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jeudi 11 septembre 2025

Mileí se prend une claque et en redemande : nouveaux veto présidentiels [Actu]

Même pas la peine de traduire le calembour de Une
Cela se comprend tout seul dès lors que l'on sait
que la photo représente Mileí entouré de ses deux
principaux ministres
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Malgré la sévère défaite électorale qu’il a essuyée dimanche dans la Province de Buenos Aires et qui semble augurer assez mal des élections générales de mi-mandat pour son parti, LLA (La Libertad Avanza), Javier Mileí vient, sur un coin de table et en compagnie de sa sœur, de poser, devant l’objectif, son veto à la loi du financement des universités nationales (en hausse sur l’année précédente pour tenir compte de l’inflation) et à celle qui accorde un surplus de budget à l’hôpital pour enfants de Buenos Aires, el Hospital Garrahan. Dans les deux cas, Mileí considère que ce versement d’argent public constitue une dépense [par définition évitable] et non pas un investissement dans le futur, le développement et la santé du pays !

En haut : "Le président met son veto à l'augmentation
du budget universitaire", dit le gros titre
En bas : "la désinflation ne flanche pas",
à cette réserve près que la consommation est elle
en chute libre, ceci expliquant cela
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Pourtant c’est la semaine dernière, juste avant le scrutin de dimanche, que ces deux lois ont été votées par les deux chambres l’une après l’autre et dans des proportions confortables, afin de rendre nuls et non avenus deux décrets présidentiels qui prétendaient réduire en peau de chagrin le soutien de l’État à ces institutions.

Toujours fidèle à son caractère de tabloïd,
Clarín n'a pas résisté à l'envie de montrer des
photos de l'assassinat hier dans l'Utah
d'un militant MAGA proche de Trump.
En haut : le gros titre porte sur le renouvellement
de la dette à un taux réduit
Il faut aller dans la colonne de droite, au milieu,
pour découvrir un titre portant sur les veto
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Au Congrès, les élus qui ont voté ces deux lois ont aussitôt fait savoir qu’ils s’organisaient pour voter l’annulation de ce double déni de démocratie dès la semaine prochaine. Et c’est ainsi, au milieu du scandale de corruption qui touche sa détestable frangine, des enquêtes qui reprennent de plus belle sur la crypto-monnaie crapuleuse, promue par lui-même, sur ses réseaux sociaux, au détriment d’épargnants désormais ruinés, et des chiffres officiels qui rendent compte d’une baisse continue de la consommation sur plusieurs mois, que le président argentin fait campagne pour les élections qui se tiendront en octobre.

En haut : "Mileí met son veto aux fonds
pour les universités et pour l'hôpital Garrahan"
En bas : la photo d'une adolescente qui a tiré
sur une de ses professeures dans un lycée à Mendoza
Le gouvernement argentin a libéralisé le commerce
et la détention des armes. L'Argentine, ça va bientôt
être le Far-West comme aux Etats-Unis !
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De leur côté, les universitaires ont aussi annoncé la tenue de leur troisième marche fédérale ainsi qu’un mouvement de grève générale et le personnel du Garrahan organise lui aussi sa manifestation en soutien à cet hôpital de pointe qui fait l’envie de tous les pays voisins !

Le cynisme de ce type ne connaît pas de limite ! Et il annonce encore d’autres veto à venir...

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 8 septembre 2025

Une baffe de première pour Javier [Actu]

"La marée", proclame le gros titre ce matin
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Comme, au vu de la dégradation spectaculaire de la situation socio-économique d’une majorité d’Argentins, on pouvait l’imaginer et d’aucuns l’espérait fermement, les élections locales dans la Province de Buenos Aires ont marqué un échec indéniable de LLA, le parti libertarien du président Javier Mileí, et une victoire retentissante de Fuerza patria, l’alliance électorale des péronistes de gauche, tous courants confondus, rassemblés sous l’autorité du gouverneur de la province, Axel Kiciloff, qui fut ministre sous la présidence de Cristina Kirchner.

