dimanche 31 juillet 2022

La semaine politique croquée par Clarín [Actu]

C’est peu dire que la rédaction de Clarín s’est régalée à commenter et peut-être à vivre le jeu de massacre dont le gouvernement argentin nous a offert le spectacle désolant tout au long de cette semaine, échouant à faire naître de l’espoir quelque part, sauf dans un syndicat qui s’est félicité de l’arrivée de Sergio Massa, un poids lourd du paysage péroniste, pour renvoyer au vestiaire le poids plume qu’était Silvina Batakis, dépourvue de notoriété nationale comme internationale, éphémère ministre qui a tenu tant bien que mal mais seulement quelques semaines le stratégique ministère de l’Économie, au milieu de la redoutable crise à tiroirs que traverse le pays.

Le festival de rigolade de Clarín a commencé mercredi avec la vignette du dessinateur Erlich, d’une rare cruauté avec Alberto Fernández (cruel mais très drôle, il faut bien l’avouer), au moment où le gouvernement multipliait les brainstormings afin de trouver le moyen de faire revenir des billets vers dans les caisses de l’État où les réserves de devises étrangères se font de plus en plus maigres. Erlich a choisi de faire référence à l’amitié personnelle, de notoriété publique et de longue date, que le président argentin entretient avec le rocker Litto Nebbia, très grand artiste de la musique populaire et auteur-compositeur du premier rock à texte de langue espagnole, La Balsa (le radeau) (1). Dans les années 1960, lorsque la situation politique déprimait tout le monde en Argentine, Litto Nebbia composait cette chanson où il faisait semblant d’adopter les avertissements désabusés des « vieux » à une jeunesse aventureuse, dont il faisait partie et qui brûlait d’envie de secouer la sinistrose ambiante : « Ne te lance pas là-dedans, tu vas te planter ». Les paroles de la chanson développent ces vaticinations sinistres tandis que la mélodie dynamique vient dire l’inverse : « je vais construire un radeau pour partir et avec ce radeau, j’irai faire naufrage ».

"Prêtez-moi des sous. Je rembourse en chansons"
"Avec le dollar j'irai faire naufrage"
Traduction © Denise Anne Clavilier
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Pour apprécier tout le sel de cette vignette, il faut ne pas oublier que le président argentin est un excellent guitariste amateur et qu’il utilise parfois la chanson et sa guitare pour envoyer des messages politiques bien sentis, non sans que sa voix et la manière dont il l’utilise en musique ne rappellent le style de Litto Nebbia lui-même !


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Le surlendemain, la ministre de l’Économie était à Washington dont elle était sur le point de revenir. On savait déjà en Argentine qu’à la Casa Rosada, on n’attendait que son atterrissage à Ezeiza pour annoncer l’arrivée au gouvernement du bel et ambitieux Sergio Massa, qu’on reconnaît ici dans la valise de la ministre aux sourcils froncés.

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Le lendemain, Sergio Massa dûment nommé à son super-ministère qui réduit le Premier ministre à faire de la figuration, Erlich est toujours aussi inspiré. « Miroir, mon beau miroir, qui est le plus beau ? » Et le reflet de Massa répond « Moi » avec la prononciation fréquente chez les gens de sa génération (il prononce « cho » là où les plus âgés disent encore « jo », pour yo, pronom sujet de première personne du singulier).

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Enfin ce matin, nous avons droit à cette vignette où Alberto Fernández, qu’on reconnaît grâce à sa moustache grise, brandit cette pancarte qui dit : « Hey, je suis toujours là ! », pendant que le billet d’humour du jour, signé Alejandro Borensztein, annoncé en une et publié en page 2, clame : « Urgent : Sergio Massa confirmerait Alberto à la présidence ».


