lundi 30 août 2021

Les débuts du n° 30 au PSG : champagne ! [ici]

"Valdés a tout écrasé" : le gros titre commente
les primaires à Corrientes
En dessous : "début triomphal"
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Les débuts de Lionel Messi sur le terrain dans un match du PSG, en l’occurrence hier contre Reims, au stade de la capitale champenoise, fait la une des principaux journaux de droite ce matin en Argentine.

Le supplément préfère commente le match nul
entre Boca Juniors et Racing : "les mains vides"
En haut, sous le titre, l'annonce correspondant à Messi
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Página/12 (de gauche) se devait de se démarquer : pas un mot en une et un simple titre secondaire dans son supplément hebdomadaire consacré aux sports, Líbero, comme l’a fait aussi la une de Olé, le quotidien sportif du groupe concurrent (Clarín).

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Pour ceux qui n’ont pas suivi l’actualité de la ligue 1, le joueur star était sur le banc des remplaçants mais à la 65e minute, le coach, lui aussi argentin, l’a fait tout de même entrer. Cependant, c’est bien Mbappé qui a marqué les deux buts de la victoire parisienne et la presse argentine, qui l’apprécie beaucoup depuis qu’elle l’a découvert dans un très spectaculaire match du dernier Mundial où il a contribué à éliminer l’Argentine, lui fait une assez belle place dans ses colonnes.

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Aucun détail n’a échappé aux commentateurs sportifs argentins. La singularité de la ville et son passé royal ont aussi retenu une partie de leur attention. Clarín avait sur place une envoyée spéciale qui nous régale avec un résumé de l’histoire de la ville. La Nación le fait également mais sous la plume de sa correspondante permanente à Paris (qui couvre la France et la Grande-Bretagne), Luisa Corradini, qui semble avoir fait le déplacement jusqu’au stade.

La plupart des quotidiens consacrent plusieurs articles à l’événement malgré une actualité politique intense.

En vedette, le décevant match nul Boca-Racing
En haut, à gauche, l'annonce concernant Leo Messi
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En effet, ce début de semaine est avant tout marqué par le triomphe électoral, lors d’un scrutin avancé sur le calendrier national, du gouverneur de la province de Corrientes. Il vient de remporter 75 % des suffrages exprimés au premier tour. Il y a de nombreuses années que Corrientes appartient à l’alliance libérale constituée autour de Mauricio Macri. Elle vient de réaffirmer cet ancrage politique et idéologique.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

dimanche 29 août 2021

Une étude internationale classe l’Argentine parmi les « bons élèves » de la pandémie [Actu]

Le classement des pays par excès de mortalité
L'Argentine, en rouge, se situe légèrement au-dessus de la France
La moyenne mondiale apparaît en jaune
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Selon une étude internationale conduite par Our Word in Data, site mettant en ligne pour tout public toutes sortes de données comparatives de géographie humaine, l’Argentine se classe parmi les pays où le covid a fait le moins de morts par million d’habitants en 2020, c’est-à-dire avant l’apparition, en plein été austral, pendant les grandes vacances, des premiers variants ayant affecté la dynamique pandémique.

Seul Página/12 commente ce classement dans un article qui fait partie de sa stratégie médiatique en campagne électorale pour contrebalancer les arguments de la presse mainstream qui tâche à toute force de discréditer l’actuel gouvernement.

Sélection que j'ai tiré du site
Taux de mortalité par covid (déclaré) en 2020
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La dernière polémique en date vise à insinuer que la majorité actuelle a davantage endetté le pays que la précédente, ce qui est impossible eu égard au montant pharamineux de la dette que celle-ci a contractée auprès du FMI en 2018. Cette histoire n’est que la reprise orchestrée par la presse d’un argument de campagne de María Eugenia Vidal, soutenue par Mauricio Macri, qui tente de défendre son bilan si médiocre qu’il lui a coûté une défaite sévère lorsqu’il s’est présenté à sa propre réélection. L’ancienne gouverneure de la province de Buenos Aires, qui tente actuellement de se refaire une virginité politique, se présente dans une circonscription de la Ville autonome de Buenos Aires (c’est le second parachutage de sa carrière). Cet argument est très difficile à contrecarrer chez des électeurs qui ne s'informent pas toujours très bien, dans un domaine qui reste de surcroît, très abscons.

© Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :

lire l’article de Página/12
accéder aux données Covid-19 de Our World in Data (en anglais)

Ajout du 31 août 2021 :

lire cet article de Página/12 sur les réactions de la directrice nationale en charge des épidémies et des statistiques au ministère de la Santé (niveau fédéral)

vendredi 27 août 2021

Du Piazzolla au Konex et au CCK : ce week-end est au centenaire [à l’affiche]

Le gros titre se comprend tout seul !
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Ce soir, au CCK et tout ce week-end à la Ciudad Cultural Konex, dans le quartier de Almagro, hommage à Astor Piazzolla à l’occasion du centenaire de sa naissance (en mars dernier).

Les deux institutions culturelles, l’une nationale, l’autre privée, retransmettent en direct les concerts sur les réseaux sociaux et leur chaîne Youtube.

Capture d'écran

A la Konex (on dit aussi au Konex, parce qu’autrefois « il » s’appelait Centro Cultural et non Ciudad), ce sera ce soir, 27 août, demain et après-demain, à 21 h (soit 2 h du matin pour l’Europe atlantique). Ce soir, participeront entre autres le Sexteto Mayor avec comme chanteur invité Guillermo Fernández et le Quinteto Grande ainsi que les chanteuses solistes Julieta Laso, Lula Bertoldi et María de los Angeles « La Bruja » Salguero.

Demain, ce sera au tour de Escalandrum, le groupe de jazz fondé et dirigé par Pipi Piazzolla, petit-fils du compositeur et directeur artistique de la manifestation, et de l’ensemble de Juan Pablo Navarro. Le réalisateur de Los años del tiburón, célèbre long-métrage documentaire sur Piazzolla, viendra en parler avec Lalo Mir, le Monsieur Loyal du week-end.

Dimanche, Ramiro Flores et son groupe partageront la scène avec les trois chanteuses déjà citées, tandis que Lalo Mir bavardera avec Pipi Piazzolla.

Le programme de ce soir
Capture d'écran
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Tout cela est gratuit, grâce à la crise sanitaire. Elle empêche le spectacle vivant de reprendre le cours normal de sa vie et il se débrouille comme il peut pour continuer d’exister.


Au CCK, on aura cette nuit, à 20 h (soir 1 h du matin chez nous) l’une des soirées thématiques consacrées aux disques qui ont fait l’histoire et aujourd’hui, ce sera Libertango, enregistré en Italie en 1974. Participeront à cet hommage Juan « Pollo » Raffo (direction et claviers), Fernando Ferman (flûtes), Martín Pantyrer (clarinettes), Lautaro Greco (bandonéon), Elizabeth Didolfi (alto), María Laura Antonelli (piano), Tomás Pagano (basse électrique) et Rodrigo Genni (batterie et samples). Le concert se donne dans l’Auditorium national avec jauge et sur toutes les plateformes dont dispose l’institution : Facebook, Youtube et Cont.ar.

Página/12 ouvre aujourd’hui son supplément culturel quotidien, Cultura y Espectaculos, sur ce double hommage avec cette photo ancienne d’un Piazzolla encore jeune et délibérément provocateur ! Ce pied sur le tabouret pour jouer, à l’opposé de ses prédécesseurs dans la tradition tanguera, qui jouaient tous assis !

