vendredi 30 novembre 2018

Un message à Macron ? Peut-être ! Après tout, il est à Buenos Aires [Actu]

A Macron ou à toutes les autorités du G20 présentes à Buenos Aires… mais, bon, quand on connaît la situation des gilets jaunes en France (et en Belgique, où c’est le même remue-ménage, avec les mêmes slogans contre le gouvernement Michel), on a vraiment l’impression que le dessinateur et peintre argentin (de gauche et de presse) Miguel Rep (Página/12), nous parle, à nous.


Pour quand la révolution est possible, ECOUTER L’AUTRE
Traduction © Denise Anne Clavilier

Miguel Rep vient d'être nommé ambassadeur de bonne volonté par l'Unicef pour promouvoir les droits des enfants.

Faire jouer la Libertadores au Bernabéu : l’humiliation suprême Actu]

Une du quotidien sportif argentin Olé
"P... de m... Finale à Madrid"
Dans le développement de son gros titre
le quotidien fait en toutes lettres l'interprétation historico-symbolique :
"La Conmebol a décidé que River et Boca joueraient la Coupe
(Conquistadores ?) sur le terrain du Real Madrid,
avec des suporters des deux équipes. Un échec de l'Argentine"

La Conmebol, la fédération sud-américaine du football, a rendu son verdict : le match retour de la finale de la Copa Libertadores se jouera le dimanche 9 décembre, à 19h30 (heure locale), à Madrid, au stade Sebastián Bernabéu, entre les deux équipes argentines, dont la fédération a jugé que leur pays était incapable d’assurer la sécurité de la rencontre… Peut-on infliger plus cinglante humiliation aux Argentins qui continuent à vibrer comme un seul homme aux enjeux de décolonisation économique et culturelle, deux cents ans après avoir déclaré son indépendance de l’Espagne, de son roi et de toutes les autres puissances étrangères ? Comble de l’humiliation, cette décision tombe en plein milieu de la rencontre au sommet du G20, devant une bonne partie de l’Europe et en présence de pays émergents eux aussi décolonisés, comme le Brésil et l’Afrique du Sud !

En bas : "un châtiment mérité", dit le second gros titre
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Même le président Mauricio Macri, pourtant assez peu doué pour défendre l’orgueilleuse susceptibilité indépendantiste de son pays, a piqué une colère noire en plein G20 contre cette décision des instances footeuses, qu’il connaît bien puisque il a été pendant des années le président du Boca Juniors (c’était avant qu’il se lance dans la politique partisane et qu’il pose sa candidature au parlement puis à des charges exécutives).

En haut en manchette : le grand duel sera à Madrid
En espagnol, duelo veut dire "duel" mais aussi "douleur morale", "deuil"
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Et El Diez, D10S, Diego Maradona, s'est fendu d'une bordée d'injures à l'attention des dirigeants de son sport et de son métier.

Par ailleurs, la Conmebol contingente la capacité de représentation des deux clubs concurrents et sanctionne (ce qui est juste, au regard de la jurisprudence ordinaire de la FIFA) le club de River Plate, dont les supporters (ou supposés tels) sont à l’origine des émeutes qui ont empêché que le match se joue au Monumental.

Chaque équipe ne pourra envoyer en Espagne que 70 personnes en tout et pour tout, toutes catégories comprises (présidence du club, techniciens, soigneurs, médecins et joueurs, qui devront supporter la différence thermique entre le début d'été plutôt chaud de Buenos Aires et l'hiver glacial du plateau continental où est plantée la capitale espagnole). La fédération argentine ne pourra envoyer que 20 représentants (pour une finale du la Libertadores, c’est peu).

En manchette, en haut, sur toute la largeur
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River Club est condamné à une amende de 400.000 dollars US et à deux matchs de compétition officielle à huis clos.

Aucun des deux clubs n’est satisfait de cette décision. Boca Juniors ira jouer mais a rendu publique son intention de faire appel.

Et que dire des supporters qui devront débourser des sommes considérables pour prendre l’avion sans délai pour se rendre à Madrid, où ni le logement ni le stade ne sont gratuits !

Pour en savoir plus :
lire l’article de La Prensa (qui estime la sanction méritée)
lire l’article de La Nación sur l’échec du football argentin
lire l’article de La Nación sur la patriotique colère du président Macri pendant la réception officielle du G20.

