samedi 30 mars 2019

Hommage à Osvaldo Bayer au CAFF par le Quinteto Negro La Boca [à l’affiche]

Le groupe a choisi cette photo
où Bayer posait avec un t-shirt floqué au logo du QNLB

Le Quinteto Negro La Boca, digne représentant de la tradition anarchiste et tanguera de ce quartier sud de Buenos Aires, rendra ce soir, samedi 30 mars 2019, un vibrant hommage à l’historien de l’anarchisme en Argentine que fut Osvaldo Bayer, récemment décédé.

Ce sera au CAFF, Sánchez de Bustamante 772, à 21h.
Ouverture des portes à 20h.
Entrée à 250 $ + 1 produit alimentaire non périssable qui sera remis à un organisme de redistribution solidaire.

Au programme, un répertoire de poésie et de tangos libertaires comme Osvaldo Bayer les aimait et comme le QNLA sait les jouer : ce récital se compose de onze morceaux originaux, composés et présentés au public en 2015 par les musiciens et l’historien en hommage au militant anarchiste des années 1930, Severino Di Giovanni, assassiné par la première dictature militaire de l’Argentine constitutionnelle, de 1930 à 1943.

Pour en savoir plus :
consulter la page Facebook du groupe.

Hommage à Agnès Varda [ici]

Photo La Nación

Les quotidiens argentins rendent hommage ce matin à notre cinéaste et photographe Agnès Varda.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12, qui expose tous les aspects de cette trajectoire artistique et féministe, en créant son titre à partir d’un des films de la disparue : Adieu à une artiste sans toit ni loi

vendredi 29 mars 2019

L’INDEC confirme : ça va très mal [Actu]

Une phrase de Mauricio Macri pendant sa campagne électorale en 2015
A l'aune de cette phrase, il est un exécrable président.

Après l’étude annuelle socio-économique de la UCA, voici les statistiques factuelles de l’INDEC, l’institut national des statistiques. Et ces observations sont encore pires que ce qu’annonçait l’université pontificale : le taux de pauvreté en Argentine atteint désormais 32 % (la UCA avait calculé 31,3%) et ce ne sont pas 1,9 million de personnes qui ont basculé dans la pauvreté en 2018 mais 2,7 millions. Quant aux enfants, 46,8 % des moins de quatorze vivent dans la pauvreté et 10,9 % souffrent de sous-alimentation. Chez les seniors (plus de 64 ans), le taux de pauvreté s’élève à 27,6 et celui de l’indigence à 5,4.

Le visage plus triste, titre La Prensa
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Comme nous sommes à six mois du premier tour du scrutin présidentiel, Página/12 rappelle l’affirmation du président Mauricio Macri pendant sa campagne électorale : “Quiero ser evaluado como presidente por si fui capaz, o no, de reducir la pobreza” : Je veux que ma présidence soit jugée à partir de ma capacité et de mon incapacité à réduire la pauvreté (Traduction © Denise Anne Clavilier). Et il en fait sa une !

Deux ministres ont commenté ces chiffres en affirmant une fois encore que tous les ministères s’impliquaient dans la lutte contre la pauvreté.

Clarín consacre sa photo de une aux adieux d'un sportif
mais le gros titre est très lisible :
"A cause de l'inflation, la pauvreté a atteint les 32%
et touche presque 13 millions d'Argentins"
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Tous les quotidiens nationaux reprennent ces chiffres. La Prensa, journal de droite, reprend aussi les préoccupations de l’épiscopat qui constate que le gouvernement continue à promettre des lendemains qui chantent pendant que dans le présent, les classes défavorisées souffrent. Clarín publie quant à lui une étude sur le prix des aliments traditionnels de Pâques, le chocolat et le poisson, dont les prix flambent avec le dollar.

Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa sur l’analyse des évêques
lire l’article de Clarín sur le panier de Pâques

Ajout du 30 mars 2019 :
lire cet article que Página/12 consacre, en une de ce jour, aux prix exorbitants des produits de première nécessité.