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur le programme de la CCKonex
lire l’article de Página/12 sur la soirée au CCK
lire la présentation du week-end sur le site de la CCKonex
lire la présentation du spectacle de ce soir sur le site de la CCKonex
lire la présentation du concert de ce soir sur le site du CCK

Mort et résurrection sur Avenida Corrientes : La Paz ferme ses portes et La Giralda les rouvre à la surprise générale [Actu]

En haut, la non-nationalisation de la société
qui gère les voies navigables en Argentine
En bas : la réouverture de La Giralda
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La Paz et La Giralda sont deux grands cafés de Avenida Corrientes, l’artère de la vie culturelle à Buenos Aires, très affectée par la politique ultra-libérale de Mauricio Macri (2015-2019) et sinistrée depuis que la crise sanitaire a réduit les sorties des habitants de Buenos Aires et de ses environs.

C’est ainsi que le 20 mars 2020, La Paz, qui n’était déjà plus que l’ombre d’elle-même depuis trois ans, a fermé ses portes avec l’espoir de les rouvrir une fois le cauchemar dissipé. A présent, le patron a définitivement jeté l’éponge. Ce qui restait de la salle (une partie avait déjà laissé place à un kiosque à confiseries industrielles et autres babioles de dépannage) a été vidé de tout son mobilier il y a un mois et cette semaine, on a vu disparaître l’enseigne à l’angle de Corrientes avec la rue Montevideo. Il est vaguement question, dit la rumeur, d’un projet d’installation prochaine d’un bar à sushis… Une catastrophe pour ce lieu où l’on se régalait depuis plus de 70 ans des spécialités typiquement argentines et où les intellectuels et artistes de gauche aimaient se retrouver dans les années 60 et 70, comme ils le faisaient à Paris, au Flore dans le Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre.

La Giralda : décor et service actuels, dans les règles sanitaires

Non loin de là pourtant, c’est une bonne nouvelle qui éclaire une actualité sombre : l’historique café La Giralda, qui avait fermé en 2018, au début de la profonde crise économique déclenchée par la politique néolibérale et l’endettement public national, vient de rouvrir ses portes avec une salle entièrement redécorée (les nostalgiques en seront chagrin, mais il faut bien vivre). On peut se consoler sans arrière-pensée car le nouvel exploitant a décidé de conserver telle quelle la devanture et il a conscience de la responsabilité patrimoniale qui pèse sur ses épaules. Or c'est loin d'être toujours le cas, comme l’indiquent les rumeurs qui circulent sur l’avenir de La Paz. Il faut donc à ce monsieur une bonne dosse de courage pour oser rouvrir dans les conditions que nous traversons.

La Giralda, c’est un Bar Notable de la Ville Autonome de Buenos Aires. Depuis trois ans, elle manquait à la vie culturelle locale qu’elle avait animée jusqu’à sa fermeture décidée par un gérant arrivé au bout de ses possibilités. Et ce n’était pas le seul Bar Notable à mettre la clé sous la porte dans ces temps où le capitalisme était la seule boussole du gouvernement. Clásica y Moderna n’a pas encore connu ce réveil de Belle au Bois dormant.

Comme cette réouverture est une bonne nouvelle, elle intéresse moins la presse que l’autre, la mauvaise : deux articles pour celle-ci contre trois pour l’autre (et, comme par hasard, rien dans Página/12 qui n’a d’yeux que pour La Giralda).

La Paz, telle qu'on la voit aujourd'hui.
Seule reste une partie de l'enseigne à l'étage

Avant la pandémie, les deux établissements bénéficiaient beaucoup de la vie trépidante du quartier, rempli de cinémas, de théâtres et de salles de concert. Ces deux cafés faisaient le plein avant et après les spectacles. Ils étaient très fréquentés aussi à midi et à l’heure de la merienda, la collation de fin d’après-midi. Certains touristes sud-américains faisaient un détour pour connaître ces lieux. Ceux venus d’Amérique du Nord, d’Asie ou d’Europe, beaucoup moins. La crise économique les avait mis tous les deux au tapis avant que le covid ne finisse le sale boulot. Les ténors de la droite ne fréquentent guère ces deux cafés, situés trop loin des centres de décision politique nationale et locale (1). Ils les ont donc laissé dépérir sans une larme.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :


Ajouts du 29 août 2021 :
lire cet article de Página/12 sur la fermeture de La Paz
lire ce billet d’opinion signé dans le même journal par un écrivain et psychanaliste qui raconte l’histoire du café disparu : Les tables parlantes (comme on dit « cinéma parlant » pour l’opposé au muet)



(1) Le Congrès, Plaza de Mayo ou, encore plus loin depuis quelques années, l’exécutif municipal qui s’est exilé au sud de la Ville.