Extrait de l'édition imprimée de Clarín ce matin (page 2)
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© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :



(1) La Balsa fait partie du corpus de chansons que j’ai présentées dans le texte original et avec ma traduction en français dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l’Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, Tarabuste Éditions, 2010.

vendredi 29 juillet 2022

Chaises musicales dans l’appareil d’État – Massa super-star [Actu]

Le jeu de mot quotidien est au rendez-vous dans le gros titre
"Les mains à la pâte"
Masa en espagnol, pâte en français
(avec deux s, la prononciation ne change pas)
Le montage photo ne permet pas de savoir exactement
si on est dans une boulangerie ou un atelier de pâtes fraîches !
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Finalement, le président de la Chambre des députés, Sergio Massa, a obtenu le grand ministère de l’Économie qu’il convoitait et qu’il avait raté il y a un mois lorsque Alberto Fernández avait nommé une personnalité politique de second rang mais très liée à Cristina Kirchner, soupçonnée de la lui avoir imposée, Silvina Batakis, qui revenait tout juste d’un séjour à Washington où elle était aller prendre son premier contact avec le FMI et qui est nommée, en lot de consolation, à la tête de Banco Nación, l’établissement commercial de la banque nationale argentine.

"Tentative pour freiner la crise économique
on donne du pouvoir à Massa.
Scioli retourne au Brésil et Batakis est envoyée
au Banco Nación", dit le gros titre
sur cette photo très majestueuse du nouveau super-ministre
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Sergio Massa fera un ministre autrement plus crédible, surtout à l’échelle internationale, que sa malheureuse prédécesseure. Il s’était fait reconnaître comme une personnalité politique d’avenir il y a une grosse quinzaine d’années lorsqu’il était le très efficace et très dynamique maire de Tigre, une petite ville résidentielle de la banlieue nord et verte de Buenos Aires. Il avait ensuite été, brièvement, Premier ministre de Cristina Kirchner avant de naviguer à vue et de se présenter à plusieurs charges, souvent sans succès. Aux élections générales de 2019, il avait été élu député national et occupait jusqu’à hier le perchoir argentin. Il faut maintenant lui trouver un ou une remplaçant(e) à la Chambre. Hier, il a reçu sous son autorité le ministère de l'Economie, celui des Finances, celui de l'Agriculture, celui de la Production ainsi que les secrétariats d'Etat au Commerce (intérieur et extérieur).

"Il joue son va-tout", dit lee gros titre
On peut aussi traduire "C'est tout ou rien"
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Daniel Scioli, un ancien gouverneur de la Province de Buenos Aires qui n’a pas supporté l’idée d’être placé sous son autorité, repart au Brésil comme ambassadeur, poste qu’il venait de quitter pour devenir ministre (vous suivez ?). Et il en va ainsi d’un bon nombre de personnalités qui sautent et se recasent tant bien que mal ailleurs.

Tout en haut, la galerie des personnalités mutuées
En bas : "Virage politique : Massa prend tout le contrôle
du secteur économique", dit le gros titre
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Cette nomination était dans l’air depuis plusieurs jours. Elle ne surprend donc personne et occupe ce matin entre le tiers et la moitié des éditions imprimées des quotidiens. Le super-ministère monté à la mesure des ambitions de son titulaire en fait aujourd’hui un ministre plus important de fait que le Premier ministre lui-même (jefe de gabinete) qui reste pourtant en place.

Le ministre des Affaires étrangères, Santiago Cafiero, qui s’est fait une place au soleil dans les relations diplomatiques, garde lui aussi son maroquin, comme ses collègues de la Défense, de la Justice, de la Culture, de l’Éducation, de la Recherche, du Tourisme et du Sport.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 31 juillet 2022 :
lire ce (long) billet d’humour publié ce matin par Clarín où le chroniqueur, Alejandro Borensztein, renverse la situation et s’amuse à faire confirmer Alberto Fernández comme président par son nouveau super-ministre, Sergio Massa. Le journal trouve la plaisanterie si drôle (et elle l’est) qu’il l’a annoncée à la une du jour.

jeudi 28 juillet 2022

En Piaf, Elena Roger fait un tabac à Buenos Aires [à l’affiche]

"Elena Roger, plus que brillante dans Piaf"
Extrait de Clarín (édition imprimée) ce matin
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Hier, le Liceo de Buenos Aires rouvrait donc ses portes, après travaux, pour fêter son 150e anniversaire. Le tout Buenos Aires s’est pressé au spectacle, une évocation anglophone d’Édith Piaf adaptée pour l’Argentine avec dans le rôle-titre une Elena Roger qui a fait forte impression.