Ajout du 31 mars 2019 :
A l'avant-veille de la date anniversaire de la mise en route de la première politique ultra-libérale, sous la dernière dictature militaire et sous l'influence des Etats-Unis qui plongeaient dans le reaganisme, Página/12 fait le bilan catastrophique des trois aventures néolibérales en Argentine, qui ont toutes les trois abouti aux mêmes désastres socio-économiques. Dans six mois, ce sont les élections législatives et exécutives, au niveau national et provincial.

lundi 25 mars 2019

Dimanche militant à gauche [Actu]

"Pour un autre pays" dit le gros titre,
à côté du mère de la place de Mai de dos

Hier, jour anniversaire du dernier coup d’État, il y a 43 ans, les organisations militantes des droits de l’homme animaient, comme tous les ans à la même date des marches dans tout le pays. Ces associations, Madres de Plaza de Mayo, Abuelas de Plaza de Mayo, HIJOS, Familiares de Desaparecidos, sont issus de la lutte des victimes du terrorisme d’État qui a fait, chiffre officiel souvent contesté par la présente majorité, 30.000 morts et disparus (1). En l’occurrence, nul ne peut nier l’affluence qui a été particulièrement visible à Buenos Aires, sur Avenida de Mayo et Plaza de Mayo. Une affluence qui est aussi celle du peuple de gauche, en cette année où se joue le mandat présidentiel et les mandats des gouverneurs provinciaux.

A la tribune hier, Estela de Carlotto
En grands chiffres fleuris, le nombre des disparus
que certains membres de la majorité contestent
Sur l'écran, défilaient les photos des disparus sous la dictature

Estela de Carlotto, la présidente de Abuelas, a déploré que le manque de moyens accordés à la recherche des disparus ait provoqué un moindre questionnement des adultes adoptés et qui pourraient s’interroger sur leur identité de naissance. Elle a avancé comme preuve de son raisonnement le fait qu’en 2018, on ait pu retrouver qu’un seul des enfants enlevés à leurs familles en bas-âge, alors que les années précédentes on avait vu plusieurs cas se résoudre tous les ans.

L'Argentine le 24 mars, jour de manifestation pour la mémoire, la justice et la vérité
selon le slogan de la journée
"Récupérons ce que nous avons perdu"
Miguel Rep, hier, dans Página/12
Et cette fois-ci, il a couché l'Argentine (le nord est à droite)

Pour ne pas être en reste, deux des ministres ont retourné le couteau dans la plaie, l’un, Claudio Avruj, chargé des droits de l’homme au Ministère de la Justice, en balayant d’un revers de main la prétention des associations de victimes à être au centre de la politique des droits de l’homme, l’autre, Patricia Bullrich, l’ultra-droitière ministre de la Sécurité, en critiquant que ces associations se soient appropriées la date du 24 mars. Dans les deux cas, c’est faire preuve de beaucoup de cynisme. Cynisme lorsque Avruj prétend que son action s’étend maintenant à d’autres préoccupations, comme la condition féminine, le climat et la lutte contre la pollution ou les peuples originaires, ce qui serait une bonne chose s’il aboutissait à des changements dans ces domaines, qui ne sont en effet guère pris en compte par les associations de victimes des années 1970-1980, qui ont tendance à geler le théâtre des opérations à la situation de ces années-là. Mais s’il consulte et réunit à tour de bras, c’est bien tout ce que fait ce secrétaire d’État aux droits de l’homme. Cynisme aussi lorsque Bullrich se plaint d’une confiscation par la gauche alors qu’il ne tenait qu’aux autres courants politiques de se joindre aux associations de victimes pour en faire une cause commune à tous les Argentins, en dépassant les différences partisanes et idéologiques, alors qu’elle est la première à avoir agi exactement et perpétuellement à l’inverse de ce dépassement authentiquement patriotique.

Une d'hier
Ces dalles représentant les foulards des Mères de la Place de Mai
ont été retirées de la Plaza de Mayo
par l'actuel gouvernement, très décidé à effacer autant qu'il le pouvait
les traces d'un passé qu'il n'aime pas rappeler

Pour aller plus loin :
hier :
lire l’éditorial de La Prensa, très acerbe sur l’existence d’un jour férié sur cette date (il arrive encore que dans les colonnes de La Prensa, on lise des éditoriaux favorables à la dictature ou très défavorables à ceux qui l’ont combattue, comme c’est le cas depuis plusieurs mois contre la béatification de Mgr Enrique Angelleli et ses compagnons, décédés dans des circonstances plus que suspectes quelques mois après le coup d’État, et que des rédacteurs de La Prensa ont qualifiés à plusieurs reprises de traîtres rouges inféodés au communisme international (2)
aujourd’hui :
lire l’article de Clarín, qui met en ligne l'intégralité du communiquer commun des associations de victimes (on n'attendait pas une telle transparence dans ce quotidien)
La Nación a préféré ne pas même en parler.