Campagne électorale ou pas, la justice a l’air de faire son boulot [Actu]

En photo centrale, l'attentat sur l'aéroport de Kaboul
En haut : "Mis en cause pour l'anniversaire, Alberto
offre une compensation sous forme de mensualités",
dit le gros titre
Tout en haut, l'adieu au café La Paz qui fait l'objet
d'un autre article dans Barrio de Tango
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Les procédures sur les affaires politico-judiciaires qui pullulent en Argentine ne semblent pas ralentir, ni dans un sens ni dans l’autre, du fait de l’imminence du premier scrutin des élections de mi-mandat (les PASO, primaires obligatoires, entre ce week-end et la mi-septembre).

La première de toutes vient de passer une étape : le président, Alberto Fernández, la Première dame, Fabiola Yañez, et leurs dix invités viennent de se voir notifier une mise en cause pour la fête d’anniversaire de Madame en plein confinement le 14 juillet 2020. Au moment même où tombait la décision du procureur, le président, par l’intermédiaire de son avocat, présentait des conclusions demandant un non-lieu et proposant de donner pendant plusieurs mois la moitié de son indemnité présidentielle à l’Institut Malbrán, qui effectue les tests anti-covid et orchestre la recherche de traitements médicamenteux contre le fléau. Cette argumentation qui n’a pas convaincu le procureur (qui n’a pas eu le temps d’en prendre connaissance et cela vaut sans doute mieux pour lui) agace, et c’est un faible mot, l’opposition, qui n’avait déjà pas besoin de cela pour montrer toute son agressivité contre le gouvernement. Par ailleurs, il est fort peu probable qu’elle soit de nature à convaincre les indécis, ce qui risque donc de peser sur les élections, malgré des sondages qui ne devaient pas être si mauvais que l’opposition le laisse entendre, puisque celle-ci n’aurait pas à ce moment-là répandu les sornettes dont elle parsème la campagne. Cette mise en cause politiquement malencontreuse a fait perdre son calme à l’avocat du président qui n’a rien trouvé de mieux à faire publiquement que de mettre en doute la probité du magistrat, ce qui lui a valu de perdre sur le champ son illustre client, lui-même spécialiste de droit pénal.

Les personnes mises en cause par le procureur dépendent donc maintenant de la lecture de l’affaire que fera le juge d’instruction puis l’instance de jugement devant laquelle il est probable qu’ils devront comparaître dans un délai qui reste indéterminé mais que les deux principaux prévenus, le président et sa femme, n’ont sans doute pas intérêt, politiquement parlant, à retarder. L’infraction est manifeste, elle est reconnue. En l’absence d’une immunité présidentielle qui ne figure pas dans la constitution, mieux vaut conclure vite, payer l’amende, sans doute salée, qui sera prononcée et verser à l’institut de recherche médicale les sommes déjà proposées, sans assujettir ce don à la clémence du juge.

"Le procureur a mis en cause le Président,
Fabiola et neuf invités"
En bas, Biden en pleurs à l'évocation de l'attentat de Kaboul
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De l’autre côté, dans le camp anti-Kirchner et anti-Fernández, la justice poursuit son travail sur l’anniversaire de Elisa Carrió, révélé quelques jours après celui de Fabiola Yañez. Le parquet vient d’entendre en qualité de témoins les mariachis qui ont animé la fête avec 70 invités, dont les principales têtes de l’opposition au niveau national, bonaerense et portègne. Le chef de l’exécutif de la Ville autonome de Buenos Aires, clairement reconnaissable sur les photos (il faut dire que son physique singulier passe difficilement inaperçu), vient de se voir notifier à son tour une mise en cause pour violation des règles du semi-confinement qui régnait en décembre dernier. Ce qui discrédite ses critiques acerbes contre le président et le « Olivosgate », puisqu’il est désormais lui-même mouillé dans le « Carriógate » (1).