"Et le grand vainqueur est..." titre La Prensa
comme si ce résultat était celui d'un jeu télévisé
La Prensa est très hostile à Kiciloff.
Visiblement, elle lui préfère la vulgarité et la cruauté
systématiques de Mileí. Or ce quotidien est celui
de la droite catholique réactionnaire et passablement chauvine

Fuerza Patria (Force patrie, Courage Patrie ou Vas-y Patrie) a obtenu près de 50 % des voix tandis que LLA n’en a recueilli qu’un tout petit peu plus que 30 %. L’extrême-gauche arrache elle aussi 5 %, ce qui fait basculer la province majoritairement à gauche, pour une politique sociale de redistribution des richesses entre les habitants du pays.

"Le péronisme a écrasé Mileí, qui doit redéfinir
sa stratégie pour octobre", dit le gros titre
au-dessus d'une photo de Kiciloff après la victoire
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L’écart est si fort que Mileí a été obligé de reconnaître sa défaite, une concession exceptionnelle chez lui, ce qui ne l’a pas empêché de déclarer, tout gonflé de sa suffisance, qu’il continuerait la même politique en en accentuant encore le caractère dérégulateur, anti-social et anti-étatique qui a poussé les électeurs à voter pour les représentants de l’opposition. Entre ces promesses outrecuidantes et les soupçons solidement constitués de corruption qui touchent depuis environ un mois sa sœur, tout à la fois Première dame et principale collaboratrice politique du chef de l’État, il est probable que le président argentin se prépare une nouvelle déroute lors des élections générales de mi-mandat qui se tiendront dans un mois.

"Cruelle défaite du gouvernement face au PJ [les péronistes] :
Mileí confirme son plan économique", dit le gros titre
au-dessus de la photo des deux QG politiques
à gauche : autour de Kiciloff,
à droite : autour de Mileí
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Pourtant, cette fois-ci, les Bonaerenses se sont très peu mobilisés. C’est même la participation la plus faible depuis le retour à la démocratie en 1983 : 60,9 % du corps électoral. Malgré la sévérité de la crise dans laquelle Mileí a plongé le pays, il y a donc sans doute d’une part un peuple de droite qui n’y croit plus et qui sans doute n’apprécie pas l’auto-dissolution de la droite libérale dans le bougli-bougla libertaire d’un Mileí et d’autre part un peuple de gauche qui n’a pas complètement perdu l’espoir de reconquérir la démocratie et de reconstruire un État social qui constitue le rêve de la gauche argentine depuis 1916, date de l’élection du premier président de gauche, Hipólito Yrigoyen, lors de la première élection du président au suffrage universel, établi en 1912.


"Ecrasant", dit le gros titre de l'édition locale
de Página/12
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Mileí s’était efforcé ces trois dernières semaines à transformer ce scrutin en un plébiscite sur sa petite personne, en multipliant les provocations à la violence dans ses prétendus meetings électoraux. Il a perdu. L’épouse de Kiciloff a bien résumé le personnage : « Le président n’a que haine pour mon mari parce qu’il est tout ce qu’il aimerait être sans y parvenir ».

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12 (édition nationale)

Attention : les articles et les Unes ont été publiés très tôt ce matin alors que le dépouillement était encore en cours et les chiffres définitifs toujours inconnus.

vendredi 5 septembre 2025

Le Sénat rejette définitivement le veto de Mileí [Actu]

Jeu de mot habituel en Une de Página/12 :
"Veto à ma loi" (mi ley se prononce comme Mileí)
En haut : les adieux de Messi au maillot albiceleste
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C’est la première fois depuis vingt-deux ans que le Congrès parvient à annuler un veto présidentiel. Il faut pour cela que le rejet obtienne la majorité successivement dans les deux chambres.

En haut, Messi.
En bas : le siège social historique de La Prensa
sur Avenida de Mayo était devenu le siège du ministère
de la Culture de la Ville Autonome de Buenos Aires
qui vient d'en faire un musée
Tout en bas, à gauche, dans un encart jaune : le vote contre le veto
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Hier, le Sénat a confirmé le rejet déjà validé par la Chambre. Le veto mis par Javier Mileí à la loi qui finance le secteur du handicap et l’agence qui s’en occupe est donc invalidé. La loi votée par le Congrès devient applicable malgré l’opposition du chef de l’État.