(1) Ce chiffre de 30.000 victimes, à une époque où l’Argentine comptait environ 30 millions d’habitants, a été présenté par les ONG et l’Argentine à l’ONU qui l’a retenu. Il est contesté par la droite parce que le nombre de dépôts de plainte auprès des instances judiciaires pour disparition est nettement plus bas, aux alentours de 8.000. La droite a donc tendance à avancer ce chiffre-là. Et aucun historien pour le moment n’est en mesure de travailler sur le sujet d’une manière pacifiée, transparente et méthodique.
(2) Ce père conciliaire du Concile Vatican II sera béatifié à la fin du mois d’avril dans le diocèse qu’il gouvernait lors de sa mort, La Rioja. Ces quatre assassinés, trois clercs et un laïc, sont considérés par l’Église comme des martyrs, tués en haine de la foi. Et comme le lectorat de La Prensa est à droite toute tout en se voulant fidèle à la doctrine catholique, cela le gêne sérieusement aux entournures.

Nouvelle visite royale et celle-là commence par une gaffe argentine [Actu]

"Un roi et une reine en Argentine"
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Quelques jours après la reine et le prince héritier du Danemark (voir mon article du 19 mars dernier), c’est le roi et la reine d’Espagne qui font une visite d’État en Argentine. En fait, ils ne devaient venir que pour ouvrir le congrès linguistique qui se tient cette semaine à Córdoba et qui joue, dans l’aire hispanophone, le rôle que joue pour nous l’assemblée générale de la Francophonie. Mais le président argentin, qui est en campagne électorale, a voulu étendre la présence des souverains pour avoir de jolies photos et quelques signatures de contrats en ces temps difficiles pour sa popularité. Du coup, leur déplacement passe de 48 heures à une petite semaine.

Et le sort s’acharne. Toute la presse fait ce matin ses gorges chaudes de l’arrivée ratée de don Felipe et doña Letizia hier soir, sur le petit aéroport des liaisons intérieures : Leurs Majestés (LLMM en espagnol) ont dû attendre une heure à bord parce qu’aucune passerelle de débarquement n’avait été prévue à la taille de l’aéronef royal. Il a fallu attendre que le seul salarié de l’aérodrome qui avait la clé du hangar des grandes passerelles revienne à son travail pour que l’engin rejoigne l’avion et que le couple puisse quitter son appareil !

"Le roi et la reine d'Espagne et une arrivée accidentée"
Les soldats qui rendent les honneurs ne sont pas les grenadiers à cheval
mais les fantassins du 1er régiment dit des Patricios
issu d'une milice bourgeoise fondée en 1797
Leur chapeau, typiquement civil, date de l'époque révolutionnaire
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Une fois l’incident clos (mais on voit sur les photos que le ministre des affaires étrangères argentin fait une drôle de tête – il a dû y avoir des explications de gravure en coulisses), la visite a commencé avec le déploiement de tout le tralala protocolaire, le roi qui dépasse de deux têtes le présidents, les belles toilettes et les ravissantes silhouettes de la reine et de la première dame, qui feront le plus bel effet sur le papier glacé des magazines à la fin de la semaine !

J’ai écouté le discours de bienvenue de Mauricio Macri dans le décor solennel de la Casa Rosada : que de banalités !

Pour en savoir plus :
lire l’article de Clarín hier (le journal a refait pour ses lecteurs toute l’histoire de la dynastie depuis le Centenaire de l’Argentine, un grand souvenir légendaire de la visite au pays d’une infante d’Espagne)

La RATP et Keolis sur les rangs à Buenos Aires [Actu]

Les voitures toutes neuves de la ligne C à Buenos Aires
premier métro en Amérique du Sud (en 1913)

Un appel d’offres a été lancé l’année dernière pour remettre en jeu la concession publique du métro de Buenos Aires. La RATP (la régie du métro de Paris) et Kéolis (qui gère le métro à Lyon) ont présenté leur candidature.

Depuis février, Clarín et La Nación racontent à leurs lecteurs nos métro. Le ton est admiratif et c'est assez émouvant pour un lecteur de France. A en croire les reportages, tout dans nos transports publics n’est que luxe et efficacité, alors que les Français passent leur temps à rouspéter et à se plaindre de sa faible qualité. Il est vrai que, qu'on le veuille ou non, nos métros marchent mieux que le Subte portègne, qu’ils sont plus développés et plus nombreux à l'heure et que les systèmes de paiement, par billet et par forfait d'abonnement, sont nettement plus commodes et plus économiques pour les usagers que ceux en place à Buenos Aires, qui sont un désastre pour le porte-monnaie et se relèvent fort peu praticables pour le touriste de passage depuis que le billet individuel a disparu au profit d’un badge électronique, avec lequel le client continue à payer au voyage et non au forfait.