Ajout du 2 décembre 2018 :
lire cette analyse de Página/12 qui enfonce le clou en parlant de la Coupe des Conquistadors d'Amérique à Madrid. Il faut avouer que le choix est vraiment suffoquant de la part d'une instance qui siège à Asunción !
lire cet article de La Prensa sur le recours judiciaire interposé par River Plate contre le transfert de la rencontre à Madrid. Le club se dit gravement offensé. Et avec juste raison, même si ce sont des personnes portant ses couleurs qui sont à l'origine de cette décision ;
lire cet article de Clarín pour qui, malgré tous les recours de la terre, le transfert est irrévocable et les places du Bernabéu sont déjà en vente
lire cet article de La Nación qui, depuis Madrid, montre que les madrilènes sont assez peu enthousiastes à l'idée de recevoir la rencontre sportive portègne dans leur ville

Ajout du 4 décembre 2018 :
lire cet article de Página/12 sur l'appui apporté désormais par Mauricio Macri au dépaysement du match, à la suite d'une agression qu'a subie Gianni Infantino, le président de la FIFA, au salon de thé du stade Monumental (il s'est fait cracher dessus). Mauricio Macri aurait argumenté que ce crachat était pire que le jet de projectiles (subi par le bus de son ancienne équipe, Boca Juniors).

Ajout du 5 décembre 2018 :
lire cet article de La Prensa sur les deux vols que Aerolineas Argentinas, la compagnie nationale toujours publique, affrète entre Buenos Aires et Madrid pour emmener les supporters.

Affaire Maldonado : un non-lieu pour clore le dossier [Actu]

Une de Página/12 avec en photo l'un des petits autels populaires
montés dans la rue pendant l'hiver 2017
En haut, la finale de la Copa Libertadores
avec un rappel du discours de Mauricio Macri le 9 juillet 2016
bicentenaire de la déclaration d'indépendance
où le quotidien d'opposition avait fait de grossières contre-interprétations
de propos beaucoup plus nuancés que ce que les journalistes de gauche ont voulu entendre

L'affaire Santiago Maldonado est celle qui s'attache à un jeune artisan mapuche qui a été porté disparu pendant de longs mois après l'évacuation musclée d'un domaine occupé par un groupe d'activistes amérindiens ou qui se réclament tels en Patagonie. On a ensuite retrouvé le corps au fond d'un cours d'eau, un corps sans blessure, qui indiquerait que le jeune homme s'est noyé accidentellement. La famille, chauffée à blanc par l'opposition, et les organisations de victimes de la dernière dictature militaire sont persuadées que les forces de l'ordre portent la responsabilité de cette mort et soupçonnent le gouvernement d'y être pour quelque chose.

Or le juge d'instruction vient de clore le dossier en publiant une ordonnance de non lieu, ce qui revient à valider l'hypothèse de l'accident dont les forces de l'ordre ne peuvent être tenues pour responsables (il semble que le jeune homme ait traversé la rivière glacée, en août, donc en plein hiver, qu'il ait glissé et qu'il n'ait pas pu se relever). Cette mort ne correspond pas à un crime d’État comme l’opposition aimerait le faire reconnaître.

En une, ce matin, Página/12 tonne qu'on assassine une seconde fois le jeune homme et se fait l'écho, en plusieurs articles, de la colère de la famille et des associations. Les autres quotidiens sont plus sereins, même s’ils ont mis l’information en une, mais de façon beaucoup plus discrète.

Pendant une partie de l'hiver 2017, j'étais en Argentine et j'avais été stupéfaite par la débauche d'affichettes et de tracts qui couvraient le pays. Derrière une telle opération pour prendre à témoin l'opinion publique, il y avait nécessairement beaucoup d'argent. D'où venait cet argent et pourquoi le dépensait-on de manière aussi stérile, au lieu de l'investir en projets de développement culturels ou économiques ? Je me souviens de m'être sentie très mal à l'aise devant ce qui ressemblait furieusement à un fait divers tragique et instrumentalisé à des fins politiques peu avouables.

Pour en savoir plus :
lire l'article de La Nación

Ajout du 2 décembre 2018 :
lire cet article de Página/12 sur le communiqué de la section argentine d'Amnisty International qui exige un complément d'enquête, jugeant que le non lieu n'apporte pas assez de garanties quant à l'impartialité avec laquelle cette instruction s'est déroulée.