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Elena Roger en une de Cultura & Espectáculos ce matin
Avec un titre en français, en prime
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Ce matin, la presse quotidienne est pleine d’éloges pour l’interprète qui parvient à faire revivre un coin de Paris à deux pas de Plaza de Congreso. Le spectacle doit durer encore douze semaines. Les premières représentations se donnent à guichets fermés.

En haut, la perspective d'une entrée imminent du président
de la Chambre des Députés, Sergio Massa (à droite),
au gouvernement (en face, l'actuelle ministre de l'Economie)
En bas, François dans son pèlerinage canadien
A gauche, Elena Roger
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Plusieurs titres placent l’info à leur une générale ou à celle de leurs pages culturelles. Página/12 fait les deux !

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© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12, une interview de l’artiste
lire l’article de La Prensa, autre interview de la comédienne
lire l’article de Clarín (vraiment très emballé !)
lire l’article de La Nación qui conclut deux pages et demie de son édition papier consacrées à cette première pleine de VIPs qui ont défilé devant l’affiche du spectacle pour poser devant les objectifs avant de gagner leur place dans la salle.

Ajout du 30 juillet 2022 :
lire cet article de El Planeta Urbano, le mensuel culturel de Página/12, qui interviewe Natalia Oreiro sur plusieurs colonnes et lui consacre sa une.

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L’affaire Bambersky en une de Cultura y Espectáculos [à l’affiche]

"L'assassin de ma fille"
La justice tu poursuivras, dit le gros titre


Netflix propose en ce moment en Argentine un documentaire sur l’affaire Bambersky, du nom de cette jeune fille violée puis assassinée en juillet 1982 par son beau-père, un médecin allemand au long parcours criminel, que le père de l’adolescente rechercha pendant des décennies avant de parvenir à le livrer à la justice française, de la plus rocambolesque des manières, pour un procès qui aboutit en fin de compte à une lourde peine de prison.

Monsieur André Bambersky, le père justicier de Kalinka, faisait hier la une du supplément culturel quotidien de Página/12, le lieu où on l’attendait sans doute le moins. Le quotidien de gauche est en effet peu porté sur le fait divers. Pourtant, il consacrait hier un longue article à la quête de ce père et aux invraisemblables rebondissements du dossier judiciaire à cheval entre la France et l’Allemagne, dont les tribunaux semblent avoir été fort peu lucides dans ce dossier.

Sur la une de Cultura & Espectáculos (ci-dessus), André Bambersky pose avec le portrait de sa fille disparue.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mercredi 27 juillet 2022

Lacalle Pou et Zelensky ont eu un entretien téléphonique [Actu]

Extrait de l'édition du jour de Grupo Multimedio Digital
"Lacalle Pou offre à Zelensky de collaborer"
[pour en finir une bonne fois pour toutes avec cette agression]
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Comme ce fut le cas il y a quelques semaines pour les coups de fil échangés entre Volodymyr Zelensky et d’une part Gabriel Boric, son homologue chilien, et d’autre part, Alberto Fernández, président argentin qui rentrait tout juste d’un sommet du G7 où il avait pu entendre le président de l’Ukraine, invité en visioconférence, Montevideo et Kiyv se sont entretenues au téléphone hier matin (heure uruguayenne).