Ce vote a été obtenu par 63 voix pour, 7 contre sur 72 sénateurs en activité.

En haut : le Sénat a fait gagner l'opposition contre le veto
En bas : Messi
En haut, à droite : Giorgio Armani
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Par ailleurs, le Sénat a voté une nouvelle disposition qui limite les circonstances dans lesquelles le président peut recourir au DNU, décret de nécessité et d’urgence, ce qui correspond en France à l’ordonnance et aux États-Unis à l’executive order, un artifice constitutionnel dont Mileí use et abuse depuis son arrivée au pouvoir, le 10 décembre 2023. Il reste donc à la Chambre des députés à voter la même disposition pour que celle-ci entre en vigueur et pour que le Congrès reprenne ses prérogatives dans le jeu politique organisé par la constitution.

Javier Mileí a appris sa défaite parlementaire à Los Angeles, où il était allé faire de la retape auprès d’éventuels investisseurs pour essayer par tous les moyens de relancer l’économie argentine alors que la campagne électorale touche à sa fin et n’annonce pas des résultats aussi brillants qu’il se l’imaginait. Il a aussitôt refait ses bagages pour rentrer dare-dare à la maison, abandonnant le reste de son programme. D’aucuns en Europe prétendent l’économie argentine florissante (comme cela a été dit et redit hier sur le plateau de la nuit par un quarteron de journalistes pas vraiment progressistes). Dans les faits, elle au 36e dessous, comme le prouvent les foules qui se sont pressées le 7 août autour des sanctuaires de San Cayetano, patron du travail, du pain et du toit, et la fermeture depuis 18 mois de 14 000 boulangeries dans un pays où vivent 46 millions de personnes qui ont besoin de pain tous les jours et où beaucoup de gens n’ont plus les moyens d’en acheter suffisamment pour que les commerces survivent.

En haut : L'opposition a annulé pour la première fois
un veto de Mileí et se dresse contre les DNU
En bas, Messi
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La Province de Buenos Aires vote dimanche sur des scrutins locaux, dont la composition des assemblées législatives de la Province et des municipalités, en avant sur les élections de mi-mandat nationales du mois d’octobre. Des enjeux cruciaux puisque c’est la province la plus peuplée du pays : elle abrite plus d’un tiers de la population nationale, avec plus de 17,5 millions d’habitants.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mardi 2 septembre 2025

Pour faire baisser la fièvre, le mieux ne serait-il pas de casser le thermomètre ? [Actu]

Opération cadena, dit le gros titre
Comme La Nación, Página/12 s'interroge
sur l'opportunité pour le président de se rendre
aux Etats-Unis ces jours-ci pour aller applaudir
le spectacle d'une de ses ex en tournée chez Tonton Donald
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Pour tenter de limiter les conséquences, notamment électorales, du scandale de corruption qui implique actuellement l’entourage le plus proche du président Javier Mileí, sa sœur et son avocat personnel imprudemment nommé par lui à la tête de l’agence du handicap dont il vient d’être révoqué, le gouvernement a obtenu d’un magistrat pour le moins suspect une interdiction de rendre publics les enregistrements audio qui prouvent que des dessous de table ont profité à différentes personnes, dont la sœur du chef de l’État, qui agit depuis toujours comme l’âme damnée de son frère.

Le gouvernement attribue l'audiogate à la Russie
et au Venezuela, dit le gros titre
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De quoi s’agit-il ? De surfacturation par un seul grossiste de médicaments vendus à l’agence et destinés aux handicapés, avec redistribution aux proches du président des sommes ainsi volées à l’État argentin, client du grossiste peu scrupuleux. Cette affaire de corruption a donné lieu à des conversations entre les corrompus. Or elles ont été enregistrées, certaines au sein même du palais présidentiel, ce qui a déclenché une enquête en interne : le président cherche à identifier le traître parmi le personnel de ses services (ce n’est donc pas une infox montée par le Kremlin ou par Caracas comme le président s’efforce de le proclamer depuis cette nuit).