Une d'hier : elle annonçait
la mise en cause éminente du président
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Par ailleurs, un procureur national vient de s’opposer à la famille Macri sur le transfert à une chambre d’appel de la justice portègne (justice locale) de l’instruction puis du jugement de la faillite de Correo Argentino, la poste nationale, que la holding de la famille s’était vu adjugée il y a vingt ans en concession publique et pour laquelle elle n’a jamais rempli ses obligations vis-à-vis de l’État. La justice portègne serait plus accommodante, pense la famille. Ce qui est en soi scandaleux et encore plus lorsque ce sont des proches d’un ancien président de la République qui font ce calcul sordide. Où l’on voit que tous les procureurs ne sont pas nécessairement vendus à la droite. Si les choses avancent comme elles le doivent dans un État de droit, il est possible que ladite holding soit dans un délai raisonnable redevable envers la République d’une somme colossale composée de la somme des dettes accumulées pendant ces deux décennies et des pénalités y afférentes, ce qui pourrait entraîner sa faillite (d’où la recherche désespérée de solutions douteuses). Comme cette information est un caillou dans la chaussure de l’opposition, elle n’apparaît pas dans les journaux de droite. Curieux, non ?

N’y apparaît pas non plus une autre étape judiciaire qui au lieu de charger la droite comme ci-dessus allège la gauche : le magistrat de jugement qui vient d’entendre les conclusions des parties dans l’affaire du Mémorandum avec l’Iran a retenu leur validité. Il a donc accepté de les examiner. Cristina Kirchner, hier présidente et aujourd’hui vice-présidente, a en effet demandé un non-lieu en sa faveur et en faveur de ses anciens ministres pour absence de faits délictueux dans le cadre de cet accord diplomatique qui aurait permis à un magistrat argentin d’aller entendre en Iran des hommes soupçonnés par la justice argentine d’avoir commandité un attentat antisémite à Buenos Aires. Accord ratifié par le Congrès argentin (dans ce cas, pourquoi poursuivre pour haute trahison le chef de l’État ?) mais jamais entré en vigueur puisque le parlement iranien ne l’a pas ratifié. Quel crime peut-on donc imputer à Cristina et son gouvernement ?

La situation judiciaire affaiblit donc les deux camps mais elle semble moins lourde à gauche, sans que l’on puisse douter de la probité des juges qui semblent prendre plus au sérieux l’indépendance de leur pouvoir. C’est plutôt le signe que la démocratie, toute boiteuse qu’elle soit par définition, progresse dans le pays.

Les médias mainstream se chargent de rectifier le tir et s’y prennent fort habilement en période électorale. Ils se taisent !

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

Sur les suites judiciaires de l’anniversaire de la Première dame :
lire l’article de Página/12 qui analyse les conclusions présentées par le président et son avocat
lire l’article de La Prensa sur la mise en cause
lire l’article de La Prensa sur les conclusions du président
lire l’article de Clarín sur la mise en cause
lire l’article de La Nación sur la mise en cause
lire l’article de La Nación sur la lecture politique des conclusions, avec leur copie intégrale en pdf
lire l’article de La Nación sur l’analyse juridique des arguments développés
sur les suites judiciaires de l’anniversaire de Elisa Carrió :
lire l’article de La Prensa (le quotidien catholique n’épargne donc pas une politicienne qui affiche sa pratique religieuse catholique et tire sur le pape, trop gauchiste pour elle, comme pour la rédaction du journal)
sur l’affaire de Correo Argentino :
lire l’article de Página/12
sur l’affaire du Memorandum avec l’Iran :
lire l’article d’hier dans Página/12

