été jalonné d’incidents, certains très graves comme celui de cet homme tombé d’un des ponts qui traversent l’autoroute alors que le bus passait en-dessous.

"Une réception historique", dit le gros titre
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Le bilan des dégâts matériels, surtout à proximité de l’Obélisque, est considérable : le monument lui-même a été tagué, les panneaux solaires installés par la Ville sur les toits des abris bus ont été cassés par les fans montés dessus pour mieux voir les champions… Quant aux papiers gras jonchant le sol, il est impossible d’en évaluer le nombre. A la fin de la journée, il y a eu des affrontements entre des supporters et les forces de l’ordre.

Aucun besoin de traduire !
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Le chaos était tel dans l’après-midi qu’il a fallu exfiltrer les joueurs par les airs. Ils ont terminé la fête dans des hélicoptères.

Quant au fair-play, il n’était pas à la fête : l’équipe de France a fait les frais des sarcasmes et des injures racistes d’une foule de supporters argentins, sans parler des joueurs qui se sont parfois laissé aller à des gestes qui manquaient pour le moins d’élégance. C’était d’autant plus étrange que le gardien de but argentin avait fait preuve de tact dans les minutes qui ont suivi la fin du match.

La Nación a fait ce matin une pré-une
pour exploiter pleinement cette photo incroyable
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Quant à l’aspect institutionnel, la presse, majoritairement de droite, donne raison aux footballeurs d’avoir snobé le salut des autorités représentant les pouvoirs publics de la République. Quelle conception immature de la démocratie! Incapables de distinguer entre la personne physique et l’institution constitutionnelle et pourtant tous ces joueurs travaillent dans des clubs dans des pays démocratiques, la majeure partie d’entre eux en Europe.

Une du quotidien sportif Olé
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Ce matin, la presse ne savait plus où donner du verbe et de la photo.

Une de l'hebdomadaire people ultra-mondain Hola Argentina
du groupe La Nación (édition de ce matin)
On y voit la compagne de Messi portant la coupe
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12
lire l’article de La Prensa sur la fête elle-même
lire l’article de La Prensa sur les dégâts dans Buenos Aires
lire l’article principal de Clarín
lire l’article principal de La Nación
lire l’article de La Nación sur les dégâts matériels en ville
lire l’article principal de Olé, le quotidien sportif du groupe Clarín

Ajout du 22 décembre 2022 :
Le président Alberto Fernández est sorti de son silence pour rappeler le caractère non-partisan d’une réception officielle des champions du monde au palais présidentiel. Il fallait le dire mais, au regard des tensions politiques qui écartèlent l’Argentine et de l’esprit partisan dont font preuve beaucoup d’acteurs du football en Argentine comme partout ailleurs dans le monde, je doute fort qu’il ait été entendu.

Pour aller plus loin :
lire l’article (qui arrondit les angles) de Página/12
lire l’article de Clarín (au ton nettement plus caustique)

En novembre, le seuil d’indigence a ralenti [Actu]

Synthèse générale du rapport du 20 décembre 2022
Cliquez sur l'image pour une haute résolution


Après la publication des chiffres de l’inflation générale, à 4,6 % en novembre, l’INDEC, l’institut des statistiques argentin, vient de publier les chiffres qui définissent les seuils de pauvreté et d’indigence.

Or ceux-ci ont augmenté moins fortement que l’inflation : le panier alimentaire, qui définit le seuil d’indigence, a connu une hausse mensuelle de 3,1 % tandis que le panier complet (alimentation et services de base) a subi une augmentation de 4,4 %. Il n’en reste pas moins que la hausse cumulée sur les douze derniers mois est bel et bien plus élevée que la variation interannuelle de l’inflation générale dans l’un et l’autre cas.

La mauvaise nouvelle a réussi à trouver sa place dans des quotidiens dont les pages foot sont ce matin particulièrement chargées.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mardi 20 décembre 2022

Humour d’une victoire collective en attendant la presse du surlendemain [Actu]

"Dis... Et maintenant comme on fait pour revenir à la vie normale ?
Aucune idée. Demande-moi dans quelques semaines."
Dessin de El Niño Rodríguez dans Clarín, ce matin
Traduction © Denise Anne Clavilier
Cliquez sur l'image pour une haute résolution


Finalement, le gouvernement a décrété un jour férié pour ce mardi (que huit provinces ne respecteront pas – même dans cette circonstances, les politiques refusent de faire trêve à leurs querelles partisanes). Et les albicelestes viendront bel et bien saluer leurs supporters du côté de l’Obélisque dans la journée. Les champions ont touché terre au cœur de la nuit et se reposent dans le domaine de la fédération nationale de football, la AFA, à deux kilomètres de l’aéroport international de Ezeiza, que leur bus a mis plusieurs heures à atteindre, en fendant la foule des supporters en folie.