Depuis plusieurs jours, ces documents audio sont publiés au compte-gouttes dans la presse, alors que la campagne de mi-mandat bat son plein et vient d’aboutir à une défaite sévère du camp présidentiel dans la province de Corrientes. Et cela ne s’annonce guère mieux dimanche prochain dans la province de Buenos Aires puis au niveau national en octobre.

L'affaire a droit à un titre secondaire, en haut
à droite : "Décision de justice polémique : elle interdit
de diffuser les audios de Karina Mileí"
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Le juge qui a prononcé l’interdiction est lui-même poursuivi, entre autres, pour des faits de violence contre sa compagne, ce qui devrait lui valoir d’être révoqué du corps des magistrats s’il est reconnu coupable.

Les observateurs, les juristes, les constitutionnalistes, de nombreux élus surtout de l’opposition et bien entendu un grand nombre de journalistes voient dans cette réaction de l’exécutif une violation gravissime de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Un nouveau pas du président vers l’instauration d’un régime autoritaire, pour ne pas parler de dictature.

"Le gouvernement a obtenu une décision judiciaire
pour empêcher la diffusion d'autres audios de Karina Mileí"
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Dans le paysage médiatique argentin, parmi les titres nationaux, on observe ce matin que Clarín évoque à peine l’affaire tant il est occupé par son actualité maison et la grande soirée d’hier au Teatro Colón avec tout le gratin mondain pour les 80 ans de la fondation du quotidien et que La Prensa, qui défend le point de vue de la droite catholique réactionnaire, s’émeut le moins de ces initiatives liberticides. En revanche, Página/12 et La Nación, qui sont à l’opposé idéologique et politique l’un de l’autre, dénoncent les mêmes faits, souvent dans les mêmes termes : opération judiciaire critiquable voire illégale, atteinte à la liberté d’informer, invraisemblance de l’argument officiel pour dénoncer une opération de désinformation de la Russie et du Venezuela (alors qu’on sait que les faux russes sont très faciles à détecter en OSINT, ne serait-ce que par la mauvaise maîtrise de la langue dont les faussaires font preuve) et situation peu crédible, sur les plans personnel et professionnel, du juge ayant pris cette décision.

A suivre…

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 1 septembre 2025

Grosse défaite de Mileí et consorts dans la province de Corrientes [Actu]

"La majorité locale l'a emporté à Corrientes
et le candidat LLA arrive quatrième", dit le gros titre
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De bon augure démocratique pour les élections provinciales de dimanche prochain en province de Buenos Aires puis les élections de mi-mandat au niveau national en octobre !

En haut : "A Corrientes, Mileí à contre-courant",
jeu de mot habituel à ce journal
En titre principal, un nouvel épisode du procès
contre les pieds-nickelés qui ont tenté d'assassiner
Cristina Kirchner (photo) il y a plusieurs années
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La cote du président Mileí baisse à vue d’œil au milieu du désastre économique et social visible dans tout le pays, de la violence verbale et policière et des fortes odeurs de corruption qui émanent de la Casa Rosada depuis l’affaire de la crypto-monnaie qui, promue par le président, a entraîné dans les cinq heures suivantes la faillite de centaines de personnes qui avaient fait confiance aux déclarations publiques de ce chef d’État qui n’en a que le titre mais certainement pas la probité et la compétence attendues.

Corrientes n'a droit qu'à une petite photo du candidat
au poste de gouverneur en train de voter
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Dans la province de Corrientes hier, c’est le candidat radical qui l’a emporté. Les radicaux, une formation née au centre gauche en 1890 et inscrite aujourd’hui dans une droite classique démocratique, dont un certain nombre d’élus ont pris leurs distances avec le président depuis de nombreux mois, remportent la province.

Le gouverneur élu au premier tour n’est autre que le frère du sortant, lequel s’en va avec plusieurs autres responsables de province former une alliance politique pour proposer une nouvelle alternative tant aux libertariens de Mileí qu’aux péronistes qui ont conservé leur cheffe historique, Cristina Kirchner, malgré sa peine d’inéligibilité à vie et d’assignation à résidence pour 8 ans.