Bandonéon au féminin : une Paquita folklorista au 21e siècle [à l’affiche]


Elle s’appelle Rocío Araujo, elle a 18 ans, elle chante et joue du bandonéon et elle sort en ce moment son deuxième disque, intitulé Convicción, qu’elle présentera ce soir, vendredi 30 novembre 2018, à 20h30, au Teatro Sony, José Antonio Cabrera 6027, dans le quartier de Palermo.

C’est une féministe convaincue qui aborde les questions d’actualité, la violence de genre, les difficultés sociales de l’heure, dans le répertoire de son nouveau disque, où elle reprend aussi des chansons de grands du folklore du Nord-Ouest, comme Horacio Guarany.

Comment ne pas penser à Paquita Bernardo (1900-1925), première bandonéoniste professionnelle connue, première chef d’orchestre de tango, qui accueillit le jeune pianiste Osvaldo Pugliese, au moment où il composait Recuerdo (1924). Une grande différence toutefois : Paquita était une tanguera et une portègne ; Rocío, avec ses jeans troués à la mode, est une artiste du folklore, la musique populaire des régions rurales d’Argentine.

Souhaitons-lui longue vie et ample succès ! On attend le troisième album.

Pour en savoir plus :
vous connecter à la page Facebook de l’artiste
lire l’interview qu’elle a accordée à Página/12

Un sourire à partir d’un scandale plus que sinistre [Actu]

A la une de Página/12 ce matin

Macri au téléphone : Le laboratoire chinois qui fabrique des bébés modulables ?
La réponse au téléphone : Oui
Macri : Je voudrais passer commande de bébés immunisés contre le populisme, qui ne mangent qu’une fois par semaine et sachent apprécier la manière dont je danse (1)
La réponse : C’est bon ! Combien vous en voulez ?
Macri : 40 millions (2)
Traduction © Denise Anne Clavilier



(1) Mauricio Macri aime bien se lancer dans une petite danse lorsqu’il va à la rencontre des Argentins. Chamamé dans le Litoral, chacarera dans le nord-ouest… Página/12 ne se prive jamais de se payer sa tête quand cela arrive.
(2) Le dernier recensement complet a indiqué 40 millions d’habitants en Argentine. Aujourd’hui, l’INCA estime à 44 millions l’ensemble de la population nationale.

jeudi 29 novembre 2018

Le G20 passe, le tango reste… à La Boca [à l’affiche]


Le nord de Buenos Aires est tout entier dédié au G20 depuis l’aurore mais le tango reste bien vivant au sud.

Une du supplément culturel aujourd'hui dans Página/12

Ce soir, jeudi 29 novembre 2019, s’ouvre la neuvième édition du Festival de Tango de la República de La Boca avec une première soirée danse au Malevaje Arte Club, Garibaldi 1670.

Cliquez sur l'image pour lire la programmation

Demain et samedi, concerts à gogo, avec des artistes que connaissent désormais bien les lecteurs de Barrio de Tango : le Cuarteto Cedrón, le Quinteto Negro La Boca, le producteur et journaliste Germán Marcos (de Fractura Expuesta), Astillero, Dema ainsi que la Orquesta Típica La Vidú

Le programme est à suivre sur la page Facebook du festival.
Página/12 publie ce matin une longue interview des artistes femmes qui animent cette édition, en saluant la féminisation progressive et bien réelle du secteur.

Ajout du 30 novembre 2018 :
lire cet article de La Nación. Article inattendu s'il en est dans l'actualité politique du moment et dans les colonnes de ce quotidien.

Patrimoine en danger : La Giralda change de mains [Actu]

Photo Silvana Colombo pour La Nación

La Giralda est un petit café qui ne paye pas de mine mais qui est sur la avenida Corrientes depuis des décennies. On y sert la version argentine du chocolat chaud avec les churros originaires d’Espagne ainsi que le submarino (une tasse de lait chaud dans lequel on glisse une barre de chocolat).

Photo Andrés D'Elía pour Clarín

L’établissement est en difficulté économique et son propriétaire s’en défait. Il est donc possible que le nouveau patron transforme le petit bar en restaurant puisque c’est ce qui arrive à presque toutes les maisons de cette grande artère qui rassemble de nombreux cinémas, théâtre, salles de concert et encore quelques librairies (en perte de vitesse visible, d’année en année).