Dépêche Ukrinform
(c'est moi qui souligne les titre et nom du président uruguayen)
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Luis Lacalle Pou, président de l’Uruguay, tentait ainsi de réparer l’affront que le Mercosur a récemment infligé à Zelenski en lui refusant la possibilité de s’exprimer lors du sommet des chefs d’État, qui s’est tenu la semaine dernière. Bolsonaro, aligné en tout point sur Poutine, ne voulait à aucun prix d’une telle allocution et Alberto Fernández, fragilisé par la situation économique de son pays, la perte d’un ministre des Finances internationalement respecté et l’hostilité aussi manifeste que féroce de sa vice-présidente, elle aussi passablement poutinienne, n’a pas pesé en faveur de cette intervention, laissant seuls les deux pays favorables, les plus petits du Mercosur, l’Uruguay et le Paraguay.

Une de El País hier
avec un bandeau pour annoncer le contact
diplomatique tout en haut
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Hier, la presse uruguayenne annonçait un peu partout que l’appel était à l’agenda de la journée. L’info était même à la une de deux quotidiens : l’un libéral, El País, l’autre de gauche anti-impérialiste (USA) mais pro-russe, Grupo Multimedio Digital (ex-La República). Il était alors question d’une visioconférence mais finalement, les deux chefs d’État se seront parlé sans se voir.

Une de Diario La R/Grupo Multimedio Digital
L'information est traitée en haut à droite

Comme pour ce qu’il s’est passé avec Boric et Fernández, les retours publics sont des plus ténus. Rien sur le site Internet de la présidence ukrainienne qui se contente d’un double tweet, en anglais et en ukrainien, à consulter sur le compte de Volodymyr Zelenski. Rien non plus sur le site Internet de l’agence de presse nationale, Ukrinform, du moins en anglais, les pages probablement les plus consultées à l’échelle internationale. Dans les pages rédigées en ukrainien et celles en espagnol, on trouve néanmoins les dépêches ad hoc (liens en pied d’article). Il faut dire qu’avant-hier, comme cela s’était déjà produit lors des échanges avec les mandataires de l’Argentine et du Chili, Volodymyr Zelenski venait d’accueillir en chair et en os un autre président, en l’occurrence le guatémaltèque, premier chef d’État latino-américain à se rendre en Ukraine. Un déplacement qui vient juste après la visite de la vice-présidente uruguayenne à Kyiv à la mi-juillet (1) et la participation samedi dernier de la première dame du Belize à une rencontre (2) des Premières dames et Premiers gentlemen pour l’Ukraine organisée et présidée par Olena Zelenska (3). Hier, la communication slave avait donc choisi le Guatemala pour remplir l’espace du site présidentiel réservé aux activités diplomatiques.

Copie d'écran du tweet de Lacalle Pou
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Du côté uruguayen, rien ce matin sur les unes. Les rédactions ont privilégié le dernier rebondissement dans la carrière de Luis Suárez ! L’attaquant vedette allait-il, oui ou non, rejoindre la sélection nationale pour défendre l’honneur du pays au Qatar ? Réponse ce matin : c’est oui ! Il faut donc se rendre sur le site Internet de la présidence pour y trouver quelques lignes succinctes agrémentées d’un lien vers un communiqué de presse fourni en pdf et rédigé en langue de bois diplomatique pur caroubier, le tout accompagné d’un petit tweet en espagnol, sans mention du nom du correspondant ni renvoi vers son compte, le tout illustré d’une GRANDE photo institutionnelle de... Luis Lacalle Pou pendu au téléphone dans son bureau présidentiel ! Le tweet de Zelensky est plus élégant et plus courtois.