"Corrientes : la majorité locale prend 30 points
au PJ [kirchneristes] et LLA arrive quatrième", dit le gros titre
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Les kirchneristes, arrivés en deuxième position avec un pourcentage de voix moitié moindre que le vainqueur, crient au manque de transparence, lequel semble bien avoir existé. Quant au candidat mileiste, il arrive bon quatrième moins de 10 % des voix alors que le kirchneriste a obtenu près de 20 %.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación

vendredi 22 août 2025

L’opposition s’oppose : le Sénat rejette 5 décrets et 2 veto présidentiels [Actu]

Sur fond de photo du Congrès, Página/12 présente
la victoire parlementaire comme un résultat de football
En haut, un nouveau scandale impliquant Mileí
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La Chambre basse s’était déjà prononcé il y a quelques semaines sur un certain nombre de décrets et de veto de Javier Mileí (voir mon article du 7 août dernier). Pour que les lois invalidées par le président retrouvent leur vigueur et que les décrets exécutifs (ce qu’on appellerait des ordonnances en droit français) soient définitivement écartés, il fallait que le Sénat vote.

Hier, jusque tard dans la nuit, la Chambre haute a débattu et voté et le groupe LLA, fidèle à Mileí, s’est retrouvé tout seul, tous les autres votant dans l’autre sens : les gauches, dont les péronistes toujours fidèles à la ligne de Cristina Kirchner, le centre, la droite libérale et les régionalistes.

"Le Sénat, grand bastion de l'immobilisme populiste",
vomit le quotidien de la droite catholique réactionnaire
Financer la recherche et réguler le fonctionnement d'un hôpital
de pointe, c'est "populiste" pour cette rédaction
En bas, la barbarie dont il est question fait référence
à la violence d'un groupe de supporters de foot
qui ont attaqué un carré de supporters chiliens
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Résultats des courses : le budget des universités est remis en selle et la loi qui concernait le grand hôpital pédiatrique Garrahan est désormais validée. Si Mileí respecte la constitution, ce qui n’est pas assuré. Et il faut encore qu’il les signe et qu’elles soient publiées au Bulletin officiel de la République argentine.

Le gros titre et les photos centrales portent
sur le scandale du match de foot qui se termine
en massacre entre des Argentins et des Chiliens
Notre affaire est traitée tout en bas :
"Avec plus de voix qu'attendu, l'opposition au Sénat
renverse cinq veto de Mileí"
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Du côté des décrets, les organismes supprimés devraient ressusciter, si, là encore, le président respecte la constitution. Les principaux organismes régulateurs de l’économie sont remis sur les rails : INTI (industrie), INTA (agriculture), Vialidad (gestion du réseau routier national et sécurité routière) et la Banque de Données génétiques (BNDG), qui permet d’identifier les adultes enlevés à leur famille dans leurs premières années ou à la naissance pendant la dictature militaire des années 1976-1983. Sont aussi remises sur les rails plusieurs institutions culturelles et savantes comme el Instituto Nacional del Teatro (qui soutient les théâtres, les festivals et la création contemporaine), el Instituto Nacional Sanmartiniano, consacré à la mémoire et à la recherche historique sur le général José de San Martín (1778-1850) et dont le siège devait être transformé en un musée inutile et particulièrement mal fichu (vu les dispositions des lieux), ainsi que d’autres instituts d’histoire consacrés à Evita Perón, Juan Manuel de Rosas et Hipólito Yrigoyen. En revanche, le sort de el Instituto Nacional Belgraniano n’a pas fait l’objet d’un débat ni d’un vote et la société savante qu’il abrite continue la construction de son projet alternatif : elle fait les démarches juridiques pour s’instituer en association afin de survivre quelles que soient les décisions que peut prendre l’exécutif national au gré du vent !

Le sort d’autres instituts reste encore à déterminer, comme celui consacré à un pionnier de l’aviation.