Plan du Subte de Buenos Aires
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L’actuelle concessionnaire, la société Metrovías, est elle aussi candidate à sa propre succession. Pour faire sa campagne, elle a même promis que désormais, quand les escaliers mécaniques ou l’ascenseur seraient en panne (là où il y en a), ce serait gratuit pour les voyageurs. Mais la promesse n’a pas vraiment été tenue. C’était l’été, les vacances, cause toujours, tu m’intéresses !

Pour en savoir plus :
lire l’article de La Nación de ce jour sur le métro lyonnais
lire l’article de Clarín du 3 février sur le métro parisien
lire l’article de La Nación du 7 février sur le même sujet
lire l’article de La Prensa du 14 février sur la gratuité du voyage en cas de panne d’escalier
lire l’article de Página/12 du 15 février sur la même promesse.

L’écart se creuse entre les revenus, selon la UCA [Actu]

Petit-déjeuner ou goûter dans un réfectoire social scolaire
En Argentine, les réfectoires scolaires tiennent tous un rôle de soutien social
Les familles qui en ont les moyens trouvent d'autres solutions pour nourrir leurs enfants

Une nouvelle étude de l’Obsevatoire de la Dette sociale argentine, au sein de la UCA (université catholique argentine), vient de paraître. Elle analyse les évolutions de la pauvreté étudiées selon plusieurs critères (accès à la santé, à l’éducation, à une alimentation suffisante et équilibrée, à un logement digne, etc.) et ses résultats sont très préoccupants.

La pauvreté urbaine atteint désormais 31,3 % de la population, ce qui est vraiment très loin de l’objectif électoral de la pauvreté zéro claironnée par Mauricio Macri pendant sa campagne de 2015. Le chiffre est même très supérieur à ceux atteints pendant le second mandat de Cristina Kirchner, selon le même Observatoire. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est la vitesse de progression : en 2017, 26,6 % de la population vivait dans la pauvreté.

Au cours de l’année passée, près de 2 millions d’Argentins sont tombés dans la pauvreté. Página/12 a même illustré le propos avec un article sur la chute de la consommation de bonbons : les familles n’ont même plus la pièce ou le petit billet pour offrir quelques sucreries à leurs bambins. Hier, le même quotidien parlait de l’hyperinflation dont souffre le pays, avec un taux annuel qui dépasse désormais les 51 %.

L'Argentine et l'inflation selon Miguel Rep, hier, dans Página/12
Remarquez que la convention géographique est délibérément violée :
le nord est en bas et le sud est en haut.
Les Argentins aiment beaucoup rappeler qu'ils vivent au sud du globe
Les morceaux sont les cartes des 24 provinces fédérées.

La situation devient si critique que l’Espagne propose une première série de 500 permis de travail sur son sol pour des Argentins descendant d’Espagnols à la première et seconde génération. Les candidats doivent avoir entre 18 et 45 ans et ouvrir en ligne un dossier de demande, s’ils possèdent des compétences en informatique, en sciences de l’information, en science, en marketing et en finances. Ils pourraient à terme obtenir le passeport péninsulaire. La proposition s’élargira sans doute à 1.500 visas.

Voilà une année électorale qui commence très mal pour le gouvernement en place.

Tous les journaux de ce matin traitent du sujet dans leurs pages intérieures.

Pour aller plus loin :
lire l’article de présentation de la UCA, qui donne accès à un diaporama de synthèse et au rapport complet, sous format pdf
lire l’article de Página/12 hier, sur l’inflation
lire l'article de Clarín hier sur la proposition espagnole

dimanche 24 mars 2019

Une grande marche anti-avortement a rempli Palermo [Actu]

La photo centrale montre ce qui ressemble à l'avenue Libertador, à Buenos Aires
et cette marée bleu ciel (la couleur de la Vierge Marie et du pays tout ensemble)


Hier, à l’occasion de la journée internationale de l’enfant à naître, les militants anti-avortement ont marché dans les grandes avenues du nord de Buenos Aires. Après les événements graves de cet été qui ont vu deux Gamines, de 11 et 12 ans, enceintes à la suite de viols intra-familiaux, obligées par le pouvoir exécutif de leur province à subir une césarienne pour mettre au monde deux bébés prématurés morts dans la semaine qui a suivi leur naissance, les manifestants d’hier étaient très nombreux. Un des organisateurs de la manifestation a même osé déclarer qu’une petite fille de 10 ans était en mesure d’avoir des relations sexuelles consenties et d’être mère. On est en plein délire !