La presse s’émeut aujourd’hui de cette menace sur le patrimoine quotidien du centre-ville.

Pour aller plus loin :

Le panier de Noël en hausse record [Actu]

Part de pan dulce (photo Cocineros Argentinos, l'émission de TV Pública)

Le panier de Noël se compose en Argentine de cidre, de vins pétillants ou tranquilles, de pan dulce (une sorte de panettone légèrement adapté), de turrón et diverses spécialités à base de fruits secs (cacahuètes, amandes, noisettes, raisins secs).

Un institut économique et statistique privé vient d'annoncer que ce panier augmente cette année de 74,50% en moyenne par rapport à l'année dernière, une analyse établie à partir de cinq marques, ce qui correspond à l'offre ordinaire présente dans un supermarché ou un hypermarché en Argentine, où la variété des marques est beaucoup moins développée que sur le marché européen.

Pour en savoir plus :
lire cet entrefilet de La Prensa, qui publie l'information au moment même où l'Argentine accueille les chefs d'Etat et de gouvernement du G20. Pas très sympa pour le gouvernement, tout ça !

mercredi 28 novembre 2018

La finale se jouera à l’étranger dans une dizaine de jours [Actu]

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Suprême humiliation pour l'Argentine à l'heure où les délégations de sherpas du G20 arrivent dans la capitale, les instances internationales du football viennent de décider à Asunción, au Paraguay, que la finale de la Copa Libertadores entre River Plate et Boca Juniors se jouera à l'étranger.

Des villes telles que Doha au Qatar, Medellín en Colombie, Miami aux Etats-Unis ou Asunción seraient sur les rangs.

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Le président argentin Mauricio Macri tâche néanmoins que la rencontre se tienne à Buenos Aires où il assure que toutes les mesures de sécurité seront prises (un peu tard pour qu'on y croie facilement). Pour ce faire, il a même noué une alliance « politique » avec le président du River Plate, lui l'ancien président du Boca Juniors ! Or River et Boca sont des adversaires irréconciliables depuis toujours... Boca représente les classes laborieuses du port industriel tandis que River est un club millionnaire (c'est même l'un de ses surnoms) installé dans les beaux quartiers.

Macri et Angellici (River Plate) veulent que le match se joue au Monumental, le stade de River, dans le quartier de Belgrano, là où il était prévu samedi dernier.

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Le match devrait être reporté au 8 ou 9 décembre.

Dessin de Daniel Paz et Rudy, à la une de Página/12 de ce matin

Le jeune homme : La coupe devrait se jouer à l'étranger... Dans un pays sérieux, où il y a de l'ordre, où on respecte les hiérarchies et où les gens sont blonds
Le vieux (caricature d'un membre de l'oligarchie) : Tu parles de Nordelta ? (1)
Traduction © Denise Anne Clavilier

Dès demain, à Buenos Aires, la vie va être suspendue pour trois jours. On se demande même s'il sera permis de respirer. Les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 arrivent... et le pays se questionne sur le vandalisme d'une bande de crétins qui exhibent le maillot blanc et rouge du River !

Pour en savoir plus :



(1) Allusion au scandale de l'apartheid social qui s'est progressivement installé dans cette ville privée du nord de Buenos Aires où les propriétaires (riches) ne supportent plus de prendre les mêmes navettes que leurs femmes de ménage (souvent trop basanées à leur goût).

lundi 26 novembre 2018

La Copa Libertadores sans finale [Actu]

La une du supplément sportif hebdomadaire de Página/12 ce matin
C'est moi qui ai tourné en format paysage une une conçue en format portrait
Mais c'est plus facile à lire comme ça, non ? Surtout pour des francophones !

Le match retour entre Boca Juniors et River Plate qui avait été reporté à hier, dimanche, à 17h, n'a finalement pas eu lieu. Cela n'a rien d'étonnant, eu égard aux agressions et aux blessures subies par l'équipe des visiteurs au Stade Monumental, samedi dans l'après-midi, pendant leur trajet du sud au nord de Buenos Aires.