"Le Sénat rejette cinq décrets de Mileí
et approuve le financement des universités",
dit le gros titre au-dessus d'une sélection de photos
concernant le drame du stade de foot
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Tout cela rend Javier Mileí furieux. Il aime Donald Trump et il l’imite très bien ! Un vrai gamin incapable de supporter les frustrations… Qui plus est, il semble de plus en plus seul alors que les élections de mi-mandat s’approchent à grands pas.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de La Prensa, très critique du vote des sénateurs, comme elle avait critique celui des députés
lire l’article de Clarín

jeudi 14 août 2025

Devinette politique de Miguel Rep [Humour]

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Le jeu du pendu :
Quel président a pendu l’Argentine ?
Suivent trois devinettes pour trois noms qui commencent pas un M
et comptent le même nombre de lettres.


Réponses : Menem, Macri, Mileí (dans ce sens-là, qui est le sens chronologique, ou dans n’importe quel autre, ça n’a aucune importance). Il s’agit des trois présidents de droite depuis le retour de la démocratie. Les trois ont provoqué des flambées d’inflation. Les trois ont endetté le pays. Les trois ont fragilisé l’État providence et les trois ont prétendu avoir sauvé l’Argentine en la réintégrant dans le monde.

© Denise Anne Clavilier


Miguel Rep est l’un des dessinateurs de presse qui travaillent à Página/12. Cette devinette est la publication de ce jour.

jeudi 7 août 2025

A la Chambre, l’opposition fait son boulot : elle s’oppose [Actu]

"Quand j'entends le mot Université, je sors mes pistolets",
dit le gros titre sur cette image de nouvelles violences policières
En haut à droite, le scandale de la $Libra rebondit !
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Hier, la Chambre a voté contre douze décrets présidentiels qui récemment ont fermé des instituts culturels ou économiques et privé de financement divers autres organismes fédéraux. L’ensemble de l’opposition s’est unie pour l’occasion, de l’extrême gauche aux radicaux, en passant par les kirchneristes et les régionalistes.

Pour plusieurs votes, on a frôlé la majorité qualifiée, celle qu’il est nécessaire d’atteindre pour renverser un veto présidentiel sur une loi déjà votée mais non publiée au bulletin officiel. Jusqu’à présent, l’opposition n’avait pas pu trouver cette majorité qualifiée pour entraver les veto de Javier Mileí. Cette fois-ci, l’espoir est permis.

Les douze décrets présidentiels invalidés hier par la Chambre portaient sur la fermeture et la disparition plusieurs instituts nationaux dépendant du ministère de l’Économie, l’institut agricole couvrant les cultures et l’élevage (INTA), l’institut techno-industriel (INTI), l’institut de la propriété industrielle (INPI), l’institut des exploitations agricoles familiales (les petites exploitations), celui des semences ainsi que la Agencia Canabis, dont l’examen du décret a recueilli 141 voix contre et 65 pour, la disparition de l’organisme directeur du réseau routier et de la Sécurité routière (Vialidad Nacional) par 138 voix contre et 65 voix pour, celle de diverses institutions dépendant du secrétariat d’État à la Culture, dont l’Instituto Nacional del Teatro ainsi que les instituts de recherche historique et mémorielle consacrés entre autres aux généraux et pères de la Patrie San Martín et Belgrano, par 134 voix contre et 68 pour, la réforme, en vue de dégrader ses compétences et de le rendre inopérant, du Banco Nacional de Datos Genéticos, la banque d’ADN qui permet d’identifier les adultes enlevés à leur famille dans l’enfance sous la dictature militaire de 1976-1983, par 133 voix contre et 69 pour, la restriction draconienne du droit de grève rêvée par Mileí et la réforme du régime de la marine marchande par 118 voix contre et 77 pour, la disparition des subventions à la recherche universitaire par 159 voix contre, 75 pour et 5 « courageuses » abstentions et enfin l’élimination des subventions publiques pour l’hôpital Garrahan, un établissement pédiatrique public réputé doté d’un service d’urgence indispensable dans une région très peuplée comme celle de la capitale argentine. Ce dernier décret a été rejeté par 159 voix (contre 67 qui ont voté pour son maintien). Depuis la publication de ce décret, l’hôpital pour enfants était en ébullition : mettre ainsi en péril la santé des plus jeunes et jusqu’à leur survie suscite légitimement un puissant rejet d’une large partie de l’opinion publique.

Pour que ces votes aient force de loi et renversent définitivement les décrets de Mileí, il faut maintenant que le Sénat les invalide lui aussi à la majorité.

