Ce soir, lundi 23 mai 2011, la chanteuse Amelita Baltar donnera un concert exceptionnel, 100% Astor Piazzolla, à l'Alvear Palace Hotel (1), l'un des grands hôtels historiques de Buenos Aires, situé dans le quartier de la Recoleta, où elle est née. Elle sera accompagnée, tout aussi exceptionnellement, par une formation de cordes composée de musiciens de l'orchestre symphonique de Buenos Aires, selon un rêve qui porte l'empreinte reconnaissable entre toutes de Astor Piazzolla (2) , lui qui avait renoué avec le tango ici, à Paris, en 1955... avec l'orchestre de l'Opéra de Paris, ni plus ni moins.
L'Alvear se trouve Avenida Alvear, au numéro 1891 (à ne pas confondre avec le Teatro Presidente Alvear, qui se trouve sur Avenida Corrientes. D'ailleurs, ce ne sont pas les mêmes bonhommes, celui de l'hôtel est beaucoup plus vieux que celui du théâtre !).
Plus tard, dans la semaine, Amelita Baltar s'en va à Zárate, tout au nord de la Province de Buenos Aires, sur les rives du Paraná, qui vit naître et grandir les frères Expósito (3). Avec ses musiciens, elle y participera à un autre hommage à son ex- et défunt mari, avec des intermèdes dansés (pour rendre hommage à Piazzolla, la chose est osée : sa musique est réputée indansable et d'ailleurs, elle n'est jamais utilisée là-bas dans les milongas. C'est pas fait pour, comme dirait l'autre).
En juin et juillet, le programme de la chanteuse est bien chargé aussi puisqu'elle reprendra son récital à deux voix, partagé avec Horacio Molina, à Clásica y Moderna, Nosotros, qui a fait pas mal causer à Buenos Aires en janvier dernier (voir mon article du 31 décembre 2010 à ce propos).
Et pendant tout ce temps, elle continue à préparer son prochain disque, qui comptera quelques morceaux dont elle a elle-même écrit les paroles, et où elle sera entourée de quelques grosses pointures du folklore et du rock nacional. Je pense que j'en saurai plus d'ici quelques mois...
Pour en savoir plus sur Piazzolla, voyez aussi l'article que j'ai publié hier sur un interview très développée donnée par son petit-fils, le jazzman Pipi Piazzolla, à l'occasion de la sortie de son disque, Piazzolla plays Piazzolla.
Pour découvrir ce monument du bon goût et de l'élégance patricienne portègne qu'est l'Alvear, visitez leur site Internet. Le restaurant de l'établissement est réputé comme l'un des tout premiers restaurants gastronomiques de cette vaste mégalopole.
(1) Amelita Baltar ne m'a pas donné d'informations particulières à ce sujet mais si Horacio Ferrer est actuellement à Buenos Aires, cela m'étonnerait que l'on ne voit pas apparaître sa barbiche napoléonienne dans cette soirée. L'Hôtel Alvear, c'est chez lui (il y loue une suite à l'année).
(2) Pour ceux qui s'embrouilleraient encore un peu les souvenirs au milieu de tous les noms d'artistes de tango, Amelita Baltar a été la deuxième femme de Piazzolla dont elle a partagé la vie entre 1968 et 1975, l'époque du trio légendaire qu'ils ont formé avec Horacio Ferrer et qui nous a donné tous les classiques (ou presque tous) du tango-canción signé Piazzolla (Balada para un loco, Chiquilín de Bachín, Paraguas de Buenos Aires, Preludio para el año 3001, El Gordo triste et Yo soy María, l'air le plus célèbre de María de Buenos Aires, pour ne citer que ceux dont j'ai déjà publié la traduction en France, dans l'un ou l'autre de mes deux anthologies ainsi que dans le n° 20 de la revue Triages en juin 2008, avec la bénédiction du Maestro... et de leur créatrice, à en croire ce mail que j'ai reçu il y a déjà quelques semaines et dont je vous restitue ici le programme artistique).
(3) Bon ! Pas tout à fait, soyons exacte. Homero est né à Campana, à quelques kilomètres de là, mais il a bien passé toute son enfance, et pas seulement son enfance, dans la confitería paternelle à Zárate. Son frère cadet, le pianiste et compositeur (et un peu chanteur) Virgilio, a, quant à lui, bel et bien vu le jour à Zárate même... Virgilio Expósito est présent dans le disque Melopea qui accompagne mon anthologie Barrio de Tango : il y chante en s'accompagnant lui-même au piano Naranjo en flor, composé sur un texte de son frère. On se croirait dans l'intimité du salon du vieux Maestro...