Les supporters effondrés sur les rares gradins rouge et blanc du Monumental
une nouvelle fois évacué pour cause de suspension de match
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Boca Juniors a décidé de passer par la voie judiciaire à l'intérieur des instances fédérales pour le moment et réclame par voie d'avocat que la fédération continentale lui accorde la coupe Libertadores puisque l'équipe a été mise hors d'état de jouer par la violence des supporters du River. Et il est vrai qu'en général, on punit le club dont les supporters manquent au code du fair-play.

Clarín a préféré faire sa une sur la conférence de presse de Boca
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River Plate a aussitôt sorti ses propres armes juridiques. La fédération continentale aussi. Et la FIFA n'est pas en reste dans cette guerre picrocholine qui fait la une des journaux ce lundi matin.

"L'heure est aux mesquineries", proclame le gros titre
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Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación

Ajout du 27 novembre 2018 :
le scandale a enfin une traduction politique avec la démission contrainte du ministre portègne de la Justice et de la Sécurité, qui a reconnu qu'il a failli dans l'exercice de ses responsabilités. C'est le premier ministre du gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires qui assumera ses fonctions.
lire l'article de Página/12
lire l'article de La Prensa
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Nación

Un Plenario décalé à la Academia Nacional del Tango [à l’affiche]


La Academia Nacional del Tango convoque pour une fois à la date du 4e lundi du mois sa séance académique ouverte à tous, ce soir, lundi 26 novembre 2018, à 19h30, à son siège, avenida de Mayo 830, 1er étage.

Ce Plenario sera consacré à un grand artiste du tango, créateur inlassable de grands événements et fondateur de la société des auteurs et compositeurs argentins (SADAIC), le compositeur et chef d'orchestre Francisco Canaro, dont c'est le 130ème anniversaire de la naissance.

C'est sa fille, Rafaela Canaro, qui parlera de son père et sera admise à cette occasion dans la catégorie des académiciens à titre honorifique.

Le tango rituel sera un enregistrement de l'orchestre de Francisco Canaro, Mirlo blanco (ce qu'on peut traduire en français par mouton à cinq pattes).

Entrée libre et gratuite comme d’habitude.

Pour aller plus loin :

Página/12 remet le scandale de Nordelta à la une [Actu]

En haut : "On peut toujours faire pire en tout",
dit le gros titre secondaire au sujet du foot
En bas : "Levez les barrières",
dit le gros titre sur fond d'entrée de Nordelta, sous l'averse !

Página/12 tient son sujet et ne le lâche pas (il est vrai qu'il est en or !) : au lieu de consacrer l'essentiel de sa une au scandale de la finale de la Copa Libertadores, le quotidien de gauche préfère cultiver le thème de la discrimination dans les transports collectifs des femmes de ménage qui travaillent à Nordelta, la ville privée ultra-huppée qui s'est développée sur le territoire municipal de Tigre.

La une du journal est partagée en deux : une seule manchette en haut pour le foot et une grosse photo en bas au sujet des récentes mesures du maire et du conseil législatif municipal qui cherchent à forcer les barrières qui protègent le quartier privé en l'obligeant à donner accès aux lignes de bus publics pour que les employés de maison puissent accéder aux domiciles de leurs patrons à des prix raisonnables et dans de bonnes conditions de transport.

Página/12 est pratiquement le seul journal à aborder ce scandale. Seul La Prensa y a consacré un article parmi les quotidiens dit hégémoniques.

Pour aller plus loin :
lire l'un des articles secondaires, consacré à la nouvelle politique de la compagnie de navettes, qui va multiplier les tournées pour limiter le phénomène qui a consisté à interdire l'accès à bord à des employées de maison lorsque des employeurs avaient déjà pris place dans le bus.

Ajout du 27 novembre 2018 :
lire l'article de Página/12 sur la compagnie privée des navettes, Mary Go, qui annonce qu'elle  ne desservira plus Nordelta si les bus du transport public municipal sont autorisés à y entrer !

Ajout du 29 novembre 2018 :
lire cet article de Página/12 sur le rejet du groupe Cambiemos (l'actuelle majorité présidentielle) au Concejo Deliberante de Tigre pour empêcher l'adoption du projet de loi qui aurait permis à une ligne de bus publique de desservir l'intérieur du quartier privé. Quel acharnement à maintenir une situation de discrimination et d'humiliation sociale...

