vendredi 27 janvier 2017

Ce week-end, San Juan fait SON Bicentenaire [Bicentenaire]

Un des 11 précédents du Cruce de los Andes a lomo de mulas

Ce soir, San Juan lance les manifestations de SON bicentenaire de la Traversée des Andes avec la présentation à la presse des 230 membres de la 12ème Traversée des Andes à dos de mule, une reconstitution en tout petit de l'événement historique de l'été 1817, suivie de l'inauguration de la nouvelle configuration du couvent des dominicains, où José de San Martín disposait d'une cellule, classée au patrimoine, où il rencontrait les responsables politiques de la révolution indépendantiste dans la ville, Francisco Narciso Laprida, José Ignacio de La Roza et Fray Justo Santa María de Oro (1).

La nouvelle entrée du couvent historique, sur la rue Laprida, à San Juan
Photo Diario de Cuyo

La Traversée des Andes se réalise depuis douze ans sur le chemin emprunté par la colonne principale de l'Armée des Andes, menée par San Martín lui-même, dans le sud de la province. Les expéditionnaires, comme on appelle les participants, sont traditionnellement des montagnards et des cavaliers civils (dont de nombreux touristes, argentins, chiliens et d'autres coins du monde) ainsi que des militaires qui se joignent à ce qui ressemble à une forme de pèlerinage patriotique. Ils sont assistés par des hélicoptères qui leur apportent alimentation et les secourent en cas de coup dur. Comme les héros de l'indépendance, les expéditionnaires subissent l'amplitude thermique entre le jour, environ 30°, et la nuit, vers – 10° et comme leurs ancêtres monteront à mulet et non à cheval (l'armée des Andes a emporté des chevaux mais ne les a pas fait travailler, car ces animaux, fragiles, n'auraient pas survécu aux rigueurs de l'altitude). Là s'arrêtent toutefois les ressemblances. La traversée version 2017 ne durera que 5 jours contre les trois semaines de la traversée historique. Les participants seront équipés avec la technologie d'aujourd'hui, ils seront habillés et chaussés comme il convient de nos jours. Ils auront une nourriture variée et équilibrée et la liste n'est pas finie.
Cette année, pour le bicentenaire, des reconstitueurs vont se mêler à l'expédition. Ils feront le chemin dans des uniformes copiant ceux de leurs ancêtres et porteront le paquetage reconstitué de l'Armée des Andes (c'est lourd !). L'équipée à dos de mule part dimanche, 29 janvier, et arrivera à San Felipe, au Chili, le 2 février. Un détachement de l'armée de terre chilienne, d'une trentaine de membres, est arrivé à San Juan pour participer à l'expédition. Il a été accueilli par le gouverneur Uñac lui-même hier. Cette traversée rituelle ne suivra pas exactement le chemin historique, ce qui est de toute manière impossible maintenant, tant pour des raisons matérielles que des principes de sécurité : c'est à Chacabuco, beaucoup plus au sud, que l'Armée des Andes a touché au but, le 11 février.

Carte proposée par le Diario de Cuyo
L'image de gauche est censée représenter les routes sanmartiniennes historiques mais c'est très approximatif
L'image de droite décrit les chemins que vont prendre
les pèlerins en haut à dos de mule (sur le territoire sanjuanino, en jaune pâle),
en bas à pied (sur le territoire mendocin, en gris).

Cette année, on attend des ministres nationaux au départ de l'expédition. Le ministre de l'Education vient de s'excuser (il serait retenu par d'autres obligations). Il était pourtant prévu qu'il part à dos de mulet avec les expéditionnaires. La ministre de la Sécurité devrait être là. On attendait le Président Macri et la Présidente Michelle Bachelet, mais il est plus que probable, eu égard aux incendies tragiques qui dévastent le Chili, que la mandataire transandine ne fera pas le voyage prévu. Partant, Mauricio Macri devrait lui aussi s'abstenir si tant est qu'il était véritablement attendu.