Compte Twitter de Volodymyr Zelensky
En haut, le tweet en anglais à grand renfort de petits drapeaux
pour respecter le nombre de signes en en disant beaucoup plus
En bas, en ukrainien : les mots sont écrits en toutes lettres
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Il est probable que le président uruguayen se sente en ce moment comme pris entre le marteau et l’enclume. Impossible en effet pour cet ultra-libéral à penchant pro-USA de ne pas condamner l’agression russe contre l’Ukraine et le mépris de tous les traités internationaux que Poutine manifeste à la face du monde. De l’autre côté, Lacalle Pou met en ce moment la dernière main à un traité de libre-échange de son petit pays de 4 millions d’habitants avec la République populaire de Chine (1 milliard et des poussières). Un traité pour lui tout seul. Pas question de partager avec les copains du Mercosur, au grand dam de ceux-ci qui voudraient bien qu’il fasse bourse commune avec eux. Dans ces conditions, bien sûr, Kyiv n’est pas le dossier posé au-dessus de la pile !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

accéder au communiqué officiel en pdf (et en caroubier massif)



(1) Beatriz Argimón faisait partie d’une délégation de l’Union interparlementaire mondiale (UIP), venue visiter les deux pays belligérants pour tâcher d’établir des relations entre la Rada et la Douma en vue de faciliter le retour à la paix… Des fans de Mission impossible, sans doute !

(2) Très dynamique et vivant, ce sommet ! Et sur place, la salle était pleine. Plusieurs personnalités s’étaient déplacées jusqu’à Kyiv malgré les difficultés du voyage... L’ordre du jour couvrait une grande variété de sujets touchant à la très complexe « (re)construction de l’Ukraine » (la parenthèse appartient à l’autorité invitante). Brigitte a participé, en visio. Jill Biden aussi.
(3) Sommet auquel les Premières dames argentine et chilienne n’ont pas pris part (je dis « Première dame » par facilité, tout en connaissant l’opposition formelle de Madame Boric qui, en fervente féministe, rejette ce titre). La Première dame uruguayenne ne pouvait pas en être. Il n’y en a plus. Le président est en plein divorce.

mardi 26 juillet 2022

Il était 20h25, le 26 juillet 1952 [Actu]

"Aventures de l'immortalité", dit le gros titre
sur cette image poignante du cercueil fermé de Evita
au cours de la veillée funèbre
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Le 26 juillet 1952, en fin de journée, Eva Duarte de Perón rendait son dernier souffle, vaincue par un cancer du col de l’utérus, une maladie incurable il y a 70 ans. Cet anniversaire est salué par une multitude de manifestations publiques de toutes sortes : spectacles, conférences, documentaire à la télévision, feuilleton inédit sur une plateforme de VOD, minutes de silence, fleurissement de monuments et de plaques commémoratives, expositions ad hoc et même une marche aux flambeaux ce soir.

Dans Clarín ce matin
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La presse écrite, même la plus traditionnellement anti-péroniste, ainsi que les médias audiovisuels sont remplis à ras-bord de cette commémoration, malgré le voyage du pape François au Canada qui vole souvent la vedette à Evita sur les unes puisqu’il y porte la somptueuse coiffe de plumes que les peuples premiers lui ont offerte hier en remerciement de sa démarche pénitentielle au sujet des crimes commis à leur égard par l’État canadien. Sans oublier une médaille d’or argentine en saut à la perche au championnat mondial d’athlétisme aux États-Unis.

Première page du supplément culturel quotidien
de Página/12 de ce matin
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Eva Duarte, qui s’était fait connaître comme actrice, notamment de théâtre radiophonique, se révéla, aux côtés de son mari épousé à la cathédrale de La Plata en 1946, le président Juan Domingo Perón, démocratiquement élu quelques semaines plus tard, une ardente et efficace militante féministe et sociale qui implanta des changements profonds dans la société argentine (droit de vote des femmes, partage de la responsabilité parentale entre les deux parents, embryon d’État-providence, etc.), toutes conquêtes que le coup d’État de 1955 contre Perón tenta d’abolir et d’enterrer à jamais mais qui refirent néanmoins surface plus tard et qui fleurissent aujourd’hui dans les mouvements comme Ni una menos (contre le féminicide) ou la militance pour la légalité de l’IVG.