Ajout du 6 décembre 2018 :
lire cet article de La Nación sur les oppositions que rencontre le projet de loi municipal pour permettre à une ligne de bus de desservir le quartier privé de Nordelta de la part de propriétaires qui craignent pour la sécurité intérieure dudit quartier ! Ghetto de riches complètement paranoïaque.

Ajout du 14 décembre 2018 :
la municipalité de Tigre a fait passer cette loi qui autorise la ligne de bus public à desservir l'intérieur du bunker de riches mais certains habitants ont déposé un recours en justice
lire cet article de Página/12
lire cet article de La Nación

dimanche 25 novembre 2018

Bientôt le G20 et une équipe de foot attaquée dans Palermo [Actu]

La Prensa fait le lien entre deux émeutes sur deux grandes artères urbaines
en haut, l'avenida Libertador, à Buenos Aires
en bas, les Champs Elysées, à Paris
Pas mal vu !
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Hier après-midi, devait se tenir le match retour de la finale de la Copa Libertadores, au Monumental, au nord de Buenos Aires, entre Boca Juniors (visiteur) et River Plate (résident), en présence des seuls supporters de ce dernier club. Les spectateurs étaient déjà placés dans les gradins lorsque, en arrivant dans le quartier, le car du joueurs du Boca, un  beau bus de la très célèbre entreprise Flecha Bus, a été pris d’assaut par des groupes de supporters violents de River qui l’ont attaqué à coups de pierre, de projectiles en métal, de bouteilles… Vitres fracassées, joueurs blessés, chauffeur atteint qui s’évanouit au volant…

La Nación a choisi de montrer une photo
du bus sous les jets de projectiles des supporters adverses
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Les spectateurs ont été évacués du stade et les blessés du Boca Juniors soignés sur la pelouse pendant que l’équipe de River se solidarisait avec leurs confrères attaqués. Les forces de police avaient été mal distribuées dans la ville et le bus n'était pas escorté à la hauteur des enjeux, le gouvernement semblant tout absorbé par la préparation politique et technique du G20, vendredi prochain.

L’équipe de Boca, très notablement diminuée par les blessures de ses joueurs, refuse que le match soit simplement reporté au lendemain. L’équité sportive n’y trouverait pas son compte. Mais, d’une manière absurde ou cynique, la fédération internationale sud-américaine, soutenue par la FIFA, exige la tenue du match aujourd’hui, à 17h, sous peine de sanctions contre Boca Juniors. Comme dit l’un des joueurs vedettes, grièvement blessé à l’œil, autant donner tout de suite la victoire à River Plate !

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Le gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires est montré du doigt pour son incapacité à assurer la sécurité du match et la paix civile dans la rue, ce qui n’est pas nouveau. Il y a des années que ces bandes de supporters du River font des quartiers nord de Palermo et de Belgrano un enfer à chaque match que leur équipe perd au Monumental et que les soirs de match, les riverains se calfeutrent chez eux.

Página/12 a choisi sa cible : la ministre fédérale de la Sécurité, Patricia Bullrich
En dessous, un joueur de Boca blessé
En dessous, le car du Boca Juniors pendant l'attaque
En gros tire : une phrase d'il y quelques jours de Bullrich :
"A côté du G20, un Boca-River c'est une chose plutôt mineure"
Il faut croire que non !

Le président Mauricio Macri, ancien président du Boca Juniors, dénonce l’incurie de son successeur à la tête de la Ville, qui en a autant à son service. Un spectacle lamentable en toutes circonstances mais encore plus à cinq jours d’une réunion au sommet du G20 dans la capitale argentine qui a choisi d’accueillir ses hôtes dans ce quartier de Palermo. Une honte internationale vivement ressentie par les portègnes, l’ensemble des Argentins et par la presse, aux premières loges pour la commenter.

Pour en savoir plus :
lire le récit du chauffeur de Boca Juniors rapporté par La Nación

samedi 24 novembre 2018

Hommage à Alorsa, à La Plata, pour son anniversaire [à l’affiche]


L'auteur-compositeur interprète Alorsa aurait eu 48 ans aujourd’hui. Il nous a quittés il y a eu neuf ans en août.

Hernán Casciari et Cucuza (un autre Hernán) lui rendront hommage ce soir, samedi 24 novembre 2018, à 22h, à The Brother Concert, dans la rue n° 55 de La Plata, la capitale de la province de Buenos Aires.