Le Camino de los Patos historique,
avec son départ de Mendoza et son arrivée à Chacabuco

Après la présentation des expéditionnaires, les autorités provinciales et municipales iront inaugurer la nouvelle porte d'entrée du couvent, qui a été percée dans ce qu'il restait du mur du cloître, plutôt que sur le côté comme c'était encore le cas en août lorsque j'ai pu faire ma conférence sur San Martín et Sarmiento, dans ce monument historique très émouvant. La nouvelle porte permet au public qui passe dans la rue d'avoir la vue sur la porte des pièces principales où San Martín résidait et tenait ses réunions de travail lorsqu'il était en visite à San Juan, l'une des deux sous-capitales de la province de Cuyo dont il était alors le gouverneur-intendant immensément populaire.

L'ancienne salle capitulaire qui accueillait les réunions de travail des quatre hommes
en août dernier, quelques minutes avant ma conférence à San Juan

Pour en savoir plus :
lire l'article du Diario de Cuyo sur la Celda Histórica (cellule historique)
lire l'article du Diario de Cuyo sur la Traversée à dos de mule
consulter le dossier thématique sur la Traversée dans le Diario de Cuyo
lire l'article de Tiempo de San Juan sur la venue de la ministre
lire la dépêche de Télam sur la 12e Expédition à dos de mule



(1) Laprida et de Oro étaient tous les deux députés de Cuyo au Congrès de Tucumán. De La Roza était le sous-gouverneur. Tous les trois ont donné leur nom à des rues, des avenues et des places dans la capitale provinciale ainsi qu'à des agglomérations.

mercredi 25 janvier 2017

La Vuelta a San Juan ou pédaler sous le soleil [à l'affiche]

Le gros titre est pour la cérémonie du bicentenaire à Mendoza
mais la photo centrale montre le peloton sur un pont traversant une spectaculaire retenue d'eau
et Tom Boonens soulevant son trophée hier soir
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Après le Giro del Sol (voir mon article du 6 janvier 2017), voici depuis lundi la grande course cycliste de San Juan, le tour (vuelta) de la province, avec ses paysages merveilleux sous des températures torrides (33° au thermomètre mais un ressenti beaucoup plus élevé). C'est la trente-cinquième édition de cette belle compétition internationale.

Le peloton à travers le paysage aride typiquement cuyain
Imaginez un instant que ce sont ces montagnes qu'il y a deux cents ans
l'armée des Andes a traversées pour aller libérer le Chili
Photo Diario de Cuyo

La deuxième étape a été remportée hier par le Belge Tom Boonens. Elle avait des airs d'étape du Mont-Ventoux par beau temps !
Au classement général, la première place revient à l'Italien Elia Viviani.
D'où l'impression du journaliste du Diario de Cuyo d'avoir assisté dans les paysages sanjuaninos à une étape du Tour de France (en français dans le texte) ou du Giro (en italien dans le texte).

Et il y a du monde sur la route !
Vous avez remarqué ? Les spectateurs semblent plus disciplinés que ceux du Tour de France !
Photo Diario de Cuyo

Pas mal, le paysage, non ?
Je vous assure que quand vous êtes sur la route, elle est impressionnante, la montagne !
Photo Diario de Cuyo

Aujourd'hui, la troisième étape, très courte (11,9 km), contourne la capitale provinciale, San Juan, par l'ouest, et fait un aller-retour sur le boulevard périphérique (avenida de Circunvalación), avec des problèmes horribles de circulation pour les citadins qui ne s'intéressent pas à la petite reine !

Sans commentaire !
Photo Diario de Cuyo

Revivez les exploits des coureurs et réchauffez-vous en suivant cette belle course estivale sur le site Internet du Diario de Cuyo.

Pour en savoir plus :
lire l'article de la une de ce matin sur le site Internet du Diario de Cuyo
consulter le dossier thématique sur la course
Vous pouvez également regarder l'intégralité des étapes en direct puis en différé sur la chaîne Youtube de la Vuelta a San Juan.

L'étape d'aujourd'hui. Départ à 16h30 (il fait déjà 33° sur place)
Schéma Diario de Cuyo

Hier, c'était LE bicentenaire pour Mendoza [Actu]

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Ce qui frappe tout d'abord dans les échos de cette fête qui s'est tenue hier à Las Heras, dans la proche banlieue de Mendoza, c'est le silence de la presse nationale à son propos. Le seul quotidien qui la fait figurer sur sa une, La Prensa, n'a même pas pris la peine de mettre l'article sur son site Internet ! Un peu comme il y a deux cents ans, Buenos Aires se contrefiche de ce qu'il se passe au pied des Andes (1).