En haut, titre principal sur la visite au FMI
de la nouvelle ministre de l'Economie
En dessous, François
A gauche, une buste de Evita
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Lorsqu’elle mourut, la jeune femme à la chevelure blonde et rayonnante n’avait que 33 ans.

Dans La Nación, édition papier, de ce matin
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Ses obsèques donnèrent lieu à la manifestation de deuil populaire la plus spectaculaire de l’histoire argentine, au point que dès le lendemain, son corps fut confié à un embaumeur espagnol puis exposé, quelque temps plus tard, dans un cercueil de verre au siège de CGT jusqu’à sa disparition après le coup d’État de septembre 1955.

Le gros titre commente la visite de la ministre de l'Economie
au FMI : "Avec des amis comme ça...", se plaint le journal de gauche
En haut, à droite, une manchette sur Evita
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Evita repose aujourd’hui au cimetière de Recoleta dans une tombe qui est toujours fleurie et devant laquelle pèlerins et curieux se succèdent sans fin.

Première des 3 pages consacrées au feuilleton
par la revue Ñ
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© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire dans Página/12 l’interview de l’acteur qui interprète le rôle de médecin embaumeur espagnol
lire dans Página/12 l’interview de celui qui joue l’officier qui retira le corps de la chapelle ardente installée depuis trois ans au cœur du siège de la GCT
lire l’article de Página/12 sur le destin de ce personnage historique au cinéma
lire l’article d’hier dans Clarín sur Santa Evita, le feuilleton disponible dès ce soir sur une plateforme du groupe Disney
lire l’article de samedi dans le magazine culturel hebdomadaire du groupe Clarín, Revista Ñ, sur le feuilleton et le sort du corps de la défunte
lire l’article d’aujourd’hui dans Clarín sur le documentaire que s’apprête à diffuser ce soir la télévision publique argentine : un reportage du grand cinéaste argentin, Luis César Amadori, que l’on a récemment retrouvé (le film était réputé perdu depuis le coup d’État de 1955)
lire l’article de La Nación sur les manifestations qui marquent tout au long de la journée le souvenir de la dame
lire l’article de El País, grand quotidien de Montevideo, qui s’intéresse au feuilleton puisque le rôle-titre est tenu par l’actrice uruguayenne Natalia Oreiro.

Ajout du 27 juillet 2022 :
La presse se fait l’écho ce matin des nombreuses manifestations de toutes sortes qui ont eu lieu tout au long de la journée d’hier, dont la présentation publique très bling-bling de
Santa Evita au Teatro Colón (rien que ça ! Avec, s’il vous plaît, plus de 1800 personnalités argentines et étrangères, dont toutes les vedettes du show-biz portègne).

Pour aller plus loin :
écouter l’interview que l’actrice Natalia Oreiro a donnée à AM 750, la radio généraliste du groupe Octubre (via l’article de Página/12) – l’interview est téléchargeable gratuitement
lire le reportage abondamment illustré de La Nación sur la soirée chic au Teatro Colón
lire l’analyse de La Nación sur l’adaptation cinématographique du roman Santa Evita et les libertés que le scénariste y a prises avec l’histoire
lire l’analyse de Página/12 sur le même thème

En ce jour anniversaire, Adriana Varela rend hommage à Osvaldo Pugliese sur Radio Malena [à l’affiche]


Osvaldo Pugliese est décédé en 1995, le 26 juillet, après une brève maladie contre laquelle il avait lutté en vain. Le grand musicien, l’un des meilleurs compositeurs de la deuxième génération des tangueros professionnels, a laissé un important répertoire aujourd’hui pleinement consacré.

Il était donc normal que Radio Malena, la radio du tango du Grupo Octubre, lui rend hommage en ce jour particulier.

Géant du Tango, de Adriana Varela
Une nouvelle émission toutes les semaines
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C’est ce que fait la chanteuse Adriana Varela avec une longue émission qui peut s’écouter en ligne et se télécharger gratuitement depuis le site de la radio.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 (le quotidien du Grupo Octubre)