Ils seront accompagnés de Noelia Sinkunas (piano), de Mateo Castiello (guitare) et du trio de musiciens qui jouaient avec Alorsa, La Guardia Hereje (Fernando Tato, Sebastián Marin et Leonardi Gianibelli), reconstitué pour l’occasion.

Casciari lira des contes et des récits et Cucuza interprétera le répertoire de notre ami disparu et qui nous manque tant (1).

Il est possible de réserver en ligne (alorsa-eventbrite.com ou hernancasciari.com/entradas).



(1) J’ai traduit plusieurs chansons de Alorsa dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins (Editions du Jasmin), et surtout dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l’Argentine à travers lepatrimoine littéraire du tango (Tarabuste Editions).

mercredi 21 novembre 2018

Buenos Aires en état de siège pour le G20 [Actu]

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Buenos Aires s'apprête à recevoir les chefs d'Etat et de gouvernement du G20, avec leur suite, le vendredi 30 novembre prochain, dans le nord de la ville. Pour ce faire, la capitale argentine sera paralysée du jeudi 29 au samedi 1er décembre, avec des quartiers complètement interdits, même aux piétons, et une suspension du service des transports publics : pas de train, pas de métro, pas de bus (ou très peu) et pas de car de moyenne et longue distance. Il n'y aura pas non plus de circulation fluviale. La liaison par bateau avec Montevideo sera suspendue. Il en ira de même des avions qui s'envolent d'habitude de l'aéroport Jorge Newberry, qui dessert les destinations intérieures ou frontalières. L'aéroport est le voisin immédiat du domaine de Costa Salguero, où se tiendront les réunions politiques. Les vols internationaux seront réduits à Ezeiza mais également sur les aéroports secondaires qui entourent Buenos Aires (à Morón, à El Palomar et à San Fernando).

Comme toujours dans ces cas-là, il est prévu un déploiement inouï de forces de l'ordre.

"Heureux ceux qui pourront partir bien loin de Buenos Aires"
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On attend dix mille participants, fonctionnaires nationaux et internationaux (Union Européenne ou FMI), hommes d'affaires, membres d'ONG et journalistes qui intégreront les délégations officielles, 3.500 fonctionnaires de sécurité surtout chinois, états-uniens et russes, et 13.400 agents de sécurité fédéraux (policiers fédéraux, gendarmes, préfecture navale pour surveiller le Río de la Plata et ses affluents, et policiers aéroportuaires), assistés de 9.000 agents de la force publique locale (Province et Ville Autonome de Buenos Aires). Déploiement d'hélicoptères dans le ciel et de navires militaires sur le Río ! Etonnez-vous après cela que la ministre de la Sécurité, avec son visage toujours aussi peu aimable, a osé inviter les Portègnes à quitter la ville pendant ce week-end (comme si tous avaient les moyens de le faire). Le vendredi a d'ailleurs été déclaré férié dans la capitale.

Le dîner de gala se tiendra au Teatro Colón, en plein centre-ville. Certains musées et hôtels seront fermés (le MALBA) ou cernés par un périmètre de sécurité.

La situation est si tendue que la ministre a même annoncé qu'elle avait demandé au prix Nobel de la Paix Adolfo Pérez Esquivel de garantir que les manifestants altermondialistes attendus en grand nombre ne fassent aucun dégât. Pérez Esquivel, qui participe au forum de gauche du Contre-Sommet, a démenti l'information en envoyant la ministre se faire voir chez les Grecs et en rappelant que la responsabilité qu'elle entend lui faire porter est précisément une prérogative régalienne qui lui est déléguée. Et toc !

Quand aux duettistes de la une de Página/12, le dessinateur Daniel Paz et le scénariste Rudy, ils s'en donnent à cœur-joie, chaque jour leur fournissant un motif de caricature.