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Le quotidien titre étrangement avec de la cuisine
sur photo de décoration de drapeau !

La cérémonie était présidée par le chef de l'Etat entouré des deux gouverneurs des Routes Sanmartiniennes, Cornejo pour Mendoza et Uñac pour San Juan, ainsi que des maires de Mendoza et de Las Heras. La vice-présidente était là aussi. Le Chili et le Pérou étaient représentés, en souvenir de l'objectif de cette grande expédition : libérer l'ensemble du sud du continent du joug absolutiste et colonial. La manifestation a rassemblé 10 000 personnes dans le relativement petit parc public qu'est devenu cette partie du camp d'instruction de l'Armée des Andes qui a échappé à l'urbanisation de la ville de Las Heras. C'est un beau succès dans cette modeste cité de banlieue.

Au sortir d'une tente de reconstitueurs, Mauricio Macri semble apprécier
l'empanada mendocina dans laquelle il a déjà mordu
Photo Casa Rosada

Grand déploiement de troupes en uniforme de parade sur le Camp d'Instruction du Plumerillo, aujourd'hui site-musée Campo Histórico El Plumerillo, suivi d'un verre d'honneur accompagné de l'empanada (2) nationale. Les officiels ont fait le tour des quelques bâtiments spartiates de ce camp que soixante-dix reconstitueurs, hommes, femmes et enfants, faisaient revivre.

La Casa Rosada a publié sur son site Internet une synthèse du discours du Président Mauricio Macri qui a fait, comme d'habitude, un parallèle entre l'événement historique et les défis auxquels l'Argentine doit faire face pour inventer son avenir en développant l'esprit d'équipe et la coopération aux dépends du chacun pour soi encore de mise un peu partout dans le pays.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Diario Uno (Mendoza)
lire l'article de La Nación, le seul quotidien qui évoque la célébration - il n'est sans doute pas inutile de rappeler que le journal a été fondé par Bartolomé Mitre (1821-1906), qui fut le premier historien argentin de la Révolution de Mai 1810 et de l'épopée de San Martín...



(1) En 1814-1817, San Martín a eu un mal fou à impliquer le gouvernement national des Provinces Unies du Sud, qui ne voulait rien savoir de ce plan continental du général alors que Buenos Aires était obsédée par la politique fédéraliste développée par José Gervasio Artigas, le leader uruguayen, contre la tendance centralisatrice de la capitale portègne. Cela n'a pas empêché toutefois la gazette révolutionnaire de Buenos Aires de rendre compte de l'avancée des troupes et de la belle victoire de Chacabuco, une dizaine de jours après la tenue de la bataille le 12 février 1817.
(2) Chausson à la viande. Chaque province a sa recette.

mardi 24 janvier 2017

Bicentenaire de la Traversée des Andes : el Campo Histótico accueille un nouveau héros [Bicentenaire]

Portrait et signature de O'Brien
tirés du tome 3 de Album Militar de Chile (1810-1879)
par Pedro Pablo Figueroa (Santiago del Chile, 1905)
En 1980, sous la dictature militaire, on avait retiré du Campo Histórico del Plumerillo les restes du général Gerónimo Espejo, qui était à la fois l'un des acteurs de la Traversée des Andes et son tout premier historien. La tombe était éventrée et l'administration du site n'en prenait guère de soin. Les restes du général furent donc déplacés et reposent maintenant dans les jardins du lycée militaire de Mendoza, qui porte son nom. Un déplacement qui est très contesté aujourd'hui eu égard aux circonstances politiques qui lui sont associées.