Dans la foule, beaucoup de visages jeunes et beaucoup de petites filles, qui agitaient toutes le foulard bleu du mouvement. Ce n’est pas la première fois que les anti-avortements mettent des enfants en avant. Cela a déjà été le cas à plusieurs reprises dans des écoles catholiques dont les élèves ont été obligés par leurs enseignants à défiler dans des marches politisées.

C’est un phénomène beaucoup plus difficile à repérer (s’il existe) dans les marches vertes des partisans de la légalisation de l’avortement. On y voit surtout des adultes, dont une majorité de femmes, et pas mal de personnes d’un certain âge.

Sous le titre mineur "Valeurs essentielles"
une photo qui n'identifie pas la lutte anti-avortement
tandis qu'au-dessus, on disserte sur la refondation de l'Argentine
le jour même de l'anniversaire du coup d'Etat de 1976
jour où la gauche célèbre la lutte pour les droits de l'homme

Curieusement, La Prensa, le quotidien qui représente le courant réactionnaire se réclamant du catholicisme (1), est très discret sur ces manifestations sur sa une dominicale et on ne retrouve pas d’article en ligne sur ce sujet. C’est d’autant plus étonnant que les manifestants n’étaient pas avares de symboles religieux : croix brandies, chapelets dans les mains, etc.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 (très hostile à ces manifestants)
lire l’article de La Nación, qui met la marche en bonne place sur sa une



(1) Lequel est très partagé puisqu’il existe aussi un puissant courant de gauche dans l’Église catholique en Argentine et, plus largement, en Amérique latine.

vendredi 22 mars 2019

Concert de tango au Musée d’Histoire de la ville Cornelio de Saavedra [à l’affiche]


Le musée d’histoire de la ville de Buenos Aires, qui porte le nom du révolutionnaire Cornelio de Saavedra et est installé dans une maison particulière qui a appartenu à un neveu de ce personnage majeur en Argentine, propose, ce samedi 23 mars 2019, à 18h, un récital où Gabriel Menéndez présentera un répertoire emblématique de l’histoire du genre qui fait l’identité musicale de Buenos Aires.

Le musée se trouve dans un grand parc, à la limite du quartier de Saavedra avec celui de Villa Urquiza.

Un très beau musée sur la vie quotidienne au long des siècles dans la capitale argentine.

jeudi 21 mars 2019

Le gouvernement pourrait perdre l’appui du patronat agraire [Actu]

"Vache versant une larme", dit le gros titre
Dans la manchette (haut, droite) : "Les taux montent et le dollar aussi"

Hier après-midi, heure argentine, les trois grands quotidiens nationaux de droite se faisaient l’écho de la grogne du patronat agraire, le plus traditionnel et le plus puissant en Argentine (et en Amérique du Sud en général), contre l’actuel gouvernement. Il s’agissait d’une sorte de table-ronde diffusée par la télévision de la Sociedad Rural où des dirigeants actuels et passés du secteur disaient leur inquiétude face à l’évolution de l’Argentine et leur rancœur envers un président dont ils avaient appuyé la candidature, qu’ils avaient soutenu et qui venaient de leur remettre les taxes à l’exportation instaurées par Cristina Kirchner, contre laquelle ils avaient bataillé pendant huit ans, en usant de tous les moyens et même de tous les mensonges.

Ce qui est le plus troublant, c’est de voir que le retour des taxes leur crée plus de soucis que la situation globale du pays, avec cette dette envers le FMI et la politique de rigueur dont souffrent la classe moyenne et les plus défavorisés. Ces grands patrons reprochent en particulier à Mauricio Macri la priorité qu'il a donnée à la finance, au lieu de privilégier les intérêts agro-industriels qui sont les leurs propres et aussi ceux de leur secteur. Ce qui est vrai : les secteurs agraires, agro-industriels et industriels tout court payent un lourd tribut à la crise en ce moment.