"Champions des dépenses", dit le gros titre en bleu
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Par ailleurs, la Chambre a confirmé les conditions de mise en place d’une commission d’enquête sur le scandale $Libra, la monnaie virtuelle que Mileí avait promue à travers ses réseaux sociaux, un vendredi soir, avant que cette crypto s’effondre d’un coup vers minuit, entraînant de juteux profits pour ses promoteurs et quelques autres initiés et la ruine de milliers d’épargnants en Argentine mais aussi dans d’autres pays hispanophones, dont les États-Unis où des Latinos ont mordu à l’hameçon. Les enquêtes sur ce scandale, du côté judiciaire comme du côté journalistique, tant en Argentine qu’aux États-Unis, connaissent d’ailleurs des avancées impressionnantes. C’est ainsi qu’hier, on apprenait que Julián Peh, l’entrepreneur prétendument spécialisé et tout aussi prétendument singapourien que Mileí avait reçu pendant les préparatifs du lancement frauduleux, s’est baladé partout en Argentine sous un faux nom, ce que personne n’avait encore détecté : la justice argentine a en effet reçu de Singapour une réponse négative à ses demandes d’information ; la Ville-État asiatique ne connaît personne parmi ses ressortissants du nom de Julián Peh. Le type pourrait bien en fait s’appeller Baï Qihao. Mileí, ce « brillant » économiste qui se présente comme docteur alors qu’il n’a jamais dépassé le niveau de la licence et qui se décrit volontiers comme le sauveur de l’Amérique latine, et son épouvantable frangine fricotent donc avec des escrocs confirmés !

Enfin, les députés ont rétabli le système de répartition de l’argent fédéral aux provinces que Mileí a menacé de supprimer avant d’annoncer qu’il la réserverait désormais aux seules provinces dont les gouverneurs se soumettent à ses ordres et soutiennent sa politique.

Et pendant que la Chambre votait, le président, reclus dans sa résidence de Olivos, en lointaine banlieue de Buenos Aires, éliminait le secrétariat d’État à l’Industrie et au Commerce, tandis que dans la capitale, la police réprimait les manifestants venus contester les décrets présidentiels débattus au même moment dans l’hémicycle. Balles en caoutchouc et lances à eau sont entrées en action sur la place et dans les rues adjacentes, faisant comme d’habitude des blessés parmi les citoyens et les journalistes venus faire leur travail.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12
lire l’article principal de La Prensa, dont la seule analyse est que les députés sont des vilains qui ne songent qu’à dépenser l’argent public. Pour un journal qui se prétend catholique, quelle honte !
lire l’article principal de Clarín
lire l’article principal de La Nación

mardi 5 août 2025

La semaine de San Cayetano [Actu]

Une de Cash dimanche dernier
avec un Mileí faussement christique
tel qu'il vient de se présenter
devant un think tank d'extrême-droite
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Depuis 1982, le 7 août, un grand pèlerinage, très encadré par les autorités diocésaines, conduit des foules denses un peu partout en Argentine vers les principaux sanctuaires de San Cayetano (pour nous, saint Gaëtan). En Argentine, il est le patron du pain et du travail. Au long des années, le pèlerinage s’est donc transformé en baromètre social puisqu’il rassemble tous les précaires du pays, les chômeurs, les travailleurs laissés pour compte, les retraités auxquels Mileí est en train de retirer le pain de la bouche, les sans-abris aussi, de plus en plus nombreux puisque des gens se font expulser de leur logement.

C’est aussi au cours de cette semaine que la Conférence épiscopale argentine célèbre ses journées de réflexion sociale avec, cette année, des ateliers très fournis en thématiques et en grands témoins.