Hier, dans le cadre des célébrations officielles du bicentenaire de la Traversée, le grand exploit de l'armée des Andes, organisée en Argentine (mais uniquement grâce à l'obstination de San Martín et au dévouement des Cuyains) pour aller libérer le Chili et assurer l'indépendance au niveau continental, la Province de Mendoza a négocié avec Buenos Aires de pouvoir enterrer dans ce haut-lieu de l'histoire nationale et locale les restes du général Juan O'Brien (1786-1861), qui récupère pour l'occasion ses noms irlandais complet, John Thomond O'Brien. Thomond est le nom du fief de la famille, qui descend d'anciens rois d'Irlande, antérieurs à la conquête de l'île par les Anglais. Depuis 1935, il reposait au cimetière de la Recoleta, à Buenos Aires. Il était décédé à Lisbonne, le 1er juin 1861, alors qu'il s'apprêtait à s'embarquer vers sa chère Argentine. Il était à 25 jours de ses 75 ans.

Il y a deux cents ans, John O'Brien, né à Wicklow, en 1786, avait gagné l'Amérique du Sud à l'âge de vingt ans, avec un petit bagage militaire et une longue tradition familiale agricole, en quête d'un moyen de vivre après la perte de la fortune héritée de son père, engloutie par de mauvaises affaires dans l'élevage de chevaux de course. Installé à Buenos Aires comme clerc dans un comptoir de commerce britannique, il put s'enrôler en 1812 dans l'escadron d'élite des grenadiers à cheval que San Martín avait obtenu l'autorisation de former le 16 mars, une semaine après son arrivée dans la capitale révolutionnaire. En 1817, l'Irlandais était capitaine dans ce qui était devenu un régiment complet et il occupait auprès de San Martín les fonctions d'aide-de-camp. C'est lui qui l'accompagna aussi sur le chemin du retour, après la victoire de Chacabuco et la libération presque complète du Chili (12 février 1817) lorsque San Martín fit le voyage jusqu'à Buenos Aires pour négocier l'aide du Directeur Suprême, Juan Martín de Pueyrredón, en faveur de la poursuite de la campagne continentale et pour solliciter le soutien des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne (1). Par la suite, O'Brien a servi au Chili et au Pérou et sa bravoure lui a valu le généralat. Après sa carrière militaire, il retourna au travail agricole malgré les difficultés politiques qu'il eut à traverser.

L'urne du général a été exposée à la Legislatura de Mendoza
recouverte d'une copie du drapeau de l'armée des Andes (qui est aussi le drapeau provincial)
veillé par deux soldats du 11e régiment d'infanterie de montagne,
qui trouve son origine dans le batallón 11 de l'armée des Andes

Les restes du général O'Brien reposent à présent dans une urne en métal de canon d'un poids de 240 kg, qui a été déposée dans une fosse au milieu des arbres qui égayent le site et l'ombragent dans les grandes chaleurs de l'été.
L'arrière-arrière petit-fils de John O'Brien avait fait le voyage pour participer à la cérémonie.

Le Camp d'Instruction de El Plumerillo, site musée de la commune de Los Heras, limitrophe avec l'actuelle Mendoza, est désormais prêt à accueillir ce soir, vers 19h, le Président Mauricio Macri qui présidera l'acte officiel de commémoration, lors d'une cérémonie rapide puisque le chef de l'Etat ne doit passer qu'une heure sur place...

Pour aller plus loin :



(1) Ce qui se traduisit par l'arrivée à Buenos Aires dans les mois qui suivirent d'éclaireurs diplomatiques qui vinrent observer ce qu'il se passait et rendirent des rapports favorables, qui à leur tour conduisirent ces pays à reconnaître les nouveaux Etats en moins de dix ans.

La grande fête de Cosquín a démarré ce week-end [à l'affiche]


Le festival de folklore de Cosquín, le grand rendez-vous de toute la culture rurale argentine qui se tient dans la province de Córdoba depuis 57 ans, s'est ouvert le week-end dernier.

Programmation de ce soir mardi à jeudi prochain

Au programme de cette dizaine de jours (on parle de lunas à Cosquín), des spectacles tous azimuts, des conférences, des ateliers, des activités de rues, des défilés, des bals populaires, un salon du livre, un salon de l'artisanat, un déploiement gastronomique, des ateliers et autres séances d'initiation à tout ce qui existe comme expression culturelle des campagnes.

Programmation des trois dernières lunas

Le festival de Cosquín est un événement national qui, il y a plus d'un demi-siècle, a sauvé la petite ville de Cosquín après la généralisation de la pénicilline en médecine et la fermeture des sanatoriums pour tuberculeux qui avaient développé l'agglomération au climat continental réputé excellent pour ces malades.