Ajouts du 31 août 2021 :
lire cet article de Página/12 sur la réouverture de l’enquête sur la totalité des 70 personnalités ayant bénéficié d’un passe-droit pour une première dose de vaccin à la discrétion de l’ancien ministre de la Santé (qui a démissionné au milieu du scandale). Cette nouvelle étape judiciaire est le résultat d’un appel interjeté contre un non lieu pour inexistence d’infraction prononcé, il y a déjà plusieurs mois, au profit de 65 des copains du ministre qui avaient bénéficié d’une vaccination en douce, ce qui leur avait épargné les procédures ordinaires, beaucoup plus fastidieuses. Or le président s’est prévalu de ce premier jugement, pourtant frappé d’appel, pour demander un non lieu à son profit, dans l’affaire de l’anniversaire de son épouse. Voilà qui tombe très mal pour la majorité en cette fin de campagne pour les primaires de mi-mandat !
lire cet article de Clarín
lire cet article de La Nación

Ajout du 7 septembre 2021 :

En suivant sa propre jurisprudence, un tribunal fédéral vient de rejeter l’un des arguments présentés par la défense du président. Selon son raisonnement, comme personne n’était tombé malade après l’anniversaire, il n’y aurait pas eu mise en danger de la santé publique. Cela ne tient pas, répond le tribunal compétent.
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa



(1) Pour le président, les faits se sont produits dans la ville de Olivos, où il a sa résidence officielle. Pour Carrió, ils se sont produits dans un village baptisé Exaltación de la Cruz. C’est très compliqué de créer un néologisme avec ce suffixe gate !

lundi 23 août 2021

Barrio de Tango à l’heure des vacances d’été septentrional [ABT]


L’année dernière, la pandémie m’a retenue chez moi. Cette année, si l’Argentine reste hors d’atteinte, grâce à la vaccination, le littoral français ne l’est plus pour moi.

Le rythme de parution va donc beaucoup changer sur Barrio de Tango. Je ne regrette pas trop de ne pas vous faire suivre les péripéties de cette campagne électorale assez médiocre, avouons-le. Quant à l’actualité artistique, elle est si faible que mon silence ne vous cachera pas grand-chose.

Retour à la normale à la mi-septembre.

Je vous laisse avec l’info du siècle : cette découverte d’un portrait encore inconnu du général José de San Martín où nous peinons à reconnaître le Fondateur de la Liberté du Pérou et le Père de la Patrie en Argentine (ci-dessous) et pourtant, c’est bien lui.
Vous pouvez aussi passer le temps en écoutant mes conférences sur ma chaîne Dailymotion.

Il n’est pas impossible que je puisse en donner une nouvelle à la rentrée, à l’occasion des Journées du Patrimoine, mais je n’en sais pas plus encore…

© Denise Anne Clavilier

Portrait de San Martín d'un peintre anonyme
récemment vendu à Paris
et inconnu des historiens et des conservateurs jusqu'à ce jour

Página/12 défend les zones humides [Actu]

"Avec de l'eau aux chevilles", dit le gros titre
avec cette image terrible de la côte industrielle du Paraná
presque à sec
En haut, l'annonce du décès du premier porteur de delta
à Córdoba (l'homme avait violé sa quarantaine à son retour de Lima)
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Au moment où un phénomène zoologique gêne depuis une bonne semaine la vie quotidienne des habitants de Nordelta, un quartier privé résidentiel situé dans le delta du Paraná au nord de Buenos Aires, envahi par des carpinchos (rongeurs endémiques des vallées du Río Paraná et du Río Uruguay), le quotidien de gauche prend fait et cause pour les zones humides et la biodiversité qu’elles abritent, en lien avec la manifestation en faveur d’une loi qui protégerait ces types géographiques.

Hier, une famille de carpinchos se dégourdit les pattes en ville !