Et alors que Página/12 a mis l’information en une, avec cette vache (emblème de l’élevage, la partie la plus puissante du secteur agraire) qui pleure, sur les autres titres, on a beau faire de longues recherches, impossible de retrouver ce matin les articles d’hier sur Clarín, La Nación et La Prensa. Sans doute préfèrent-ils ne pas trop insister sur ce lâchage symptomatique.

L’organisation patronale de l’industrie a déjà marqué ses distances avec le gouvernement il y a quelque temps à cause de l’ouverture des frontières à l'importation qui a mis en difficulté beaucoup de petites et moyennes entreprises qui ont perdu des parts de marché à cause de cette concurrence sauvage, concurrence déloyale puisqu'elle fait s'affronter des produits qui ne répondent pas aux mêmes normes techniques et sociales (parce que l'Argentine est l'un des pays les plus avancés de son continent dans ce domaine). Cette fragilisation des PME empêche de stabiliser le tissu industriel et manufacturier dans le pays. Les patrons de l'industrie locale avaient eux aussi soutenu Mauricio Macri contre Cristina Kirchner, dont ils se sont aperçus par la suite qu’elle n’avait peut-être pas que des défauts.

Quelques sondages viennent de révéler que Mauricio Macri, s’il se représente, ce qui semble acquis, pourrait bien perdre l’élection d’octobre dès le premier tour et à coup sûr au second. Il peut encore se passer bien des choses avant le scrutin. Pour le moment, on n’a aucune idée de qui se présentera face à Macri pour la gauche de gouvernement, qui est encore très loin d’être en ordre de bataille !

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12, qui intègre, ô exception ! la vidéo de la table-ronde.

Prochaine dédicace à Lirenval [ici]


Le samedi 6 avril 2019, de 10h à 19h, je serai au salon du livre jeunesse Lirenval, à Chevreuse (78), à l’Espace Fernand Léger (1). J’y signerai mes ouvrages sur la culture et l’histoire argentine sur le stand des Editions du Jasmin, dans un salon qui a pour thème cette année les héros et rend hommage toute la semaine qui précède à Cyrano de Bergerac, dont la fière silhouette au nez... "bien des choses en somme" orne l’affiche de cette 19ème édition.

Sur le stand, dégustation de mate argentin comme d’habitude sur les salons qui nous laisse de la place (ce n’est le cas ni à Livre Paris ni à Montreuil).

Entrée libre et gratuite.

Vous pouvez en savoir plus sur la manifestation en consultant son site Internet et sa page Facebook.



(1) Le rendez-vous suivant devrait être à Arras au début mai.

mardi 19 mars 2019

La reine et le président... en campagne [Actu]

En gros titre : "Visite royale"
En dessous, commémoration de l'attentat contre l'ambassade d'Israël il y a 17 ans
A gauche : "Le fléau de la corruption" [dans le monde]
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Depuis dimanche, la reine du Danemark, Margrethe II, est en visite d’État en Argentine. C’est la première fois qu’un souverain danois visite le pays à ce niveau diplomatique. Le président Mauricio Macri, dont le résultat électoral à la fin de l’année est menacé et qui fait feu de tout bois (1) pour raviver son image, a mis les petits plats dans les grands.

Dîner d'Etat hier dans les soubassements de l'ancienne forteresse San Miguel
Photo Emmanuel Fernández

Le Museo de la Casa Rosada, installé depuis 2010 dans les vestiges de la forteresse coloniale de Buenos Aires et le bâtiment de la douane de la fin du 19ème siècle, une vraie merveille pour tous les passionnés d'histoire, a été privatisé pour un déjeuner auquel ont pris part, à la table d'honneur, le président, son épouse, toujours très élégante, la vice-présidente et les deux ministres des Affaires étrangères.

La reine et son fils aîné devant le vieux port de Buenos Aires
sans doute sur les toits de l'ambassade
Photo Ambassade du Danemark en Argentine

La Prensa a mis l’événement à sa une de ce matin.

Une autre chanson !!!
Christine Lagarde en Gauchito Gil avec ses bougies votives rouges
pour les situations désespérées
(voir à ce sujet mon article du 10 janvier 2019)
En gros titre : "Contributions de campagne"
Sur la campagne électorale 2015, il y a des suspicions graves
de contributions illégales en faveur du parti présidentiel
dans la province de Buenos Aires. Petit clin d'œil vachard en passant !