Pour en savoir plus :
consulter la page Facebook de la manifestation

Les producteurs argentins parmi les premières victimes de Donald Trump [Actu]

Photo institutionnelle publiée par Federcitrus, la fédération argentine des producteurs d'agrumes
Il y a un mois, le 23 décembre, le gouvernement argentin, appuyé par le gouverneur de la province de Tucumán, avait réussi à ouvrir le marché des Etats-Unis aux citrons argentins, qui sont d'excellente qualité (on les trouve d'ailleurs sur nos étals en Europe). Aux Etats-Unis, il est possible que le gouvernement sortant, en prenant cette décision, ne pensait pas que la vindicte de Donald Trump irait aussi loin dans le revirement et la remise en cause des engagements internationaux du pays.

Parmi les premières décisions de Trump, il y aura donc eu hier celle de repousser de soixante jours l'autorité d'importation des fruits argentins sous prétexte d'un examen sanitaire, complémentaire à la norme signé par le service d'inspection de salubrité animale et végétale, le 23 décembre. On voit donc bien qu'il s'agit d'une pirouette pour remettre en cause un accord commercial avec le sud du continent.

La Gaceta veut être optimiste :
le journal titre sur les espoirs des gouvernements national et provincial
sur cette photo de Trump brandissant le décret de retrait des Etats-Unis
de l'accord de libre-échange de la zone pacifique

Les producteurs de Tucumán croyaient avoir trouvé un débouché pour 10 à 15 tonnes de leurs fruits qui vont leur rester sur les bras, comme nos producteurs de poires et de pommes qui ont vu il y a quelques temps le marché russe se fermer brutalement devant eux.

Cela faisait 16 ans que le marché des Etats-Unis s'était fermé aux produits argentins et le gouvernement actuel avait profité de l'amélioration des relations avec l'Oncle Sam, symbolisé par le voyage officiel de Barack Obama en mars dernier (voir mon article du 25 mars 2016), pour débloquer la situation, ce qui était tout à son honneur.

Dans les instances gouvernementales argentines, on espère que dans deux mois, la norme sera validée et le marché à nouveau ouvert. L'Ambassade argentine à Washington, que Mauricio Macri a confiée au socialiste Martín Lousteau, qui ne cache pas qu'il veut se présenter aux prochaines élections à l'exécutif de la ville de Buenos Aires, d'ici trois ans, a intérêt à réussir son coup...

L'insolente et horripilante une de Página/12
avec son jeu de mot sur "limonade" transformé en  "citron-rien"

Toute la presse argentine s'en fait l'écho ce matin et Página/12 use à son tour de la mauvaise foi qu'il reprochait autrefois à l'opposition, devenue la majorité. Au lieu de se solidariser avec les producteurs nationaux, il fait, artificiellement, de ce revirement nord-américain une défaite du gouvernement actuel.

Pour aller plus loin :
Consulter le site Internet de Fecercitrus la fédération argentine des producteurs d'agrumes, qui dispose d'une page Facebook.

jeudi 19 janvier 2017

Dédicace au Salon du livre d'histoire de Bourges en février [ici]


Comme tous les premiers week-ends de février depuis treize ans, l'association Agora Défense, qui défend et promeut le lien entre défense et culture, organise à Bourges, dans le Berry, son salon du livre d'histoire, au siège du Conseil départemental du Cher, dans la Salle du Duc Jean, superbe salle historique qui reste le seul témoin de la splendeur du palais ducal médiéval.


Dans cette très belle ville de garnison et d'écoles militaires (logistique de l'armée de Terre), qui porte l'histoire de France dans chacun de ses murs, avec sa splendide cathédrale gothique Saint-Etienne, son musée, son palais Jacques Cœur et ainsi de suite, j'aurai l'honneur de présenter mes livres sur l'histoire de l'Argentine, en mettant l'accent sur le recueil Contes animaliers d'Argentine et les deux ouvrages consacrés au général José de San Martín, San Martín à rebours des conquistadors et San Martín par lui-même et par ses contemporains, aux Editions du Jasmin, en ce mois de février qui est aussi celui du bicentenaire de la Traversée des Andes, qui s'est conclue par la victoire indépendantiste de Chacabuco, au Chili, le 12 février 1817.