Nordelta a été construite sur un polder gagné sur une zone lacustre et les carpinchos, qui ressemblent à des cochons d’Inde géants (ils ont la taille d’un gros chien), seraient en train de recoloniser leur habitat dénaturé où ils sont soudain revenus en hardes fournies et organisées. Ils font beaucoup de dégâts dans les jolis jardins soignés par les habitants aisés de ce quartier privé, qui est ouvert sur les marais mais côté terre se trouve barricadé derrière une enceinte gardée jour et nuit et où il faut montrer ses papiers pour entrer. Les visiteurs à quatre pattes (et grosses incisives) se promènent aussi en ville, où ils provoquent des accidents automobiles et mordent les petits chiens qui leur aboient dessus ou les menacent de leurs grognements hostiles. Sans doute ces animaux sauvages se sont-ils mis à la recherche de nourriture sur leur ancien territoire (ils sont herbivores).

Et indiscrets avec ça !
(Photo Gustavo Iglesias)

Or sur une zone de plusieurs dizaines d’hectares dans le sud de Buenos Aires, qui fut la propriété de Boca Juniors qui y disposait de grandes surfaces d’entraînement, voilà que le gouvernement de la Ville autonome de Buenos Aires (droite néolibérale) envisage d’autoriser un grand promoteur à y bâtir deux tours de luxe. La Boca faisant partie de la zone populaire et même très populaire de Buenos Aires, il s’agit de la énième opération de gentrification à outrance de la capitale argentine et d’une menace sérieuse pour la Réserve écologique, gigantesque polder gagné sur les hauts-fonds du Río de la Plata pour donner de l’air à la ville. Au fil du temps, la Réserve est devenue un havre de biodiversité botanique et zoologique (papillons et autres insectes et surtout beaucoup d’oiseaux, dont des espèces protégées). Hier, des habitants de Buenos Aires ont donc organisé une manifestation à bicyclette contre les futures tours et pour le maintien de cette zone de marais, ce qu’est naturellement toute la région où Buenos Aires a été bâtie depuis cinq siècles.

Depuis quelques jours, les internautes s'amusent
de la fureur des habitants de Nordelta

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur les conséquences économiques catastrophiques de la baisse du débit du Paraná depuis deux ans (l’immense rivière continentale est quasiment à sec sur plusieurs segments de son cours en Argentine)
lire l’article de Página/12 sur la manifestation dans la Costanera Sur
lire l’article de Clarín sur l’invasion des carpinchos à Nordelta

Une victoire argentine aux 24 heures du Mans [ici]

"Il a fait l'histoire au Mans", dit le gros titre
du supplément hebdomadaire sportif de Página/12
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La victoire de la nouvelle catégorie Hypercar revient cette année dans la Sarthe à un trio argentino-britannico-japonais. La dernière fois qu’un Argentin est monté sur le podium au Mans remontait à 67 ans…

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Ce nouveau succès est donc fêté par la presse argentine ce matin à grand renfort de photos et de rétrospectives sur ce sport où le pays a connu quelques champions d’exception.

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L’info est à la une de tous les quotidiens nationaux.

Les échauffourées niçoises et footeuses à la une !
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© Denise Anne Clavilier

En haut à droite
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Pour aller plus loin :

samedi 21 août 2021

Le Quinteto Negro La Boca sur scène en hommage aux grévistes de la Patagonie [à l’affiche]


Il y a cent ans, de nombreux ouvriers travaillant en Patagonie se sont lancés dans des grèves très dures, en espérant que le gouvernement radical (à gauche à cette époque) du président Hipólito Yrigoyen allait répondre à leurs revendications. Ce ne fut pas le cas et une répression très sévère s’abattit sur les grévistes, de la même manière qu’un peu plus tôt en France les mouvements ouvriers avaient été durement réprimés par un Clemenceau, lui aussi issu de la gauche. A ceci près qu’en 1921, on était juste après la révolution russe et que les Sud-Américains dans leur immense majorité avaient une peur bleue d’un bolchevisme comme cent ans auparavant, ils avaient eu peur du soulèvement noir en Haïti.