Que l'attente est douce, proclame le gros titre
sur cette foule de la 9 de Julio ce matin
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution

Paz et Rudy, à la une de Página/12 ce matin
A gauche : "Le mondial, c'est fini"
A droite : "Oh non ! Ça va recommencer..
L'inflation, le dollar, la guerre des juges, la dette,
les politiciens anti-politique, les assemblées générales,
les séries ennuyeuses, la fracture politique et la chaleur...
Traduction © Denise Anne Clavilier
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

En ville, la avenida 9 de Julio n’a pas désempli depuis dimanche après-midi. Elle est noire de monde à perte de vue. Il doit être à peu près impossible de circuler en voiture à l’intérieur de Buenos Aires puisque cette artère énorme coupe la ville en deux. Des millions d’Argentins sont dans la rue, nuit et jour. Une gigantesque opération de police s’est déployée en ville pour assurer la sécurité de la foule et sa bonne répartition sur le parcours et aux alentours.

Pleine page dans la presse écrite hier
pour cette bière sponsor des Albicelestes
Les deux bracelets-grigri disent :
"Nous éloignons le mauvais œil"
On a en effet beaucoup parlé durant toute la compétition
de la poisse portée à la sélection par telle ou telle personne
Mauricio Macri est l'un de ceux qu'on a accusé d'avoir le mauvais œil
Cliquez sur l'image pour une haute résolution 

"Papa Lionel est arrivé",
à la une du quotidien sportif ce matin
(jeu de mots avec Papa Noel, connu aussi en Argentine)
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

On doute toutefois que l’équipe se rende à la Casa Rosada. La AFA, dont les dirigeants sont de droite, semble peu désireuse d’offrir à ce gouvernement la grâce d’une photo avec les champions et la coupe. Quant aux joueurs, ils auraient eux-mêmes refusé l’invitation. Devant un tel camouflet, on comprend un peu mieux pourquoi Alberto Fernández s’est bien gardé de se rendre à Doha pour soutenir la sélection nationale. Ce beau succès sportif n’améliorera donc nullement la situation politique. Tout au contraire. Aussi le président a-t-il pris les devants et fait publier dans la presse de pleines pages de communication officielle ! En Europe, on peine à imaginer une telle réaction chez des footballeurs qui portent le maillot national. En France, cela ferait sans doute un scandale au Parlement.

Pleine page quadrichromie sur le budget communication
de la présidence argentine, dans la presse papier ce matin
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Même pas besoin de traduire.
Pauvre supporter !
Dessin de Erlich, ce matin, dans Clarín
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Une nouvelle chanson, d’un auteur inconnu, circule dans la foule et elle est passablement émouvante qui plus est. La voilà citée ce matin à la place d’honneur dans l’édition de Página/12 :

En Argentina nací

Tierra del Diego y Lionel
De los pibes de Malvinas, que jamás olvidaré.
No te lo puedo explicar
Porque no vas a entender.
La Final con Alemania, ocho años la lloré
Pero eso se terminó, porque este año en Qatar
La final con los franceses la volvió a ganar papá
¡Muchachos! ahora sólo queda festejar
Ya ganamos la tercera, ya somos campeón mundial!
Y al Diego le decimos que descanse en paz
Con Don Diego y La Tota
¡por toda la eternidad!


Je suis né en Argentine
Terre de Diego et de Lionel
Des mômes des Malouines que je n’oublierai jamais (1)
Je peux pas t’expliquer
tu pourrais pas comprendre.
La finale contre l’Allemagne, j'en ai pleuré pendant huit ans.
Mais c’est fini maintenant, parce que cette année au Qatar
la finale contre les Français, Papa l’a gagnée encore une fois.
Les gars, on n'a plus maintenant qu’à fêter ça.
Ça y est, la troisième, on l'a gagnée, ça y est, nous sommes champions du monde !
Et à Diego, nous disons qu’il peut reposer en paix
avec don Diego et La Tota (2)
pour toute l’éternité.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)


Dessin de Miguel Rep dans Página/12 le 14 décembre,
au lendemain du match Argentine-Croatie
L'artiste fait chevaucher une bête à Bon-Dieu à son Messi
(en Argentine, la bestiole porte bonheur)
Cliquez sur l'image pour une haute résolution
Attention, les Français, la suivante va vous faire mal !
Protégez-vous les yeux...

Hier dans le même journal
Tout commentaire serait superflu


© Denise Anne Clavilier



(1) Allusion aux appelés morts pendant la guerre des Malouines en avril-mai 1982, il y a quarante ans.

(2) Prénom du père et surnom de la mère de Diego Maradona, tels que le grand public les connaissait.