Palais Jacques Cœur à Bourges (détail)
Ne quittez pas la ville sans visiter cette merveille

Entrée libre et gratuite, les 4 et 5 février 2017, de 15h à 18h30 le samedi et de 10h à 17h le dimanche.
Dégustation gratuite de mate argentin à ma table de dédicace.


Pour en savoir plus sur l'organisateur : consulter le site de Agora Défense.

Le palais Jacques Cœur,
un témoignage précieux de l'architecture française entre Moyen-Age et Renaissance
Préparez votre visite en consultant le site Internet de ce musée national

mardi 17 janvier 2017

Le bicentenaire, à San Rafael, c'est demain ! [Bicentenaire]


A San Rafael, dans le sud de la province de Mendoza, l'association culturelle sanmartinienne locale célébrera le bicentenaire de la traversée des Andes sur Plaza del General San Martín, au cœur de la ville, demain, mercredi 18 janvier 2017, à 19h (on est en plein été, il faut attendre la fraîche). sous la présidence des autorités municipales.

lundi 16 janvier 2017

Les années de Mendoza sur Canal Encuentro [Bicentenaire]

Tino Neglia dans le rôle de San Martín, dans Reconstrucción
Sous le titre Reconstrucción, Canal Encuentro propose actuellement le visionnage en ligne d'un documentaire récent portant sur les deux années que le général José de San Martín (1778-1850) a passées à Mendoza en qualité de gouverneur-intendant de la Province de Cuyo, aujourd'hui répartie en trois états fédérés plus petits, Mendoza, San Juan et San Luis. Ces deux années dans la vie de San Martín ont été consacrées à monter l'armée des Andes et à préparer l'expédition libératrice du Chili dont cette année 2017 constitue le bicentenaire.


C'est Martín "Tino" Neglia, un acteur mendocin, qui tient le rôle du Libertador dans cette co-production entre Nation et Province. C'est lui, Neglia, qui incarne depuis plusieurs années don José dans les actes officiels mendocins d'hommage au légendaire gouverneur si présent aujourd'hui encore dans le cœur de Cuyains. Je l'ai moi-même vu à l'œuvre en septembre 2014 lors de l'ouverture du congrès international d'histoire qui se tenait à Guaymallén, dans la toute proche banlieue de Mendoza. Il a harangué les congressistes avec une flamme typiquement sanmartinienne ! (voir mon Retour sur Images du 14 octobre 2014).

Tino Neglia dans sa récente tournée promotionnelle à travers le Gran Mendoza

Il y a quelques jours, l'acteur a fait le tour du Gran Mendoza, en grande tenue ! (il ne devait pas avoir froid !), pour annoncer le programme des festivités qui commencent à la fin de la semaine. L'acteur n'a plus l'âge du rôle depuis longtemps mais il l'incarne toujours avec autant de sincérité. San Martín n'avait pas encore quarante ans lorsqu'il a lancé son armée des Andes à travers les montagnes... L'acteur est quelque peu spécialiste des compositions historiques : outre San Martín, il a déjà aussi prêté son visage, sa voix et son corps à Juan Domingo Perón et, plus près de nous encore, à Salvador Allende. L'un de ses films, Patagonia de los Sueños (Patagonie de rêve), avait été sélectionné à Cannes en 2013.

Posant avec mon ami Juan Marcelo Calabria,
qui anime avec dévouement l'une des associations cultuelles sanmartiniennes de Mendoza

Allez donc retrouver Tino Neglia sur Canal Encuentro, la chaîne culturelle du service public national argentin, pour vivre un petit bout de ce bicentenaire con sabor a Argentina (qui fleure bon l'Argentine). Le film documentaire, produit conjointement par Canal Encuentro et la maison de production mendocine Acequia TV (rigole télévision) (1), a été présenté officiellement par le gouvernement provinciale il y a deux ans, le 25 février 2015, pour marquer l'anniversaire de naissance de San Martín (cf. l'article de Tres lineas).