Le quintette anarchiste de tango nuevo remonte donc sur scène ce soir, au Teatro Almirante Brown, la grande salle emblématique de La Boca, pour saluer leur mémoire avec leur concert inspiré par l’œuvre de leur grand ami, l’historien Osvaldo Bayer qui avait consacré à cet épisode de l’histoire un livre fameux…

Ils joueront à guichets fermés, avec jauge et protocole sanitaire. Le prix des places était fixé à 600 pesos avec réservation et 700 au guichet le soir même. Tout est parti en réservation.

Bon concert à eux !

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire la présentation du concert sur le site de réservation en ligne Passline.

La campagne fait du rase-motte [Actu]

A l'extérieur.
Carrió est en beige, une coupe en métal dans la main


C’est maintenant un anniversaire en décembre dernier, au début de l’été dernier, qui fait du bruit mais cette fois-ci sans apparaître, quelle surprise !, à la une des journaux : Elisa Carrió, l’une des aboyeuses de l’opposition (elle avait annoncé son retrait de la vie politique à la fin 2019 mais elle a changé d’avis depuis), a invité pour son 64e anniversaire 70 personnes (essentiellement des hommes et femmes politiques – de droite) dans sa belle résidence de Exaltación de la Cruz, dans la province de Buenos Aires, au nord-ouest du Gran Buenos Aires. La Première dame, Fabiola Yañez, n’en avait réuni qu’une dizaine en juillet 20 (en plein hiver).

Cette fête avec mariachis a fait l’objet d’une plainte en justice et Carrió a d’ores et déjà annoncé qu’elle se présenterait devant la justice (comme l’a déjà fait Fabiola Yañez). Toutefois, elle nie toute entorse aux règles sanitaires alors en vigueur : la fête aurait été organisée entre participants tous testés négatif, avec des distances et à l’air libre. Or les photos montrent l’inverse ! On les voit certes dehors tant qu’il fait jour mais ils sont à l’intérieur, bien serrés à table, une fois la nuit tombée.

De nuit. On reconnaît bien la pièce que l'on de l'extérieur
sur la photo précédente

Par ailleurs, Mauricio Macri, lui-même poursuivi pour avoir rompu sa quarantaine à son retour d’Europe, a tenté une « trumperie » en laissant entendre d’ores et déjà qu’il pourrait y avoir des fraudes pendant les prochaines élections dans un mois. Le Conseil national de la Magistrature a réagi en insistant sur la probité des juges en charge du bon déroulement des élections, dans les règles exigées par la démocratie.

Tout ceci nous montre à quel point la pandémie nous rend collectivement assez irrationnels. Ce n’est pas du niveau habituel d’une campagne électorale en Argentine.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12, qui elle aussi à reléguer l’info dans ses pages intérieures
lire l’article de La Prensa

Ajouts du 25 août 2021 :
Le maire de Exaltación de la Cruz contredit les explications alambiquées de Elisa Carrió et dément avoir autorisé une fête d’anniversaire sur le territoire de sa commune.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 du 24 août
lire l’article de Clarin sur les déclarations de Horacio Rodríguez Larreta, chef de l’exécutif de la Ville autonome de Buenos Aires, qui était parmi les invités et qui, en pleine campagne et s'apprêtant à briguer la présidence dans deux ans, s’efforce de s’extraire de ce mauvais pas tout en maintenant sa mise en cause du président pour des faits similaires mais un peu moins graves puisque les convives étaient moins nombreux

Ajouts du 7 septembre 2021 :
Elisa Carrió a demandé à bénéficier d’un non-lieu. Elle a beau insulter à longueur de temps le président et lui prêter, toujours sans aucune preuve, les pires des arrière-pensées, elle finit par plaider exactement comme lui pour des faits en tout point similaires (sauf pour le nombre de personnes impliquées).
Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Nación