En revanche, Página/12 s’en contrefiche complètement et snobe l'événement. Le journal de gauche met l’accent sur tous les symptômes de crise économique qui affectent le pays : manifestation de chercheurs scientifiques devant le siège social du Conicet (centre national de recherche et de technologie), manifestation des livreurs dépendant des plateformes du Web qui violent systématiquement le droit du travail là-bas comme ici, décision du FMI de lâcher un peu de lest pour aider le gouvernement argentin (qui a ouvertement sa préférence pour les élections générales d’octobre) à réalimenter le système des aides sociales…

Les mots d'ordre des chercheurs scientifiques
"Panier de base en janvier : 26.500 pesos argentins
Allocation doctorale du Conicet en février : 23.700 pesos argentins
Notre salaire ne nous suffit pas"

Pour en savoir plus :
lire l’article de La Prensa sur la réception principale de la visite d’État
lire l’article de Clarín sur le même sujet
lire l’article de La Nación sur le modèle économique danois qui privilégie les systèmes durables et écologiques (éoliennes et agriculture bio) et dont l’Argentine pourrait s’inspirer (c’est vrai que ça ferait du bien aux Argentins !)
lire l’article de Página/12 sur les nouvelles dispositions du FMI
lire l’entrefilet de Página/12 sur la situation économique des chercheurs où un doctorant (souvent en pleine vie active, que les chercheurs intègrent après la licence) touche une allocation plus basse que le coût du panier de base (ensemble des dépenses indispensables pour mois calculé par l’institut national de statistiques)
lire l’entrefilet de Página/12 sur les violations du droit du travail par les plateformes qui emploient les livreurs soi-disant indépendants mais en fait dépouillés de toute la protection sociale qui existe en Argentine (à un niveau très inférieur à ce qui existe en Europe occidentale)



(1) Il y a quelques jours, le président a même osé accuser son père d’avoir commis des délits pour se distancier de sa réputation d’homme d’affaires héritier de son papa. Or son père est décédé il y a quinze jours à 88 ans après un déclin très net de sa santé depuis quelques mois. L’avocat du défunt n’a pas tardé à répondre en révélant que depuis de nombreuses années, Franco Macri s’était retiré des affaires et que tous les délits imputés au groupe familial ont été commis alors que Mauricio Macri en exerçait la gouvernance avec son frère. Cela fait beaucoup jaser, à droite et à gauche.

lundi 11 mars 2019

Dédicace à Saint-Germain lès Arpajon [ici]

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Vous pouvez imprimer l'affiche

Le dimanche 17 mars 2019, de 10h à 18h, je serai présente sur le stand des Editions du Jasmin au Salon du Livre jeunesse de Saint-Germain les Arpajon, salle Olympe de Gouges, dans l’Essonne. Je dédicacerai mes ouvrages sur la culture et l’histoire de l’Argentine, en particulier Contes animaliers d’Argentine.

Entrée libre et gratuite.

Comme d’habitude dans ce type de manifestation et comme c’était le cas ce week-end à l’Autre Salon du Livre, dans Paris, rue de Charonne, je proposerai une dégustation de mate argentin, avec une yerba mate artisanale que je rapporte tous les ans de Buenos Aires.

Les deux jours précédents, le vendredi et le samedi, retrouvez-moi au pavillon de l'Ile de France à Livre Paris, Porte de Versailles (mais là, l'entrée est payante).

Pour en savoir plus :

dimanche 10 mars 2019

Le dollar reprend sa hausse contre le peso argentin [Actu]

Ce jour-là, les titreurs se sont même passés de faire le calembour quotidien !

Jeudi soir, le dollar a dépassé le niveau des 43,5 pesos argentins, après être resté plusieurs mois dans une bande contenue entre 38 et 40.

Clarín a préféré mettre l'accent (photo) sur des femmes
qui avaient réussi dans des métiers supposés masculins
mais le gros titre sur le dollar est clair et bien visible
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Pour le gouvernement, c’est bien entendu une catastrophe politique et électorale dans cette année où le mandat du président est remis en jeu et où la chambre des députés est renouvelée.

Choix de composition iconographique similaire à la une de La Nación
Les femmes d'abord !
Quant au dollar, sortez vos lunettes !
Il est dans la colonne de droite, en titre très secondaire.
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Tous les journaux nationaux ont mis cette nouvelle économique à leur une de vendredi.