La présentation solennelle de Reconstrucción, le 25 février 2015,
sur les marches de la Casa de Gobierno provinciale
C'est la musique du 11ème Régiment d'infanterie de Montagne qui anime la soirée
Ce régiment trouve son origine dans la batallon n° 11 de l'Armée des Andes
C'est lui qui a la garde du Drapeau des Andes, dans son sanctuaire à quelques mètres de là.

Le comédien dispose d'un site Internet, où vous pouvez voir un certain nombre de clips promotionnels sur les fêtes qui approchent, et d'une page Facebook, que j'ai glissée dans les pages aimées par la mienne.



(1) Les rigoles sont partout à Mendoza car il ne faut pas perdre une goutte de pluie dans ce pays semi-désertique de Cuyo. On les trouve dans les rues, entre trottoir et chaussée. On les trouve dans les champs où elles servent à l'irrigation...

La Fiesta del Sol prépare le bicentenaire [à l'affiche]


En février, du 21 au 25, se tiendra dans la province de San Juan avec la capitale pour épicentre la grande Fiesta Nacional del Sol, la fête du soleil, consacrée cette année à célébrer le bicentenaire de la Traversée des Andes, l'une des grandes prouesses militaires de la guerre d'indépendance, presque entièrement conçue et menée par l'ancienne province de Cuyo, divisée aujourd'hui entre Mendoza, San Juan et San Luis.

L'équipe artistique de la Fiesta Nacional del Sol présente le programme
sur l'esplanade entre le Ministère de la Culture et la maison natale de Sarmiento (en arrière-plan)
Je reconnais quelques visages, notamment le monsieur au micro !

Jour après jour, le site Web de la Fiesta Nacional del Sol et sa page Facebook rappellent les différentes étapes de cette grande épopée, avec des visuels qui reproduisent les routes sanmartiniennes, les six pistes suivies par les divisions de l'armée des Andes à travers la cordillère pour libérer le Chili retombé deux ans plus tôt entre les mains des partisans de l'Ancien Régime.

Le chemin emprunté par la colonne de la division nord sous commandement de Juan Manuel Cabot
Elle a quitté El Plumerillo à Mendoza le 12 janvier

La province de San Juan s'enorgueillit tout particulièrement de deux routes, l'une est celle empruntée par le détachement aux ordres du lieutenant colonel Juan Manuel Cabot, l'autre est celle qu'a suivie le gros des troupes, soit 3500 hommes environ, à travers le Paso de los Patos (le passage des canards), sous les ordres du général San Martín lui-même.

La division Sud de Mendoza est partie le 14 janvier, sous les ordre du Chilien Ramón Freire

Aujourd'hui commencent la vente des billets pour les spectacles et manifestations payantes du festival lui-même.

Les candidates à la couronne de Reina provincial del Sol attendent maintenant le verdict du jury : ce sont dix-neuf jeunes filles, entre 17 et 29 ans, qui représentent chacune l'un des départements de la province. Le site les présente dans leur robe de soirée dorée avec l'écharpe de leur ville d'origine.

Affiche de la Fiesta Nacional del Sol 2017
avec le programme à entrée payante

En août dernier, j'avais planché, à l'Alliance Française, devant quelques membres de l'équipe d'organisation sur les questions de valorisation du patrimoine dans le domaine du tourisme international (voir mon article du 15 août 2016).

samedi 14 janvier 2017

La presse provinciale salue Horacio Guarany [Actu]

El Litoral (Edition de Santa Fe)
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El Día (quotidien de La Plata)
Comme beaucoup de journaux, la une titre en faisant référence
à la chanson Si el cantor se calla (si le chanteur se tait)

De très nombreux quotidiens locaux salue en ce samedi matin le grand chanteur disparu. El Litoral de Santa Fe, sa province natale, avait même sorti une édition dès hier, alors que le reste de la presse dans le pays avait déjà bouclé toutes les éditions.

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El Tribuno, édition de Salta

La Voz del Interior titre : "Cher Horacio"

Horacio Guarany était né en 1925, le 15 mai, dans un village de la province de Santa Fe. Il était le fils d'un bûcheron. El Litoral, le nord-est du pays, en fait un ambassadeur de la musique santafesine mais toutes les provinces, à part celles de la Patagonie, le reconnaissent comme porteur de leur propre répertoire...