Dessin de Daniel Paz et Rudy, le 17 novembre

L'homme : Le niveau de xénophobie, je trouve ça inquiétant.
Ce n'est pas que les Boliviens, les Péruviens et les Paraguayens
qu'on veut ficher dehors.
Patricia Bullrich (la ministre de la Sécurité) : Je recommande aux Portègnes
de quitter la ville.
Traduction © Denise Anne Clavilier

Dessin de Daniel Paz et Rudy, le 18 novembre
La barbouze bas de plafond : Pour le G20, nous avons un dispositif sophistiqué
pour détecter les terroristes. Il n'y a qu'un os.
Patricia Bullrich : Quoi donc ?
La barbouze : Les alarmes pourraient bien se mettre à sonner
quand Trump arrivera
Traduction © Denise Anne Clavilier

Dessin de Daniel Paz et Rudy, le 19 novembre
Mauricio Macri : Ici, vous allez être super en sécurité,
que je dis à tous les invités du G20.
La seule chose que vous avez à redouter, c'est nos prix !
Traduction © Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12, qui supplie les pouvoirs publics de ne pas bombarder Buenos Aires tant les alertes à la bombe se sont multipliées depuis une semaine, souvent pour rien
Sur les déclarations de Pérez Esquivel :
lire l'article de La Prensa

Ajout du 22 novembre 2018 :
lire l'article de Página/12 sur le démenti cinglant de Pérez Esquivel

Relents esclavagistes dans le Delta [Actu]

Dans une riche ville privée de la commune de Tigre, Nordelta, dans la banlieue chic de Buenos Aires, au nord-ouest de la ville, on vit très mal d'avoir à partager les cars qui circulent à l'intérieur de la petite enclave avec les domestiques qui viennent y faire leur ménage.

Il a été demandé à la direction de la petite ligne privée de prendre des mesures pour cette situation cesse. Les chauffeurs se sont mis à empêcher les employées de maison de monter à bord du car lorsque des propriétaires y ont déjà pris place ou les obligent à rester debout alors qu'il y a des places assises vides.

Les employées de maison en question ont manifesté sur la voie publique et révélé les motifs avancés par les propriétaires pour mettre en place une aussi humiliante discrimination : elles parlent trop et elles transpirent, donc sentent mauvais...

Aujourd'hui, Clarín s'en fait aussi l'écho, tout en citant les explications du syndic du quartier privé qui déclare avoir appris les choses par la presse et se dit scandalisé par ces mauvaises manières de certains de ses mandataires.

Daniel Paz et Rudy en ont fait le sujet de leur vignette d'aujourd'hui :


Au téléphone : ici, à Nordelta, les bonnes prennent la même navette que les gens normaux. C'est horrible, Mauricio.
Mauricio Macri : Je suis désolé mais tous les gens sont égaux devant la loi
Au téléphone : Alors qu'est-ce qu'on peut faire ?
Mauricio Macri : Augmente un bon coup le prix du ticket.
Traduction © Denise Anne Clavilier

Ajout du 24 novembre 2018 :
lire cet article de Página/12 qui se fait l'écho d'une décision de l'assemblée législative de la ville de Tigre qui veut voter une loi disposant qu'une des lignes publiques locales de bus, la 153, desserve désormais l'intérieur de Nordelta. En Argentine, les municipalités ont un pouvoir législatif, le Concejo Deliberante, et un pouvoir exécutif, détenu par le maire (Intendente) élu, qui s'entoure de directeurs de secteur nommés (directeur de la culture, des écoles, de la voirie, des parcs et jardins, etc.)
lire cet éditorial de La Prensa contre la montée du racisme à Buenos Aires, un phénomène que le rédacteur relie au passé esclavagiste colonial de la capitale argentine
lire cet article de La Nación qui revient sur la proposition de loi municipale de Tigre (avec un autre numéro de ligne de bus et une photo impressionnante de Nordelta, en Venise du Paraná)


Daniel Paz et Rudy, une de Página/12 du 22 novembre 2018

Le gars de gauche : J'ai une idée pour relancer Aerolineas [Argentinas] (1)
Le gars de droite : Dis toujours.
Le gars de gauche : Utiliser les avions pour transporter les dames de Nordelta, comme ça, elles ne se mélangeront pas aux bonnes.
Traduction © Denise Anne Clavilier



(1) Le gouvernement a récemment fait entendre qu'il souhaitait à nouveau privatiser la compagnie aérienne nationale qui aurait du mal à sortir de la crise. Et pour cause ! C'est le gouvernement lui-même qui a interrompu sa convalescence économique en déplaçant une excellente dirigeante qu'il avait lui-même nommée un an plus tôt, lors de son arrivée aux affaires. Et le président lui-même n'emprunte jamais un vol de cette compagnie nationale, à laquelle il préfère délibérément Air France ou Iberia.