Pour en savoir plus :

jeudi 7 mars 2019

Grève générale de l’éducation nationale pour la rentrée [Actu]

Hier
avec un jeu de mots (c'est habituel)
Docente veut dire enseignant
Indocente fait penser à indecente (indécent)
Ajuste : c'est le serrage de vis budgétaire

Aujourd'hui

Dans toute l'Argentine, la rentrée scolaire devait avoir lieu hier, mercredi 6 mars, à l’issue du long week-end férié du carnaval. Mais les syndicats d’enseignants, de tous les cycles, depuis la maternelle jusqu'à l'université, manifestent contre leur perte de pouvoir d’achat, puisque le gouvernement ne les augmente que chichement après une année où l’inflation a atteint environ 50 %, c’est à dire qu’elle a doublé depuis la fin du mandat de Cristina Kirchner, depuis un peu plus de trois ans.

Tableau des prix des fournitures scolaires depuis 2016
cela parle tout seul
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Les syndicats de 18 provinces, sur les 24 entités fédérées qui constituent l’Argentine, ont appelé à la grève pour trois jours, du 6 au 8 mars.

Aujourd'hui
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Hier, la Plaza de Mayo a accueilli une méga-manifestation de professeurs venant de tous les coins du pays.

Aujourd'hui
En haut, la grève des profs et leur manifestation d'hier à Buenos Aires
En bas, la condamnation d'un directeur technique de La Plata
reconnu responsable des morts survenus en 2013 dans les inondations monstrueuses
provoquées par un orage hors normes.
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Hier, seul Página/12 se faisait l’écho des demandes des enseignants, tandis que les autres journaux parlaient surtout des problèmes des enfants laissés sans école et des parents, obligés de combiner à nouveau leur travail et la garde des petits.

Aujourd'hui
La photo centrale montre des lycéens empêchés
d'entrer dans leur établissement
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Aujourd’hui, les quatre quotidiens nationaux mettent le sujet à la une, dans des sens divergents entre la gauche, dans Página/12, et les droites, dans les trois autres titres, Clarín, La Prensa et La Nación.

Pour aller plus loin :
hier :
lire l’article de Página/12 sur le sort des enseignants
lire l’article de Página/12 sur l’augmentation des prix pour les fournitures scolaires
lire l’article de Página/12 sur l’arrivée du secteur marchand dans l’école publique argentine
lire l’article de Clarín sur le taux d’ouverture des écoles
lire l’article de La Prensa contre les revendications des syndicats enseignants
aujourd’hui :

Baraj chez Jacqueline ce samedi [à l’affiche]


Bernardo Baraj est un grand de la musique populaire argentine. Il a été de multiples aventures musicales depuis des décennies et c’est un musicien qui touche à tout : il chante, il joue du piano, du saxo ténor et soprano et de la flûte.

Ce samedi 9 mars 2019, à 21h30, il présentera chez Jacqueline Sigaut, à Palermo, en avant-première son prochain disque. Il sera accompagné de Juan Martínez.

Les modalités de participation sont indiquées comme d’habitude sur le visuel ci-dessus.

lundi 4 mars 2019

Le carnaval de retour sur Avenida de Mayo [Coutumes]

La photo centrale montre la murga des supporters de Boca Juniors
le club du quartier sud et anarchiste de La Boca
Vous reconnaissez les couleurs du club dans les costumes des carnavaleux
Remarquez la discrétion avec laquelle est traitée l'information
concernant les obsèques du père du président, Franco Macri,
un homme d'affaires très contesté, décédé samedi, à 88 ans
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Depuis plusieurs décennies, la Avenida de Mayo ne recevait plus de cortège de carnaval. Cette avenue, percée à la fin du dix-neuvième siècle, dans les grands travaux d'européanisation de la capitale argentine, relie les deux centres de pouvoirs constitutionnels : le palais présidentiel, la Casa Rosada, et le Congrès, les deux chambres nationales (Chambre des Députés et Sénat). C'est l'avenue prestigieuse et patricienne par excellence.

Or en cet après-midi de Lundi Gras, l'avenue redeviendra une scène centrale pour cette grande fête populaire à Buenos Aires. Clarín le met à la une de son édition ce matin. Pourvu que la météo soit clémente. Actuellement, Buenos Aires est sous l'orage, avec bourrasques et pluies torrentielles !

C’est l’association des amis de la Avenida de Mayo qui a bataillé pour obtenir cette modification de la politique urbaine du gouvernement portègne pendant ces quatre jours du carnaval historique, qui sont depuis quelques années redevenus des jours fériés.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Clarín ce matin.