Horacio Guarany est mort chez lui, à Luján, dans la Province de Buenos Aires. Alors El Día de La Plata le récupère lui aussi. En toute justice.



Sélection de unes dans tout le nord du pays. Comme je vous l'ai dit, la Patagonie, si l'on en croit la presse, se sent moins concernée, mais plusieurs quotidiens n'y paraissent pas le samedi ni le dimanche.

Pour aller plus loin :
lire l'article principal de El día de la Plata (province de Buenos Aires)
lire l'article de Uno (édition de Santa Fe)
lire l'article de La Capital (Rosario, Sante Fe)
lire l'article de El Litoral (édition de Corrientes)
lire l'article de La Gaceta (Tucumán)
lire l'article de El Tribuno (édition de Salta)
lire l'article de El Tribuno (édition de Jujuy)

La musique argentine en deuil : Horacio Guarany est décédé [Actu]

"Le folklore pur sucre", titre le supplément culturel de Página/12

Il était né à Las Garzas, petite agglomération rurale de la province de Santa Fe, le 15 mai 1925. A l'automne, il aurait eu 92 ans. Depuis plusieurs années, même s'il continuait à se produire, il avait accumulé les alertes de santé et hier matin, à l'aube, son cœur a lâché, dans sa maison de Luján, dans la province de Buenos Aires. On l'avait surnommé el Potro, le poulain, sans doute pour son caractère rebelle, bien trempé et ses origines authentiquement rurales.

Une grande émotion s'est répandue dans tout le pays dès que son agent a communiqué la nouvelle.

Le gros titre est consacré à Donald Trump
qui privilégierait l'Argentine en Amérique du Sud
Horacio Guarany a doit à la manchette de gauche

Horacio Guarany était un chanteur à la voix chaude et grave, il était aussi un compositeur et un auteur. Il a formidablement enrichi le patrimoine de la chanson nationale. Il avait commencé sa carrière en 1957 et avait enregistré 57 albums dans lesquels il avait exploré presque tous les genres et les rythmes du folklore argentin. Sur scène, il ne dédaignait pas non plus le tango, qu'il interprétait d'une manière très différente des chanteurs urbains et citadins que sont les tangueros traditionnels mais ça n'en était pas moins excellent... L'artiste n'avait pas de site Internet propre (il en existe un, animé par des fans). Pour le cinéma, il avait composé mais il avait aussi joué. C'est ainsi qu'il incarna en 1974 le gaucho Martín Fierro dans La Vuelta de Martín Fierro, l'adaptation à l'écran du second volet de l'épopée, qui sortit pour le centenaire de l'œuvre de José Hernández. Mais cette même année, il dut quitter le pays pour un exil de quatre ans.

Au début de la guerre froide, doté d'une sensibilité sociale forte, Horacio Guarany avait pris sa carte au parti communiste argentin, ce qui devait lui valoir de nombreux déboires dans les terribles années 1970, avant même le coup d'Etat de Videla, en mars 1976. La Triple A, la milice anti-communiste fondée par Isabel Perón, voulait sa tête et le manqua de peu. Il fut contraint à l'exil. Lorsqu'il osa rentrer en 1978, deux ans après l'arrivée au pouvoir des affreux galonnés, il subit la censure de ses chansons (il n'était pas le seul). Encore une fois, il survécut à un attentat contre sa vie mais il resta au pays, en dépit du danger. Depuis le retour de la démocratie, son talent était reconnu par tous. Il était invité de toutes parts, il était de tous les festivals. En mai dernier, il avait présenté son autobiographie à La Feria del Libro de Buenos Aires. Il avait reçu quinze disques d'or, le prix Gardel et le Konex de platine comme meilleur interprète masculin de folklore.

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Les réseaux sociaux se sont remplis dès l'annonce de la nouvelle d'hommages de la part de tous les musiciens du pays et au festival de Jesús María, dans la province de Córdoba, une fête de la musique et du rodéo (doma), a fait hier une minute de silence et posté un communiqué sur sa page Facebook. Guarany avait été longtemps l'une de ses figures de proue.

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación, qui a aussi réédité la dernière interview du musicien
lire l'article de Radio Nacional, dont les animateurs ressortent les archives aujourd'hui et les mettent en ligne.