Ces jours-ci, Página/12 consacre à ce sujet trois articles de fond. Pas les journaux de droite, qui sans doute feront quelques reportages pittoresques le 8 sur les rassemblements religieux de la veille, d’autant que cette année, ils s’accompagneront d’hommages au défunt pape François, qui sut si bien et si fort parler des laissés pour compte du monde capitaliste et du dérèglement économique croissant.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la marche de San Cayetano 2025
lire l’article de Página/12 sur le programme des journées sociales de l’Église
lire l’article de Página/12, dans le supplément économique Cash, sur la planification du chaos qu’est la politique anti-sociale menée par Mileí

48 heures de grève pour défendre la recherche scientifique [Actu]

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Les chercheurs du CONICET, l’équivalent en Argentine du CNRS en France, se mettent en grève pour protester une nouvelle fois contre les pertes abyssales de budget pour la recherche fondamentale et appliquée en Argentine sous le gouvernement Mileí, qui hait tout ce qui relève du savoir et de la culture et qui voit dans ces chapitres budgétaires des dépenses inutiles et parasitaires, alors qu’il s’agit d’investissements dans l’avenir et dans le prestige international du pays.

La femme : Comme ça, "tout marche selon le plan" ?
C'est un vrai désastre, oui !
Mileí : Eh, c'est ça, le plan.
Dessin à la Poutine de Paz et Rudy, le 3 août dernier
Traduction © Denise Anne Clavilier
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Lui qui, comme Trump, prétend vouloir rendre à son pays le rôle de puissance mondiale que, d’après lui, l’Argentine avait au début du 20e siècle. Pure fantaisie de sa part puisqu’il confond puissance politique et économique avec le ratio du produit intérieur brut par tête. Certes, ce ratio PIB par tête était très élevé vers 1900 d’autant que le pays était beaucoup moins peuplé qu’aujourd’hui, mais la répartition très inégalitaire de cette richesse nationale ne profitait qu’à quelques centaines de familles richissimes. Rien à voir donc avec la puissance politique et économique qu’un pays peut exercer, pour de toutes autres raisons d’ailleurs, à l’échelle de la planète. Vers 1900, il y avait deux grandes puissances à l’échelle mondiale, c’était la Grande-Bretagne et la France, qui s’appuyaient sur des empires coloniaux gigantesques et une présence sur tous les continents. Des pays comme l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, l’Empire russe, la Belgique (avec le Congo) et les Pays-Bas (avec une série de possessions dans le Pacifique) venaient derrière. L’Empire ottoman n’en était plus, ni l’Espagne, ni le Portugal, ni la Chine, ni le Japon. Quant aux États-Unis, ils n’existaient même pas encore sur ce type de carte.

Aujourd’hui, c’est surtout Página/12, le quotidien de gauche, qui s’intéresse à cette protestation des scientifiques. Au point d’en faire sa une.

Le gars derrière : T'as vu ? Il y a des scientifiques du Conicet
au fond de l'eau
Le petit devant : Ouais, comme la majorité des Argentins
Dessin des mêmes auteurs, paru hier à la Une de Página/12
Traduction © Denise Anne Clavilier
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Il se trouve que depuis quelques jours, une équipe d’océanographes a mis en ligne un streaming en direct et en couleurs des fonds marins du Mar Argentino, qui longe la côte atlantique du pays. Et ce que les Argentins découvrent au fond de leurs eaux territoriales les émerveille à juste raison. Faune, flore, coraux, minéraux, ce que nous montre la caméra du Conicet jour après jour est à tomber à la renverse. Le streaming fait donc un carton !

Mais l’expression populaire « estar en el fondo del mar » ou « estar bajo el mar » (être au fond de la mer) correspond aussi à notre « être sous l’eau » : les deux expressions décrivent une situation précaire et presque sans issue. Ce avec quoi Daniel Paz et Rudy n’ont pas manqué ces jours-ci de jouer dans leurs vignettes à la une de Página/12.

Demain ou après-demain, on verra bien comment le reste de la presse traite cette manifestation des chercheurs, toutes disciplines confondues. Pour l’heure, c’est l’indifférence partagée.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la manifestation, ses tenants et ses aboutissants
lire l’article de Página/12 reprenant une émission de la 750, la radio du groupe Octubre, sur le même sujet
lire l’article de La Prensa, seul journal de droite aujourd’hui à traiter cette information
lire l’article de La Nación sur l’un des poissons spectaculaires découverts à travers le streaming (il vaut le coup d’œil)
lire l’article de La Nación du 1er août sur la meilleure manière d’accéder au streaming